ET UNE CLASSE OUVRIERE INCOMPETENTE?
« Les fonctionnaires syndicaux, du fait de la spécialisation de leur activité professionnelle ainsi que de la mesquinerie de leur horizon, résultat du morcellement des luttes économiques en périodes de calme, deviennent les victimes du bureaucratisme et d’une certaine étroitesse de vues. Ces deux défauts se manifestent dans des tendances diverses qui peuvent devenir tout à fait fatales à l’avenir du mouvement syndical. L’une d’elles consiste à surestimer l’organisation et à en faire peu à peu une fin en soi et le bien suprême auquel les intérêts de la lutte doivent être subordonnés ».ROSA LUXEMBURG
« Le mécontentement n’est pas retombé depuis la lutte contre la réforme des retraites, il
il y avait en France des mouvements massifs contre les réformes des retraites... » (CCI)
La perspective de la retraite est devenue un serpent de mer – qui suscite d'abord l'émotion - où les ouvriers qui l'ont atteinte avec une pension honorable sont enviés par les artistes enrichis qui se plaignent de leur faible pension.Tout va de plus en plus mal, la vie est chère, le gouvernement bourgeois dit râcler les fonds de tiroir et fait donner ses commerciaux généraux pour alerter sur un envahissement russe dans les deux ans afin d'accroître les profits du complexe militaro-industriels. Idem pour la retraite agressée elle-même pour les exigences de la productivité. On pouvait prévoir en 2007 que la durée de cotisations des retraites allait être allongés petit à petit, c'est que le CCI avait prédit :
« C'est au nom de « l’équité sociale » que Sarkozy et ses amis milliardaires ont le culot de nous demander d’accepter la suppression ou l’aménagement des régimes spéciaux de retraite en les alignant sur 40 ans pour tous. Ce que revendiquent les cheminots, les employés de la RATP, les gaziers, les électriciens, ils l’ont clairement proclamé dans leurs AG : ce ne sont pas des « privilèges », c’est 37 ans et demi pour tous !S’ils laissent passer cette attaque sur les régimes spéciaux, les ouvriers savent bien que l’État nous demandera à tous dès demain d’aller à 41 puis 42 ans de cotisations pour toucher une retraite à taux plein et même bien au-delà comme en Italie (qui passera bientôt à un régime de retraite à 65 ans) et allant jusqu’à 67 ans comme c’est déjà le cas en Allemagne ou au Danemark ».
On est en plein dans les 42 annuités, voire plus, aujourd'hui. Même les secteurs privilégiés de l'aristocratie ouvrière ont pris deux ans de rab, eux qui pendant 50 ans, outre la sécurité de l'emploi, ne se sont jamais soucié des lointaines retraites de ceux du privé1. Les avantages attribués à la Libération par le gouvernement gaullo-communiste avaient pour objectif non seulement de diviser la classe ouvrière mais de privilégier ouvertement des secteurs décisifs pour l'économie et surtout détenant un pouvoir de paralysie dangereux en cas de conflit pour l'ordre social.
Les rédacteurs du CCI, qui n'y connaissent rien et suivent syndicats et gauchistes sur cette question depuis des années, ont considéré comme une revendication sérieuse ce retour au chiffre 37, émise par les syndicrates de ces corporations d'Etat pour un souci sérieux alors que ce n'est qu'un enfumage ; c'est l'Etat qui gère la question et qui a tout intérêt à maintenir de meilleurs conditions dans les secteurs nombreux et potentiellement dangereux 2. La revendication de 37 années apparaît aujourd'hui comme une plaisanterie utopique , vu qu'il y a 17 millions de retraités et de moins en moins de cotisants. Et, il faut bien le constater, tout en maintenant les inégalités, au moins les gouvernements successifs ont été « égalitaires » en ajoutant deux années à tous.!D'autant que le combat pour une retraite (restée diverse et inégale) a régulièrement échoué. Tant pis si je vous choque : c'est bien normal vu le vieillissement d'une population en majorité en bonne santé et une espérance de vie à 86 ans pour les femmes mais 80 pour les hommes. Que, vu les conditions d'exploitation et les humiliations au travail, les millions d'entre nous veuillent fuit au plus tôt, c'est compréhensible mais stupide pour la marche de la société. Les masses ne sont pas toujours intelligentes et Gustave Le Bon (pas le mauvais) l'a bien démontré dans sa « psychologie des foules ». La retraite n'existait pas au temps de la révolution industrielle et c'est le mouvement ouvrier qui l'a imposée comme un juste repos pour les ouvriers qui mourraient bien plus jeunes que de nos jours. Aujourd'hui elle est devenu plus un combat de chacun pour soi qu'un combat vraiment collectif et surtout un mirage invraisemblable et intenable en réalité de la part des cliques bourgeoises les plus menteuses, le RN et LFI.
