découpage impérialiste Sykes-Picot |
Le capitalisme n'en a
toujours pas fini avec ses marchandages entre brigands impérialistes
depuis 1914. En pleine Première Guerre mondiale, au moment même
d'un des plus grands massacres de tous les temps à Verdun en France,
le Britannique sir Mark Sykes et le Français François
Georges-Picot négociaient « en secret » un accord qui
prévoyait le démantèlement de l'empire ottoman après la guerre et
le partage du monde arabe entre les deux Alliés dominant encore pour
peu de temps le monde.
On doit encore à la
grande révolution en Russie d'avoir dévoilé au monde ce « secret »
entre brigands qui, jusque là se vantaient de défendre les droits
des peuples1 ;
le pouvoir bolchevique s'étant engagé à ses débuts de mettre à
nu tous les mensonges diplomatiques.
Du XVIe au XIXe siècle, l’Empire ottoman avait
contrôlé, de la Grèce au Levant et à l’Algérie, la majeure
partie du bassin méditerranéen. Devenu l’“homme malade de
l’Europe” aux débuts de l’expansion coloniale, l’Empire, qui
contrôlait de plus en plus mal ses provinces lointaines, fut
progressivement dépecé par les puissances. » En 1916,
l’Empire ottoman finissant était l’allié de l’Allemagne, et
les alliés français et britanniques, les deux principales
puissances coloniales, rivaux historiques mais engagés ensemble dans
la « grande guerre », pensent déjà à se partager les
dépouilles alléchantes de la Sublime Porte.
« Le marchand doit précéder
le soldat » (Bismark)
Les liens de l'Allemagne avec la Turquie sont très
anciens depuis Frédérik II, mais c'est surtout avec Bismark qu'une
politique coloniale ambitieuse a été définie. L'Allemagne ne
possédant pas les moyens militaires et navals agit sur le plan de
l'investissement industriel en direction du Moyen Orient, se
rapprochant à la fin du XIX e siècle de la Sublime Porte, après
la découverte de gisements pétrolifères, avec la construction du
Chemin de fer Berlin-Bagdad pour lequel la Turquie était déjà
entrée en négociations avec l'Allemagne dès 1893 (concession de la
ligne Eskisehir-Konya) mais qui démarra réellement en 1903.
En pleine guerre, par l'accord secret des deux
puissances rivales de l'Allemagne, chaque brigand se réserve une
part des dépouilles de la grande Turquie. Les Français se réservent
le Liban, la Syrie et la région de Mossoul, au nord de la
Mésopotamie ; les Britanniques le reste de la Mésopotamie
(Irak) et la Transjordanie. L'accord faisait suite à l'entrée en
guerre de l'empire ottoman aux côtés de l'Allemagne et de
l'Autriche-Hongrie. L'accord des brigands français et anglais
préconisait de « détacher les Arabes des Turcs en
facilitant la création d'un État arabe ou d'une confédération
d'États arabes » sous l'autorité du prince Hussein. Tant
que le traité n'était pas révélé, les deux puissances coloniales
pouvaient attiser les nationalismes et faire des promesses
d’indépendance tous azimuts aux peuples de la région, dans le but
de les voir se soulever contre l’empire ottoman... comme
aujourd'hui les mêmes rapaces invoquent le respect des droits de
l'homme, tout en attisant les haines religieuses.
Les brigands anglais vont se montrer plus
manoeuvriers que leurs concurrents français en envoyant sur place le
Che Guevara de l'époque, l'espion-aventurier Laurence d'Arabie, qui
s'est lié d'une amitié « particulière » avec le prince
Fayçal Hussein2.
A la suite des révélations du gouvernement bolchevique fin 1917
contre la diplomatie secrète, il n'est pas difficile à l'aventurier
britannique de soulever et unifier les troupes arabes, qui font
sauter la ligne de chemin de fer allemande et poussent jusqu'à
Damas, prenant de cours les militaires français3.
