PAGES PROLETARIENNES

mercredi 3 mars 2021

POURQUOI JE NE M'ASSOCIERAI PAS AUX COMMEMORATIONS DE LA COMMUNE DE 1871


« Pour qu’une révolution sociale puisse triompher, deux conditions au moins sont nécessaires : des forces productives hautement développées et un prolétariat bien préparé. Mais en 1871 ces deux conditions faisaient défaut. Le capitalisme français était encore peu développé et la France était surtout un pays de petite bourgeoisie (artisans, paysans, boutiquiers, etc.). Par ailleurs, il n’existait pas de parti ouvrier ; la classe ouvrière n’avait ni préparation ni long entraînement et dans sa masse, elle n’avait même pas une idée très claire de ses tâches et des moyens de les réaliser. Il n’y avait ni sérieuse organisation politique du prolétariat, ni syndicats ou associations coopératives de masse…Mais ce qui manqua surtout à la Commune, c’est le temps, la possibilité de s’orienter et d’aborder la réalisation de son programme. Elle n’avait pas encore eu le temps de se mettre à l’oeuvre que le gouvernement de Versailles, soutenu par toute la bourgeoisie, engageait les hostilités contre Paris. La Commune dut, avant tout, songer à se défendre. Et jusqu’à la fin, survenue entre les 21 et 28 mai, elle n’eut pas le temps de penser sérieusement à autre chose ». Lénine (15 avril 1911)1

« Maintenant, c’en est fait du socialisme, et pour longtemps ! »le nabot sanguinaire Thiers

Suivi d'extraits de Cerises de sang

LA CATASTROPHE BOBO ET LES MOYENS DE LA CONJURER


  • A partir du 18 mars prochain et durant 72 jours, la mairie de Paris va organiser près de 50 événements pour célébrer les 150 ans de la Commune de Paris.

  • Un événement culturel aura notamment lieu au premier jour de la révolte, le 18 mars, dans le square Louise-Michel (18e), en présence d’Anne Hidalgo.

Les partis décatis à la rescousse :


« Beaucoup des valeurs que nous portons étaient celles de la Commune » dit Laurence Patrice (PCF), adjointe d’Anne Hidalgo chargée de la mémoire et du monde combattant, qui prépare les célébrations en grande pompe du 150e anniversaire, elle soutient que l’alliance rose-verte-rouge d’Anne Hidalgo se place en héritière des idées et valeurs de la Commune. « La Commune est une expérience de démocratie participative qui est un sujet dont on parle beaucoup et qui est une de nos préoccupations. Il y avait une grande modernité des sujets avec un aspect avant-gardiste. Notamment la place des femmes, la liberté d’aimer, l’amélioration des conditions de travail et de vie pour les plus modestes, l’accueil des étrangers… C’est d’actualité. Beaucoup des valeurs que nous portons aujourd’hui étaient au cœur de celles de la Commune. »

Fin janvier, les écologistes de la capitale ont demandé au gouvernement de reporter le classement du Sacré-cœur, comme « monument historique » car « construit avec le sang des Communards ». Ce voeu a été voté par les forces de gauche et ce « afin de ne pas heurter et respecter ainsi les commémorations liées à la Commune ». Quelques mois auparavant, le préfet d’Ile-de-France avait décidé d'inscrire la basilique au rang de monument historique à l'été 2021. Le gouvernement, par la voix de la ministre de la culture Roselyne Bachelot, s’en était même félicitée. Finalement, son classement ne devrait se faire qu'en 2022.

« On voit encore des dérives versaillaises au Conseil de Paris »2

Le best-off revient au petit prof Martelli, présumé historien ; cet ex membre du comité central du PCF en 1982, qui « rappelle », dans une tribune au « Monde », l’importance du « premier pouvoir » qui s’est appuyé sur des valeurs démocratiques et sociales « qui n’ont pas pris une ride » surtout au temps où il soutenait la « démocratie » stalinienne !3

Lénine avait bien résumé les quelques leçons de la Commune, et pas du point de vue aux allures subversives (et comiques troupières) qui sentent la naphtaline de la pensée conservatrice stalino-gaucho-libérale, totalement étrangère à l'esprit communard :

