"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

dimanche 27 mars 2011

LES AVATARS DU TERRORISME (nouveau livre) à paraître bientôt...


AVANT PROPOS
Il n’existe pas d’histoire du terrorisme car il ne peut pas en exister une qui soit impartiale ni tant qu’une révolution mondiale n’aura pas forcé les archives imprenables des Etats. Le terrorisme est une savonnette idéologique qui vous glisse entre les doigts et paraît en général insaisissable comme son action qui commence dans l’ombre et finit dans le crime au grand jour, lequel est prétendu beaucoup plus explicite. Les terrorismes sont aussi nombreux que leurs interprétations et nous n’avons pas eu pour but ici de les passer tous en revue, mais de nous concentrer sur la relation mystifiée des trois catégories : prolétariat – violence – terrorisme.
Nous n’allons pas prendre de gants pour dévoiler ici que le raisonnement logique suffit à démystifier le terrorisme. En résumé nous pouvons distinguer pour tout le vingtième siècle et le début du suivant deux formes de terrorisme :
- Un terrorisme utilisé contre la lutte de classe (dans ses versions anarchistes et stalinistes)
- Un terrorisme entre factions bourgeoises (dans ses versions militaires et religieuses).
Ces deux distinctions se retrouvent tout au long du XXème siècle même dans la succession cyclique des divers terrorismes :
- Terrorisme anarchiste de la fin du XIXème siècle utilisé contre le socialisme
- Terrorisme anarchiste contre l’Etat bolchevique (qui entraîne la création de la Tchéka en 1918)
- Terrorisme bolchevique puis staliniste (1918 puis 1926)
- Terrorisme fasciste et nazi des années 1920-1930
- Terreur pendant la Deuxième Guerre mondiale et résistants taxés de terroristes
- Terrorisme dit guérilla sous l’auspice des dites « libérations nationales » des années 1950-1960
- Terrorisme noir et rouge contre le réveil du prolétariat et son ressac, non mesurables aux taux des grèves (début : Piazza Fontana 1969 puis 1974)
- Terrorisme dit religieux (islamiste) après la chute du bloc de l’Est en 1990
Ce listing aurait pu nous servir de canevas mais la chronologie risquant de noyer l’essentiel de nos thèses, j’ai préféré traiter successivement des origines de la violence politique (que la notion de terrorisme a abusivement simplifiée et amalgamée) religieuses et paysannes, des conceptions héritées par les anarchistes et les marxistes de révolutions sanglantes puis émancipées de ces visions erronées. Je n’ai pas hésité à remettre en cause les poncifs sur la Commune de Paris, panthéonisée éternellement par stalinistes et anarchistes. Les anarchistes restant toujours des adeptes masqués de l’invraisemblable « vengeance révolutionnaire » moyenâgeuse et les stalinistes farouches défenseurs d’un marxisme figé qui radote des citations dogmatiques des « maîtres ».
L’étude du terrorisme rouge (ou gauchiste) des années 1970 nous démontrera la fusion de l’ancienne théorie anarchiste et du stalinisme affaibli par le retour au premier plan du prolétariat (surtout au moment du dangereux ressac du mitan des années 1970) ; ce terrorisme, bien que couplé avec les attentats des factions nationalistes palestiniennes, était exhibé bien évidemment pour ridiculiser toute révolution prolétariennne, supposée depuis la Commune de Paris et l’expérience bolchevique en Russie, n’être que terrorisme sanguinaire à grande échelle, par conséquent utopique lubie d’inférieurs sociaux éminemment condamnable par la « société évoluée »..
Enfin, le dernier avatar du terrorisme du « village mondial », dit djihadiste, même s’il a des accointances avec l’idéologie fasciste (féodalisme, dictature religieuse, éradication physique des opposants, mépris des femmes, etc.), est un produit multiforme et indéfinissable non pour lutter directement contre le prolétariat et le socialisme, mais comme l’expression de la confrontation entre impérialismes rivaux sous la dénomination d’Al Qaida. Le discours anti-terroriste qui accompagne le spectacle du terrorisme vise bien sûr à relégitimer sans cesse les oligarchies dites démocratiques et c’est dans ce cadre que les analyses policières et journalistiques ont pour but, au même niveau que l’anti-fascisme de naguère, de déboussoler le prolétariat.
Je n’ai pas jugé utile de traiter des deux vagues de « lutte armée » qui ont encadrées dans le temps la vague du terrorisme dit rouge – vague des libérations nationales (1945-1968) et vague djihadiste de 1990 à aujourd’hui – ce qui ne nous empêchera pas d’établir les raisons de la périodisation des trois formes dominantes de terrorismes dans la deuxième moitié du XXème siècle et leur impact sur la société mondiale, au chapitre V et en conclusion.
L’interprétation visant de nouveaux terroristes « indépendants » dits « loups solitaires » comme quatrième mutation du terrorisme transnational - nouvelle prétention sociologique et mode journalistique de certains à diluer encore les enjeux de l’idéologie anti-terroriste policière et gouvernementale - ne déroge pas aux deux prémisses principales, ci-dessus délimitées, que le lecteur doit garder en tête tout le long pour identifier et comprendre « le fait de l’attentat », ou plutôt surtout son utilisation par les dominants.
Cette étude tout à fait ciblée et partisane s’efforcera néanmoins de montrer des constantes dans les diverses formes de terrorisme, que l’on peut plus justement qualifier de violence minoritaire et/ou téléguidée. Ce qui devrait réserver quelques surprises.

