"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

mercredi 15 octobre 2025

La foule déchaînée est au parlement, en effet Gustave Le Bon !



«
 Le régime parlementaire synthétise d'ailleurs l'idéal de tous les peuples civilisés modernes. Il traduit cette idée, psychologiquement erronée mais généralement admise, que beaucoup d'hommes réunis sont bien plus capables qu'un petit nombre d'une décision sage et indépendante sur un sujet donné. Nous retrouvons dans les assemblées parlementaires les caractéristiques générales des foules : simplicité des idées, irritabilité, suggestibilité, exagération des sentiments, influence prépondérante des meneurs »

GUSTAVE LE BON

« Si un législateur veut, par exemple, établir un nouvel impôt, devra-t-il choisir le plus juste théoriquement? En aucune façon. Le plus injuste pourra être pratiquement le meilleur pour les foules, s'il est le moins visible, et le moins lourd en apparence. C'est ainsi qu'un impôt indirect, même exorbitant, sera toujours accepté par la foule. Étant journellement prélevé sur des objets de consommation, par fractions de centime, il ne gêne pas ses habitudes et l'impressionne peu. Remplacez-le par un impôt proportionnel sur les salaires ou autres revenus, à payer en un seul versement, fût-il dix fois moins lourd que l'autre, il soulèvera d'unanimes protestations. Aux centimes invisibles de chaque jour se substitue, en effet, une somme totale relativement élevée et, par conséquent, très impressionnante. Elle ne passerait inaperçue que si elle avait été mise de côté sou à sou; mais ce procédé économique représente une dose de prévoyance dont les foules sont incapables. »

le même

Plus de classes mais des foules...

Des foules de 49 millions d'électeurs qui ont choisies l'assemblée bordélique actuelle ! La faute attribuée au seul Macron, qui, voulant disposer d'une majorité plus solide a procédé en 2024 à une dissolution considérée comme honteuse par toutes les cliques politiques hâbleuses. Pas vraiment, la faute à Macron a été d'oublier que le système dominant a depuis des années dissout et évite le terme de classes, remplacé par couches moyennes et bas des couches moyennes.... Dorénavant on nage dans un marais de couches, de sous-couches, de lobbies divers, d'électorat fonctionnaire, d'influenceurs religieux ou pas, de clans ethniques, etc. D'où n'émergent que des cliques politiques disparates et sans autre réel programme que de s'emparer pour leur pomme du pouvoir d'Etat.

Auparavant, quoique relativement (loin de l'imaginaire trotskien ou bordiguien) on pouvait parler de vote de classe où la droite de façon simpliste représentait seule le capital tandis que la gauche était présumée défendre les pauvres et les ouvriers. Bien que mystificateur sur la réalité du pouvoir partagé avec une opposition complice sur le fond, ce clivage officiel primitif permettait, sous la cinquième république, d'obtenir des gouvernements majoritaires et une alternance.

Macron n'a pas compris que ce schéma était caduque. Désormais les foules ce sont des agrégats d'intérêts régionaux, ethniques, religieux, de claques du genre, de sectes féministes, des minables écolos-bobos, où l'individu ne se sent plus obligé d'en référer à son appartenance de classe. Une bonne part de la prescience de Gustave Le Bon, et de tant d'excellents sociologues qui ont suivi sa voie, se trouve confirmée. La politique est devenue un sentiment on vote par émotion. Pour le résumer grossièrement le vote peut apparaître comme multi-ethnique : Bardella plébiscité par des blancs, Mélenchon bénéficiant du vote arabe1, le PS obtenant encore mais en partie le vote des cadres, et les autres, incluant la clique écolo, raflant la mise dans la petite bourgeoisie des grandes villes. Avec une nuance de poids : la pérennité et la croissance de l'abstention dans la classe ouvrière, français et immigrés.

Il faut prendre tous les sondages avec des pincettes, chacun obéit à des commandes idéologiques d'un camp. La plupart de ceux qui nous content la prégnance d'un socle fondamental ouvrier dans l'électorat RN mentent ; cela est facile à démontrer, si des ouvriers votent en effet pour cette clique d'arrivistes incapables et étroits, c'est en tant qu'individus puisque le mode d'action de ce parti oligarchique est résolument opposé à toute action collective. En revanche il n'y a pas du tout un vote massivement ouvrier pour a clique petite bourgeoise de Mélenchon, ce qui signifierait qu'un vote collectif serait possible dans le cadre des élections bourgeoises (on sera à le nuancer pour l'électorat ouvrier arabe). Non la vraie expression majoritaire dans la classe est l'abstention et sa dérive (naïve ou individualiste) le vote blanc.

Abstention : la persistance d’un « sens » caché

Derrière les intentions de participation électorale à l'institution bourgeoise se cache de grandes disparités selon le niveau de vie. Le niveau de participation augmente rapidement avec le revenu plus haut. Ce qui est remarquable est la dimension sociale de l’abstention, la rengaine faisant de vote RN un vote de classes populaires ne résiste pas à l’épreuve des données : le bloc d’extrême droite obtient en réalité des résultats relativement homogènes, entre 20 et 30% des inscrits, dans tous les bureaux de vote, à l’exception des plus pauvres et des plus riches. Dans les premiers, l’abstention est de loin le premier parti, suivi par la coalition de gauche. Par ailleurs, l’abstention arrive en tête dans quasiment partout. En moyenne, le RN fait bien ses plus gros scores dans le rural et dans les couronnes périurbaines des métropoles. En revanche, il apparaît que les électeurs des couronnes urbaines sont moins susceptibles de voter pour le RN que ceux habitant les villes-centre. Or, il existe une corrélation très forte entre la taille d’une aire et la proportion de votes pour le RN. Le vote RN est un vote de village et de ploucs.