«  (…)  malgré la brièveté de son existence, la Commune réussit à prendre quelques mesures qui caractérisent suffisamment son véritable sens et ses buts. La Commune remplaça l’armée permanente, instrument aveugle des classes dominantes, par l’armement général du peuple ; elle proclama la séparation de l’Église et de l’État, supprima le budget des Cultes (c’est-à-dire l’entretien des curés par l’État), donna à l’instruction publique un caractère tout à fait laïque et par là même porta un coup sérieux aux gendarmes en soutane. Dans le domaine purement social, elle n’eut pas le temps de faire beaucoup de choses, mais le peu qu’elle fit montre avec suffisamment de clarté son caractère de gouvernement ouvrier, populaire : le travail de nuit dans les boulangeries fut interdit ; le système des amendes, ce vol légalisé des ouvriers, fut aboli ; enfin, la Commune rendit le fameux décret en vertu duquel toutes les fabriques, usines et ateliers abandonnés ou immobilisés par leurs propriétaires étaient remis aux associations ouvrières qui reprendraient la production. Et comme pour souligner son caractère de gouvernement authentiquement démocratique et prolétarien, la Commune décida que le traitement de tous les fonctionnaires de l’administration et du gouvernement ne devait pas dépasser le salaire normal d’un ouvrier et en aucun cas s’élever au-dessus de 6 000 francs par an » (ibid).

Mais Lénine a eu tort de dire « la Commune est éternelle ». Le terme est d'ordre religieux d'ailleurs, rien n'est éternel, surtout pas les révolutions qui ne sont que moments de passage. La défaite de la Commune a eu des conséquences plus lourde encore que le nombre pourtant effroyable des ouvriers et artisans parisiens et internationalistes étrangers massacrés, c'est ce que je démontrerai par après. Marx n'a pas pu tirer toutes les conséquences délétères de l'échec de la Commune au long terme, et Lénine également.

Pour l'instant, par contre, si on peut concéder un caractère à vocation éternelle, c'est bien celui des éternels fossoyeurs laudateurs faussaires d'une révolution mort-née. La Commune est bien morte, non parce qu'elle date de 150 années mais parce qu'elle est tout sauf une pensée commune avec les traficants bobos de la mairie de Paris, les anars ringards et cie. On remarquera que ces laudateurs hypocrites taisent les critiques du communard de base Elysée Reclus et aussi de Marx. Très critique dans un premier temps, il se sentait du côté allemand, Marx a analysé l'importance symbolique de l'expérience communarde, pour l'avenir du mouvement ouvrier, dans La guerre civile en France, qui est devenue une référence un bréviaire militant, servant à tous les réactionnaires de la gauche bourgeoise pour tenir sous le boisseau les critiques ultérieures sévères de Marx et du savant anarchiste Reclus . Sa postérité est longue : l'exposition montre comment, dans l'Allemagne de 1919, lors de la révolution succédant à la défaite, les journaux spartakistes se réclament de la Commune de Paris. Après 1945, le souvenir de la Commune est exalté en Allemagne de l'Est.

La référence à la Commune a été une constante évidente des bolcheviques aux spartakistes mais hélas l'est restée toujours chez les increvables anarchistes irresponsables et leurs compères staliniens, particulièrement comme couverture idéologique ambiguë dans les mouvements de résistance nationale française, les groupes de francs-tireurs et partisans de 39-45 se plaçant sous sa bannière pour justifier d'une libération nationale restauratrice de la bourgeoisie autochtone. Des tonnes d'ouvrages et d'articles déifient l'expérience communarde à la sauce de chaque faction bourgeoise : autogestionnaires libéraux, écolos bobos, staliniens rangés des voitures (les amis de la Commune), etc. Ce que résume bien le petit-fils de Marchais, Roger Martelli : « La Commune de Paris est un bien commun que la République se doit de célébrer ». On atteint le combre du ridicule avec l'assimilation des hétéroclites gilets jaunes comme Héritiers, par l'histrion historien Pierre Vesperini  présumé historien explosif, et l'abaissement de la révolution à une « urgence » sociale, comme loreque j'ai envie de faire pipi, selon une bureaucrate de LFI4.

Le seul ouvrage qui, rappelant essentiellement les critiques dures de Marx, dérange l'intelligentsia gauchiste est celui de Philippe Riviale dont j'ai déjà dit tout le bien : « Sur la Commune, cerises de sang »5.

