"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

vendredi 28 juin 2024

LA MYTHOLOGIE ANTIFASCISTE ET UNE CAMPAGNE RIDICULE

 


 Pour souligner la ridicule hystérie des gauches bourgeoises et petites-bourgeoises, il suffit de citer cet édito de Libération :

« Laisser l’extrême droite gagner, c’est ouvrir un boulevard à la haine de l’autre. Une victoire du RN entraînerait non une simple alternance, mais une bascule xénophobe propice à la libération d’un racisme toujours plus décomplexé qui n’a rien à voir avec l’identité de la France. Tracer un signe égal entre «les extrêmes» est une faute morale et historique. Eux, on ne les a jamais essayés. Et après tout Marine Le Pen n’est pas son père». A écouter certains commentateurs ou acteurs de la vie politique, une victoire de l’extrême droite aux législatives serait presque une banale alternance. Ils marchent sur la tête ! Si Jordan Bardella devait accéder à Matignon, voilà qui constituerait une bascule xénophobe sans précédent dans l’histoire de la Ve République. Il est urgent d’en prendre la mesure en remisant les indignes discours qui placent un signe égal entre «les extrêmes», cynique confusionnisme qui risque d’aboutir à la pire des options1. »

 La haine toutes les cliques gauchistes s'en sont fait une spécialité. Ce genre de sentiment est le plus propice pour empêcher de penser politique. Puisque leurs arguments antifascistes sont élimés et sentent le rance de l'époque de tonton menteur, on va instiller la peur comme Néron Macron une semaine plus tôt. Mais ce n'est qu'une peur superficielle, électoraliste.

Je répète, comme je l'ai écrit dans mon article précédent : Pourquoi ont-ils manifesté les bobos étudiants et syndicalistes des grandes villes ? Contre un fascisme inexistant ? Contre Macron, (qui) use de la stratégie de la peur ! Mais bien contre un résultat électoral  « démocratique » qui les gêne ! Les fachos c’est donc la gauche caviar et bobo !

Certes, la création de peurs fictives favorise le déplacement de l’attention sur la manipulation médiatique - tout en étant partie prenante, les médias dominant sont en général de gauche – en désignant le danger immédiat d'une accession au pouvoir du « fascisme » dont la plupart ne connaissent ni les causes ni sa nature capitaliste. La stigmatisation et l' incrimination de l'éternel « front national » combattu par la clique hétéroclite d'un ridicule « front gauchiste » permettent de détourner des vrais problèmes sociaux internes qui concernent surtout la classe ouvrière et de justifier cet éducationnisme antifa qui a pour but d'annihiler toute conscience de classe, allié à un mépris total des électeurs, surtout ouvriers sans diplôme... En gros le fond de la pensée bourgeoise classique :  « élection démocratique = piège à cons »(graffiti d'un gauchiste en 68 devenu bourgeois). Ruse de l'histoire, ce sont les élections bourgeoises qui sont piégées comme des cons.

Pour une fois, une élection législative révèle que des millions peuvent dire merde à tous les partis en


mépris total de leurs dépenser faramineuses d'affiches, de conférences et autre publicités2. Même le CCI qui, avec un grand retard sur l'événement, publie un article pas trop mauvais sur le « choc électoral » n'arrive pas à prendre en compte qu'une grande partie de la classe ouvrière puisse avoir voté Bardella (= purisme ouvriériste) , tentant de se consoler en montrant du doigt l'abstention en effet toujours massive3. Mais désolé du paradoxe, le vote ouvrier pour le RN a été mis en évidence depuis longtemps et pas seulement par les sociologues : désindustrialisaion, chômage régional, poids de l'immigration et des faits divers qui y sont liés, mépris politique de toutes les sectes « radicales » et bruyantes ; n'importe quel individu qui réfléchit un peu peut le constater. Le CCI essaie de surmonter le truc car la classe ouvrière ce n'est pas seulement les ouvriers, il y ajoute les étudiants et les cadres... Oui les employés de bureaux et diplômés en informatique en font partie mais, hélas pour l'instant, ils constituent ces fameuses « couches moyennes » qui bandent plus pour Mélenchon et les autres comiques de la gauche disparue, qui chantent derrière le « barrage antifasciste ». Vous les insultez si vous dites qu'ils sont aussi des prolétaires. Ces braves « citoyens du monde » veulent accueillir toute la misère du monde à condition qu'elle ne vienne pas souiller leur quartier ; le CCI reste sur la position gauchiste et étatique qu'il faut accueillir tout le monde...par internationalisme utopique, méprisant toutes les appréhensions, souvent fondée de toute la classe ouvrière et l'aspect décomposition (invasion progressive, perte d'identité nationale comme de classe) dont il est pourtant le héraut4. ET raison pour laquelle le vote, si méprisé car « populiste » reste un vote protestataire plus grave pour le système que ce qu'il signifiait antérieurement, il ne faut pas avoir peur de dire qu'il manifeste un ras le bol des leçons de morale antifas et arrogante des gandins d'une petite bourgeoisie hystérique. La plupart des électeurs du RN savent que celui-ci est aussi incompétent voire plus encore que les autres factions bourgeoises et ne se font pas d'illusions (tous les jours le système décrit la pauvreté de leur clique politique avec le petit chauve de Nice. Je pense même qu'au fond il ne nous reste pour l'instant que le pouvoir de mettre le bordel ; ce qui est attribué exclusivement aux compétiteurs de la gauche bobo, alors que, rêvant du pouvoir, ils aimeraient eux REMETTRE L'ORDRE.

Question : les appelle-t-on à s'insurger, à faire une grève générale contre de si terribles nazis en gestation ? Non on leur assène, méprisables votants, à la soumission électorale en votant, comme au temps lumineux du stalinisme, à voter pour UN seul parti : celui de l'ordre actuel, de Macron à Poutou et incluant le petit Mélenchon : un ordre hypocrite et exploiteur qui doit s'opposer au « fâchisme » réincarné par un type quelconque en cravate et qui joint les mains comme s'il faisait sa prière à chaque discours.

Troisième aspect négligé par le plus grand groupe révolutionnaire du monde, mais le plus petit, la question de la guerre au cœur du vote des « fachos » populistes. Toute la gauche antifa de Mélenchon à Glucksmann a appelé et appelle encore à renforcer la guerre en Ukraine, voire à Gaza pour une partie de ces clowns. Croyez-vous que ces « abrutis d'électeurs populistes » n'ont pas intégré cette forfaiture dans leur choix contestataire et contestable par la bien-pensance du CCI et de la gauche bourgeoise ?

