La mort de Jean-Marie Le Pen n'est pas anecdotique vu la place fondamentale et fantasmatique que les médias lui ont turbiné depuis un demi-siècle. La haute bourgeoisie peut être reconnaissante envers ce politicien frauduleusement enrichi qui a réussi à faire oublier cette honteuse forfaiture à des millions de pauvres. Cet homme n'est pas n'importe qui. Il a contribué depuis quatre décennies à faire élire 5 présidents de la République bourgeoise : Mitterrand (2 fois), Chirac (2 fois), Sarkozy, Hollande, Macron (2 fois).
Loin d'être un quelconque facho, il a été tout à la fois père fouettard, bouc-émissaire, paravent, méchant idéal, raciste, hitlérien, et j'en passe. Liesse et « apéro de rue » pour les bobos Besancenot et le merdeux Boyard. Ils dansent sur le cadavre de Le Pen. Tas d'imbéciles ! Même leur pape Mélenchon a eu plus de dignité dans son communiqué.
Disproportion sur les responsabilités et la culpabilité de politiciens au passé commun. Qui est le plus répugnant, les Le Pen et Massu qui, militaires en Algérie ont torturé ou leur ministre de tutelle Mitterrand qui, descendu d'avion à Alger, s'approche d'un homme en djellaba et lui tend, geste méprisant, sa main gauche, en tant que chef de l'ordre colonialiste et des militaires tortionnaires?
Compatriote d'un militaire odieux comme de l'ancien nazi Papon, Mitterrand avait bien failli être radié de la politique officielle (cf. son coup monté dit affaire de l'Observatoire). Habile repreneur des décombres du PS après 1968, il n'a dû sa carrière qu'à des mensonges éhontés. Il n'a jamais été un défenseur de la classe ouvrière ni un ennemi des couches privilégiées ; il a été surtout celui qui a le plus couvé et enrichi les couches petites bourgeoises, qui lui sont éternellement reconnaissantes. Il a surtout inventé, pour ne pas dire sponsorisé le grand méchant loup « fâchiste », quoique Le Pen, lors de sa renaissance post-poujadiste à la fin des années 1960, s'affichait avec cette allure ridicule de corsaire d'un navet d'Hollywood un bandeau sur un œil crevé. Le scénario est pourtant bien de type hollywoodien sans être génial mais tape à l'oeil.
Dans les coulisses du pouvoir on se rencontre et on s'apprécie. A Strasbourg, Mitterrand et Le Pen se sont bien rencontrés et il y a eu un fotuti et un fotenti. Le pouvoir a toujours besoin de disposer d 'une majorités de députés à sa solde et quand la faction en place se sent menacée par un retour de la faction précédente, elle magouille avec n'importe qui en veillant toujours à duper le bon peuple.
En 1981, faute d'avoir ses 500 signatures, Le Pen ne peut être candidat à la présidentielle. Par la suite, la version journalistique officielle assure que Le Pen a écrit à Mitterrand, afin de réclamer un "traitement équitable". Bonne pioche qui aurait incliné Mitterrand à miser sur les prolongations pour ainsi intercaler un concurrent à la clique de droite de Chirac, mais sentant mauvais. C'est la version de l'historiographie bourgeoise journalistique.
Or, la véritable explication de la manœuvre est de comprendre comment se posait la nécessité de consolider au pouvoir un PS juste remis sur pied remettre sur pied après avoir été tant décrédibilisé par son soutien à la guerre en Algérie. Cette guerre n'était vraiment pas si lointaine (fin en 1962). En 1968 l'antifascisme faisait encore recette. De Gaulle avait été hué dans les manifs comme « vieux général fasciste » (ce qui était déjà débile à l'époque). Des cliques de généraux de type fascistes étaient cependant encore au pouvoir ailleurs: Salazar au Portugal, Franco en Espagne, en Argentine, les colonels grecs, etc. Le massacre en Algérie pouvait être jeté aux oubliettes face aux tortures chez Franco, Salazar et compagnie. Pas de ça en France ! A bas le fascisme grâce à « l'union de la gauche ».
