"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

dimanche 22 juin 2025

LA VENGEANCE: MAXIME DE LA GUERRE CAPITALISTE



« Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! »

abbé de Cîteaux

Début d’une période d’imprévisibilité belliqueuse au Moyen-Orient...

Des « experts » interrogés par le New York Times estiment que la décision du président Trump de frapper l’Iran marque le début d’une période d’imprévisibilité au Moyen-Orient. «C’est une nouvelle phase, potentiellement problématique», a affirmé Ray Takeyh, chargé d’études sur le Moyen-Orient au Council on Foreign Relations. Selon lui, les dirigeants politiques iraniens seront très probablement forcés de contre-attaquer. «Ils ont été humiliés de toutes les manières possibles, ce qui les rend vulnérables face à leur population et aux critiques internes», a-t-il expliqué. «Ils devraient essentiellement restaurer leur fierté d’une manière ou d’une autre».


LA GUERRE MODERNE NE SERAIT PLUS MOTIVEE QUE PAR LA VENGEANCE ?


L'humanité a connu de multiples causes pour justifier ses guerres : guerre de libération, guerre pour la liberté, guerre défensive, guerre inopinée, etc. Mais c'est la première fois, même avec les permanents intérêts géopolitiques, comme on dit innocemment, des divers requins impérialistes, que la guerre est devenue avant tout UNE VENGEANCE. On peut sérier les étapes successives et les constantes de la décadence bourgeoise depuis1914, une constante se confirme : le massacre de plus en plus massifs des civils avec des pics (massacres des juifs par Hitler, massacre nucléaire des japonais par la démocratie américaine, massacres au Rwanda, en ex-Yougoslavie, etc .)


IL FAUT SERIER DANS L'IMMEDIAT LES NOUVEAUTES IGNOBLES ET DANGEREUSES DE LA GUERRE CAPITALISTE CRIMINELLE


L'appel à tuer directement les civils


L'attaque des sites nucléaires


La fermeture d'internet pour torturer et tuer sans témoin


Les désertions massives suivies du meurtres des fuyards


L'Idéologie de la vengeance selon l'Etat fasciste juif de Netanaziyahou – l'appel sans fard à tuer directement les civils – est la nouveauté incontestable du moment et même historique. Jusque là, bandits politiques et généraux sanguinaires ne formulaient jamais pour la bienséance un désir de tuer les civils, leur assassinat restait du domaine collatéral. Déjà en 1914, on tua et viola de nombreux civils mais considérant ces crimes comme accidents de parcours. Hitler inaugura la formule en appelant au meurtre de tous les juifs, ne sachant pas s'il aurait un petit fils. Ce petit fils est là, arrogant et bavant du sang de la vengeance : Netanyahou. Ce salaud a testé sa méthode d'abord à Gaza, qui cible maintenant sans vergogne les iraniens qui ne sont aucunement responsables d'un nouveau tragique 7 octobre. Même si Netanyahou prétend  cibler des sites militaires et civils, la majorité des victimes sont des civils. Les attaques contre des objectifs non militaires, comme des réservoirs d’eau ou la place Tajrish, au nord de Téhéran, sont incompréhensibles pour la population. Comment l’armée israélienne peut-elle prétendre viser précisément des chefs militaires dans des tours de 20 ou 30 étages ? C’est la même méthode qu’à Gaza où, sous prétexte de viser les chefs du Hamas, le gouvernement israélien tue des civils et leur en impute même la responsabilité, juste parce qu’ils sont là… Tout comme Netanyahou a décrété que les habitants de Téhéran devaient « payer le prix » car il ne manque pas d'air ce salaud, payer le prix parce qu'un hôpital israélien a été touché et qu'il n'y a eu que des blessés1 quand ce chef militaire sans honte a détruit tous les hôpitaux de Gaza causant des centaines de morts civiles au prétexte que le Hamas était dans les caves2. Il n'est pourquoi qu'un des multiples zéros de l'hypocrite « communauté internationale » aux ordres du bandit US dont on oublie comment il a laissé massacrer les iraniens en 1979.3

Le criminel de guerre Netanyahu affiche un humour très nazi: « Personne ne bénéficie d’une immunité ». Il a toutefois précisé que « dans une guerre, il faut choisir ses mots avec soin et ses actes avec précision ». Choisir avec soin de tuer prioritairement les civils est un œcuménisme du militarisme moderne. C'est ensuite avec précision que sont tués les civils indifférenciés ; avec les terroristes du Hamas on a affaire à de petits tueurs...terroristes à action circonscrite, avec ce criminel de guerre c'est la terreur sanglante expansive de l'Etat capitaliste

Le criminel de guerre est bête tellement il est simpliste. Quand le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré que le guide suprême iranien Ali Khamenei « ne peut être autorisé à continuer d’exister », l’accusant d’avoir ordonné des tirs sur des hôpitaux et des civils. Une ligne duraille typique des fachos israéliens, le criminel de guerre en chef a cru bon d'ajouter que « tuer l’ayatollah Khamenei mettrait fin au conflit ». D'une part Khamenei a déjà nommé ses remplaçants et les menaces (nanarchistes) de tuer Hitler ou Poutine n'ont jamais fait cesser les guerres. Netanyahou est un crétin de première avec ses oreilles d'âne. Et ses justifications anti-fa ou minables sur sa famille (le fils est arci-raciste) lamentables ...devant le mur4.

La diabolisation de l'Iran est une hypocrisie majeure pour faire croire à un pan innocent du capitalisme, ses fausses démocraties populistes, quand la bourgeoisie iranienne enturbannée réagit aux conditions qui lui sont imposées par les autres mafias étatiques. Les braves cosignataires des traités pour limiter le nucléaire militaire ont cédé aux injonctions américaines. La mise en œuvre d’un outil financier permettant aux entreprises européennes de commercer avec des entreprises iraniennes n’a pas fait long feu. C’est ainsi en prenant acte du refus des autres parties d’honorer leurs obligations que les Iraniens ont décidé de reprendre leur programme d’enrichissement...nucléaire, car dans le commerce para-militaire la carotte est ridicule.

L'attaque des sites nucléaires

Même depuis les débuts de la guerre en Ukraine,jamais Poutine ne s'était permis de bombarder un site Nucléaire, avec le criminel de guerre israélien le pas est franchi pour de nouveaux Hiroshima, Medvedev peut exulter. On est engagé dans un terrible engrenage nucléaire sans précédent.

