GRAND
PLOUF POUR LES PIGNOUFS SYNDICONS RETRAITés
Ils avaient
joué les marioles les Le Paon et Cie, prenant les prolétaires pour des caves
sans mémoire, ou des abrutis trop bêtes pour lire la pauvreté de leur
argumentation servile de leurs maîtres au pouvoir.
Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, a
justifié mardi 10 septembre la journée d'action sur les retraites de ce 10 septembre par la nécessité d'"améliorer" (sic)
la réforme du gouvernement, assurant que "la mobilisation allait
surprendre" (Oh Oh). "La mobilisation va vous surprendre", a
lancé Thierry Lepaon sur France Info, en rappelant que la journée de manifestations
et de grèves portait aussi sur les salaires (poil aux verres !). (sur la photo vieil acteur retraité roulé par une jeune syndicaliste arriviste)
"L'objectif est de rassembler, d'informer, de
dire aux salariés qu'il y a besoin d'une irruption de leur part sur le terrain
social", avait-il éructé Sur les retraites, il faut "améliorer les
réponses de ce gouvernement"’Ah Ah Oh Oh), qui ne sont "pas
bonnes"(pouèt pouèt), selon Thierry Lepaon. « Cette réforme "constitue un progrès" notamment sur
la pénibilité et la prise en compte des années d'étude mais nous voulons
"améliorer le projet de loi" qui sera présenté le 18 septembre en
conseil des ministres et examiné à partir du 7 octobre au Parlement, a nuancé
le numéro un de la CGT. De son côté, le secrétaire général de Force
ouvrière Jean-Claude Mailly a admis qu'il n'y aurait pas de
"déferlante" (ouah la lucidité) dans la rue contre le projet de
réforme des retraites. "Ça bouillonne" (bof) et "près de
200 manifestations sont prévues" (composées de vieilles ganache retraitées
privilégiés), a-t-il dit sur France Inter, mais la mobilisation ne devrait
pas conduire à une "déferlante". Ah Bon ! Celui-là penserait-il
que les prolétaires floués de 1010 auraient de la mémoire ? Et au terme de
cette « journée de parade de l’armada et du personnel limité des bonzes
bronzés »… rien, il ne s’est rien passé, même les ballons gauchistes
suivistes et anarchistes bêlants étaient dégonflés.
En tout cas, il est toujours bon de la rafraichir la
mémoire tiens en te livrant cher lecteur ces extraits de mon livre « L’aristocratie
syndicale »… à l’œuvre en 2010.
« Qu’est-ce
que les aristocrates syndicaux ont pu suer à freiner pourtant dès septembre,
tant cela poussait derrière. Et modérer mois après mois en arguant de leur civilité
républicaine ! Personne n’en doutait : ils trahissaient depuis le début ! On
disputait tout au plus de la date où ils se diviseraient ! Mais les religieux
du syndicalisme veulent toujours croire à la rédemption de Saint Pouget et
Saint Pelloutier lorsqu’ils sont en lévitation, pardon en manifestation.
L’article le plus lu sur mon blog jusqu’au milieu du mois d’octobre fût «
Prière de ne pas déranger la trahison en cours » (daté au 27 septembre) qui
était une revue de presse de ce qui filtrait pour calmer le jeu en donnant le
beau rôle aux aristocrates syndicaux:
« Au
mois de mai dernier, un journaliste de la chaîne idéologique du Sénat,
E.Kessler définissait la journée d’action sur les retraites du mois en question
comme une « mobilisation en trompe l’œil » : « Non. Cette journée pourrait au
bout du compte se résumer à un jeu de rôle assez classique. Depuis le début, le
gouvernement a compris qu’il ne peut absolument pas compter sur un quelconque
soutien syndical sur ce dossier. La CFDT a payé trop cher son acquiescement à
la réforme Fillon de 2003, par une hémorragie des adhérents - 10% sont partis -
pour qu’aucun syndicat ne se risque au compromis. La concertation – pas la
négociation - organisée depuis des semaines vise à les ménager, mais en
réalité, l’Elysée vise surtout à gagner la bataille de l’opinion. D’où une
communication par petits pas successifs. Pour aboutir à ce qui était depuis le
début l’hypothèse la plus probable : la fin de la retraite à 60 ans. Elle est
acquise, quelle que soit la mobilisation d’aujourd’hui. Simplement, en
l’annonçant avent les manifs, le gouvernement pourra, en fonction de leur
ampleur, moduler son impact social en jouant sur différents amortisseurs : le
rythme des changements, la prise en compte des métiers pénibles, des carrières
longues, etc. ». Finaud, le journaliste expliquait comment le gouvernement
avait acheté la paix sociale par la corruption d’une frange aristocratique: « Dès
à présent, le gouvernement annonce que les régimes spéciaux – agents SNCF, RATP
ou EDF notamment – ne seront pas concernés par la réforme. Pour quelle raison ?