Il n'est pas utile ici de revenir en détail sur ce
moment lointain ni de lui conférer un cadre expliquatif aux
soubresauts actuels des alliances impérialistes dans la région ou
possibles revirements. Qu'il suffise de rappeler que les brigands
français ont été les dindons de la farce en concédant Mossoul,
gorgé de pétrole, à leurs compétiteurs britanniques... Quant aux
indépendantistes arabes, ils devront se contenter de quelques
miettes alors qu'en Syrie les Français materont toute velléité
d'indépendance, loin des engagements du trouble héros Lawrence
d'Arabie4.
La Seconde Guerre
mondiale, remisant les anciennes puissances coloniales au second plan
mais sans annihiler leur concurrence, montre à Yalta que la
bourgeoisie américaine se réserve la meilleure part du gâteau (cf.
le pacte du Quincy entre Roosevelt et Ibn Saoud), l'Arabie Saoudite
donc et ses champs pétroliers. L'Angleterre doit se contenter de
l'Irak et de l'Iran. Toujours plus vorace la bourgeoisie US
grignotera la part anglaise lors de l'épisode rocambolesque du coup
d'Etat de Mossadegh puis de la remise en selle du Shah, le tout
orchestré par la CIA.
LA MYSTIFICATION DE LA
CREATION D'ETATS INDEPENDANTS ABOUTIT A DES GENOCIDES
Rosa Luxemburg aura
raison de démontrer que l'ère des libérations nationales était
terminée, sans pouvoir mesurer les horreurs que le maintien de cette
mystification allait entraîner. On croit découvrir un monde barbare
et inusité avec les attentats répétitifs subis par les populations
civiles un peu partout de nos jours, l'hémorragie ininterrompue de
la population syrienne, masquant les rivalités impérialistes des
donneurs de leçons humanitaires et croque-morts compatissants ;
mais était-ce différent il y a plus d'un demi-siècle ? Face à
une Turquie dont on assure qu'elle s'enfonce dans la barbarie
islamique après le louche coup d'Etat qui permet à son despote de
faire régner la terreur partout, y aurait-il un camp, un
nationalisme même démocrate à défendre ? Par exemple les
kurdes dont des anarchistes français ont pris fait et cause pour une
« révolution kurde », imaginantdes femmes soldats
libérées... car sans voile mais fusil en main5.
A une époque qui
allait déboucher sur l'expansion des fascismes en vue de la reprise
de la guerre mondiale, et comme sursaut face à la décadence de la
Sublime Porte, le mouvement « jeune-turc » a été le
premier parti nationaliste à accéder au pouvoir, à concevoir et à
exécuter un programme d’extermination contre une partie de sa
propre population préalablement exclue du corps social comme «
ennemi intérieur ». Cette destruction a été conçue comme une
condition nécessaire à la construction de l’Etat-nation turc. Et
la préparation du massacre des Arméniens et des Grecs n'a ni été
dénoncée par l'Allemagne ni par les Etats dits démocratiques
occidentaux. La protestation ne vint que du mouvement socialiste.
Bien avant 1915, des massacres par milliers ayant déjà lieu ;
en janvier 1895, Jaurès
s'était fait l'un des plus fervents défenseurs des Arméniens et
contempteur de la politique pro-ottomane de la France, dictée
surtout par des intérêts financiers. En novembre 1896 il avait
dénoncé la politique d'ignorance du ministère Hanotaux et du tsar
au nom de la real politik et des « affaires » des crimes turcs et
kurdes contre les arméniens organisés par le Sultan : « Il est
d'autant plus urgent que la démocratie française et en particulier
le prolétariat socialiste interviennent dans la marche générale
des affaires européennes que vraiment les gouvernements
d'aujourd'hui ont manqué à tous leurs devoirs et ont attesté
l'incapacité foncière de l'Europe actuelle, monarchique,
capitaliste et bourgeoise, à accomplir sa fonction. Plus de cent
mille créatures humaines ont été depuis deux ans massacrées,
violées, torturées... ».