Enhardi par l’impunité de ses massacres dans la bande de Gaza, par le discrédit du triste sire Trump, manipulé par son vassal israélien et par l’inaudibilité des clowns du droit international, le criminel de guerre au grandes oreilles a fait peu de cas des injonctions à ne pas bombarder l’Iran pour ne pas attenter aux négociations en cours entre les États-Unis et l’Iran, et risquer des fuites radioactives. Dans son incapacité à avoir prévenu un nouvel embrasement du Proche et du Moyen-Orient, la mafia « communauté internationale » paie ainsi aujourd’hui le lourd tribut de sa sidération devant le fait accompli. Elle en porte également en partie la responsabilité en laissant faire roquet belles oreilles.

La colère impuissante des civils Iraniens muselés par le blocage national d'internet, elle, s’adresse aussi au régime islamique, qui en profite pour emprisonner ou tuer ses quelques opposants. Les civils ne disposent pas d’abris pour se protéger des bombardements, pas plus que d’une quelconque protection, ni à Téhéran ni ailleurs en Iran. La suppression d'internet sur tout le territoire iranien est une nouveauté très efficace en période de guerre pour contrôler totalement et terroriser la population, pour le plus grand plaisir de l'Etat hébreu et fier de l'être

La clique à Trump, comme celle à Poutine, sait le danger de cette lutte présumée anti-nucléaire mais qui menace d'être réellement utilisée désormais, non par l'Iran, cette fable de criminel de guerre, mais par tous les possesseurs de cette arme létale massive !

L'envoi prévu de longue date des bombardiers furtifs et des porte-avions ne vise pas tant depuis le mois de mars à encourager l'impérialisme israélien à développer tout azimut sa guerre cde colonisation qu'à mieux continuer à contrôler la région du fameux détroit d'Ormuz où l'Iran n'est pas le seul diable. Dès mars, des bombardiers furtifs B-2 avaient en effet été déployés sur la base de Diego Garcia dans l'océan Indien. Ces avions sont capables de porter deux bombes GBU-57 antibunker. Avec une ogive de 13 tonnes, ce serait la seule munition capable d'atteindre le site nucléaire iranien de Fordo, profondément enfoui sous une montagne. Au sol, environ 30 000 soldats américains sont stationnés, notamment dans des bases au Koweït, en Arabie saoudite ou encore au Qatar, ou présents en Jordanie et en Irak.

DES DESERTIONS MASSIVES MAIS UN PROLETARIAT ABSENT

Dans toutes les guerres il y a toujours des désertions. Elles semblent de plus en plus importantes en Ukraine et en Russie ; plus une guerre dure plus cela favorise les désertions. On peut l'espérer en Iran, quoique ce pays soit gangrené par nombre de mafias islamistes et qu'on peut présager plus le chaos sanglant pire qu'en Irak ; pas du tout en Israël où le nationalisme juif est ancré dans le religieux et fait honte aux juifs du monde entier non inféodés à cette macabre idéologie.

La fixation sur l'Etat nationaliste israélien peut amoindrir ou déformer la réalité de ce qui se passe réellement.

D'abord cette fable d'un Trump pacifiste voulant obtenir le prix Nobel de la paix : il y aurait renoncé déplorant que celui-ci ne soit attribué qu'à des gauchistes. Les super avions de combat anti-nucléaires préparés dès le mois de mais confirment la préparation anticipée de la guerre en même temps qu'est confirmée l'impuissance du clown de Washington à mettre fin à celle d'Ukraine. De même il ordonne en ce moment au guru en chef iranien de baisser casaque pour « mettre fin à la guerre » : si tu promets la paix continue la guerre !

Pourtant le populiste Trump est celui qui aura pourtant le mieux préparé la guerre au plan social. Son projet d'attaques massives contre les immigrations aux USA est, en apparence, un cheval de bataille performant, non pas pour diviser la classe ouvrière, comme le croient certains religieux d'un prolétariat divin, mais paralyser la population sur une question complexe et inextinguible, un peu comme les campagnes racistes contre les japonais aux USA avant 1941. Pourtant à notre époque, vu l'importance des protestations bonnes ou mauvaises, cela ne prend pas ; or tout désordre, pas forcément prolétarien, en temps de guerre est nuisible à l'ordre militaire.

L'immigré actuel n'est ni révolutionnaire ni un membre conscient de la classe ouvrière. Trump est plus intelligent que les gauchistes et le CCI (sur les mêmes positions nunuches), il sait, même s'il ne résoudra pas la question, que l'immigration massive moderne est un problème pour la classe ouvrière (culturel, religieux, faits divers, chantage des patrons antiracistes) . La bourgeoisie utilise l'immigration des deux côtés de l'Atlantique, en mal (Trump) ou en bien (œcuménisme européen anti-raciste) pour détruire toute notion de classe ouvrière et cacher la cause numéro 1 de cette massive fuite migratoire : la guerre partout. On nous dit de nous gratter le crâne pour réfléchir aux bonnes intégrations, sauver les boat people, quand ce n'est qu'un coup de couteau dans la mer. L'accueil est devenu ingérable ; la vraie solution serait de mettre fin aux guerres et à la barbarie capitaliste. Sauver ou pas des milliers d'individus est devenu un puits sans fond où les assocs démocratiques et religieuses, et gauchistes avec le CCI, sont reines pour promettre mont et merveilles, surtout en chantant qu'ils sont une même classe ouvrière, disons des habitants du monde multicolores, multicultures, surtout mâles et méprisant les femmes, quand leurs diverses religions restent des guerres idéologiques permanentes ; l'Etat français sait bien l'intérêt de les financer toutes.

Déplorons, admettons un pays ou une zone de pays en révolution « anti -capitaliste », comment gérer de tels afflux sans les limiter ? Question raciste en effet !!!! pour les naïfs d'une sainte classe ouvrière imaginaire qui n'a jamais fait cesser aucune guerre au XX e siècle et qui passe son temps actuel... à déserter la lutte des classes et à consommer chinois.

Où va la guerre ? On verra bien.


NOTES

1Shlomi Kodesh, directeur général de l’établissement avait relativisé: « Le bâtiment directement touché était vide, mais d’autres services accueillant des patients ont été atteints. Nous comptons 40 blessés, la grande majorité légèrement ». La règle pour l'armée fasciste juive c'est cent arabes tués versus un israélien, pour un œil toute la gueule !

2 « L’Iran paiera un prix très lourd pour le meurtre prémédité de civils, de femmes et d’enfants », a promis dimanche le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, lors d’une visite à Bat Yam, ville située au sud de Tel-Aviv touchée par les tirs de missiles iraniens ». Faisant semblant d'oublier que le premier massacreur d'enfants iraniens a été Netanyahou.

3 La fausse révolution de 1979 participe de la marginalisation internationale de la République islamique qui succède à l’empire. L’Iran se lance en réaction aux ingérences passées dans une « politique de confrontation » avec l’Occident. ​L’Organisation des Nations unies ne sanctionne pas l’invasion du territoire iranien par les armées irakiennes en 1980. Elle condamne mollement l’usage d’armes chimiques par Saddam Hussein lors de la guerre Iran-Irak, pourtant en contravention avec le protocole de Genève de 1925.