On craignait donc communément une « fascisation généralisée » des pouvoirs démocratiques, comme la recette fonctionne encore aujourd'hui alors que le véritable danger n'est plus un fascisme inexistant et décrédibilisé mais une expansion d'un autre simili fasciste musulmaniaque qui alimente grandement les pulsions nationalistes et pourrit la question de l'immigration.
L'ancien secrétaire de Pétain pouvait donc chanter sans honte et poing levé l'Internationale à la fin de ses meetings devant la noria des petits bourgeois estudiantins, profs et fonctionnaires pour la plupart nuls en connaissance historique.
L'élection accidentelle car inattendue avait mis dans la merde les cliques de ceux qu'on allait rapidement qualifier de « gauche caviar » . La concession dangereuse économiquement de la retraite à 60 ans n'aurait pas suffi dans la durée à entraîner l'adhésion des masses et de la jeunesse sans la ré-invention de l'antifascisme. Le rétropédalage de 1983 avait bien assombri les espoirs des « électeurs de gauche » et surtout des prolétaires .
ON AURAIT TORT DE CROIRE QUE LES MAGOUILLES ET COUPS BAS ENTRE PARTIS DU PARLEMENT SONT RECENTES
Avec chacun des présidents gagnant il y a eu des rencontres secrètes avec le diable « raciste et fasciste » ou avec ses émissaires. Le coup de Mitterrand et de ses conseillers gauchistes est donc bien de diaboliser la droite gaulliste, qui n'était presque plus rien depuis les années de domination du « centriste » Giscard, afin de l'empêcher de retrouver sa splendeur pompidolienne passée. Mais pas que. Il s'agit de s'adresser au prolétariat et de lui infuser que le pire (le fascisme comme nature profonde de la droite) est possible, et qu'en attendant des jours meilleures il faudra « faire front » contre le...Front National. Grâce à l'union populaire avec les Marchais et Favre, quoique déjà décatie avec le départ des « ministres communistes « .
En 1986, par le biais du scrutin à la proportionnelle instauré aux législatives, Mitterrand permet au FN d'avoir des élus à l'Assemblée nationale. Le Pen n'ignorait rien de la manipulation qui se faisait provisoirement à son avantage." Mitterrand était un vrai politique. Il aurait été un benêt de ne pas le faire", a-t-il confié par la suite à un journaliste, jugeant que le "comportement" de l'ancien président de la République a été" tout à fait digne" durant ses deux septennats. Tonton était diablement plus pervers que Le Pen qui avait un côté très naïf et n'était pas très intelligent à mon sens. En 1990, lors de la profanation du cimetière de Carpentras, selon Yves Bertrand, ancien patron des RG, Mitterrand, avec Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, aurait souhaité impliquer le FN dans cette affaire afin de compromettre toute alliance entre le parti frontiste et le RPR. Le naïf Pen en dira ceci: "C'était une machination gouvernementale ou paragouvernementale abjecte."1
"Je vous ai bien eu". A l'inverse de nombreux politiques, Le Pen n'a que très rarement participé aux campagnes contre le Mitterrand vichyste, décoré de la francisque."Je l'ai rappelé à quelques occasions, uniquement lorsque les socialistes nous donnaient des leçons", admet-il. A l'en croire, l'ancien leader socialiste n'était pas un homme de convictions, seul le pouvoir l'intéressait : "A Vichy, il était proche du pouvoir ; sous la IVe République, il a été plusieurs fois ministre et, sous la Ve, il a été président." Très juste définition du « florentin ».
Le Pen se souvient parfaitement de leur dernière rencontre. C'était quarante ans après cette histoire de Nevers : "Il prononçait son dernier discours devant le Parlement européen de Strasbourg. Il était mourant. Et c'est là qu'il dit:"Le nationalisme, c'est la guerre."" A la fin de la session, des eurodéputés sont conviés à la sous-préfecture du Bas-Rhin pour un pot autour du président de la République. Le leader du FN, accompagné de Robert Hersant, est de ceux-là. Le voyant dans un coin de la salle, Mitterrand se dirige vers lui."Il me serre la main et je lui dis : " Alors, comme ça, le nationalisme, c'est la guerre ?" Il me répond à l'oreille : "Avouez que je vous ai bien eu !""