FOIN DES SUPPUTATIONS DES DEMOCRATES RAMPANTS DE LA BOURGEOISIE

A l'heure où l'Eduque naze n'enseigne plus mais « informe » et déforme, ces couches d'histoire liophylisée et multiculturalisée à la mode racialiste, viennent renforcer la misère culturelle et politique de la jeunesse, qui n'a jamais été révolutionnaire en soi6. La jeunesse c'est comme le peuple, on leur fait dire ce qu'on veut, ce que veut la pensée dominante ; c'est pourquoi le sondage du Point se plaignant qu'une majorité de lycéens se prononcent contre la laïcité est du vent, on n'a aujourd'hui que la jeunesse que mérite une société individualiste et sans mémoire. Ce sondage est truqué comme les autres par la façon de poser la même question et le résultat permet une interprétation dans le sens des indignés islamo-gauchistes: une légère majorité des mômes seraient contre la laïcité. Ils ne connaissent déjà pas l'histoire et leur réflexion politico-religieuse reste celle de leurs parents. Le sondage est faussé parce que s'il confirme qu'une écrasante majorité d'élèves musulmans sont pour tolérer le mode de vie et de déguisement musulman, cela vérifie non "une évolution" (comme veut le faire croire Fassin) et confirmation que les vieux seraient ringards et "racistes", mais une ghettoïsation sentimentale et familiale. Les autres élèves, comme je le démontre dans l'encart, ne sont pas prêts à adouber les exhibitions musulmanes ni surtout leur morale étroite.

Je conseille aux jeunes, à l'esprit critique et méfiants face aux modes idéologiques, de profiter du confinement pour s'instruire eux-mêmes, et pour, comme nous en 68, se méfier des divers sachants, des professeurs d'histoire en général et des militants rabatteurs de l'islamo-gauchisme simpliste. Rien ne remplace l'effort de recherche personnelle et surtout sur la base de l'observation de la réalité sociale.

Je l'ai remarqué, c'est pourtant sur les sites classiques de l'Eduque naze qu'on peut lire des analyses historiques plus proches d'une certaine « objectivité historique » et qui laisse chacun prendre parti contrairement aux tonnes de merde du stalinisme, du trotskisme et de l'anarchisme.

À l’époque de la Commune, la France est encore à forte dominante rurale, 65% d’une population de plus de 38 millions. Paris compte environ 2 millions d’habitants, dont plus de 900 000 employés et ouvriers, 114 000 domestiques, 45 000 concierges. La composition « industrielle et commerciale » représente environ 70% de la population parisienne. Confronté à de sérieux problèmes de politique intérieure et à un mouvement ouvrier revendicatif, et en même temps piégé par Bismark, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Un mois et demi plus tard, l’empereur capitule à Sedan le 2 septembre.  Le Paris de 1871 n'est pas seulement une exception au milieu d'un pays encore principalement agraire, il est coincé dans les bagarres nationalistes européennes. Lors d'un discours prononcé à Metz, le 14 juillet 1946, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill se rappelle aussi sa visite, jeune garçon, à la statue de Strasbourg de la place de la Concorde. Cette dernière a été voilée de noir par les Parisiens dès le bombardement en août 1870. Elle est restée ainsi jusqu'à la veille de la guerre de 14-18.

À la permanence de la revanche nationale s'ajoute le malaise lié à l'interprétation de la Commune et de son écrasement. Le statut particulier de cette guerre (civile) devenue défensive - donc assimilable aux idéaux révolutionnaires - contre des États dynastiques est révélé par l'engagement des volontaires internationaux qui se sentent redevables envers la France et veulent lui apporter leur soutien. C'est le cas de volontaires américains, en souvenir de l'aide apportée par la France à l'indépendance américaine. C'est aussi le cas de volontaires grecs et de garibaldiens, combattant en mémoire de l'aide apportée par la France contre l'Empire ottoman ou contre l'Autriche, voire au nom d'une fraternité universelle. Au plan européen, les diplomates et politiques, notamment britanniques, s'inquiètent de la montée en puissance allemande. Avec l'unification, le centre de gravité de l'Europe s'est déplacé vers l'Est et c'est à Berlin qu'auront désormais lieu les grandes rencontres internationales.

LA DEFAITE DE LA COMMUNE A OUVERT LA VOIE A LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

Trois éléments viennent tuer définitivement les leçons de la Commune :

    - le génocide d'une partie de la population parisienne (voir les expos qui montrent l'ampleur des dégâts immobiliers considérables et le nombre des morts impressionnants de l'ordre de dizaine de milliers) a montré la puissance militaire et cynique de la bourgeoisie et miné le courage du prolétariat pour des décennies tout en lui montrant que la révolution ne peut gagner sur un plan militaire ;

  • dix ans après cette terreur joue la réconciliation : Après l'amnistie du 11 juillet 1880, la République réintègre des cadres, certains communards sont élus députés, favorisant le courant réformiste et syndicaliste du mouvement ouvier ;

  • la pensée patriotique est devenu dominante (l'Alsace et la Lorraine sont toujours occupées), l'internationalisme n'est pas la préoccupation majeure de la classe en France qui honore ses morts7 .

