Voilà un petit bouquin bien fait qui
vient remettre en cause des poncifs sur la révolution indutrielle au
pluriel (1,2,3,4...), qui considère qu'il n'y a eu qu'une révolution
industrielle majeure, la première celle du début du 19e siècle au
temps de Marx et Engels. Après il y a eu d'autres développements
techniques audacieux; nos auteurs ne le nient point, mais ils ne cessent
de pourchasser la pensée métaphysique bourgeoise incapable de
s'élever au-dessus de la dialectique marxiste dont on eût aimé
qu'ils nous donnent une définition de cette dernière en passant, au moins pour le
néophyte car l'ouvrage est assez limpide en tout cas pour la
première partie. On ne sait pas vraiment s'ils défendent le
marxisme comme une science (ou une approche scientifique) mais les
sciences sont descendues de leur piédestal vivement, le progrès pas
tellement; plutôt que l'insignifiant Redecker ils eussent pu en
référer à l'excellent Christopher Lasch (cf. Le seul et vrai
paradis . Une histoire de l'idéologie du progrès et de ses
critiques). La critique politique sous-jacente et permanente contre
l'idéologie du progrès et ses bateleurs de foire écolos en
particulier donne force au livre: "En voulant se placer
au-dessus des classes en lutte, l'idéologie écologiste ne fait que
viser à la conservation du mode de production en vigueur". Ils
démontrent à plusieurs reprises le ridicule de la robotisation à
outrance, une croyance que les machines pourront décider un jour
(cf. L'intelligence artificielle) et l'ambition infantile de tant de
Géo Trouvetout qui s'imaginent reproduire la pensée humaine, vivre
éternellement et être champions du monde de saut en hauteur.
Ils illustrent au fond une idée de
Marx qu'on ne trouve pas citée une seule fois qui dit quelque part
que la révolution industrielle a été une révolution plus
importante que les révolutions du prolétariat au 19ème siècle.
Donc si la première partie constitue
une bonne initiation au marxisme, ce qui suit méritera discussion.
On regrettera des notes hyper lourdes qui chevauchent les pages,
alors que, sachant que le lecteur s'astreint à les lire, il eût
suffit de les placer dans la continuité du texte. Les longs passages
sur l'histoire des mathématiques n'étaient pas indispensables;
elles sont au fondement de la science moderne toujours, elles
présentent une rigueur que n'ont pas les autres sciences, elles ne
produisent pas forcément des mathématiciens abstraits ou des types hors de la
réalité ou alors il faudrait expliquer pourquoi tant de
mathématiciens étaient des révolutionnaires convaincus, à
commencer par le pauvre Evariste Galois. Marx, mathématicien moyen
sur le tard de sa vie s'était pris de passion pour cette discipline.
Les plus grands poètes étaient souvent de solides mathématiciens...
On tartine beaucoup sur la cybernétique, la robotique, après
l'électricité, le nucléaire, mais on pourrait croire qu'un progrès
constant a présidé aux inventions. Or il eût été intéressant
d'observer et de disserter sur quatre aspects paradoxaux du "progrès":
- réduction de l'homme à une machine en même temps que remplacement de l'homme "parcellaire" par les machines; montée du machinisme = misère;
- inventions eéspoustouflantes en médecine, ingiénierie, pour la conquête de l'espace mais en même temps invention d'engins de meurtre massif surpassant l'imaginable dans les sociétés passées;
- le fait que médicaments miracles (pénicilline), nouvelles technologies (radio-téléphone, perfectionnement des avions et du confort des pilotes) aient été inventés pendant les guerres, même au prix de l'usage de cobayes humains en Allemagne et au Japon dans une eau glacée (UNIT 31) pour tester les meilleures combinaisons pour pilotes tombés à la mer, pose la question du POURQUOI ces inventions?
- Hélas le capitalisme a su inventer encore de belles choses tout en réduisant l'humanité à feu et à sang au cours de deux ahurissantes guerres mondiales et de tant de conflits sanglants bien plus nombreux et plus meurtriers qu'entre la période de ces deux guerres. Comment cela se fesse-t-il?
Un dernier petit texte rempli de
tableaux bizarres vient pour illustrer une idée qui court à travers
le texte principal:"le mode de production capitaliste freine le
progrès technique: la limite des coûts de production".
Marx a écrit que l'emploi des machines rencontre des limites,
sinon il n'aurait pas besoin d'un immense main d'oeuvre pour extraire
la plus-value, qui provient surtout de la sueur humaine et pas des
machines. Et alors? Robin Goodfellow ne s'est pas avisé de la seule problématique qu'on
peut et doit opposer en tant que communiste, socialiste ou
anarchiste: POUR QUELS BESOINS?
Nos auteurs se livrent à un calcul
invraisemblable, tiré par les cheveux, qui parodie les schémas
chiants du Capital; on nous parle des"coûts de production dans
une société communiste"!?? Le paragraphe (même pas un
chapitre) qui s'intitule "Le point de vue de la société
communiste" s'inquiète de la réduction du temps de travail,
vision syndicaliste lambda; et ce pauvre paragraphe se termine par: "le
mode de production capitaliste est un obstacle au progrès
technique"... Et qu'est-ce qu'on s'en fout!
Le but des partisans d'une future
société débarrassée du captalisme n'est pas de calculer les "coût
de
production", de plus en société communiste débarrassée des lois de l'argent et des météorologues économistes ni de dialoguer avec Martine Aubry sur les 35
heures (en période de révolution ou après on peut même
travailler plus provisoirement vu les dégâts de la guerre civile)
mais – ou alors ils ne sont pas de vrais communistes – de rétablir
les VRAIS BESOINS HUMAINS, de faire fi de tous les faux besoins
inventés par et pour l'industrie capitaliste (sans tomber dans le
communisme monacal de mon ami Bitot). Il était perché dans son
arbre Robin des bois ou quoi?
Par contre il y a un point sur lequel
ils concluent sans abandonner les trucs poussiéreux de notre bon
Marx – la vieillerie des bons de travail imaginés par icelui pour
mettre fin à la circulation de l'argent (et à sa thésaurisation) – mais sans reconnaître l'importance de ma géniale invention (voir sur
le blog avec le concours d'un ami de Rodez) la CR: la carte rouge
qui remplacera sans coût férir la Carte bleue intégrant
les heures de travail fournies à la société (à la place de ces
horribles bons en carton qui évoquent les périodes de disette
pendant la guerre). Et nos Robin ont pertinemment saisi qu'on ne va
pas jeter toutes les découvertes en régime capitaliste, lesquelles
m'ont donné l'idée de la CR
(carte vitale pour l'échangisme - au sens propre et figuré - communiste sans
frontière, sans sexe et sans religion) ou comunist
regulation: "Il y a aussi un aspect que les
laudateurs des révolutions industrielles n'abordent pas, c'est le
potentiel apporté par les technologies actuelles pour l'organisation
de la société communiste. Par exemple la monnaie électronique
(sic), les cartes bancaires et la technique des cartes à puces en
général (ex. La carte vitale) les puces RFID (comme le passe Navigo
de la RATP), le développement de la téléphonie portable...
Internet". Et ils voudraient encore conserver ces putains de bons
de mendigots. Il suffit! Alors que le capitalisme est capable déjà de tout
réunir dans un même iphone: paiement bancaire, billets de train,
Jeannot des RG et John de la NSA, le GPS de la femme jalouse, et les
oreilles de ma belle-mère.
Faut moderniser le communisme camarades, ou au moins l'actualiser.
Faut moderniser le communisme camarades, ou au moins l'actualiser.
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