L'organisation du débat avec Tapie :Un gentleman agreement est trouvé : il faut que le débat, organisé par Paul Amar, de France 2, soit utile aux deux hommes. Il convient donc de définir les terrains d'affrontement permettant à chacun de cibler leurs concurrents directs : Le Pen doit affaiblir Dominique Baudis et Philippe de Villiers, et Tapie la liste Rocard. Pour atteindre plus facilement ce double objectif, il est décidé que chaque adversaire évitera d'évoquer le point faible de son contradicteur. Tapie ne devra pas parler d'antisémitisme et de racisme, tandis que Le Pen évitera d'évoquer le dossier judiciaire de Tapie. Le 1er juin 1994, le deal sera respecté lors du 20 Heures de France 2. Seuls les gants de boxe, donnés aux débatteurs avant le match par le journaliste, n'étaient pas prévus au programme, et ils provoqueront l'éviction de Paul Amar de la deuxième chaîne."
UNE GRANDIOSE MANIPULATION SUR LE « DETAIL »
Lorsque la polémique intervient, Jean-Marie Le Pen, président du Front national, parti classé à l’extrême droite de l’échiquier politique français, prépare sa candidature à l’élection présidentielle de 1988. Les études d’opinion le créditent de 18 % des voix, juste derrière les candidats de droite Jacques Chirac et Raymond Barre1. Jean-Marie Le Pen cherche en parallèle à acquérir une stature internationale. Anticommuniste, il rencontre plusieurs personnalités étrangères, dont le président des États-Unis, Ronald Reagan, au début de l'année 19874. Il participe dans le même temps, à New York, au Congrès juif mondial, lors duquel il tient un discours résolument en faveur d’Israël qui est ovationné par l’assistance. Il va se faire piéger bêtement par un journaliste véreux, Olivier Mazerolle qui lui demande ce qu'il pense des chambres à gaz le 13 septembre 1987. Réponse : « Je n'ai pas étudié spécialement la question, mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale ». Face à la réaction du journaliste manipulateur, il répond : « Non, la question qui a été posée, c'est de savoir comment ces gens ont été tués ou non ». Cette réponse n'a rien de choquant si on remplace « point de détail » par « c'est un des moments des plus ignobles de la guerre impérialiste, mais n'oublions pas les Arméniens, Hiroshima, etc ». Même sa deuxième remarque reste vague et sans intérêt. L'exploitation de cette interview piège prend ensuite une ampleur disproportionnée et c'est la meute officielle qui va s'acharner, avec pour fond de commerce ! Saboter une possible union RPR et FN. Ultérieurement, il semble que Le Pen ait reconnu une grosse connerie, d'après un confident. Mais la manip qui a réussi à le ridiculiser a un autre effet, plus considérable, éviter toute réflexion de fond sur les causes et conséquences de la seconde boucherie mondiale, outre le gazage des pauvres juifs, , oubliant en effet, dans le détail US, de se soucier du sort des juifs massacrés pendant quatre années (sujet exclu en plus des infos en 45) comme aujourd'hui toute la « communauté internationale » se fiche du sort tragique des femmes en Afghanistan.
UN EXEMPLE DE GANGSTERISME POLITIQUE LAMBERTISTE
« Quand le sage montre Mitterrand, l'imbécile regarde Le Pen ».
On a généralement, de l'extrême gauche à l'ultragauche sous-estimé la capacité de nuisance du courant lambertiste et son importante participation au renforcement du pouvoir bourgeois depuis des décennies. C'est une des pires ordures provenant de cette même secte qui avait formé Mélenchon, le nommé Cambadélis, laquais de Mitterrand, qui avait concocté un « Manifeste contre le front national » en 1990 avec les clowns de Ras l'Front. Avec cet objectif brumeux que « l'objectif du mouvement consiste non seulement à mobiliser sur le terrain les opposants au FN, mais aussi à produire une analyse de l'idéologie de ce parti.. »
Or lisez sa notice sur wikipédia ou le livre de Mauduit et Sieffert : « Trotskisme histoires secrètes », c'est le personnage de formation trotskiste lambertiste le plus pourri, le plus magouilleur et le plus condamné de tous les gangsters successifs de la gauche bobo et caviar. Non pas pour assurer que Le Pen était un saint mais certainement pas le seul et pire diable du puant personnel politique capitaliste.
