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jeudi 21 mars 2024

LA PERSONNIFICATION DE LA POLITIQUE DANS LA PERSPECTIVE DE GUERRE GENERALE

 


 LA PERSONNIFICATION DE LA POLITIQUE DANS LA PERSPECTIVE DE GUERRE GENERALE

« Je suis un petit gars tout seul contre environ un millier d’agents du lobby ».

George Bush père

Selon Le Littré la personnification consiste à : « faire d'un être inanimé ou d'une abstraction un personnage réel ». La personnalisation est l'action d'identifier le pouvoir à la personne qui l'exerce. Les deux notions semblent proches voire équivalentes, or j'ai choisi le premier terme comme titre comme correspondant à la mystification gouvernementale majeure pour notre époque, laissant de côté la seconde plus caractéristique des années 1960 avec des types de gouvernement d'après-guerre, certes s'appuyant souvent sur des hommes « providentiels » : Eisenhower, Adenauer, De Gaulle, Bourguiba,Nasser, Mao, etc.1

La personnification de la politique de nos jours est autrement perverse. J'ose la résumer ainsi : action qui consiste à faire de la machine étatique un personnage réel. A la professionnalisation des personnels politiques toujours séparés et abstraits pour le peuple et le prolétariat, a succédé ; présidentialisation, artificialisation des organisations, personnification du jeu politique, érosion et mépris du militantisme . Ces transformations sont une adaptation à la crise du système parlementaire abstrait, creux et incontrôlable. Le leader, même e surtout auto-intronisé figure toujours l'homme au-dessus de la mêlée des partis toujours corrompus ou corruptibles. Macron agace en France, mais il espère apparaître comme un Poutine ou un Zelenski en homme de confiance au-dessus des partis et de leurs magouilles. D'illustres prédécesseurs les ont précédé, de Staline à Hitler et Mao, ou Castro... Quoique leurs manières modernes soient plus enjôleuses et moins meurtrières, sans le culte outrancier de la « personnalité ». Cette personnification correspond il faut le souligner aux périodes de guerre où le commandement ne se discute pas.

Mais même dans le cas de Hitler sur lequel une vieille historiographie nous radote son pouvoir suprême et exclusif, ce n'est pas vrai. Hitler n'est que le délégué de la bourgeoisie en guerre. Il accède au pouvoir comme chancelier par intermédiaire des mécanismes constitutionnels ; il se donne ensuite les moyens d'être un chef de guerre, totalement soutenu par le patronat dont les patrons lui survivront. Il se savait en permanence sur un siège éjectable (comme Poutine) Il a d'ailleurs failli être éliminé par une fraction de l'armée. Mussolini fût déposé par le roi en 1943 pour son incapacité à faire face aux importantes grèves en Italie. Le dictateur est « dicté » comme me l'avait objecté le journal bordiguiste à la fin des années 1990. Poutine et Macron, c'est pareil à un niveau et une échelle différente. Macron est allé chercher le soutien des milieux financiers à Londres pour sa première élection. Poutine est le furoncle du cœur de l'appareil d'Etat néo-stalinien, ses services secrets.

Ce qui frappe voire choque dans cette personnification de l'Etat, cette machine froide et impavide, c'est sa vulgarité. Produit de cette mutation populaire et populiste, je reste toujours frappé par ces déclarations : « casse-toi pauvre con » (Sarkozy) ; « on ira buter les tchétchènes jusque dans les chiottes » (Poutine), « nos soldats qui ont déserté pour l'armée ukrainienne il faut les pourchasser et les tuer partout » (le même), « nous allons tuer les milliers de soldats du Hamas, tous jusqu'au dernier » (Netanyahou) ; « j'ai très envie d'emmerder les non-vaccinés » (Macron) ; « Sarkozy est un sale mec » (Hollande).

Mais plus que ces gros mots, à destination électoraliste, sont graves les appels aux meurtres individuels des Poutine et Netanyahou. Du jamais même sous Brejnev et Ben Gourion. On passe ainsi à une individuation du pouvoir qui s'adresse à l'individu et non pas à la manière traditionnelle du vouvoiement des masses. Ce qui est plus vicieux : tu vois ! Comme moi tu as envie de buter l'ennemi qui peut être ton voisin ! Je m'adresse particulièrement à toi comme tu t'en rend compte !

