"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

vendredi 24 octobre 2025

LA RETRAITE CE SERPENT DE MER INSOLUBLE (2)

 


Les questions sociétales, bien qu'utilisées en général par le gouvernement et ses médias contestataires, ne sont pas que des vues de l'esprit manipulateur de la bourgeoisie. Que faire des 900.000 sans-papiers en France ? Les accords de 1968 avec la dictature algérien... Mais foin de la morale et tant pis pour Boualem Sansal. Les arrogants généraux corrompus disposent sont en effet un commerce considérable et considéré. Belle revanche sur la colonisation, les ouvriers algériens produisent plus de 100 milliards de mètre cubes de gaz naturel et environ 1 millions de barils de pétrole par jour ! La France sert d'hôpital aux dictateurs du sud. Une bonne partie des prisonniers, truands et islamistes, sont algériens et les généraux corrompus n'en veulent pas. Les nombreux « assistés » et autres négateurs du travail ne sont pas les amis de ceux qui se font chier à travailler … Au nom d'un peuple pauvre en lutte contre les riches LFI et les gauchistes se moquent de la classe ouvrière et le CCI aussi pour qui tous les chats sont gris.

Au plan idéologique pour les plus conscients des prolétaires en France (et de toute nationalité) il n'y a pas que les questions économiques mais en permanence les idéologies abêtissantes. En particulier le cinéma de la « lutte contre l’islamophobie » qui veut s'ériger, comme les anti ceci ou cela, en instrument de contrôle de tout discours critique et entérine l'oppression religieuse des femmes. La stratégie frériste effectivement en expansion, même dans les syndicats, procède par saturation de « l'opinion publique » avec une rhétorique victimaire qui disqualifie préventivement toute analyse critique de l’islam ou de l’islamisme. Cette stratégie d’influence qui en interdit toute approche critique à l'instar du nazisme. Je rappelle ici la réflexion que m'avait faite un célèbre historien il y a trente ans : le début du nazisme c'est l'assassinat de Rosa Luxembourg. Les tarés fréristes continuent d'assassiner Rosa, et la classe ouvrière. Cela fonde hélas une première orientation erronée vers le populisme, forme de nationale-contestation qui n'est pas spécialement une invention d'en haut, mais le fruit pourri d'une ignorance de l'histoire de la lutte des classes.

Certes, au lieu d'en rester à l'interprétation bouc-émissaire, le peuple français mais surtout la classe ouvrière devrait réfléchir à penser plutôt à changer la société d'un point de vue de classe généralisable aux autres pays plutôt que s'imaginer qu'un quelconque gouvernement des cliques parlementaires, voire populiste, va y changer quelque chose avec plus de répression et plus de policiers.

Plus confiance dans la droite ni dans la gauche bourgeoise, comme je le soulignais dans la première partie. Mais surtout PEUR DE L'AVENIR !

Mais voilà, croyant exorciser cette peur de l'avenir, les prolétaires veulent tout "comme avant" comme lorsque l'économie était bien portante et le monde capitaliste moins dangereux. Ce que veut le peuple électoral – à ne pas confondre avec le prolétariat - pousse même les cliques politiques de tout l'arc parlementaire à devenir complètement irresponsables dans l'optique d'une promesse de gestion de la crise des retraites meilleure et salvatrice que les gouvernements précédents qui s'y sont cassés les dents. Je le répète, les masses ne sont pas toujours intelligentes et Gustave Le Bon (pas le mauvais) l'a bien démontré dans sa « psychologie des foules »1. Autrement dit, ce que j'écrivais en surligné rouge.

L'obsession d'une retraite convenable révèle un désir de fuite du monde du travail mais plus gravement une incapacité de la classe ouvrière à se poser la question de la gestion de la société, de comprendre les enjeux et enfin de ne disposer de personne de compétents dansses rangs...pour le plus grand plaisir des bourgeois, 

C'est une peur du même ordre pour le prolétariat en Russie dont nous, néo-bolcheviques contrits, attendons toujours qu'il nous refasse le coup de l'octobre 1917. Une peur tout de m^eme considérable avec un système policier ultra développé et une guerre subie et paralysante socialement. Pour comprendre cette inertie de la classe ouvrière russe, tout en ne disposant que de peu d'informations sur d'éventuelles protestations ou rebellions,nous pouvons tirer profit d'une vieille analyse de Karine Clément (fin des années 1990), où comme avec le populisme ouvrier en France, la peur et la soumission s'appuient sur l'oubli ou l'ignorance de l'histoire de la lutte des classes.