Enfin je pense, depuis le début, même si des fractions de la bourgeoisie financière et les amis de Goldman and Sachs pleurnichent, si la bourgeoisie européenne tremble, si les syndicats d'Etat promettent le grand soir, la bourgeoisie se résoudra à traiter avec les « incapables » comme en Italie (pays d'origine du migrant Bardella):

« L’union de la gauche était une évidence avec l’addition de valeurs et de l’intérêt : la lutte contre l’extrême droite et la capacité de se qualifier pour les seconds tours. Il est stupéfiant que cela n’ait pas été anticipé. Néanmoins, la gauche n’a pas réuni les conditions d’une victoire, en présentant un programme maximaliste sur le plan fiscal, radical sur les institutions et éloigné de son ancrage proeuropéen. Ce Front est bien peu populaire puisque seulement un ouvrier sur cinq s’apprête à lui donner son suffrage - soit le score le plus bas de toute l’histoire de la gauche. En outre, il s’est laissé enfermer dans la querelle du premier ministre attisée par Jean-Luc Mélenchon. L’objectif final semble se limiter à devenir la principale force d’opposition face à un RN victorieux pour s’installer ensuite comme la force d’alternance »5. Jérôme Jaffré

 



LA MYTHOLOGIE ANTIFASCISTE


par Lucien Laugier (1969?)

 

 Le texte qui suit vient démontrer mieux que j'ai tenté moi-même de le faire dans mes articles successifs et dans le sens de tous les bons articles du CCI sur cette mythologie prégnante, enseignée dès la maternelle par anciens déportés lyophilisés, Thuram père et fils, et tous les profs islamo-gauchistes. Laugier, sorti de l'oubli par le chercheur Français Langlet au début des années 2000 est probablement la plus belle plume du maximalisme moderne mais qui reste ignoré, sauf par l'immense travail de collecte de Philippe Bourrinet dans le Maîtron et avec ses nombreuses contributions sur l'histoire du véritable mouvement révolutionnaire (-même s'il est haï par le CCI) Ami et correspondant avec Bordiga, il fût avec Suzanne Voute, une des meilleures plumes du courant bordiguiste des fifties dont il reste le meilleur testamentaire. Son œuvre devrait être un jour publiée dans son intégralité. Il est intéressant aussi de constater l'évolution de l'auteur militant anonyme au mémorialiste qui utilise le « je » ; mue qui permet de se distancier du langage froid, souvent désincarné et déshydraté du rédacteur fonctionnaire d'organisation répétitif et lourdingue. Liberté d'écrire comme un historien, mais pas du tout impartial, sans le lourd fardeau de la « représentation organisationnelle » jamais tout à fait honnête car propagandiste avant tout.

En 2003 je lui ai consacré un ouvrage : « La critique de Socialisme ou Barbarie » (qui fût appréciée (celle de Laugier) par un des piliers de SouB, Signorelli). L'ouvrage peut être consulté à la BNF, comme tous mes livres, mais aussi à la Bibliothèque du mouvement ouvrier à Amsterdam. Tout lecteur peut me demander l'envoi du fichier. Bonne lecture après cette ridicule campagne électorale basée, pour tous les partis, y compris le RN « dédiabolisé » sur les mensonges récurrents à propos de l'antifascisme, de la résistance nationaliste et de notre « libération » par les impérialismes américain et russe.



 

« Je ne veux retracer ici que le tableau des événements qui  encadrent directement la situation historique au sein de laquelle  naquirent et balbutièrent les premiers groupes appelés à devenir, après diverses péripéties, le PCI (Parti Communiste International), des années 50. Je pense qu’il n’est pas possible, et si l’on veut brosser ce tableau avec un minimum de sérieux, de ne pas remonter au moins jusqu’aux prémisses les plus évidents de la guerre ; je veux parler de ce grand « tournant politique » de 1935-36 dont j’ai déjà donné un premier aperçu sous l’éclairage de mes seules impressions personnelles.

En réalité, dès qu’on se mêle d’établir des liens de cause à effet dans des bouleversements d’une telle complexité, on ne sait jamais où on doit s’arrêter de remonter pour leur fixer un arbitraire « début ». Pas seulement et pas simplement comme l’affirme stupidement la mythologie antifasciste, en raison des intentions belliqueuses, insolemment affichées, à l’appui d’une ahurissante théorie raciale, par le nouveau maître que l’Allemagne avait unanimement promu au titre de champion de sa revanche ; mais bien plutôt parce que son avènement enterrait définitivement l’espoir placé dans la révolution communiste mondiale comme seul moyen d’éviter un nouveau conflit. Avec la neutralisation du prolétariat le plus nombreux et le mieux organisé de l’Europe, s’écroulait la clef de voute de la perspective échafaudée par Lénine et tous les révolutionnaires des années 30. Cet élargissement à l’Ouest du pouvoir prolétarien qui, seul, pouvait sauver et garantir ce précaire début qu’avait été l’insurrection victorieuse d’Octobre 1917.

Pourtant on comprend bien que la date de 1933, comme point de départ de la sinistre épopée, reste passablement conventionnelle. Une foule d’événements importants dans l’Allemagne et dans le monde avait précédé et déterminé la venue au pouvoir d’Hitler, cette année-là. Une exposition rigoureuse de cette phase historique devrait donc en faire remonter l’origine à l’échec de Spartakus en 1919, retracer les saccades de la répression qui, sous le règne « démocratique » de la République de Weimar, décimèrent et démoralisèrent les fractions les plus radicales et les plus courageuses de la classe ouvrière allemande, et surtout exposer sans faiblesse  les responsabilités dans cette situation d’une Internationale communiste qui, progressivement, ne découvrit à ces errements d’autre solution que l’obéissance la plus servile aux impératifs cyniques, exclusivement nationaux et foncièrement contre-révolutionnaires de l’Etat russe.

Mais en me réservant d’aborder ces sujets en d’autres parties de cette « chronique », je ne m’écarte cependant pas de la réalité objective, dans la manière arbitraire dont je limite dans le passé, les antécédents de la Seconde Guerre mondiale. J’y englobe intégralement, en effet, les événements qui rendirent visible et irréversible l’état de fait créé par le processus dont j’ai ébauché quelques lignes au paragraphe ci-dessus. A tout un chacun, parmi les militants révolutionnaires d’avant-garde (et si l’on fait exception pour quelques-uns d’entre eux, alors tout à fait inconnus) c’est le fameux « tournant » dont il est question plus haut qui, le premier, ouvrit les yeux sur l’involution de la IIIe Internationale et sur ce qu’on a appelé par la suite « la dégénérescence de la révolution russe ».

Prendre comme point de repère les faits qui débutent avec le « Front commun », c’est donc épouser rigoureusement les grands contours du processus de révélation  qui, d’autres circonstances aidant (hélas, elles firent défaut !) aurait pu dès lors éclairer au moins les esprits les plus clairvoyants, sur la série des mystifications et des impostures à l’ombre desquelles peut se perpétrer le plus grand carnage des temps contemporains.

