Ma
biographie salopée et le renégat Courtois
Tome 1 de Ribouldingue-Courtois |
Insistant
sur le fait que les démocrates bourgeois européens, eux aussi, ont
fait la guerre mondiale (c'est un diplôme, certes, mais... un
diplôme un peu moisi), Courtois expose ainsi leurs idées, que
d'ailleurs il partage :
« ...Les démocrates voulaient la paix universelle, et ils voulaient que tous les belligérants adoptent le mot d'ordre : ni annexions ni contributions. Aussi longtemps que ce but ne serait pas atteint, l'armée russe devait se tenir prête, l'arme au pied. Les démocrates, eux, exigeaient la paix immédiate à tout prix; ils étaient disposés, en cas de besoin, à conclure une paix séparée et ils s'efforçaient de l'arracher par la force pour parer à la désorganisation déjà bien grande des armées en lice ».
D'après
Courtois, les bolchéviques ne devaient pas prendre le pouvoir, mais
se contenter de la Constituante. Ainsi donc l'internationalisme de
Courtois et des républicains démocrates consiste en ceci : exiger
des réformes du gouvernement bourgeois impérialiste, mais continuer
de le soutenir, continuer de soutenir la guerre menée par ce
gouvernement jusqu'à ce que tous les belligérants aient adopté le
mot d'ordre : ni annexions ni contributions. C'est bien là l'idée
que Turati, les kautskistes (Haase
et autres), Longuet et Cie ont maintes fois exprimée en déclarant
qu'ils étaient pour la « défense de la patrie ».
Au point
de vue théorique, c'est se montrer entièrement incapables de se
séparer des social chauvins et faire preuve d'une confusion
totale dans la question de la défense de la patrie. Au point de vue
politique, c'est substituer le nationalisme petit bourgeois à
l'internationalisme, et passer au réformisme, c'est renoncer à la
révolution.
Reconnaître
la « défense de la patrie » c'est, du point de vue du prolétariat,
justifier la guerre actuelle, en reconnaître la légitimité. Et
comme la guerre reste impérialiste (aussi bien sous la monarchie que
sous la république) indépendamment du territoire où sont postées
les troupes ennemies à un moment donné, dans mon pays ou
dans un pays étranger, reconnaître la défense de la patrie,
c'est en fait soutenir la bourgeoisie impérialiste, exploiteuse,
c'est trahir le socialisme. En Russie, même sous Kérenski, en
république démocratique bourgeoise, la guerre continuait d'être
impérialiste puisque c'est la bourgeoisie en tant que classe
dominante qui la menait (or, la guerre est le « prolongement de la
politique »); et l'expression particulièrement frappante du
caractère impérialiste de la guerre, c'était les traités secrets
sur le partage du monde et le pillage des pays étrangers, conclus
par l'ex tsar avec les capitalistes d'Angleterre et de France.
Les
mencheviques trompaient indignement le peuple en présentant cette
guerre comme une guerre défensive ou révolutionnaire, et Courtois,
en approuvant la politique des mencheviques, approuve cette
mystification du peuple; il fait ainsi le jeu des petits bourgeois
qui servaient le Capital en dupant les ouvriers, en les attachant au
char des impérialistes. Courtois fait une politique typiquement
petite-bourgeoise, philistine, en s'imaginant (et en suggérant aux
masses cette idée absurde) que la proclamation d'un mot d'ordre
change quelque chose à l'affaire. Toute l'histoire de la démocratie
bourgeoise dénonce cette illusion : pour tromper le peuple, les
démocrates bourgeois ont toujours formulé et formulent toujours
tous les « mots d'ordre » que l'on veut. Il s'agit de vérifier
leur sincérité, de confronter les actes avec les paroles, de ne pas
se contenter de phrases idéalistes ou charlatanesques, mais d'en
rechercher le réel contenu de classe. La guerre impérialiste ne
cesse pas d'être impérialiste lorsque les charlatans ou les
phraseurs, ou les philistins petits bourgeois lancent un « mot
d'ordre » à l'eau de rose, mais seulement lorsque la classe qui
mène cette guerre impérialiste et lui est attachée par des
millions de fils (si ce n'est de câbles) économiques, est renversée
en fait et remplacée au pouvoir par la classe vraiment
révolutionnaire, le prolétariat. Il n'est pas d'autre moyen de
s’arracher à la guerre impérialiste, de même qu'à une paix de
rapine impérialiste.