Les ouvriers russes dans la tourmente du marché (Syllepse, 2000), mérite aussi qu’on s’y arrête. L’ouvrage, tiré d’une thèse de sociologie, présente un tableau contrasté du monde ouvrier russe: sa principale caractéristique est une fois encore son absence d’unité, son morcel¬lement. Les ouvriers russes de la fin du vingtième siècle n’ont pas conscience de former un groupe social, et encore moins une classe. Cette absence de conscience de classe, caractéristique subjective par excellence, apparaît de manière beau coup plus frappante encore que dans le cas des ouvriers français étudiés par Beaud et Pialoux. La passivité, la soumission et la démobilisation dominent très largement parmi les ouvriers russes : le “chacun pour soi” l’emporte sur la solidarité. L’auteure met bien en perspective, du point de vue des ouvriers, les princi paux facteurs contrariant les mobilisations collectives qui, tout en n’étant pas totalement inexistantes, restent cependant d’une ampleur très limitée. En effet, le désarroi identitaire s’ajoute aux difficiles conditions d’existence et aux diverses stratégies de survie mises en oeuvre par les uns et les autre. Par ailleurs, l’emprise des relations hiérarchiques et les divisions internes du groupe ouvrier redoublent la faible mobilisation des syndicats et l’éclatement des projets politiques.

Nous avons là une étude extrêmement riche qui s’appuie sur de nombreuses enquêtes ethnographiques réalisées en Russie pendant plusieurs années, de 1 994 à 1 999, autour et dans une douzaine d’entreprises de différentes régions. Les enquêtes sont centrées sur les pratiques et les représentations ou les pensées des ouvriers. De ce fait le premier mérite de cet ouvrage stimulant est de présenter au lecteur un tableau informé du monde ouvrier russe en privilégiant la parole des intéressés et leur subjectivité. Le bilan que dresse Karine Clément au terme de ses enquêtes n’incite pas à l’optimisme dans l’immédiat: au moins à court terme il est incontestablement sombre. Dans un dernier chapitre, l’accent est mis sur les facteurs plus structurels autour desquels s’articulent et se désarticulent la subjectivité des ouvriers et les éléments systémiques.

Elle insiste particulièrement sur l’importance de la domination symbolique que subissent les ouvriers. Celle-ci alimenterait “un processus de désubjectivation ” qui toucherait à la fois l’image qu’ils se font d’eux-mêmes et les représentations qu’ils se font de la réalité sociale et de l’ordre légitime. En effet, dans leur grande majorité ils s’autodéprécient et ne se pensent pas comme un groupe. Ils se vivent d’autant plus en souffrance qu’ils sont fréquemment qualifiés d 'inutiles, de “travailleurs en trop ” ou de “ travailleurs superflus ” aussi bien par les dirigeants politiques ou économiques, ne l’oublions pas, pour l’essentiel

L’incapacité collective du groupe ouvrier à faire face à la “ tourmente du marché ” n’est pas sans rapport avec les décennies de discipline et d’obéissance imposées par le stalinisme et avec le brouillage idéologique qui a régné hier et qui se poursuit sous des formes renouvelées, les dominants apparaissant aujourd’hui comme des “ démocrates ” (“ corrompus certes, souvent honnis, mais légitimés par la concurrence électorale ou économique ”) et les dominés comme des “ conservateurs ” ou des “ réactionnaires ”. L’auteure n’élude pas l’état d’extrême passivité dans lequel sont maintenus les ouvriers russes, état qui les empêchent de porter leurs revendications et leurs projets dans la sphère publique : “ Que reste-t-il comme ressources aux dominés pour contester cette pseudo-légitimité ? S’ils se réfèrent au passé, ils sont traité de réactionnaires. Or toutes les valeurs contestatrices du nouvel ordre sont minées par leur assimilation au passé qu ’il s ’agisse de la justice sociale, de l’autorité de l’Etat, de la protection sociale, du collectif, des luttes émancipatrices, etc. (...) Où est le réel, où est la réalité fantasmée de l’ancien système ? Comment distinguer le réel et l’irréel du système actuel? Faute de débat la réalité se brouille. Pourtant, l’analyse du monde du travail indique bien l’importance des continuités avec les structures fondamentales du système soviétique, faites de domination implacable, d’exploitation réciproque et d’encouragement à la concurrence ou à la “débrouille”. Et la démonisation du passé, dans la sphère du travail, sert essentiellement à remettre en cause les quelques protections et garanties des travailleurs contre ces mécanismes d’assujettissement et d’atomisation. (...) Ni le passé ni le présent ne ressemblent à l’image stéréotypée et manipulatrice qui en est donnée ”.