C’est donc dans la formation, l’avènement et la gestion du Front Populaire qu’on peut identifier la première grande manœuvre politique apparente qui fît converger dans la plus intense des préparations du Second conflit mondial, tous les heurts politiques et sociaux de la situation contradictoire de cette veille de guerre. L’URSS qui jusque là soutenait les vaincus de la paix de Versailles – ouvertement par sa diplomatie à Genève, en faveur du « désarmement » et secrètement par la collaboration technique entre l’armée rouge et la Reichswehr, renversa brutalement ses batteries « démocratiques » ; signant à Moscou le pacte franco-russe avec Laval, il déclara approuver la France dans sa volonté de « maintenir une armée à la hauteur de ses responsabilités internationales ». C’était signifier à l’improviste au PCF qu’il devait lui aussi bouleverser sa stratégie politique. Le parti de Thorez obtempéra : engagé à fond dans l’antimilitarisme et l’agitation sociale, il devint du jour au lendemain le champion de la « défense nationale » et l’artisan le plus virulent de la nouvelle union sacrée aux côtés des radicaux bourgeois et des « social-traîtres », ennemis de la veille. La grande vague de grèves consécutives à la victoire électorale de cette coalition fut intégralement captée par ce tournant. Non seulement le PCF signifia aux travailleurs qu’il faut « savoir terminer une grève » et effectuer des heures supplémentaires pour la défense nationale, mais il retourna totalement et sans difficulté, l’état d’esprit des masses, jusque là plutôt frondeur à l’égard des « valeurs patriotiques ». Doublée du prétexte politico-social de l’antifascisme, l’invocation stalinienne de « l’ennemi héréditaire » d’Outre-Rhin, trouva auprès des ouvriers, le même écho forcené qu’elle ne rencontrait, quelques mois auparavant, qu’auprès des royalistes et nationalistes d’extrême droite. Aucune condition subjective ne faisait dès lors défaut pour que soit tentée la seule solution possible de la crise latente du capitalisme. De son côté, l’Allemagne, en proie à l’hystérique obsession de la recherche de son « espace vital », était sur pied de guerre depuis plusieurs années, à la suite de la défaite sans combat du prolétariat allemand devant Hitler.

Il s’agissait bien d’un revirement mondial. En Extrême Orient, depuis 1931, l’impérialisme japonais investissait la Mandchourie, prélude à l’éphémère domination nippone sur une grande partie du continent asiatique  après la destruction de la flotte de guerre américaine à Pearl Harbour. Aux USA le New Deal, d’abord destiné à tirer ble capital yankee des séquelles de la grande crise de 1929-33, ne pouvait déboucher que sur la perspective qui faisait de l’économie américaine « l’arsenal des démocraties » en vue du gigantesque conflit en gestation. Quant à l’URSS, comme le déclarait un rapport secret de Dimitrov, elle s’attachait – non pas à préparer la  révolution mondiale à travers la défaite escomptée du fascisme, ainsi que le croyaient ses naïfs adeptes occidentaux – mais à détourner vers l’Ouest l’expansionnisme nazi. Que sous cet aspect la manœuvre dût échouer – quand l’Allemagne facile vainqueur de la France, lança ses panzers dans les plaines russes, cela n’ôtait rien à l’efficacité de la mise en place des conditions idéologiques, politiques et militaires exigées par la Seconde Guerre impérialiste mondiale.

Avant la fatale échéance de septembre 1939, , l’éclatement de la guerre d’Espagne sembla interrompre le processus en direction du conflit mondial ; en réalité, il en fît mûrir l’éclosion. En juillet 1936, la classe ouvrière espagnole, seule capable de résister au putsch militaire de Franco, détruisit durant une brève période le pouvoir direct et procéda à d’audacieuses atteintes à la propriété privée des moyens de production : on y vît alors, dans l’optique des groupes révolutionnaires de l’époque, des mesures économiques plus radicalement socialistes que celles qu’auraient pris les bolcheviques en 1917. Ces épisodes tournèrent court, et les « conquêtes » ainsi réalisées rétrogradèrent bien vite devant ce qui prenait l’allure d’une longue guerre d’usure. Tout concourait d’ailleurs à orienter la « révolution espagnole » non pas dans une perspective prolétarienne, mais vers le signe, désormais historique  et international, de défense de la démocratie contre le fascisme. Sur le plan idéologique comme sur le plan politique, toutes les forces vives du mouvement étaient acquises à ce mot d’ordre ; même les traditionnels ennemis de l’Etat, les anarchistes, tout puissants en Catalogne, envoyèrent quelques-uns des leurs pour être des ministres de la généralité ! Tout comme eux – outre naturellement les socialistes et les « communistes » patronnés par Moscou – les trotskystes du POUM et les syndicalistes de la CNT subordonnèrent leur objectif révolutionnaire « final » à l’objectif immédiat du sauvetage de la République ; dans ce but ils renoncèrent à leurs armes propres : leur indépendance de parti, l’autonomie de leurs milices. En récompense, on sut les expédier sur les fronts les plus meurtriers et taire leurs critiques au nom de « l’unité et la discipline contre Franco ». 

La voie était donc rapidement devenue libre pour toutes les influences qui visaient bien davantage que la « lutte contre le fascisme », la consolidation d’intérêts absolument étrangers à ceux du prolétariat espagnol. Face à la présence militaire ouvertement affichée des Italiens et des Allemands qui soutenaient les troupes de Franco par l’action de leurs fantassins et de leurs tanks, en même temps que le bombardement sauvage de villes entières, la politique d’autruche de « non-intervention » permettait aux gouvernements de Londres et de Paris de s’en tenir à de belles paroles, sans risquer’ la rupture diplomatique avec Berlin et Rome. Quant à « l’aide » russe, parcimonieusement consentie, elle servait à Moscou de monnaie d’échange en vue d’obtenir pour ; le PC espagnol, minoritaire et peu suivi des ouvriers, une place au pouvoir totalement disproportionnée à son influence réelle. Dans ce but, les staliniens étaient prêts à n’importe quelle concession. Ils parvinrent donc à rallier au gouvernement Negrin les couches les plus rétrogrades de la bourgeoisie « républicaine » ; mais en résiliant, pour leur être agréable, les mesures initiales du mouvement révolutionnaire – notamment l’expropriation des grandes propriétés ; ils rendirent la paysannerie totalement indifférente au sort de la république. (…)

La lutte armée contre Franco se poursuivit pendant plus de trente mois, impitoyable, avec des pertes énormes. Mais elle devenait de plus en plus le champ clos où s’exprimaient les techniques militaires  de la guerre mondiale proche, et où s’en forgeait pratiquement l’idéologie, grâce à un retournement littéral de la fameuse formule de Lénine sur la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile révolutionnaire. Quelques mois, en effet, après la chute de Barcelone dans les mains des franquistes, le second conflit mondial débutait officiellement.

La guerre d’Espagne fut l’événement le plus favorable au succès de la mystification idéologique qui prît le nom d’antifascisme parce que, dans le cours des événements, et à la différence de la plupart des cas où ce mot d’ordre fut invoqué, le fascisme y était effectivement représenté par une force et une action réelle. Il semblait bien évident que la classe ouvrière en Espagne, pour éviter une réaction sanglante, ne pouvait faire autrement qu’appeler à l’aide toutes les « bonnes volontés » politiques, que solliciter l’appui tout désigné des gouvernements qui se déclaraient attachés à la « démocratie ».