En
approuvant la politique extérieure des généraux démocrates qu'il
déclare pacifiste et républicaine, Courtois, premièrement, montre
par là toute la corruption des ministères de la bourgeoisie en
guerre; en second lieu, et c'est le principal, Courtois passe de la
position du prolétariat à la position de la petite bourgeoisie, de
la position révolutionnaire à la position réformiste. Le
prolétariat lutte pour le renversement révolutionnaire de la
bourgeoisie impérialiste; la petite bourgeoisie écologiste, pour le
« perfectionnement » réformiste de l'impérialisme, pour s'y
adapter en se subordonnant à lui. A l'époque où Courtois était
encore marxiste-léniniste (théorie débile dont je refuse la
paternité), par exemple en 1968, au moment où il militait dans les
rangs maoïstes, il soutenait un galimatias de marxisme-léninisme
qui adoubait les pires horreurs du stalinisme et du tyran Mao en
Chine.
Pour
épargner des dépenses inutiles à mes pauvres héritiers
maximalistes, j'ai fait l'effort d'acheter le coûteux dernier pensum
de Courtois vendu en supermarché, avec le peu de deniers que je
perçois de ma retraite éternelle au Kremlin. Je l'ai épluché
pendant plus d'une semaine. L'exercice fut assez rébarbatif, ce
philistin est plein de haine et de fureur à mon égard. Puis j'ai
renoncé, lassé de tant de falsifications, de raccourcis frauduleux
et d'approximations d'enculé. J'ai prêté le pensum à mon homme de
confiance, rédacteur du Prolétariat Universel. Il se charge de
rectifier et de recadrer cette ignoble propagande pour le centenaire
de notre révolution prolétarienne, dont les derniers opus sont à
charge contre moi comme responsable du stalinisme. Ce qui est un
comble et une hérésie historique, pardon hystérique.
Avec mes salutations
communistes, Vladimir Lénine
UN
TISSU DE CALOMNIES POUR ERADIQUER TOUTE CONTINUITE HISTORIQUE AU
MOUVEMENT REVOLUTIONNAIRE POUR ABOLIR LE CAPITALISME
« On
a réduit sa carrière politique à un certain nombre de phrases
choquantes, datant le plus souvent de la guerre civile, dans
lesquelles il réclamait la plus féroce répression. Manifestement,
l'immense drame de la révolution russe et ses tragiques conséquences
avaient eu pour seule cause l'intolérance et la cruauté d'un
homme ».
Lars T.
Lih (Lénine une biographie,2011, Reaktion books)
« La
force du prolétariat dans le mouvement historique est infiniment
plus importante que sa part dans l'ensemble de la population ».
Lénine (tome 3 des OC, p.13)
« Tout
ce que je sais c'est que je ne suis pas et ne serai jamais
« léniniste ».
Lénine
Lénine
fût un « polémiste impétueux », certainement pas un
courroucé autoritaire, et, ajoute Lars Lih, « ce qui fait
qu'il est captivant »1.
Très très juste. Lénine ou l'indignation sans fin. J'ajoute même
une chose qui va révulser nos divers conseillistes anars bien
pensants de la mouvance anti-Lénine primaire : même au
pouvoir (local et relatif) Lénine reste un profond penseur contre le
système capitaliste. Comme en témoignent ses derniers écrits à
la veille de la terrible paralysie qui va l'emporter si jeune ;
il n'est nullement habité ni flatté de ses fonctions suprêmes. Il
sait toute la relativité du pouvoir de cet Etat qu'il décrit comme
transitoire, bourré de tares, à la tête d'un territoire, certes
immense, mais tout petit face à la puissance du capitalisme mondial.
On n'a jamais vu un « dictateur » se poser le problème
de perdre le pouvoir, de se barrer du pouvoir, ni d'être à la tête
d'un Etat bancal plein de bureaucrates incapables. Depuis son fameux
texte écrit quelques jours avant l'insurrection - « Les
bolcheviques garderont-ils le pouvoir ? » - où il fait
dépendre la survie de l'Etat transitoire en Russie de la victoire
« de la révolution socialiste mondiale », jusqu'à son
dernier texte – Mieux vaut moins mais mieux2
- où il se démène pour corriger les défauts « capitalistes
d'Etat » de son gouvernement dit ouvrier-paysan, et prend en
compte le danger d'identification du parti à l'Etat, il y a toujours
le même questionnement sur les limites de l'expérience en Russie
impuissante à déboucher sur la globalité communiste rêvée dans
le Manifeste de 1848.
