(crise religieuse avec une religion qui transforme les femmes en zombies ou crise bourgeoise?)
Dans son essai Qui est Charlie ?
Sociologie d’une crise religieuse (Seuil, 252 p., 18 €),
Emmanuel Todd qualifie les manifestations des 10 et 11 janvier
« d’imposture ». Loin de l’image unanimiste
et fumiste fournie par la propaganda elles auraient essentiellement
mobilisé une France petite bourgeoise, vieillissante, blanche,
bourgeoise et de culture
catholique. Loin de défendre la
liberté d’expression contre l’intégrisme religieux, la
motivation profonde des marcheurs aurait été islamophobe, voire à
terme potentiellement antisémite. « Nous » ne ferions
pas assez pour faire de l'islam un pilier du républicanisme.
« Nous » n'avons pas
attendu dans ces colonnes M. Emmanuel Todd, encensé partout comme
démographe, anthropologue polygraphe plus ou moins fantaisiste dans
ses interprétations, pour nous désolidariser de « l'esprit
Charlie » et de l'hypocrite et fugace union nationale qu'il a
présidée. Jusqu'alors j'étais plutôt intéressé et bienveillant
à l'égard de ce démographe, dont le travail et la discipline
s'apparentent à une démarche scientifique contrairement à la
prestidigitation des sondeurs électoraux. Force est de reconnaître
qu'en dépit de sa longue diatribe contre l'esprit « Charlie »
il n'est nullement devenu un révolutionnaire marxiste ni un proche
de combat contre les mille et une mystifications de la bourgeoisie.
Ce n'est que du Plenel bis qui évacue la dimension terroriste et
obscurantiste de l'islam moderne sous un des termes de la novlangue,
l'islamophobie. La conséquence devient la cause. Prônant la grande
réconciliation universelle, il n'a pour cible que la laïcité
« dure », reste surdéterminé par ses origines juives et
nous propose cette inanité de nation retoquée pluraliste pas
buraliste, parce que l'autre terme de la novlangue – le
multiculturalisme – appelle le ghetto.
Notre démographe, pourtant si soucieux
de calculer les proportions des classes, oublie en route leurs
déterminations, leurs clivages, les projets politiques dont chacune
est porteuse, pour se livrer à une explication professorale et
limitée d'une société française surdéterminée par la religion
catholique ; il enrichit au passage la novlangue de ses
néologismes : catholicisme zombie, protestantisme zombie,
laïques anciens, laïcisme radical... mais pas de religion juive
zombie ! J'allais dire zarbie !1
Xénophobie subjective, objective, etc. Qui est vraiment zombie? Ce sont les femmes musulmanes qui sont transformées en zombies!
Nombre d'annotations sont justes sur le
poids en continu de la religion catholique chez la bourgeoisie
française « recatholicisée au XIXe siècle » par peur
de la révolution sociale. J'ai toujours trouvé que cet auteur
mineur frôlait le marxisme par, souvent, des questions pertinentes,
mais il faut reconnaître son impuissance à y répondre. Au terme de
l'année 2005, bien perturbante pour les classes dirigeantes « on
aurait pu entrevoir que la France allait renouer avec la bonne
vieille lutte des classes », dit-il, « mais la France ne
s'est pas décidée pour l'affrontement économique » .
Saluons au passage ce mépris pour la lutte des classes réduite au
plan économique. Il est consternant de constater l'aveuglement de
cet intellectuel en chambre face à la communautarisation de la vie
sociale, qui est le principal croc en jambe à la lutte de classes –
quand il découpe, hors causalité, cette marmelade idéologique en
« antisémitisme des banlieues » et « islamophobie »
(refrain islamophile). Et donc excuse l'Etat et ses médias de leur
intense propagande sur les variétés d'islam tout azimuts, tout à
son ire contre la petite bourgeoisie, cause de tous les maux ;
c'est la théorie de ce monsieur, non seulement la petite bourgeoisie
dirigerait l'Etat moderne mais aurait été à la tête de toutes les
révolutions du passé !