Ces constats, même anciens,en France comme en Russie, reflètent plus peur et désespérance que le conte fleuri des cercles maximalistes qui se prennent déjà pour le parti et la cervelle d'une classe ouvrière tête haute et en passe d'éclater le système par une somme de grèves corporatives.

ABSENCE D'UNE REFLEXION DE CLASSE SUR LES DIFFICULTES DE LA BOURGEOISIE A GERER SA DECADENCE

Ces difficultés ne nous sont pas étrangères, pas seulement parce qu'elles nous concernent tous mais parce qu'elles doivent nous interroger.

Qu'est-ce qu'on ferait ou fera à leur place ? Et si leur bordel menait à l'effondrement de l'Etat, qui croit sérieusement que les clowns de LFI ou les pantins de la mère Le Pen sauveraient vraiment l'Etat avec des mesures dignes des pays les plus arriérés ?

On m'objectera que c'est ce que fait le CCI. Du tout, c'est du radotage, et le même, à la fin de chaque article : vive la lutte de classe, seule la classe ouvrière peut...

Franchement en l'Etat actuel de sa lobotomie je ne vois pas ce que pourrait faire une classe ouvrière qui croit encore massivement qu'on peut s'en sortir par de nouvelles élections, inutiles d'ailleurs puisque les sondages de « l'opinion,publique » ne se trompent jamais.

Un groupe sérieux utile à la préparation d'une vraie révolution reste ridicule, basé sur l'affirmation et la répétition, juste apte à soutenir telle revendication économique incongrue comme à ramer sans honte pour la croyance en une retraite idéale. Il faut aller dans la classe non pas pour lui refiler des tracts creux pour l'écouter, dialoguer, encourager, faire appel à l'histoire...

« En fin de compte, dit Rosa, l’habitude de passer sous silence les limites objectives tracées par l’ordre social bourgeois à la lutte syndicale, devient une hostilité ouverte contre toute critique théorique qui soulignerait ces limites et rappellerait le but final du mouvement ouvrier ». Et permettez-moi de parodier Rosa.

Toute critique théorique des perspectives « économistes »et des impossibilités de la pratique syndicale est à bannir, car elle constituerait un danger pour la dévotion aveugle des masses dans la pratique politique On se fonde sur cet argument que seule une foi aveugle et puérile dans la lutte économique, unique moyen de salut, peut gagner et conserver à l’organisation les masses ouvrières. C’est tout l’opposé du socialisme, qui fonde son influence sur l’intelligence et le sens critique des masses, leur révélant les contradictions de l’ordre existant et la nature compliquée de son évolution, et exigeant d’elles une attitude critique à tous les moments et à tous les stades de leur propre lutte de classe ; au contraire, d’après la fausse théorie syndicale (et maximaliste du CCI), les syndicats fondent leur influence et leur puissance sur l’absence de jugement et de sens critique des masses »

L'intelligence propre de la masse quant à ses tâches et moyens est pour l'action socialiste une condition historique indispensable ». Rosa Luxembourg



Les enchères très chères des compromis des bourgeois en concurrence et sans solution crédible

On ne peut soupçonner de malignité le gouvernement Lecornu de la dernière chance avec ce choix cornélien de déshabiller Paul pour habiller Pierre. Tout gouvernement doit pomper quelque part pour combler les déficits. Le gel de la réforme est, du point de vue capitaliste cohérent, une dinguerie. Il correspondait à un « bougé » (nouveau terme ministériel très à la mode) et pouvait agréer à un PS volontiers collaborateur pour apparaître plus sérieux face à la thanatocratie des autres cliques affamées de pouvoir. Or le tollé soulevé par le dénudé Paul a contraint le compromis PS à faire machine arrière. Révélant du même coup que le replâtrage de Lecornu utilisait encore du mauvais plâtre. Feuilleton à suivre, hélas.