L'obsession de la retraite révèle un désir de fuite du monde du travail mais plus gravement une incapacité de la classe ouvrière à se poser la question de la gestion de la société, de comprendre les enjeux et enfin de ne disposer de personne de compétents dansses rangs...pour le plus grandplaisir des bourgeois, j'y reviendrai dans la seconde partie.
Ayant participé à plusieurs des manifs sur le sujet, je ne les ai jamais trouvée dynamiques ni ouvertes à des discussions sérieuses et corporativement elles étaient toutes très encadrées. Le soutient de la racaille des députés était si confus qu'il équivalait à la corde qui soutient le pendu. Le serpent de mer reste insoluble même si le gouvernement accédait à système par points et à la prise en compte de la pénibilité (la plupart des boulots sont pénibles car aliénés et aliénants !) proposée par Marylise Léon du syndicat le plus pro-gouvernemental.
LA CLASSE OUVRIERE N'EST PAS EN EBULLITION PERMANENTE POUR N'IMPORTE QUOI
Rosa Luxemburg aurait certainement ajouté, avec le même sarcasme, ce « combat pour nos retraites » à la liste revendicative des syndicats de son époque exaltée comme fin en soi ; elle montre en particulier que toutes les hausses de salaire sont toujours reprise, comme maintenant le « combat pour nos retraites » retombe sur la gueule des déjà retraités.
« Les dirigeants syndicaux, continuellement absorbés par la lutte économique quotidienne, et qui se donnent pour tâche d’expliquer aux masses le prix inestimable de la moindre augmentation de salaires, ou de la moindre réduction du temps de travail, en viennent peu à peu à perdre le sens des grands rapports d’ensemble et de la situation générale. Ainsi s’explique, par exemple, que beaucoup de dirigeants syndicaux aient mis l’accent avec tant de complaisance sur les succès des quinze dernières années, sur les millions de marks d’augmentations de salaires au lieu d’insister au contraire sur les revers de la médaille : l’abaissement simultané et considérable du niveau de vie des ouvriers, dû au prix du pain, à toute la politique fiscale et douanière, à la spéculation sur les terrains, qui fait monter les prix de manière exorbitante, bref sur toutes les tendances objectives de la politique bourgeoise qui ont partiellement annulé les conquêtes de quinze ans de luttes syndicales. Au lieu de s’attacher à la vérité socialiste globale qui, tout en soulignant le rôle et la nécessité absolue du travail quotidien, met l’accent surtout sur la critique et les limites de ce travail, on ne défend ainsi qu’une demi-vérité syndicale, en ne relevant que l’aspect positif de la lutte quotidienne. Et, en fin de compte, l’habitude de passer sous silence les limites objectives tracées par l’ordre social bourgeois à la lutte syndicale, devient une hostilité ouverte contre toute critique théorique qui soulignerait ces limites et rappellerait le but final du mouvement ouvrier. On considère comme le devoir de tout « ami du mouvement syndical » d’en faire un panégyrique ». (…) toute critique théorique des perspectives et des possibilités de la pratique syndicale est à bannir, car elle constituerait un danger pour la dévotion aveugle des masses dans les syndicats. On se fonde sur cet argument que seule une foi aveugle et puérile dans la lutte syndicale, unique moyen de salut, peut gagner et conserver à l’organisation les masses ouvrières. C’est tout l’opposé du socialisme, qui fonde son influence sur l’intelligence et le sens critique des masses, leur révélant les contradictions de l’ordre existant et la nature compliquée de son évolution, et exigeant d’elles une attitude critique à tous les moments et à tous les stades de leur propre lutte de classe ; au contraire, d’après la fausse théorie syndicale, les syndicats fondent leur influence et leur puissance sur l’absence de jugement et de sens critique des masses : il faut maintenir intacte la « foi du peuple ».