Tout n'est-il pas la faute à
« l'athéisme difficile » ? C'est « le cœur
laïque de l'hexagone » qui contribue au « mal-être
religieux » ! A partir de là toutes les explications vont
dépendre du facteur religieux et non plus de la lutte des classes ni
des errements de l'idéologie capitaliste. Le nouveau diable laïc a
émergé du vide laissé par la disparition ultime de l'Eglise, la
chute du PCF n'aurait fait que suivre la chute de la pratique
religieuse. Chute de deux religions donc, ne reste que l'athéisme
qui « n'aboutit qu'à définir un monde dépourvu de sens et
une espèce humaine sans projet ». Cette hémiplégie critique
confirme que cet auteur, s'il s'approche parfois des vraies
questions, dérape à côté de la plaque invariablement. La chute du
PCF a une explication toute rationnelle, sa participation au
gouvernement bourgeois de Mitterrand. Et le vide laissé par la chute
du stalinisme en Russie – qui est en effet la chute d'une pratique
religieuse de socialisme de caserne – n'a rien à voir avec les
aléas du catholicisme maintenu en milieu bourgeois ou avec les
athées bornés. Le vide est avant tout social et politique : la
religion stalinienne (que Todd a pratiqué dans sa jeunesse) a fait
subir au communisme ce qu'Attila fît pour le gazon.
Notre vieux défroqué de l'idéologie
stalinienne, reconverti aux joies du libéralisme sans patrie ni
frontières, déplore ensuite un athéisme « générateur
d'angoisse », « la population de l'hexagone (est) en état
de risque métaphysique ». L'athée n'est pas loin d'être un
malade mental, sans joie et sans espoir, mais parce qu'il lui manque
un bouc-émissaire après la disparition du curé de village !
La recherche démographique avance à
pas de géant, dès la page 65 notre savant anthropologue peut
pontifier au pluriel SVP, y inclus nous les élèves :
« Parvenus à ce stade de l'analyse, nous devons même nous la
représenter comme à la recherche d'un adversaire structurant, d'une
cible. L'islam est disponible, dans nos banlieues désorganisées par
la crise du capitalisme avancé, et dans ses pays d'origine,
bouleversés par leurs crises de transition vers la modernité ».
« La diabolisation de l'islam
répond au besoin intrinsèque d'une société totalement
déchristianisée. Nous ne pouvons sans cette hypothèse, comprendre
la mobilisation de millions de laïcs défilant derrière leur
Président catholique zombie pour défendre le droit absolu à
caricaturer Mahomet, figure religieuse respectée par au plus 5% des
habitants du pays, parmi les plus faibles et les plus fragiles ».
Sauf que cette hypothèse est débile.
C'est de société déstalinisée qu'il faut parler au plan
politique, et dont les apôtres Méluche et les obscurs derniers
apparatchiks du PCF ne sont plus que les ombres. Cela, en politique,
n'est pas une hypothèse mais une réalité, comme est une réalité
que le libéralisme (pas la laïcité) a autant peur du vide que les
curés dans leurs églises, et qu'il a fallu prier pour la
réincarnation d'une autre forme d'opposition frauduleuse au
capitalisme, en grand remplacement du stalinisme à l'échelle
mondiale, et que l'islam universel est la carte politique toute
trouvée, religion politique, religion de guerre non de classes,
religion non d'avenir mais du retour en arrière, comme le stalinisme
fût un retour à cette sorte de féodalisme d'Etat capitaliste.
Sur la manif Charlie, Todd a
entièrement raison. Ses statistiques démontrent amplement que
l'épine dorsale de ces manifs grotesques au cul de l'Etat bourgeois
furent le fait de la petite bourgeoisie ; même les résidus du
gauchisme et de l'ultra-gauche se félicitèrent du braiement de ces
milliers d'ânes. Oui OK : Charlie = cadre, supérieur et
catholique zombie.