Le
parti « jeune-turc » fait appel aux égorgeurs
« professionnels » que sont les bandes nomades kurdes
pour faire le sale boulot, secondé par des chefs kurdes tels
que Koumadji Farso et Mehmet, dépeuplant toute une province.
L’inventaire des principaux responsables de ce programme
d'extermination, fonctionnaires civils et militaires ou notables
locaux, permet d’affirmer que les personnes les plus lourdement
impliquées dans ces violences de masse étaient souvent issues des
cercles les plus marginaux et, des minorités originaires du Caucase,
en particulier des Tcherkesses et des Tchétchènes, ainsi que de
tribus kurdes nomades (plus rarement des villageois sédentaires).
TOUTE RESSEMBLANCE AVEC
LA SITUATION ACTUELLE SERAIT-ELLE FORFUITE ?
Une journaliste a très
justement remarqué qu'il faut se garder des analogies, ou des
prétendus héritiers mais se méfier de l'utilisation de l'analogie
justement. La dernière
contestation en date, des lointains accords Picot-Sykes étant venue
de Daech prétendant abattre la frontière entre la Syrie et l'Irak,
avec l'idée d'unifier un monde musulman en s'appuyant sur le mythe
d'un califat, et prise pour argent comptant par des gogos, il fallait
rectifier :
«L’Etat
islamique remet tout cela en cause aujourd’hui. Sa position
consistant à dénoncer les accords Sykes-Picot comme
un accord occidental et colonialiste est un peu facile. Cela
participe d’une propagande anti-occidentale quelque peu ridicule et
sans réel fondement. Mais ceux qui ne s’y trompent pas, ce sont
bien les héritiers de Fayçal et d’Ibn Séoud, qui sont encore
aujourd’hui les alliés des Occidentaux. Ces deux grandes familles
ont fini par accepter, et ce, depuis longtemps, les frontières du
Moyen-Orient dressées par Mark Sykes et François Georges-Picot. Ils
savent en effet très bien que la volonté de l’EI de renégocier
ces accords est un prétexte pour se débarrasser d’eux».
Très juste, mais qui
veut se débarrasser de qui ? Voilà qui devient intéressant et
où on verra ce que font les « sept soeurs » et « le
pétrole financier », dont j'ai déjà eu l'occasion de vous
entretenir sur ce blog. Laissons de côté pour l'instant le coup
d'Etat en Turquie et son utilisation cynique par le despote Erdogan.
Faisons un peu de géopolitique.
Contrairement au blog « Révolution ou
Guerre », la bourgeoisie américaine n'est pas en difficulté
majeure6.
On peut même estimer qu'elle reste grandement maîtresse du jeu
mondial. Mais pour expliquer la situation en Turquie on va voir que
c'est très simple.
Première constatation : la Turquie n'a pas de
pétrole et n'est qu'un pays à touristes.
Deuxième constatation : comme le nord de
l'Irak, le Kurdistan est plein de pétrole.
Troisième constatation : depuis des années, à
l'insu de nos pertinents observateurs maximalistes, les Etats-Unis
militent pour créer un Kurdistan « indépendant », en
tout cas une faction de la bourgeoisie américaine ; la création
d'un Etat réunissant le nord de la Syrie et le Kurdistan
permettrait par le couloir de la Syrie d'amener par pipe-line le
pétrole en Méditerranée. Si les américains (comme on dit par
facilité) parviennent à faire naître ce Kurdistan, c'est tout un
pan de l'Anatolie, 20 millions de personnes, qui sortent de la
Turquie ; au moins en 1918 l'Anatolie était-elle restée
rattachée à la Turquie.
Plus important que le contrôle de la région pétrolière est le conflit géopolitique sous-jacent. La volonté de la principale puissance occidentale de fabriquer un Kurdistan "indépendant" vise à faire pièce à la Russie comme en Ukraine.
Plus important que le contrôle de la région pétrolière est le conflit géopolitique sous-jacent. La volonté de la principale puissance occidentale de fabriquer un Kurdistan "indépendant" vise à faire pièce à la Russie comme en Ukraine.
