COMMENT L’ANCETRE DU NPA S’EST VAUTRE DANS LE SOUTIEN AU BOURGEOIS MITTERRAND
Le Quotidien rouge « journal d’action communiste » n°21 – 18 mai 1974 – directeur : Daniel Bensaïd, appella mordicus à voter Mitterrand, « action communiste » qui n’était évidemment pas « un but final », mais comme le communiqué du 6 mai de Lutte Ouvrière « pour qu’il ne manque pas une seule voie sur le nom de François Mitterrand », « mais parce que la victoire de Mitterrand (…) pourra faire la preuve, aux yeux de l’ensemble des classes laborieuses, de ce qu’il est vraiment » ! Hi ! Près de quarante ans plus tard, les trotskiens pourraient-ils tenir le même genre de discours pour demeurés avec un des champions de la gauche caviar ? Non, pour le deuxième tour de la religion électorale, on se contentera d’un « faut battre la droite », pardon « éliminer le blaireau ». Le 17 mai 1974, une autre chapelle du même tronc l’orga Révolution ! des Henri Mahler et Isaac Joshua publie aussi un communiqué en se rejouant juin 36 : « une victoire de l’Union de la gauche affaiblirait l’Etat fort, améliorerait le rapport de force en faveur de la classe ouvrière et créerait, ce qui est décisif, des conditions plus favorables à l’intervention directe des masses sur la scène politique ». Oublié l’impulsif trotskien « élections piège à cons » dans la foulée de la grève générale perdue.
Près de 40 années plus tard on se marre encore du pronostic et de l’analyse trotskienne. Mais peine perdue, en 1974 Giscard conserve le crachoir et les gauchistes font encore rire tout le monde. Malgré leur soutien renouvelé à un des pires magouilleurs de la IVème et de la Vème Républiques en 1981, le florentin de la mièvrerie gauchiste est élu surtout grâce au mécontentement des couches moyennes et trois ans après son élection le chômage explose et il n’y a pas eu de grève notable, la lutte étant ficelée par les ministres staliniens et leurs obligés syndicalistes, qui officient d’ailleurs comme les collaborateurs CFDT et CGT de Sarkozy aujourd’hui, en se gardant de jeter de l’huile sur le feu tout en laissant gauchistes et anarchistes saupoudrer les rues de leurs confettis inoffensifs.
Relions à présent plus à fond l’argumentaire moyen du gauchisme souteneur de la gauche bourgeoise pour que « cette force se gonfle d’espoir », six ans après la gueule de bois post 68 (les gras sont de la rédaction de l’éphémère quotidien trotskien). Vous découvrirez ainsi les secrets de la maïeutique trotskiste, j’allais dire du jargon politique invraisemblable.
« … Pour déjouer les embûches et les trucages, il faut donc que pas une voix ne manque à Mitterrand dimanche. D’abord , parce que son élection ouvrirait la voie à des victoires de tout autre ampleur, si nous savons élargir la brêche (sic !) sans attendre, sans faire confiance aux promesses, en comptant sur nous-mêmes. Il sera possible d’en finir avec ce régime ébranlé que nous supportons depuis trop longtemps.
Et cette victoire ne serait pas due à l’éloquence de Mitterrand mais au vigoureux coup d’épaule donné il y a six ans tout juste par dix millions de grévistes. Le régime a chancelé, essayé de se rattraper, il peut maintenant s’abattre, mais la poussée qui le renverse vient de loin, les présidentielles ne sont que l’occasion.
Ensuite, parce que l’élection de Mitterrand ouvrirait la voie à d’importantes conquêtes sociales. Par (pas) celles annoncées par le programme commun encore réduites et rognées en cous de campagne. Mais les 1500 F minimum, les 35 heures, l’échelle mobile, « oubliées » à Grenoble et bien d’autres. Rappelons nous comment en 36, dans la foulée d’une victoire électorale, les travailleurs se sont engouffrés pour arracher satisfaction sans laisser de répit aux patrons.
Enfin, parce qu’une victoire électorale de ce type, avec la majorité absolue, malgré les ficelles électorales conçues pour la bourgeoisie, donnerait confiance en elle-même à la première France, la France prolétaire, la France populaire, la France d’en bas (sic langage électoral typique des staliniens franchouillards et de leur barde Ferrat). Et si elle pend confiance en elle-même, si elle se gonfle d’espoir, cette France là peut aller bien au-delà des horizons étriqués du programme commun, elle peut bousculer les obstacles, briser les digues, faire éclater les chaînes du capital.