« Les milieux populaires ont été
réduits au silence, tout comme les descendants d'immigrés des
banlieues, absents pour l'essentiel des manifestations ainsi qu'en
ont finalement convenu tous les commentateurs. La République qu'il
s'agissait de défendre n'était pas celle de tous les citoyens ».
Hélas, comme Todd n'est pas politique,
simple variété de sociologue le nez sur ses graphiques, tout à sa
trouvaille d'une nouvelle guerre des religions – pendant grotesque
de cette autre fable dite guerre des civilisations - il ne voit pas
l'utilisation par l'Etat des actes terroristes dans sa préparation à
la guerre. L'immobilisme subséquent de la nuée des ânes
charliesques explique leur musèlement depuis que la guerre en Syrie
s'est accentuée. L'acte terroriste vient toujours alimenter la
logique de guerre impérialiste et sert à valider l'union nationale
intimement sentimentale. Et passe à côté de l'essentiel, masqué
par tous les commentateurs et notre curé anthropologue : « les
milieux populaires » (c'est à dire la classe ouvrière,
français et arabes inclus) se fichent de défendre la république
bourgeoise comme de défendre les terroristes, exécutants
polichinelles des Etats en guerre !
Puis commence à poindre sa
surdétermination juive, avec des comparaisons hors sujet, il y a du
règlement de compte national-sioniste dans l'air : le projet
européen et la laïcité ce sont les nouveaux anti-dreyfusards et
les nouveaux vichystes ! Là où Plénel aurait crié au
fâchisme, Todd se prend pour Emile Zola. Emporté par son lyrisme du
nouveau roman socialo-religieux, notre amoureux des graphiques
s'insurge contre « une diabolisation incessante de l'islam par
des idéologues installés au sommet de la société française, à
la télévision comme à l'Académie », quand on peut plutôt
penser le contraire, mais à l'époque de son brouillon Todd
apercevait encore le petit Zemmour assis sur la chaise à porteur de
L.Ruquier, et Finkielkraut n'avait pas encore reçu l'uniforme vert
et l'épée. Quoiqu'il en soit de la religion de la soumission, notre
maître des statistiques vomit ces millions de français « qui
se sont précipités (pour) cracher sur la religion des faibles ».
Cette notion de « faibles » n'est jamais expliquée ni
par lui ni par son pote Plénel. S'agit-il des arabes en général ?
Des pauvres ? Qui est faible ? Qui est fort ? Todd
raisonne comme les fourmis fainéantes, il découpe des segments de
population et des tranches de croyances diverses, religieuses ou pas.
A mon humble avis les ouvriers d'origine arabe, comme les ouvriers
autochtones ne sont pas faibles du tout lorsqu'ils luttent ensemble
sur leur lieu de travail ou dans leurs quartiers.
On peut comprendre que ceux qui se
sentent faibles aient besoin de la religion mais la religion n'a pas
besoin d'eux mais des prébendes de l'Etat bourgeois.
Notre défenseur de la veuve et de
l'orphelin du ...stalinisme sous le masque de l'islam n'a que haine
pour ce prétendu « catholicisme zombie qui se présente en
première ligne face à l'islam (…) qui proclame le devoir de
caricaturer Mahomet ». Il est vrai que l'hebdo Charlie (nanar
de droite) n'était plus marrant depuis longtemps et avait fini par
lasser avec ses moqueries répétées sur l'islam, typiques de
l'ambiguïté de la bourgeoisie française et de ses « bounty »
(cf. Malek Boutih dont le rapport dérangeant, avec quelques vérités
« islamophobes » est passé à la trappe mais pas à
Trappes).
