PAGES PROLETARIENNES

samedi 26 février 2022

VA-T-EN GUERRE ET PACIFISTES

 



« Je rêverais d’un Poutine Français »

Zemmour en 2018

« La Russie, je prends le pari, n’envahira pas l’Ukraine »

Le même le 9 décembre 2021 sur France 2.


QUELQUES REFLEXIONS ET NOTES DE LECTURE

suivies d'une engueulade concernant Mélenchon et des syndicalistes pacifistes

 

Dernière minute: de jeunes soldats russes envoyés au casse-pipe sont démoralisés et refusent de combattre!

Certes l'argumentaire de Poutine est grotesque avec son explication confuse de la présence de drogués et de nazis en Ukraine se livrant à un « génocide »1... plus qu'un grand décalage délirant avec le massacre des juifs en 39-45 par des ukrainiens nazis, néanmoins le virevolte des médias occidentaux n'en est pas moins grotesque ; les divers « spécialistes » glosaient de façon presque neutre sur l'état d'une Russie assiégée, encore sous le choc de la fin de son empire stalinien, et en particulier sur la « peur » de Poutine face aux pressions américaines et leurs démarches pour arrimer l'Ukraine à l'Otan, pour finalement hurler à l'assassinat de la démocratie par l'autocrate Poutine une fois déclenchée l'attaque militaire, qui était inévitable du point de vue impérialiste russe2.

Poutine n'aurait pas facilité négociations, marchandages et concessions... on n'en saura jamais rien ; ce qui est sûr c'est que l'empire US et Cie ont été pousse-au-crime ! On compare cependant le président russe à Hitler. Il y avait pourtant une guerre, dont on parlait peu depuis 2014, et l’émergence de mouvements séparatistes pro-russes dans l’est du pays, à Donetsk et Lougansk, régions du Donbass frontalière de la Russie, environ 14.000 personnes y ont été tuées. On a aussi oublié les centaines de civils tués par les bombardements de l'Otan en Serbie !

Le 10 février, sur France 2, Mélenchon mettait justement les pieds dans le plat. Alors qu’on lui demandait qui était l’agresseur, la Russie ou l’Otan, il répondait : « L’Otan, sans aucun doute. » « Les Etats-Unis ont décidé d’annexer dans l’Otan l’Ukraine. Et la Russie se sent humiliée, menacée, agressée ». Pertinent, et on allait lui reprocher d'être complice de l'extrême-droite et de Poutine3, mais il allait s'emberlificoter, pour contrer l'hystérie, dans des explications en tant que « non-aligné » qui allaient en embrouiller plus d'un, avec un langage confus, se la jouant pédagogue rassurant et neutre en faveur de « sérieuses relations diplomatiques », un bla-bla aussi nul que les « sanctions ». Dans ce concert hystérique Mélenchon le « non-aligné » produisit une vidéo pépère , un langage confus mais toujours ambigu. Se la jouant pédagogue rassurant, moraliste bon enfant il expliquait qu'il ne faut pas violer les frontières, quoique des « situations puissent le nécessiter » (mais sans autre précision » ; ensuite il se moquait du violon des sanctions finalement sans aucun résultat politique. En vérité « tous cachent leur jeu, le but c'est un repartage de l'Europe entre russes et américain » ; Mélenchon est contre l'Otan et Poutine ayant vu que l'Otan « allait le faire », « il fait sa prise d'avantage avant » (?!). Poutine s'empare de territoires avant l'Otan et paf « il se prend des sanctions ». il faut proposer une conférence sur la sécurité en Europe, on demande aux uns et aux autres quelles garanties il leur faut...On ne peut pas dire que Poutine est fou car il y a des moments où on peut s'accorder avec lui... moi je veux du sérieux dans les relations diplomatiques... ».

On cherche toujours en effet qu'est-ce qui est sérieux avec Mélenchon.

LES PRINCIPAUX VA-T-EN GUERRE

Avec BHL, le macronien Cohn-Bendit et Glucksman fils (nouveau chéri de la gauche caviar), la seule négociation c'est la guerre. BHL s'est fait rentrer dedans par le chiraquien historique Dominique de Villepin. Cohn-Bendit est lui gracieusement consulté par l'OBS :

« En 2018 le député européen écologiste avait aussi conseillé à Emmanuel Macron de ne pas se rendre au Mondial en Russie ; l’année suivante, il avait dénoncé, lors des élections européennes, l’extrême droite en France et en Europe qui servait selon lui de « cheval de Troie » à Poutine.

Interview.

Je suis triste. Et j’en ai assez des balivernes de tous ceux qui expliquent que ce qui se passe serait à cause de l’Otan. Non, Poutine agit ainsi parce qu’il a peur de la liberté et de la démocratie. Il veut voir ses soldats sur la place Maïdan à Kiev et faire un doigt d’honneur aux Ukrainiens qui ont viré en 2014 la « potiche » russe qu’était l’ancien président Ianoukovitch, voilà ce que Poutine veut ! En revanche, qu’est-ce qui protège aujourd’hui les pays Baltes ou la Pologne ? L’Otan ! Il y a trois ans, si on avait intégré l’Ukraine à l’Otan, Poutine n’aurait pas pu attaquer. Il le fait parce qu’il sait que l’Otan n’interviendra pas militairement. Il a vu que les Etats-Unis n’avaient pas suivi François Hollande lorsqu’il avait voulu intervenir contre Assad. En 2014, il a pris la Crimée. Puis il a envoyé en janvier dernier des milliers de soldats aider le président du Kazakhstan à réprimer une rébellion. Il a aidé le président biélorusse Loukachenko à faire sortir un dissident. Et beaucoup ont réagi en disant : « c’est comme ça, c’est la vie… »

Évidemment qu’il fallait dialoguer et tout essayer, au prix de son amour-propre. Qu’est-ce qu’on aurait dit si Emmanuel Macron ne l’avait pas fait. Ses cinq heures de discussion à Moscou avec Poutine, ça n’a pas dû être facile. Son erreur, je pense, est d’avoir voulu installer un mano à mano avec Poutine. Avec des dirigeants comme lui, ce n’est pas possible. On avait tous du mal à imaginer le degré de fourberie et de mensonge de Poutine. Il reprend des références historiques de Staline et Hitler : lorsque la Pologne a été attaquée à l’ouest et à l’est en 1939, les deux disaient que ce n’était pas un pays. C’est ce que dit Poutine aujourd’hui : l’Ukraine n’est pas un pays.