4« Cela me rappelle vraiment le peuple britannique pendant le Blitz. Nous traversons un Blitz », a-t-il affirmé en établissant un lien direct entre les bombardements allemands sur la capitale anglaise et les frappes iraniennes sur Israël. « Chacun de nous porte un coût personnel, et ma famille n’a pas été épargnée. C’est la deuxième fois que mon fils Avner annule son mariage à cause des menaces de missiles. C’est un coût personnel pour sa fiancée aussi, et je dois dire que ma chère épouse est une héroïne, et elle en paie le prix », a affirmé Benjamin Netanyahu, pourtant à l’origine de la guerre contre son rival iranien. Sur un « ton churchillien » comme le rapporte The Guardian, Benjamin Netanyahu a donc tenté de susciter l’empathie avec sa situation familiale. Mais ses propos ont surtout été jugés déplacés dans un tel contexte, qui plus est devant l’hôpital frappé jeudi matin par l’Iran.

Parmi les familles d’otages de l’attaque du 7-Octobre, certaines ont eu du mal à contenir leur colère envers Benjamin Netanyahu. À l’instar d’Anat Angrest, dont le fils Matan est toujours captif à Gaza. Dans un message sur X, elle assure que pour elle et sa famille aussi le coût personnel de la guerre « n’était pas passé inaperçu ». « Cela fait 622 jours que je suis dans les cachots infernaux de Gaza », a-t-elle tenu à rappeler de manière imagée pour parler de son fils, en invitant Benjamin Netanyahu à le sauver.La colère s’est aussi répandue sur les bancs de la Knesset. Le député démocrate Gilad Kariv a eu les mots les plus forts contre le Premier ministre, qualifié de « narcissique sans frontières ».

dimanche 15 juin 2025

GUERRES SANS FIN : bis repetita des « armes de destruction massive »

 



Depuis 1945 qui causa dix fois plus de millions de morts que 14-18 (6 millions la Première, 60 la Seconde) les guerres, surtout bien préparées par les agresseurs, étaient toutes devenues « défensives », avec ce prétexte sournois. Depuis les attentas cotre les twins, la mode est devenue « barrer la route aux armes de destruction massive » alors que la plupart des grandes puissances ne cessent jamais de les perfectionner. Voilà que pour justifier l'agression de l'Iran on nous refait le coup des armes cachées (ou pas encore au point) de destruction massive1.

Depuis longtemps, le militarisme humanitaire et armé nucléairement jusqu'aux dents, n'a de cesse de dénoncer les inférieurs possiblement irresponsables comme la Corée du nord mais surtout l'Iran, où la supposition de ses avancées en ce domaine est un feuilleton longuet et qui touche probablement à sa fin.

Quoique la situation soit plus complexe que dramatique. Les médias dramatisent à fond terrorisés par un présumé blocage iranien du Détroit d'Ormuz qui plongerait le monde dans une crise financière comparable à celle de 1975.

Or, outre le mensonge qui fait du nationalisme juif le gnome désobéissant de Trump, la situation mondiale reste sous contrôle. Trump et Poutine se sont téléphonés . La Chine, dépendante du détroit pèse de tout son poids pour calmer le jeu, sans oublier les monarchies racailles qui auraient tout à perdre. Le Hezbollah se désolidarise du pion de l'Iran, le Hamas, comme par hasard

Les alliances sont variables et parfois surprenantes ; ainsi à une époque la bourgeoisie américaine eût besoin des racailles iraniennes, comme le rappelle un article du CCI :

« La guerre en Irak devenait un véritable bourbier et le plus grand des désastres sur le plan des relations publiques, compte tenu de la non-existence «d'armes de destruction massive» utilisées pour justifier l'invasion.  A ce moment là l'Irak était inclus dans un "axe du mal" ou les Etats "voyous" comprenaient notamment la Corée du Nord, la Syrie et l'Iran. Ces pays étaient accusés publiquement de posséder des armes de destruction massive et d'être des organisateurs du terrorisme. Ils étaient alors clairement désignés comme les cibles militaires potentielles de l'après-Irak. Si peu de temps après, on peut voir ce qu'il en est dans la réalité. Ce sont bel et bien les Etats-Unis qui sont en situation de demander assistance à l'Iran. Kamal Kharazi (chef de la diplomatie iranienne ) a affirmé : "Les Etats-Unis ont réclamé l'aide de Téhéran pour tenter de régler la crise et faire baisser la violence grandissante en Irak." (dépéche de l'AFP du 6 avril). De son coté le chef de la délégation iranienne actuellement à Bagdad a déclaré : "Nous sommes ici pour avoir une idée claire de la situation et une meilleure compréhension de ce qui se passe, il n'y a pas de médiation." 2  

Pourquoi les guerres actuelles sont les plus sanglantes et brutales contre les civils ? Et semblent-elles ne jamais vouloir se terminer? La raison est simple: ce ne sont pas vraiment des guerres. Du moins pas au sens commun du terme. Ce sont des moments de massacres très utiles pour les ventes massives d'armes et une offensive idéologique mondiale contre le prolétariat, exhibé comme spectateur et absent de toute lutte directe contre cette barbarie sans fin.

Les combattants n'ont ni idéologie crédible ni objectifs clairement définis. Même la prétention de l'armée coloniale juive à s'emparer totalement de la Palestine ne sera jamais possible, comme d'ailleurs l'érection d'un Etat palestinien confettis, promesses des idiots Mélenchon et Macron.

L'armée nationaliste juive restera un pion de la bourgeoisie américaine et se ridiculise chaque jour avec le nazi Netanyahou, amplement soutenu en France par le terrorisme des intellectuels juifs (mais pas tous). L'accélération pour museler et défaire l'Iran des racailles islamistes, au nom de la lutte anti-destruction massive (surtout après la destruction massive de Gaza), pas plus que la chute du Shah n'a pour but de libérer les femmes iraniennes. On n'a pas encore toutes les données pour en comprendre les buts. La blague qui veut nous faire avaler que le nazi Netanyahou voudrait se blanchir de ses massacres à Gaza pour une guerre juste et anti-nucléaire pour repousser ses ennuis judiciaires à venir, n'est même pas drôle.