Concession révélée 24 heures avant cette journée d’action. Au mieux, leur système
de retraite sera concerné à partir de 2018. C’est évidemment une annonce
tactique pour essayer de contenir tout mouvement chez les cheminots ou les
conducteurs de métro, eux qui donnent le plus de visibilité aux grèves. Au
risque de brouiller le message d’une réforme qui veut affirmer un principe
d’équité. Cela s’appelle acheter la paix sociale…».
Un achat
de la paix sociale ambigu qui ne déshonore pas cette majorité de manifestants
qui défilaient en solidarité avec tous prolétaires contre la rallonge
gouvernementale, mais dont la conservation (toute provisoire) de statuts
particuliers était utilisée par les journalistes gouvernementaux pour
décourager les autres – ceux du privé et les chômeurs – de se joindre aux
cortèges et de plus derrière les faux amis syndicaux !
Le
commentaire de Pawel de Révolution Internationale en juin 2010 croyait résumer
toute la vérité d’un petit groupe qui est resté invisible tout le long des dix
mois et n’a pratiquement pas écrit d’articles sur le déroulement des enterrements
syndicaux : « Le gouvernement et les syndicats ont travaillé ensemble contre la
classe ouvrière ». Mais les syndicats sont-ils donc les seuls et uniques
responsables de cette corrida qui a duré si longtemps et si vainement, comme
les gouvernants l’avaient présumé dès janvier 2010?
Etrange
lame de fond, si amorphe au début de l’année, qui sembla avoir trouvé du tonus
en septembre, à la surprise des journalistes et des spécialistes
révolutionnaires, qui grognait, tapait du pied sans vraiment chercher à argumenter.
Argumenter quoi ? Contre ou avec qui ? Le gouvernement qui veut
toujours faire payer la crise aux multitudes prolétaires ? Aux partis
bourgeois qui disent représenter les « salariés » qui
« souffrent » ? Aux micro-partis gauchistes qui ont pour tout
programme alternatif au « nain Sarkozy » : la grève
générale ?
Que
s’est-il passé pendant ces dix mois dans les AG, dans les discussions entre
grévistes ? Nul ne le sait. On ne nous rendit compte que d’actions de
blocages de ci de là. On nous livra profusion de petites phrases des
aristocrates de plateaux de télévision. Nous n’étions que de vulgaires
spectateurs suspendus au suspense d’un éventuel nouvel appel à une autre
« JA » puisque la précédente avait été « fournie », « épatante »
surtout en province. On allait « gagner », « mettre Sarko
KO » ! Henri Simon dans sa feuille de chou analyse en octobre avec
pertinence les méthodes des « chiens de garde du prolétariat » :
« Il y a en France une sorte de culte ou de routine de la manifestation.
C’est une arme aux mains des syndicats car ils sont pratiquement les seuls à
pouvoir en organiser de significatives à l’échelle de la France. Gouvernement
et confédérations syndicales s’affrontent sur le nombre des manifestants, ce
qui serait une sorte de thermomètre de la tension sociale et donnerait plus de
poids aux dirigeants syndicaux dans leur dialogue avec le pouvoir. Mais il ne
faut pas se faire d’illusion sur ce nombre. En général, il se double d’une
« journée d’action », ce qui ne signifie pas forcément une grève mais
laisse latitude aux sections syndicales dans la protestation au niveau de
l’entreprise (…) une usine de taille moyenne, par exemple de 1000 travailleurs,
peut ainsi « mobiliser » une quarantaine de « représentants
syndicaux », tous syndicats confondus ». S’y ajoutent éventuellement
quelques fidèles auxquels les horaires en équipes ou les ajustements de la loi
sur les 35 heures permettent d’aller manifester ainsi sans perte de salaire, au
point que les détracteurs ont pu parler de « grèves RTT ». La
manifestation est un substitut à la grève, uniquement à caractère politique,
sans affirmation sociale en termes de lutte de classe »([1]).
Henri
Simon estime que la participation plus importante que prévue par les
aristocraties syndicales manifesta « un mouvement plus ample de
mécontentement social », « qui ne pouvait s’exprimer en raison des
particularismes divers ». Très bien vu, tout le monde savait que les
régimes spéciaux étaient encore maintenus et que le privé et les chômeurs étaient
massivement absents, saufs les puristes rêveurs maximalistes ou les braillards
grève-généralistes. Mais Simon ignore le plus important qui explique ce
tortillard mou et inoffensif : l’apolitisme qui règne depuis des années,
et en particulier depuis l’élection de Sarkozy à la présidence. La vie
politique est « pipolisée », elle n’est plus que foire d’empoigne
entre individus. Aucun parti politique bourgeois, réformiste, calotin,
écologique, révolutionnaire, gauchiste, syndicaliste pour proposer un programme
alternatif à l’éventuel renversement du gouvernement en place ! Après mai
68 on disait avec humour « sous les pavés la plage ». Fin 2010 sous
la fable anarchiste grève générale, l’apolitisme !