Il ose écrire en 2015 un ouvrage intitulé : « A gauche les valeurs décident de tout ».
Le Pen qui gonflera son électorat jusqu'à 17,79 % des suffrages en 2002, n'aurait jamais vraiment songé à accoster sur la rive du pouvoir. Selon Péan et Cohen il serait resté un anar de droite qui, depuis l'enfance, prend plaisir à choquer les bourgeois parce qu'il les hait. Si Le Pen n'aime pas le pouvoir, il aime l'argent, au point de considérer comme sien le butin du FN. Aujourd'hui, le patrimoine du président d'honneur du FN dépasserait, d'après Pierre Péan et Philippe Cohen, 30 millions d'euros. Il y a une dizaine d'années sur France 2, lors d'une longue interview , il assumait d'avoir été plutôt le bouffon des rois mais déclarait avoir peur pour sa vie, vue la haine entretenue sur le diabolique... n'importe quel antifa gauchiste ne risquait-il pas de ...A mon avis il n'avait rien à craindre et toute la police avec lui.
Enfin par après j'ai glané deux infos crédibles à gauche et à droite ou comment Le Pen a été le dindon de la farce.
Instrumentalisation de SOS Racisme
Juin 1985, un trio de communicants proche de l'Elysée, Gérard Colé, Jacques Pilhan et Jean-Luc Aubert, décide de se servir de SOS Racisme contre Le Pen. Deux d'entre eux se souviennent.
"L'association existe mais n'a pas un grand rayonnement. On lui fait de la gonflette avec Julien Dray, Isabelle Thomas et Harlem Désir [Il y a aussi Jean-Louis Bianco, alors secrétaire général de l'Elysée, et Gérard Colé de poursuivre : ] Je me souviens d'une première réunion à Temps public à la demande de Dray... On va dès lors instrumentaliser SOS Racisme contre Le Pen. Faire du ping-pong avec les thèmes du Front national. Face "Aux Français d'abord", on installe Harlem Désir et SOS Racisme. L'association va également nous servir pour faire revenir les jeunes vers François Mitterrand. La fameuse "génération Mitterrand" est lancée à partir d'une expression empruntée à Isabelle Thomas.
Ainsi, parallèlement au coup de la proportionnelle, se monte celui de SOS Racisme et de la diabolisation de Le Pen. Dray présente Harlem Désir à l'équipe de Temps public. Il a la tête qui convient, et son nom est, à lui seul, un "slogan", comme le raconte François Bazin. "A demi noir, très intelligent, il nous paraissait frais. Il était spontané, il parlait bien à la télévision", se souvient Jean-Luc Aubert. Ce dernier et Jacques Pilhan veulent inventer une machine de guerre populaire, comme on disait à l'époque. "On pense en premier lieu à la question du racisme, poursuit Aubert. Pilhan fait venir Jacques Bruel, un marginal, peintre de son état, auquel il confie de petites missions. On réfléchit sur un sigle. Et il dit : 'C'est dommage que l'étoile jaune soit prise ! Ça, ça parle aux gens.' Quelques jours après, les créatifs pensent à détourer la main. L'équipe cherche du complexe, du contradictoire, du paradoxe, le mot clé du moment. La main est par définition ambiguë : elle peut être aussi bien la main des nazis que la main de Fatma..." Pour Aubert, cette main doit être jaune : "En France, le jaune, on sait ce que c'est. On pousse Harlem Désir à s'exprimer. Il dit devant nous : 'Pour moi, tu vois, c'est Touche pas à mon pote'." On avait trouvé."
La proportionnelle sur un plateau
Le 10 juillet 1985, l'Assemblée nationale adopte la loi instaurant la proportionnelle. L'idée a mûri huit mois plus tôt lors de discussions entre François Mitterrand et Roland Dumas.