Les comportements électoraux restent donc fortement corrélés au niveau de revenu dans ces élections législatives anticipées de 2024. Les classes les plus populaires continuent de nettement moins se mobiliser que les classes supérieures. Au sein des votants, une part significative des suffrages dans les bureaux de vote au revenu le plus faible se dirige vers le bloc de gauche – à ce titre, l’antienne qui ferait du bloc d’extrême droite le principal réceptacle de la colère des plus démunis mérite d’être nuancée.2

Cet institut a l'honnêteté de nuancer, car cela ne signifie pas du tout que la clique petite bourgeoise à Mélenchon engrangerait principalement un vote ouvrier. LFI est surtout composé de jeunes citadins diplômés, 34% chez les cadres et seulement 21% en milieu ouvrier.  (moins en réalité)

Au demeurant, si la gauche en général n'est plus majoritaire parmi les ouvriers, son idéologie disparate et wokiste subsiste au sein de la très composite catégorie des professions intermédiaires où elle obtient désormais le plus de votes. On entend dire que la France est de droite maintenant en majorité, ce qui n'est pas exact. Oui l'ensemble des médias est contrôlé par la gauche bourgeoise à la suite de la misérable et partisane Radio France. La population et les prolétaires ne sont pas pour autant passés à droite, même si cette faction des privilégiés des LR au RN se défend d'être "sociale", c'est d'une désaffection profonde des cliques socialo-stalino-écolos dont il s'agit

La gauche bourgeoise décatie n' est toutefois pas hégémonique dans les couches petites bourgeoises (déclassées...) puisque la dite extrême droite réalise depuis les années 1990 une relative percée électorale dans ce groupe socioprofessionnel, notamment parmi les contremaîtres (sic ! Les plus cons). À cela s'ajoute l'abstention croissante du monde ouvrier, passant de 21 % à la présidentielle de 1995 à près de 30 % en 2017. Les voix des cadres se dispersent par ailleurs en se tournant notamment vers les cliques écologistes en perte d'influence lors des scrutins européens ou régionaux. On a assisté parallèlement à l'ambition affichée des élèves des grandes écoles pour réussir une carrière plutôt en politique que dans l'industrie et dans n'importe quel parti.

Si le vote des ouvriers s'éloigne des gauches classiques bourgeoises et se polarise aux extrêmes, c'est tout de même l'abstention qui est le premier parti des ouvriers et celle-ci trouve son origine dans une défiance grandissante à l'égard des partis de gouvernement et d'opposition affichée, débridée ou « responsable ».

Stabilité de l'abstention aussi en rapport avec le niveau d'étude. Scolarisation. De plus, les choix électoraux ne sont plus intégralement déterminés par la classe sociale, qui est un facteur explicatif parmi d'autres où l'émotion personnalisée prend le dessus.

Le rôle de l'émotion

Des chercheurs ont innové en montrant le rapport au politique n'est plus soluble dans les caractéristiques sociales ou psychologiques des électeurs. Il dépend tout aussi fondamentalement du degré auquel les enjeux sont construits par les acteurs politiques comme des enjeux autonomes par rapport au social, ainsi que du degré d'opposition idéologique des partis à ces enjeux. Du début des années 1960 à la fin des années 2000, c'est la dépolarisation des partis sur les enjeux économiques, plus que les transformations de la structure sociale, qui rend ainsi compte du recul du vote de classe en France. De même,si la perte d'influence du facteur religieux est moins nette, elle s'explique également par une dépolarisation des positions partisanes sur les enjeux moraux, accentuée par l'émergence de nouveaux enjeux liés à l' immigration incontrôlée et à l'ordre public, et face auxquels aucune des cliques politiques n'est en mesure de répondre sérieusement ni d'en expliquer les causes réelles.

Le terrain électoral se caractérise par une extrême volatilité où même l'abstention devient intermittente. La jeunesse comme catégorie révolutionnaire a toujours été une fable. Sa participation est très intermittente voire totalement abstentionniste. Les jeunes bobos diplômés votent gauche déjantée façon LFI ou écolo-bobo minoritaire, quand les jeunes ouvriers sans diplômes s'abstiennent en général même si une partie se résout à voter RN.

FIN DE PLAISANTERIE ELECTORALE : COMMENT EVITER LE SHUTDOWN ?

Au même moment que les Etats-Unis la France est menacée par un shutdown (paralysie budgétaire) d'ici le mois de décembre. Il y a urgence. Des milliers d'employés administratifs de l'armée, de la police, des écoles pourraient se retrouver sans salaires...

Mais aucun souci du côté des pantins parlementaires dans leur majorité. Il n'y en a que pour leur gueule et leurs misérables ambitions électorales.

Chasser le vilain Macron selon tous les serpents qu'il a réchauffé dans son sein ! Dissoudre le plus rapidement pour que la mère Le Pen puisse y croire encore ! Dissoudre ne servirait à rien selon la mère Tondelier qui, en effet, y perdrait sa place avec son quarteron d'inutiles bobos-écolos ! Dissoudre pour que LFI se retrouve en dessous de 10% et le RN à 40% pourquoi pas ?

En vérité tous ces fiers à bras n'en veulent pas de la dissolution qui serait un risque considérable pour tous, même pour les vantards du RN qui se sont affichés honteusement aux côtés du boucher de Gaza et qui, s'ils parvenaient au pouvoir feraient basculer l'Etat, comme LFI, dans le chaos, avec cette promesse de distribuer n'importe comment la retraite à tous.

Ce ne sont pas les industriels seulement qui sont atterrés par ce lamentable spectacle de politiciens en délire et autistes vis à vis de la réalité financière de l'Etat bourgeois comme vis à vis de la sidération même du prolétariat. Que le prolétariat, sa partie syndiquée et aristocratique, soit accroché à la croyance qu'on peut se sauver individuellement avec une retraite plus précoce que celle planifiée en sens inverse, en oubliant que 127 millions de retraités n'ont plus assez de cotisants,c'est aussi un déni de la réalité qui pousse au demeurant leurs politiciens favoris à relayer cette dinguerie.

Le discours de Lecornu a été flambloyant et d'un niveau...utopique. Si ce brave nouveau Premier ministre a en effet fait une concession majeure au PS, la suspension, il, nos a déçu par son panégyrique d'une « reparlementarisation » (comprenez fin du présidentialisme) et sa répétition ridicule « vous discutez,vous votez ». Croit-il que le peuple et le prolétariat puissent prendre au sérieux ces bandes de connards parlementeurs et arrivistes sans scrupules, ouvert à une capacité à discuter ? Quand la justiciable mère Le Pen quitte ostensiblement la salle en pleine présentation du discours puis quand au fur et à mesure des interventions, les bancs se délitent.

Là est pourtant la réussite de Lecornu : montrer l'irresponsabilité de tous ces gangs politiques, injurieux, haineux et creux. Utile vision pour les virer tous, ne plus voter pour eux et les mettre en tôle au jour de l'insurrection.