Paradoxalement,
la réflexion des prolétaires plus réfléchis et dubitatifs face au carnaval
syndical, apparaissait sur les forums d’Internet où l’on pouvait discuter
contrairement aux manifestations où obligation est faite de
« marcher » puis de « se disperser ». J’en fis plusieurs
fois une synthèse sur mon blog. En septembre, beaucoup ne se faisaient aucune
illusion : « Entièrement d'accord gros foutage de gueule des syndicats, en tout
cas des 2 "majoritaires" qui j'espère vont devenir tout pitipiti à
force d'arrangements et de concessions au medef et consorts. On n'arrivera à
rien si on ne continue pas à mettre la pression. Y'a plus qu'à faire des manifs
sauvages tout seuls toutes les semaines ». Cette autre agréait sur la trahison
perpétuelle: « Bonne question!! Malheureusement je suis convaincue que les
dirigeants syndicaux ne sont plus du tout au service ni à l'écoute de la rue.
Bien au contraire!!! Ils ont passé des accords que nous ignorons (plus
personnels que politique) et ne servent qu'à endiguer notre colère.
Subtilement, en prétextant ceci ou cela, ils éteignent la flamme à chaque fois ».
Les syndicats ne préparent que les défaites selon celui-ci : « C'est quand-même
flagrant quand on voit que les seuls conflits réussis pour les ouvriers se
passent toujours sans eux..!! Tant qu'on restera sous la coupe des vedettes
syndicales qui ont chauffeur et tout ce qui suit, je pense que Sarkozy n'aura
aucun souci à se faire ».
D’une façon générale il n’est apparu, depuis la mi-janvier (2010), date où Fillon avait posé sur la table le projet de réforme des retraites, AUCUNE CRITIQUE DES SYNDICATS, excepté sur mon blog et le site du CCI, rien sur les sites gauchistes bien sûr, rien sur Rue 89 ni sur Agora, ni sur LE POST ni sur Médiapart. Dans les commentaires glanés de ci de là, j’avais trouvé «Hêtre », le 21 septembre, qui récidivait sur Médiapart fin octobre : «Que syndicats et partis de gauche soient prêts à trahir, une fois encore, les gens qui leur auront, pour d'obscures raisons, fait confiance, voilà qui ne fait guère de doute. Combien de milliers de gens dans les rues pour, dans le meilleur des cas, une toute petite chose, une négociation, qui verra les riches, à travers l'Etat qu'ils ont acheté, octroyer quelques miettes à leurs pauvres? ». La tristesse est le lot de la vieillesse, et la retraite repoussée… un naufrage. (…)
Avec la
fumisterie de l'action syndicale moderne et sa cogestion de la misère sociale,
Proudhon aurait à présent plutôt raison, le cadre syndical ne favorise plus une
conscience de classe qui s’est répandue comme telle à toute la société
indépendamment des différentes formes d’organisations existantes. En tout cas,
Proudhon serait rejoint par Marx. Ce dernier fut longtemps favorable aux grèves
et aux syndicats comme constituants de l’expérience prolétarienne, tout en
disant qu’il ne faut pas se mettre à genoux derrière la théorie de
l’organisation pour marchander le salaire. En septembre 1850, au sein de la
Ligue des Communistes, Marx vitupérait la conception idéaliste - « la simple
volonté comme moteur de la révolution » - et il enjoignait aux ouvriers « de se
transformer eux-mêmes » et « pour se rendre aptes au pouvoir politique ». Marx
s’indignait qu’on encourage le « caractère primitif » du prolétariat allemand,
qu’on flatte « outrageusement le sentiment national et les préjugés corporatifs
», ce qui rend «populaire». Hélas : « De même que les démocrates font du mot «peuple
» une entité sacro-sainte, vous sanctifiez le mot «prolétariat ». Si on est
révolutionnaire, on n’est pas là pour flatter le prolétariat (ou une de ses
parties) quoiqu’il fasse. Les révolutions mêlent toujours le politique et
l’économique, mais c’est bien les questions politiques événementielles (guerre,
répression, catastrophes, chômage de masse) qui sont décisives et favorisent ou
pas l’unité de la classe ouvrière. La révolution est le point de rencontre
entre la crise du capitalisme à son sommet (krach ou guerre) et la théorie
révolutionnaire dont les masses s’emparent. Sur le fond, ce n’est pas vrai que
la classe ouvrière aurait régressé comme « multitude salariée ». Il
faut toujours se méfier du prolétariat qui dort. La classe ouvrière continue à
s’abstenir massivement d’adhérer aux partis politiques et aux partis syndicaux.