Notre défenseur de l'islam
défendrait-il vraiment la classe ouvrière sous son vocable
charitable de « classes populaires » ou « classes
défavorisées » ? Il désigne d'abord à la vindicte
cette petite bourgeoisie qui mène le monde dans son labo de
statisticien émérite : « Il y a bien du cynisme à faire
financer par des classes populaires qui vivent sous la menace d'un
chômage à 10% l'éducation des enfants des cadres » (ce que
nous cache notre système d'information). Non car il ignore cette
classe dans ses potentialités historiques et par fixation sur
l'agitation des couches moyennes qui, en effet, pèle le dos du
prolétariat, qui lorsqu'elle est en pointe et se substitue au
prolétariat ne permet jamais de déboucher sur une véritable
révolution.
Pourtant Todd perçoit bien les
inquiétudes de la petite bourgeoisie dont des pans entiers sont en
train de tomber dans le prolétariat (les journalistes qui vivent
l'angoisse des ouvriers des usines de pneu de Picardie...) et il
gifle la presse officielle comme L'Express ou Le Monde qui
orchestrent chaque phase guerrière car « subventionnés par
l'Etat ». Mais curieuse déduction, cette anxiété serait
propice non pas à un renforcement du prolétariat mais « à la
diffusion de l'islamophobie » !? Comprenne qui pourra.
Entre marxistes nous nommons cela : appliquer de force un schéma
sur la réalité sociale.
Des idioties ce long texte islamophile
et religiophile en comportent des tonnes, j'allais dire des versets
comme celui-ci, on dirait que les graphiques toddiens descendent dans
la rue: « Le puissant effet négatif de la variable
« proportion d'ouvriers » sur le nombre de manifestants
indique, en revanche, que le monde populaire a désormais
complètement échappé au contrôle idéologique des classes
culturellement dominantes ». Hum, comme on serait content si
c'était vrai et si les termes « monde populaire »
étaient synonymes de classe ouvrière ! En tout cas, mon œil,
le contrôle idéologique a non seulement hyper bien fonctionné au
moment Charlie, mais il est pérenne, et marqué par
l'instrumentalisation de l'anti-racisme d'Etat, pas par cette fumeuse
notion d'islamophobie qui est justement le combat commun entre Manuel
Valls et E.Todd, pour un meilleur « contrôle social »
par la division de la classe ouvrière.
Y aurait-il une concurrence des
massacres, plutôt qu'une volonté étatique de tout mettre sur le
même plan, à la fois en dénonçant le terrorisme et à la fois en
l'identifiant comme « islamique » alors qu'il s'agit
souvent d'actions de dérangés mentaux comme Fofana, tortionnaire et
meurtrier de Ilan Halimi pour lequel il n'y eu aucune manifestation
monstre, ni lors du massacre à Toulouse en mars 2012 ? Pour
notre socio-islamologue, surdéterminé par ses origines encore une
fois oui : « Car il est clair qu'assassiner des enfants,
ou des hommes, simplement parce qu'ils sont juifs, est plus ignoble
encore que de massacrer une rédaction engagée dans un combat ».
Mais ceux qui ont été assassinés « simplement parce qu'ils
sont dessinateurs » c'est moins ignoble ?
Le révisionnisme historique est le
soubassement de cette sociologie à la petite semaine. Le cas limite
étant la xénophobie nazie « produit tardif de la famille
souche allemande dans une phase d'effondrement des croyances
religieuses et de crise économique » ! Que viennent faire
les croyances religieuses à l'époque qui suit le massacre des
ouvriers berlinois et les exactions de la faction capitaliste nazie ?