On ne peut plus dire que la guerre actuelle est la« continuation de la politique par d’autres moyens ».   Clausewitz peut être compris désormais comme celui de la « guerre totale » ou « barbarie finale »  aux deux sens inquiétants de ce dernier adjectif. Menace lourde de l’histoire où la démocratie bourgeoise belliqueuse se cache au prétexte de la « montée aux extrêmes ». Le scénario suppose, à leur insu, que chacun des deux belligérants « n’en finirait jamais d’accuser l’autre d’avoir commencé . Que sont en effet les guerres actuelles sinon des conflits où domine un principe « humanitaire antiatomique » ? C’est au nom des victimes elles-mêmes qu’on multiplie les victimes innocentes : Les conflits d’Israël et de la Palestine, de l’Ukraine et de la Russie, ne sont pas près de s’achever. le combat ne cessera pas seulement faute de combattants, il cessera faute d’habitants, c'est la seule fin qu'on peut imaginer pour l'heure. S'il ne se réveille pas, le prolétariat mondial n'aura été qu'une illusion messianique.

La tension militariste mondiale actuelle reste toutefois inquiétante dans la mesure où il faut prendre conscience que le capitalisme décadent, qu'il le veuille ou non, mène à la destruction complète car finalement il ne contrôle pas sa marche à l'abîme comme je l'ai écrit naguère :


LE CAPITALISME N'EST PAS MAITRE DE SES CONFLITS INTER-IMPERIALISTES et inter-terroristes:

Aucun Etat capitaliste ne voulait de 1914 ni de 1939. Aujourd'hui encore, excepté une petite folle comme la Corée du nord, personne n'y pense sérieusement. La Chine y est carrément opposée. La bagarre entre fractions américaines pour la rente pétrolière, à l'origine du massacre dans les tours de New York en septembre 2001 ne sera bientôt plus que le souvenir d'un jeu d'enfants criminels à côté de ce qui nous attend et nous frappe tous les jours. Aucun Etat n'est un tout, chaque nation supporte de cruelles rivalités en son sein (territoriales, économiques ou bankstéristes) qui se fichent de l'humanité. Il est tentant et courant de désigner l'autre comme le grand responsable. L'empire US à ce titre fait fureur chez les diplomates émérites des vassaux comme chez les morveux de banlieue admirateurs des caïds de la drogue recyclés égorgeurs. Le plus puissant serait le meilleur comploteur, celui qui possède une kalach à la cave de sa soeur comme celui qui détient une paire de missiles atomiques à la caserne de la place de la Libération nationale. Fabius et le chef de la diplomatie russe Lavrov ont aussi, chacun à leur manière instillé le doute sur une paternité US, sans que personne ne puisse prouver un soutien direct économique et militaire de la CIA à ces monstres, même si chacun déduit qu'il y a bien des intermédiaires inévitables, Turquie comme pétromonarchies : « Le groupe terroriste Daech a été créé par ceux que les Etats-Unis avaient emprisonnés (nuance), pendant un certain temps, en Irak et en Afghanistan, mais qu’ils ont libérés, ensuite», avait déclaré le ministre russe des Affaires étrangères. Sergueï Lavrov, sur les ondes d’une chaîne de radio, n'avait fait que noter que l’Occident et ses alliés régionaux avaient exhorté (exhorter n'est pas jouer!) les terroristes, les extrémistes et les miliciens étrangers à attaquer le processus politique, en Syrie, afin de renverser le gouvernement Assad. «Ils ont, finalement, perdu le contrôle de l’affaire (ça c'est vrai), et les groupes terroristes et les miliciens étrangers, qui avaient été soutenus par l’Occident, ont procédé à la mise en place du groupe Daech. Les mêmes personnes que les Etats-Unis avaient emprisonnées, en Irak et en Afghanistan, et qui ont été, ensuite, libérées, ont mis en place le groupe Daech», a souligné M. Lavrov.

En réalité Lavrov est un fin diplomate et n'accuse pas directement la bourgeoisie américaine, mais les réseaux sociaux ont poussé le bouchon à fond, et la rumeur devient certitude pour tout sauvageon  nationaliste arabe, qui y ajoute la complicité d'Israël.
La référence (non développée) par Hubert Védrines à Tocqueville, est bien plus intéressante : « Comme s’en inquiétait déjà Tocqueville, dans les démocraties, « les politiques étrangères sont souvent menées à partir de la politique intérieure ».

POST SCRIPTUM: Un sacré bémol de la directrice du renseignement national: "La directrice du DNI a également précisé que les agences d’espionnage américaines ne croyaient pas que le guide de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, avait ordonné le redémarrage d’un programme d’armement nucléaire que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait jugé terminé en 2003. En rejetant le jugement de Tulsi Gabbard, Donald Trump défend la justification donnée par le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, pour lancer la semaine dernière des frappes aériennes sur des cibles nucléaires et militaires iraniennes, en disant qu’il pensait que Téhéran était sur le point d’avoir une ogive nucléaire. De son côté, l’Iran nie avoir développé des armes nucléaires et affirme que son programme d’enrichissement de l’uranium ne sert qu’à des fins pacifiques".


NOTES

1Je le rappelais aussi pour un autre épisode : UNE DENONCIATION UBUESQUE DE L'ARME DE DESTRUCTION MASSIVE DE POUTINE (29 septembre 2022)

2 IRAK - LE NOUVEAU DESORDRE MONDIALSoumis par Révolution Inte... le 11 mai, 2004 - 07:16

jeudi 12 juin 2025

ENFANTS MEURTRIERS : la faute au capitalisme ?



« Nous avons à l'intérieur de nous des pulsions avouables et des pulsions inavouables ou plutôt qui ne doivent pas se réaliser. r de nous des pulsions avouables et des pulsions inavouables ou plutôt qui ne doivent pas se réaliser. ».

Catherine Eliacheff

« Eh bien ! Il fît en sorte de devenir l'ami intime de Goloubenko ; bien mieux, il demanda à être garçon d'honneur ; le jour du mariage il tint son rôle ; puis quand ils eurent reçu la bénédiction nuptiale, il s'approche du marié pour le féliciter et l'embrasser, et alors devant toute la noble société, devant le gouverneur, voilà mon Livtsov qui lui donne un grand coup de couteau dans le ventre ».

Dostoievsky

« Ceux qui préfèrent, pendant ce temps-là, brainwasher sur l’invasion du pays et les derniers faits divers". Micron

En 2006 au Liberia, à la minute où Charles Taylor, le chef de guerre devenu président, a été arrêté, c'en était fini de cet effroyable spectacle d'enfants de 10 ans assassinant la population cachés derrière des masques d'Halloween. Jeffey Gettleman

« Toutefois, deux limites liées aux sources et aux acteurs doivent être soulignées. D'abord, nous n'approchons ces affaires que par le filtre de l'institution judiciaire ou des poncifs journalistiques, qui ne favorisent pas l'émergence de revendications larges (le journaliste voulant faire sensation et le juge d'instruction voulant assigner un crime à un individu). De plus, les jeunes meurtriers qui, à l'exception de Nectoux, ont reçu une instruction très rudimentaire, ne sont pas forcément en mesure, face à des magistrats qui en plus les impressionnent probablement, de verbaliser leurs ressentis, leurs espoirs, leurs déceptions, leurs frustrations, etc. D'ailleurs, considérer a priori leurs crimes comme des protestations, c'est accepter en partie qu'ils furent commis parce que les moyens traditionnels de protestation n'étaient pas à la portée des coupables, soit qu'ils n'aient pas su ou pu dire, soit qu'autour d'eux on n'ait pas su écouter ».