Elle n’a pas besoin du mot d'ordre creux
de "Grève Générale", abstrait, statique, du ready-made syndical
"préparé d'avance" et qui serait capable de décréter un beau jour la
révolution attendue depuis si longtemps.
La corruption du syndicalisme n’est pas avérée pourtant, même avec
les quelques données collectées sur les financements troubles (cf. annexe). Qui
peut se prétendre « spécialiste » de la question syndicale
instrumentalisée par l’Etat ? Comme s’il y avait des « spécialistes » des
partis politiques comme il existe des spécialistes de la cuisine à la vapeur?
La question de se syndiquer ou pas, d’être membre ou pas d’un parti
dépendrait-elle des indications d’un «expert » ? Il n’existe pas un
syndicalisme « à la française » mais, partout, diverses formes d’adaptation de
ce caméléon étatique modernisé.
Une étude du syndicalisme hexagonal ([2]),
nous le décrit comme particulièrement pourri alors que dans les autres pays
(Suède, Allemagne, etc.) il fonctionnerait sur la base de probes cotisations
des prolétaires eux-mêmes. Cette étude aurait gagné à dénoncer non la seule
corruption financière opaque des principaux syndicats français que surtout «
l’abus de confiance » ou « abus de faiblesse » des espérances des
exploités. Nos intellectuels d’édition n’ont jamais eu faim ni fait grève.
Plusieurs commentateurs, comme M. Noblecourt, dans le journal Le Monde, en
octobre 2009, avaient frémi en y décelant une thèse « séduisante» bien qu’avec
une plume trempée au vinaigre car les « syndicats sont payés par le patronat »
mais jamais décrit comme nécessaires au fonctionnement des Etats modernes.
Déclin du syndicat ? Parler de déclin du syndicalisme concorderait avec
des organisations autrefois vraiment nobles du point de vue ouvrier. Dès la
Première Guerre mondiale, et à la vieille de la seconde, les syndicats étaient
déjà des instruments nationaux de la bourgeoisie ([3]).
Les auteurs de cette étude ne sont pas clairs d’emblée, en ignorant
volontairement l’immense rejet des syndicats initié par mai 68 ([4]),
tout comme en ignorant les multiples exemples de critiques virulentes des
syndicats, y compris tout au long de l’année 2010 en France. Ils contribuent à
la confusion en faisant équivaloir déclin des syndicats à déclin de la classe
ouvrière, laquelle ne peut plus être confondue avec cette aristocratie d’Etat,
notoirement depuis mai 1968. Des
révélations sur la « syndicratie » ou la farce de la « privatisation »
syndicale il n’y en a point ([5]) ?
Pas de réflexion non plus sur la fonction de l’aristocratie syndicale. Relevons
une seule révélation intéressante mais hors de ce livre, par un de ses
critiques M. N.Noblecourt dans le journal
Le Monde : « (Aucun chef syndical n’est sûr du nombre de ‘salariés’ qui
vont obéir à un appel à cesser le travail) ce qui signifie que le réseau
syndical ne fonctionne plus et que les représentants ont, pour la plupart perdu
leur légitimité professionnelle ».
[1] Cf. Dans le monde une classe en lutte, publication
diffusée gratuitement, octobre 2010. Echanges et Mouvement, BP 241, 75866 Paris
cedex 18. Internet : http://www.mondialisme.org.
En 2008, la population active était estimée à 28 millions de personnes, or, au
plus fort des JA les « défilés » étaient très inférieurs au 3
millions prétendus par les syndicats (province + Paris). Représentatifs de la
classe ouvrière les « défilés » ? Même si les 3 millions
reflétaient la désaprobation de « l’opinion ».
[2] « Toujours
moins ! Déclin du syndicalisme à la française » par D.Andolfatto et D.Labbé (ed
Gallimard, sept 2009)
[3] C’est la
tentative de révolution en pays développé, en Allemagne en 1918 et les années
suivantes, qui révèle la compromission définitive des appareils syndicaux,
malgré l’entretien de l’idée morte syndicale par les anarchistes arriérés (cf.
mon ouvrage « En défense de la Gauche communiste et de la November révolution
».
[4] Excepté sous
ce doux euphémisme vague et cabalistique de « la rupture de la fin des années
70 ».
[5] « Un bien
collectif qui aurait dû profiter à tous » (p.56)
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