Une partie des politiques français ont-ils été trop complaisants ? Aux européennes, en 2019, vous dénonciez l’extrême droite comme le cheval de Troie de Poutine en Europe

Il y a une classe politique complaisante, qui trouve des excuses à la Russie et aux dictateurs. Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ou Eric Zemmour ont compris aujourd’hui que s’ils continuaient, ce n’était même plus la peine de se présenter. Quant à François Fillon, qui travaille pour une grande entreprise pétrolière, il est temps de démissionner ! Ceux qui comme Hubert Védrine [l’ancien ministre des Affaires étrangères pour qui « le statut stratégique de l’Ukraine ne peut pas être une question taboue », NDLR] ou Henri Guaino qui fabule des circonstances atténuantes pour Poutine en invoquant la responsabilité de « l’expansionnisme de l’Otan » se moquent de la volonté de liberté et de sécurité des Ukrainiens. Ils sont les idiots utiles de Poutine et l’aident à diffuser ses fantasmes dans les opinions publiques. A l’inverse, Macron, Jadot, Hidalgo ou Taubira sont clairs, eux !

Que peut faire l’Europe aujourd’hui ?

Mettre en place des mesures de rétorsion économique. Et dire « pas touche aux pays Baltes ou à la Pologne ». Mais les pots cassés sont là. Je crains une Ukraine séparée en deux, de voir resurgir un rideau de fer comme au milieu de l’Allemagne. Nous avons face à nous un homme violent et arrogant. Poutine, c’est le Docteur Folamour. Beaucoup se réveillent avec la gueule de bois et comprennent une tragique vérité : la liberté est un joyau qu’il faut être prêt à défendre ».

Glucksman fils donne la leçon aux vieux :

« Vingt longues années d’illusions et d’aveuglement sur la véritable nature du pouvoir russe nous ont menés là, au bord du gouffre. Depuis son accession au pouvoir en décembre 1999, Vladimir Poutine a fondé son régime sur la guerre. Ce fut d’abord la guerre de Tchétchénie en 2000, puis celle de Géorgie en 2008, puis celle d’Ukraine, donc, à partir de 2014, ou celle de Syrie à partir de 2015… Toutes ces guerres se déroulent du point de vue russe, avec en toile de fond la grande confrontation que nous avons longtemps refusé de voir et qui est pourtant la seule, au fond, à intéresser Poutine : la confrontation avec l’Occident.

Les Européens et les Américains n’ont pas pris au sérieux la fameuse déclaration qui inaugura son règne : « La chute de l’URSS fut la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle. » Ils n’ont pas saisi l’ampleur du projet révisionniste de l’ex-agent du KGB et n’ont pas compris que ce projet devait fatalement ébranler l’architecture de sécurité en Europe. Ils l’ont donc laissé avancer ses pions, à coups de dizaines de milliers de morts, toujours plus loin et de façon toujours plus brutale. La situation actuelle est le produit de notre incapacité depuis vingt ans à opposer une résistance suffisante à ses ambitions.

La supposée agressivité

Chaque président français, sauf François Hollande sans doute, a commencé son mandat par une tentative de lune de miel avec Poutine : Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron ont tous essayé de nouer une relation privilégiée avec lui. Prenez le cas du président actuel : il sait, lorsqu’il entre à l’Elysée, que des hackers russes ont piraté les serveurs de sa campagne (les « Macron Leaks ») pour favoriser l’élection de Marine Le Pen, il sait que ces hackers travaillaient pour les services de Poutine. Et pourtant, il essaie : Versailles, Brégançon… En vain. Arrive un moment où il faut accepter l’évidence : Vladimir Poutine veut la confrontation et l’impose. Ce n’est pas notre supposée agressivité qui a conduit à l’explosion actuelle, c’est au contraire notre passivité, notre permissivité. A force de tout accepter.

N’oublions jamais que les dirigeants russes actuels sont des kleptocrates et qu’ils ont mis la plus grande part de l’argent volé à leur peuple hors de Russie. Il faut geler les avoirs des dignitaires et oligarques russes en Europe et montrer ainsi qu’on ne peut pas faire la guerre à nos portes et faire mouiller ses yachts dans nos ports.

Nous devons donc renoncer à notre irénisme et doter l’Union européenne d’instruments qui nous permettent d’assumer la confrontation là où elle est inévitable ou nécessaire. C’est précisément ce sur quoi je travaille au Parlement européen depuis le début de mon mandat. Comme président de la commission spéciale sur les ingérences étrangères, j’ai pu disséquer les ingérences chinoises et russes dans nos pays : des cyberattaques aux campagnes de désinformation, en passant par la corruption des élites, le conflit a été porté par ces régimes à l’intérieur même de nos systèmes démocratiques. Il nous faut répondre avec force et cesser d’être naïfs. Notre mécanisme de sanctions n’est pas encore assez dissuasif et nous avons fait des propositions. »

Je termine cette revue de presse wauche dans le rétro par une remarque de P.Haski : « La guerre a, de facto, débuté il y a trois mois ; une guerre dite hybride : la formule est certes à la mode, mais elle décrit bien la nouvelle conflictualité qui n’est pas seulement faite de chars d’assaut mais aussi de cyberattaques, de guerre des nerfs, d’intox sur les réseaux sociaux et de rapports de force psychologiques…  Les Occidentaux sont contraints de s’adapter à une forme de guerre qui réduit considérablement les avantages de leurs capacités technologiques et de leur supériorité économique ».