Thomas Fadlallah



Dans les banlieues, on recrute apparemment sans frein des jeunes tueurs à gages, de 12 ou 13 ans : pour quelque 10.000 à 20.000 euros. Plus sensationnel, ce serait une nouveauté sociétale déplorable qu'un mineur exécute froidement une personne qu’il ne connaît pas, voire un des autres symptômes symptomatiques de la décomposition capitaliste (cf. le CCIE) dont la seule parade serait la lutte de classe rédemptrice.

Au mois de mars dernier, le journal Le Monde, reconnaissait que  « si, entre 2000 et 2019, le nombre de mineurs condamnés pour homicide ne dépassait jamais le nombre de trente par an (sauf en 2002 et 2007), il évolue depuis plutôt entre trente et quarante, pour atteindre le chiffre record de quarante-deux en 2022 ». Par ailleurs, « le nombre d’adolescents poursuivis pour assassinat, meurtre, coups mortels ou violence aggravée a ainsi quasiment doublé depuis 2017, passant de 1.207 à 2.095 en 2023 « . Le sujet est complexe et autorise les enfumages les plus simplistes. La débilité mentale ? Le trafic de drogue qui attire les plus jeunes pour un argent facile ? Les tueries à l’école : un phénomène sociétal venu des Etats-Unis, comme l'imagine une avocate inculte ?

Des constats sociologiques affligeants : Une société libérale libertaire qui aurait abattu les barrières civilisationnelles et ruiné consciencieusement la notion ringarde du bien et du mal » ? Des solutions ridicules, y aura-t-il suppression des fourchettes après celle (irréalisable) des couteaux ?

UNE VILAINE HISTOIRE SI ANCIENNE

Ce phénomène criminel existe au XVII ème siècle.

Des violences sont perpétrées entre les années 1520 et 1610 par ceux que l'historien Denis Crouzet appelait « les guerriers de Dieu », qu'ils fussent protestants ou catholiques. Denis Crouzet a fourni un travail passionnant s'opposant déjà aux interprétations de l'époque si semblables à celles d'aujourd'hui :. folie subite, exaltation de possédé pervers ou régression vers l'animalité.

« Les enfants sont les vivantes images du Christ en sa pureté et son innocence. Ce sont eux, les saints innocents, semblables à l'agneau vengeur de l'Apocalypse johannique, que l'on encourage à mutiler des cadavres de huguenots pour en révéler la malignité démoniaque. En émasculant, éviscérant, décapitant et démembrant les corps des suppliciés ou des lynchés, les enfants révèlent la satanique laideur et la puanteur de l'hérétique, dont ils purgent la cité terrestre. Leur qualité d'enfant signe en outre l'arrêt de Dieu, dont ils sont le bras armé. L'extrême violence, insoutenable, des enfants réjouit les catholiques, car ils y lisent la volonté de Dieu, révélée dans son aveuglante blancheur. A ce titre, la violence des enfants est miraculeuse, prodigieuse (elle manifeste dans l'ordre profane la présence sacrée de Dieu, en exprimant Sa colère et Sa justice), de même qu'elle est sotériologique (porteuse de salut pour les bourreaux, mais aussi pour la communauté des vrais croyants) et eschatologique. Les enfants, purs de toute inhibition culturelle et de tout intérêt social, montrent en effet la voie de la rédemption en signifiant aux adultes l'insuffisance de leurs arrêts et de leur propre violence ».

D'autant qu'en prolongeant son enquête par les rumeurs d'enlèvements d'enfants qui se répandirent dans le royaume en 1750, mais aussi, plus près de nous, par la violence des enfants tueurs hutu identifiant les Tutsi à des serpents, des chiens, des animaux sauvages qu'il fallait abattre, il nous montre que le basculement dans l'inhumain concerne toutes les époques et doit être recherché dans les psychés individuelle et collective : ces gestes d'horreur commis par des enfants peuvent se lire comme la grammaire et la syntaxe d'une société hantée par une immense volonté de violence1.

DU DIX-NEUVIEME AU VINGT ET UNIEME...

Les tables de la Gazette des Tribunaux recensent, en incluant les tentatives, vingt-six affaires d'homicides volontaires perpétrés par des individus de quatorze ans et moins entre 1825 et 1914. L'auteur part d'un postulat historique fondamental et premier dans l'ordre des explications rationnelles : le crime est plus le produit d'un milieu que l'expression d'une volonté sans entrave.  Le crime infantile peut être compris comme un moyen de contestation qu'emploie l'enfant face aux systèmes de pouvoir qui l'enserrent. C'est ce que démontre la narration judiciaire du drame : « Le procureur Denis Devallois a dressé mercredi un portrait glaçant du garçon «en perte de repère» prêt à s’en prendre à «n’importe laquelle» des surveillantes de son collège car «il ne supportait plus le comportement des surveillantes en général, qui auraient eu, selon lui, une attitude différente selon les élèves», a rapporté le magistrat. Son projet aurait été mûri dès samedi, après un incident survenu la veille : une autre surveillante l’aurait «sermonné» alors qu’il embrassait sa petite amie au sein du collège, a relaté le procureur ».

ll est tentant de considérer par ailleurs le comportement de l'enfant meurtrier comme essentiellement mimétique. Les sciences du XIXe siècle posaient déjà la question de l'imitation comme déterminant du comportement. À la fin du siècle, des anthropologues et sociologues élaborent des théories englobantes qui placent l'imitation au cœur de l'action criminelle, et qui vont culminer dans la mise en système par Gabriel Tarde des lois de l'imitation

