"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 10 mai 2025

TRUMP baisé par Poutine?


 « Je dépense 30.000 hommes par mois ». Napoléon

"Si l'on tue une seule personne on est un assassin. Si on en tue des millions, on est un héros". Charlie Chaplin

Que de bruits de bottes ! Maintenant entre l'Inde et le Pakistan. Poutine arrogant devant son défilé commémoratif à Moscou, soutenant Xi dans sa volonté de conquérir Taïwan. Un Trump girouette impuissante baisé par Poutine et confirmant ouvrir la voie à un affaiblissement irrésistible de l'impérialisme US.

Vladimir Poutine accuse souvent les »fascistes » occidentaux de tenter de minimiser ou déformer un rôle crucial de l'URSS dans la victoire contre l'Allemagne nazie. La victoire de 1945 est l'élément central du récit patriotique russe à la gloire du boucher Staline, qui a fait plus de 20 millions de morts en URSS et demandé des sacrifices inouïs à sa population ; les contrats inter-impérialistes dès la fin de la guerre ont pourtant permis à la Russie stalinienne de s'emparer de la moitié de l'Europe, surtout sa partie industrielle allemande. La bourgeoisie américaine demande encore merci à l'Europe de l'ouest de l'avoir libérée du nazis me, oubliant de rappeler les profits qu'elle en a tiré, dont elle continue à bénéficier. Jamais l'immense crime des bombardements nucléaires à Hiroshima et Nagasaki n'a fait l'objet d'une perpétuelle dénonciation comme la shoah, le génocide des japonais aurait-il été plus propre que le génocide des juifs ? Les vaniteux et « valeureux » « démocrates impérialistes » américains pesèrent suffisamment dans la glorification de leur victoire sur le nazisme qu'ils eût été indécent de les aligner au niveau des massacreurs nazis. Cette innocence proclamée était aussi nécessaire pour Staline , complice.

Le récit néo-stalinien de Poutine nourrit un patriotisme largement exploité pour justifier l'invasion de l'Ukraine avec le même discours antifasciste décalè et ampoulé que l'Occident capitaliste.

Or Poutine ment comme il ment en disant que toute la Russie est derrière lui pour massacrer sans cesse les populations civiles en Ukraine1. Il ment surtout sur le prétendu rôle déterminant de l'armée russe d'un pays encore arriéré économiquement et affaibli par un Etat caserne totalitaire. Sur les deux fronts c'est bien l'impérialisme américain qui a permis d'écraser l'impérialisme nazi.

CACHER LA LOI LEND-LEASE ACT2

Durant la Seconde Guerre mondiale, lorsque la Russie faisait face à la terrible avancée de l'armée nazie sur le front de l’Est, un soutien crucial venu des États-Unis a contribué à inverser le cours du conflit. Ce programme, connu sous le nom de Lend-Lease Act (ou loi prêt-bail), a permis à l’URSS de recevoir une aide matérielle massive de la part des États-Unis.

Bien que souvent éclipsée par d’autres récits de la guerre, cette assistance a joué un rôle déterminant dans la victoire alliée contre l’Axe, mais surtout pour éviter l’effondrement total du pouvoir soviétique si utile pour le futur partage du monde...anti-révolution !


L’origine du programme Lend-Lease : un outil stratégique pour les Alliés

Adoptée en mars 1941, la Lend-Lease Act autorise les États-Unis à fournir du matériel militaire et des ressources à leurs alliés, sans attendre de paiement immédiat. Si ce programme vise initialement le Royaume-Uni, il est élargi à l’Union soviétique après l’invasion allemande de juin 1941.

La décision de soutenir l’URSS marque un tournant dans la politique américaine. Jusqu’alors, les relations entre Washington et Moscou étaient empreintes de méfiance. Mais l’urgence de contrer l’Allemagne pousse les États-Unis à dépasser les clivages idéologiques pour se concentrer sur la défaite de l’Axe.

Les véhicules et équipements militaires

L’URSS bénéficie de livraisons massives de véhicules, dont :

  • 400 000 camions et jeeps, principalement des Studebaker, qui assurent le transport des troupes et du matériel sur le front.