LES PACIFISTES ANTI-GUERRE ET LEUR SIMPLISME OU INSUFFISANCE?

à mon très estimé camarade Yann

Tu as affiché sur ton coin face book un texte de SUD qui commence par nous expliquer que capitalistes et oligarques sont un même monde. Ce qui n'est pas faux.Contre la guerre de Poutine (de POUTINE seul et seul agressif?) ce tract se revendique des « syndicalistes révolutionnaires » de 1914. Quoique je ne crois plus à la possibilité de syndicalistes « révolutionnaires », je peux souscrire entièrement à la phrase suivante : « La mystification du peuple la plus largement pratiquée par cette oligarchie mondiale dans cette guerre est le camouflage de ses buts de brigandage derrière l'idée de « libération nationale » (…) rien ne peut justifier l'idée de « défense de la patrie ».

Je t'ai répondu un peu brutalement :

« C'est du pipeau gauchiste complètement hors sujet, la dénonciation des riches capitalistes puis du méchant Poutine c'est du blabla popu, c'est plus complexe et plus grave que cet appel syndicalo-pacifiste à la queue des merdes ps et écolos; ces gens sont incapables de produire une analyse marxiste des enjeux, ignorent le prolétariat tout en prétendant parler au nom du peuple en général... ».

Ce tract a bien raison de dénoncer la guerre mais dénoncer la guerre ne suffit pas, ni même croire qu'elle va servir « de levier pour mobiliser les peuples contre les capitalistes mondialisés, contre les 1% qui dirigent la planète ». Soutenir toutes les manifestations contre la guerre pourquoi pas ? Mais tout cela reste très vague finalement, ne possède aucune colonne vertébrale si le rôle spécifique du prolétariat n'est pas pris en compte (comme il l'est par contre, j'en suis persuadé, dans les chancelleries).

Je me suis pris dans la gueule ton opprobre et ta colère :

« Quelle diatribe d’affirmations sans démonstration ! Nous autres ces gens pauvres ignares que tu méprises essayent cependant de réfléchir et d’analyser cette situation complexe.. une position qui se range plutôt pour rappeler que la seule guerre qui nous meut est la guerre de classe mondiale est précisément autre chose que le pacifisme bêlant où les multiples postures compassées dissertant sur les protagonistes bourgeois d’est et d’ouest sur le thème « il y a un agresseur et un agressé » … il me semblait que nous étions plutôt d’accord pour considérer que cette « crise »n’est qu’une des conséquences multiples de l’arrivée à bout de souffle du capitalisme se débattant envers la fatale baisse du taux de profit ..

Mais bon… ce qui est nécessaire est d’avoir des confrontations sans concessions.. sans être obligés d’être méprisant.. le prolétariat nous en sommes pleinement quoique tu penses de loin sur ta tour et la mer monte partout autour de nous des contrats d’intérim et des jeunes et moins jeunes tâtonnant et en tout cas leurs cervelles sont bien éloignée des vieux retraités ou préretraités de l’ancien « service public postal du capital des trente glorieuses » Il y a des gens qui essayent de réfléchir et de lutter . Sors de tes schémas stéréotypés et lapidaires ! ».

Bon je t'ai répondu que ce n'est pas moi qui méprise le prolétariat. Je ne pense pas non plus être un vieux con.  Je suis capable aussi d'imaginer que cette guerre puisse se retourner contre Poutine mais aussi contre les magouilleurs occidentaux... si s'étend une protestation mondialisée... Je reste cependant toujours très sceptique vis à vis des fortes déclamations de tel ou tel syndicat radical, des NPA et LO, de l'islamo-trotskien Anasse Kazib qui peuvent afficher des protestations de type marxiste mais n'en sont nullement les porteurs crédibles, et de plus finissent toujours par faire ami-ami avec les « social-traîtres » dont j'ai listé des spécimen plus haut au moment crucial du cirque électoral où nous sommes présumés faire barrage au « fascisme », et où par exemple, le cas échéant, on sera convié à voter Macron pour faire barrage au « facho Zemmour ». L'essentiel n'est-il pas de participer ?

Mais je peux comprendre ton souci :

« Faut arrêter de mettre dans un même sac les gens qui peuvent trouver quelque moyen de résister à la saloperie et à la bêtise du patronat dans les formes associatives ou syndicales existantes même s’il est évident que ces formes doivent être critiquées sans pitié et il arrive qu’elles le soient par une partie des mêmes qui y sont.

Ça se saurait si les marxistes ou les anars avaient trouvé des formes moins imparfaites de tentatives d’organisation collective dans les lieux de travail

C’est pourtant un besoin primordial face à l’exploitation et aux petites et grandes hiérarchies dans les entreprises

Bien malins sont ceux qui n’en ont pas eu besoin dans leur sort et histoire personnelle dans leurs 40 et quelques années au turbin ! ».

Fraternellement, JLR

o  O  o


A LIRE : traduit pour la première fois en France


Volker Arnold


Les théories relatives

aux conseils

dans la Révolution de

Novembre

Une présentation et une analyse systématiques,

du point de vue de l’histoire des idées,

des différentes conceptions des conseils


(…)« Tandis que la majorité de l’ensemble du prolétariat, sur la base des processus d’aliénation et de réification prérévolutionnaires, restait fidèle aux vieilles formes d’organi-sation du mouvement ouvrier et qu’elle obéissait en outre aux mots d’ordre et aux objectifs des organisations ouvrières qui s’étaient embourgeoisées du point de vue de l’idéologie, de la structure organisationnelle et de la politique (le SPD, les syndicats et l’aile droite d l’USPD) et qui empêchaient de ce fait l’achèvement de la révolution et l’épanouissement du système des conseils, une forte minorité du prolétariat qui militait dans le mouvement des conseils, remettait en question en totalité ou en partie la société prérévolutionnaire et ses formes de relations :

  • les rapports capitalistes de production devaient être remplacés par des rapports socialistes de production (ou bien encore, selon l’avis de Cohen, de Kaliski et de Sinzheimer : le pouvoir seigneurial absolu des possesseurs du capital devait être supprimé) ;

  • les intérêts des producteurs directs, des consommateurs et de l’ensemble de la société devaient en même temps se substituer aux intérêts de valorisation des capitalistes privés ;

  • la production marchande devait en conséquence être convertie tendanciellement en la production de valeurs d’usage ;

  • les phénomènes d’aliénation et de réification, qu’ils touchent l’ensemble de la société ou qu’ils soient individuels, devaient être éliminés, et la base matérielle devait échapper à l’idéologie bourgeoise ;

les couches sociales, politiques et économiques, jusqu’à présent dirigeantes devaient être privées de leur pouvoir ;(...)