Sans aucune méthode rigoureuse ni
continuité dans l'argumentation, notre ami de l'islamologie revient
frôler l'essentiel mais en dérapant aussitôt sur un autre angle :
« La volatilisation du communisme y a laissé le monde
populaire non pas seulement orphelin de la grande Eglise rouge mais,
de plus, sommé d'avoir honte de son adhésion de plus d'un
demi-siècle ». Non pas pour y discerner le grand remplacement
islamique, mais pour saluer son ancien parti d'obédience « immense
machine culturelle qui faisait vivre les deux tiers laïques de la
France, en milieu populaire, la foi dans le progrès, dans
l'éducation... le meilleur de la culture bourgeoise » et bien
sûr son antiracisme (en oubliant Vitry et le sordide Marchais). Rien
sur le rôle contre-révolutionnaire et coercitif du stalinisme, rien
sur le vide politique qui lui a succédé à part du remplissage
ordinaire avec le FN. Cette sociologie poussive d'un islamologue
simplet le conduit à réinterpréter bizarrement l'apparition du
bolchevisme héroïque, c'est la famille russe qui, en explosant à
la fin du XIXe siècle a produit (en vrac) le bolchevisme, le parti
unique, le KGB ! L'effondrement du stalinisme aurait été dû à
« un moment de trouble et de doute ! Il veut nous roubler
ou quoi ?
L'islamologue patenté utilise à hue
et à dia les notions d'égalité et d'inégalité dont on ne sait
pas quoi elles contiennent, voire apparaissent superficielles ou
insensées ; sa notion d'inégalité combattue soit disant par
l'idéologie américaine vaut son pesant de cacahuètes, et révèle
l'appartenance du bonhomme au versant US malgré sa tautologie
involontaire : « La notion d'inégalité absolue d'hommes
prisonniers de leur race, conçue par le nazisme, est inconcevable
pour les libéraux américains, qui se contentent de ne pas
considérer les hommes vraiment égaux entre eux ». L'Europe, à
son « happening européiste du 11 janvier » et à ses
divers « islamophobes » sont responsables de tous les
malheurs, comme cette loi en Allemagne qui interdit la circoncision
la plaçant au même niveau que les mutilations génitales
féminines ! Les méchants inquisiteurs de la planète islam,
Zemmour et Finkielkraut, juifs comme lui, se voient reprocher d'avoir
réalisé un mariage endogame (« pas le grand saut du mariage
mixte) !
Quand il ne défend pas ses racines
juives, cet auteur nous convie à dédramatiser sur le fantasme
d'invasion (ils ne sont que 5%) mais en évacuant la concentration
dans les grandes villes industrielles et en mentant : « A
la deuxième ou à la troisième génération, le descendant
d'immigré, quel que soit son système familial originel, adopte
celui de la société d'accueil ». Tout faux, et il décrit le
contraire avec le constat de la profusion du voile chez les dernières
générations ainsi que l'engagement croissant auprès des bandes
armées islamiques. L'échec de l'assimilation « est toujours
le fait de la société d'accueil, jamais du groupe immigré ».
Très discutable, mais si au moins il caractérisait cette société
d'accueil et cesse d'en parler en sociologue limité comme de la
France, mais en termes politiques, comme incapacité du capitalisme
décadent à faire évoluer la société.
Il note que la croissance du FN a eu
lieu alors que l'islam n'était pas encore la focalisation première,
mais rate l'occasion de constater qu'il y a concurrence entre FN et
recruteurs islamistes pour gagner à leurs causes obscures la classe
ouvrière, et que si, sur le plan électoral le FN est loin d'avoir
conquis la classe ouvrière, sur le terrain social la religion
islamique a fait mieux pour diviser la classe ouvrière en imposant
des lieux de culte en usine et en menant une guérilla permanente
pour ses voilées. Il peut jongler avec toutes les phobies mais sous
la leçon de morale antiraciste il ne fait que répéter les discours
dominant, même de son ennemi Charlie.
