PAGES PROLETARIENNES

samedi 12 juin 2021

PROGRES DE L'EXTREME DROITE OU CONFIRMATION DE LA POURRITURE DE LA GAUCHE BOURGEOISE ?



Nous vivons un mois de juin fort tumultueux mais très réjouissant : baffe à Macron par un jeune homme qui a confirmé approuver son geste mais pas sa brutalité1, après le ballon crevé de la CGT, l'enfarinade du pourri Rugy. C'est surtout l'enfarinade de Méluchon qui a provoqué nos rires. Un simple jet de farine a ridiculisé cette ridicule « marche pour les libertés » - triste marche électorale « pour lutter contre l'extrême droite » - d'une ribambelle de déchets de la gauche « politiquement correcte » vaccinée contre Hitler, féministe, écologique et antiraciste. C'est l'auteur de l'enfarinade de Méluchon qui mérite la palme, à notre point de vue2. Déjà que la réputation de ce saltimbanque formé au trotskisme puis au mitterandisme est en chute libre après tant de débilités verbales accumulées avec les années sur sa « personne sacrée », le chômeur qui l'a blanchi, mais pas politiquement, l'a décrédibilisé plus que jamais du point de vue ouvrier, lui et d'ailleurs toute la noria de la bien-pensance islamo-gauchiste. Ni grave incident ni meurtre, simple remise à niveau, Méluchon fait partie des pourris qui dirigent le système ; alors qu'il était en train de ressortir ce ridicule amalgame du gauchiste de base : « à l'heure où l'extrême droite gifle le président »...

Il s'agit d'un jeune homme, comme Damien, âgé de 27 ans et au chômage. Il a déclaré qu'il aurait pu asperger aussi bien Jean-Luc Mélenchon que Marine Le Pen.

Au lieu d'être tabassé immédiatement et arrêté comme Damien, il a pu s'exprimer et dire l'essentiel face à la presse : « Macron, avec toute la caste politique, sont des corrompus. La République est corrompue à la base. Tous ces gens sont faussement universalistes ».L'homme, qui nous a dit être souverainiste, a assuré à la chaine de télévision RT être "de gauche". Qualifié de "fasciste" par les personnes autour de lui, il les a à son tour désigné de la sorte car "ils insultent les gens de fascime", se lançant ensuite dans une diatribe au sujet d'une gauche "récupérée par les minorités" selon lui. "Je suis de la gauche authentique", a-t-il conclu.

Il a expliqué à BFMTV avoir été influencé par la personne qui a lancé de la farine, vendredi, sur François de Rugy lorsqu'il était en terrasse dans le centre-ville de Nantes. Il a par ailleurs indiqué "comprendre" le geste de Damien Tarel, auteur de la gifle au président de la République dans la Drôme, tout en soulignant qu'il ne soutenait pas ces violences3.

Qualifié de «facho» et d'extrémiste par les manifestants assistant à son interview, l'homme a répondu : «Et pourtant je suis de gauche, mais ces gens-là sont des vrais fascistes. La gauche a été récupérée par les minorités», avant que l'échange ne tourne à l'invective. Interviewé à nouveau après la scène, mais coupé sans cesse par les journalistes, il se décrit «souverainiste de gauche» et semble avoir voulu interpeller sur la situation de son camp : «La gauche s'est perdue et a oublié la lutte des classes au profit de la lutte des races. La gauche ne parle qu'aux minorités sexuelles ou raciales» analyse-t-il. «Ca m'énerve de voir des manifestations pour les libertés comme ça. Pour les libertés de qui? des LGBT? Ils sont 4% et on ne parle que d'eux! Pourquoi on ne parle pas des vrais travailleurs, des gens du peuple, des gens qui sont au smic? C'est une diversion totale, c'est une américanisation de la France, je trouve ça déplorable. Ils détournent la lutte des classes pour en faire une lutte des races. La gauche et la droite maintenant cela ne veut plus rien dire, ça veut dire quoi « faut plus de femmes à l'assemblée nationale », « faut plus de noirs », pourquoi on ne dit pas qu'il faudrait plus de travailleurs, c'est pas ça le vrai combat ? ».