ADDENDA

Le repli massif du monde ouvrier sur la sphère privée conforte la thèse de la diffusion de l’individualisme dans toutes les catégories sociales et du reflux de l’action collective. Le livre important et à juste titre remarqué de Stéphane Beaud et Michel Pialoux, publié il y a quelques années, permet de prendre la mesure des transformations au sein du monde ouvrier du pays et des crises multiformes qui le traversent et qui ne sont pas sans rapport avec la croissance du chômage et de la précarité et plus large¬ ment des inégalités sociales. Ce travail permet aussi de prendre la nécessaire distance, tant envers ceux qui mythifi(ai)ent ce groupe social, qu’envers ceux qui n’en finissent pas de l’enterrer. Le monde ouvrier se différencie désormais moins d’autres catégories de salariés dont certaines ont vu leur nombre croître fortement, notamment dans le tertiaire. Les différenciations avec la catégorie des employé(e)s se sont largement amenuisées ces dernières décennies tant du point de vue du niveau des rémunérations que des conditions de travail. Le clivage essentiel entre ces deux catégories est constitué par le genre : les ouvriers sont à 80 % des hommes et les employés à plus de 75 % des femmes. Cependant si les ouvrières ne représentent

que 20 % du groupe ouvrier, elles sont plus nombreuses par exemple que les femmes cadres ou membres des professions intellectuelles supérieures. Elles sont en effet au nombre de 1 400 000 au sens strict de la définition du groupe de PCS de l’INSEE. Dans certaines branches elles sont largement majoritaires (industrie textiles, habillement, industries agroalimentaire)

La plupart des départs à la retraite ne sont pas remplacés par de nouveaux arrivants plus jeunes. Le nombre d’ouvriers diminue dans le bassin d’emploi. Le personnel d’exécution vit d’autant plus mal l’intensification du travail qu’il a tenté en vain de s’y opposer lors de deux grandes grèves qui ont marqué la région. Durant toutes ces années, Beaud et Pialoux accompagnent les ouvriers, en premier lieu leurs informateurs privilégiés qui atteignent puis dépassent la quarantaine. Les préoccupations de ces derniers prennent dans ce contexte un relief particulier. Leurs incertitudes par rapport à l’avenir professionnel de leurs enfants s’aiguisent d’autant plus qu’il n’y a pas de relève jeune dans l’usine (...et dans les collectifs syndicaux.). Les enjeux liés à la prolongation des études leur échappent pour l’essentiel9. Enfin, les sociologues peuvent observer les effets de l’usure au travail au fur et à mesure du temps qui passe et que les ouvriers vieillissent. Ces travailleurs ont été exposés, depuis les années 1980, aux trans formations de l’organisation du travail qui se traduisent à la fois par une fréquence de changements dans le travail plus grande, mais aussi et surtout par une intensification de ce dernier et une mise sous pres¬ sion généralisée.

Par ailleurs, l’essentiel du matériau d’enquête a été recueilli avant la fin de l’année 1995. Or la fin de cette année-là a été marquée par les plus grandes manifestations de salariés depuis 1968. Il s’en est suivi une certaine inflexion de la conjoncture idéologique et politique qui a notamment abouti à la défaite des partis de droite lors de la dissolution de l’Assemblée Nationale en 1997. Certes, le noyau le plus actif du mouvement de novembre-décembre 1 995 se situait plu¬ tôt dans le secteur public et para-public, parmi les cheminots, les postiers, les conducteurs des tranports publics, les fonctionnaires ...

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NOTE

1Son essai, décrié par la gauche bourgeoise, aborde dans dans un style iconoclaste la Psychologie des foules, il passe en revue tous les aspects de ces masses humaines, de leur débilité, de leur hétérogénéité, de leurs forces, de leur faiblesse.Toujours prêtes à suivre les meneurs les plus prestigieux, les plus talentueux qui ne sont pas forcément les plus intelligents.La conscience d'une foule de syndiqués manifestant montre que les foules se valent, que ce soit des intellectuels ou des manants.Gustave le Bon explique clairement que pour guider ces foules il faut ne pas avoir peur de dire des contre vérités, de les asséner avec sérieux, de ne pas toujours caresser les masses dans le sens du poil, bien au contraire et de laisser la contagion des idées se diffuser.

A la lecture de cet essai on comprend très bien l’avènement de tous les dictateurs, la montée du nazisme, on comprend les révoltes des printemps arabes, les hystéries collectives sportive, etc.


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