Là, réside toute la tragédie du prolétariat espagnol : toute cette aide était pourrie, trompeuse, et ceux qui en tiraient les ficelles étaient prêts à sacrifier ce prolétariat à tous les marchandages. Parmi ces soutiens, on ne sait lesquels méritaient le moins la confiance . Les partis qui représentaient la fraction républicaine de la bourgeoisie avaient littéralement permis à Franco, dont les intentions ne faisaient mystère pour personne, de regrouper ses forces militaires au Maroc en vue du putsch. Les socialistes appelés à siéger au gouvernement de  la République, étaient exactement les mêmes que ceux qui, lors d’un passage précédent au pouvoir, avaient brutalement réprimé la grève des Asturies. Le gouvernement de Blum, auquel les ouvriers parisiens réclamaient sur l’air  des lampions « des avions et des canons pour l’Espagne » était occupé à ce moment précis à reprendre à ces mêmes ouvriers les « grandes c conquêtes » de juin 36 ; il avait même décrété « la pause » pour rétablir la paix sociale, avant de capituler de vant le parlementaire « mur de l’argent ». Quant à Staline, qui exactement à la même époque, exterminait la vieille garde bolchevique et, en vue de séduire les « grandes démocraties capitalistes, faisait sauter la tête des derniers héros d’Octobre 17, son grand souci – nous l’avons vu plus haut par la déclaration de Dimitrov – était de détourner vers l’Ouest les buts de guerre de Hitler.

Naturellement, tout cela était ignoré ou nié par les hommes de gauche, et seulement partiellement et partialement révélé par l’anticommunisme de la droite. Dans ce que j’en ai dit, je m’inspire d’une étude de Vercesi dans « Bilan ».  Cette revue, publiée en Belgique de 1936 à 1939 par d’ex-trotskystes ralliés au « bordighisme » exposait à l’époque la situation sans issue du mouvement ouvrier en Espagne ; dans ce pays aux structures archaïques, où la bourgeoisie n’a jamais pu tenter la moindre réforme, « sans être prise immédiatement à la gorge par le prolétariat », l’heure des bouleversements révolutionnaires, juste au moment où l’œuvre d’Octobre 17  agonisait sous les coups de la contre-révolution stalinienne et, de tous côtés, on fourbissait les armes du second conflit mondial.

Mais en 1937, une telle littérature était totalement inconnue du public. Moi-même, je ne la découvris que dix ans plus tard : comme on l’a vu dans mon « prologue », ma réaction à la politique des « antifascistes » à l’égard de l’Espagne, était surtout intuitive, et j’y reniflais une forte odeur de traquenard. Aujourd’hui encore l’obscurité est toujours aussi épaisse autour de cette tragédie ; hormis les opuscules, de tradition anarchiste ou autre, et dont la diffusion ne peut dépasser le cercle d’une minorité d’initiés, seuls deux ou trois ouvrages objectifs et documentés se sont efforcés de soulever le voile, sans provoquer grand remue-ménage des esprits6

 Barcelone se rendit à Franco en janvier 1939. C'était le dernier point d'appui des républicains dont les troupes refluaient vers les Pyrénées, accompagnées de civils, de femmes et d'enfants. Sur cet abandon sans combat de la capitale de la Catalogne, planit l'ombre suspecte de l'entrevue de la veille à Rome entre le gouvernement anglais et celui du Duce. Quoiqu'il en soit, ce fût le signal de la fin.

 (…) Déjà, à la suite des virages politiques du stalinisme et des spéculations idéologiques derrière lesquelles il en dissimulait les sordides mobiles, l'internationalisme, la solidarité mondiale des travailleurs n'étaient plus que des figures de style utilisées selon les besoins de la cause. Du moins pouvait-on croire à l'existence, dans la psychologie sociale d'un fonds humanitaire dont on trouvait par exemple la trace dans le fait que l'opinion ouvrière se refusait à rendre le peuple allemand responsable des crimes d'Hitler. Mais on devinait déjà qu'il viendrait un moment, une fois la violence déchaînée avec l'incommensurable quantité d'horreur dont elle était prometteuse, que cet antifascisme encore humain céderait la place à la haine la plus aveugle et à la vindicte la plus impitoyable. On sentait bien dès cette époque, que tous les sentiments et principes qui s'étaient mobilisés contre la guerre en 1914-18, presque en son début, et qui s'étaient poursuivis, amplifiés sur sa fin, ne ressusciteraient pas pour s'opposer à celle qui commençait en 1939, ni la veille, ni pendant, ni surtout après.

(…) Mon grief à leur égard (toutes les fractions de l'extrême gauche) tient plutôt en ceci : s'ils n'avaient pas adhéré de cœur à la Résistance, qui ne fût que l'ancrage en profondeur du conflit impérialiste, ils n'eussent pas été muselés idéologiquement lorsqu'il redevint possible, la guerre finie, de démasquer le véritable contenu de l'antifascisme. Hitler éliminé, l'Allemagne à genoux, d'immenses ravages matériels ouvrant les plus belles perspectives de reconstruction, la manœuvre du capital mon dial appuyé à fond par le stalinisme, consistait à faire du prolétariat allemand le bouc émissaire de la totalité des horreurs de la guerre, afin que, en son centre crucial, le système ne courut pas le risque d'être contesté ; car, même si la bourgeoisie internationale ne craignait pas que sa guerre se termine, comme la fois précédente par la révolution, il est certain qu'elle n'en avait pas oublié l'avertissement »7.



 

 


 NOTES


1Le billet de Jonathan Bouchet-Petersen

2Du jamais vu qui est hors de la vue des vieux abstentionnistes stratosphériques : les Français (et les prolétaires) ne se montrent plus tellement enclins à respecter les «consignes de vote» édictées par les partis politiques ou par les personnalités publiques. Plus d’un sondé sur deux (51%) annonce ainsi qu’il ne tiendra pas compte de quelque appel que ce soit.