L'auteur note que l'enfant meurtrier n'est pas l'inventeur absolu de son comportement et ce postulat se retrouve logiquement dans toutes les études sur le crime, Cela amène à interroger la place de la violence dans la socialisation du jeune meurtrier. Deux principaux espaces de violence doivent être distingués : la cellule familiale et le groupe infantile. Selon les époques et les situations, la plus ou moins grande autonomie de l'enfant vis-à-vis de sa cellule familiale et du groupe adulte en général va accentuer l'importance de la première ou de la seconde sphère de violence. En général, les deux cohabitent dans une dynamique de violence d'abord exercée au sein du foyer puis transposée dans les relations juvéniles. Il est permis de penser que ces enfants ne sont pas capables de s'intégrer dans des relations sociales qui comprennent une part contrôlée de violence, parce qu'ils n'ont pas vécu la violence, dans leurs familles, comme un outil de la vie en commun qui se contrôle, se dose, et se rend en vue d'atteindre un certain équilibre des torts et des préjudices. Le caractère formateur de la violence familiale semble confirmé par le choix des victimes. Dans sept cas, il s'agit d'enfants beaucoup plus jeunes que leurs meurtriers. Dans les deux autres affaires, il s'agit d'un vieux domestique qui n'a plus toute sa tête et d'un camarade d'usine simple d'esprit et «Une autre caractéristique est constante chez les victimes : il s'agit d'individus aimés. Il est évidemment difficile de saisir par les archives les sentiments qui liaient les personnes touchées par le drame. Cependant, par la réaction des proches au deuil et grâce à leurs témoignages, il est possible de reconstruire au moins en partie les rapports qu'ils entretenaient avec la victime ».

« Tous les enfants visés semblaient bénéficier d'attention, de caresses, de soins, etc., qui ne furent jamais prodigués à leurs meurtriers. Ces marques d'affection peuvent provenir des parents de la victime mais également du groupe adulte dans son ensemble.  Ce comportement, qui ne semble pas mériter le meurtre pour le magistrat, y aboutit. Nous formons l'hypothèse que les jeunes criminels passent à l'acte parce que la manière dont sont traitées leurs victimes – et dont, parfois, ils doivent eux-mêmes traiter leurs victimes – leur est insupportable. Or là aussi l'analyse se révèle fiable sur ce plan, la pauvre surveillance était aimée de tous et admirée pour son dévouement et sa gentillesse.

« On est encore là dans une analyse qui concerne les siècles passés où ces crimes peuvent donc être compris comme des mécanismes de défense identitaire, autrement dit, de défense de l'idée que le criminel se fait de lui-même. Cette défense est rendue indispensable par la confrontation de l'enfance malheureuse et de l'enfance choyée. Encore faut-il expliquer cette confrontation. Avant tout, elle ne semble se multiplier que dans la deuxième partie du siècle. Cela pourrait laisser penser que la pénétration des codes bourgeois du rapport à l'enfant chez les petits propriétaires ruraux s'accélère à ce moment-là. Ces codes sont peut-être d'autant plus volontiers adoptés par ces individus qu'ils souhaitent se distinguer des prolétaires de la terre. Le crime apparaît comme lié aux distinctions de classe entre dominé et dominant, supérieur et inférieur. L'humiliation de la domesticité est à prendre en compte à cette époque-là.

«  La conjonction de la proximité et de l'inégalité de conditions explique les tensions à l’œuvre. Non seulement la proximité rend le défavorisé témoin de modes de vie plus agréables et valorisant pour l'enfant, mais elle favorise la distinction chez le favorisé qui a, sous les yeux, celui qu'il ne veut pas être. Par ailleurs, la volonté de se distinguer amène le maître à traiter ses enfants différemment, mais également ses domestiques qui, probablement, tout au long du XIXe siècle, firent de moins en moins partie des familles dans lesquelles ils étaient gagés. De plus, la distance sociale entre les meurtriers et leurs victimes est en général faible. Or la distinction par le comportement n'est jamais plus nécessaire qu'en cas de proximité de conditions (revenus, patrimoine, niveau d'éducation, etc.). Pour toutes ces raisons, les domestiques furent témoins de comportements qui ne leur paraissaient intelligibles.

Le crime comme contestation du pouvoir ?

« Dans quatre affaires, un ou plusieurs enfants de la famille du maître est tué par le domestique (dans l'affaire Merlay il s'agit de la nièce du maître). Dans une autre affaire, un domestique très apprécié par sa maîtresse est assassiné. Peut-on alors considérer le crime comme une modalité d'expression des tensions entre dominants et dominés ?

Notons cependant que les ouvrages cités traitant des violences collectives posent tous la question de savoir à partir de quel moment un mouvement devient politique. Autrement dit, ils cherchent à identifier des soulèvements qui sont, de par les revendications plus ou moins explicites qui leur sont associées, différents de nature d'un simple sursaut de l'opinion. La même démarche peut être entreprise dans l'étude des jeunes meurtriers du XIXe siècle. Il s'agit de l'approche qu'adopte Sylvie Lapalus, lorsqu'elle rattache certains parricides à des situations de tension autour de la transmission du patrimoine. En effet, le criminel, derrière un conflit personnel avec une figure d'autorité, interroge la légitimité des usages

Pour résumer, l'enfant fragile cherche à défendre son identité à laquelle personne ne peut porter atteinte autant que le dominant (le maître et ses extensions : enfants, domestique favori ; les individus très intégrés, etc.). C'est ici que le crime de défense identitaire devient un crime de classe : l'enfant conteste à tous le droit de le définir – comme un paresseux, un vaurien, etc –, mais certains individus dans son entourage sont trop forts. Il est contraint au crime par l'asymétrie totale entre lui et les membres de son entourage qui détiennent un grand pouvoir, soit parce qu'ils sont les maîtres – auquel cas l'asymétrie découle d'une position de classe et d'un rapport juridique –, soit parce qu'ils sont beaucoup plus intégrés à la communauté – auquel cas leur pouvoir est d'origine sociale.

Il nous semble que ce crime de désespoir est lié à plusieurs éléments. D'abord, dans le cas du jeune domestique(comparable au collégien moderne) il n'a pas l'impression d'être maître de son destin : il ne choisit pas où il est placé et ne peut pas quitter ses maîtres (ses profs) sans l'accord de ses parents ou de son gardien/surveillant Ensuite, l'enfant ne parvient pas à envisager la suite de sa vie professionnelle à partir de la domesticité (d'un lycée nul), surtout quand il est très pauvre et/ou isolé. Et l'auteur de conclure :

« En définitive, nous avons voulu montrer que le crime commis par un enfant, un des crimes les plus saisissants – et dont, par conséquent, il est particulièrement tentant d'isoler les auteurs comme des êtres mauvais ou fous, en tout cas absolument autres – est peut-être parmi les moins mystérieux. Il s'agit toujours plus ou moins d'un enfant qui a subi ou observé des sévices et est confronté à la possibilité d'une enfance joyeuse qu'il ne comprend pas et qui met en péril l'idée qu'il se fait de lui-même, dans une lutte avec des dominants qui tirent leur autorité d'un système de pouvoirs dont le jeune meurtrier ne reconnaît plus la légitimité. La fragilité de l'enfant est en général renforcée par l'instabilité de son lieu de résidence et des figures d'autorité dans son parcours. Cette instabilité a souvent été pointée comme un des facteurs déterminants du crime Nous voyons qu'en plus d'être violent, l'entourage de l'enfant était souvent incertain, mouvant, et donc en cela doublement préjudiciable à son développement. Même s'il serait malvenu de vouloir enserrer dans un schéma strict des situations très diverses, les caractéristiques détaillées ci-dessus se retrouvent dans tous les cas étudiés.

