"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

lundi 28 août 2023

METROPOLITAN POLICE SPECIAL BRANCH : documents des trotskystes "Socialistes Internationaux"

 

23 NOVEMBRE 1971

 

 

Sujet : Socialistes Internationaux

 

 traduction: Jean-Pierre Laffitte

 

 

 VOICI un document interne du milieu trotskien britannique au début des années 1970, qui aurait dû rester "interne". Je l'ai repiqué sur le web. Il est intéressant non en lui-même - une bagarre interne sur la qualification de centrisme et le prurit de l'exclusion, qui fait penser aux bagarres internes dans le cci de la fin des années 1990 - mais parce qu'il montre qu'une des meilleures police du monde, la Metropolitan police (lire sa fonction en fin de texte) s'intéresse vivement au détail des polémiques internes aux divers milieux révolutionnaires; et en plus trouve le moyen de récupérer leurs documents internes. Cela justifie la prudence qui reste de mise un demi-siècle plus tard, sachant que la surveillance policière informatique a les moyens de pénétrer dans les ordinateurs des militants, et donc de suivre encore plus attentivement, débats, divergences et surtout projets politiques et concrétisations à terme. une surveillance totalitaire orwellienne d'un système corrompu et mafieux...Je me marre quand je lis le vieux Serge July déclarer que le régime de Poutine est mafieux. Pourquoi? les démocraties capitalistes d'Occident ne le sont-elles pas non plus avec leur absence de scrupules à surveiller toute la société, en rétribuant mafiosos comme militants "retournés"?

 


Les informations suivantes proviennent d’une source fiable : (sic)

 

1°) À la suite de la Conférence Nationale des Socialistes Internationaux, qui s’est tenue en octobre de cette année, une scission a eu lieu entre le groupe principal des Socialistes Internationaux et les membres de la Tendance trotskiste (Workers Fight Group), et une Conférence spéciale a été convoquée  pour le 4 décembre 1971 à Birmingham afin de décider si oui ou non la Tendance trotskiste devait être exclue.

2°) Afin de rendre les membres des Socialistes Internationaux pleinement conscients de la situation, le document ci-joint, intitulé : « Centrisme, trotskisme et l’avenir des S.I. » a été distribué à tous les membres. Les arguments exposés dans ces documents sont [CONFIDENTIEL] pour la Tendance trotskiste et [CONFIDENTIEL] et Tony CLIFF pour les Socialistes Internationaux ; ils constituent la base pour toute la discussion à la Conférence de décembre.

3°) Il semble que toutes les sections des SI soient en train d’étudier les implications d’une scission dans l’organisation et il paraît certain que ce sont les “modérés” qui vont l’emporter lors de la Conférence.

4°) Les références de la Special Branch à des personnes mentionnées dans ce rapport et le document qui y est attaché sont donnés dans l’Appendice ci-jointe.

CENTRISME, TROTSKISME ET L’AVENIR DES S.I.

Nous allons répondre brièvement aux arguments qui ont été employés au cours de la campagne destinée à exclure la Tendance trotskiste des SI Nous disons exclusion parce que toute idée de ‘divorce’ normal entre des organisations présumées est une farce quand nous considérons que, sur ceux qui ont signé la Plateforme Tendance, seul un sixième a pris part à l’unification de 1968. C’est une exclusion habillée de couleurs raisonnables qui a en vue les relations publiques et les besoins de la direction du Groupe de faire des appels hypocrites à l’unité. Sans l’intervention de deux membres des SI, parmi les “modérés” qui sont en nombre décroissant pour soutenir la formule des relations publiques, l’exclusion aurait sans aucun doute eu lieu à la Conférence Nationale d’Octobre, sur la base de la résolution de  Hallas selon laquelle propager l'opinion que les SI sont centristes est un motif d’exclusion.

La question de notre caractérisation des SI comme étant un groupe centriste revient de manière obsessionnelle dans la polémique de Hallas (“Une attaque diffamatoire contre les SI”). Nous allons par conséquent débuter par cet aspect.

1°) La Tendance considère-t-elle que les SI sont centristes ? Oui. Telle a été la réponse du Worker’s Fight Group pro-SI, qui représente le noyau de la Tendance trotskiste. Nous l’avons dit avant de les rejoindre, quand nous les avons rejoints, et  encore depuis lors. En 1967, nous avons écrit dans “Worker’s Fight” :

« À côté des groupes ouvertement trotskistes, il y a le Groupe SI, qui a des racines dans le mouvement trotskiste, et qui a pour origine une dissidence abstentionniste de la Quatrième Internationale il y a près de deux décennies. Récemment, il s’est développé en une force centriste de gauche assez importante. Il ne se réclame en aucun sens défini du trotskisme. Mais il se revendique comme socialiste révolutionnaire ; la plupart de ses membres pensent qu’il est possible de les séparer. C’est une organisation lâche qui a absorbé beaucoup de bons camarades en raison du vide laissé par le suicide et l’auto-effacement des “trotskistes durs”. Ses déficiences sont l’amorphisme dans l’organisation et dans l’idéologie. Elle a commencé par se débarrasser de l’héritage bolchevik et, pour autant qu’elle se soit développée dans une saine direction, celle-ci a consisté en la ré-adoption d’éléments décousus de la politique du trotskisme. ».

                                                                                                                                                                                           

Dans quel sens les SI sont-ils centristes ? Et de toute façon qu’est ce que le centrisme ? Le centrisme est une formation qui est révolutionnaire ou quasi-révolutionnaire en paroles, et moins que révolutionnaire dans la pratique, en particulier dans les moments de conflits aigus. Il hésite, il est prêt à utiliser des slogans et une rhétorique révolutionnaires, mais, dans la pratique, il a tendance à reculer devant les implications pratiques de ces slogans, généralement quand la réalité demande à vivre en accord avec eux. Il essaie de se soustraire à la question pratique la plus importante, habituellement avec de bons arguments “marxistes”.

Le centrisme est une mutation politique qui unit d’une façon contradictoire et instable des éléments de la politique réformiste et de la politique “révolutionnaire”. Les formations centristes oscillent entre les antipodes du mouvement ouvrier, le réformisme et le marxisme : en conséquence, le nombre de combinaisons est immense et deux groupes centristes ne sont jamais identiques – à l’exception de leur instabilité. Le contenu politique formel du centrisme varie d’une période à l’autre, et il va, avec beaucoup de nuances différentes, du centrisme de gauche au centrisme de droite. Lors de la Première Guerre mondiale, il a été représenté par Kautsky d’une part, par Martov et par les mencheviks de l’autre – et, dans beaucoup d’écrits de Lénine de l’époque, Trotski est lui aussi situé à l‘extrême gauche de cette catégorie et il y reçoit une bonne raclée. Trotski lui-même semble avoir été convaincu que son échec à comprendre la conception de Lénine du Parti bolchevik équivalait à une sorte de centrisme. Cependant, il s’est contenté d’indiquer que le parti que Lénine édifiait était un phénomène maintenant entièrement historique. Naturellement, dans le test décisif de 1917, il a été le meilleur révolutionnaire, mais cela a nécessité qu’il passe au bolchevisme.

Dans les années 1930, les conflits et la désintégration de la Troisième et de la Deuxième Internationales ont été à l’origine de la création d’un grand nombre de formations centristes, et certaines d’entre elles étaient extrêmement proches du trotskisme.