Lénine
reste un penseur original, anti-système. Même s'il est entraîné
dans l'échec par l'isolement de la révolution et le fait d'assumer
la direction d'un Etat bâtard et qui est en train de se retourner
contre lui de son vivant (cf. sa formule : « la machine
nous échappe des mains »), il ne cesse de porter les critiques
les plus impitoyables contre les défauts qui font surface, contre le
flot d'arrivistes sans gêne qui viennent veulement se mettre au
service de l'Etat qui n'est pas plus « ouvrier » que
« communiste », qu'il reconnaît carrément, plus lucide
que son second, Trotsky, en définitive comme de type capitalisme
d'Etat. Trotsky n'a jamais eu le génie politique de Lénine. Il eût
du flair pour la période, plume de paon il est aussi bon historien.
Politiquement il n'a jamais su construire une organisation ;
assez naïf il s'est fait balader par tant d'aventuriers qu'on peut
en déduire que sans l'ossature du parti bolchevique il serait resté
un brillant révolutionnaire de second ordre. Si Lénine voit en
permanence, quelques fois trop tardivement, les défauts de l'Etat
russe, Trotsky lui n'y pige que pouic et va embobiner des générations
de « trotskistes » avec cette fable de « défense
de l'Etat ouvrier », ce que Lénine avait clairement rejeté.
On renoue souvent avec ses enthousiasmes de jeunesse et Trotsky
finira dans une variété radicale de menchévisme avec sa panoplie
ridicule du programme de transition, et son soutien à la bourgeoisie
antifasciste. Il n'aura jamais le mordant ni cette capacité de
Lénine à remettre en cause clichés ou croyances de la veille.
Lénine est un personnage hyper-brillant, et comme la plupart des
gens brillants, il a l'insulte facile parce que vous ne comprenez pas
assez vite. Il n'écrit pas aussi bien que Trotsky, répète souvent,
tonne, engueule mais le style n'est pas offensant. On a dit de Proust
qu'il avait permis d'approcher les développements de l'âme humaine.
Proust a été bien moins lu que Lénine dans le monde, et on peut
aussi appliquer aux écrits polémiques de ce dernier les mêmes
qualités : le ton est immédiatement hardi, il vous accroche à
la boutonnière et ne vous lâche plus, il tape dans le mille, il
entraîne l'adhésion parce qu'il ne joue pas au professeur
lymphatique que ne s'abaisserait pas à se mettre en colère.
Il est au fond mieux qu'un professeur universitaire, hautain gandin de l'Eduque naze, il est un maître d'école en politique. Son raisonnement, son argumentation enflammée mais cohérente et logique, est un modèle d'apprentissage pour celui ou celle qui veut se lancer dans le combat révolutionnaire moderne. Le discours est passionné, étranger totalement à la langue de bois, plein de subtilités malgré un abord simple.
Non Lénine n'est pas un intellectuel comme les autres. Il s'énerve comme un ouvrier révolté s'énerverait. Il ne craint nullement d'être un éléphant dans un magasin de bimbeloteries pour dames huppées. C'est pourquoi il a séduit des millions même diffusé par les éditions renégates staliniennes. C'est pourquoi il a tant séduit aussi dans le tiers-monde où cette indignation toujours présente dans ses écrits n'a rien à voir avec la faconde et l'obséquiosité qu'affichaient les professeurs blancs de la colonisation. Trotsky, lorsqu'il s'énerve fait tout petit prince, on sent qu'il se fait le perroquet de Lénine ; et comme tout perroquet il s'avère incapable d'une vraie pensée critique de son capitalisme contemporain, il radote et compose avec les fractions bourgeoises. N'est pas Lénine qui veut ; et je pense à une flopée de petits léninistes estudiantins qui ont prétendu se grimer avec la même casquette que Lénine lors des sixties rêveuses.