Les partis classiques, droite et PS, sont apparus plus honorables, Wauquiez en particulier, tentant de calmer le jeu un an encore.

Or patatras, on apprend ce matin la contrepartie du gel de la réforme, que je suis le seul à avoir dénoncée ici depuis des mois.

JEAN QUI RIT ET JEAN QUI PLEURE

L'Etat français est déficitaire et cherche n'importe où des boucs émissaires à son incurie à gérer un capital en crise. La suspension va coûter très cher et la continuation du merdier de l'instabilité politique n'est pas prête à être suspendue.

Puisqu'on n'a pas réussi à limiter l'arrivée massive de nouveaux retraités, qui sont donc prioritaires comme les assistés – une foule de gens qui snobent le travail et s'étonnent qu'on ait besoin d'une arrivée massive de travailleurs migrants – on va faire payer ces privilégiés déjà en retraite, avec la complicité « responsable » des Wauquiez et Hollande.

En quoi consiste le vrai gel des pensions de retraite actuelles et des allocations familiales ?

Le gel programmé n'est-il donc pas le même pour tous ? Comment serait appliquée cette mesure en 2026 ? Il faut comprendre, dans un premier temps, qu’à la fois les personnes à la retraite et les allocataires, qui bénéficient de prestations sociales, seront durement impactés. Les retraités ne verront donc pas leur retraite de base augmenter en 2026, même si les prix sont revus à la hausse en 2026. Les pensions complémentaires du privé ne seront pas revalorisées non plus. Voilà la réalité du vrai gel des retraites au profit d'un retour en arrière invraisemblable et impossible au fond; à rebourd  de la démagogie politique et syndicale, la plupart des prolétaires conscients ont compris la complexité et le gouffre des retraites.

Ce gel qui se retourne sur les actuels retraités, surtout sans défense du privén, c'est le prix à payer pour l'autre gel de la réforme qui permet l'arrivée de 750.000 nouveaux retraités par an. Ce qui en d'autres lieux serait dénoncé comme une division de la classe ouvrière, pour ce qui va devenir de plus en plus si les racailles de la gauche bourgeoise et petite bourgeoise l'emportaient finalement un partage « social » de la misère.

Par après, en 2027, les retraites seront moins augmentées que l’inflation. Elles seraient sous-indexées de 0,4 point dès 2027. Si l’inflation est de 3% par exemple, elles n’augmenteront que de 2,6 %. Et ne seront que partiellement revalorisées. Enfin, le gel des prestations sociales concerne les allocations familiales, les aides au logement, les minima sociaux… Qui ne verront pas non plus d’augmentation. La somme qui leur sera versée chaque mois sera exactement la même qu’en 2025


Avec la mise en œuvre de cette “année blanche” en 2026, le gouvernement table ainsi sur des économies qui se chiffrent à 3,6 milliards d’euros rapporte Le Parisien. Qu’en est-il en revanche des Français et surtout des prolétaires? Quels impacts auront ces mesures sur leur budget, eux qui se serrent déjà la ceinture au quotidien ? Il faut se préparer, avec le gel des prestations sociales et des pensions de retraite, à une “année noire” .

Mais franchement avec quelles alternatives? Aucune de crédible de la part de tous ces agités du bonnet irresponsales? D'une classe ouvrière qui n'a ni énergies ni capacités pour gérer ce chaos à la place de la bourgeoisie affolée et impuissante? Des tarés du RN et de LFI professionnels du bordel organisé? Et le chaos jusqu'à quand en attendant les caprices des uns et des autres, voire aboutissant à un éclatement de la société sans guerre civile révolutionnaire, qu'on ne peut encore décrire. Seul objet de satisfaction : les dépenses militaristes des Macron et Lecornu ne peuvent pas rester secrètes et sont déjà dénoncées vigoureusement par les lecteurs et sur le web mais pas par  la presse officiellle.

Mais que penser de ces foules de retraités et retraitaet sur les réseaux bles qui ne se livrent qu'à des comptes d'apothicaires pour leur avenir personnel, dont les protestations actuelles, applaudies par les clowns députés, serviront bientôt à une redistribution sociale misérable, sans aucune conscience du fait que le système étatique est en train de s'effondrer, que la guerre mondiale est au-dessus de nos têtes. On dirait déjà les mêmes foules imbéciles de l'avant 1914 dont Gustave Le Bon dénonçait le suivisme, l'aveuglement et la lâcheté. 

« Les grands hommes d'État de tous les âges et de tous les pays, y compris les plus absolus despotes, ont-ils considéré l'imagination populaire comme le soutien de leur puissance. Jamais ils n'ont essayé de gouverner contre elle. « C'est en me faisant catholique, disait Napoléon au Conseil d'État, que j'ai fini la guerre de Vendée; en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte, en me faisant ultramontain que j'ai gagné les prêtres en Italie. Si je gouvernais un peuple de Juifs, je rétablirais le temple de Salomon. » (L'irrationalisme des masses, Gustave Le Bon)


NOTES

1Selon une étude, plus de 60% des musulmans français ont voté pour la liste de La France Insoumise aux élections européennes, dimanche 9 juin. Des résultats dans la continuité de l’élection présidentielle de 2022, durant laquelle 69 % d'entre eux avaient choisi Jean-Luc Mélenchon. Pour les Africains on ne peut pas savoir, la statistique ethnique étant interdite. L'argument électoral qui a joué a été bien sûr la dénonciation du génocide à Gaza. Cependant cette immigration récente ou ancienne fait partie de la classe ouvrière. Indépendamment de leur vote pour le petit-bourgeois Mélenchon ce sont des travailleurs qui posent des problèmes de classe. Les trois quarts des musulmans (76 %) estiment que la question du relèvement des salaires et du pouvoir d’achat est un enjeu crucial, de même que l'éducation (73 %), la lutte contre la délinquance (73 %), la politique étrangère (71 %) ainsi que la lutte contre le chômage (65 %


jeudi 9 octobre 2025

LA CLASSE OUVRIERE PEUT-ELLE PROFITER DU CHAOS DES PARTIS BOURGEOIS ?