Les SI possèdent ce caractère. Les SI hésitent sur les principes tels que [illisible]. (Cliff a vraiment été applaudi par la Conférence nationale, lorsqu’il a dit récemment, en faisant référence au Marché Commun, que les principes étaient contredits par la tactique). Comme un bateau sans gouvernail, les SI sont forcés d’aller dans la direction vers laquelle le vent souffle. La direction des SI dans les années 1950 et 1960 a jeté par-dessus bord de nombreuses conquêtes théoriques de la Quatrième Internationale – elles lui semblaient peu pertinentes. Certaines d’entre elles ont depuis lors été réadaptées de manière empirique. Le gouvernail, qui fait défaut aux SI et sans lequel son histoire a été une histoire d’indécision instable, c’est n’importe quelle conception de la méthode marxiste et de son emploi en politique. La méthode de la direction en politique consiste à décider de manière empirique un cap pour l’action, et ensuite à penser aux arguments, aux “citations” et aux “précédents” historiques après coup. C'est ce manque de méthode qui a amené la direction du Groupe à tergiverser sur des questions telles que les troupes britanniques en Irlande. Le plaidoyer vigoureux des SI en faveur du slogan : British Troops Out [Troupes britanniques, dehors] jusqu’en août 1969 et sa capitulation honteuse avec leur franche justification, ainsi qu’avec les attaques contre ceux qui continuaient à soutenir le slogan après août (quand elles ont eu entamé leur action), c’est du centrisme incarné. « … n’oubliez pas qu’en 1914 la social-démocratie allemande et le Parti Socialiste français sont demeurés très “internationalistes”, très “intransigeants” – jusqu’au moment où le premier coup de canon a été tiré » (Trotski, Le centrisme et la IV° Internationale).  

Le centrisme n’est nulle part aussi clairement résumé que dans la question du parti révolutionnaire. Une lutte pour créer un parti d'après le modèle de Lénine, une organisation de militants actifs fonctionnant entre égaux, présupposant un minimum d'éducation marxiste et d'engagement dans la lutte, n’est rien de moins qu’une rupture avec la théorie communiste du parti : les camarades à la recherche d'un article utile – académique – expliquant cela devraient lire celui d’Harman dans la brochure Class and Party. (Où, de manière appropriée, puisqu’il est académique, il coexiste pacifiquement avec des conceptions diamétralement opposées). Naturellement, les SI n’essaient pas d’édifier un tel parti. Toujours archi-centralisé, mais sans un noyau expérimenté, c’est un ensemble lâche, aussi exhaustif que possible, dominé par la démagogie et avec un centre d’appareil qui s'est durci de façon alarmante au cours de la dernière année, et qui est maintenant en train de s’affirmer au moyen d’une vengeance à l’encontre de ses seuls opposants organisés dans le Groupe, à savoir la Tendance trotskiste.

C’est pour toutes ces raisons que les SI sont centristes, « dans la définition trotskiste classique » – c'est-à-dire le Groupe pris dans son ensemble. Pour les marxistes, le centrisme n’est ni un gros mot, ni simplement une liste de caractères négatifs. Un groupe centriste de gauche comme les SI est efficace dans ses limites précisément à cause de ses côtés positifs et de son travail dans la classe. En Grande-Bretagne, dans le vide existant à gauche, les SI sont apparus comme étant le seul groupe socialiste révolutionnaire sérieux et assez important. Son côté négatif arrive sur le devant de la scène uniquement lorsque la pression de la droite devient intense, comme à propos de la Corée, de l’Irlande, comme au sujet du Marché Commun, et, nous nous risquons à le prédire, en relation avec la gauche du Labour qui est en train de se relancer. Le fait que la pression de droite dans le cas des SI à l’heure actuelle provienne souvent de segments de la classe ouvrière elle-même, reflétant à un certain degré les pressions bourgeoises, est une pauvre consolation. À une époque où les dirigeants des syndicats et de la Tribune commencent à simuler plus énergiquement et attirent les masses à eux, la pression peut parfaitement passer d’un niveau de base jusqu’au niveau de la bureaucratie “de gauche”. (Il y a déjà des indices de cela dans le récent tapage déclenché par le SOGAT [Syndicat britannique des industries de l’imprimerie] (NdT)). Trotski a signalé il y a longtemps déjà le danger d’une simple adaptation aux sections régulières des ouvriers avancés comme étant en fin de compte une adaptation à la bureaucratie travailliste.

Néanmoins, la plus grande partie du travail pratique des SI est positive et, jusqu'à la tentative actuelle de mettre hors la loi toute opposition, sauf si elle est passagère, et d’interdire l'opposition généralisée (par des gens qui acceptent dans la pratique les décisions de la majorité dans le travail concret) à la politique de la direction, il était possible de s'engager dans une discussion interne utile. Telle est la manière dont nous nous comportons dans les SI. Si nous caractérisons les SI comme centristes, ce n’est pas pour les considérer comme perdus, c'est pour mieux lutter pour changer politiquement ses méthodes politiques principales.

2°) Toute comparaison de notre relation avec les SI avec celle d’un groupe centriste du Parti travailliste est tout à fait ridicule – à moins que ceux qui font cette comparaison soient prêts à soutenir que les SI sont pleinement comparables au Parti travailliste. (Ou bien Hallas pense peut-être que le Parti travailliste est centriste, ou bien, plus probablement, il aimerait que les adhérents le pensent). Les tendances et les fractions n’existent dans une  organisation communiste que parce que les relations sont ouvertes, claires et politiques. Il n’y a pas de tendances dans le PT parce qu’il n’y a vraiment aucun espoir aussi bien d’une vie politique interne complète et sérieuse que d’une possibilité de tenter de simplement le changer de l’intérieur.  Nous n’avons absolument rien de commun politiquement avec le PT. Avec les SI en revanche nous avons le même but ; nous pensons seulement que les méthodes de leur direction ne permettront pas de parvenir à ce but, et qu’il est prématuré pour eux de revendiquer des “succès” pour ces méthodes qui sont, sur la base du présent, des succès très limités et probablement fragiles.

Lorsque Hallas effectue une propagande alarmiste selon laquelle logiquement les trotskistes ont l’intention d’écraser le centrisme (parfois, cela dépend du public, ou de l’opinion qu’il se fait de son public, il n’est pas très loin de laisser entendre que le sabotage est réel et présente un danger), il est complètement à côté de la plaque. Nous avons suivi le conseil de Lénine, nous avons rompu politiquement avec le centrisme et nous voulons vraiment écraser le centrisme. Mais comment cela doit-il être fait ? Pour l’Internationale Communiste qui essayait de se débarrasser des directions déloyales des groupes centristes qui avaient adhéré au Komintern, l’écrasement du centrisme nécessitait une offensive organisationnelle. Pour nous, cela ne peut signifier qu’une offensive politique afin de transformer le Groupe en contribuant à son travail pratique utile.