Il est au fond mieux qu'un professeur universitaire, hautain gandin de l'Eduque naze, il est un maître d'école en politique. Son raisonnement, son argumentation enflammée mais cohérente et logique, est un modèle d'apprentissage pour celui ou celle qui veut se lancer dans le combat révolutionnaire moderne. Le discours est passionné, étranger totalement à la langue de bois, plein de subtilités malgré un abord simple.
Non Lénine n'est pas un intellectuel comme les autres. Il s'énerve comme un ouvrier révolté s'énerverait. Il ne craint nullement d'être un éléphant dans un magasin de bimbeloteries pour dames huppées. C'est pourquoi il a séduit des millions même diffusé par les éditions renégates staliniennes. C'est pourquoi il a tant séduit aussi dans le tiers-monde où cette indignation toujours présente dans ses écrits n'a rien à voir avec la faconde et l'obséquiosité qu'affichaient les professeurs blancs de la colonisation. Trotsky, lorsqu'il s'énerve fait tout petit prince, on sent qu'il se fait le perroquet de Lénine ; et comme tout perroquet il s'avère incapable d'une vraie pensée critique de son capitalisme contemporain, il radote et compose avec les fractions bourgeoises. N'est pas Lénine qui veut ; et je pense à une flopée de petits léninistes estudiantins qui ont prétendu se grimer avec la même casquette que Lénine lors des sixties rêveuses.
Lénine
n'est pas un penseur russe, ni un héritier des cosaques. Toujours sa
ligne de mire restera Kaustsky, c'est à dire la référence marxiste
de la grande II ème Internationale, avec au cœur la blessure de sa
trahison. Comment aller plus loin dans la réussite de
l'internationalisation de la révolution à partir d'un pays aussi
arriéré et totalitaire que l'ex-empire russe ? Comment ne pas
rééditer la faillite de la Commune de Paris ? Voilà pourquoi
l'échec en Russie a encore plus affaibli Lénine dans la maladie qui
lui a été fatale. La contre-révolution souterraine avait déjà
anéanti ce cerveau hors norme.
FAIRE
PLUS, MAIS PLUS PERVERS
Que
vingt ans après la compil « Le livre noir du communisme »,
Stéphane Courtois se soit senti obligé de revenir salir
l'expérience bolchevique m'a tout d'abord interrogé. La charge
fielleuse tout azimut avec chiffres faramineux des « victimes
du communisme » n'avait-elle pas été suffisante pour
rasséréner ses commanditaires bourgeois ? Ou y avait-il
simplement une opportunité éditoriale juteuse pour le centenaire
d'Octobre 17 ? Les deux probablement, mais une plus sûrement.
Courtois, avec sa tronche de Ribouldingue, s'est aperçu en
contemplant le pavé mensonger auquel il avait présidé que n'était
consacré à criminaliser et déformer la révolution en Russie que
200 pages sur 1000, soit à peine un cinquième quand le reste
étalait les turpitudes réelles des héritiers maoïstes et
cambodgiens du stalinisme. Plus effarant, Courtois comprit qu'avec
les autres pieds nickelés de la
dénonciation d'un communisme qui
n'a jamais existé, que cette lourde compil des prétendus « crimes
du communisme » avait eu autant d'effet que nos vieux bottins
de téléphone. Et pour cause, aucun des faux derches ne s'était
attaqué à ce qui reste une épine dans le talon de l'idéologie
dominante : la coupure entre l'expérience avec Lénine et
l'irruption de la barbarie stalinienne. Hors de notre petit milieu
maximaliste, nous savons que des millions de par le monde savent
cette coupure – et ce n'est pas une fake new – le réfléchissent
et se fichent des prétendus « savoirs » d'historiens
apothicaires en manque de royalties et de légion d'honneur. Le
« tyran » Lénine eût fort affaire d'ailleurs de son vif
à des opposants – plus clairs que lui sur la dégénérescence –
et auxquels il ne coupa point le kiki comme Robespierre, à qui les
chasseurs de léninistes le comparent abusivement. Le rapport de Khrouchtchev en 1956 fait mine de laisser tomber Staline pour un retour à un Lénine trafiqué, remercié d'avoir créé le parti "monolithique"; or ni le POSDR ni la 3e Internationale n'étaient monolithiques; puis de Brejnev à Gorbatchev la question fut bien plutôt "Que faire du stalinisme agonisant?". Les derniers staliniens et ceux qui utilisent les mêmes méthodes de falsification comme Courtois ne peuvent même plus servir de repoussoir ni masquer la véritable synthèse d'une génération de socialistes russes dans les écrits intransigeants de Lénine, pour tous ceux qui gardent un esprit critique face aux répétitifs dénigrement du mouvement révolutionnaire marxiste.