  • 14 000 avions, dont des chasseurs P-39 Airacobra, utilisés efficacement par l’armée de l’air soviétique.

  • 7 000 chars, comme les M4 Sherman, qui complètent les forces blindées soviétiques.

Ces équipements jouent un rôle clé dans la mobilité des troupes et la logistique, deux domaines où l’URSS accusait un retard significatif.

Les États-Unis envoient également des matières premières indispensables, telles que l’aluminium, le caoutchouc et l’acier. En outre, plus de 4,5 millions de tonnes de denrées alimentaires, principalement du bœuf en conserve (surnommé Tushonka par les Soviétiques), permettent de nourrir les soldats sur le front.

Malgré son importance, cette aide resta un secret bien gardé par le régime des Staline et Khrouchtchev soucieux de préserver l’image de l’Union soviétique comme seul artisan de sa victoire, minimisant le rôle des livraisons américaines dans les discours officiels.  Poutine perpétue le même oubli et pour cause alors que la Russie a été dépouillée en 1989 de toutes ses murailles d'Europe de l'Est, et l'humiliation de la fausse révolution orange pilotée par la CIA.3

Depuis 1945 jamais le monde n'a connu la paix sous la domination capitaliste

Historiquement, il ne faut pas s’y tromper : en réalité, la paix n’a régné que sur le territoire de l’Union (dont on fête ce 9 mai le 75e anniversaire) et seulement depuis trente-cinq ans, d’où cette illusion des Européens les plus jeunes qu’ils vivaient dans un monde sécurisant et de paix éternelle Pour s’en tenir à l’Europe, les guerres de décolonisation des années 50-70 et, depuis 2001, l’Afghanistan, l’Irak ou encore la Syrie, ont vu l’engagement direct de soldats américains et européens sur des théâtres extérieurs. Les guerres incessantes de la « démocratie américaine » pour maintenir sa domination sur le monde ont probablement coûté plus de morts que le total de la deuxième boucherie mondiale.

Surtout, il ne faut pas oublier les quarante-six ans de «guerre froide» (1946-1991) qui est passée près de la guerre chaude à plusieurs reprises (comme lors du blocus de Berlin de 1948-1949 ou de la crise des missiles de Cuba en 1962) : nous les très vieux avant vécu dans une terreur relativement imaginaire le risque d’une guerre nucléaire totale, ce qui montre bien que le désir paix n'a jamais été idée neuve.

La fin de la bipolarisation impérialiste n'est bien sûr par l'annonce d'une limitation des guerres dans le monde un peu partout ni des rivalités nationales imputrescibles. Comme dans la période antérieure et dans les années 1930, les renversements d'alliances sont constants. S'apercevant qu'il a été de dindon de la farce Poutine (qui a ridiculisé le 8 mai, sa prétention de le séparer de la Chine) Trump est obligé de se retourner vers l'Europe où Macron peut caracoler en chef de guerre concurrent. Trump n'est pas encore vraiment baisé par Poutine ; comparable aux « isolationnistes » de 1940, il peut carrément changer d'avis sans perdre sa popularité, arguant qu'il aura « tout tenté en faveur de la paix et que Poutine est définitivement un salaud.4

L'Ukraine malgré les virevoltes névrotiques de Trump n'a jamais été lâchée complètement par la bourgeoisie américaine, et l'Europe reste encore sous sa protection5.

Les ponts ne sont pourtant pas rompus avec Poutine malgré des flagorneries du même genre que celles de Trump, car la Russie est très mal en point économique et la population en a marre comme celle d'Ukraine. Dans tous les camps les pertes militaires et civiles sont énormes, et cela finit par se savoir; non toute la Russie n'est pas derrière Poutine! En outre, un des principaux spécialistes des forces nucléaires en Russie, relativisait récemment  la puissance de frappe des ogives russes; il faut des heures et même des jours pour sortir les plus grosses fusées nucléaires des hangars dispersés; de tels mouvements sont aussitôt visibles par les satellites américains et peuvent donc être détruit sur place au détriment de la population russe, sans supprimer non plus des dégâts en revanche en face.  Poyur l'heure, il semble que les réserves en armes de l'impérialisme russe soient de plus en plus du bricolage et pas de nouveau prêt-bail en vue !