4Même aveuglement que l'islamo-gauchisme par le CCI qui, du haut de sa stratosphère, en reste à une vision oecuménique de la classe ouvrière, hors sol, alors que des prolétaires arabes votent RN pour les mêmes raisons que leurs camarades français : « Au-delà du «clientélisme», Zineb* «en a marre d’être constamment assignée» à la gauche. Elle se rappelle d’une distribution de tracts dans sa ville, où un militant LFI lui avait dit que le parti «(la) défendrait coûte que coûte, car les musulmans sont discriminés». Or, Zineb n’est pas musulmane. «Pour la gauche “bienveillante”, qui veut défendre les minorités, un Français d’origine maghrébine est forcément musulman. Et s’il ne vote pas pour elle, c’est qu’il est stupide et qu’il ne sait pas ce qui est le mieux pour lui. Les islamistes ont le même mode de pensée, puisqu’une Maghrébine doit forcément être musulmane et voilée, selon eux.»«Je ne pense pas que le RN a réponse à tout...», souffle Leïla. «Mon vote RN n’est pas un vote d’adhésion totale, mais un symbole», avance de son côté Aida*, trentenaire d’origine tunisienne, non-musulmane. Un positionnement qui s’explique par deux agressions verbales commises par des musulmans radicaux, pendant le ramadan, alors qu'elle mangeait à la terrasse d'un café un midi, et un sandwich dans la rue un autre. «Je vis depuis plusieurs années dans un quartier très musulman, et depuis je rase les murs», reprend Myriam. «Un jour, ma fille est venue me rendre visite avec une de ses amies marocaine. Sa copine portait un haut assez sexy et, dans le bus, une femme voilée l’a insultée et l’a traitée de mécréante!». «La gauche ne dit pas qu'on se fait insulter de mécréante quand on met un décolleté!», clame également Aida. (in Le Figaro)

5En Italie, Giorgia Meloni a réussi à apprivoiser les milieux économiques avec quelques gages : l’adhésion à l’Union européenne et à l’Otan, et la construction d’une relation de confiance avec son prédécesseur et ancien patron de la Banque centrale européenne Mario Draghi. Aux États-Unis, en 2016, Donald Trump avait eu à ses côtés comme secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, un ancien de Goldman Sachs (comme Draghi d’ailleurs). «Marine Le Pen et Jordan Bardella ont pleinement conscience que les troupes historiques du Rassemblement national ne constituent pas un vivier suffisant pour un gouvernement», confie un proche, qui prédit un gouvernement composé pour un tiers de troupes du parti, pour un autre tiers de politiques ralliés, et pour un dernier de personnalités de la société civile.

6Laugier fait sans doute allusion pour l'époque à « Catalogne libertaire » de Georges Orwell et aux travaux de Broué. En 2006 j'ai publié « Espagne 1937, une guerre qui ne voulait pas dire son nom (ed du pavé 300 pages), sans aucune réaction....

7Ce texte si lucide et explicatif fait partie de centaines de pages écrites au début des années 1970 par Lucien Laugier, il s'intitule « La guerre et ses antécédents » (10 pages) d'une œuvre qui en comporte des centaines d'une capacité d 'analyse marxiste épatante et d'une écriture rarement égalée dans le milieu révolutionnaire depuis centa ans. Laugier est la quintessence de ce qui pouvait sortir de mieux du bordiguisme qui, pour l'essentiel s'est effondré juste après mai 68. Laugier au milieu des années 1970, qui avait croisé Marc Chirik en 1945, s'était vraiment rapproché des positions de RI futur CCI, et souhaitait entrer en contact mais la mort l'a emporté avant. Evidemment j'aimerais que le CCI publie en entier ce texte dans sa revue internationale. Qui sait ?

mardi 25 juin 2024

LA GAUCHE ISLAMO-FASCISTE A L'OEUVRE



Franchement on a de plus en plus envie de voter Bardella au milieu de toute cette hystérie antifa de salon des médias en service, des cliques de la gauche bourgeoise et bobo qui prétendent « nous expliquer" ce fascisme qui nous menacerait, avec à la piteuse rescousse chanteurs bêlant et pitres écrivains. Si je n'étais pas ancré dans ma conviction que les élections démocratiques bourgeoises restent une fumisterie qui se moque du peuple et du prolétariat, en rendant impossible tout contrôle de ces élus arrivistes, oui, par provocation j'irais glisser un bulletin Bardella dans l'urne fallacieuse.

FASCISME DEFINITION :le vrai fascisme a trouvé dans les circonstances économiques et historiques de l'après-Première Guerre mondiale le contexte qui lui a permis d'accéder au pouvoir, d'abord en Italie dans les années 1920 avec Mussolini, puis s en Allemagne dans les années 1930 , matérialisant de façon terroriste et sans vergogne la nécessité pour la bourgeoisie mondiale de recommencer la guerre mondiale là où elle avait été stoppée principalement par le prolétariat allemand et russe.

Depuis sa disparition en 1945, et avec quelques dictatures qui persistèrent dans des pays secondaires,en Espagne, Argentine, Grèce, le fascisme généraliste s'est peu à peu estompé pour ne plus devenir qu'une injure des décennies plus tard. Paradoxalement, bien qu'au début de 1968 la dénonciation du fascisme soit encore présente - en milieu étudiant, mais sans véritable objet (De Gaulle était tout sauf un fasciste), et chez les ouvriers où j'entendis souvent les vieux d'avant ma génération traiter les petits chefs de fascistes (ce qui n'était pas exagéré pour ceux qui avaient été officiers pendant la guerre d'Algérie) – ce danger finit par apparaître comme un danger imaginaire et être remplacé par une catastrophe réelle du point de vue de classe : la pérennité du capitalisme.

Dans le cas français, il faut reconnaître que la menace d'un retour ou du triomphe du fascisme fut utilisée encore un moment, avec un succès désarmant, pour porter ou pouvoir successivement des hâbleurs professionnels comme Mitterrand et Chirac. Je n'épiloguerai pas ici sur les diverses couches petites bourgeoises militantes et syndicales qui ont entretenu « la flamme antifa ». Objets de ce qualificatif la droite et l'extrême droite, laquelle est devenue elle-même « un fascisme »...alambiqué en 2024, si l'on en croit Mélenchon le guru.

En ces temps antiques, être de gauche signifiait donc voter « contre la droite bourgeoise » et ses « ministres fascistes ». Dans l'imaginaire des sergents recruteurs gauchistes de l'époque, déjà, voter à gauche n'était pas lutter contre le capitalisme mais empêcher le fascisme de revenir au pouvoir. Singulière amnésie.

On a fait l'impasse jusqu'à nos jours sur ce qu'ont été fascisme et nazisme à leurs débuts, deux courants qui pouvaient passer pour rivaux d'une gauche révolutionnaire. LPremière Guerre mondiale avait été tout à fait essentielle dans la formation de l'idéologie fasciste : c'est la gauche socialiste puis ses révolutionnaires spartakistes qui avaient été désignés comme responsables de la défaite nationale, sachant que de nombreux juifs étaient à la tête des partis socialistes. Dans ce sens le national-socialisme n'est même pas la contre-révolution qui, elle, est avant tout la répression par gouvernement démocratique (et socialiste) de Weimar des insurrections prolétariennes Le fascisme, surtout dans sa quintessence allemande, est une révolte non pas internationaliste mais nationale, dont la subtilité est de se nommer « national-socialisme » tout en étant totalement au service du grand capital. .

Dans le livre « La gauche national-socialiste (1925-1930) de Reinhard Kühnl, que j'ai fait traduire et dont j'ai publié quelques bonnes feuilles, la description des linéaments du parti nazi correspond bien plutôt à ceux du programme de la clique à Mélenchon, où le migrant a remplacé la race (blanche teutonne devenue inférieure) tout en se recentrant sur une autre, néo-colonisée, niant toute classe ouvrière comme le nazisme. Simple miroir déformant du chauvinisme du RN, LFI prône un nationalisme immigré, multi-racial, donc aussi au service de la classe bourgeoise avec sa fraction plus anti-européenne que le RN..

