Par Eric Aucordier
Publication des "enragés" consacrée au
fascisme et sur laquelle il faut revenir en détails, puisque c'est
un concentré des errements lamentables que l'on peut lire sur les
sites gauchistes abordant le sujet.
Nos "enragés" toujours avides de succès
faciles et de records de "like", non content de pousser à
la cohabitation dans une même marmite programmatique, Lénine, les
anarchistes et la pauvre Rosa déguisée systématiquement en
bolchevique humaniste et libérale - ce qu'elle n'était pas - se
lancent cette fois ci dans l'étude du fascisme, histoire de
satisfaire tout le gratin "antifa", qui depuis bien
longtemps déjà, distribue les bons points à "l'extrême
gauche". De fait, nos anarcomachins servent de relais à la
propagande bourgeoise, qui n'a jamais de mots assez durs pour
dénoncer la "haine" et ainsi entraîner le prolétariat
dans le marais interclassiste démocratique, ou pire encore, dans la
défense intransigeante de la réaction religieuse - pourvue qu'elle
ait la saveur de l'Islam - menacée parait il, par la peste brune.
Non, mille fois "non", le fascisme n'est
pas la manifestation d'une petite bourgeoisie effrayée par sa future
prolétarisation, même si cette dernière a servi de bélier à
Mussolini et Hitler, mais l'expression des besoins de la bourgeoisie
dans certains pays et à un moment historique déterminé, qui
brillent aujourd'hui par leur absence.
Imaginer un seul instant qu'en 2016, la bourgeoise
prenne au sérieux les programmes économiques issus de la
sphère populiste, relève au mieux de la blague ! Sortir de la zone
euro, comme le propose le FN, impliquerait une totale incapacité du
pays à soutenir la concurrence économique face aux autres capitaux
nationaux. Et je n'ose parler des délires protectionnistes qui une
fois mis en oeuvre, entraîneraient d'inévitables mesures de
rétorsions, privant ainsi la bourgeoisie française de l'accès au
marché mondial, quand les gigantesques forces productives sont
condamner à étouffer dans les plus brefs délais dans le cadre
national ! Toutes ces mesures avancées sont fantaisistes et ne
seront jamais appliquées dans les circonstances présentes par les
secteurs responsables de l'économie nationale. Il faut être un fou
furieux pour prétendre le contraire.
Voila qui explique que pour accéder au pouvoir - et
n'en déplaise aux "enragés" qui voient dans le FN un
parti caméléon capable de se radicaliser dans les plus brefs délais
sans jamais nous expliquer pourquoi et comment ? - les partis
"populistes" actuels doivent renier leur programme,
abandonner une partie de leurs oripeaux idéologiques et se
reconvertir en aile droite ultra-libérale et pro-européenne. Par
exemple, le MSI de Fini en Italie qui en 1995 a rompu avec
l'idéologie fasciste pour adopter un credo libéral et pro-européen.
De même, le FPÔ d'Haider en Autriche a dû s'aligner sur un
"programme responsable et modéré" pour pouvoir exercer
des responsabilités gouvernementales. Il en sera de même pour
Marine Lepen, qui ne cesse de montrer sa bonne volonté à la classe
dirigeante, en virant du FN les ex atroces SS et leur programme
économique, tout juste bon à foutre à la poubelle. Nous sommes
loin des pitreries dialectiques de nos "enragés", avançant
sans la moindre preuve à l'appui, que, je cite :
"A certains endroits, elle - la tentation du
fascisme - est sans doute réalisable, et même déjà en voie de
réalisation."
Certains endroits, c'est ou, concrètement ?
En réalité, la poussée des partis "
populistes " est une expression caractéristique du
pourrissement sur pied de la société capitaliste, du
délitement du tissu social et de la dégradation des rapports
sociaux qui touchent toutes les classes de la société, y
compris une partie de la classe ouvrière, pour qui cette idéologie
réactionnaire représente un véritable poison qui intoxique et
pourrit les consciences individuelles, un obstacle majeur au
développement de la conscience de classe. Inutile d'ajouter que
"l'antifascisme" des cliques gauchistes hystériques et
braillardes qui détournent le prolétariat de son terrain de classe
ou il s'oppose à la bourgeoisie pour l'envoyer dans le marais de la
lutte fascisme / démocratie, ou jamais les rapports de propriété
capitalistes ne sont remis en cause, n' a rien d'un antidote.