Le superman au-dessus de la bureaucratie et de la corruption étatique n'est pas éternel. Poutine n'y fera pas de vieux os si vous réfléchissez à mon calcul rapide des dictateurs champions de longévité au pouvoir :

  • Castro : au moins 45 ans

  • Franco : 38 ans

  • Mao : 27 ans

  • Staline : 26 ans

  • Mussolini : 21 ans

  • Hitler : 12 ans (et pas mille ans comme prévu)


Cette année Poutine n'est encore qu'en 5ème position sous Staline : 25 ans seulement. Si sa dictature devait encore durer, comme il le souhaite jusqu'en 2036, il ne resterait que troisième derrière Franco. Il faut souligner que la plupart de ces dictateurs, excepté le petit jeune Castro (héros surfait de l'époque des lib nationales) ont été au pouvoir dans la plus sombre période de contre révolution et les trois derniers en particulier principaux bouchers de la Seconde guerre mondiale. Poutine n'est encore que leur benjamin.

Traité de savoir vivre à l'usage des vieilles générations :

Sans se mentir ni réciter la croyance marxiste en un prolétariat dans les nuages, il faut bien le constater, si la personnification de l'Etat a si bien fonctionné depuis des décennies c'est dû une constante, la tendance naturelle des gouvernés à réclamer que l'autorité s incarne en un homme au-dessus des partis, ce que les dictateurs d'hier ont parfaitement symbolisé. Et que nos dictateurs d'aujourd'hui rêvent d'incarner. Or les dictateurs d'hier ne régnaient pas seulement par la terreur. Hitler se soucia durant toute la durée de la guerre que ses soldats n'aient pas faim, au souvenir lancinant de la révolution de Novembre 1918. Mussolini exaltait la paysannerie qu'il méprisait. Franco étai un cul-béni. Castro pas fidèle. Staline jouait au curé du dieu Lénine. Mao fût le meilleur à la fin de savie avec ses gardes rouges contre la bureaucratie d'Etat.

Maintenant toute carrière de dictateur est dangereuse, instable, basée surtout sur la terreur et les meurtres. C'est le cas du criminel de guerre Poutine. Il est faillible par ce qu'il croit être sa force, sa manie de tuer opposants et civils dans des attentats machiavéliques. Or des études d'historiens, basées sur des comparaisons avec les exécutions sommaires au front en 1914, ont conclu que l'Etat militarisé le plus répressif était le plus faible dans la durée. Ce fut le cas de la France et de l'Italie où les soudards se livrèrent au plus grand nombre d'exécutions, non sans réactions mais sans aller aussi loin que les soldats russes et à renverser l'Etat :

«  « Quelques "petites mutineries" ont été observées en 1915 (Artois) ou en 1916 (Verdun) mais elles n'impliquèrent que quelques dizaines de soldats et eurent une durée très limitée. En revanche, au lendemain de l'échec de l'offensive du Chemin des Dames (avril 1917), d'importantes vagues de mutineries se développent dans l'armée (entre 30 000 et 40 000 mutins) : les mutins refusent de continuer à servir de "chair à canon" et manifestent leur exaspération face à des offensives meurtrières, provoquant des sacrifices inutiles. Les conseils de guerre prononceront 554 condamnations à mort dont une cinquantaine seulement seront exécutées. Dans les faits, relativement peu de peines de mort prononcées ont été appliquées au lendemain des mutineries de 1917 (10%). Il fallait en effet trouver un juste équilibre entre des exécutions permettant le retour à l'ordre par leur exemplarité tout en évitant un trop grand nombre d'exécutions qui auraient pu entraîner des mutineries beaucoup plus générales et un risque de dislocation de l'armée. De fait, seuls des meneurs soigneusement sélectionnés furent exécutés. Se pose également le problème ses soldats exécutés de façon sommaire sur le champ de bataille même, par des officiers chargés d'exécuter lors des assauts ceux qui retournaient en arrière ou refusaient d'avancer. Mais ces exécutions sommaires échappent à toutes mesures statistiques.  (…) Se pose également le problème ses soldats exécutés de façon sommaire sur le champ de bataille même, par des officiers chargés d'exécuter lors des assauts ceux qui retournaient en arrière ou refusaient d'avancer. Mais ces exécutions sommaires échappent à toutes mesures statistiques.  Se pose également le problème ses soldats exécutés de façon sommaire sur le champ de bataille même, par des officiers chargés d'exécuter lors des assauts ceux qui retournaient en arrière ou refusaient d'avancer. Mais ces exécutions sommaires échappent à toutes les mesures statistiques »2.