NOTES

1Notez bien que tout ce que dit Poutine n'est pas faux. On l'a oublié mais au cœur de la dire « révolution orange », il y avait bien des néo-fascistes, héritiers des massacreurs antisémites de 1942, un long article de la TCI l'expliquait en 2013 : https://www.leftcom.org/fr/articles/2014-03-24/jeux-de-guerre-l-ukraine-comme-centre-du-conflit-imp%C3%A9rialiste

2Quel est donc le but de cette guerre déclarée par Moscou à Kiev ? « Cela fait 30 ans que Poutine répète la même chose, poursuit Jean de Gliniasty. Il ne veut pas laisser l’Ukraine devenir un pays opposé à la Russie alors que c’est un peuple frère. Il y a le désir d’obtenir la neutralisation sur le plan militaire de l’Ukraine. » Poutine, note-t-il, « a bien tenté d’obtenir ça par la négociation, c’est-à-dire en faisant pression sur l’Ukraine. Mais comme ça ne marchait pas, il a recours à ce qu’il appelle des mesures technico militaires ». Vladimir Poutine a réussi à monopoliser l’attention, à contraindre ses adversaires à lui reconnaître quelques raisons « Il n’y aura pas de sécurité pour les Européens s’il n’y a pas de sécurité pour la Russie » avait concédé Macron...

3 Alors que Jean-Luc Mélenchon affirmait, ce matin sur Franceinfo, qu’il ne s’était « pas trompé » sur sa position vis-à-vis de la Russie, le camp de Yannick Jadot a réagi dans un communiqué signé par la porte-parole du candidat, Delphine Batho. Il y est estimé que « Jean-Luc Mélenchon, [n’est] jamais en retard d’une complaisance vis-à-vis de Poutine » et « reprend à son compte les arguments de la propagande russe selon lesquels, au fond, Poutine aurait été poussé par l’OTAN à agresser militairement l’Ukraine ». « Au cœur de l’épreuve apparaît ainsi au grand jour de façon assumée (…) une complaisance pour les dictatures et un renoncement à défendre la démocratie », avait poursuivi la fausse députée des Deux-Sèvres, aventurière qui avait lâché le PS sans rendre son mandat pour se mettre au service du parti écolo-bobo pro-américai

vendredi 25 février 2022

MOURIR POUR KIEV ?

 


« Bien entendu 
nous ne ferons rien ».

Claude Cheysson en décembre 1981 le jour du putsch de Jaruzelski en Pologne.

« Poutine veut rétablir l’ancienne Union soviétique et ses ambitions sont contraires à la situation dans laquelle se trouve le reste du monde actuellement. Nos sanctions seront «aussi dévastatrices que les tanks et avions russes». Nous essayons de réduire les capacités industrielles de la Russie pour les années à venir. Nous estimons que nous allons couper de moitié les capacités de revenus des Russes et leur capacité de développer leurs programmes militaires». Biden

« La Russie ne veut pas porter atteinte au système économique mondial, ni en être exclue (...), «La Russie continue de prendre part à l'économie mondiale, nous ne nous apprêtons pas à lui porter atteinte», «Il me semble que nos partenaires doivent comprendre et ne pas se fixer pour objectif de nous pousser en dehors du système». Poutine (jeudi dernier)

En 1939, un pacifiste bientôt pétainiste, avait fait sensation en s'interrogeant sur le fait de « mourir pour Dantzig » avec un point d'interrogation. La question était pertinente et reflétait le sentiment dominant dans la population européenne, sauf que la guerre totale n'était qu'une question de mois. Je suis le seul du mouvement maximaliste endormi dans l'espoir de grèves syndicales a avoir prévu que le conflit était inévitable. Je constate de nombreuses similitudes avec 1940, ce que décrivent les journalistes comme « les temps tragiques de l'histoire reviennent » : fuite éperdue de populations apeurées, massacres de civils pour imposer la terreur, provocations verbales, menaces nucléaires, etc.

Malgré la dramatisation calculée et obsédante du camp impérialiste occidental Poutine n'est pas Hitler. Certes comme Hitler il est arcbouté en faveur d'une guerre éclair, ce qui est d'ailleurs en train de se produire. L'Ukraine n'est pas l'Afghanistan, terre de tribus et territoire on industriel régentée par des clans islamistes pilotés par les services secrets des grandes puissances ; il est très peu probable que le conflit bientôt perdu en Ukraine dégénère en guérilla vu le niveau de conscience d'une population moderne, européenne et non musulmane belliciste 1.

La rapidité de l'invasion russe est d'ailleurs fondée d'une part bien sûr par l'impossibilité d'une intervention occidentale coordonnée (même les pays les plus dénonciateurs de Poutine ont trop de liens économiques pour lui faire la guerre, y compris la France), mais dans un camp comme dans l'autre l'invisible prolétariat est autrement plus rétif à toute guerre, fut-elle mondiale, pour ne pas s'élever en masse contrairement à 1940. La plupart des dirigeants capitalistes, comme le révèlent mes citations en tête, le savent parfaitement. De plus même en Ukraine ce qui domine c'est aussi la fuite éperdue des populations. En Russie de manière plus significative qu'en Occident des milliers, déjà excédés par des années de répression, ont manifesté contre la guerre de leur président) ce qui avait été impossible dans l'Allemagne de Hitler. Le président clown d'Ukraine n'a aucunement passionné lui les foules avec son appel à défendre la patrie.