"Nous sommes en décembre 1984. Roland Dumas vient d'être nommé ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Laurent Fabius en remplacement de Claude Cheysson. (...) "Il faut réfléchir à un moyen de les diviser", lui dit un jour le président. Il s'agit, bien sûr, du RPR et de l'UDF, probables vainqueurs des prochaines élections législatives de 1986 (...) Lors d'une nouvelle promenade, Roland Dumas expose l'idée qui lui est venue : "Je ne vois qu'une solution pour les diviser... changer le mode de scrutin et introduire la proportionnelle..." Le président esquisse un léger sourire d'approbation, pensant probablement à la tête de ses adversaires quand ils apprendront la nouvelle : "Ça va faire du bruit", commente-t-il. François Mitterrand accepte l'idée et fait venir Laurent Fabius pour en parler. Le Premier ministre approuve le projet. Lui qui espère prendre la succession de Mitterrand en 1988 ne peut qu'acquiescer à un dispositif qui lui permet d'espérer limiter la casse lorsqu'il conduira la gauche aux futures législatives."
La rencontre
La rumeur a longtemps voulu que le président François Mitterrand ait rencontré secrètement Le Pen rue de Bièvre. Les deux hommes se sont bien vus, mais le 17 janvier 1995, à Strasbourg.
"Ce jour-là, après un discours au Parlement européen, le président se rend à un cocktail avec les députés. C'est Yvan Blot (énarque, ex-mégrétiste, qui s'est rapproché de l'UMP) qui a décrit la scène, à laquelle n'assistaient pas les journalistes. On leur avait demandé de quitter la pièce avant l'arrivée de François Mitterrand. Ce dernier, sitôt là, se dirige vers Robert Hersant et Jean-Marie Le Pen en pleine discussion. Mitterrand se tourne d'abord vers Le Pen :
"- Bonjour, monsieur Le Pen, je vous ai bien eu tout à l'heure ! Bonjour à vous, ajoute-t-il à l'endroit d'Hersant.
- Je ne comprends pas, monsieur le président ! En quoi m'avez vous eu ?
- Allons, monsieur Le Pen ! Vous n'avez pas entendu mon discours dans l'hémicycle du Parlement européen ? J'ai dit : 'Le nationalisme, c'est la guerre !' Vous ne vous êtes pas senti visé ?
- Non, monsieur le président ! Vous savez très bien que beaucoup de guerres n'ont rien à voir avec le nationalisme ; il y a des guerres de religion, des guerres pour le pétrole !
- Ah ! C'est un grand sujet, monsieur Le Pen, que les causes des guerres ; on n'a pas le temps d'en parler maintenant dans ce cocktail ; je le regrette, d'ailleurs ; mais on va se revoir bientôt ? Je l'espère."
Un peu plus tard, croisant Yvan Blot, François Mitterrand lâche cette phrase sibylline sur le Front national : "C'est une force politique parmi d'autres, soumise aux lois du jeu politique, qui n'est pas toujours en rapport avec le seul combat des idées." Comme on le voit, François Mitterrand paraît très loin des professions de foi de SOS Racisme."
RENCONTRE SECRETE ENTRE Le Pen et Chirac
Deux rendez-vous secrets
En 1988, entre les deux tours de la présidentielle qui va opposer François Mitterrand à Jacques Chirac, Charles Pasqua convainc ce dernier de faire un geste envers le FN pour bénéficier d'un report de voix au second tour.
"Après tout, le chef du Front national n'est pas forcément condamné, surtout à cette époque, à ce qui pourrait apparaître comme la politique du pire aux yeux de ses électeurs. Le Pen est clairement engagé en faveur des idées libérales. Peut-il raisonnablement faire comme si un second septennat mitterrandien ne serait pas plus dommageable que l'élection de Chirac ? Jean-Marie Le Pen lui-même se souvient d'un entretien "en tête-à-tête" avec Jacques Chirac : "Oui, (...) dans un appartement avenue Matignon qui appartenait à une de ses amies. C'est un peu comme quand je rencontrais Grossouvre. C'était aussi chez une dame dont je pensais que c'était une amie. Oui, j'ai eu ce tête-à-tête avec Chirac, c'était avant l'élection présidentielle de 1988."