3°) Hallas dit qu’un groupe centriste travaille habituellement dans une seule direction, depuis un pôle jusqu’à un autre. Mais c’est un peu trop simpliste. Instable par nature, le centrisme fait des allers-retours en zigzags. Dans le cas des SI, cette direction ne suit pas non plus un chemin direct. Tous les changements que les SI ont connus ont été de nature empirique. Ce qui a changé hier quand la pression des événements s’est fait sentir dans une direction peut très bien changer et revenir en arrière le lendemain. Pour consolider leurs gains, les SI ont besoin d’une rupture délibérée avec leur passé. Les diverses rectifications de leur ligne ont représenté des mouvements positifs en direction de la politique révolutionnaire. La masse des adhérents se déplace, le plus certainement de manière subjective, dans une direction révolutionnaire (bien qu’il faille également dire qu’un certain élément social-démocrate de gauche existe aussi en tant que résultat de l'état de délabrement de la gauche travailliste naturelle). Cet élément révolutionnaire des SI a poussé la vieille garde à revenir sur certaines des étapes qu’elle a franchies depuis 1950 pour s'éloigner du trotskysme. Mais ce processus n’était pas un processus consciemment compris par les membres. Le résultat est que ceux qui ont laissé tomber le léninisme dans les années 1950 et jonglé un certain temps avec lui à la fin des années 1960 contrôlent toujours l’organisation. Entre les personnes qui ont intégré le Groupe avec une énergie révolutionnaire, mais avec une éducation marxiste peu précise, et la tendance qui dirige, il y a une claire séparation de fonction qui grandit. Et c’est cette dernière qui détermine la direction du groupe, lequel est maintenant en bonne santé, mais opportuniste. Le potentiel d’adhérents demeure non réalisé en raison du manque d’un centralisme démocratique authentique, et parce que ce sont les attitudes de ceux qui “ont adopté le léninisme” sans posséder l’honnêteté et la clarté léninistes de se confronter et de briser avec ce qu’ils avaient été auparavant, qui dominent totalement.

C’est un tournant sain qui a amené les SI à leur taille actuelle ainsi qu’au contact avec la classe. Mais ce contact lui-même peut avoir un effet vertigineux et dérangeant sur un groupe qui n'est pas totalement clair. Nous avons vécu une période dans laquelle les plus grands dangers pour la santé avaient été ceux auxquels faisaient face de minuscules groupes qui n’avaient guère de contacts avec la classe. Mais les SI s’exposent désormais aux dangers d’adaptation et d’opportunisme, qui sont liés aux militants, et ces dangers vont grandir au fur et à mesure que les SI grandissent. Ils ne sont pas en état d’y faire face. C'est dans ce sens également que la question de la direction est complexe.

4°) La tendance trotskiste peut-elle être loyale vis-à-vis des SI ? Selon la conception de la loyauté de Hallas, à savoir une loyauté aveugle vis-à-vis de l’appareil, nous ne pouvons pas l’être. Mais quel est ce type de loyauté, et qui est sur le long terme le plus loyal : les personnes qui suivent sans se poser de question chaque rebondissement sans émettre aucune critique, ou bien celles qui luttent en faveur de la cohérence et contre ce qu’elles considèrent comme des déviations par rapport au marxisme ? Qui est le plus loyal, non pas vis-à-vis de l’appareil, mais à l’égard des principes et des traditions du communisme révolutionnaire ? Il est bien connu qu’en 1969 Hallas était opposé au changement de ligne concernant la présence des troupes britanniques en Irlande. Il en était de même pour la Tendance trotskiste. Nous avons tiré un tract qui attaquait la direction à propos de ses hésitations. Nous avons lutté sur cette question à la conférence et nous avons été battus de peu. Finalement, nous avons présenté une motion lors de la Conférence nationale qui a été adoptée et la ligne a été changée. La “loyauté” de Hallas signifiait cependant que son opposition était une affaire très privée. Mais que vaut cette sorte de loyauté ?

Nous ne sommes pas le moins du monde honteux ou inquiets d’être traités de factionnalistes. Les deux membres de la Tendance trotskiste que Hallas a pris pour cible étaient antérieurement des membres de la SLL et de la RSL(*). Mais dites-nous s’il vous plaît : avaient-ils un autre choix que d’être de factionnalistes ? Si un camarade inexpérimenté adhère à la SLL ou à la RSL parce que c’est la première organisation qu’il rencontre par hasard,  et si plus tard il découvre les défauts de cette organisation, ou bien il peut devenir un factionnaliste, ou bien il peut se taire et être loyal (selon la définition de Hallas), ou bien il peut devenir un déserteur. Les camarades en question ont lutté dans la SLL et dans la RSL. Ont-ils eu tort ?

Lorsque le Workers’ Fight a rejoint les SI, il ne s’agissait pas d’individus qui adhéraient à une organisation en ignorant ses défauts. Nous avons adhéré aux SI avec des différences et des critiques très claires que nous avons fait connaître. L’unité a été acceptée sur la base  d’une activité loyale en tant que membres des SI et du droit d’exprimer nos désaccords en interne. Nous n’avons en aucune  façon compromis cette sorte de loyauté. Mais (au-delà de la loyauté dans l’activité, compte tenu des décisions de la majorité) nous ne considérons pas la loyauté en termes d’organisation – « bon, il y a la RSL, la SLL, l’IMG(*) et les SI, vous payez et vous choisissez ». Ce n’est pas la loyauté d’un révolutionnaire, mais c’est celle d’un bureaucrate du Parti travailliste.

5°) Propositions pratiques. Une approche et une méthode politiques correctes sont ce qui est fondamental pour une politique révolutionnaire. C'est d’elles que découlent des conclusions pratiques correctes. C’est la raison pour laquelle la plateforme expose notre approche fondamentale et ce en quoi nous sommes en désaccord avec la tendance dominante dans les SI. Mais il n’est pas nécessaire que nous ayons des approches différentes des SI sur chaque question particulière. Cela ne veut pas dire que toutes les analyses et les activités des SI sont automatiquement mauvaises.

Notre approche différente s’est manifestée dans un certain nombre de questions pratiques au cours des 3 années passées. Beaucoup de nos propositions ont été rejetées d’emblée parce que c’est nous qui les avions présentées – et ensuite elles ont été adoptées après qu’un intervalle de temps décent s’est écoulé.

Nous avons lutté pour que les SI mettent sur pied une organisation nationale de militants de base qui puisse établir un pont entre les SI et les milliers de travailleurs qui, pour diverses raisons, ne nous ont pas rejoints, mais qui sont prêts à combattre la bureaucratie et à mener une politique militante, sans pour cela posséder une conscience révolutionnaire générale. Ceci est actuellement accepté en principe par certains des dirigeants des SI.  

Nous avons lutté pour créer un mouvement socialiste de la jeunesse. L’on nous a énergiquement résisté à ce sujet jusqu’à très récemment. Sa nécessité n’a été acceptée qu’après que nos camarades ont prouvé dans la pratique qu’un journal de la jeunesse était à la fois possible et efficace comme moyen d’attirer de jeunes travailleurs autour de lui.

Nous avons lutté à propos de l’Irlande sur la question du soutien des SI aux troupes durant les années 1969-70, mais également sur ce que nous devrions dire aux travailleurs irlandais en Grande-Bretagne, et aussi contre l’indifférence initiale des SI vis-à-vis de la question de la frontière à une époque où la lutte semblait encore porter entièrement sur les droits civiques. Nous avons lutté pour une orientation de principe consistant à travailler sur le plan international. Nos camarades ont naturellement été actifs dans leurs fractions de base en publiant un journal pour les dockers et un journal pour les travailleurs de l’hôpital. Nous avons lutté pour une approche sérieuse de l’unité de la gauche. Actuellement, nous sommes en train de lutter pour une politique de principe sur la question du Marché Commun.