361 pages 15 euros
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Introduction (p.11)

1. GUERRE ET VENGEANCE PAYSANNE, (p.35) Guerre et pacifisme/Le terrorisme djihadiste : une autre façon de faire la guerre/Les guerres à petite échelle du temps jadis/Le terrorisme paysan/La Réforme, sa violence et les paysans/La terreur jacobine, Marx et Kautsky/La guérilla agricole de Guevara/Quelques terroristes célèbres issus du terroir.



2. LE TERRORISME DE MARX ET DES ANARCHISTES (p.81) Au début le socialisme était considéré comme criminel/Marx et Engels sont-ils terroristes en 1848 ?/Les trucages pacifistes de Bernstein/Les révisionismes successifs des anarchistes/Réformisme syndical et terrorisme (Ce qu’il y a de commun entre l’économisme et le terrorisme selon Lénine)/L’anarchiste Staline.



3. 3. LA REVOLUTION EST-ELLE TERRORISTE ? (p.119) La violence des émeutes du XIXème siècle/Terrorisme des Communards ou de la populace ?/Adresse ou maladresse de l’Internationale ?/Un soulèvement inattendu/Du Paris armé au parti armé ?/Passions mauvaises et querelles/Un Etat petit bourgeois/Les conséquences réformistes de l’échec de la Commune/Les lois anti-socialistes en Allemagne/La belle époque du syndicalisme révolutionnaire/La paysannerie n’est pas révolutionnaire.



4. 4.LE MACHIAVELISME DU TERRORISME D’ETAT (p.163) Le terrorisme gauchiste/La faction rouge armée en Allemagne/Aux origines des intentions staliniennes de la RAF/La faction terroriste au Japon/La faction des brigades rouges en Italie/Les pionniers de la démystification du terrorisme stalino-gauchiste/Gasparrazzo terroriste ou la version dissonante des figurants terroristes/Le bon Franceschini/La brute Moretti/Le truand Curcio/Faillite Politique et humiliation des combattants désarmés/La récupération des épaves terroristes/L’invention de la dissociation/Rôle toujours négatif du terrorisme.

5. 5.REVELATIONS SUR LES TROIS VAGUES DU TERRORISME (p.251) Le retour du refoulé religieux/Marx et son analyse tronquée de la religion/Déguisements religieux, religion et violence/Le masque religieux des gauchistes/La guerre sale/Le médiaterrorisme/Fascisme vert ?



Conclusion (p.277):le terrorisme rouge s’est suicidé !

Annexe (p.282)

Commentaires préliminaires aux textes suivants :

Léon Trotsky : La faillite du terrorisme individuel (1909), Pourquoi le marxisme s’oppose au terrorisme individuel ? (1911)

Anton Pannekoek : L’acte personnel (1933), La destruction comme moyen de lutte (1933)

Revue BILAN : en défense de Marinus Van Der Lubbe : Les fascistes exécutent, socialistes et centristes applaudissent (1934)

Marc Chirik : Les campagnes anti-terroristes de la bourgeoisie (1977), Terreur, terrorisme et violence de classe (1978)

Guy Debord : A propos de l’utilisation du terrorisme (lettre à G.Sanguinetti, 1978).

Le terrorisme gauchiste à l’écran : Buongiorno Note/Prima Linea/Nada/Der Baader Meinhof Komplex/United Red Army.



BIBLIOGRAPHIE (p.361)

ADDENDA: deux aspects qui confirment les négligences de Marx et Engels sur la religion et le terrorisme.

UNE REPONSE DISPARUE D'UN ANCIEN PROGRAMME:

Dans Les principes du communisme d’Engels, dans le manuscrit, à la place de la réponse aux questions 22 et 23, on lit le mot "maintenu". Ce qui signifie, vraisemblablement, qu'il faut conserver la réponse telle qu'elle était formulée dans un des projets préliminaires de programme de la Ligue des communistes qui ne sont pas parvenus jusqu'à nous.]


XXII. COMMENT L'ORGANISATION COMMUNISTE SE COMPORTERA-T-ELLE VIS-A-VIS DES NATIONALITES EXISTANTES?


Maintenu.




XXIII. COMMENT SE COMPORTERA-T-ELLE VIS-A-VIS DES RELIGIONS EXISTANTES?


Maintenu".

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SUR LA QUESTION DU TERRORISME, Karl Korsch souligne un coup l'ambiguïté de Marx et Engels qui pensent que le terrorisme sera l'allumeur de réverbère de la révolution russe prochaine, et d'un autre coup qu'ils imaginaient que ce serait une révolution bourgeoise! Tout faux!


« Témoin aussi l’attitude positive et visiblement contradictoire que Marx et Engels adoptèrent à l’égard du projet parfaitement idéaliste de la Narodndia Volia, visant à déclencher par des menées terroristes « une révolution politique et donc une révolution sociale » dans les conditions arriérées propres à la Russie tsariste des années 1870 et 1880. Ainsi qu’il a été montré en détail dans un article précédent, Marx et Engels ne se bornaient pas à penser que la toute proche explosion révolutionnaire en Russie donnerait le signal d’une révolution générale en Europe, et d’une révolution de type jacobin dans le cadre de laquelle « si l’année 1789 se fait jour, l’année 1793 arrivera sûrement » (comme Engels l’écrivait en 1885 à Vera Zassoulitch). Ils saluaient décidément dans la révolution russe et paneuropéenne une révolution ouvrière, point de départ d’un développement communiste ».
(Le marxisme et les tâches actuelles de la lutte de classe prolétarienne (1938).

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