Sans étayer outre mesure sur les diverses luttes qui avaient précédé 1914 et 1939, dont j'ai déjà parlé dans mes précédents articles, je dois convenir encore et encore que le prolétariat dort, qu'il faut remonter à la guerre du Vietnam pour revoir une lutte internationale contre cette guerre, terminée seulement en 1975. Qu'il nous faut déplorer, regretter, nous indigner en vain auprès des nuages comme ces ados de 15ans dont les préoccupations et questions m'ont enthousiasmé.

Oui, dirent-ils, vous avez vu à Gaza ce qui se passe, comme en Ukraine et personne ne fait rien. Dans le passé il y avait des grèves contre la guerre, maintenant plus rien. Et elle aura lieu quand cette guerre ? L'un d'eux avait été particulièrement choqué par la déclaration du général Schill3.

Plus que la discussion où je me suis efforcé de mettre en parallèle avec les années 1930, les différences et les enjeux plus exterminateurs de nos jours, c'est la conscience politique en émergence, grave, sérieuse et réfléchie qui me ravit chez ces jeunes gens. Plus même comme orientation vers une conscience de classe même s'ils utilisent plutôt le mot peuple, les gens ou les victimes civiles. Certains sont même plus au fait des arcanes des politiques impérialistes que nous les vieux adultes.

Du même ordre fut mon étonnement lors du spectacle de Macron en plein « selfies » dans le quartier (où je suis né à Marseille) la Castellane(et baptisé à Notre Dame de la Garde). Plus des français ou des italiens de souche mais des jeunes, des femmes, des enfants d'outre Méditerranée , des prolétaires quoi. Souriant, aimables, sans haine ils se sont approchés pour le toucher, lui parler, faire des selfies qui deviendront des posters dans la cuisine. Et surtout le questionner comme aucun de ses ministres ou de ses journalistes n'osent le faire :

  • dites monsieur le Président elle aura lieu la guerre ? Quand ? Pourquoi voulez-vous envoyer 20.000 jeunes ?

  • Et dites...à Gaza pourquoi vous aidez pas comme en Ukraine ? Μ

  • Et vos CRS vous pouvez pas leur dire de se calmer, de taper moins fort ?


Macron s'en est bien tiré avec ses réponses creuses et paternalistes mais il n'eût jamais le dernier mot :

  • vos aides elles tombent à la mer ! Et ils continuent à tuer des femmes et des enfants !

J'ai rappelé cet épisode à mes ados pour leur dire ceci, une banalité pour vous les vieux sachants : ici en Europe on a donné deux fois pour la guerre en grande dimension. Les armées, depuis 19798 pour la France, ne sont plus professionnelles. Or comme le révèlent les deux guerres à Gaza et en Ukraine, les deux armes majeures sont les drones et les fantassins. Le Capital a besoin de milliers et de milliers de chairs à canon comme en 14 comme en 39, l'ogre n'est jamais rassasié.

Bonne chance aux sergents recruteurs et au général Macron ! On n'est ni en situation parano comme en Russie ou en Israël, aller mourir pour Kiev ou les colons juifs, non merci !

Vous êtes l'expression d'un questionnement sérieux dans la classe ouvrière et la population mondiale. Ce souci existe partout ou on peut croire que c'est mort. Même chez Poutine où le trucage électoral fut énorme, disproportionné et totalement disproportionné : la moitié des russes n'ont pas voté Poutine. Il ne faut cependant pas le prendre pour un imbécile ; l'exécution de Navalny a été perverse et intentionnée : en faisant de ce chefaillon réac et nationaliste (il était pour l'invasion de la Crimée) un martyr « libéral » il laisse entendre que la politique des amis de Navalny (les « fascistes européens ») serait la seule alternative à la faillite de son pouvoir à moitié totalitaire (comparé à Staline). J'ai conclu en leur disant, ce qui était d'ailleurs une de leurs hypothèses : à un moment les bourgeoisies ne comprennent plus rien et sont entraînées elles-mêmes dans le cataclysme qu'elles ont préparé. Je le répète c'est une personnification, une dénonciation simpliste des individus dirigeants qui empêche de comprendre que c'est le système qui les mène et nous avec, à leur propre perte. Rien n'exclut l'envoi d'une ogive nucléaire sur Lyon ou Barcelone et alors..Bonjour docteur Folamour !