Affolé Erdogan est donc allé voir Poutine pour lui
proposer le marché suivant : « je te laisse faire en
Syrie mais tu m'aides à empêcher la constitution du Kurdistan » !
Erdogan veut sauvegarder ce qui reste de l'empire ottoman et Poutine freiner l'avancée...américaine. Il se fiche d'une Turquie homogène, ce qu'il veut c'est qu'elle empêche elle aussi la formation du Kurdistan.
Certes Erdogan a plutôt besoin d'un union nationale, islamique ou pas. Un pays fractionné dangereusement – on se souvient du cynisme de l'Etat turc dans le terrible drame minier, des trucages électoraux, d'une population en grande partie laïque et persuadée que le despote a organisé ou laissé faire des attentats attribués systématiquement aux kurdes aux mains pas si blanches qu'ils prétendent, une guérilla kurde incessante, les rebuffades de l'Europe, etc. - a besoin de l'invention d'une union nationale. Le national-islamisme est l'option toute trouvée. Non pas que la classe ouvrière turque et en général la population soit aussi bigote que celle des pays arabes, mais la conjonction d'un putsch qui a tiré sur la foule indistinctement (que Erdogan l'ait fabriqué ou pas, cela sent la CIA), d'attentats répétés et le rejet européen, permettent de gagner le nombre à l'union face à « l'ennemi extérieur ». Cette union forcée nécessité de mettre au pas les organisations qui se réclament du mouvement ouvrier, de terroriser et torturer les militants politiques oppositionnels, et, fin du fin, de proposer le retour de la peine de mort.
Certes Erdogan a plutôt besoin d'un union nationale, islamique ou pas. Un pays fractionné dangereusement – on se souvient du cynisme de l'Etat turc dans le terrible drame minier, des trucages électoraux, d'une population en grande partie laïque et persuadée que le despote a organisé ou laissé faire des attentats attribués systématiquement aux kurdes aux mains pas si blanches qu'ils prétendent, une guérilla kurde incessante, les rebuffades de l'Europe, etc. - a besoin de l'invention d'une union nationale. Le national-islamisme est l'option toute trouvée. Non pas que la classe ouvrière turque et en général la population soit aussi bigote que celle des pays arabes, mais la conjonction d'un putsch qui a tiré sur la foule indistinctement (que Erdogan l'ait fabriqué ou pas, cela sent la CIA), d'attentats répétés et le rejet européen, permettent de gagner le nombre à l'union face à « l'ennemi extérieur ». Cette union forcée nécessité de mettre au pas les organisations qui se réclament du mouvement ouvrier, de terroriser et torturer les militants politiques oppositionnels, et, fin du fin, de proposer le retour de la peine de mort.
Tout cela n'est pas dû à une méchanceté
intrinsèque d'Erdogan, bien que ce despote ne nous inspire aucune
sympathie, du fait qu'il s'appuie pour son projet nationaliste sur
les pires arriérations du moyen âge. C'est la situation
géopolitique et en particulier les manœuvres souterraines
américaines qui le poussent à réagir, même par une fuite en
avant. En effet, comme l'Egypte, l'armada turque est membre de l'OTAN
et donc rétribuée par la bourgeoisie US. Dangereux équilibrisme – Erdogan peut savoir que c'est la CIA qui est à l'origine du putsch mais sans pouvoir le dénoncer –
pour un pays sans sérieuses ressources industrielles quand la Russie n'a pas les mêmes moyens que les Américains de rétribuer son armée ; cependant la
Turquie sous Erdogan n'a certainement pas les moyens de tenir aussi
longtemps que l'Iran intégriste, ce qui signifie que la guerre se rapproche dangereusement.
Guerre entre qui et qui? A vous de voir.
Guerre entre qui et qui? A vous de voir.