« C’est pourquoi le NSDAP, en dehors de la situation spécifique de la Bavière, avant l’éclatement de la crise, ne pouvait espérer des succès qu’au moyen de l’accent explicite qu’il mettait sur une idéologie “anticapitaliste”, et non pas sur des manœuvres plus ou moins claires, et donc identifiables par ses membres et ses partisans, en faveur des classes sociales supérieures ainsi qu’elles correspondaient déjà à cette époque à la stratégie d’Adolf Hitler et du cercle dirigeant munichois.

« Certes, la guerre leur avait fait prendre conscience du déclin de la société bourgeoise et de la nécessité de mesures de planification, et pourtant « la distance naturelle entre deux groupes humains, celui des entrepreneurs et celui des travailleurs » constituait le point de départ indubitable de leurs réflexions. Leur “socialisme” équivalait pour l’essentiel au nationalisme ».

On peut trouver des formulations du même type dans le programme populiste mélenchonien, cet anti-capitalisme de pacotille démagogique : « ...contre les libéraux et l'extrême droite, rendre le pouvoir au peuple (?), faire payer les riches (?), ceux qui polluent et se gavent (?), planifier la bifurcation écologique grand défi de notre siècle » Sans oublier l'incitation, pour ne pas dire l'ordre de voter pour leur secte politique :

« Par vos votes, vous pouvez déjà dire « non » à Macron et à Le Pen. Vous pouvez mettre un coup d’arrêt aux politiques destructrices mises en œuvre par la Commission européenne, soutenue par la droite, les macronistes, et les socialistes européens ! Les député·es insoumis·es que vous enverrez au Parlement européen par vos voix auront pour premières tâches de bousculer les institutions pour ouvrir la voie, lancer l’alerte, bloquer la Commission européenne et arracher des avancées pour les peuples (?), pour la planète, pour la paix (??). Donnez-nous la force de tout changer ! « .

Hélas, le guru trotskien bâtard Mélenchon a remplacé les « fachos du FHaine » dans le rôle de l’épouvantail de la vie politique. Désormais, les chefaillons du RN s’offrent le luxe de retourner contre le leader de LFI le discours qui les a ciblés durant des années. Ainsi, dans sa conférence de presse ce lundi, Bardella en a appelé au « rempart républicain » contre un camp, la gauche, « dangereux pour la paix civile, l’unité nationale et les finances publiques ». La faiblesse de la majorité sortante laissant envisager une prédominance des duels gauche cocue/-RN présentable.

LE TALON D'ACHILLE DE LA GAUCHE BOURGEOISE INSOUMISE : LA PREPARATION A LA GUERRE ET L'INTERDICTION DE PENSER AUX « BOUSEUX »

Comme le fascisme, la gauche mélenchonesque embrigade des groupes sociaux (jeunes bourgeois, féministes, syndicrates) et leur désigne le seul (?) véritable ennemi intérieur « le Front national », tiens donc et pas le prolétariat présumé devenu gentil mouton raciste, ni cet islamisme conquérant et abusif qui n'a rien à envier au fascisme. Plus que le jeune arriviste en cravate Bardella, la théâtralité dite insoumise promeut le culte du chef (quoique mise à mal par son ambition ridicule de devenir premier ministre et qui est contraint désormais d'en rabattre), rassemblements de foules de bobos, pétitions de vedettes de cinéma et de sportifs milliardaires, etc .1 La masse d'électeurs de toutes couches et âges, pas seulement des « bouseux » ouvriers sans diplômes se fiche des sondages et des leçons de morale des bourgeois bobo du front popu cocu.

Comme le fascisme, la gauche mélenchonienne, avec des nuances du guru qui invente la paix comme solution alors que, historiquement celui qui demande la paix mène à la guerre...pour avoir la paix. Le talon d'Achille a été le paltoquet Glucksmann, qui s'est plaint d'être persécuté comme juif dans l'espoir de damer le pion de manière perverse à « l'antisémite » Mélenchon, ce que pourtant celui-ci n'est pas.

Lors de la pub de la Nupes pendant le tour de piste fatal de l'élection européenne, le va-t-en guerre Glucksmannn avait obtenu silence et neutralité apparente du guru Mélenchon : « La seule manière de barrer la route au Rassemblement national, avait-t-il expliqué sur France Inter, le vendredi 14 juin. « Ça a été un rapport de force idéologique, cela a été dur. Mais nous avons obtenu un engagement extrêmement clair sur les livraisons d’armes à l'Ukraine, sur les frontières de l'Ukraine, sur le soutien indéfectible à la résistance ukrainienne ». Une ligne rouge militaire et territoriale, en somme, que les Insoumis ont bien dû accepter. » . Batifolage de naïf en politique !

Or la dénonciation de cette soumission militariste au général Macron avait été assumée, certes mollement, par...Bardella, lui-même dénoncé comme « ami de Poutine » pour mieux masquer l'engagement militariste de la gauche bourgeoise complice du général Macron..

Pas de pot. Les « ignorants » et « sans diplôme » de la périphérie campagnarde et des villes secondaires bouseuses ont bien perçu le sifflement des obus et le vol vibrionnant des drones. Les augmentations de salaire à gogo selon Mélenchon et ses groupies, personne n'y croit chez les « bouseux ».

L'imposant score du RN très parlant et troublant même toutes les fractions de la gauche bobo ! Car pour la Farce peu soumise au front popu cocu, comme dans l'idéologie fasciste, IL EST INTERDIT DE PENSER AUTREMENT que ce qu'on vous explique, contre quoi on vous met en garde oralement et psychologiquement, ce fascisme au coin de la rue qui va restreindre votre liberté de fumer des joints et de jouer au golf. C'est le suc de la dictature bourgeoise, comparable au mépris aristocratique des siècles passés.

Outre d'amplifier la bêtise insigne du locataire en voie d'expulsion de l'Elysée, il faut signaler le bon côté de la percée électorale du RN : Pas de pot pour le général Macron, le score imposant du RN au précédent tour de piste électoral, est venu compliquer la marche à la guerre en Ukraine et la préparation militariste outrancière du fou militarisant, affaiblissant du même coup la bourgeoisie française belliqueuse à l'international et prétendant rivaliser avec l'impérialisme US. Non content de ne pas avoir tiré les conclusions de cette première baffe électorale, et faisant tout pour recevoir la seconde, Jupiter croit pouvoir s'enfermer dans son château mais il n'aura ni les capacités ni la rouerie d'un Mitterrand. Il tentera probablement de recevoir une troisième baffe en refusant d'introniser le RN même si celui-ci dispose de la majorité absolue...2

Macron, via certains de ses larbins journaleux, voudrait laisser croire, dans son pari débile, à une hypothèse audacieuse : s'être attendu à une victoire du RN pour mieux le laisser se ridiculiser économiquement. Or il est vraiment mal placé pour faire la leçon avec le déficit abyssal de son Etat. Le RN a été, comme je l'ai souligné ci-dessus, le seul à dénoncer les dépenses militaires honteuses qui aggravent les déficits et appauvrissent la population. Sur ce plan, je vote Bardella mais pas les yeux fermés car ce parti est aussi va-t-en guerre si les intérêts de la bourgeoisie française sont menacés  et ne sera pas le dernier en cas de guerre mondialisée à se fondre dans une nouvelle « union nationale » (ce que prône en fait déjà son programme)..