6°) Est-ce que la Tendance trotskiste a éprouvé du mépris vis-à-vis des membres des SI ? Non, elle ne l’a pas fait. Est-ce qu’un camarade qui a été là depuis un an ou moins objecte d’être qualifié d’inexpérimenté. Les révolutionnaires ne le sont pas de naissance – ils ont besoin d’être entraînés. Nous critiquons la direction des SI parce qu’elle a échoué à affronter la tâche d’entraîner des cadres révolutionnaires, et parce que, au lieu de cela, elle a compté sur la démagogie. Un exemple de cela, c’est la dernière conférence des SI. Si l’on s’en tient au procès-verbal de la Conférence nationale, il était clair qu’il y avait des désaccords sur des questions telles que l’usage du slogan de la grève générale, mais les membres ce cette conférence n’ont pas essayé d’impliquer les adhérents dans le débat ou de mener une discussion. Au lieu de cela, l’on est passé à la hâte d’un point à un autre, et un ordre du jour plein à craquer a été “fait” à la manière d’une caricature de touriste américain “faisant” l’Europe. À la fin de cela, les membres ont eu droit à des paroles d’encouragement démagogiques et condescendantes selon lesquelles tout irait bien si l’on travaillait dur et si l’on arrivait à 2 500 membres.

Un meilleur exemple de mépris à l’égard des membres est l’article même de Hallas. Il n’essaie à aucun moment de répondre à une quelconque des accusations portées par le projet de Plateforme de la Tendance, mais, au lieu de cela, il s’appuie sur le bluff et les fanfaronnades, ainsi que sur des affirmations ridicules telles que : « son travail (celui de la Tendance) est de semer le soupçon et la confusion parmi les adhérents ». Cela ne montre-t-il pas un réel mépris pour les adhérents, comme s’ils n’étaient rien d’autre qu’une bande de moutons crédules menacés par « une conspiration solidement tissée »…

7°) Peut-être que la partie la plus déloyale de la polémique “préliminaire” de Hallas est celle où il soutient que nous pensons qu’il existe un groupe plus sain à l’extérieur des SI. Bon, il est vrai que la Tendance est favorable à un soutien critique à l’USFI(*). Notre soutien remonte à la reconnaissance que les perspectives mondiales générales de la Tendance sont celles qui ont été développées par (ce que l’on appelle maintenant) l’USFI depuis 1944. Les groupes dissidents de la “IV° Internationale” n’ont fait qu’ajouter leur charabia à ces perspectives et à cette analyse du monde, et ils les ont réduites à des inepties incohérentes. C’est pour cette raison-là que nous rejetons le mythe malveillant de la “V° Internationale”. Nous disons que la IV° Internationale existe sur la base d’un développement plus ou moins correct de sa politique de 1938, une politique avec laquelle nous sommes d’accord. Elle existe organisationnellement en tant qu’Internationale ; et elle lutte en faveur d’une conception léniniste d’une Internationale sérieuse, politiquement unifiée, en opposition avec les idées telles que celles de Cliff et de la majorité des SI d’une “société de correspondance” internationale fédérée.

Indépendamment de sa politique formellement correcte – et, selon notre opinion, elle est formellement correcte – l’expérience réelle de ses “sections” successives en Grande-Bretagne n’est pas celle qui pourrait nous inspirer une grande confiance. En fait, nous disons catégoriquement dans notre Plateforme que nous ne croyons pas qu’il existe une organisation révolutionnaire solide en Grande-Bretagne. Ce qui est le plus sûr, c’est que l’IMG, qui est la section britannique de l’USFI depuis 1968, n’est pas une organisation de ce type. L’IMG est incapable de traduire de manière fondamentalement correcte des analyses afin de les adapter aux conditions britanniques. Il n'est pas orienté sérieusement vers la classe ouvrière, ainsi qu’en témoignent les penchants académiques et estudiantins du “Red Mole”. Dans ces circonstances, les SI ont une orientation plus importante vers la classe. Il est par conséquent de notre devoir, c’est ce que nous ressentons, de participer aux SI tout en cherchant dans le même temps à unifier les tendances dans le mouvement qui veulent construire le parti révolutionnaire. Cela implique un appel sérieux en faveur de l’unité de la gauche, ce qui signifie, parmi d’autres choses, une série concrète de propositions en direction de l’IMG et d’autres individus ou groupes. C'est ce que nous avons fait dans la résolution et dans notre Plateforme. Si, dans l’intérêt d’un travail plus efficace, Lutte Ouvrière peut prendre part à des discussions en vue de l’unité avec la Ligue Communiste, alors les SI pourraient et devraient  proposer l’unité à l’IMG.

8°) Quelle est la base de la Tendance trotskiste ?

Les membres de la Tendance sont d’accord sur des principes fondamentaux – mais nous ne sommes pas nécessairement d’accord sur des questions tactiques. Lorsque nous sommes en désaccord sur des questions tactiques, à la différence d’une clique qui reste unie du fait de liens personnels plutôt que par un accord politique, nous l’exprimons ouvertement et nous votons différemment, ainsi que nous l’avons fait sur la question des élections générales lorsque nous avons publié 3 opinions différentes.

L’on insinue que la question que nous soulevons dans notre Plateforme et que nous n’avons prétendument pas désiré discuter jusqu’à présent est celle de l’analyse de la Russie et des autres sociétés étatisées en tant qu’États ouvriers. Eh bien, si nous pensons que cette définition sociologique est importante, la chose la plus importante, c’est la conclusion pratique qui en découle.

À proprement parler, nous n’avons jamais fait une condition d’adhésion de l’étatisme ouvrier, mais plutôt du défensisme de ces États en tant que dirigé contre le capitalisme impérialiste occidental. Tous les étatistes ouvriers sont évidemment des défensistes, mais pas nécessairement l’inverse. Nous pensons qu’un capitaliste d’État marxiste devrait logiquement être un défensiste. Il est vrai que nous avons eu des capitalistes d’État dans la Tendance trotskiste, mais ils ont été défensistes. Le fait que tous les membres soient maintenant des étatistes ouvriers n'est pas le problème. Si Hallas avait voulu présenter notre document en toute honnêteté, il aurait vu qu’il y a deux principes de base auxquels nous tenons en ce qui concerne les États staliniens : 1 – le défensisme contre l’impérialisme ; 2 – la révolution anti-bureaucratique.

Quand Hallas dit que nous refusons d’écrire sur ce sujet, il s’appuie de nouveau sur le manque général de connaissance de ses lecteurs. À l’époque de la conversation avec [CONFIDENTIEL], Hallas n’a pu donner que son opinion personnelle selon laquelle nous devrions nous adresser aux SI au sujet de la question du capitalisme d’État – ce n’était certainement une invitation “officielle”. [CONFIDENTIEL], faisant allusion à « des questions plus importantes », a agi conformément à cela dans le contexte du fait que, quand nous avons rejoint les SI, la question la plus pressante était celle du parti révolutionnaire – au début, nous avons prêté principalement attention à cette question, et nous avons rendu cette raison explicite dans le “Worker’s Fight” n° 1.

Mais, dès début de 1969, nous avons lancé une série de débats sur cette question. Ceux-ci ont été interrompus par la nécessité de nous défendre contre des attaques organisationnelles et contre les tentatives de scission dans la section de Manchester. Mais, au cours de ce combat et des luttes ultérieures à propos de la question irlandaise, nous avons néanmoins publié un recueil comprenant la réédition des textes de Trotski sur le sujet, avec une  introduction relative au capitalisme d’État. Nous avons cru et nous croyons encore que toute tentative pour que notre matériel soit publié dans le journal des SI serait une perte de temps. Bien qu'il puisse être pertinent de se demander si nous avons été à la hauteur, c'est une calomnie totale de dire que nous avons évité le problème.