Enfin, deux moments viennent précipiter la marche à la guerre, la crise boulangiste et l'Affaire Dreyfus qui contribuent à fabriquer l'esprit d'union nationale qui triomphe avec le retour du service militaire de trois ans.

Le développement de l'industrie pose le problème – non crié sur les toits - des limites économiques du capitalisme et la lutte ouvrière s'englue dans la possibilité de réformes . Les ouvriers et les petits fonctionnaires multiplient leurs revendications Leur action est facilitée par leur adhésion aux Bourses du travail et à la CGTnée en 1895. Partisans du recours au sabotage (anarcho-syndicalisme) et à la grève générale pour obtenir satisfaction, les syndicalistes créent une agitation sociale de type utopique anarchiste. Si l'opposition conservatrice est réduite à l'impuissance, les socialistes (Guesde et Jaurès), qui se sont regroupés en un parti socialiste unifié en 1905 (SFIO), après le congrès de l'Internationale socialiste d'Amsterdam de 1904, rompent avec les radicaux. La rupture s'aggrave quand Clémenceau devenu président du Conseil (octobre 1906-juillet 1909), brise par la force les grèves ouvrières, celles des fonctionnaires et les manifestations des vignerons du Midi. Ajoutée à la division « socialiste » la lutte ouvrière, limitée par la vision syndicaliste et ouvriériste ne sera qu'une baudruche dégonflée au moment de la déclaration de guerre.

Ainsi, quarante années plus tard, chose que n'avait pu constater Marx, enterré à Highgate8 à Londres, on peut mesurer que c'est bien l'écrasement de la Commune qui avait complètement démoralisé le prolétariat et qui l'a rendu impuissant à fusiller les généraux criminels, aux ordres des ministres socialistes et de droite, qui l'envoyèrent au front .

De même c'est l'échec de l'internationalisation de la révolution russe qui a permis deux décennies plus tard l'éclosion de l'effroyable seconde boucherie mondiale.

Tout cela les laudateurs « communophiles » et « islamophiles » de la gauche et de l'extrême gauche bourgeoise ne vous en diront rien, eux qui veulent conserver le cadre du système capitaliste. Car il a du bon et des bonnes places.

La pandémie a du bon aussi, elle limitera considérablement le carnaval de deux mois de pitreries anarcho-hidalgesques!


Notes

2J'ai barré exprès l'outrecuidance des chefaillons politiques des bobos parisiens.

3La célébration ridicule des « ami(e)s de la Commune » Accueil (commune1871.org)

ces vieux croûtons staliniens, voiture-balai des veuves staliniennes dont l'ineffable Roger Martelli est devenu co-président. Voir mon interview de son honorable prédécesseur, Marcel Cerf (dont ma compagne de l'époque était la nièce) en janvier 2001 dans mes Archives maximalistes (Le blog de Jean-Louis Roche - (over-blog.com) . A l'époque, lors d'une conférence à la mairie du 13 ème, j'avais été porter la contradiction à ce ramassis de retraités staliniens en compagnie de Guy Sabatier et de André Claisse (dit Goupil, qui avait été membre du comité de grève Renault en 1947). Les vieux coucous de cette engeance de muséographie stalinienne s'étaient montrés menaçants, mais face à moi, qui assume physiquement, les petits vieux ne faisaient pas le poids.

4 « Toujours à gauche dans l’hémicycle, Danielle Simonnet, conseillère de Paris (LFI) se pose, elle aussi, en « héritière ». « Je me retrouve pleinement dans les idées de la Commune, dans sa démarche insurrectionnelle, son patriotisme républicain et une démocratie au service de l’égalité et de la liberté. La Commune a été confrontée à la situation d’urgence sociale et a répondu avec une exigence démocratique », détaille-t-elle. Et de conclure : « En tout cas, 150 ans après, on voit encore des dérives versaillaises au Conseil de Paris, et un mépris de classe dans les rangs de la droite mais aussi chez les socialistes. Pendant les "gilets jaunes", ils étaient surtout solidaires des familles des vitrines ». Des vitrines sur lesquelles fleurissent encore lors de manifestations quelques tags en l’honneur de la Commune ».