LES MASSES PEUVENT ETRE BETES ET SOUMISES A L'ORDRE DOMINANT
Face à la prégnance croissante de l'anticapitalisme wokiste et de l'écolo-populisme, la dictature de l'émotion empêche toute réelle réflexion politique. Je vous ressert l'excellente réflexion de Anne-Cécile Robert :
« L'invasion de l'espace social par l'émotion correspond en effet à l'idéologie de la fin de l'histoire, qui fait de la société actuelle le seul horizon possible. Il n'existe plus ni grand soir ni « ailleurs » désirable et, dans un tel monde, le politique n'est plus en mesure d'expliquer le réel ni de le transformer ; il n'est pas en situation de dire où va le monde ; il se contente de le gérer. La larme vient alors remplir le vide laissé par la pensée ; elle excuse et compense l'impuissance face à une société pourrie par les inégalités et gangrenées par les injustices ». Anne-Cécile Robert (La stratégie de l'émotion)
Gustave Le Bon a été un visionnaire de la psychologie de la foule moderne, plus communément désignée comme les masses, terme vague sauf si on y inclut la classe ouvrière. Hors des lieux communs et des stéréotypes Le Bon voit déjà l 'irrationalisme des foules au XX ème siècle. Rosa Luxembourg, déprimée, ne fût pas loin de partager l'avis de Le Bon.
Chaque décision spontanée de masse ouvrière serait-elle donc infaillible ? Jusqu’en 1914 Rosa Luxemburg avait basé ses thèses sur le mouvement ouvrier, sur des faits qui attestaient que les masses dans leur activité, « devançaient » généralement les possibilités organisationnelles de la social-démocratie (expression de la révolution russe de 1905) où se démontraient plus combatives que les dirigeants sociaux-démocrates (actions ouvrières de masse en Allemagne de 1910-1911). Après l’explosion de la conflagration mondiale de 1914, Rosa Luxemburg dut constater l’inaptitude, non seulement des dirigeants sociaux-démocrates mais aussi des masses ouvrières sur lesquelles elle s’appuyait. La marée de chauvinisme répandue en Allemagne n’avait même pas épargnée la classe ouvrière et le groupe exigu de sociaux-démocrates internationalistes auquel elle appartenait s’était trouvé, au début, dans un « isolement » presque total.
Profondément touchée par cette soumission de la classe ouvrière internationale à la défense de la patrie, dans sa brochure « La crise de la social-démocratie », publiée en 1916, Rosa Luxemburg cherche à analyser les phénomènes qui s’étaient produits dans le mouvement ouvrier allemand au début de la guerre. Et elle constatait que l’individu comme les masses peuvent se tromper ; « gigantesques comme leurs tâches », peuvent être leurs erreurs. Il s’agit de savoir si les masses peuvent en tirer les conclusions voulues de ces épreuves de l’histoire et « dans quelle mesure ». En marge de l’attitude adoptée par les ouvriers allemands et par la social-démocratie internationale devant l’explosion de la Première guerre mondiale, attitude qu’elle définissait comme « une catastrophe de portée mondiale », Rosa Luxemburg écrivait que cette expérience historique devait ouvrir la voie à une autocritique radicale et intelligente du prolétariat
: « … les tâches du prolétariat moderne sont aussi gigantesques que ses erreurs. Il n’existe pas de schéma préalable, valable une fois pour toutes, pas de guide infaillible pour lui montrer les voies sur lesquelles il doit s’engager. Il n’a d’autre maître que l’expérience historique. Le chemin de croix de sa libération n’est pas pavé seulement de souffrances sans borne, il l’atteindra s’il sait tirer enseignement de ses propres erreurs. Pour le mouvement prolétarien, l’autocritique, une autocritique impitoyable, cruelle, allant jusqu’au fond des choses, c’est l’air, la lumière sans lesquelles il ne peut vivre. Dans la guerre mondiale actuelle, le prolétariat est tombé plus bas que jamais. C’est là un malheur pour toute l’humanité. Mais ç’en serait seulement fini du socialisme au cas où le prolétariat international se refuserait à mesurer la profondeur de sa chute et à en tirer les enseignements qu’elle comporte ».