À la fin du siècle, la société rurale traditionnelle n'est plus en cause. Le parent qui oblige à vivre rudement et son auxiliaire – le maître dans le cadre de la domesticité et le contremaître dans le cadre de l'usine – ne sont plus perçus comme légitimes par l'enfant qui considère qu'il a droit à un autre quotidien. Le juge d'instruction ne parvient pas à comprendre pourquoi un enfant commet un crime alors qu'il est bien nourri et qu'on ne le bat pas. Il n'a pas compris que le crime n'est que superficiellement personnel, et qu'il vise en réalité les systèmes de pouvoirs qui, depuis la coulisse, soufflent leurs rôles aux protagonistes du drame.

Or, en parallèle du changement de cible institutionnelle des crimes, le système de neutralisation du crime se transforme. Comme l'a montré Michel Foucault, le mobile et le portrait moral du criminel deviennent les pièces indispensables de la possibilité de punir.. Nous retenons l'explication foucaldienne selon laquelle cette importance nouvelle provient du dialogue complexe et dynamique entre les magistrats et les savoirs, qui ont pour mission de rendre le crime punissable, suite à l'effondrement du système reposant sur la riposte au crime par une atrocité plus grande encore. Nous ajoutons cependant deux hypothèses à cette interprétation. D'abord, puisque le crime n'est plus la conséquence d'un cycle de marginalisation-transgression dans le cadre de la société rurale traditionnelle, le criminel n'a pas forcément d'antécédents, et il s'agit de lui en donner, afin que Célina Doiselet, par exemple, ressemble au criminel traditionnel, c'est-à-dire à Honorine Pellois ; or, ses actes passés ne le permettant pas, il devient nécessaire d'essentialiser sa mauvaiseté.

De plus, le système institutionnel que Pellois combattait ne pouvait être remis en cause. Personne n'aurait l'idée de faire le procès de la communauté rurale traditionnelle parce qu'une petite fille y commettait ses crimes. À l'inverse, parce que des bouleversements l'agitent, le système institutionnel encadrant l'enfance dans la deuxième partie du XIXe siècle est plus fragile. La domesticité, sur le déclin – même si celui-ci ne doit pas être exagéré –, ne fait plus autant et immédiatement sens. L'autorité parentale et le travail des enfants dans les usines, malmenés dans l'affaire Nectoux, sont déjà en débat. Il est donc primordial de rattacher le crime au criminel car, sinon, le procès pourrait devenir celui de rapports sociaux dont la légitimité n'est plus ou pas encore assurée. (ce que s'efforcent de masquer les populistes contre-révolutionnaires de la clique LFI, en réduisant tous ces meurtres au rang de « faits divers comme Micron lui-même).

(…) Sur les évolutions de la perception du crime par le public. Ce dernier traverse des périodes plus ou moins paniques et construit différentes figures du criminel-type (bagnard évadé, vagabond, femme diabolique, etc.). Parmi cet ensemble de représentations, la perception de l'enfant et de son rapport au crime se transforme, tendue par les contradictions entre des visions concurrentes de l'enfance (comme agent productif supplémentaire du ménage, comme support des ambitions familiales de promotion sociale, comme citoyen non-fini que l'école doit éduquer, comme fauteur de troubles : bandit ou révolutionnaire en germe, etc.). L'histoire théorique du crime, son histoire concrète et ponctuelle et les grandes tendances de transformation de la société doivent être saisies de concert. Nous émettons l'hypothèse qu'entre des points d'équilibre relatif des structures sociales, des phases de mutation rapide mettent en péril les institutions récentes alors que d'autres sont menacées d'obsolescence. Plus que jamais, le crime de l'enfant qui, parce que son auteur est perçu comme moins libre qu'un adulte, invite à remettre en cause son environnement, doit être neutralisé (ce que les médias actuels rendent volontairement confus).

Il serait particulièrement intéressant de comparer les affaires étudiées avec les crimes commis par des enfants au XXe siècle. Il serait ainsi possible de tester les différentes hypothèses avancées et de mesurer l'influence relative de chaque facteur identifié, et surtout des violences familiales du fait de leur recul au cours du siècle dernier ; mais aussi le poids du système de pouvoirs sur l'enfant, dont on peut a priori penser qu'il est généralement moins écrasant aujourd'hui que pour un jeune domestique de la fin du XIXe siècle. Cela permettrait également de voir si un front entre des enfances heureuses et malheureuses peut encore être localisé, où si des dispositifs de ségrégation sociale plus efficaces ont été mis en place pour l'éviter. Mais cette étude serait aussi compliquée qu'éclairante, puisque la comparaison entre des variables servirait aussi bien à confirmer leur rôle de déterminants du crime infantile, qu'à élaborer un discours sur l'évolution des structures sociales encadrant l'enfance sur deux siècles »2.

LES CRIMES INFANTILES ATROCES AU RWANDA

En 1999, au moment où la population carcérale atteint son chiffre le plus élevé (cent vingt mille personnes), cinq mille enfants se trouvent en prison : ces derniers en représentent donc 4 % , la plupart sont des garçons. Plusieurs centaines d’entre eux, trop jeunes pour être poursuivis pénalement, bénéficient d’une mesure de libération en 2001. Ils ne sont donc pas jugés. Seuls les mineurs entre quatorze et dix-huit ans feront l’objet de poursuites et de jugements, bénéficiant d’un régime spécial, plus clément.

Les groupes de tueurs – les ibitero – réquisitionnent les enfants. Mobilisés pour « combattre » contre les Tutsi dans le premier cas, ils sont spectateurs des mises à mort dans le second. Cette présence enfantine dans les ibitero est symptomatique de la radicalité des tueries. En outre, celles-ci étaient devenues si banales qu’il n’était plus impératif d’en écarter ceux que le jeune âge aurait pourtant dû tenir éloignés d’un tel spectacle. Peut-être est-ce précisément cette dimension spectaculaire des massacres qui permet aussi de rendre compte de l’intégration des enfants aux cortèges macabres.

« Oui, les viols avaient lieu en public. Par exemple, moi j’ai été violée devant un groupe de personnes, en présence d’enfants. […] Et même parmi les gens qui nous violaient, il y avait des jeunes, plus jeunes que nous, nous qui étions des mères. Essayez d’imaginer des mères violées par des jeunes, des plus jeunes que la femme elle-même, par des bandits. Quand je pense à la guerre, elle vient revivre en moi ».