Même analyse impressionniste et
superficielle de la politique du PS qui, depuis les années 1980 se
prétend le défenseur des immigrés et de leurs enfants (la grande
préférence immigrée, grand remplacement électoral de la classe
ouvrière, sans que l'immigré puisse voter) et aurait été
« dynamisé par des cadres et des électorats nouveaux venus de
la périphérie catholique » ; fort le café...
apolitique ! En réalité, le parti rose, qui comporte dans son
staff dirigeant un nombre conséquent de politiciens d'origine juive
et gauchiste, n'aurait pas pris d'ampleur s'il n'avait été composé
que de chrétiens bourgeois (j'allais dire crétins). Il doit sa mue
à l'habileté du vieux routier Mitterrand et à sa capacité à
absorber une ribambelle de transfuges du gauchisme, certes pas très
catholiques par leur trajectoire arriviste.
On ne peut qu'être que d'accord sur le
fait que la gestion « antiraciste » bienveillante du PS
« enferme dans le chômage les quartiers menacés » et
interdit l'assimilation des enfants d'immigrés.
Résumé de Todd : « le PS
est objectivement xénophobe, l'électorat du FN est subjectivement
xénophobe ». Même avec son schmilblic (« l'outil
scientifique de symétrie ») y a pas de graphique pour le
prouver ! Comme il n'y a pas de graphique pour décrire « la
complaisance passée du gouvernement français avec l'islamisme le
plus dangereux ». Il y a des fulgurances bien vues :
« Nous vivons dans un monde idéologiquement dominé par l'âge,
dans lequel les jeunes sont incités à se préoccuper de leur
retraite avant même d'avoir trouvé un emploi » ;
« l'Etat social des classes moyennes et des vieux n'investit
plus vraiment dans la construction de logements » ;
« c'est le cinéma permanent des politiciens qui font semblant
de s'opposer les uns aux autres et d'un parlement réduit à une
scène de théâtre ».
Par contre il n'existe pas plus de
« musulmans de France » que de « juifs de France »,
la diversité sociale n'autorise pas les curés des divers cultes à
se prétendre chefs de la communauté, mais Todd ne le dit pas aussi
clairement que moi. Il est d'un simplisme absolu en reliant taux de
chômage et attachement à la religion musulmane, parce qu'il ne
connaît rien à la politique et que la religion n'est pas une
question économique.
Il passe sous silence la grande
révolution de la laïcité, pas seulement en France, qui a permis
aux classes exploitées d'apprendre à lire, à écrire et à se
passer des intellectuels curés pour combattre la bourgeoisie. Il
passe sous silence la régression considérable qui frappe écoles et
lycées où l'ignorance et la mauvaise foi qui s'appuient sur les
codes musulmans, défient tout enseignement cartésien, conchient
Darwin et le raisonnement scientifique, contestent les crimes les
plus évidents, à la suite des fachos de cave sur la négation des
chambres à gaz, le nombre des morts dans les twins de New York (ils
dansaient en Palestine...), même ceux de Charlie. Qu'on ne puisse
pas discuter avec des gens, adultes ou adolescents qui vous
certifient que le coran est scientifique, qu'il a tout prévu,
égorgements, foulards et assassinat des laïcs et des juifs, qu'il
respecte la femme, tout cela est hors de la vue de notre islamologue
bienveillant qui regrette qu'on n'ait pas appris à lire aux pères
en leur construisant déjà des mosquées.
Il ne se prononce jamais sur
l'oppression de la femme (masochiste ou pas) 2par
les « textes sacrés » et par les pires théocraties de
la planète où la petite voilée parisienne ne vivrait pas plus de
deux jours sans pouvoir conduire sa voiture ou lever un coin de son
voile pour écouter son smartphone.
Il importe de « sortir de la
phobie du religieux », contre les agressions de « l'athéisme
militant », contre « le laïcisme radical », de se
plier donc à un mode de vie séquencé de façon obscurantiste, et
de laisser tomber la vie laïque simple !