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« Ce sont des veaux. Ils sont bons pour le massacre. Ils n'ont que ce qu'ils méritent. Les Français sont comme ça depuis les Gaulois. Hannibal qui recrutait des légions pour battre Rome écrivait à son frère Hasdrubal, qui levait des mercenaires en Espagne et dans les pays voisins: Ne prends pas trop de Gaulois. Ce sont des ivrognes. Ils sont courageux dans l'action, téméraires au combat, mais vite découragés et jamais contents.» 

Charles de Gaulle

« Libre développement des individualités et donc pas de réduction du temps de travail nécessaire en vue de la création d'un surtravail, mais en général réduction du travail nécessaire de la société à un minimum, auquel correspond alors la formation artistique, scientifique, etc. des individus grâce au temps devenu libre et aux moyens créés pour tous ». 

(Karl Marx, Éléments fondamentaux de la critique de l'économie politique (Grundrisse)


La retraite ? UNE REVENDICATION ANTI-REVOLUTIONNAIRE !

Avec la révolution industrielle et le développement du salariat ouvrier se mettent en place des caisses de prévoyance privées, à gestion ouvrière, patronale ou mutualiste, progressivement encadrées et subventionnées par l’État. À la fin du XIXe siècle, la retraite devient même obligatoire pour certaines professions comme les mineurs ou les cheminots. Ces régimes, qui obéissent à des règles spécifiques de cotisations et de prestations, ont perduré jusqu’à aujourd’hui : ils correspondent aux régimes spéciaux (= privilèges accordés à la Libération aux plus gros secteurs de l'industrie pour éviter la révolution Cette nécessaire garantie de vie après le travail fait intégralement partie de la lutte de classe, certes. Mais aujourd'hui elle est vécue comme un dû sécurisant face au monde du travail plus exposé (licenciements, maladies) ; quand les exploités en fin de carrière en sont réduits à des rapports individualisés avec leurs caisses de retraite.

A ces époques du lointain passé, en réalité, rares étaient les ouvriers à atteindre l’âge de la retraite. En Europe il faut attendre la fin du 19 ème et le début du 20 ème pour que la retraite soit institutionnalisée par le réformisme quand la bourgeoisie la pense déjà comme une mesure anti-révolutionnaire, puisque prétendant garantir une « sécurité sociale » pour les vieux jours de ses chers exploités. Presque jusqu'à la fin du 20 ème siècle les pensions resteront misérables. La retraite signifie solitude et isolement, malgré les bons gestes du Secours populaire.

L'adoption de la retraite à 60 ans provoque une joie immense mais va coûter très cher à l'Etat, qui a fait cette énorme concession en 1981 pour éviter la révolution ou en tout cas préserver l'idéologie d'une gauche sociale hélas au pouvoir, mais dès 1983 c'est catastrophique et les gouvernements de droite successifs s'y casseront aussi les dents. L'antienne terrible des bourgeois oscille toujours entre justice sociale et viabilité financière !

Depuis la réforme Touraine, la réalité comptable est de plus en plus incontournable, il s'agit d'éviter l'explosion des dépenses en haussant les cotisations. L'Etat doit tenir compte déjà du vieillissement de la population et du coût des caisses de retraite. La gauche bourgeoise, elle, feint déjà de n'y voir aucun problème de gestion, pas de vague comme concernant l'immigration massive.: Malgré la colère et les manifs des privilégiés du secteur public (retraites à 55 ans voire moins) , le gouvernement Raffarin aboutit à aligner le régime de retraite des fonctionnaires sur celui du privé. La durée de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein doit être progressivement portée à 40 ans. La chronologie montre bien les étapes difficiles prises par les « méchants de la droite », pour adapter les régimes de retraite aux conditions démographiques et au vieillissement quand la gauche bourgeoise soutient les manifs de protestation en promettant que, un jour au pouvoir définitivement, elle augmentera le nombre de retraités et leurs pensions... cf. Histoire du droit à la retraite : de l'ancien régime à nos jours

Les années passées de contestation des mesures de rééquilibrage gouvernemental révèlent une succession de défaites et de demi victoires du point de vue de classe ouvrière mais le problème se repose à chaque fois de manière insurmontable. Présenté comme mouvement de protestation unitaire, le mouvement ne l'est pas du tout, pas seulement du fait des syndicats corporatifs mais parce que les travailleurs des secteurs publics privilégiés (hé oui!) : garantie d'emploi plus retraites plus tôt1, se fichent de ceux du privé, ou même s'ils ne s'en fichent pas, l'égalisation des conditions du privé sur le public c'est aussi impossible et utopique que l'égalisation des salaires ou l'abolition de la hiérarchie. J'ai ressenti cela dans tous les cortèges syndicaux.

Plus scandaleux, sous de grands défilés unitaires, celles et ceux qui sont les premières victimes des réformes récentes qui ont repoussé l’âge de départ à 62 ans, ont subi une augmentation moyenne de 1,7 année de travail entre 2010 et 2020. Cette charge supplémentaire pèse davantage donc sur les métiers physiquement exigeants ou les personnes en situation de précarité santé. Les femmes, déjà confrontées à des carrières discontinues, représentent 11 % de celles âgées de plus de 55 ans en « zone grise » (ni salariées ni retraitées), contre 6 % chez les hommes. Toutes ces personnes, dans le privé, sont oubliées parce que noyées sous des banderoles syndicales prometteuses mais vides. Par dessus le marché le freinage de la mise en place de retouches au système bancal des retraites à des conséquences pour les générations à venir.L’augmentation des cotisations salariales ou employeurs risque de ralentir l’activité économique, selon les analyses de la DGT. Parallèlement, le recul de l’âge légal de départ à la retraite accentue les inégalités intergénérationnelles, les plus jeunes étant contraints de cotiser plus longtemps pour financer les pensions.

Un sondage en 1968 (sic! quand on se foutait de la retraite) révélait que la majorité des français pensait qu'on obtiendrait la retraite à 50 ans en l'an 2000 ! Aujourd'hui, sans conteste, en France, une majorité de la population et surtout des prolétaires ne veut pas s'éterniser au travail. Une enquête a révélé qu'une majorité la souhaite à 59 ans. Pourquoi ce désir de fuir au plus vite le travail ? Comme révolution personnelle !En attendant plus confortablement la révolution ?