LES ECHECS AVAIENT ETE CONDITIONNES PAR « LES CHEFS » MAIS PAS QUE
Ce que Rosa nomme les chefs à son époque on peut l'actualiser par les termes militants et directeurs des mafias syndicales. De fait, aujourd'hui la principale faiblesse des grèves dans le monde, contrairement aux sixties, est qu'elles restent animées et dirigées par « les chefs syndicaux ». On ne peut garder le terme chef cependant qui renvoie au concept anarchiste ou à la conception néo-anarchiste de SouB avec ses dirigeants/dirigés. C'est des organisations d'encadrement syndicales dont il faut se débarrasser avec leurs secrétaires généraux dedans, pour mener une lutte véritable en extension.
L'encadrement délétère des chefs syndicaux ralliés à l'idéologie patriotique ne fût pas la seule raison de la soumission des masses ouvrières, la Commune de Paris était loin et sa sanctification par les théoriciens n'étaient pas vraiment adoubée par les ouvriers en général, tout cela joint à une immaturité face aux immenses enjeux du nouveau siècle. Mais en cela ces masses n'étaient pas tellement différentes de celles d'aujourd'hui bouffées de plus par un individualisme crasse. A mon sens aucune explication sur 1914 n'est suffisante. Il reste une part d'irrationalité et d'inconscience.
Il ne faut jamais désespérer. Marx écrivait en 1845, " avec la profondeur de l'action historique croîtra le volume de la masse engagée dans l'action ". La lutte de classe du prolétariat est " la plus profonde de toutes les actions historiques qui se sont déroulées jusqu'à présent ", elle embrasse la totalité des couches inférieures du peuple et, depuis qu'existe une société divisée en classes, c'est la première action qui corresponde à l'intérêt propre de la masse.C'est pourquoi l'intelligence propre de la masse quant à ses tâches et moyens est pour l'action socialiste une condition historique indispensable, tout comme l'inconscience de la masse fut autrefois la condition des actions des classes dominantes. Par là, l'opposition entre les " chefs " et la majorité qui " trotte à leur suite " se trouve abolie, l'abolition des " dirigeants " et de la masse " dirigée " au sens bourgeois, l'abolition de ce fondement historique de toute domination de classe.
Dans l’acception courante du terme de « masse », Rosa Luxemburg voulait toutefois se référer au prolétariat industriel, pensant, en accord avec Marx et Engels que le développement du capitalisme devait lui conférer en propre la fonction de fossoyeur du système. Ce développement tant attendu était du reste conditionné en grande partie par le développement du capitalisme qui s’opère « non selon une belle ligne droite, mais avec de brusques zigzags, semblables à ceux de l’éclair. De la même façon que les différents pays capitalistes présentent les stades de développement les plus différents, de même dans chaque pays on voit s’établir une différenciation entre les diverses couches de la classe ouvrière. Mais l’histoire n’attend pas, patiemment, que les couches et les pays les plus arriérés aient rejoint les autres...
Or le prolétariat industriel, en France en particulier, est réduit comme peau de chagrin. Pour la classe ouvrière moderne tout est plus compliqué concernant les retraites comme l'immigration. Vieillissement de la population et besoin de main d'oeuvre jeune... Poids d'une masse de petits bourgeois . Bien que rendant hommage à la fonction que la petite bourgeoisie joua dans les révolutions bourgeoises, Rosa Luxemburg ne lui attribue aucune possibilité d’exercer des fonctions positives dans les révolutions socialistes. Elle ne voit même pas la possibilité de la neutraliser, au contraire, elle incline à la considérer comme un facteur réactionnaire. Cela suffisait déjà à esquisser l’acceptation que Rosa Luxemburg attribuait au terme de « masse », lequel comprenait les ouvriers et la partie des intellectuels qui partageaient la nécessité du socialisme sans nécessairement rejeter le petit bourgeois conscient.
La lutte quotidienne pour les concessions partielles implique que le mouvement ouvrier « doit opérer en évitant tout au long de son développement deux écueils : l’abandon du caractère de masse et l’abandon du but final, entre retomber dans la secte et tomber dans le mouvement réformiste bourgeois, entre anarchisme et opportunisme » . La retraite est peut-être le but final de l'individu mais pas celui d'une nouvelle société. Le parti lui ne sera en retraite que dans un lointain avenir.