Poussons plus loin le raisonnement. La bourgeoisie
américaine n'est pas unie non plus comme les attentats du 11
septembre 2011 ont fini par le révéler. Elle subit de violentes
contradictions internes7,
des convulsions un peu particulières qui échappent à certains qui
font des communiqués généralistes. Prenons par le petit bout, par
exemple la stratification de l'Irak : au nord les kurdes, au
milieu les sunnites et en bas les chiites. La bourgeoisie américaine,
une fraction, a donné le pouvoir aux chiites, les sunnites sont
méprisés et considérés comme des citoyens de seconde zone. Daech
provient du rang de ces sunnites qui ont été torturés pendant cinq
ans par « l'administration américaine »8.
Et paradoxalement je repose la question qui est derrière daech ?
Les « sept soeurs » : Esso, BP,
Shell, Chevron, Texaco, Exxon Mobil, Gulf Oil. Même si certaines ont
fusionné ces sept compagnies pétrolières, d'une même famille
depuis 1914, représentent le capitalisme traditionnel, qui peut
compter sur Trump le foldingue, mais capable de se calmer si le
perchoir washingtonien lui revient. Cette faction des sept sœurs
serait plutôt donc derrière Daech et les sunnites. A moins que ce ne soit la faction suivante du "pétrole financier" si l'on en croit Trump qui accuse la mère Clinton + Obama. En réalité cela remonte à plus loin. Al-Baghdadi et ses lieutenants ont été enfermés pendant cinq années à
"camp Bucca" en Irak. Arrêté par l’armée américaine en 2004 (donc sous
Bush) puis relâchés 5 ans après (donc sous Obama) avec plus d'un millier
de terroristes salafistes; lors du départ des Américains d'Irak : à
eux tous ils ont formé daech dont l'idéologie islamo-terroriste, sponsorisée mondialement comme axe du mal qui menacerait l'Occident, sert à cacher la raison des oppositions dans le "couloir syrien".
L'appui aux chiites viendrait plus de la fraction
des modernes, du pétrole financier – un capitalisme de banksters -
ces spéculateurs du pétrole stocké et jouant sur les fluctuations
des cours en bourse, étant eux-mêmes une bourse à pétrole en
quelque sorte. Or cette faction a ses origines à l'époque de la
financiarisation sous Reagan et aurait atteint son rythme de
croisière sous l'ère Clinton. Une telle partition entre anciens et
modernes rois du pétrole serait une justification plus probable
d'une réelle rivalité républicains/démocrates que les oppositions
clownesques entre la mère Clinton et le farfelu à moumoute ;
si tant est que les rivalités de cliques, sur la question du
contrôle du pétrole mondial, recoupe simplement le clivage
politique navrant et bête du cirque électoral américain. Néanmoins, dans le cas où la guerre viendra à être déclenchée, il est peu probable que la bourgeoisie US reste divisée... OU alors l'inédit renforcerait plus gravement le chaos.
L'accroissement des rivalités
impérialistes de plus en plus intrinsèques à chaque Etat
capitaliste et l'exhibition compassionnelle des réfugiés
peuvent-ils favoriser la reprise de la lutte de classe ?
Incontestablement nous vivons une période de
terreur, plus grave en ce moment en Turquie où des femmes et des
hommes de toutes sortes sont battus et emprisonnés. En même temps
le système nous exhibe les centaines et centaines de cadavres de
réfugiés. Il les exhibe comme un trophée : voyez ce qu'il
arrive si vous ne voulez pas les accueillir CHEZ VOUS ! La
préposée à la démagogie humanitaro-gauchiste Emmanuelle Cosse,
depuis son strapontin ministériel vient en effet de proposer un
accueil à la carte. Et le système félicite aussi ses policiers qui
font la chasse à ces réfugiés tout en les tançant sans vergogne
(Le Monde par ex.) ou adouber les idiots qui font pire encore, ces
no-borders, eux-mêmes sponsorisés et financés, qui posent aux
sauveteurs... sans lendemain et sans se soucier du devenir de ces
populations, ni de leur intégration sociétale, scolaire et
sexuelle.
Nos attentats espacés mais fatalement inévitables
comme le radote notre gentil premier commis d'Etat apparaîtraient
presque secondaires...
