"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

lundi 25 août 2014

LA CULTURE DU NARCISSISME ... à l'ère du capitalisme décadent




Un best off de Christopher Lasch (1932-1994)


... Le nouveau Narcisse est hanté, non par la culpabilité mais par l'anxiété. Il ne cherche pas à imposer ses propres certitudes aux autres; il cherche un sens à sa vie. Libéré des superstitions du passé, il en arrive à douter de sa propre existence. Superficiellement détendu et tolérant, il montre peu de goût pour les dogmes de pureté raciale ou ethnique; mais il se trouve également privé de la sécurité que donne la loyauté de groupe et se sent en compétition avec tout le monde pour l'obtention des faveurs que dispense l'Etat paternaliste. (...) Il prône la coopération et le travail en équipe tout en nourrissant des impulsions profondément antisociales. Il exalte le respect des règlements, secrètement convaincu qu'ils ne s'adressent pas à lui (...) Si Narcisse ne se soucie pas de l'avenir, c'est en partie, parce qu'il s'intéresse peu au passé (...) Le refus du passé, attitude superficiellement progressiste et optimiste, se révèle, à l'analyse, la manifestation du désespoir d'une société incapable de faire face à l'avenir.

La critique de la gauche du repli dans la sphère privée (...) Les critique du narcissisme contemporain et de la nouvelle sensibilité thérapeutique condamnent à tort l'orientation psychiatrique, opium, disent-ils de la classe moyenne. Selon Marin, cette concentration sur soi isole le riche américain des horreurs qui l'entourent – la pauvreté, le racisme, l'injustice – et "apaise sa conscience troublée". (...) Il (Schur) trouve "criminel" que "les citoyens blancs de la classe moyenne se complaisent à examiner leur moi, alors que leurs compatriotes moins chanceux luttent et crèvent de faim". Il faut cependant comprendre que ce n'est pas par complaisance mais par désespoir que les gens s'absorbent en eux-mêmes, et que ce désespoir n'est pas l'apanage de la seule classe moyenne. Schur semble penser que le caractère éphémère, transitoire des relations personnelles n'affecte que les cadres supérieurs, catégorie dont l'existence est placée sous le signe de la mobilité. Doit-on croire qu'il en va différemment chez les pauvres? Que, dans la classe ouvrière, les mariages sont heureux et sans conflits? Que les ghettos voient fleurir les amitiés stables, profondes et sans manipulations. Les études effectuées sur la vie des classes laborieuses ont constamment montré que la pauvreté détruit le mariage et l'amitié. L'effondrement de la vie personnelle ne provient pas de tourments spirituels réservés aux riches, mais de la guerre de tous contre tous, qui a toujours fait rage dans les couches inférieures de la population, et qui s'étend à présent au reste de la société.

(...) Schur établit une opposition simpliste entre problèmes "réels" et problèmes personnels et, de ce fait, oublie que les questions sociales se présentent inévitablement aussi comme des questions personnelles. On retrouve le monde réel dans le vécu familial et privé, et celui-ci, à son tour, colore la façon dont nous percevons le monde. Le vide intérieur, la solitude et l'inauthenticité ne sont absolument pas des sentiments irréels ni, d'ailleurs, sans signification sociale; ils ne naissent pas non plus de conditions propres aux classes moyennes ou supérieures. Ils sont dus au climat de guerre morale qui domine la société américaine, au sentiment de danger, et à l'incertitude qui tiennent à notre manque de confiance en l'avenir. Les pauvres ont toujours été contraints à vivre dans le présent; aujourd'hui, le besoin de survie parfois déguisé en hédonisme, envahit la classe moyenne tout entière. (...) Quand les relations personnelles n'ont d'autre objet que la survie psychique, le "privé" ne constitue plus un refuge contre un monde sans coeur. Tout au contraire, il prend les caractères propres à cet ordre social anarchique dont il est censé protéger l'individu. C'est la destruction de la vie personnelle, et non le repli dans la sphère privée, qui doit être critiquée et condamnée. (...)