LES OUVRIERS FRANCAIS ET RUSSES SONT-ILS DEVENUS REACTIONNAIRES ?
La fameuse note de Terra Nova qui actait la rupture entre la gauche et les ouvriers, accusés d'être devenus trop réactionnaires. La note appellait le PS à se tourner plutôt vers les jeunes, les immigrés (le PS soutient activement le droit de vote des étrangers), les diplômés et les femmes. Et le succès du FN dans certains bassins ouvriers actait pour les trotskiens la thèse d’une classe ouvrière devenue réactionnaire et hostile aux immigrés. Mais, dans les faits, les choses sont plus compliquées. Une étude Ipsos pour la fondation Jean Jaurès, s’est penchée sur le système de valeurs des Français. Premier chiffre étonnant : 29% des Français pensent qu’ « il faut revenir en arrière sur certaines choses » dans la société, 30% pensent qu’ « il faut la réformer en profondeur », 11% qu’ « il faut la transformer radicalement » et enfin 26% qu’il « faut l’aménager sur certains aspects sans toucher à l’essentiel ». En clair, il existerait un large part de « réactionnaires » en France. On lit aussi que si 14% des cadres supérieurs pensent qu’il faut revenir en arrière contre 42% des ouvriers. De même, en prenant la position sociale subjective, 20% de ceux qui se revendiquent cadres pensent que « c’était mieux avant » contre 35% des ouvriers revendiqués. Plus encore, 23% des ouvriers pensent que l’immigration est un problème majeur en France contre 11% des cadres (page 11).
Depuis vingt ans, les politicien ont fini par dégoûter les classes d'en bas de l'idée même de réforme puisqu'il s'agit presque toujours de revenir sur des acquis sociaux. . De même, les inquiétudes vis à vis de l’immigration de la classe ouvrière ne peuvent être expliquées par l'adhésion à un conservatisme de droite. Etre hostile à une immigration sans limites peut aussi bien témoigner de la peur de perdre son emploi que d’une volonté de sauvegarder l'identité française
NI DROITE, NI GAUCHE On ne peut donc pas établir que les ouvriers ont basculé à droite et qu'il existerait ainsi des passerelles idéologiques entre réactionnaires et classes populaires. Et si vote FN il y a chez les ouvriers, il vient plus d’une volonté de protestation contre le système que d’une réelle adhésion idéologique à chaque virgule du programme frontiste. La thèse du basculement à droite des ouvriers est également contredite par ce tableau. On y voit que 28% de ceux qui se disent ouvriers ne se classent ni à gauche ni à droite contre 18% de l’ensemble des Français. C'est donc plus l'indécision et le rejet de la classe politique dans son ensemble qui caractérisent la classe ouvrière. Elles n'ont pas basculé à droite, elles ont basculé nulle part. La gauche bourgeoise et petite bourgeoise est donc capable de les reconquérir
PEUR DE L'AVENIR En fait, cette volonté de retour en arrière chez les ouvriers témoigne plus d’une peur de l’avenir que d’une nostalgie du passé. On note que 65% de ceux qui se disent ouvriers pensent les inégalités sociales s’aggravent dans notre société (page 23). Et 71% craignent les conséquences de la mondialisation (page 32). Pour les plus défavorisés, la mondialisation représente le côté obscur de la modernité, on peut alors comprendre qu'ils préfèrent le monde d'avant, vu comme plus protecteur. En clair, le réel progrès qui effraie les classes populaires est plus le « progrès » économique que le progrès moral, la liberté des capitaux plus que la liberté des mœurs. Dans cette optique, les immigrés ne sont que des boucs émissaires comme symbole d'une mondialisation économique débridée. Les réponses que cherchent les classes populaires, au vu de leurs préoccupations réelles, sont donc plus sociales que sociétales. Pas encore politiques.3
à suivre...
NOTES
1EDF 57 à 62
RATP pour les actifs est passé de 57 à 59 et de 52 à 54
SNCF de 50 à 52 ans
POLICE 57 pour les actifs , 67 pour les sédentaires
FONCTIONNAIRES 62 pour l'instant
2Sachant en revanche que le gouvernement Lecornu a proposé que les caisses soient dans le futur gérées par les bureaucraties syndicats, pour se débarrasser du fardeau insoluble...
3FONDATION JEAN JAURES : les ouvriers sont-ils réactionnaires ?
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