LA GRANDE CONFUSION

par et de Philippe Corcuff, sous-titré « Comment l'extrême droite gagne la bataille des idées »4.


Autrement grande confusion de cet auteur lui-même, qui est plus concerné par la décomposition et la décadence de l'idéologie bourgeoise. Formé au trotskisme puis tombé dans la marmelade anarchiste qui assaisonne tout raisonnement politique aux modes plurielles, sociétales et indigestes du gauchisme en général avec leurs intellectuels et éditorialistes attitrés. Il est la preuve qu'un bardé de diplôme peut être un parfait crétin en analyse politique.

Je ne pouvais avoir meilleure introduction avec cette symbolique de l'enfarinage. Pour « sortir du brouillard idéologique et politique actuel », l'auteur, avec de longues phrases alambiquées - prétend pacifiquement ridiculiser ce qu'il nomme schématiquement « le politiquement incorrect », un certain nombre de journalistes qui échappent aux diktats des moralistes Plenel et cie du « politiquement correct », donc dans la plus pure tradition manichéiste du gauchisme et du stalinisme. Les ismes se répètent au long de près de 700 pages : ultraconservatisme, confusionnisme, identitarisme, séparatisme, islamisme, postfacisme, etc. Il pose au « lanceur d'alerte idéologique », au « clignotant » contre la venue « d'un régime autoritaire aux tonalités xénophobes, sexistes et homophobes dans un cadre nationaliste », ou pour résumer banalement comme l'imagine le gauchiste lambda, une victoire de la mère Le Pen.

Car « Macron nous a rapproché un peu plus du précipice de l'extrême droite », « en particulier avec l'usage technique de thèmes de l'extrême droite ». En réalité c'est la même rengaine de l'épouvantail RN au même niveau que les gauchistes et Macron en campagne tout azimut. Pour vous donner une idée du jargon creux, et finalement apolitique de Corcuff, il me suffira de citer intégralement un passage dans la conclusion qui illustre tout à fait la bourdieuserie confondante de cet auteur (Bourdieu n'aimait jamais tant expliquer des choses simples que de manière compliquée) :

« Car parler de confusionnisme a d'abord un sens par rapport à la prégnance antérieure de l'opposition gauche/droite et de l'association critique sociale-émancipation, la logique confusionniste consistant à générer des interférences entre des postures et des thèmes auparavant antagonistes. Si les bricolages idéologiques confusionnistes se poursuivent, que le clivage gauche/droite continue à reculer et que la liaison critique sociale-émancipation devient structurellement marginale, il faudra envisager la possibilité que ces bricolages relèvent d'un nouvel espace idéologique plus cohérent et solidifié ». Ouf merci de l'avoir lu, si vous avez compris, écrivez-moi. Ce fan d'Eddy Mitchell qui est cité comme référence dans chaque chapitre, ne lui enlève pas ses qualités de rocker, mais, avec les refrains qu'il lui pique, c'est oublier que ce chanteur a toujours affirmé qu'il ne votait pas et se foutait de la politique en général...

La gauche décatie devrait se ressourcer dans la pluralisme intersectionnel, avec les diverses sectes sociétales MeToo, la fabrique de la mioche Greta Thunberg, en intégrant « l'aléatoire dans les processus historiques » (?), lequel aléatoire « ne nous conduit pas nécessairement dans la direction du négatif » (p.656)

Ressortir la gauche de son tombeau... « équilibrerait les pouvoirs les uns par rapport aux autres, serait attachée aux souverainetés populaires s'exprimant dans des cadres locaux, nationaux et mondiaux en relations. Elle associerait des composantes laïques, pluriculturelles, individualistes-solidaires, de classe, féministes, écologistes, antiracistes et décolonisatrices, anti-homophobes, queer, valorisant les identités ouvertes et métissées, dans la recherche et la consolidation d'espaces communs ». (p.660). En somme un programme hippie pour bobos en cravates.