5L'Harmattan, 2003. Etre obligé de publier dans cette édition, où l'auteur paye l'impression, est scandaleux et montre la censure régnante, quand la petite bourgeoisie « radicale » du comité invisible du trust Hazan-Agambem publie ses merdes « insurrectionnalistes » de papier qui font passer pour subversives des fonds de pensée réacts, mépris de classe et apologie du petit commerce. On peut par contre se féliciter de la fermeture de Gibert jeune où Hazan ne pourra plus écouler ses sous-produits gauchistes creux.

6Je me rappelle au début de la révolte de 68 que, dans la plupart des lycées parisiens la majorité ne suivait pas les agitateurs échevelés, et a été plus bloquée par la grève que présente à toutes les manifs. Mais ces agitateurs estudiantins peut-on considérer aujourd'hui qu'ils étaient révolutionnaires (ou en quoi) vu ce qu'ils sont devenus pour la plupart ?

7Apparus après la guerre de 1870-1871, les monuments aux morts ont été élevés dans leur grande majorité à la suite de la guerre de 1914-1918 ; les noms des " morts pour la France " des conflits postérieurs y étant alors simplement ajoutés. De nos jours, des monuments aux morts sont encore édifiés.

8 Et célébré depuis toujours chaque année, comme le mur des Fédérés, par tout ce que compte le monde de crapules staliniennes et trotskiennes


EXTRAITS DE "CERISES DE SANG"

« On voit la méprise : Rossel dénonce l'impéritie des généraux, l'inutilité d'un armement complexe, pour mener une guerre populaire. Ce qu'il veut c'est un commandement intelligent, des troupes fidèles et capables de sacrifices pour une grande cause. C'est ce qu'il croit trouver dans le Paris insurgé du 18 mars, et il se trompe, non sur leur courage, mais sur la militarisation possible de cette insurrection, qui n'est ni une armée de guerre civile, ni une révolution en marche » (p.177 de Cerises de sang)

« Une Commune élue composée en majorité de bavards (…) Le plus ignoble mensonge est de dire que l'heure est à la guerre révolutionnaire, tandis que c'est à l'extermination de tous ceux qui résisteront, ou bien qui auront « mauvaise allure » (p.305). « (…) Il se trouva quelques hommes d'action, et mieux, quelques hommes réfléchis et courageux, qui savaient ce dont ils ne voulaient plus, à quoi ils préféraient ne pas survivre. Ces hommes-là, et je devrais dire aussi ces femmes-là, étaient comme des égarés, dans une cohue de rivalités personnelles, d'ambitieux soudain à même de jouer leur rôle, de poltrons, d'uniformes et de grades honorifiques, de commissions, de sous-commissions qui n'étudiaient rien, ne prenaient pas de décisions, se disputaient la préséance comme ils se disputaient les canons » (p.349).

(…) Marx s'est trompé sur les faits, car il voulut que les récits qu'on lui faisait , les légendes diffusées par la presse en Angleterre, où il était cloîtré, malade, fussent vrais. Mais ce n'était pas de l'aveuglement, c'était le livre du courage. Car, peu importe au fond, la part de vérité ou de mensonge qu'on trouve dans « La guerre civile en France », l'ouvrage que Marx a écrit, puis réécrit, sur la Commune : « La plus grande mesure prise par la Commune , c'est sa propre existence. Elle œuvre et agit dans des circonstances d'une difficulté inouïe. Le drapeau rouge, hissé par la Commune de Paris, ne flotte que sur le gouvernement ouvrier de Paris ». Il affirme encore que le peuple n'a pas remis son pouvoir entre les mains « des saltimbanques républicains des classes dirigeantes ». C'est un écrit de propagande, mais, à la différence de « La lutte des classes en France » ou « Le dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte », ce n'est pas une bonne analyse de la réalité, du social-historique, parce que ce n'est pas un reportage. Le même Marx, qui parlait de gouvernement ouvrier, avait écrit à Varlin et Frankel, les seuls auxquels il savait pouvoir faire confiance :

« Chers citoyens Frankel et Varlin (…) j'ai écrit plusieurs centaines de lettres dans votre cause à tous les coins du monde où nous avons des branches. La classe ouvrière était du reste pour la Commune dès son origine. Même les journaux bourgeois de l'Angleterre sont revenus de leur première férocité. Je réussis à y glisser de temps en temps des paragraphes favorables. La Commune semble perdre trop de temps avec des bagatelles et des querelles personnelles. On voit qu'il y a d'autres influences que celles des ouvriers. Tout cela ne ferait rien si vous aviez du temps pour rattraper le temps perdu (…) Ainsi prenez garde ! ». (p.353)

Dixit Philippe Riviale : "SUR LA COMMUNE, Cerises de sang" (ed L'Harmattan 2003)



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