La politique dégénère ainsi en une lutte, non pour le changement de la société, mais pour la réalisation de soi. (...) Cependant, lorsqu'il définit la politique comme la poursuite rationnelle des intérêts particuliers, le calcul attentif d'avantages personnels et de classe, Sennet sous-estime les éléments irrationnels qui ont toujours caractérisé les relations entre classes dominantes et dominées. Il ne prête pas assez attention à l'aptitude qu'ont les riches et les puissants à identifier leur domination à de grands principes moraux, ce qui a pour effet de transformer toute remise en question en crime, non seulement contre l'Etat mais contre l'humanité elle-même. Les classes dirigeantes ont toujours cherché à ce que les individus qui leur sont subordonnés se sentent coupables, personnellement, de leur exploitation et de leurs privations matérielles, tout en se persuadant elles-mêmes de ce que leurs propres intérêts coïncident avec ceux du genre humain. (...) Rendre le narcissisme, l'idéologie de l'intimité ou la "culture de la personnalité", responsables des éléments irrationnels de la politique moderne, revient non seulement à exagérer le rôle de l'idéologie dans le développement historique, mais à sous-estimer l'irrationalité de la politique dans les époques antérieures. (...) De cette manière, le libéralisme se définit lui-même comme l'extrême limite de la rationalité politique, et qualifie de politique narcissique toute tentative pour le dépasser, y compris l'ensemble de la tradition révolutionnaire. (...)


Dans son désir de rétablir une distinction entre vie publique et vie privée, Sennett ignore les manières dont elles s'interpénètrent toujours. La socialisation des jeunes aujourd'hui reproduit la domination politique au niveau de l'expérience personnelle. De nos jours, cette invasion de la vie privée, par les forces de domination organisée, s'étend à tel point que l'espace personnel a presque cessé d'exister (...) En fait la culture de l'intimité ne tire pas son origine d'une affirmation de la personnalité mais de son effondrement. (...) Loin d'encourager la vie privée aux dépens de la vie publique, notre société fait qu'il est de plus en plus difficile pour un individu de connaître une amitié profonde et durable, un grand amour, un mariage harmonieux.

Influences sociales sur le narcissisme.

... En effet, en dépit de sa souffrance intime, Narcisse possède de nombreux traits propres à lui assurer le succès dans les institutions bureaucratiques; celles-ci encouragent la manipulation des relations interpersonnelles, découragent la formation de liens personnels profonds, et fournissent en même temps à Narcisse l'approbation dont il a besoin pour se rassurer sur lui-même (...) De fait, le narcissisme semble représenter la meilleure manière d'endurer les tensions et anxiétés du monde moderne. (...) L'association du détachement affectif et d'un comportement destiné à convaincre l'enfant de sa position privilégiée dans la famille constitue un terrain d'élection pour l'éclosion de la structure narcissique de la personnalité.

La signification originelle de l'éthique du travail.

Jusqu'à très récemment, l'éthique du travail issue du protestantisme constituait l'un des fondements les plus importants de la culture américaine. Le mythe de l'esprit d'entreprise voulait que l'épargne et l'assiduité au travail fussent les clés de la réussite matérielle et de l'accomplissement spirituel (...) Aussi longtemps que l'avenir collectif demeura brillant dans son ensemble, l'ajournement du plaisir fut non seulement une satisfaction en soi, mais une source abondante de bénéfices (...) Dans cette vision de l'existence, le travail est lui-même sa propre récompense. Aujourd'hui, à notre époque d'effondrement de l'optimisme, les vertus protestantes n'excitent plus l'enthousiasme. L'inflation ronge l'épargne et les investissements. La publicité nie l'horreur d'être endetté, et exhorte le consommateur à acheter tout de suit et à payer plus tard. Dans la mesure où l'avenir est incertain et menaçant, seuls les simples d'esprit remettent à demain le plaisir dont ils peuvent jouir aujourd'hui. Une modification profonde de la notion du temps a transformé les habitudes de travail, les valeurs et la définition de ce qu'est le succès. Le but de l'existence, ici-bas, est devenu l'autopréservation et non plus le perfectionnement de soi. (...)