9°) La tentative destinée à exclure la Tendance qui a été lancée avec la diatribe hystérique de Hallas.

Si la direction parvient à ses fins, cela se terminera par une exclusion hypocritement “raisonnable” lors de la Conférence extraordinaire du 4 décembre. La raison en est simple. Résolue à construire un parti non-léniniste peu structuré, mais centralisé, la direction est confrontée maintenant à la nécessité d’éliminer une opposition sérieuse. Son brusque virage opportuniste à propos du Marché Commun a alerté de nombreux camarades sur la nature de sa politique – sur une seule question. Nous avons organisé la lutte, et la réponse l’a déconcertée. Elle a peur que les camarades généralisent à partir de cette expérience du Marché Commun. D’où la tentative abrupte de Hallas de mettre hors la loi la lutte destinée à généraliser sur le plan politique – c'est-à-dire de faire la synthèse et de conclure que les SI sont centristes. D’où les exclusions projetées.

Certains camarades, qui sont opposés à la ligne officielle sur le Marché Commun, soutiennent néanmoins l’exclusion pour la raison que, pour eux, il n'est pas “sans danger” d’organiser une discussion interne “polie” quand nous sommes dans les parages. En aidant à nous exclure, ils veulent restaurer leur liberté d’avoir la bonne ambiance d’un club de débats parmi les milieux dirigeants, en permettant à l’appareil du Groupe d’être opérationnel pour proscrire les tendances organisées qui combattent la ligne officielle.

Certains de ces gens-là ont passé plus d’une décennie (avant que les SI n’aient redécouvert en 1968 qu’ils “croyaient”, après tout, à la nécessité d’un parti léniniste) à faire des plaisanteries cyniques à propos du centralisme démocratique. Ils le considéraient comme un système complètement bureaucratique. Et ils le considèrent toujours comme un système bureaucratique – ce n’est que maintenant qu’ils en voient l’“utilité”, et qu’ils sont prêts à brandir la hache de guerre. Ils n’ont jamais compris que c’est l’élément démocratique du centralisme démocratique qui est particulier dans le léninisme, et non pas le centralisme, ni qu’il est possible d’organiser une démocratie relativement civilisée à l’intérieur de l’organisation révolutionnaire. Ils ne le comprennent toujours pas à l’heure actuelle.

Si la Tendance est exclue, cela produira un changement qualitatif dans le contrôle grandissant du Groupe sur l’appareil. Cela établira un précédent qu’il utilisera comme bon lui semblera. Ceux qui voudront lutter contre le danger de dégénérescence bureaucratique des SI et en faveur d’une conception léniniste du parti révolutionnaire, laquelle est opposée à celle qui est actuellement dominante dans les SI, ont par conséquent un intérêt vital et direct à combattre l’exclusion de la Tendance trotskiste.

C’est la Tendance trotskiste qui sera peut-être au banc des accusés – mais ce seront les SI et leur direction, ainsi qu’en fin de compte leur viabilité en tant qu'organisation socialiste révolutionnaire non sectaire, qui seront jugés le 4 décembre.

 

Adresse : [CONFIDENTIEL]                                             Tendance trotskiste

                                                                                                 20 – 10 - 71

                                                                                                    

    

Méthode et politique,

 

Une réponse personnelle à la Tendance trotskiste

 

par [CONFIDENTIEL]

  

1. Comment, en un mot, la Tendance trotskiste conçoit-elle le Groupe ?

Les SI, à ce que l’on raconte, se sont constitués à la suite d’une capitulation devant l’opinion publique réactionnaire dans le climat de la Guerre froide à la fin des années 1940. Nos positions sur la Corée et sur l’Europe orientale sont utilisées comme des preuves de cela. Sans surprise, c’est sitôt après avoir tourné le dos à tout ce qui est cher aux trotskards que nous avons dégénéré de plus en plus. Nous avons renoncé, et même nous sommes opposés, à la concentration du parti prônée par Lénine. Certains d’entre nous ont même fait « des remarques cyniques sur le centralisme démocratique ». À la suite de notre abandon de la “méthode marxiste”, nous nous sommes débrouillés par une raison inexplicable à grossir de manière considérable.

La pression de ces nouvelles recrues, bien qu’« inexpérimentées » et malavisées, est une source continuelle de pression positive sur la direction. La raison en est que les nouvelles recrues sont « subjectivement » révolutionnaires. Sous cette pression, la direction a accepté de réintégrer des éléments « fragmentaires » de la tradition (étant opportuniste, cela ne lui a posé aucun grand problème. Dans la pratique, elle poursuit en grande partie dans sa bonne vieille voie). Malgré cette bonne pression, ainsi que la présence de la Tendance trotskiste, « qui organise la lutte » sur toutes les questions importantes actuelles (Irlande, législation sur les syndicats, Pilkington, Marché Commun, internationalisme, etc.), les SI ont pris une position qui va à l’encontre du principe marxiste.

Qui sont les camarades de la Tendance trotskiste qui essaient de plaisanter ?

 

2. Qui « a abandonné le léninisme » et qui « s’est éloigné du trotskisme » ?

La caractéristique essentielle du trotskisme et son mérite le plus fondamental, c’est une seule et même chose. Pendant tout une période historique, il a maintenu vivante la tradition léniniste. Au cours des années de trahisons staliniennes, de montée du fascisme, de chômage, de défaites et de désespoir, le mouvement trotskiste a continué à brandir haut le drapeau. Il s’agissait à cette époque-là d’une bataille physique pour la survie face aux persécutions provenant de droite et de gauche. Et le plus souvent, il s’agissait d’une lutte pour les idées. Cela signifiait se servir des armes de la calomnie pour contrer la machine de falsification stalinienne, afin de défendre les idées de Lénine.

Quelles étaient pour l’essentiel ces idées ? La conception de Lénine d’un parti centraliste démocratique comme fer de lance de la classe ouvrière, en un. Le fait que la classe ouvrière est au centre de l’arène politique, en deux. Sans l’intervention consciente de la classe ouvrière, il ne pourrait pas y avoir de révolution. L’émancipation de la classe ouvrière est l’œuvre de la classe ouvrière elle-même.

Hélas, tout cela devait être jeté par la fenêtre après la guerre. À la fin de cette Seconde Guerre mondiale, l’URSS a établi des régimes tout compte fait similaires à elle-même de par leur structure en Europe orientale. Comment ces régimes-là devaient-ils être caractérisés ? C’était une question capitale pour les trotskistes qui maintenaient que la Russie était toujours par certains côtés un État ouvrier. Finalement, ils ont été caractérisés comme étant des “États ouvriers déformés”. Mais c’était là une rupture fondamentale avec la tradition marxiste. Cela signifiait qu’une révolution, bien que déformée, pouvait avoir lieu sans l’intervention de la classe ouvrière et en l’absence de l’activité d’un parti révolutionnaire. En fait, elle pouvait avoir lieu contre la classe ouvrière et après que les organisations révolutionnaires avaient été détruites à la pointe des baïonnettes staliniennes.

C’est à ce moment-là que nous rompons avec le mouvement trotskiste officiel, et ce précisément afin de rester dans la tradition marxiste.