Dans un débat télévisé, confrontant le vieil Attali et l'économiste qui battait sa femme plus fort que Quatennens, le nommé Thomas Picketty se permettait de traiter de haut Attali pourtant très correct lui. Picketty se prend pour l'actualisateur du Capital d'un certain Marx et comme gage de son omnipotence intellectuelle affichée il soutient les énormités pour raser gratis de la clique LFI. Programme stupide de bric et de broc que réfuta justement Attali :  dans une économie de guerre, comme est appelée à le devenir la nôtre, il faut travailler plus. Or, on est en faillite et il faut maîtriser les dépenses. Tous les partis en lice n'ont pas eu le temps de travailler à un programme sérieux. Ils se concurrencent mais pas un n'a de solution »3.

La flèche empoisonnée du talon d'Achille de la gauche bourgeoise en unité ric rac, est évidemment l'accusation à tout bout de champ de racisme au lieu d'une quelconque réponse politique. C'est le cas avec la question de la binationalité, question qui n'est ni anodine ni simple, ni raciste. Nullement question d'internationalisme avec ce thème, mais bien d'un bi-nationalisme contradictoire, relevant en haut lieu des risques d'espionnage. Dans les milieux ouvriers la question est mieux posée que par les journalistes simplistes . Exemples qui m'ont été rapporté :

  • toi, franco-tunisien, en cas de guerre quel camp choisis-tu de défendre ?

  • Mon pays la Tunisie !

  • Et toi, franco-israélien ?

  • Ma patrie Israël.

Ce sujet n'est pas franco-français et l'aborder ne peut justifier l'hystérisation anti-raciste des bobos du front popu dégarni. En matière de double nationalité, autorisation ne veut pas dire reconnaissance. Le problème est international, pas seulement français, ni inventé par un RN « raciste ».La majorité des pays autorisant la double nationalité, dont la France, ne la reconnaissent pas, c'est-à-dire qu'ils considèrent leurs citoyens comme possédant à un moment donné une seule nationalité. Concrètement, ceci signifie que quelqu'un résidant dans un tel pays en tant que national (faisant usage, par exemple de sa carte d'identité pour différentes formalités), est traité comme tel et ne peut se prévaloir de son autre nationalité pour bénéficier, par exemple, de mesures plus avantageuses réservées aux étrangers. (…) l'article 4 de la Conférence de La Haye de droit international privé … un État peut refuser la protection diplomatique à l'un de ses citoyens contre un autre État dont ce citoyen possède également la nationalité ». En Algérie la double nationalité est interdite pour l'exercice de certains mandats politiques, donc pour leurs franco-algériens. Un Français d'origine marocaine ne peut obtenir de carte de séjour dans le cadre d'une mission (par exemple un fonctionnaire français détaché) ou d'un travail au Maroc. Ce pays leur impose en effet une nationalité qui interdit de leur délivrer une carte de séjour et confère aux autorités locales un droit de regard sur la légalité .

En Belgique, l'irrationalité belge si souvent moquée, se confirme. depuis l'entrée en vigueur de la « Loi Gol » de 1984 et jusqu'à la modification de 2008, le Belge qui acquérait volontairement une autre nationalité perdait la belge. Puis le Belge ayant perdu sa nationalité ne récupère pas automatiquement la nationalité belge et doit passer par une procédure de réintégration par voie judiciaire. On passe finalement sous silence l'étrangeté de ce problème alors qu'il est central en période de guerre, pas de nature raciste, mais relève du domaine de l'espionnage en « période de pré-guerre » ou de guerre

UNE FAIBLE MARGE DE MANOEUVRE UNE FOIS AU POUVOIR

Toute la bourgeoisie européenne tremble avec ses milieux financiers, en craignant pour la bourgeoisie française, cachant le fait que la France n'est qu'un domino pouvant entraîner la chute de tous les autres. On peut même parodier la première phrase du Manifeste communiste :

« Un spectre hante l'Europe : le spectre de Bardella. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte Alliance pour traquer ce spectre : le Pape et le Tsar, Villepin et Macron, les radicaux du front popu cocu et les policiers de la Bourse »4. Toutes les pourritures "socialistes" de DSK à Cambadélis appellent à votre front popu cocu au deuxième tour cette masse d'électeurs "ordinaires" qui les emmerdent.

Une large majorité de la population des "basses classes" (hors couches moyennes bobos) ne peut être que d'accord avec la volonté de sécurisation au même titre que son opposition à entrer en guerre :

  Dans un premier temps, Bardella compterait faire adopter par le Parlement la levée « d’un certain nombre de contraintes qui se posent aujourd’hui à l’éloignement de personnes ayant fait l’objet d’une OQTF [obligation de quitter le territoire français] ». Parmi les mesures envisagées : « l’augmentation du délai de rétention dans les centres de rétention administrative, au maximum de ce qu’autorise l’Union européenne ». « On est limité aujourd’hui à 90 jours. Je souhaite étendre ce délai ».

·  S’il devient premier ministre5, le dirigeant dit vouloir aussi « convaincre le président de la République » d’organiser un référendum sur la base de l’article 11 de la Constitution afin de réviser la Loi fondamentale en vue « de rendre intouchables par des jurisprudences européennes ou internationales » les mesures de restriction de l’immigration prônées par le Rassemblement national, dont la suppression du droit du sol, la restriction du regroupement familial et la suspension des régularisations par les préfets des étrangers en situation irrégulière.

 Or, comme n'ont cessé de le répéter justement ses adversaires haineux, il sera contraint de se mélonisé. En outre la question de la sécurité n'est pas fondamentalement liée aux migrants (même si on compte aussi parmi eux des criminels, proportionnellement plus nombreux dans les villes confortables où réside les bobos). Le monde capitaliste actuel est gangrené par une violence tout azimut du fait de l'accumulation capitalise, du règne de l'argent roi, des inégalités honteuses, d'une répression inique souvent. Plus de policiers ou de prisons n'éliminera pas la faillite de l'institution scolaire ni la sanction des mères seules pour élever leurs enfants. C'est toute la société qu'il faut révolutionner sous l'autorité du prolétariat, pas imaginer que le RN mettrait du baume aux plaies sociales, ni qu'un bon capitalisme propre pourrait être sauvé par l'écologie bourgeoise ou les hausses de salaires du front popu cocu. Autre fait paradoxalement positif, la décomposition de la société en violences de faits divers et de bordel communautariste...empêche toute union nationale sacrificielle.