Il serait alors possible de tendre la main aux prolétaires portugais par-dessus la tête de Franco, d’en finir avec trente cinq ans de franquisme, de marcher vers une Europe des travailleurs.
VOTER, FAIRE VOTER MITTERRAND
Cette voie là n’est pas celle de Mitterrand, ni celle du PCF. Marchais se montre conciliant pour deux, il ne revendique aucun ministère-clé, il promet de gérer loyalement le capitalisme. Mitterrand annonce qu’il a confiance dans les généraux et les policiers qu’il connait bien, comme Allende eut confiance en Prats et Pinochet. Pas nous. Ces gens-là se préparent à décevoir ou à trahir les espoirs mis en eux. Il faut se préparer à aller plus loin, malgré eux.
Le 19, nous voterons Mitterrand. Pour qu’il soit élu. Pour que, s’il est élu, il n’ait aucun prétexte à se dérober, pour qu’il ne puisse pas justifier ses compromis à droite par la défection de l’extrême gauche. (fort le café comme degré d’avilissement poliitique, n’est-ce pas ?)
Mais Mitterrand peut être battu, nous n’en serons pas découragé pour autant. Une victoire électorale peut aider le combat révolutionnaire (jamais ! cuistres !) mais nous n’attendons pas la victoire des urnes (menteurs !). Il faudra de toute façon se donner d’autres moyens dans les entreprises et dans la rue, pour vaincre la bourgeoisie. Mais qu’au moins, si les travailleurs font une nouvelle fois l’expérience de l’impasse électorale (rocher de Sisyphe trotsko-gauche caviar !), il ne manque aucune voix révolutionnaire. Que les Marchais et Mitterrand ne puissent pas dire que l’échec est le fruit des divisions, qu’on fera mieux la prochaine fois (bis repetita) en s’élargissant encore à droite.
Cela ne nous empêche pas de dire qu’en multipliant les concessions, les incantations verbales, les réformistes ne préparent en rien les travailleurs aux épreuves de demain, et qu’en votant Mitterrand, il faut continuer plus que jamais, à n’avoir confiance qu’en nous-mêmes et en nos luttes.
Maintenant, si Mitterrand était battu, l’élu du 19 mai, Giscard, serait d’ores et déjà désigné, marqué au fer, comme l’ennemi de classe. Et il n’est pas question que la première France, celle du travail et de la jeunesse se résigne, au rôle de sujet de ce nouveau monarque. Elle sait dès à présent qu’elle est la majorité réelle, électorale et sociale. Que sa défaite ne peut résulter que des trucages, des injustices, des entourloupettes de gens rompus au maniement des dés pipés et des cartes biseautées. Et que c’est inadmissible. »
Notez quand même: L’article n’est pas signé et émane donc du comité central trotskien. Comme tous les textes de sectes politiques il est surchargé d’interprétations réponses à tout pour faire barrage à tout fou-rire. L’ennemi de classe succédant au moribond Pompidou « marqué au fer » en carton du trotskysme larbin de la gauche bourgeoise, a régné sans partage les sept années suivantes. La secte LCR peut néanmoins, ergotant face à Madame l’Histoire, se vanter d’avoir préparé la victoire de Mitterrand de 1981… sept ans auparavant. Au bénéfice de l’antériorité. Et du doute des rieurs. A noter que le temps est venu des confessions publiques, lundi 29 sur la chaîne parlementaire, quatre compères trotskystes des trois principales sectes gauchistes, devenus manitous du PS – dont Cambadélis et Juju Dray – sont venus rendre compte de leur stratégie de conquête… des bonnes places au sein du principal parti bourgeois de la gauche caviar. Le trotskysme n’ayant été que leur stage de formation à l’apprentissage de la démagogie basée sur le précepte bien connu et pervers « oui… mais… ». Les plus imbéciles, les lambertistes de l’ex-PT, continuent à perpétrer leurs rites ridicules. Ils se sont rendus endimanchés et avec force drapeau sur la tombe de Sedov, le fils de Trotsky assassiné à une autre époque. Cette version trotskienne n’a pas démérité en ayant formé ce grand homme d’Etat adjoint que fût Jospin, et détient un puissant pouvoir syndical à l’Université.
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