Les problèmes cumulés – attentats, guerres,
réfugiés, misère, humiliations répétées de la classe ouvrière
– ne peuvent pas constituer pour l'heure un cocktail explosif.
Pourtant c'est bien de ce creuset de contradictions que se
déclanchent guerres ou révolutions. La question des réfugiés
utilisée comme arme de chantage par Erdogan risque bien de mettre le
feu aux poudres, pas spécialement dans un sens internationaliste.
Mais seulement au niveau électoral et pour la vente des barbelés.
Mais pas pour tout le monde.
Il apparaît que l'appétence d'Angélique Merkel
pour un afflux massif repose en définitive sur une réalité
tangible intra-muros Allemagne : celle de l'Est a été
désertée. Depuis la chute du mur et après 2008 environ 50 000
personnes choisissent chaque année de se barrer des Länders de
l'Est pour aller vivre à l'Ouest, où le taux de chômage est près
de deux fois moins élevé. A travers l'Allemagne de l'Est, des
centaines de milliers de logements sont aujourd'hui inoccupés. Le
million de réfugiés n'est donc pas impossible à loger, malgré les
protestations d'une aile de la bourgeoisie allemande plus
« territoriale » mais au seul plan électoral. Et puis le
bagage islamique des réfugiés n'est-il pas plus une garantie de
paix sociale que ce syndicalisme ringard qui périclite ?
Les gros yeux de l'auguste mutter au petit Erdogan
n'annoncent pas une grosse fâcherie, les deux compères ont trop
besoin l'un de l'autre. Erdogan pour évacuer son surplus de main
d'oeuvre et l'Etat teuton pour l'accès à la Méditerranée. Il
existe une commune entente pour dispatcher les réfugiés sans
qualification, afghans et divers moyen-orientaux vers les pays
européens secondaires, comme la France...
Tout ça pour dire que si nous ne bougeons pas notre
cul en France pour soutenir les milliers de travailleurs licenciés
ou expulsés de leurs fonctions et remplacés par la masse des bigots
du national-islamisme, pour dénoncer les violences inouïes des
tortionnaires kakis du despote, la grosse vache allemande, elle,
laissera faire.
NOTES:
2
L'écrivain Patrick Grainville donne une description peu reluisante
du personnage que les services secrets britanniques ont envoyé
manipuler les arabes pour piller leurs matières premières, à la
place des français et des allemands :
« ... Il se
qualifie « d'escroc à succès » et « d'imposteur
impie ». C'est un précipice qui s'ouvre au cœur du héros et
de son épopée pour les scinder en deux parts irréconciliables. Un
divorce entre l'action et la pensée. Car, dès le départ, Lawrence
a deviné que les Britanniques veulent canaliser et contrôler le
désir d'indépendance des Arabes, il ne croit donc au succès
de sa mission que dans la brûlure de l'action. Pourtant, c'est un
combattant clairvoyant, entouré de cheikhs tribaux truculents et
divisés, plus amateurs de razzias que du fantasme de l'unité
arabe. Certaines tribus partent pour la bataille avec leurs
esclaves armés de dagues, en croupe des méharis. Lawrence admire
leurs cuisses noires et musclées. D'autres se dénudent carrément
dans l'assaut pour que leurs vêtements souillés n'infectent pas
leurs blessures. Et Lawrence de savourer le spectacle des volées de
jambes athlétiques et brunes. Son homosexualité n'est jamais
avouée directement. Mais il chouchoute un couple de serviteurs
juvéniles, amants l'un de l'autre, facétieux et transgressifs à
souhait. Leurs foucades garçonnières agrémentent la ritournelle
des tueries. Car on tue, on fouette, on torture à tout-va !
Lawrence, lui-même, exécute de trois balles un soldat fautif. Il
en fait une description détaillée. Le fameux sadomasochisme du
personnage n'est jamais revendiqué, il se déduit de la somme des
souffrances infligées et endurées dans les déserts torrides
parcourus par des méharistes coriaces et cruels ».