REFUS DE LA GUERRE ET DANGER D'UN APPROFONDISSEMENT DE LA CRISE ECONOMIQUE

L'immobilité de l'Occident est mise par journalistes bourgeois et quelques mini-groupes révolutionnaires sur le dos de l'affaiblissement du leadership américain (ce que j'évoquais dans mon article du 25 janvier », ce qui n'est qu'une partie de la vérité, l'autre, plus cachée, est évidemment le niveau de conscience de la population mondiale et surtout du prolétariat. Même la propagande de l'idéologie écolo punitive inclut heureusement le rejet du nucléaire aussi au plan militaire, également la connaissance inoubliable des deux guerres mondiales précédentes. Or cette hostilité à une guerre se généralisant est bien prise en compte aussi par les Biden et Poutine, augustes représentants d'une bourgeoisie qui est tout sauf suicidaire. Le camp impérialiste occidental avec ses divers satellites (GB, France, Allemagne) avait vite compris que les carottes étaient cuites, tout en ne le constatant que par après :

« La Russie a une «supériorité aérienne totale» en Ukraine et veut masser «une force écrasante» autour de la capitale Kiev, a affirmé jeudi un haut responsable du renseignement occidental. «Les défenses aériennes de l'Ukraine sont maintenant éliminées et ils n'ont plus de force aérienne pour se protéger. Les Russes vont chercher dans les prochaines heures à masser une force écrasante autour de la capitale et la défense revient désormais aux forces terrestres et à la résistance populaire», a expliqué un responsable militaire.

Voyez donc la saloperie du campa occidental qui encourage les ukrainiens sans armes puissantes à aller au casse-pipe, sans prendre le risque d'y envoyer leurs propres troupes qui n'ont pas plus envie de mourir pour Kiev que moi ou les prolétaires français et immigrés.

Voyez la saloperie des manifestations pacifistes de la gauche et de l'extrême gauche bourgeoises, Paris comme à Madrid et Berlin : on dénonce la violence de Poutine (alors que les Mélenchon et Le Pen ne tarissaient pas d'éloge pour le dictateur comme ses amis Zemmour, Fillon et Depardieu), on appelle à ce truisme creux et mensonger de droit des peuples à disposer d'eux-mêmes (Poutou). Ce pacifisme en colère ne fait qu'exprimer un renouveau minable d'union sacrée mais derrière un Macron qui ne peut pas sérieusement entrer en guerre, sauf à provoquer un chambardement pire que celui des gilets jaunes. Mais l'ampleur éventuelle du mouvement mondiale de protestation peut aussi se propager en Russie... et permettre de sauver le concert capitaliste...

Deuxième élément fondamental de rétention (si je puis dire) de la guerre, le danger de faire supporter aux populations une paupérisation généralisée : hausses disproportionnées du pétrole, du gaz, des denrées alimentaires, plus d'une carence de blé, ets. Dans leurs argumentations foireuses, et même de la part du gouvernement français, les Poutine et Biden ont plusieurs fois tenté de rassurer les populations en disant « on se débrouillera » sans diminuer l'inquiétude généralisée ! Il suffit de lire les lignes suivantes :

Des hausses de prix sont possibles, a admis le patron de Bercy, ajoutant que l'engagement de gel du prix du gaz «sera respecté». Mais cela aurait alors un coût plus lourd encore pour les finances publiques. «Si la situation reste tendue et les approvisionnements de la Russie» vers l'Europe en gaz devraient être limités, «les prix pourraient augmenter à nouveau au troisième et quatrième trimestre» 2022, analyse Euler Hermes dans une note. «Cela aura forcément un impact sur l'activité économique» européenne, ajoute l'assureur-crédit. En résumé, le conflit entre l'Ukraine et la Russie pourrait bien avoir des répercussions à l'échelle européenne comme sur l'économie française. Mais celles-ci seraient avant tout ressenties sur les prix de l'énergie, déjà très élevés au moment du déclenchement de l'offensive souhaitée par Vladimir Poutine.

Enfin le plus lamentable parmi ces micro-groupes qui se disent révolutionnaires et représentants du prolétariat, c'est leur incapacité à analyser la gravité de la situation depuis des mois. Le plus dérisoire étant le CCI, incapable de voir venir, incapable de prendre position avec autre chose que quelques lignes déplorant « militarisme et décomposition »2, deux entités... sociologiques ! Attendant craintivement la suite des événements, en ne faisant rien...comme les hypocrites fauteurs de guerre occidentaux.

Le GIGC lui aussi aveugle, criant tous les jours au risque de guerre mondiale, n'affiche qu'une proposition abstraite et généraliste : « défendons nos positions de classe ». Sans analyser les vraies difficultés posées par cette guerre et finalement assez dangereuses pour le capitalisme lui-même.3



NOTES

1Mais pour parer à cette éventualité, le Kremlin a déployé aux frontières des unités de la garde nationale, une formation idéale pour le contrôle du pays conquis, pour l'occupation et… pour lutter contre les actes de résistance. Poutine maître du genre en ce qui concerne l'action terroriste – qui est mis en pratique en ce moment par l'infiltration de faux civils à Kiev – connaît bien son sujet.

2https://fr.internationalism.org/content/10713/militarisme-et-decomposition

3Le GIGC (www.igcl.org), 20 février 2022

mardi 22 février 2022

Si vis pacem, para bellum

 

On peut être en désaccord sur de nombreux points avec un petit groupe politique à vocation internationaliste, mais il est celui en ce moment qui décrypte le mieux les conditions de la montée à la guerre – quoique de façon tardive - où l'agresseur n'est pas forcément celui qu'on croit, tout en émettant des doutes sur la possibilité de la conflagration ; c'est en effet d'abord Poutine qui est pris au piège :« Cependant, l’offensive politique et médiatique américaine le prend au piège : à force d’annoncer à grands renforts de tambours une opération militaire d’occupation de l’Ukraine par la Russie, les États-Unis font que toute action plus réduite de la part de la Russie sera appréhendée comme un recul et tentent donc en quelque sorte de la pousser à s’engager dans une opération militaire hasardeuse et probablement d’assez longue haleine, alors que la population russe, elle non plus, n’est pas prête à aller à la guerre et à voir revenir des « body bags » en nombre. La bourgeoisie russe le sait parfaitement »1.