A priori, c'est simple et facile à comprendre du point de vue des humiliés et des offensés au quotidien, et même des diplômés dessillés. La plupart des boulots sont aliénants, pénibles et une destruction de la personnalité. Marre des petits chefs d'entreprise, des chefaillons syndicaux planqués et des patrons cyniques. L'absentéisme connaît des taux records. Les dommages pour la santé aussi ; les troubles musculosquelettiques (TMS) indemnisés représentent l’équivalent de plusieurs millions de journées de travail2. Marx, qui n'a pas connu nos systèmes de retraite « par répartition » ni à points résumait bien l'horreur du travail en régime capitaliste :

« L'ouvrier qui, douze heures durant, tisse, file, perce, tourne, bâtit […], regarde-t-il ces douze heures de tissage, de filage, de perçage, de travail au tour ou de maçonnerie, […] comme une manifestation de sa vie, comme sa vie ? « Bien au contraire », car « la vie commence pour lui où cesse cette activité, à table, à l'auberge, au lit ». (Travail salarié et Capital)

On ne travaille plus 12 heures par jour, sauf en Chine, mais l'oppression et la fatigue sont du même ordre, sans compter l'explosion des pathologies psychologiques. Ce sont surtout les staliniens qui nous ont chanté, durant au moins cinquante années, le bonheur suprême d'avoir du travail.

A fortiori, et c'est ma vérité a-historique et histrionique, ce qui compte c'est MON DESIR d'une retraite individualisée de moderne consommateur  émancipé; les parkings des supermarchés restent plein de voitures de retraités toute la journée et de la mienne.  La retraite c'est la fin du collectif au travail et la liberté retrouvée du consommateur en pleine journée, en pleine possession de ma pension sauf si Leclerc ne lutte pas contre la vie chère3. . On ne compte plus socialement que comme charge improductive, mais on est adoré par les commerçants. Les assocs de retraités c'est comme les randos d'EPHAD et c'est ficelé par les cliques de la gauche bourgeoise. C'est chacun pour soi dans la diversité des distractions sans fin. C'est MA RETRAITE qui va me permettre de « me réaliser », de faire de la peinture, de bichonner ma résidence secondaire ou de jouer plus souvent à la pétanque4. Un monde quasiment imaginé par Karl Marx sans effusion de sang, en transition avec du cholestérol et du diabète.

Par ailleurs, une bonne partie de ceux qui travaillent en fin de carrière souhaitent aussi vivement une retraite anticipée car ils sont outrés de voir une masse de gens aidés « socialement », qui ne payent pas d'impôts et qui subviennent mieux à leurs besoins que ceux qui s'emmerdent à travailler. L'Etat providentiel ne fait pas cela pour diviser la classe ouvrière comme le radotent les simplets du CCI - avec leur mantra religieux d'un prolétariat imbécile qui ne posséderait que de « deux outils : son unité et sa conscience » mais aucun sens critique - mais pour se foutre de la gueule du prolétariat salarié qui ne voit aucun intérêt à se solidariser en plus avec ces chômeurs professionnels. Il n'y a rien à attendre du remake du blabla politicien sur les retraites. Le CCI s'est bercé d'illusion en clamant en 2020 : « Le mouvement contre la réforme des retraites n’est qu’un premier pas pour retrouver le chemin des luttes massives ». La bourgeoisie au contraire mouille complètement le terrain de la révolte en se servant dans tous les sens d'une revendication finalement réactionnaire et conservatrice. Ce n'est plus une revendication unificatrice et les réformes ne touchent pas d'une même façon toutes les catégories de la classe ouvrière.

LE HIC DES RETRAITES SEULE CAUSE DU CHAOS POLITIQUE EN FRANCE ?

La France n’est pas la première à connaître l’instabilité politique. Les Néerlandais retournent aux urnes à la fin du mois, deux ans après les dernières législatives, après l’implosion d’une coalition impossible. Elle n’est pas la seule, non plus, à ne pas parvenir à voter un budget : c’est le cas de l'Espagne depuis trois ans. Les institutions européennes savent que le bordel est partout rampant. Mais, dans le cas français, le problème est jugé de plus en plus systémique et porteur de risques pour l’ensemble du bloc hétéroclite européen. La semaine dernière le parlement européen a dû confronter deux motions de censure de la gauchiste Manon Aubry et du « facho » Bardella, de quoi redouter une importation du chaos français. La France, par sa taille, est jugée « too big to fail » (« trop grosse pour faire faillite »), ce qui pourrait déstabiliser l’ensemble de la zone euro. Cette dernière n’avait pas besoin de cela, en plus des attaques commerciales américaines et de la concurrence industrielle chinoise.  

La panne de leadership en France, et le ridicule de la chasse aux places, risquent tôt ou tard de rejaillir sur tous les Etats européens. Faute d’un Etat fort à Paris, comment chaque pays peut-il défendre ses intérêts à Bruxelles et faire avancer les projets communs ? Plus dramatique pour les projets bellicistes aux côtés de l'Ukraine, les velléités pour un emprunt commun pour la défense, sont tombées aux oubliettes en raison de la dette incontrôlée en France. La première ministre danoise, Mette Frederiksen, n’y aurait pas été opposée sur le principe, mais pas pour que cela finance au bout du compte le déficit de la Sécurité sociale et la retraite à 60 ans en France, quand elle-même vient d’imposer 70 ans dans son pays. À la Commission, Ursula von der Leyen écoute davantage les positions du chancelier Merz que d’Emmanuel Macron à qui elle doit pourtant son poste à l’origine. Comment défendre les dossiers dans les conseils ministériels, quand les représentants français changent tous les quelques mois ou sont « démissionnaires » ? La perspective à l'horizon d’un gouvernement RN est vue à Bruxelles et Strasbourg comme une menace existentielle pour l’Union européenne dans sa forme actuelle. Terry Reintke, coprésidente des Verts au Parlement européen, sonne l'alarme :

« Emmanuel Macron doit aux citoyens français et à l’ensemble de l’Europe de nommer un gouvernement fort et stable, quand Poutine teste nos frontières et quand la démocratie américaine est démantelée, presse Macron porte l’essentiel de la responsabilité de cette polarisation extrême de la politique française ». 

La France reste encore la deuxième économie européenne, membre du G7 et membre permanent du Conseil de sécurité, seule puissance nucléaire de l’UE, pourra-t-elle continuer à jouer un rôle en rapport avec ce statut. Comment oublier que le général Macron a été l’un des moteurs de la « coalition des volontaires » pour l’Ukraine. ».