Les manuels les plus récents consacrés à la réussite diffèrent des précédents. Non seulement ils surpassent le cynisme de Dale Carnegie et de Vincent Peale, mais ils montrent ouvertement la nécessité d'exploiter et d'intimider les autres, sur le peu d'intérêt qu'ils portent au contenu même du succès. Ces manuels se démarquent également de leurs prédécesseurs par la candeur avec laquelle ils soulignent que les apparences – "les images séductrices" – sont plus importantes que la qualité du travail exécuté, la réputation, l'attribution d'un succès comptant plus qu'un véritable accomplissement. (...) Aujourd'hui, les hommes recherchent l'approbation non de leurs actions mais de leurs attributs personnels. Ils ne souhaitent pas tant être estimés qu'admirés. L'orgueil et l'âpreté au gain, caractéristiques du capitalisme en voie de développement, ont fait place à la vanité. (...)


Tout ce qui a trait à la politique devient une forme de spectacle.

Il est de notoriété publique que les grandes maisons de publicité de Madison avenue à New York présentent et lancent les politiciens sur le marché comme elles le feraient d'une lessive ou d'un déodorant; mais l'art des relations publiques pénètre encore plus avant la vie politique, et transforme même les lignes de conduite, les projets et les programmes. Le prince moderne se soucie assez peu qu'il y ait "une besogne à accomplir" (...) ce qui l'intéresse, c'est cajoler, séduire et gagner "le public concerné". (...) Ce qui était important, c'était de garder l'organisation en bon ordre de marche, et non les buts à atteindre"1.

(...) Dans les années 1950, "l'homme de l'organisation" pensait qu'une épouse attirante et mondaine constituait un atout important pour l'avancement de sa carrière. Aujourd'hui, on met en garde les cadres supérieurs sur le "sérieux conflit qui semble opposer mariage et carrière de direction". UN rapport récent compare le "corps d'élite des directeurs professionnels" aux janissaires, soldats d'élite de l'Empire ottoman que l'on retirait à leurs parents quand ils étaient encore enfants, que l'Etat éduquait et à qui il était interdit de se marier. (...)

Le culte américain de l'amabilité cache sans la supprimer une compétition meurtrière pour l'acquisition de biens ou de postes; au contraire cette compétition est devenue plus sauvage à notre époque de désenchantement. (...) Dans les années 1970, période plus dure, il semble que ce soit la prostituée, plutôt que le VRP, qui incarne le mieux les qualités indispensables à la réussite dans la société américaine. Elle aussi se vend pour de l'argent, mais on ne saurait dire que sa séduction présente un désir d'être aimée. (...) on trouve une détermination plus profonde de manipuler les sentiments d'autrui à son propre avantage. La recherche d'un gain dans la compétition par la manipulation des émotions envahit aussi bien les relations personnelles que les relations de travail; c'est pour cette raison que la sociabilité peut maintenant fonctionner comme une extension du travail, par d'autres moyens. La vie personnelles, qui n'est plus un refuge contre les frustrations et les chocs subis au travail, est devenue aussi anarchique, belliqueuse et éprouvante que la vie publique. Le cocktail réduit la sociabilité à un combat social. (...) l'hédonisme est une duperie; la poursuite du plaisir masque la lutte pour le pouvoir.(...) Des activités, ostensiblement entreprises pour le seul plaisir ont souvent pour but véritable de piéger autrui. Typiquement, les termes vulgaires évoquant les relations sexuelles peuvent également signifier vaincre, étriller, ou abuser quelqu'un, imposer sa volonté par ruse, par fraude ou par force.(...) Par certains aspects, la société bourgeoise américaine est devenue une pâle copie du ghetto noir, et l'appropriation de son langage peut paraître une illustration de cette mutation. Il n'est pas nécessaire de minimiser la pauvreté des ghettos, ni les souffrances que les blancs ont infligées aux noirs, pour voir que les conditions de plus en plus dangereuses et imprévisibles dans lesquelles vit la classe moyenne ont créé des stratégies de survie semblables à celles des noirs. De fait l'attirance que les blancs aliénés éprouvent pour la culture noire, semble démontrer que celle-ci s'applique à une situation générale, dont la composante principale est la perte de confiance en l'avenir, qui se rencontre aujourd'hui dans tous les milieux. (...) Un grand nombre de gens que l'on dit, par euphémisme, appartenir à la classe moyenne parce qu'ils vont au travail "bien habillés", sont maintenant réduits à des conditions d'existence prolétariennes. (...)