Aujourd'hui cependant, nous nous retrouvons attaqués. Nous avons rompu délibérément avec ceux qui, d’un coup de plume, se passaient de la nécessité d’un parti. Nous avons édifié la première approximation viable d’un embryon d’un parti révolutionnaire dans ce pays. Nous somme accusés aujourd'hui d’avoir renoncé à la conception que Lénine avait du parti.


Qui se moque de qui ?

 

3. Principes et tactique dans la question irlandaise

En 1969, a eu lieu dans le Groupe un débat qui portait sur la question de la présence des troupes britanniques en Irlande. Tout le monde était d’accord sur la question de principe. C'est-à-dire sur le rôle impérialiste de ces troupes. Au mois d’août cependant, la situation a évolué jusqu’à un point où un véritable pogrom ne pouvait pas être exclu. Afin de conserver ses intérêts à long terme dans l’île, la Grande-Bretagne a déployé ses troupes en vue de mettre fin au pogrom. Tels sont les faits. Quelle devait être notre attitude ?

Le CE se divise en deux. La majorité décidait de maintenir sa position de principe en ce qui concerne les troupes. Absolument tous les articles publiés à cette époque-là disent clairement quel est le rôle à long terme des troupes. Ils prédisaient qu’en fin de compte elles seraient employées contre les socialistes. Mais la majorité décidait aussi de manière tactique de retirer des gros titres, en tant que slogan immédiat, “Troops out” [Les troupes, dehors]. Elle signalait, ce qui était correct, que toute les forces progressistes d’Irlande, y compris l’IRA, ne reprenaient pas ce slogan. Elle montrait que c’était uniquement dans les zones paysleyites que le slogan était populaire. J’étais dans la minorité. Duncan Hallas et [CONFIDENTIEL] étaient aussi dans la minorité. Nous soutenions que, d’un point de vue tactique, il fallait maintenir le slogan. La raison ? Parce que, tout en admettant les arguments de la majorité, l’écrasante quantité de nos journaux était vendue en Grande-Bretagne, et non en Irlande. Notre position était absolument claire, en toutes lettres, dans les procès-verbaux, etc.

Nous nous sommes rendus à la conférence. Nous y avons trouvé la Tendance trotskiste comme compagne de route. Quelle était sa position ? Elle aussi était favorable au slogan du retrait immédiat des troupes britanniques. Pas tactiquement cependant, mais en tant que principe. Mais il y avait pire à venir. Elle soutenait que pour elle le slogan était indissocia-blement lié à la revendication de la partition de l’Ulster. Cette revendication extrêmement réactionnaire n’était pas une idée qui serait sortie à l’improviste de la tête de quelqu’un. Une carte, sous une forme dupliquée, et montrant la concentration catholiques/protestants en Ulster, a été distribuée à tous les délégués. L’un de ses intervenants a indiqué qu’il ne faudrait pas beaucoup de camions pour effectuer les inévitables transferts de population. D’autres ont souligné que, en tant que socialistes, nous ne devons pas craindre de faire des sacrifices dans l’intérêt de la lutte de classe. Par conséquent, qu’est-ce qu’était un pogrom pour nous ?

Je ne sais pas pourquoi Duncan ne s’est pas exprimé sur cette question. Mais je sais pourquoi je ne l’ai pas fait. Je n’étais en aucun cas prêt à fournir une crédibilité quelconque aux partisans de telles idées. Sur le plan tactique, ils auraient pu être d’accord avec moi. Mais sur la méthode, c'est-à-dire la manière correcte employée pour arriver à des décisions, il n’y aurait pas pu y avoir de plus grand désaccord.

L’on pourrait consacrer de nombreuses pages à réfuter les calomnies, à mettre les choses au clair, à montrer là où la politique était fautive dans tel ou tel exemple. Je pense cependant que les deux exemples mentionnés plus haut seront suffisants. La vérité sur cette question est que la politique de la Tendance trotskiste est incroyablement sous-développée. Elle partage avec le SPGB(*) la conviction que principes et tactique sont synonymes. C’est la raison de la remarque indignée suivante : « Cliff a vraiment été applaudi par le NC quand il a dit ces derniers temps… que les principes sont en contradiction avec la tactique ». Mais camarades, ce qu’a dit Cliff est l’ABC du marxisme. C'est la raison pour laquelle Lénine le considérait aussi bien comme étant un art que comme une science. Nous sommes tous en principe pour l’abolition de l’argent. Tactiquement, ne devrions-nous pas l’élever au rang d’un slogan toutes les semaines dans notre journal ?

Je ne pense cependant pas que sa politique soit l’essence de la Tendance trotskiste. Ni évidemment la raison de nos propositions de nous séparer.

4. Quelle est l’essence de la Tendance trotskiste ?

Quelques observations initiales. La position de la majorité du NC des SI sur la CEE est considérée comme la preuve d’une erreur méthodologique fondamentale. D’après la Tendance trotskiste, l’IMG est réputé avoir « une position formellement correcte ». La position sur la CEE de la majorité du NC et de l’IMG est identique. Pour la Tendance trotskiste, ainsi que je l’ai signalé au point 1 ci-dessus, les positions politiques des SI sur toutes les questions majeures actuelles se sont opposées directement à tous les principes marxistes. Notre journal, qui est notre moyen de transmission de ces positions, touche plusieurs milliers de militants chaque semaine. La Tendance trotskiste a des désaccords de principe avec nos positions. Ses adhérents sont pourtant très heureux de vendre ce journal. Ne prennent-ils pas sa politique au sérieux ? Pourquoi tiennent-ils à continuer de tromper tant de gens avec notre matériel ? Sur la plupart de ces mêmes questions politiques, les membres de la Tendance trotskiste se sont divisés dans toutes les directions. Et pourtant ils prétendent tous souscrire à une méthode commune qui les sépare du reste d’entre nous. Comment cela se peut-il ?

Le trotskisme a maintenu vivante une tradition léniniste au cours d’une période extrêmement difficile, non sans s’exposer à certains dommages. Sa politique de petits groupes, la tactique de l’entrisme qu’il a souvent pratiquée, sa bataille rangée pour les principes, l’ont marqué à la longue. Le sectarisme fait partie de la tradition trotskiste. Le mouvement a fait de son mieux, et si nous en sommes là aujourd’hui, c’est en raison de ses combats. Mais nous ne devrions pas oublier ses défauts.

Les  camarades de la Tendance trotskiste ont renoncé à son héritage politique essentiel, étant donné qu’ils n’en ont retenu que le sectarisme. Comment pouvons-nous interpréter cette déclaration : « … il est possible pour la direction d’introduire certaines de ces mesures, ou même toutes [c'est-à-dire les propositions de la Tendance destinées à améliorer le Groupe] … sans toucher à la racine du problème, car le problème se situe dans la méthode éclectique et pragmatique de la direction de Cliff ». Pile je gagne, face tu perds. Même lorsqu’elle avance un ensemble de propositions, la Tendance trotskiste désire s’assurer que, dans le cas improbable où elles seraient acceptées, il lui resterait une raison pour continuer à exister. La politique devient une question de méthode qui est dissociée des décisions réelles qui sont prises. C’est de la métaphysique sectaire.

Pourquoi devrions-nous nous séparer ?

Les fractions se constituent dans les organisations révolutionnaires dans le but de changer la position de la majorité sur des questions particulières. Une fois que la lutte progresse, les fractions disparaissent. Ce droit à organiser des fractions fait partie intégrante du centralisme démocratique.