Une telle manipulation américaine n'est pas nouvelle. Le 27 décembre 1979, l’Armée « rouge » entre en Afghanistan pour secourir le satellite stalinien. Issu d’un coup d’État militaire, il est parvenu en moins d’un an à fédérer contre lui des groupes ethniques, unis par leur foi dans l’islam contre les « mécréants » communistes : les moudjahidines. En pleine Guerre froide, les États-Unis voient une occasion en or de piéger la Russie soviétique. Ils arment les moudjahidines ; facilitent l’arrivée de combattants musulmans du monde entier, dont un jeune Saoudien nommé Oussama Ben Laden. À l’heure du retrait, en 1989, la Russie avait compté 13 000 soldats morts et 53 000 blessés. Le piège afghan a été un des principaux facteurs de l’effondrement de l’URSS.

AUX PORTES DE L'EUROPE

La situation aujourd'hui est autrement plus grave puisqu'elle engage une confrontation aux portes de l'Europe industrielle où est concentré le prolétariat le plus conscient et le plus marqué par les révolutions du passé. Soumis à la propagande dominante de l'impérialisme américain, tous les médias et journalistes ont jonglé avec les références historiques « antifascistes » où le méchant est lourdement désigné comme seul fauteur de guerre quand les autres sont supposés ne militer que pour la paix : espace vital, drôle de guerre avec prétexte de persécutions ethniques2, accords de Munich3, etc. Or, c'est une constante des lois de la guerre et du début des deux guerres mondiales, personne ne veut apparaître comme le fauteur de la guerre ! Tous ces larbins suivistes se moquent des virevoltes et pas de deux du Poutine, mais c'est un jeu d'échecs où les deux camps tentent de valider les mêmes ficelles.

L'affirmation du groupe ci-dessus cité se termine par une remarque erronée « la population russe n'est pas prête à aller à la guerre ». De prime abord aucune population n'est prête à aller à la guerre, mais il a échappé à ce groupe un communiqué d'une agence russe mettant en garde contre des risques d'attentats contre des édifices publics en Russie, gares ou écoles par exemple. Or on sait que des attentats ciblés et organisés par le FSB peuvent retourner en moins de vingt quatre heures la population civile.

Une série de cinq attentats en Russie en 1999 contre des immeubles d'habitations entre le 31 août et le 16 septembre 1999 dans plusieurs villes de l'ouest du pays font au moins 290 morts et un millier de blessés. Ces attaques commises à l'explosif et à la voiture piégée sont officiellement attribuées par les autorités russes à des indépendantistes Tchétchènes. Cependant, plusieurs observateurs indépendants prétendent au contraire que les autorités russes auraient organisé ces attentats pour justifier l'invasion du Daghestan par celles-ci à partir du 7 août, et le déclenchement de la Seconde guerre de Tchétchénie4. Poutine aujourd'hui va-t-il nous inventer des « terroristes ukrainiens » ?

Pour l'instant, au niveau extérieur à la Russie, Poutine continue de louvoyer et de mentir effrontément. Il a développé un réquisitoire contre une Ukraine minée par des clans d’oligarques, voulant marginaliser la population russophone et cherchant à se débarrasser de l’Église orthodoxe russe. L'oligarque a même menacé de punir les auteurs de l’incendie dans lequel quelque quarante militants prorusses avaient trouvé la mort en 2014, lors d’affrontements avec les partisans d’une Ukraine indépendante. Une phrase lourde de sens, car elle semble signifier que le chef de l’armée russe regarde au-delà du Donbass, jusqu’à Odessa, ville ukrainienne sur les rives de la mer Noire…

Le processus de paix n’a «aucune perspective» de mise en œuvre et «la Russie a fait tout ce qu’elle a pu pour résoudre la crise par des outils pacifiques», a-t-il expliqué avec aplomb. Si ce n'est pas une déclaration de guerre c'est un regret d'une pais impossible... Une guerre en Ukraine ne serait ni de même nature ni de même durée que celle en Afghanistan. Cette nécessité n'est pas irrationnelle5ni un « suicide économique » du point de vue russe, comme dit le CCI, mais bien une démarche militariste rationnelle et conforme aux besoins du prétendu « nain économique » ; la guerre ne se base pas sur son coût initial mais sur la « conquête » économique » qui en résulte ; l'occupation pendant cinq ans de la France par le régime nazi consista par le pillage de 80% de son PNB ! La menace nucléaire n'est pas non plus irrationnelle mais une logique du capitalisme décadent, quand par exemple le président biélorusse Alexandre Loukachenko, obligé de Moscou, a affirmé jeudi que son pays serait prêt à accueillir des «armes nucléaires» en cas de menace de la part des Occidentaux, en pleine crise sur l'Ukraine. Ce 21 février, Vladimir Poutine avait tenu à rassembler son Conseil de sécurité dans la vaste salle Sainte-Catherine du Kremlin, celle-là même où il signa en 2014 l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée.

BIS REPETITA d'une intervention masquée par des cagoules...

On fait comme si l'occupation de la Crimée était oubliée ou impossible à l'échelle de l'Ukraine. ¨Pourtant les manœuvres militaires russes sont en tout point semblables. L'occupation avait été effectuée par des troupes « pro-russes » et « non-identifiées » en février 2014. L'impérialisme russe avait considéré le nouveau gouvernement ukrainien (après la destitution de Viktor Ianoukovitch) illégitime ; il nia l'accusation d'invasion et d'occupation armée, affirmant que la présence de soldats russes n'était en réalité que des « forces d'autodéfense ». Le 28 février, des hommes en armes dont l'uniforme ne comprend pas de signe permettant leur identification prennent le contrôle de l'aéroport de Simferopol dont l'entrée est bloquée par 300 combattants cagoulés.