Le Pen a aussi évoqué une deuxième rencontre, entre les deux tours de l'élection présidentielle, lors d'un entretien publié dans le quotidien Nice-Matin : "Il est qualifié pour le deuxième tour et sans moi - et mes 14,7 % - il ne peut être élu. Je lui dis que, pour nous, il y a un certain nombre de points fondamentaux, en particulier le respect de la suppression du droit du sol, d'une législation plus sévère sur l'immigration. Il refusa de s'engager... Il était très nerveux. Il fumait cigarette sur cigarette. Il avait la jambe droite qui tremblotait - comme l'autre jour à la télé. Très gêné, il répétait : 'Je ne peux rien promettre. Je ne peux pas. Je ne peux rien vous concéder, ni ceci ni cela.' Alors je lui ai dit : 'Je ne vois pas ce qui pourrait m'amener à faire voter pour vous dans ces conditions...' Mais il est revenu à la charge en disant cette chose bizarre : 'Ah oui, mais si toutefois vous preniez cette résolution, je souhaiterais que ce ne soit pas explicite.' Autrement dit, il voulait être soutenu sans être soutenu tout en étant soutenu. Drôle de rencontre.""
Le "deal" sur le dos de LePen
Le Pen subodore une manoeuvre de Mitterrand derrière le refus de Chirac de sceller un accord avec le FN.
""De toute évidence, Chirac ne veut pas d'un accord avec moi. Et, à mon avis, il a un deal avec François Mitterrand. (...) N'oublions pas que Mitterrand a un cancer de la prostate métastasé. Il va durer sept ans. Et, à mon avis, en 1988, il a dû dire à peu près à Chirac : 'Moi je ne vais pas aller très loin, je suis mourant, vous le savez bien, puisque c'est Debré qui est chargé de mentir aux Français sur ma santé. Bon, bref. Mais il y a une chose qui me ferait plaisir, c'est d'être réélu. Et puis je passerai la main, je m'en irai soit les pieds devant, ou très rapidement... Je vous ferai le chemin.' C'est la seule explication que je trouve à l'attitude incroyable de Chirac refusant tout accord, étant dans une situation très déstabilisée."
Quelque crédit que l'on donne à cette lecture de la décision de Chirac, le fait est qu'au cas où les élus et les électeurs de droite eussent été disposés à oublier le "détail", Jacques Chirac n'a rien fait pour favoriser la moindre forme de complicité ou de courtoisie entre la droite et le FN, à la différence de Raymond Barre et Valéry Giscard d'Estaing et des chiraquiens Pasqua et Balladur, beaucoup plus disposés à arrondir les angles vis-à-vis de Le Pen pour séduire ses électeurs. Enfin, François Mitterrand a veillé à ce que Pasqua et ceux qui militaient pour une alliance tacite à droite sur le thème " Pas d'ennemis à droite ! " ne parviennent pas à convaincre le chef du RPR de changer d'attitude."
1Le cercueil de Félix Germon, décédé 15 jours plus tôt, non recouvert de terre, est sorti de sa tombe. Le corps, extrait du cercueil, est posé nu face contre terre sur une tombe voisine. Un mât de parasol (accessoire qui sert à marquer les futures tombes) est retrouvé sous le corps, comme glissé entre ses jambes. Le président de l'Assemblée nationale, Laurent Fabius, au journal télévisé de 20 h sur TF1, la voix tremblante, raconte que le corps de Félix Germon a été sauvagement empalé par « un manche de pelle enfoncé dans l'anus », suggérant ainsi un empalement réel.La profanation de Carpentras fait la une de tous les quotidiens. L'arrivée rapide sur les lieux du ministre de l'Intérieur, Pierre Joxe, qui stigmatise les « abominations racistes », est en effet vite relayée par les journaux télévisés et radiodiffusés qui reprennent ses propos, mais sans informations précises sur la réalité des faits4. On parle d'un « simulacre d'empalement », mais l'examen anal effectué par les deux médecins légistes révèle qu'il ne porte aucune trace du manche de parasol.