Le livre noirci des Courtois/Werth/Panné |
Dès
l'abord, on comprend que Courtois vise une clientèle poutinienne,
outre d'autres traductions attendues partout ailleurs, pour rivaliser
en prix de revient avec d'autres compétiteurs d'aussi mauvaise foi.
Il tressera régulièrement des lauriers aux « traditions
russes », sans oublier nombre de génuflexions pour ce pauvre
Alexandre II, à faire rougir de jalousie l'autre monarchiste Victor
Loupan3.
Ribouldingue surgit donc comme un pied nickelé de la « révolution
documentaire » (p.23) où l'autre pied nickelé, Filochard
Werth aurait montré que concernant la terreur, le père fondateur
était bien Oulianov (qu'il nomme selon son humeur Vladimir, Volodia
ou Ilitch) : « Werth montrait la responsabilité
originelle et très active du chef des bolcheviks ». Voici
Ribouldigue en piste avec un attaque ad hominem qui va être conduite
à la façon d'un procès de Moscou mais avec pour code d'honneur et
base idéologique : le combat contre le totalitarisme ;
Lénine « inaugurant l'ère des totalitarismes ».
Or,
manque de pot, la notion de totalitarisme fût une invention du début
de la période dite de guerre froide, plus inventée certainement par
la CIA que par Hannah Arendt. Louche très louche notion qui allait
servir à sponsoriser et à décrédibiliser le « glacis
soviétique » durant un bon demi-siècle. Mais, il faut le
reconnaître, pour caractériser une occupation des vastes steppes
russes et des petits frères contrits de l'Est européen comme
« communisme » tout en sachant, entre gens instruits,
qu'il ne s'est agi que d'un vulgaire capitalisme d'Etat, bien utile à
la paix armée pour les impérialisme occidentaux, au moins aussi
« totalitaires » dans leur zone de contrôle. Le
totalitarisme de régimes barbares exista bien avant dans l'Antiquité
et au Moyen âge, de Néron à César, de Genghis Khan à Tamerlan.
Question totalitarisme avec la terreur religieuse et policière et le
long règne de l'esclavage, l'autocratie tsariste (19 Romanov ce fut
long) a été autrement totalitaire que le bref passage des
bolcheviques au pouvoir de l'empire. De toute façon, vous ne
trouverez aucune démonstration argumentée du concept de
totalitarisme, Courtois se contentant de semer toutes les trente
pages : « voilà c'était du totalitarisme ». Il a
choisi plutôt de truquer moments événementiels et prises de
position (circonstancielles) de Lénine au cours de sa vie harceler
avec la lâcheté du rond de cuir, balancer comme n'importe quel
collabo, pour démolir, démolir, jeter le trouble et pisser sur tout
ce qu'a fait ou pu dire Lénine.
Les
valets de l'impérialisme idéologique utilisent la même méthode
classique pour dénigrer les chefs, les guides ou les individus hors
norme qui symbolisent ou se mettent à la tête des révoltés, des
insurgés en tout genre qui sont en général de pauvre extraction.
Votre « leader » a eu une enfance privilégiée !
Toc on jette le doute. UN révolté est forcément un pauvre con
sinon c'est un type louche, n'est-ce pas ? Et puis les premiers
bolcheviques ne sont-ils pas une lie de la société, des marginaux
louches, n'est-ce pas ? : « … cette intelligentsia
était en bonne partie formée d'étudiants sans diplômes, de
séminaristes défroqués et d'autodidactes très éloignés des
milieux cultivés et savants ». (p43). Ribouldigue vise-t-il
aussi à séduire ses lecteurs FN, en remarquant, l'air de pas y
toucher – comme lorsqu'il précise systématiquement le vrai nom
juif de nombre des compagnons de Lénine – que le jeune Volodia
(Lénine enfant) avait un livre sur sa table de chevet : « la
case de l'Oncle Tom », un best seller du 19e siècle. Quoi ?
en plus enfant ! le futur tyran se souciait des « nègres » ?