Le problème des retraites – qui est tout de même un talon d'Achille pour tous les Etats 5- est mis en avant comme cause première du chaos par la gauche bourgeoise canaille car, en focalisant là dessus, cela la fait passer d'abord comme radicale dans la défense des « pauvres contre les riches » puis cela lui évite de monter au pouvoir pour appliquer son programme de merde qui provoquerait un effondrement économique, pire que l'accident de 1981, desservant même la classe ouvrière et les retraités. La "mécanique" du système de retraites n'est pas de droite ou de gauche , mais du domaine de la gestion étatique des déficits et de façon désormais urgente, même si risque d'explosion sociale. couvrir les besoins de financement du système, fini de rigoler. Fixer à 63 au lieu de 64 ans l’âge de départ coûterait a minima 5,8 milliards d’euros selon la Cour des comptes, alors que le porter à 65 ans permettrait d’économiser jusqu’à 8,4 milliards d’ici 2035. Même en continuant à appliquer la réforme de 2023 à son terme, l’institution prévoit un déficit annuel de 15 milliards d'euros en 2035. Heureusement le principal syndicat collabo, la CFDT, a proposé de faire contribuer les retraités plus aisés. Une démarche sans doute égalitaire et de justice syndicale ? Mais pas totalement inaudible car il y a un nombre élevé de retraités bien lotis. Le niveau de vie des retraités d'aujourd'hui est au moins égal à celui des travailleurs (entre 99% et 102% : https://lnkd.in/dbHJ6_Cy) ) mais c’est aussi le cas en Italie (98%) et en Espagne (97%), qui partent à la retraite à 65 ans.

En passant on peut noter les délires de la secte NPA qui, comme feu Krivine mais en plus woke, défend la perspective invraisemblable pour « travailler à l'unité de la gauche politique et sociale » (les débiles de LFI et les mafias syndicales), avec des arguments, qui s'y voient déjà, totalement étrangers aux manières de ces satrapes des grèves foireuses et du cirque électoral décati ?, avec cette prétention à encadrer un mouvement qui ne sortira pas de l'ornière :

« La question du pouvoir est centrale dans l’origine du mouvement du 10 septembre et des mots d’ordres de la mobilisation d’hier. « Macron dégage ! » est d’autant plus d'actualité avec la nomination d’un 1er ministre issu de sa garde rapprochée. Mais des AG doivent aussi ressortir des revendications qui fassent de l’auto organisation de notre camp social l’organe démocratique qui porte la possibilité d’un changement de système, d’imposer le partage des richesses et d’en finir avec ce régime au service des capitalistes, et poser la perspective d’un gouvernement des travailleurs et travailleuses ».

Quant aux principales causes de la crise politique et économique elles sont liées évidemment à l'aggravation de la compétition internationale et à la recherche de soutiens financiers pour préparer la guerre. Dans ce cadre assez rationnels je peux même imaginer le renfort de Poutine s'il vient à bombarder en Europe occidentale, ce qui permettrait à Macron d'endosser le chandail kaki de Zelenski sans plus de légitimité mais...pour sauver la nation par l'union nationale, rédemptrice de toutes les ambitions contrariées. Et je ne suis pas le seul à émettre cette sinistre hypothèse6.

DISSOLUTION PIEGE A CONS

Le foutoir de la question confuse et hétéroclite des retraites, bordel dont se sert toute la classe bourgeoise sans maîtriser complètement, reste au total un énorme écran de fumée. Cela fait radical ensuite ce crier à la dissolution du parlement des cancres – sans la vouloir pour autant - et en appelles majestueusement au peuple démocratique, mais cela n'abuse personne, avant tout dans le prolétariat en France pour qui voter pour n'importe clique bourgeoise ne sert à rien et, surtout terreur dans les rangs bourgeois. Chez ces derniers la trouille prévaut sachant que le RN gagnerait la mise, comme le confirme le dernier sondage ébouriffant 'LFI en dessous de 10% et les écolos voisins de zéro) . Un député a confié : «Certains députés ont tellement peur de la dissolution qu’ils sont prêts à avaler n’importe quoi, y compris la suspension de la réforme des retraites, pour l’éviter ».

 Avec ce misérable parlement maintenu aucune majorité n'est possible. Contrairement à ce qu'elles pleurnichent les cliques de gauche bourgeoise et petite bourgeoise n'ont jamais été majoritaires ni au parlement ni dans le pays. Il faut bricoler un gouvernement « technique ». Bon courage ! Tous les commentateurs financés se plaisent à répliquer que le pays est à droite. Faux aussi ! Le pays est dégoûté et n'a pas plus confiance au RN qu'aux autres partis bourgeois de gauche ou de caniveau.

Sous des airs martiaux toutes les cliques ont évacué d'abord en coulisses tout idée de dissolution. Idem pour la destitution de Macron car il y a à la fois trop de prétendants et le complexe militaro-financier contraint les uns et les autres à la modestie.

On a aménagé des excuses consternantes de bêtise. Le PS aurait été séduit et assurer ne pas censurer du fait de l’annonce du non-recours au 49.3 rétablissant l'honneur d'un parlement démocratique insoumis au dictateur Macron. La droite ne censurera pas tant que ne sera pas nommé un premier ministre « socialiste ». Les autres sectes, LFI et RN, le gouvernement les daube. LFI chie dans son froc.

En vérité, et c'est fort comique, il s'agit d'un bloc antifa interne aux cliques de l'élite macro et micro de gauche, faire barrage au RN à l'envers, en ne lui donnant pas tout de suite la plus grosse part du fromage électoral capitaliste.

La désagrégation de l'appareil politique de la bourgeoisie

Un groupement a anticipé assez justement la venu du chaos bourgeois, le CCI. Sous le terme décomposition, la société bourgeoise est caractérisée comme sans avenir, (ce qui n'est pas tout à fait vrai avec la fable écologiste) en tout cas comme avenir social et humain :

« Si l'on considère les caractéristiques essentielles de la décomposition telle qu'elle se manifeste aujourd'hui, on constate qu'elles ont toutes un élément commun, à savoir le manque de perspective pour la société, de façon particulièrement évidente en ce qui concerne la bourgeoisie sur le plan politique et idéologique. Cela détermine par conséquent une incapacité des différentes formations politiques à proposer des projets à long terme, cohérents et réalistes ».