Il y a quand même un « islam
zombie », qui serait « égalitaire » (en écrasant
tout désaccord avec la doctrine pieuse?), et Todd de noter que les
électeurs d'origine musulmane (il ne précise pas qu'ils sont en
général surtout d'extraction prolétaire) votent à gauche. Ils
votent pour une gauche qui ne peut pas suppléer au stalinisme, qui
est hypocritement bourgeoise à leur égard, qui ne leur donne pas
plus de travail qu'aux ouvriers autochtones, qui ne leur promet pas
la lune ; celle-ci seul le stalinisme et son successeur
religieux peuvent le promettre.
L'islam est un vrai universalisme, par
contre « les universalismes français, russe, arabe sont en
réalité des particularismes ». Evidence anthropologique :
« l'islam, une fois dissous l'élément antiféministe de la
culture arabe, est, en vertu de son égalitarisme (?), hautement
compatible avec l'égalitarisme du Bassin parisien (?) ou de la
façade méditerranéenne ». C'est pas demain la veille !
Il insiste que c'est à travers la
culture arabe et musulmane « transformée » (?) que
pourrait « renaître un véritable républicanisme en France ».
Le grand n'importe quoi.
L'antisémitisme de banlieue est « une
nouvelle perversion de l'égalitarisme » !? Et non pas de
la connerie de racailles ignorants et arrogants ?
La conclusion est une tautologie vide :
« la vérité est que Charlie a réussi, au terme d'une
gigantesque partie de billard sociologique, à mettre en danger les
français juifs en maltraitant les français musulmans ». Il y
va fort. Exclus les meurtriers islaminguants ? Exclus les
dessinateurs et les flics sacrifiés ? Exclu l'analyse du
terrorisme comme partie de billard impérialiste ?
Ce brave démographe à mille pattes
confond terrorisme et soit disant islamophobie, ne produit aucune
analyse politique du phénomène politicio-religieuse islam, ni
n'analyse son utilisation par les médias. Sa défense de cette
religion-politique sert de faire valoir à un nationalisme juif
sous-jacent et aussi arriéré. Il dénonce la revendication de
laïcité publique3,
avec son obsession de la culture juive majeure, comme plus dangereuse
que l'incrustation du vote Le Pen. L'islam doit être légitimé
comme composante de la nation ! Et de nous seriner encore et
encore la fable de l'égalité prônée par l'islam (en oubliant
qu'elle est déjà prônée par le saint père Kapital).
Zemmour et Finkielkraut ont trouvé
pire qu'eux, mais un qui ne risque pas d'être best-seller dans ces
milieux où la dictature de l'image supplée à toute lecture et
réflexion critique. Les manifs Charlie n'ont pas enfanté une
nouvelle religion, puisqu'il n'est question que d'un réflexe
politique chauvin e régulièrement sorti de la naphtaline (l'union
nationale) ni n'auront été préventives des futurs attentats (cf.
Trividic) à venir fonction des bombardements de l'Etat français en
Syrie...
Notre sociologue de comptoir et de
bureau d'étude, très zombie finalement, ne nous est utile en rien pour réfléchir aux deux
alternatives proposées à l'humanité par la bourgeoisie mondiale :
ou libéralisme effréné et guerres incessantes ou charia et
obscurité garantie. Le stalinisme peut dormir tranquille sur ses
deux oreilles.
1Il
nous confie à la fin que : « la culture juive, en
elle-même différentialiste, permet si nécessaire un repliement
communautaire efficace ». C'est la meilleure attraction
superstitieuse, puisqu'il le dit !
2Il
bifurque par une grivoiserie de lycéen : « hésitant
entre une belle exotique et un boudin national, l'universaliste
français fera en général le bon choix » ; le vieux
barbon universaliste Todd peut toujours se chatouiller le poireau !
3Avec
une formulation de potache, il parle à notre place avec son
« nous » : « enfermés dans notre laïcisme
radical, nous nous retrouvons seuls, tragiquement provinciaux ».
Nous ? Lui peut-être. Il est quand même pour l'interdiction
du foulard islamique dans les écoles. Ouf.
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