Au mois de mars, le parlement de Crimée à la botte de Poutine déclarait l'indépendance de « la république de Crimée ».Lors de sa longue intervention télévisée, Poutine a reconnu les «républiques de Donetsk et de Lougansk», et imputé à Kiev les possibles «effusions de sang». Le régime « corrompu » d'Ukraine menace aujourd’hui la Russie en réclamant l’adhésion à l’Otan. L’entrée dans l’Alliance atlantique ne serait qu’une «question de temps» assura Poutine, et permettrait ensuite des frappes sur la Russie. Plus tôt dans la journée, la guerre de l’information avait déjà tourné à plein, quand Moscou avait accusé coup sur coup l’Ukraine d’avoir détruit un bâtiment des gardes-frontières russes d’un tir d’artillerie puis d’avoir envoyé deux groupes de saboteurs et des véhicules de combat sur son territoire. Invérifiables et rapidement démenties par Kiev, ces affirmations sont suivies d’une traînée de doutes. Le poste de douane en question était bien loin des positions ukrainiennes, trop pour avoir été touché par leur artillerie classique.

L’hypothèse même de provocations ukrainiennes lancées au visage des Russes alors que 190 000 hommes sont massés autour des frontières est difficile à admettre, tant elle ne semble profiter qu’à Moscou. Ces récits ne ressemblent que trop à des prétextes d’entrée en guerre, mobilisables à l’envie et qui s’empilent de plus en plus vite. Dans l’après-midi, les séparatistes du Donbass ont invité Vladimir Poutine à s’en saisir, en demandant la reconnaissance de leur «indépendance» et une «coopération en matière de défense».

Dans les deux décrets reconnaissant leur indépendance, Vladimir Poutine a d’ailleurs ordonné lundi soir «aux forces armées» russes d’assumer «les fonctions de maintien de la paix» sur le territoire des «républiques populaires» de Donetsk et Lougansk. Le processus de paix n’a «aucune perspective» de mise en œuvre et «la Russie a fait tout ce qu’elle a pu pour résoudre la crise par des outils pacifiques», a-t-il expliqué avec aplomb. Tout confirme que l'impérialisme russe est bien à l'offensive6

Une attaque russe faisant fi des avertissements hypocrites de l’Occident sera une guerre européenne d’une ampleur géopolitique redoutable, et pour l'instant les tentatives de médiation européenne avec Macron sont de plus en plus tournées en dérision et pain béni pour le cul de jatte nationaliste collabo pro-russe Zemmour.

Les méthodes du Kremlin n'ont pas changé, et gardé les méthodes cyniques de grand-père Staline, avec ces mises en scène grotesques mais on arrive au point de non retour. Les pions de Poutine des deux territoires aux mains des rebelles prorusses dans l'est de l'Ukraine, ceux de Donetsk et de Lougansk, l'avaient appelé à reconnaître leur indépendance et à mettre en place une "coopération en matière de défense", c'est fait suite à l'intervention télévisée. Le parrain militaire et financier a rendu la prétendue paix moribonde.

COMMENT S'OPPOSER A LA GUERRE DU POINT DE VUE DE CLASSE ?

Le CCI sort le clairon classique : « Les ouvriers doivent prendre conscience que s’ils ne contrent pas par leurs luttes l’exacerbation des confrontations entre requins impérialistes, ces confrontations se multiplieront à tous les niveaux dans un contexte d’accentuation du chacun pour soi, de la militarisation et de l’irrationnel. Dans cette optique, le développement des luttes ouvrières en particulier au cœur même des pays centraux du capitalisme constitue aussi une arme essentielle pour s’opposer à l’extension de la barbarie guerrière ».

Il y a un côté curé et moraliste dans cette injonction, à la fois dans l'injonction faite par une secte lilliputienne et inconnue aux ouvriers (qui ne se prennent plus pour tels) et par une confrontation imaginée contre... l'irrationnel, alors que la guerre capitaliste n'a rien d'irrationnel mais reste déterminée par le profit capitaliste.

Une lutte contre la guerre en cours larvée puis ouverte nous laissera encore tous un moment à l'état de spectateurs et les luttes supposées des ouvriers ne sont pas caractérisées : luttes syndicales, corporatives, économiques ; de telles luttes n'ont jamais empêché les guerres ni lancé une révolution. C'est sur le plan de la conscience de classe et de la lutte directe contre la guerre que les choses changeront.

Pour les spécialistes d'Axa, «une nouvelle escalade pourrait facilement faire augmenter le coût global de l'énergie dans la zone euro de plus de 10 %, ce qui pourrait suffire à réduire de plus de 1 % le pouvoir d'achat des ménages». Selon lui, une telle issue «aurait le potentiel d'entamer gravement la reprise européenne».

Même si la crise économique aggravée va entraîner les grèves quine seront pas génératrices de révolution ; ne pas oublier surtout qu'en même temps la crise migratoire sera aggravée et un moyen de division efficace du prolétariat comme cela a été le cas avant 14 et 39 : la peur de l'étranger dont se sert efficacement le nationaliste Zemmour. Pour combattre ce populisme devenu majoritaire contre la gauche bobo et caviar, le CCI reste sur la position des islamo-gauchistes concernant les flux migratoires7, sans voir qu'ils ont favorisé la logique de guerre.

Plus dramatique, véhiculant toutes les tares du gauchisme dit radical ou ultra-gauche, il n'y a plus une seule minorité internationaliste capable de symboliser et d'être une référence pour la prolétariat mondial face à la guerre qui vient. On peut espérer que de réelles minorités marxistes sortiront des dramatiques événements qui nous attendent8.