Il y a longtemps que ce groupe a eu le mérite de voir la perte de contrôle du système :

« A la base de ce phénomène, on trouve évidemment la perte de contrôle toujours plus grande de la classe dominante sur son appareil économique, lequel constitue l'infrastructure de la société. L'impasse historique dans laquelle se trouve enfermé le mode de production capitaliste, les échecs successifs des différentes politiques menées par la bourgeoisie, la fuite en avant permanente dans l'endettement généralisé au moyen de laquelle se survit l'économie mondiale, tous ces éléments ne peuvent que se répercuter sur un appareil politique incapable, pour sa part, d'imposer à la société, et particulièrement à la classe ouvrière, la "discipline" et l'adhésion requises pour mobiliser toutes les forces et les énergie vers la guerre mondiale, seule "réponse" historique que la bourgeoisie puisse offrir ».

Faisant fi de l'idiote personnalisation sur Macron et de truc populiste qui croit que faire payer les riches est la solution, on nous fournit une réflexion qui corrobore pile poil la cata actuelle :

 « Le problème fondamental est la perte de contrôle de la bourgeoisie sur la dynamique politique du pays. Cela se traduit à la fois par son incapacité à orienter les choix électoraux de la population vers l'équipe gouvernementale la plus appropriée à la situation, comme elle le faisait dans le passé, et par sa difficulté à formuler des stratégies valables pour contenir (sans parler de surmonter) la crise du système. En bref, la bourgeoisie manque de plus en plus de la « tête pensante » qui, dans le passé, lui avait permis d'atténuer les difficultés sur son chemin ».

Le constat d'un parlement ingérable ne se limite pas à la France :

« Cela a pour premier effet une perte de cohésion au sein de la bourgeoisie qui, sans plan global commun, est incapable de maintenir l’unité de ses différentes composantes. Cela conduit à une tendance au « chacun pour soi », avec une difficulté croissante à créer des alliances stables. Cela est évident au niveau des différents pays, où il est de plus en plus difficile de former des gouvernements stables en raison de résultats électoraux de plus en plus imprévisibles (…) Le gouvernement espagnol de Pedro Sánchez, fondé sur une alliance entre le PS et plusieurs partis régionaux catalans et basques, a été formé et se maintient grâce à des concessions historiques, telles que la loi d'amnistie pour les dirigeants du mouvement indépendantiste impliqués dans l'organisation du référendum illégal sur l'indépendance de la Catalogne qui s'est tenu en 2017. Un gouvernement qui est donc soutenu par le chantage politique d'un parti sur l'autre ».

(…) D'autre part, les Verts allemands se sont immédiatement avérés n’être que des politiciens bourgeois comme les autres. Après avoir présenté un programme électoral de façade en 1980 qui parlait même de « démanteler » l'armée allemande et d'initier la « dissolution » d'alliances militaires telles que l'OTAN et le Pacte de Varsovie, en 1999, pour la première fois, elle avait déjà renoncé à son pacifisme, quand Joschka Fischer défendait l'envoi d'avions de l’OTAN pour bombarder la Serbie ».

LE POPULISME UN VANDALISME POLITIQUE GENERALISTE?

Malheureusement, malgré des analyses d'une hauteur politique incontestable quand le CCI revient sur terre il perd contact avec la réalité. Et plus grave car se situant au niveau de la pensée étriquée gauchiste. Voici sa définition du populisme !

« ... tendance au « vandalisme » politique de ces mouvements, qui se concrétise à travers le rejet des « élites », le rejet des étrangers, la quête du bouc-émissaire, le repli sur la communauté autochtone, le complotisme, la croyance dans l’homme fort et providentiel, etc., est d’abord et avant tout le produit des miasmes et de la putréfaction idéologique véhiculée par l’absence de perspective de la société capitaliste dont la classe capitaliste est affectée en premier lieu. Le populisme est l'expression d'une faction de la bourgeoisie, mais ses politiques incohérentes et contradictoires expriment un nihilisme et une irrationalité croissants qui ne servent pas les intérêts généraux du capital national ».

On croirait une de ces analyses banales d'un étudiant de sciences-po. C'est pas bien de chier sur les élites de la part des « gens d'en bas » (qui votent ou pas Le Pen) ? « Une concurrence des travailleurs immigrés » = une vue d'un esprit ouvrier arriéré raciste ? Des étrangers criminels, souvent en Une, c'est du racisme secondaire que de le signaler ? Voire un imbécile complotisme sans conscience de classe certifiée, croyance en une femme forte et providentielle (tu parles Jojo!)

Mais ils vivent où ces zigotos professeurs d'antiracismes et d'anti-complotisme ? Ces cons de « gens d'en bas » sont des inconscients, merdes produites par ce monstre « la putréfaction idéologique du capitalisme », même si les premières merdes sont les capitalistes eux-mêmes. Cette vision est celle de petits bourgeois assis en haut de l'escalier et qui ne travaillent ni dans les bureaux ni ne prennent le métro. Le ressenti des gens d'en bas, français ou pas, de couleur ou pas, ce serait une invention d'une « faction de la bourgeoisie » !? Quelle dinguerie ! Comme je l'ai déjà expliqué, c'est le contraire, le ressenti des masses d'en bas est récupéré et théorisé par les gangs politiques comme le RN. Ces gangs ne sont pas irrationnels en répercutant des ressentis et en travaillant à leur propre promotion politique et graveleuse. Ils ne desservent pas vraiment l'intérêt du capital national mais peuvent l'aider efficacement, à l'encontre de leurs promesses démagogiques (cf. Meloni en Italie).

Et c'est désolant cette dinguerie d'analyse car on ne peut qu'être d'accord avec cette conclusion :

« Mais nous devons veiller à ne pas imaginer que cette faiblesse de la bourgeoisie peut être convertie en un avantage, une force pour le prolétariat. Et ce, pour au moins deux raisons. La première concerne  le processus qui la mènera à la révolution. En effet, les faiblesses croissantes de la bourgeoisie ne constituent en aucun cas des atouts permettant à la classe ouvrière de développer sa force. Comme le projet de cette classe est complètement antagoniste à tout ce que représente le capitalisme, l'affaiblissement de la bourgeoisie ne profite pas au prolétariat (qui ne dispose que de son unité et de sa conscience comme forces)(radada). Deuxièmement, la bourgeoisie, tout en montrant des signes évidents de déclin, fait preuve d'une vigilance et d'une lucidité considérables en matière de lutte des classes, résultat de deux siècles d'expérience de confrontation avec la classe ouvrière. Cette expérience l'amène non seulement à être vigilante, mais surtout à empêcher toute action de classe en exploitant les effets mêmes de la décomposition contre la classe elle-même ».