Au Rwanda, la majorité des enfants impliqués dans les massacres (du moins ceux qui firent l’objet de poursuites judiciaires) étaient âgés de quatorze ans ou plus, et furent, de ce fait, considérés comme majeurs sur le plan pénal. Ils ne furent toutefois pas jugés comme des adultes, un régime spécial leur ayant été appliqué. Du point de vue de la loi, ces jeunes se sont trouvés assignés dans un statut intermédiaire. Pénalement majeurs, ils ont été jugés responsables de leurs actes sans pour autant que leur manque de discernement et la contrainte exercée par les adultes soient complètement ignorés. (…) La totalité des enquêtés estiment que les « enfants » ont participé aux atrocités de leur propre chef et qu’ils devraient, de ce fait, être condamnés à la peine de mort, comme leurs aînés. Cette hypermaturité socialement attribuée aux jeunes tueurs est circonscrite au seul génocide, les personnes interrogées s’accordant sur un indispensable aménagement pénal pour les mineurs dans des conditions ordinaires. C’est donc bien la spécificité de la violence génocide qui marque le passage de l’enfance à l’âge adulte. L’événement redéfinit les frontières sociales de l’enfance ».

Tout comme elle devrait amener à questionner quelques-unes des dimensions les plus troublantes de l’événement, en particulier le rôle de la famille dans la dynamique de mobilisation meurtrière : pères et fils, mères et filles constituent parfois le premier noyau des expéditions sanglantes. L’autorité de la figure paternelle relaie ici, dans l’intimité du cercle familial, l’ordre d’extermination des Tutsi. Sans doute ces multiples voies de transmissions des injonctions meurtrières, jusqu’aux échelles les plus réduites, permettraient-elles de rendre compte de la mobilisation populaire dans les massacres. La radicalité du génocide se lit aussi à travers le sort réservé aux enfants au cours de l’événement lui-même, puis dans l’« après-coup » qui donne naissance à des formes de parentalités inédites. La question des enfants ne relève donc pas de la marge du meurtre de masse, mais en dévoile des dimensions essentielles.

 Alice Miller, qui elle aussi s'est intéressée aux nazis pour montrer combien une éducation basée sur l'humiliation et l'obéissance par la terreur pouvait être pervertissante. Le Ruban blanc, de Michael Haneke, décrit parfaitement cette pédagogie noire. Gitta Sereny annonce clairement son projet militant : se servir du cas de Mary Bell pour dénoncer le système pénal anglais concernant les mineurs. Ceux-ci sont jugés comme des majeurs sans tribunaux spécifiques, vont en prison et ne bénéficient d'aucune prise en charge psychologique. Seuls les actes sont pris en compte au mépris du contexte familial, social et de la minorité. Gitta Sereny a été beaucoup plus loin que son projet initial et j'admire sincèrement la relation qu'elle a nouée avec Mary Bell : respectueuse, pleine de tact, mais ne lui laissant rien passer en revenant inlassablement sur ses silences et ses contradictions.

Gitta Sereny a une certitude qu'elle partage avec Alice Miller : les enfants sont naturellement bons, ce sont les parents et la ­société qui les pervertissent. Il est indéniable que les parents et la société puissent pervertir les enfants. Dans le cas de Mary Bell, nous sommes devant un cas extrême de perversion sexuelle et de maltraitance. Mary Bell a confirmé les théories de Gitta Sereny, et même au-delà de ses espérances, car la journaliste n'avait pas imaginé un seul instant ce que la petite fille avait subi et qui n'avait pas intéressé les juges. Mais les enfants d'Outreau, exploités sexuellement par leurs parents, ne sont pas devenus des enfants meurtriers. Les deux assassins anglais de 10 ans du petit James Bulger ont évolué dans un milieu défavorisé, avec des parents dysfonctionnels repérés par les services sociaux, mais cela n'explique en rien leurs pulsions destructrices extrêmes. Les facteurs favorisants n'expliquent pas tout.

On considère l'enfant comme une personne à part entière et non comme un jouet manipulé par ses parents, qu'il faut aussi, par ailleurs, écouter sans jamais les exclure.

UNE CONSEQUENCE DU FASCISME CONSUMERISTE

« Quand Pasolini décrit la manière dont un nouveau fascisme, celui du consumérisme est en train de se répandre sur la planète, ce sont déjà des thèmes développés par l’école de Francfort à propos du nazisme, des « industries culturelles », par walter Benjamin, il décrit cette fascination qui va conduire au nazisme. Ou pense également à Pinocchio séduit par les deux marchands qui, à force de plaisirs stupides transforment les petits enfants en ânes et les vendent. Les petits enfants soviétiques ignoraient cela et il était légitime de vouloir porter des vêtements de meilleure qualité, c’est ce que les Chinois se sont dit avec deng Xiao Ping, en contrôlant les mouches qui entraient par la porte ouverte. Mais désormais on sait la puissance non seulement des armées du capital mais de sa « séduction » comme la décrit Glouscard. Les petits enfants peuvent toujours suivre le joueur de flute du capital alors même que son aspect destructeur, criminel, inégalitaire, s’aggrave, le système scolaire s’autodétruit et les petits enfants ne savent plus ni compter, ni lire, seulement faire des selfies sur leurs smartphones… (note de Danielle Bleitrach) »3

Chacun convient généralement dans le public qu'avec le triomphe aliéné de l'individualisme toute frustration ne peut entraîner que la violence et une violence de plus en plus meurtrière de l'adulte à l'enfant où le crime de l'enfant reste tout de même exceptionnel.

 Le méchant capitalisme a bon dos pour tout expliquer, mais des temps anciens à aujourd'hui les critères de domination puis de classe restent des causes obligées. L’influence des pairs, du groupe, de la bande peut être déterminante, particulièrement pendant l’adolescence. Si un enfant est exposé à des groupes qui valorisent la violence, il est plus susceptible de l’adopter. Le crime peut être qualifié de détresse suicidaire.

Le jeune assassin de la « surveillante » a reconnu son crime sans en être affecté. La société bourgeoise reste laxiste parce que tétanisée et impuissante. Les condamnations les plus lourdes concernent les auteurs dans le déni et les psychotiques. Avec la passivité de la "communauté internationale", les criminels de guerre Poutine et Netanyahou continuent de tuer sans honte des centaines d'enfants, innocents eux.


NOTES

2Les meurtres commis par des enfants en France au XIXe siècle : une étude sociale

Thomas Fadlallah

https://doi.org/10.4000/criminocorpus.2681