NOTES

2 Le 1er septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne. La propagande nazie justifia cette décision en prétendant, à tort, que la Pologne prévoyait avec ces alliés britanniques et français d'encercler et de démembrer l'Allemagne, et que les Allemands ethniques subissaient des persécutions de la part des Polonais. La SS, de connivence avec l'armée, organisa une fausse attaque polonaise contre une station de radio allemande. Hitler s'en servit de prétexte pour lancer une campagne de « représailles » contre la Pologne.

3 Dans la nuit du 29 au 30 septembre 1938, les accords de Munich sont signés en Allemagne pour «éviter la guerre». Ils clôturent la Conférence des Quatre, réunie à l'initiative du dictateur italien Mussolini pour régler pacifiquement le conflit qui oppose Adolf Hitler et la Tchécoslovaquie.Les accords de Munich sont une étape décisive dans la remise en cause du règlement de 1918 et dans la marche vers la guerre. Six mois après l'Anschluss, l'annexion de l'Autriche, Hitler obtient le territoire des Sudètes d'une haute valeur stratégique. La politique d'apaisement du gouvernement britannique, suivie par le gouvernement français et approuvée par l'opinion, entraîne le démantèlement de la Tchécoslovaquie. Le pays dont la France avait garanti les frontières est abandonné et son système de défense détruit. Six moins plus tard, le 15 mars 1939, les Allemands occupent Prague. Selon le mot de Churchill : « L'Angleterre avait le choix entre le déshonneur et la guerre. Elle a choisi le déshonneur, et elle aura la guerre. » La France aussi ! L'allié de revers manquera cruellement en 1940. La Pologne, qui a eu la sottise de soutenir l'Allemagne pour obtenir un bout de Silésie (Teschen), sera la prochaine victime, moins d'un an plus tard. Les Allemands des Sudètes, objets du conflit, seront expulsés en 1945, avec l'accord des alliés donné lors de la conférence de Potsdam.

4https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentats_de_1999_en_Russie

5« ce sabbat guerrier macabre entre bourgeoisies impérialistes, les intentions sont diverses et complexes, liées aux ambitions des divers protagonistes et à l’irrationalité caractérisant la période de décomposition. Cela n’en rend la situation que plus dangereuse et imprédictible : mais, quelle que soit l’issue concrète de la « crise ukrainienne », (cf. la prise de position du CCI)

6Contrairement à ce que croit le CCI : « Cela ne signifie toutefois pas qu’elle soit aujourd’hui globalement à l’offensive. Au contraire, elle (la Russie) se retrouve dans une situation générale où elle subit de plus en plus de pressions tout le long de ses frontières. »

7Leur analyse du cirque électoral en France est pitoyable, la bourgeoisie aurait peur de l'accession de la mère Le Pen au pouvoir, voire de Zemmour, diabolisé alors que même si toutes propositions sont débiles, il a posé les questions qui dérangent : «  le RN était avant tout utilisé comme épouvantail au profit de partis « de gouvernement » dont la politique anti-migratoire et les répressions brutales n’ont rien à envier aux propositions des Le Pen ». Or ce gouvernement ne fait rien face aux communautarismes grandissant qui vont servir aux montées vers la guerre, ayant justement servis à affaiblir le prolétariat.

8Pour le CCI c'est mort depuis une vingtaine d'années, après l'expulsion violente de ses fractions (et la preuve de la fin de toute fraction et discussion libre interne depuis lors sous le régime de la terreur), et de ses personnalités fondatrices, ne restent des zombies sans personnalité et des articles secs sans âme et:moralistes. Jaurès a très bien décrit la faillite des sectes, mieux que ne l'imaginait Chirik :

« Ces événements nous apprennent, en outre, que les divisions d'un parti ne profitent qu'à ses adversaires. Dans tout parti il y aura toujours des nuances. Il y aura toujours, si uni qu'on soit et à plus forte raison si l'on est peu, des divergences d'opinion quel que soit le motif de celles-ci ; mais l'intérêt réel de chacun et de tous exige qu'on s'efforce d'atténuer ces divergences, d'en canaliser les excès pratiques, au lieu de les accroître et de les laisser grossir au point de ne plus pouvoir les endiguer. En outre, ce n'est jamais à la violence que les diverses fractions d'un parti, correspondant aux différentes nuances inévitables, doivent entre recourir pour assurer le triomphe de leur propre manière de voir. Même au point de vue étroit de l'intérêt bien entendu de chacune d'elles, il vaudrait se résoudre à un échec de leur idée particulière, que de voir celle-ci l'emporter par l'élimination violente d'une autre fraction : « Qui ne fonde point les gouvernements avec la mort », suivant le mot de Baudot dans ses Notes historiques sur la Convention (p.114).

Si on compte sur la violence pour avoir dans un même parti raison les uns des autres, tous, exaltés et modérés, finissent par avoir leur tour au détriment de l'idée commune, et cela devient d'autant plus aisé et plus rapide que les brèches déjà faites au parti ont été plus nombreuses. Une fois les hommes d'initiative, quelle que soit leur nuance, disparus. Il ne reste qu'un parti décimé, émietté, épuisé, sans ressort, etc. et par-dessus tout, sans hommes aptes à le tirer de son inertie ; ce sont en effet, ceux-là qui, étant au premier plan, ont été supprimés au seul bénéfice de l'ennemi commun. Quand ensuite il faut remuer la masse, les hommes énergiques et capables, donnant l'exemple et écoutés, font défaut, l'impulsion manque ou est insuffisante, et les coups d'Etat d'hommes disposant déjà de forces organisées ont chance de réussir. Telle a été la situation – on en trouvera les preuves dans les chapitres suivants – du parti républicain à partir de Thermidor avec, à la fin, la réaction politique victorieuse pour longtemps. Et si d'anciens Conventionnels se mirent en assez grand nombre à la remorque de cette réaction, c'est que, retombés à leur médiocrité par la disparition de ces mêmes grands noms qui leur avaient servi de guide et les avaient un instant haussés au niveau des événements, livrés à eux-mêmes, ils ne firent ni plus ni moins que la majorité des hommes et allèrent au succès ». (Cf. son histoire de la révolution française).