Un article du CCI (1) dont je m'inspire largement
pour la réalisation de cet article, explique les raisons qui
pousseront les bourgeoisies allemandes et italiennes à choisir
l'option fasciste dans la première moitié du XXème siècle. Elles
elles ne tiennent pas du hasard :
"Dans les années 1920 et 1930, l'accession au
pouvoir des régimes fascistes a été favorisée et soutenue
par de larges fractions nationales de la classe dominante, en
particulier par les grands groupes industriels. En Allemagne, de
Krupp à Siemens en passant par Thyssen, Messerschmitt, IG Farben,
regroupés en cartels (Konzerns) qui fusionnent capital
financier et industriel, celles-ci contrôlent les secteurs clés de
l'économie de guerre, développée par les nazis : le charbon, la
sidérurgie, la métallurgie. En Italie, les fascistes sont également
subventionnés par les grands patrons italiens de l'industrie
d'armement et de fournitures de guerre (Fiat, Ansaldo, Edison) puis
par l'ensemble des milieux industriels et financiers centralisés au
sein de la Confinindustria ou de l'Association bancaire. Face à
la crise, l'émergence des régimes fascistes a correspondu aux
besoins du capitalisme, en particulier dans les pays vaincus et lésés
par l'issue du premier conflit mondial, contraints pour survivre de
se lancer dans la préparation d"une nouvelle guerre
mondiale pour redistribuer les parts du gâteau impérialiste.
Pour cela, il fallait concentrer tous les pouvoirs au sein de
l'Etat, accélérer la mise en place de l'économie de guerre,
de la militarisation du travail et faire taire toutes les dissensions
internes à la bourgeoisie. Les régimes fascistes ont été
directement la réponse à cette exigence du capital national."
Nous touchons la une condition essentielle du
fascisme qui reste avant tout une économie de guerre, ce que nos
pauvres "enragés" dissertant dans le néant total,
ignorent. Ils ne se posent pas un seul instant la question de savoir
pourquoi Hitler et Mussolini fabriquaient des canons à la chaîne.
De fait le triomphe du fascisme présuppose une confrontation
impérialiste majeure réalisable et particulière, qui à son tour
exige la défaite de la classe ouvrière et sa mise au pas - autre
condition essentielle au triomphe du fascisme :
"Au même titre que le stalinisme, le fascisme
est une expression de la contre révolution dans les conditions
historiques déterminées. Il a été permis par l' écrasement et la
répression directe de la vague révolutionnaire de 1917/1923.
C'est l'écrasement sanglant en 1919 et 1923 de la révolution
allemande, c'est l'assassinat des révolutionnaires comme Rosa
Luxembourg et Karl Liebknecht, par la gauche de l'appareil
politique de la bourgeoisie, la social-démocratie qui a permis
l'avènement du nazisme. C'est la répression de la classe
ouvrière après l'échec du mouvement des occupations d'usines à
l'automne 1920 par les forces démocratiques du gouvernement Nitti
qui a ouvert la voie au fascisme italien. Jamais la bourgeoisie n'a
pu imposer le fascisme avant que les forces "démocratiques",
et surtout la gauche de la bourgeoisie ne se soient chargés
d'écraser le prolétariat, là où ce dernier avait constitué la
menace la plus forte et la plus directe contre le système
capitaliste.
C'est précisément cette défaite de la classe
ouvrière qui ouvrait un cours vers la guerre mondiale. Le fascisme a
été avant tout une forme d'embrigadement de la classe ouvrière
dans la guerre pour un des deux blocs impérialistes, au même titre
que l'antifascisme dans les pays dits "démocratiques" dans
l'autre camp."
Il ne reste plus aux "enragés" qu'à nous
expliquer ou et quand le prolétariat, malgré ses reculs et ses
difficultés à s'affirmer sur un terrain de classe, a connu une
défaite décisive accélérant l'arrivée de la menace fasciste au
pouvoir, et de nous parler du futur conflit inter impérialiste
européen, marqué par la volonté de la bourgeoisie française de
s'emparer, qui sait, des champs de blé ukrainiens ?
Conclusion : Il est grand temps de renvoyer ces
petits bourgeois phraseurs à leurs études.
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