Il est donc question de faire dépendre tout avenir de la société de l'identification, à la manière maccartyste d'une série d'intellectuels porteurs et propagandistes de l'islamo-phobie, du rejet de l'immigration, de l'anti-féminisme, de l'anti-écologie, des Guilly, Michea, Onfray, Zemmour et Bock-Côté en particulier, mais il n'est jamais traité des ignominies des plumitifs de Médiapart, de Libération. Je concède que les portaits des « méchants » épinglés de Finkielkraut à Soral et Mélenchon, resteront référenciels ; c'est la seule qualité que je reconnais à cet épais ouvrage, son aspect dictionnaire des intellos et plumitifs qui font les opinions en France, description et historique des personnages que j'approuve.

La première partie de ce dictionnaire est assommante, phrase ultra-longues, qui ne veulent souvent rien dire et affichent un beau langage en lieu et place d'une pensée claire. Il s'appuie épisodiquement sur des zigotos sans intérêt et faussaires, en particulier les ex-staliniens Martelli et Noiriel. Ensuite il défend systématiquement l'islam. L'immigration massive n'est pas un problème.

Dans toutes autres parties, il estime en radotant qu'il y a une aimantation de l'extrême droite, mais pas une tendance globale à l'extrême droitisation de la société, ce qu'il ne cesse de vouloir faire croire pourtant... p.139 et p.263 « Le phénomène d'extrême droitisation n'est toutefois pas que français ».

Par contre, il n'a pas tort de démonter les émissions de variétés des Ardisson et Cie, les Guignols de l'info qui ont participé, sous l'aspect superficiel de la moquerie, de la dépolitisation des questions politiques et leur personnalisation à outrance, mais c'est toujours pour plaindre la gauche, dont le personnel était quelques fois moqué avec finesse. Je partage son analyse du conspirationnisme et le rappel des idioties et inconvenances de Méluchon (p.286).

Le propos dissolvant le mouvement ouvrier est permanent, enfin il est associé à tous les révisionnismes des gauchismes et des modes à bobos :, féminisme, mouvement anti-colonial, antiraciste, homosexuel, etc.

Au total on est loin d'un raisonnement politique conscient sur l'état des classes, sur les raisons de l'effondrement de la gauche bourgeoise. J'en ai parlé assez souvent et vous pouvez lire fructueusement les articles classiques du CCI sur le sujet. Philippe Corcuff est un ignorant en histoire politique et qui la ramène cependant sans projet politique crédible après avoir été laminé jeune par l'idéologie trotskienne puis aboutissant au néant politique de l'anarchisme. La question à se poser est d'abord pourquoi la gauche a perdu tout crédit politique ?


IL FAUT SAVOIR d'abord QUI A INVENTE L'EPOUVANTAIL « FACHISTE »

Le FN n'eût qu'une place ultra marginale dans la société française jusqu'aux années 1980. Après la victoire de mai 81, il n'y avait plus d'adversaire politique nécessaire comme sparring partner au nouveau pouvoir de la « gauche caviar ». C'est Mitterrand qui a inventé Le Pen, suite aux récriminations de ce dernier, il a exigé que lui soit réservé un strapontin dans les médias. De 2% électoralement le petit parti d'extrême droite est passé à 10, etc. Mais le trucage électoral, absence de la proportionnelle, laissait dans la coulisse (et laisse toujours de côté aujourd'hui) un parti figurant que la bourgeoisie sait pouvoir contrôler, même si en effet depuis Mitterrand il a pris plus de volume et apparaît comme un concurrent dangereux au niveau local ou régional. (Philippe Alexandre explique cela très bien dans son livre sur "La cuisine en politique).