Enfin je leur ai donné lecture de mon tableau nucléaire des Folamours en attente :


Global Firepower a publié son classement des pays les plus puissants, d’un point de vue militaire (en réalité assez erratique et avec données incertaines, quand chaque puissance n'est pas tenue de déclarer le nombre réel de ses armes)

USA:1,4 millions de soldats – 5550 ogives nucléaires – budget : 770 milliards de dollars

Russie : 850.000 soldats + 250.000 réservistes – 6255 bombes nucléaires – budget : 154 milliards de dollars (budget pauvre en comparaison avec USA et Chine, plus un PNB inférieur à l'Espagne = pas terrible pour une guerre longue)

Chine : 2 millions de soldats et 510.000 réservistes – 350 bombes nucléaires – budget : 250 milliards de dollars

Inde : 1, 45 millions de soldats et 1,15 millions de réservistes – 156 ogives nucléaires – budget : 49, 6 Milliards de dollars

Royaume-Uni : 194.000 soldats et 37.000 réservistes – 225 bombes nucléaires – budget : 38 milliards de dollars

France : les données de cet organisme sont fantaisistes car la France est la première puissance militaire en Europe et certainement pas neuvième puissance mondiale. 300.000 soldats – 300 ogives nucléaires – budget : 41 milliards de dollars.

Traité sur l'usage de l'antisémitisme au profit du nationalisme juif

La personnification de la pourriture capitaliste a, depuis des décennies, une cible de choix : le juif. Pourtant le juif n'est plus ce qu'il était en 1917 : un communiste que Hitler eut pour tâche d'éradiquer du monde entier, car le génocide est un anticommunisme par euphémisme, une éradication..personnificatrice plus que l'élimination d'une communauté martyre depuis l'Antiquité. On a beaucoup glosé ces temps-ci, en particulier en France, à Sciences-Po, avec la profanation de cimetières, d'une remontée ou explosion de l'antisémitisme. Les chiffres sont là et toute personne consciente ne peut que le déplorer4. Le gouvernement a lui aussi dénoncé ces actes honteux et les mêmes râleurs ont encore radoté sur l'absence de Macron à la manif de la bonne bourgeoisie parisienne sans que Netanyahou n'ose y montrer son nez contrairement à l'époque du Bataclan.

Cette dénonciation répétitive d'un antisémitisme qui finit par devenir aussi vaporeux que l'antiracisme, me gêne profondément au moment où le sémitisme national israélien massacre des milliers de personnes après avoir détruit la majorité de leurs habitations .

A de jeunes arabes qui tractaient devant un magasin Carrefour à L'Häys les Roses5, j'ai tenu à dire que l'ennemi ce n'est pas ce magasin mais l'impérialisme américain derrière son mirador israélien, qui préserve avec l'Arabie Saoudite les champs pétroliers ; et que ce n'est pas la première fois que Tsahal massacre avec l'aval US6. Qu'il faut donc plutôt aller dénoncer la guerre devant l'ambassade américaine (les CRS qui les contenaient, approuvaient mes paroles d'un signe de tête!).

Montée de l'antisémitisme ou montée d'une colère qui ne trouve pas d'expression politique contre les massacres racistes de l'Etat « juif » pour qui les arabes « sont des ras » et tous des pauvres types inféodés au Hamas. Et pendant toutes ces fausses polémiques et les arguties perverses des nationalistes juifs occupent la rue, je ne peux m'empêcher de penser aux malheureux otages dont l'Etat juif n'a finalement rien à foutre dans sa volonté cynique de foutre à la mer les arabes et de les déporter comme Hitler ! Et pour refiler cette terre détruite à ses colons nazis.