Les camarades de la Tendance trotskiste demandent alors : que se passe-t-il quand, après être passé d’une question à l’autre, l’on voulait généraliser son opposition ? Les tendances oppositionnelles larges et globales ne sont-elles pas autorisées ?

La réponse est simple : cela dépend. J’ai été en désaccord aujourd'hui avec la majorité sur deux questions importantes : l’Irlande et la CEE. Je pourrais penser qu’il y a un rapport entre les deux erreurs. Mais pour moi, un changement de certaines politiques est tout ce qui est réclamé. Mes désaccords portent sur des politiques, ils ne précèdent ni ne dépassent à la fois les politiques. Quand un désaccord quantitatif devient un désaccord qualitatif, quand l’opposition à des politiques devient une opposition de méthode, la coexistence devient impossible. Elle est non seulement impossible, mais elle est réellement indésirable.

La période prérévolutionnaire est marquée par une lutte d’idées à l’intérieur du camp politique. Les preuves d’une manière de penser politique résident dans son succès. Qu’est-ce qui a fait le prestige des bolcheviks ? Leurs succès en tant que révolutionnaires.

Les camarades de la Tendance trotskiste pensent que leurs idées sont meilleures que les nôtres. Plus que cela. Ils croient que leur méthode est meilleure que la nôtre. Je ne le pense pas. Qu’ils prouvent qu’ils peuvent faire mieux. Maintenant et à long terme.

La clarté politique, pour nous, pour eux et pour la classe ouvrière, ne peut résulter que d’une telle décision.

La raison pour laquelle l’on n’autorise pas les tendances à exister dans une organisation révolutionnaire, ce n’est pas seulement parce qu’elles sont destructrices. C'est également parce c’est une abdication des responsabilités politiques des deux côtés.

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UN BILAN POUR MANCHESTER

[CONFIDENTIEL] 

  Au cours de l’été 1968, la section de Manchester des SI était la plus grosse section du pays, avec 57 membres, sur lesquels 12 étaient des ouvriers de l’industrie. Les quatre membres du Worker’s Fight les ont rejoints. (Le nombre total  des membres du Worker’s Fight qui ont rejoint les SI pour tout le pays à ce moment-là était de 9 – quatre pour Manchester, quatre pour le Teesside et un à Coventry).

La conséquence immédiate a été des querelles factionnelles intenses. Un an plus tard, au cours de l’été de 1969, le nombre d’adhérents avait chuté à 34, parmi lesquels trois seulement étaient des ouvriers de l’industrie. Craignant que la démoralisation et la chute continuent, le NC est intervenu et il a divisé la section de Manchester en deux : Manchester n° 1 sous l’influence de la Tendance trotskiste avec 21 membres, dont 3 étaient des ouvriers de l’industrie, et Manchester n° 2, avec 13 membres.

À l’heure actuelle, après un peu plus de deux années, le bilan est le suivant :

Manchester n° 1 – 21 membres sur lesquels deux sont des ouvriers de l’industrie (l’un  des ouvriers de l’industrie qui était là à l’origine est devenu étudiant). Pendant ces deux années, aucun ouvrier de l’industrie n’a adhéré à la section, et la croissance d’ensemble de la section est nulle. Nous nous demandons pourquoi Manchester n° 1 a de si mauvais résultats. L’on ne peut pas faire adhérer des gens à une organisation centriste « qui subit une dégénérescence qualitative ».

Manchester n° 2 – 60 membres, sur lesquels 10 sont des ouvriers de l’industrie             (4 imprimeurs, 2 machinistes, 1 chauffeur de bus, 1 électricien, 1 ouvrier de brasserie ainsi que 1 membre de l’ASTMS dans une usine de construction mécanique).

Le gain du Worker’s Fight depuis son entrée dans les SI il y a trois ans a été le suivant : 4 membres du Worker’s Fight ont rejoint les SI, et maintenant il a 10 membres à Manchester. Mais le coût de cette entrée pour les SI est moins facile à estimer. Combien de membres les SI perdent ou manquent de gagner à Manchester à cause du Worker’s Fight ?

Devant le bilan ci-dessus, il est assez amusant de lire dans “La Plateforme de la Tendance trotskiste ” l’allusion à « la croissance rapide et facile du groupe ».

Incidemment, dans toute la Plateforme, le “Socialist Worker” n’est même pas mentionné une seule fois. Et pourtant le “Socialist Worker” est notre outil principal pour  édifier notre organisation. Ce n'est pas un hasard. Au cours des trois années pendant lesquelles le Worker’s Fight a fait partie des SI, [CONFIDENTIEL] n’a écrit qu’un seul article pour le “Socialist Worker”. Et personne d’autre du Worker’s Fight, si je ne me trompe, n’a écrit d’articles pour le “Socialist Worker”. ([CONFIDENTIEL] n’a écrit ce seul article qu’une fois qu’il a rompu avec le Worker’s Fight). Durant cette même période, le groupe du Worker’s Fight a sans doute écrit 15 documents qui “dévoilaient” la direction, et chaque document était égal en longueur probablement à cinq ou à dix articles du “Socialist Worker”. Qui s’intéresse à construire une organisation centriste quand le travail en cours est de dévoiler la direction ? Quelle meilleur preuve que le Worker’s Fight ne fait pas réellement partie intégrante des SI, mais une organisation séparée sans aucune solidarité du tout pour ce qui concerne les besoins de construction des SI. Ceci explique le dossier organisationnel du Worker’s Fight à Manchester. Vous ne pouvez pas construire une organisation si vous n’êtes pas fier d’y appartenir.


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POUR MÉMOIRE : Tony Cliff 

  Il y a deux ans, il y a eu  deux désaccords liés entre eux entre la Tendance trotskiste et la majorité des SI au sujet de l’Irlande.

1°) La Tendance trotskiste était favorable à la répartition des 6 comtés selon des critères religieux. Elle a même produit à cette fin pour la conférence une carte qui prétendait montrer la base religieuse d’une telle répartition. L’un de ses représentants a même parlé en termes de “transferts de population” – et naturellement il n’a pas dit qu’un autre pogrom serait nécessaire pour faire bouger les gens. La Tendance trotskiste ne mentionne plus jamais cette position maintenant. Pourtant en 1969 encore, elle liait de manière indissociable la question de la partition avec sa revendication selon laquelle nous devrions soulever, à l’aide d’un slogan immédiat et d’agitation, la question du retrait sans délai des troupes. Pourquoi les documents de la Tendance trotskiste ne mentionnent-ils plus cela au cours des deux dernières années ?

2°) La question des troupes. Quelle était la situation en août 1969 ? Citons un extrait de la brochure de l’IRA publiée récemment : “La bataille de Belfast” : « À Derry même, en désespoir de cause, peu après 16 heures le 14 août (1969), 60 B-Specials(*) armés sont arrivés à Derry pour renforcer la RUC(**) démoralisée. La vieille béquille et arme de l'unionisme était éliminée. 8400 autres B-Specials ont été demandés formellement par le Stormont(***) pour prendre leur service… C'est à ce stade que Westminster est intevenu… À 17 heures 15, les premières troupes sont entrées dans le Bogside pour y empêcher une confrontation majeure entre la population catholique et les B-Specials. Les habitants du Bogside les ont accueillies avec des acclamations et ensuite des tasses de thé… (À Belfast, la politique de l’armée a mené à des affrontements entre le reste des B-Specials et leurs alliés de l’UVF(****), d’une part, et l’armée, d’autre part. Les 11-12 octobre, au moins 22 soldats britanniques ont été tués au Protestant Shankhill Road. ».