Il y a populisme et populisme, autant chez Mélenchon que chez Bardella, Ciotti, Retailleau, etc. Mais ces gens-là, considèrent la masse comme une clientèle. L'explication des problèmes actuels dans la vie civile et au travail par cette notion ne va pas plus loin que la notion d'incivilité propagée par les journalistes bourgeois. Trump  ne fait pas que des dingueries.

Est-il obligatoire de fourrer dans le tiroir du populisme toute indignation des gens d'en bas ? De la traiter immédiatement par le mépris au nom d'un prolétariat imaginaire qui n'aurait que « unité et conscience » comme dieu et le saint esprit ? Il existe une violence qui découle du classique individualisme capitaliste. Il existe une violence contre les femmes qui ne vient pas spécialement du capitalisme mais de religions arriérées et insubmersibles. Il existe une magistrature de gauche et écologique qui a un comportement fasciste où les victimes sont systématiquement coupables7. Il y a des élus, maires et députés qui s'en foutent plein les poches, des flics véreux, etc.


Ce n'est pas de décomposition qu'on peut parler mais plutôt de barbarie au quotidien où l'individu, méprisant les cliques politiques, peut devenir un chien enragé mais à son niveau c'est de l'impuissance. De même les marches blanches ou les minutes de silence. Croire que la conscience de classe est uniquement économique, comme le répètent sans arrêt les bourgeois eux-mêmes « le premier souci des gens c'est le niveau de vie et après la sécurité ». Je pense le contraire mais c'est en tant que défense de classe du travail aux quartiers que s'allumeront les premiers feux révolutionnaires, voire contre la menace d'embrigadement militaire, pas pour la retraite à 60 ans.

Mais gare de ne pas sous-estimer la phrase de Lénine au début de cet article. Atout moment le prolétariat reste dangereux et on peut le retrouver là où on ne l'attendait pas.


NOTES


1Pour rappel tout de même seuls les travailleurs en situation de handicap pourront partir en retraite à partir de 55 ans. Suivis par les employés en invalidité à 60 ans.

2L’Observatoire Apicil, qui vise à éclairer la situation de l’absentéisme en France à partir des données collectées auprès de 53 000 entreprises, n’en oublie pas moins l’impact de la santé physique : Tous motifs confondus, l'étude de l'observatoire Apicil montre que le secteur de la santé, de l’économie sociale et de l’éducation est celui où le taux d’absentéisme est le plus élevé, à hauteur de 5,68%, en progression de 0,17%. Il s’agit aussi du secteur où la durée moyenne d’arrêt de travail est la plus longue, avec 22,97 jours, en hausse 0,84 jour. Rappelons que l’absentéisme est présenté comme le ratio entre le nombre de jours d’absence et le nombre de jours théoriquement travaillés.Après la santé, l’économie sociale et l’éducation, l’industrie et le BTP en particulier constituent le deuxième secteur où l’absentéisme est le plus ancré (4,59%). Suivent le commerce et le transport avec 4,33%. À l’opposé, les services aux entreprises sont l’activité où la durée moyenne d’arrêt de travail est la plus faible (17,24 jours), de même que le taux d’absentéisme le moins fort (3,29%).

3Ce que dit un journaliste d'une autre manière : « La retraite anticipée en 2025 reflète les tensions entre aspirations individuelles et contraintes collectives. Si les réformes récentes ont repoussé l’âge de départ, elles n’ont pas résolu les inégalités structurelles ni les défis économiques ».

4Enquêtes Eurofound : les Français sont ceux qui se plaignent le plus de la hiérarchie et du manque d’autonomie au travail, exaspérés par les « petits chefs ». La retraite est donc vécue en France, beaucoup plus qu’ailleurs, comme une libération. Chez nous, travailler, c’est entrer dans un monde de statuts hiérarchisés. Etre retraité, c’est accéder à un statut égalitaire tout en restant rémunéré. Au fond, dans l’imaginaire français, la retraite est la dernière trace concrète de la promesse d’égalité de la Révolution : n’être statutairement inférieur à personne, être libre en vivant correctement.

5 En Italie, la réforme Fornero de 2012 a relevé l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans. Impopulaire, cette mesure a largement contribué à la défaite du gouvernement de gauche aux élections législatives. Arrivé au pouvoir, le premier gouvernement Conte a assoupli cette réforme en instaurant, pour une durée de trois ans, un dispositif permettant un départ anticipé à 62 ans pour les personnes ayant cotisé au moins 38 ans. Environ 500.000 Italiens en ont bénéficié. En Belgique actuellement, il faut être âgé de 65 ans et avoir cotisé au moins 45 ans (180 trimestres) afin de partir à la retraite. Mais l’âge légal moyen de départ va passer à 66 ans en 2025 et 67 ans en 2030. Les départs anticipés restent possibles, si un certain âge et une durée de cotisation minimums ont été atteints (60 ans avec 44 années de carrière par ex). Au Royaume-Uni, l’âge légal de départ à la retraite est lui fixé à 66 ans, et doit passer à 67 ans entre 2026 et 2028. Au Danemark, le Parlement a adopté le 22 mai dernier une loi pour relever l’âge légal de départ à la retraite. Aujourd’hui fixé à 67 ans, il va passer progressivement à 70 ans à partir de 2040, pour les personnes nées après le 31 décembre 1970. En Europe, cela place le Danemark au seuil le plus haut en termes d’âge légal de départ à la retraite. Voir l'article le plus intéressant ici: Eric Weil : «Le débat public sur les retraites est une suite d’idées reçues voire de mensonges» – Libération

6Un lecteur me l'écrit « En tous les cas, il faut absolument empêcher Macron de se maintenir par la guerre (contre la Russie) qu'il veut voir venir, avec ce seul but.Il faudra ensuite qu'un tribunal le juge pour mise en grand danger de la France ».