L'Etat juif ne s'est pas simplement ridiculisé à l'échelle internationale pour ses massacres sans interruption, il est ridicule lui-même parce qu'il ne peut enrégimenter ces milliers de fainéants et parasites bigots ultra-fachos qui prient pendant que les autres, réservistes venus de France en particulier, vont se faire tuer pour ces planqués !Le Capital en Israël est très désolé il a besoin lui aussi de plus en plus de chair à canon ! Même des ultras orthodoxes qui pourront ainsi rejoindre plus rapidement Yahweh !

La presse honnête n'a pas fait l'impasse sur les causes de ce qui est qualifié, malhonnêtement comme de l'antisémitisme :

« Les actes d'intolérance antijuifs ont commencé à se multiplier de manière exponentielle - notamment aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France - à l'occasion des manifestations publiques condamnant l'intervention militaire israélienne dans la bande de Gaza ainsi que le grand nombre de victimes civiles palestiniennes causées par ces opérations. Protester contre les politiques du gouvernement israélien est légitime - de nombreux Israéliens le font aussi -, tout comme il est légitime de s'indigner face à la tragédie des civils palestiniens, qui se trouvent en proie aux attaques militaires israéliennes et au choix du Hamas de ne pas les défendre, en les utilisant comme boucliers humains. Mais cela ne doit en aucun cas conduire à légitimer des actions anti-juives »7.

L'Etat bourgeois hébreu a un besoin vital pour continuer sa carrière d’État colonial militarisé d'invoquer sans cesse la Shoah et de gommer toute accusation de ses crimes militaires pour l'accusation d'antisémitisme. Outre Meyer Habib, non pas représentant des français de l'étranger mais de son pote Netanyahou8, la plupart des bourgeois juifs ou artistes français soutiennent sans réserve les exactions de Tsahal ; mille acteurs d'Hollywood ont aussi pétitionné contre un de leurs congénères, pourtant juif lui aussi pour avoir compati concernant les massacres à Gaza. Dommage pour leur carrière à ces gens qui étaient appréciés dans les cinémas de banlieues. Tout débat est impossible avec ces gens-là. C'est encore plus le cas avec LE LOBBY aux Etats-Unis qui verrouille le débat sur la question israélo-palestinienne depuis 2004. On va en parler par après pour éliminer les fantasmes selon lesquels « les juifs mènent le monde », même s'ils y participent.

Il n’y a aucun équivalent du lobby pro-israélien américain en France. Le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) doit avoir deux ou trois permanents. Rien à voir avec les milliers de personnes qui travaillent à promouvoir la politique d’Israël aux Etats-Unis. Mais il y a un mois, le Crif n’a pas hésité à intervenir en renfort de l’ambassade d’Israël en France pour protester contre le diffusion d’un reportage d’Envoyé spécial [Gaza, une jeunesse estropiée). Ces mouvances bureaucratiques ne sont pas représentatives des juifs en général en France, dont certains intellectuels militent en faveur du nationalisme palestinien.

Venons-en au fameux lobby américain. C'est un certain Jim Cohen qui me semble avoir le mieux décrit et relativisé l'influence de ce lobby, car des lobbies on en a partout désormais, lobby chinois, russe, palestinien, etc.

« La transparence commence par un minimum de rigueur terminologique. Étant donné le flou de l’adjectif « juif » dans ce contexte, il vaudrait mieux parler, non du « lobby juif » mais du « lobby pro-israélien » (en anglais on dit couramment « Israel lobby »). Cela dit, il n’est pas tout à fait indifférent de noter que les réseaux en question inscrivent leur combat politique dans une lutte qui dépasse la simple défense d’un État, car la majorité des agents du lobby s’identifient à la fois à Israël et au peuple juif et ont conscience, en combattant pour l’un, de défendre l’autre. Cependant, tous les défenseurs politiques d’Israël aux États-Unis ne sont pas Juifs : on sait que depuis au moins l’époque de Reagan, et de façon très nette sous la présidence de Bush fils, certains groupes de chrétiens évangélistes de droite sont parmi les défenseurs les plus inconditionnels d’Israël, pour des motifs qui n’échappent pas à une logique de « guerre des civilisations »9

« En cherchant bien dans le paysage du judaïsme américain, on trouve même quelques organisations qui se donnent pour mission de promouvoir une paix juste, équitable et durable entre Israéliens et Palestiniens . En année électorale, les agents de l’AIPAC10 s’intéressent à tous les candidats à tous les sièges. L’organisation demande à chaque candidat de décrire son point de vue sur le Moyen-Orient, et la plupart des candidats s’exécutent. L’AIPAC partage alors les résultats de l’enquête avec ses membres, en les aidant à décider qui sont les candidats les plus pro-israéliens ».