Aux origines de la transformation du prolétaire en consommateur. 

Aux premiers temps du capitalisme industriel, les employeurs ne voyaient dans l'ouvrier qu'une bête de somme - "un être du même type que le boeuf", aux dires de Frederick W.Taylor, expert en matière de rendement. Les capitalistes considéraient le travailleur uniquement comme producteur; ils ne se souciaient absolument pas de ce que celui-ci pouvait faire de ses loisirs, ou de ce qui en tenait lieu après ses douze à quatorze heures d'usine. L'employeur essayait de contrôler la vie de l'ouvrier au travail, mais ce rôle se terminait quand ce dernier quittait l'usine à la fin de sa journée. Même lorsque Henry Ford créa un Département socilogique à son usine d'automobiles en 1914, il ne chercha à surveiller la vie privée de ses employés que pour les rendre sobres, économes et durs à la tâche. Les sociologues de Ford tentaient d'imposer aux travailleurs la bonne vieille morale protestante, en luttant contre le tabac, l'alcool et la dissipation.

Une poignée d'employeurs seulement comprenait alors que le travailleur pourrait être utile au capitaliste, en tant que consommateur et qu'il devait être pénétré du désir de mener une existence plus confortable. Peu à peu, l'idée se fît jour qu'une économie fondée sur la production de masse réclamait non seulement l'organisation capitaliste de cette production, mais aussi l'orchestration de la consommation et du loisir (...) En d'autres termes, le fabricant moderne doit "éduquer" les masses à la culture de consommation. La production de marchandises en quantité toujours croissantes réclame un marché de masse pour les écouler. (...) La publicité sert moins à lancer un produit qu'à promouvoir la consommation comme style de vie. Elle "éduque" les masses à ressentir un appétit insatiable, non seulement de produits, mais d'expériences nouvelles et d'accomplissement personnel. Elle vante la consommation, remède universel aux maux familiers que sont la solitude, la maladie, la fatigue, l'insatisfaction sexuelle. Mais, simultanément, elle crée de nouvelles formes de mécontentements, spécifiques de l'âge moderne. (...) Votre travail est ennuyeux et sans signification? Il vous donne un sentiment de fatigue et de futilité? Votre existence est vide? Consommez donc, cela comblera ce vide douloureux (...) La propagande de la marchandise sert une double fonction. Premièrement elle affirme la consommation comme solution de remplacement à la protestation et à la rébellion. (...) En second lieu, la propagande de la marchandise, ou de la consommation de celle-ci, transforme l'aliénation elle-même en marchandise.



Le radicalisme du théâtre de rue.



La dégénérescence de la politique en spectacle a transformé les programmes d'action en publicité, avili le commentaire politique et tourné les élections en événements sportifs, chaque parti proclamant que "l'élan" est de son côté. Elle a aussi rendu plus difficile que jamais l'organisation d'une opposition politique. (...) Ainsi les opposants à la guerre du Vietnam annoncèrent en grande fanfare en 1967, qu'ils passaient "de la dissidence à la résistance"; ils s'attendaient à ce que cette dernière soit contrée par des mesures répressives, intolérables à l'opinion libérale. "Ce sera sanglant", déclara un radical pour justifier une manifestation de protestation particulièrement futile, "mais le sang rend les libéraux furieux". (...)