Passons
à l'adolescence « fracassée » (comprenez que le zigoto
n'a pas pu avoir une adolescence « normale ». Avant de
nous peindre l'ado Vladimir, 15 ans à peine, environné par de
paranoïaques terroristes débutants, notre ex-mao invente un Kautsky
se moquant de Marx sur la question du terrorisme (p. 66-67). Ce n'est
qu'une affabulation, si Marx et Engels ont logiquement salué les
premiers actes terroristes en Russie, ils ont vite renoncé à le
soutenir dans la deuxième moitié du 19 e siècle, remettant en
cause du coup aussi les petits bourgeois sanguinaires de 1793. Cette
moquerie supposée de Plekhanov à l'encontre de Marx aurait donc été
le cadre où se serait laissé piéger le grand frère de Lénine,
Alexandre. Confus l'historien mao !
L'ado
Vladimir est quelque peu « perturbé » par la pendaison
de son frère mêlé à un groupe de terroristes peu expérimentés ;
qui le serait à moins ? Mais le Yann Moix de l'historiographie
bourgeois ne s'en tient pas là. Il danse sur le cadavre d'Alexandre
et la peine immense de Volodia, mais il lui faut cracher encore sur
l'ado en pleurs. L'assassinat légal le « fait se raidir dans
une posture aristocratique », et « devant la police, il
lui arriva même de signer : « Noble héréditaire
Vladimir Oulianov ». Ribouldingue est si bête qu'il ne saisit
jamais l'humour dévastateur de Lénine ; moi à sa place
j'aurais pu signer « président de la république » ou
« roi d'Auvergne et de Lozère » pour me ficher des
pandores. (p.70)
Le
procureur Ribouldingue va appliquer ensuite la méthode
psychologique, très recherchée par tous les Torquemadas justiciers
du capitalisme moderne depuis un siècle : « Boris
Cyrulnik explique la situation dans laquelle se trouve alors le
polytraumatisé psychologique... » (p.73).
Euréka !
Le polytraumatisé Lénine va donc chercher ses sources chez
Tchernychevski. Le sadisme de Lénine est identifiable par son
intérêt pour le bistouri dans le roman de Techernychevski, et le
totalitarisme est en germe car : « … on y croise aussi
l'idée utopique de « l'unanimité » dont Lénine fera
son credo pour le fonctionnement du groupe bolchevique dès 1903 »
(p.80). Encore un gros gros mensonge de Ribouldingue, qui peut faire
sourire même un trotskien bas de gamme, Lénine est surtout connu
pour son intransigeance et la scission à chaque fois que les
opportunistes veulent engluer le mouvement dans l'unanimisme4.
D'ailleurs
le polytraumatisé n'a accès au monde ouvrier que par la lecture
(c'est faux il est souvent allé aux usines en France ou en Russie
pour discuter avec les ouvriers ou même les interviewer), et, donc
(sic) : « cette passion révolutionnaire implique un acte
de foi, la conversion à une religion politique ». En gros il
est habité par une narcissique « volonté de puissance »
(p82).
S'appuyer
sur les « on dit que », vient relayer l'analyse
psychologique du polytraumatisé : « Nombre de témoins, à
commencer par Trotsky et Valentinov, ont raconté comment, lors de
leurs premières rencontres avec Lénine, celui-ci les soumettait à
un véritable interrogatoire pour s'assurer leur attachement à ses
idées et à sa personne, quitte à les rejeter avec violence au
premier doute » (p.84). Ainsi notre polytraumatisé devient
caractériel voire pervers narcissique comme tant de beaufs
trotskiens de notre 21 e siècle ! Ses polémiques sont
« grossières », il fait un «usage systématique de
l'insulte »... il traite les gens « d'enculés »
dans les conversations privées ! La page 85 aurait pu être
écrite par n'importe quel éditorialiste nazi anti-léniniste très
primaire : « La grandeur de la fin (communiste) justifie
l'horreur des moyens ». Ribouldingue tenait à nous lâcher un
bon mot sur l'avenir du polytraumatisé « en plein drame
familial et en crise identitaire d'adolescence ». Envisager le
communisme pour l'humanité ne serait donc qu'une « crise
identitaire d'adolescence » ?