3Le
Royaume-Uni s'était empressé d'écorner l'accord en installant des
troupes à Mossoul en octobre 1918, s'emparant ainsi du reste des
zones pétrolifères du futur Irak. En 1919, Londres parvient à
faire voter une sorte de protectorat par la chambre iranienne.
4
Un auteur Pierre-Jean Luizard explique que ce marchandage secret sur
le dos des peuples arabes sert aux djihadistes à dénoncer « la
trahison des Occidentaux et l’impérialisme européen",
argument de saltimbanques nationalistes étroits alors que les
djihadistes incriminés ne sont eux-mêmes que des pions de tel ou
tel impérialisme, pour un nouveau redécoupage régional ou un
maintien du statu-quo d'un ensemble de nations artificielles.
5Lire
dans la colonne de gauche de ce blog la notice : Kobanê ou pas
Kobanê: LES ANARS VA-T-EN GUERRE!
6C'est
une tendance assez simpliste du CCI et de ses groupes ou individus
séparés à théoriser un affaiblissement constant des Etats-Unis.
7J'ai
lu récemment une biographie consacrée au politicien de peu
d'importance Montebourg, intéressante. Au niveau nationale les
politiciens hexagonaux se comportent comme des gangsters avec
menaces de mort à la clé. Pourquoi ne pas imaginer que, au niveau
d'une puissance comme les Etats-Unis, le chantage et le terrorisme
réciproque dans les classes dirigeantes peuvent atteindre des
sommets. S'est-on gêné pour assassiner Kennedy et d'autres ?
8
«En Irak comme en Syrie, notamment à Tikrit et à Mossoul,
l’armée n’hésite pas à utiliser l’artillerie lourde et à
larguer des barils bourrés de TNT sur des quartiers d’habitation,
des hôpitaux et des écoles. Le recours à ces méthodes fait
basculer une population qui avait fait l’expérience des fameux
conseils de réveil (*), des milices arabes sunnites armées et
payées par les américains à partir de 2006 à condition qu’elles
se retournent contre Al Qaïda. Cette population constate que, de
l’aveu même du premier ministre Nouri Al-Maliki, les autorités
de Bagdad contrôlées par une majorité chiite ne sont pas
disposées à intégrer plus de 20% de ces miliciens sunnites, armés
et payés par les américains, dans l’armée irakienne, condamnant
l’immense majorité de ces combattants - qui avaient pourtant
apporté une contribution essentielle à la lutte contre Al Qaïda
en Irk - au chômage et à la marginalité (...) Outre ce sentiment
d’exclusion et de marginalité, il existait un profond rejet du
niveau de corruption spectaculaire... (...) L’exécution des
organisateurs des pénuries et de divers trafics est d’ailleurs
largement mise en scène sous l’égide de l’Etat islamique avec,
notamment, des décapitations et des crucifixions (...) L’avancée
de l’Etat islamique profite beaucoup de la «comunautarisation»
de la scène politique irakienne, qui se traduit dans ces régions
par un accord explicite entre certains dirigeants kurdes... et
l’Etat islamique (...) A l’Etat islamique le rôle de mettre en
déroute l’armée irakienne, en échange de quoi les peshmergas,
les combattants kurdes, ne feront pas obstacle à l’entrée des
troupes djihadistes à Mossoul(...).Surtout la coalition anti-daesch
n’a strictement aucune perspective à offrir aux populations qui
se sont ralliées à l’Etat islamique, ou bien qui se sont
résignées à sa domination comme un moindre mal par rapport aux
régimes oppressifs sous lesquels elles ont souffert en Irak et en
Syrie».Pierre-Jean Luisard: «Le piège Daech, l’Etat
islamique ou le retour de l’histoire» (ed La Découverte). Et lire le toujours intéressant général Desportes: http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/08/12/31002-20160812ARTFIG00394-general-desportes-obama-n-a-pas-cree-daech-mais-les-etats-unis-sont-responsables.php
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