De plus, malgré les risettes de façade commémotative du 9 mai, Xi n'a jamais approuvé l'invasion de l'Ukraine et serait même capable de s'opposer à l'invasion de l'Europe (merci temu) ,qui demeure son principal marché. Et Poutine n'est donc pas encore en mesure d'arborer des médailles à la poitrine comme le successeur de Staline.

La situation mondiale est complexe et reste truffée d'incertitudes et les dirigeants capitalistes ne savent même pas où ils vont. C'est ce qui reste très inquiétant car les guerres mondiales ne se déclenchent pas à cause d'un fait divers où d'un seul méchant dirigeant. Ce fût le cas en 14 et en 39, le capitalisme mène automatiquement à la guerre à un certain niveau de sa décomposition.



NOTES


1Vantardise peu crédible quand on sait l'horreur des chiffres. Selon le ministère britannique de la Défense, les forces armées russes ont subi près d'un million de pertes depuis que Vladimir Poutine a ordonné l'invasion totale de l'Ukraine en février 2022. Ce chiffrage ne relève pas de la simple propagande occidentale selon moi mais d'un siple effarement de la bourgeoisie britannique qui reste la plus intelligente du monde.

2On fait toujours l'impasse sur cette aide décisive. Jamais à ma connaissance la plupart des historiens n'en font mention. C'est probablement le plus gros mensonge (intentionnel) sur WW2, car le partage de l'Europe à Berlin eût pour but d'empêcher la révolution prolétarienne contre la guerre (cf. grève massive en Italie en 1943, et plusieurs tentatives d'insurrection à l'Est, j'y reviendrai). Rooosevelt jouer l'amiti » antifa partu=iculièremen sur ce point avec le potentat Staline, auquel il était redevable d'avoir tué dans l'oeuf le début de révolution mondiale de 1917. Cette analyse pertinente je ne l'ai d'ailleurs jamais entendue ailleurs que dans le CCI. L'existence du prêt bail j'en avais connaissance depuis quarante années, après la lecture de la revue de la CIA (Est&Ouest) rédigé par Souvarine. Il décrivait les conditions gratuites de celui-ci et il concluait en écrivant : « les chars américains étaient repeints aux couleurs russes ».

3Le prêt bail concerna aussi l'Angleterre. Il y eut malgré tout un prix à payer (la demande de remboursement de Trump à l'Ukraine n'est donc pas une hérésie), preuve de plus de la fallacieuse unité antifa des Alliés (les américains commerçaient avec l'Allemagne nazie jusqu'en 1943) L'impérialisme américain déposséda la Grande-Bretagne de ses réserves d'or et de ses investissements outre-mer. Ces exigences de remboursement restreignirent ses exportations, et les hommes d'affaires américains s'emparèrent de marchés qui jusque-là étaient britanniques.

4 En décembre 1940, le président Roosevelt avait dit que les États-Unis seraient « l’arsenal des démocraties » et a proposé de vendre des munitions au Royaume-Uni et au Canada. Les isolationnistes étaient fortement opposés, disant que cela mènerait à une participation au conflit qui était vu, par la majorité du peuple, comme un conflit européen. Mais l’opinion populaire changeait du fait que de plus en plus de personnes se rendaient compte des avantages de financer la guerre des Britanniques contre les nazis, sans prendre part aux hostilités. La propagande montrant les villes britanniques dévastées durant le Blitz, de même que les représentations des Allemands comme des sauvages ralliaient aussi l’opinion publique du côté des Alliés, tout particulièrement après la défaite de la France.

Le programme du Prêt-Bail fut ralenti progressivement après la capitulation de l'Allemagne et clôturé après la capitulation du Japon en août 1945..

5Le CCI  s'est un peu trop laissé abusé par les analyses journalistiques : « Derrière ce lâchage par les États-Unis de l'Ukraine se jouent la rupture avec l'Europe et le rapprochement avec la Russie, rien de moins. C'est la structuration du monde depuis 1945 qui, après avoir été remodelée en 1990, est train d'être balayée ».