On
se rapproche peu à peu de la réalité totalitaire de Ribouldingue
concernant un ado polytraumatisé. Il aurait été en réalité très
suggestionné par le catéchisme de cet idiot de Netchaïev,
reprenant un des préceptes (honteux) du catéchisme terroriste :
« Enfin, était exigée « l'entière franchise des
membres vis à vis de l'organisateur ». Autant de principes que
Vladimir allait reprendre et systématiser dans le premier ouvrage
signé sous le pseudonyme de Lénine, son Que Faire ? De 1902
(…) Lénine allait dans cette lignée considérer les membres de
son parti comme des « agents », chargés d'exécuter avec
discipline les ordres de la direction » p.91). C'est archi
faux !
Pas
plus bordélique que le parti bolchevique, où les militants sont si
indisciplinés que même Arlette Laguiller aurait refusé de les
admettre comme sympathisants à sa secte ; ça gueule, ça
désobéit sans arrêt, deux zigotos du comité central annonce même
publiquement le jour prévu pour l'insurrection. Oui sur la question
de la discipline clandestine (quand on y est réduit) Netchaïev
avait raison, mais il n'a rien à voir avec Lénine qui a choisi le
parti des masses et pas celui de la bombe. Pendant des pages et des
pages Courtois tente de nous faire passer Lénine pour un marginal à
la Netchaïev, un éternel polytraumatisé cachant un sadique
pervers, adepte de la théorie névrotique de la vengeance, résumé
totalitaire : « Ces deux grands axes de réflexion –
haine de classe et organisation de révolutionnaires professionnels –
ont imprégné la conscience d'un homme avide de vengeance et
conscient de l'amateurisme des premiers opposants à l'autocratie »
(p.95).
Attention
voici le premier lien, certes ténu, avec l'héritage
lénino-stalinien : « Ainsi, sous le Catéchisme couvait
déjà la figure du communiste-bandit à la mentalité de cruel
parrain mafieux, celui que Lénine qualifierait de « merveilleux
Géorgien », un certain Iossif Djougachvili, plus connu sous
son pseudonyme de Staline » (p.97). Le polytraumatisé, replié
dans une position antalgique (comme aurait dit saint Boris Cyrulnik)
déniait névrotiquement l'image identitaire de ce petit salaud de
Netchaïev ! « Il se reconstruisit en adoptant, de manière
largement artificielle, une autre filiation à travers une nouvelle
paternité idéologique dont il allait faire son miel »... un
marxisme primaire (p.105).
Démolition
à suivre...
NOTES
1Je
conseille vivement de lire la biographie par ce Lars Lih (ed Les
prairies ordinaires), où même avec un traitement romantique
littéraire, l'auteur dit des choses essentielles, ignorées jusque
là, même s'il perd un peu le fil vers la fin, où il faut
absolument lire la postface de Jean Batou, pourtant lui aussi limité
par son passé trotskien.
3Que
je n'ai pas loupé. Que j'ai également recensé et démonté au
début de la fulgurance des biographies haineuses contre le
« tyran » à la date anniversaire :
https://proletariatuniversel.blogspot.fr/search?q=victor
4Courtois
est un âne de première qui colle et assemble des raccourcis
imbitables, et fait des rapprochements qui ne tiennent pas debout.
Premièrement il tait l'intensité des débats à l'époque,
notamment avec Rosa Luxemburg qui n'envoie pas de fleurs à Lénine,
l'obligeant même à repréciser sa pensée, notamment dans
l'extraordinaire texte méconnu « un pas en avant, deux pas en
arrière », qui continue à être oublié ou confondu avec le
livre du même titre. Courtois ne l'a visiblement pas lu, ou le
laisse de côté par filouterie ; de même il n'a pas lu les
débats du congrès de 1903 (puisque c'est moi qui les ai traduit
sur ce blog)où il aurait été penaud de voir un Lénine pas du
tout autocrate mais souvent mis en minorité ou obligé de corriger
ses propres contradictions. Toute l'histoire du parti bolchevique
est d'ailleurs débats contradictoires, engueulades sans souci de
hiérarchie, en fait un modèle de parti comme Ribouldingue pourrait
le conseiller au partis bourgeois hiérarchisés, totalitaires et
sectaires dont il défend la théorie pourrie de la démocratie...
corrompue.
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