La critique du sport par la gauche fournit l'un des exemples les plus frappants du caractère essentiellement conformiste de la "révolution culturelle" à laquelle elle s'identifie.

L'émergence de la "multidiversité".

... l'effondrement de l'éducation générale, le manque d'efforts séreux pour enseigner les langues étrangères aux étudiants, la multiplication des programmes de "prise de conscience" (concernant les noirs, les femmes, etc.) n'ayant d'autres buts que d'éviter l'agitation politique, l'inflation des "bonnes notes". Simultanément, la création ou la forte augmentation des droits d'inscription interdisait l'accès de l'Université à presque tous ceux qui n'étaient pas riches. (...) La rébellion étudiante des années 1960 commença par une attaque de l'idéologie de la "multidiversité" à l'université de Californie à Berkeley qui en était l'expression la plus avancée (...) Loin de tenter de ramener l'institution à une vision plus modeste de son rôle et de ses objectifs, les critiques de gauche acceptaient le principe d'une éducation pouvant résoudre toutes sortes de problèmes sociaux.

Histoire sociale de la guerre des sexes.

(...) Démocratie et féminisme ont maintenant arraché le masque et ont mis à nu les antagonismes sexuels jadis cachés par la "mystique féminine". Privés des illusions que conférait la courtoisie, hommes et femmes éprouvent plus de difficultés qu'auparavant à établir des rapports amicaux ou amoureux. Comme la suprématie masculine n'est plus idéologiquement défendable, puisque la protection dont elle se couvrait ne se justifie plus, les hommes imposent leur domination de façon plus directe, dans les fantasmes et de temps en temps par des actes d'une extrême violence. (...) Aujourd'hui la tradition de différence sexuelle et l'acceptation des tensions entre sexes opposés ne survivent plus guère que dans la classe ouvrière. Les féministes bourgeoises envient la capacité qu'ont les femmes d'ouvriers d'admettre que les hommes les gênent, sans les haïr pour autant.

(...) Le séparatisme sexuel n'est qu'une des nombreuses stratégies inventées pour contrôler ou fuir les sentiments intenses. (...) Les enquêtes font ressortir le nombre croissant de foyers ne comptant qu'un seul adulte: ceci dénote indubitablement l'émergence d'un goût d'indépendance personnelle, mais traduit également une répulsion à l'encontre de tout lien affectif intime, quel qu'il soit.

Narcissisme et vieillesse.

(...) Notre société n'a manifestement que faire de ses aînés. Elle les juge inutiles, les oblige à prendre leur retraite avant d'avoir épuisé leur capacité de travail, et, à cette occasion, renforce le sentiment qu'ils ont d'être superflus. (...) Hommes et femmes se mettent à craindre de vieillir avant même d'avoir atteint l'âge mûr. Ce qu'on appelle "crise de l'âge mûr' se manifeste par la prise de conscience que la vieillesse est toute proche. Pour les américains le quarantième anniversaire symbolise le début de la fin. (...) Cette peur irrationnelle de la vieillesse et de la mort est intimement mêlée à l'émergence de la personnalité narcissique, en tant que type dominant de structure de la personnalité, dans la société contemporaine. Etant donné la pauvreté de sa vie intérieure, Narcisse se tourne vers autrui pour avoir le sentiment d'être. Il a besoin qu'on l'admire pour sa beauté, son charme, sa célébrité ou son pouvoir – attributs qui en général s'estompent avec les années (...) L'avenir ne l'intéresse pas et il ne fait rien pour s'accorder les consolations traditionnelles de lavieillesse dont la plus forte est l'espoir que d'une certaine manière les générations futures poursuivront la tâche de sa vie.



Bonnes pages de Christopher Lasch: LA CULTURE DU NARCISSISME (ed poche Flammarion, 1979 et 2006).

1On pense inévitablement à Bernstein (Le mouvement est tout, le but n'est rien) si bien traduit par le réformisme radical faussement révolutionnaire de certaines sectes néo-léninistes: l'organisation est tout, le mouvement n'est rien!

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