Le final de cette catastrophique élection législative vient révéler mieux que nos critiques marxistes de décennies de supercherie électorale bourgeoise : leur système électoral est un viol de la souveraineté du vague peuple mais surtout du prolétariat. Il y a du mépris féodal comme sous le fascisme historique chez les charlots du front popu cocu (cocufié par une majeure partie de la classe ouvrière". Comme pour le fascisme il n'y aurait qu'un seul choix dans les urnes : la gauche bourgeoise pour le maintien à peu près du régime à la Macron. Pire ce n'est pas au RN que sont destinées les injures mais à ses électeurs à qui on indique "ce qu'ils doivent voter", à qui "il faut expliquer le danger nazi à nos portes", faire comprendre que seul le front popu cocu peut raser gratis. Macron joue au désespéré, tellement sa dissolution est catastrophique et l'anéantit, et hurle au risque de guerre civile, écervelé va. Tout le monde s'attend à un chaos planifié par la gauche bourgeoise mélanchonesque et ubuesque, mais rien n'est assuré; ces ouvriers électeurs méprisés ne seront pas enclin à suivre des grèves idéologiques d'une faction bourgeoise qui aura perdu l'essentiel de son gagne-pain!

LA MISE A NU DE LA SUPERCHERIE ELECTORALE : UN MEPRIS FEODAL DE LA PARTICIPATION ELECTORALE DE MOINS EN MOINS POPULAIRE ET CONFORTANT L'ABSTENTEISME PROLETARIEN.


NOTES


1Les petits caciques de la gauche bobo qui n'ont cessé, avec comme seul programme électoral au fond la dénonciation de l’arrivée plus que probable de « l’extrême droite » au pouvoir, cauchemar dit suprême, mais qui masque le fait qu'ils ne veulent pas encore avoir accès pour l'heure (pour leurre) au pouvoir ce qui exposerait leur programme charlatan suicidaire pour la bourgeoisie. Les appels au « front républicain » et les pétitions des artistes parasites et des footeux milliardaires n'ont même plus une quelconque portée électorale, le RN continue à progresser dans des proportions qui vont probablement lui conférer la majorité absolue (je soupçonne même une consigne interne mélenchoniste qui conseille à ses partisans de voter RN pour lui faciliter l'accès au pouvoir très décrédibilisateur et enfonçant un plus Macron dans sa connerie, tactique qui jadis avait été celle des chiraquiens).

2 Mieux qu'un programme électoral à géométrie variable et très amendable, c'est un plus pour les électeurs (qui ne succombent pas au charme puant de la gauche bourgeoise) que le RN persiste dans son apparence anti-guerre. Tout en se disant « favorable à ce que le soutien logistique et en matériel de défense à l’Ukraine puisse se poursuivre », Bardella a réaffirmé « ses lignes rouges très claires ». Il refuse d’une part « l’envoi de troupes sur le sol ukrainien » et d’autre part l’envoi « de missiles longue portée ou de matériel militaire » qui pourraient « frapper directement les villes russes ».

3Très lucide cet Attali, resté essayiste de gauche quand Picketty termine son lamentable et creux pensum populiste (1000 pages) « Le capital au XXIème siècle », nous fournit la dernière phrase suivante comme conclusion : « les militants politiques et syndicaux de toutes tendances, et surtout tous les citoyens, devaient s'intéresser sérieusement à l'argent » !!!

4Patrick Martin, patron du Medef : «Les programmes du RN et du Nouveau Front populaire sont dangereux pour l'économie» Ces élections précipitées sonnent le retour inattendu d'une illusion tenace et très française, celle de l'argent magique; comme si tous avaient oublié les leçons du passé, le tournant de la rigueur auquel François Mitterrand avait dû se résoudre après les mirages de 1981 et, plus récemment, les promesses – intenables face aux réalités budgétaires – d'Alexis Tsipras en Grèce (2015) ou de Giorgia Meloni en Italie (2022).

5Il est évident que mamie Le Pen, malgré les suppositions débilitantes des médias, n'a aucune chance pour 2027. Son nom est trop marquant et elle fait partie du paysage ringard des vieux politiciens qu'on est heureux de voir disparaître.  L'avenir est plus probable pour le grand dadet. Encore faudra-t-il qu'il soit capable de tuer le père, pardon la mère ! Marre du clan familial dictatorial et sectaire.

*POST SCRIPTUM ANIMAL TRISTE

La fin d’une stratégie électorale selon le dernier sondage Odoxa confirme l'effondrement de la fable du « front républicain » et augure une défaite cuisante de la clique à Mélenchon, même si jusqu'à la veille le pouvoir envoie le frêle barrage de tous les féodaux de son système, après les producteurs de variétés, les clowns du cinéma, voici des magistrats et des avocats, pas encore des policiers ces êtres aussi universellement méprisés que les ouvriers!

Historiquement, le « barrage républicain » a été une stratégie efficace pour empêcher le Front National (devenu RN) de remporter des élections. En 2002, cette stratégie a permis à Jacques Chirac de recueillir plus de 82 % des suffrages au second tour face à Jean-Marie Le Pen. Cependant, ce mécanisme semble avoir perdu de son efficacité au fil des années. Lors de l’élection présidentielle de 2022, Emmanuel Macron n’a obtenu que 58,5 % des voix contre Marine Le Pen, indiquant un affaiblissement du soutien massif autrefois observé.

Une dédiabolisation réussie

Le succès de la stratégie de dédiabolisation menée par le RN se confirme dans les chiffres : seulement 42 % des sondés estiment qu’une nomination de Jordan Bardella au poste de Premier ministre serait une mauvaise chose. De plus, 28 % souhaitent qu’il occupe cette fonction, tandis que 29 % ne s’y opposent pas fermement. Le RN ne constitue plus une menace perçue de manière unanime, ce qui reflète une normalisation progressive du parti aux yeux de nombreux électeurs.

Un nouveau barrage contre le Nouveau Front Populaire

Le baromètre Odoxa montre également un renversement de la stratégie du barrage, désormais orientée contre le Nouveau Front Populaire. Près de 47 % des sondés se disent prêts à faire barrage à cette coalition de gauche, contre 44 % pour la majorité présidentielle et seulement 41 % pour le RN. Ce renversement est particulièrement marqué chez les sympathisants de droite et du centre.

Les implications pour les élections législatives

Avec 71 % des sympathisants de Renaissance prêts à faire barrage au NFP et 65 % au RN, la tendance se confirme. Chez les sympathisants des Républicains, 77 % préfèrent faire barrage au NFP contre 45 % pour le RN. Jordan Bardella bénéficie d’un fort soutien parmi les électeurs de droite et d’extrême-droite, ce qui pourrait expliquer ce changement d’attitude. En revanche, Jean-Luc Mélenchon, figure emblématique du NFP, suscite une forte opposition avec 68 % d’opinions défavorables.