Comme on le voit, il s'agit d'un lobby, du genre clan d'affaires ou francs-mac, parmi tant d 'autres, les russes en particulier depuis longtemps avec leurs meilleurs espions dans l'élite des journalistes français, maintenant les chinois. Le soutien américain à l'armée juive n'a pas besoin en soit du lobby. C’est à partir de 1967, et surtout à partir de 1973, que l’aide financière américaine à Israël se place dans une catégorie à part : environ six cents millions de dollars annuels sous Johnson, plus de deux milliards ainsi que des fournitures d’armes sous Nixon. Et on n'était pas encore dans la guerre chaude des années 2000.

La généralisation de la guerre est-elle inévitable? Oui. En particulier à cause de la dette économique abyssale.

Un président peut-il engager ses chairs à canon sans consultation institutionnelle? Oui.

Qui pourra la stopper? Le prolétariat mais s'il ne cède pas, après son insubordination, aux sirènes du pacifisme bêlant et retourne les armes. 

Où? Le plus probablement en Europe occidentale.

Comment? Par son exemplarité il entraînera les prolétariats des pays encore terrorisés ou subissant depuis longtemps la guerre capitaliste.

Dans quel but? Mettre fin non seulement à la guerre mais au capitalisme par une capacité à réorganiser différemment le monde.

NOTES

3Dans une tribune, les propos du général Schill, chef d’état-major de l’armée de terre, résonnent avec les déclarations d‘Emmanuel Macron n’excluant pas un envoi de soldats en Ukraine. Le chiffre de 20.000 hommes est évoqué.

L’armée française veut renforcer sa dissuasion conventionnelle (lefigaro.fr)

4 Pour la première fois depuis trente ans, on compte ces actes en milliers alors que, dans les années 90, c’étaient quelques dizaines par mois, puis quelques centaines jusqu’en 2022», estime le président du Crif, Yonathan Arfi, dans un entretien au Parisien. Le responsable communautaire déplore notamment la «condamnation sociale faible» de cette flambée d’antisémitisme et s’inquiète que, «chez les jeunes, la tolérance» à son égard «soit plus grande». «On pensait que les générations passant, après la Seconde Guerre mondiale, la haine du juif disparaîtrait… Hélas non. Les chiffres augmentent en milieu scolaire», constate Yonathan Arfi. Selon les chiffres recensés par le Crif, 12,7 % des actes antisémites, en 2023, ont eu lieu à l’école.

5Dans un rapport publié le 16 novembre, sept ONG et syndicats mettent en évidence le fait que l’accord signé par le groupe Carrefour en mars 2022 avec deux entreprises israéliennes impliquées dans la colonisation de la Palestine rend le groupe Carrefour complice de cette colonisation

6Le 10 mai 2002, à l’occasion de la reprise par l’armée israélienne de plusieurs villes des territoires occupés dont Jénine, le Congrès US avait exprimé, par un vote de 94 contre 2 au Sénat et de 352 contre 21 à la Chambre des représentants, son soutien à Israël dans ces actions militaires très très controversées.

8 Netanyahou entretient de bons rapports avec les extrêmes droites européennes ! Et même aux Etats-Unis, il y a de vrais antisémites dans l’entourage de Trump. Cela n’empêche pas le lobby israélien de le soutenir. Une partie de la communauté juive américaine est d’ailleurs très critique de Netanyahou, qui préfère fermer les yeux sur cet antisémitisme que de prendre le risque de froisser Trump.

10 l’AIPAC [American Israel Public Affairs Committee] et la [Conference of Presidents of Major Jewish Organizations (Presidents conference)].

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