Quelle est l’attitude prise par les SI au cours de cette période-là ? L’on prétend que « nous avons de facto soutenu l’intervention des troupes britanniques ». En réalité, si l’on prend au hasard quelques éditoriaux du “Socialist Worker”, pour eux, seule l’auto-défense armée pourrait protéger les travailleurs catholiques contre une recrudescence des pogroms, et aussi bien, à long terme, contre les troupes britanniques. Prenons par exemple l’éditorial du “SW” du 21 août 1969 (lorsque les troupes sont intervenues) : « Les troupes britanniques ont été présentées à la presse comme ayant pour mission de restaurer l’ordre public… Mais l’on ne devrait pas penser que les troupes britanniques vont pouvoir commencer à résoudre le problème (des travailleurs catholiques). Le rôle des troupes britanniques n’est pas d’apporter une solution quelconque au problème du peuple de l’Irlande du Nord, mais de geler une situation qui semble devenir incontrôlable et causer du tort aux intérêts de la classe dominante britannique en Irlande... La seule force qui mettra fin au régime répressif, c’est la mobilisation devant être poursuivie de la population assiégée… L’intervention de troupes britanniques permet seulement un moment temporaire de répit au cours duquel les défenses de la communauté catholique peuvent être renforcées. ».

4 septembre 1969 : « Derrière les lignes des troupes britanniques, l’appareil de répression du régime du Stormont demeure ». « Les travailleurs catholiques d’Irlande du Nord ne peuvent accorder aucun confiance à des promesses quelconques tant que le Stormont n’est pas supprimé ».

11 septembre 1969 : éditorial : « Les barricades devraient rester… Les (travailleurs catholiques) devraient demander instamment à leurs soutiens du Sud d’ouvrir un second front contre le régime Green Tory à Dublin afin de leur envoyer des armes provenant des arsenaux du Sud qui les rendraient finalement capables d’exiger le retrait des troupes britanniques étant donné qu’ils auraient alors confiance dans le fait qu’ils pourraient empêcher par eux-mêmes un pogrom… Il ne peut y avoir aucun espoir de progrès pour les travailleurs irlandais tant que l’île est divisée. ».

Voici ce que nous avons dit en réalité, semaine après semaine, sans cesse. C’est aussi, incidemment ce que toute organisation républicaine en Irlande disait également – sauf que nous parlions plutôt clairement de la nécessité de préparer la résistance aux troupes. Et pourtant, [CONFIDENTIEL] prétend que nous avons de facto fourni du soutien à l’intervention des troupes britanniques. Et ce pour la raison que nous n’avons pas lancé le slogan immédiat d’agitation de retrait des troupes, à un moment où les B-Specials restaient armés et où les organisations catholiques ne l’étaient pas.

Nos camarades de Glasgow se sont retrouvés il y a une quinzaine dans une manifestation qui a été attaquée par des orangistes qui les surpassaient en nombre dans une proportion de deux contre un. La police (qui était elle-même infiltrée par les orangistes) s’est sentie obligée de fournir une protection au moins partielle à nos camarades. Est-ce qu’à ce moment-là notre slogan aurait dû être : « Écrasez la police » – et ne fournissions-nous pas de facto un soutien à l’État bourgeois en ne le lançant pas ?

Le Worker’s’ Fight accuse la Majorité du NC de capitulation devant la pression de l’opinion publique en 1969. Si nous étions réellement si faibles, cela devrait être maintenant que nous aurions cédé à l’agitation de la presse et de la télévision contre les “terroristes irlandais”. En 1969, la presse n’était pas hystérique du tout contre l’IRA.

Si nous étions sensibles à l’opinion publique, ce serait à l’opinion des républicains et des socialistes de l’Irlande du Nord. Ni l’IRA, ni le PD, ni n’importe quelle organisation socialiste en Irlande du Nord, n’a lancé le slogan du retrait des troupes britanniques comme un slogan immédiat en 1969. Le seul endroit où des slogans tels que : “Army go home” étaient écrits sur les murs se trouvait à cette époque en territoire dominé par Paisley. En tant que révolutionnaires dans un pays impérialiste, nous sommes fiers de plaider coupables d’être sensibles aux cris des opprimés coloniaux, sensibles aux battements de cœur des républicains et des socialistes en Irlande du Nord.

L’attaque diffamatoire du Workers’ Fight contre la direction des SI sur la question de l’Irlande n’est pas différente d’un iota, dans son style et dans son contenu, de celle de la SLL(*). Mais cette dernière a au moins eu la décence de ne pas prétendre faire partie des SI. Les calomnies de la SLL à l’endroit des SI ne nous ont que peu affectés. Nous n’avons pas trouvé nécessaire de perdre notre temps à répondre à ses allégations. Nos membres, même les plus récents, ne peuvent pas ajouter foi à une secte qui est une ennemie des SI. Avec le Workers’ Fight, la situation est différente. Étant donné qu’il est formellement membre des SI, nous avons répondu aux calomnies, une chose que n’avions pas faite depuis trois longues années. Avec 1 500 nouveaux membres qui nous ont rejoints au cours de l’année passée, les trois-quarts de nos membres ne savent pas quels étaient réellement les différends à propos des événements d’Irlande du Nord en août 1969.

Avec l’expansion future des SI, nous avons seulement deux solutions :

1°) Dépenser de plus en plus de ressources pour répondre aux calomnies du Workers’ Fight (le fait d’avoir 35 membres dans le Workers’ Fight n’est pas une entrave pour répandre largement la calomnie selon laquelle nous fournissons « de facto un soutien à l’intervention des troupes britanniques »).  

2°) La seconde solution consiste à annuler le privilège du Workers’ Fight de faire partie des SI.

Le premier choix signifiera que nous nous tournons vers l’intérieur. Le second choix est d’autoriser le Workers’ Fight à avoir les mêmes droits que la SLL dans notre organisation.


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 P.S. La mesure dans laquelle le Workers’ Fight ne s’intéresse pas réellement à construire notre influence parmi les travailleurs irlandais en Grande-Bretagne ou à participer à des campagnes dirigées contre l’impérialisme britannique en Irlande devient claire si l’on observe la défaillance complète de n’importe lequel de ses membres à écrire sur l’Irlande pour le “Socialist Worker” ou même à apparaître à n’importe quelle conférence organisée par les SI au cours de l’an passé ou à peu près. Pour lui, le droit de critiquer ne s’accompagne pas du devoir de travailler à construire les SI.

 

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  La Metropolitan Police (litt. « Police métropolitaine », familièrement: The Met) est la force territoriale de police britannique responsable du Grand Londres à l'exception de la Cité de Londres, qui a sa propre force de police : City of London Police.

La Met a également des responsabilités nationales significatives comme la coordination et la direction nationale en matière de contre-terrorisme et la protection des membres de la famille royale britannique ainsi que des membres du Cabinet.

En , la Met employait 46 543 personnes répartis comme suit : 32 125 officiers assermentés, 9 521 personnels de police (soutien et logistique), 1 626 personnels de la police communautaire (police community support officer (en)) et 3 271 préposés à l'information et au maintien de l'ordre (special constables (en)) qui travaillent à temps partiel (au moins 16 heures par mois) et qui ont les mêmes pouvoirs et uniformes que leurs collègues.

Fondée par Robert Peel en 1829, elle est de loin la plus grande force de police du Royaume-Uni et une des plus grandes au monde.