Cette géniale invention de l'ex-pétainiste a servi à former des générations d'étudiants à la culture politique de l'évitement, et de l'évitement à critiquer les « partis de gauche ». Je ne vais pas revenir sur l'histoire de la gauche au XX ème siècle. Quelques dates à retenir : 1914 : trahison du prolétariat en faveur de la guerre, 1936 trahison des grévistes et effacement politique face à la deuxième guerre mondiale, 1945 : trahison des intérêts ouvriers et complicité avec le pouvoir gaulliste jusqu'aux années 1960 et complicité coloniale. En 68 les partis de gauche sont à la remorque mais tiennent encore le rôle de sparring-partner à De Gaulle. Longtemps dans l'opposition les partis de gauche, qui d'une certaine façon auraient voulu y rester, sont propulsés malgré eux au pouvoir en mai 81, c'est le vrai début de la décomposition des illusions « socialistes » et « communistes » face aux « camarades bourgeois au pouvoir ». On oublie que l'expérience de la gauche bourgeoise au pouvoir a duré pas mal d'années grâce à la rouerie du sphinx de Solutré, porté aussi par des votants du monde ouvrier inquiet des conséquences de la crise économique et qui a toujours considéré la droite comme le camp des riches (ce qui est toujours vrai) ; monde ouvrier qui n'a pas encore fait la révolution, ce qu'on ne peut lui reprocher vu que personne ne crève de faim et qu'il y a des aides en veux-tu en voilà. Les bedaines de la gauche au pouvoir s'en sont mis plein les poches comme la droite et ont laissé la classe ouvrière au même niveau où la droite l'avait laissée.

Au cours de ces années, donc bien avant que le plaisantin Corcuff le sache ou le comprenne, les notions de gauche et de droite ont volé en éclats. Certes la droite reste le pouvoir des riches, mais la gauche sur quoi reposait son idéologie ?

  • le passé magnifié et mythique des travailleurs attribué aux bureaucrates des partis,

  • des réformes sociales au moment du front populaire (réformes inventées depuis plus longtemps par Bismarck donc pas spécialement « socialistes ») et préparatoires enfin à la guerre ;

  • une gloire outrancière concernant les syndicats, qui sont des traîtres en permanence de la lutte de classe, et rétribués pour cette fonction par les organismes para-gouvernementaux ;

  • un universalisme contre la pauvreté, le racisme, pour l'immigartion et toutes les nouvelles inventions communautaristes et sexuelles.

Etc. Ces quatre qualités se sont évaporées, il ne reste que le qualificatif de gauche parce que ça fait bien tout en étant creux. Ce n'est pas vers la droite que les déçus de décennies d'exploitation du peuple par la gauche bourgeoise allaient se tourner. D'abord il y eu l'abstention et il y a encore une abstention massive – qui votre Le Pen ? Surtout flics, commerçants et artisans – plus un vote protestataire mais pas des couches les plus conscientes du prolétariat quoiqu'on nous bassine. Les questionnements de l'extrême droite ne sont pas les mêmes qu'il y a trente années, le poids de l'immigration n'a rien de comparable avec celle des sixties ; le RN lui-même ne fait que reprendre des angoisses dans le peuple (il fait même plus penser au PCF des années 1970 qu'au SNDAP et serait bien incapable d'y répondre autrement que les occupants actuels des lieux de décision étatique. Inquiétude ou rejet ne veut pas dire extrême droitisation, de même que renvoyer les délinquants dans leur pays d'origine n'équivaut pas aux gazages à Auschwitz.

Il faut souligner outre cette déception historique, et phénomène contigu, qu'il y a eu des bouleversements fondamentaux dans le monde entier et qui changent la donne, tant au niveau géopolitique qu'au niveau des grands ensembles de pays. Même du point de vue des « purs marxistes », comment ignorer les problèmes posés par l'immigration massive, la criminalité liée à celle-ci, le taux plus fréquent de meurtre de femmes, un danger écologique plus sérieux que les parades des politiciens écologiques, l'épidémie de Covid? Et comment faire confiances aux syndicats ? Ou plutôt créer d'autres organismes comme produits de la lutte et pas des subsides gouvernementaux... Ne plus voter du tout pour ne plus légitimer des partis politiques ou des présidents qui ne sont que des élus de la classe bourgeoise.

Enfin et surtout la gauche est morte programmatiquement, et elle ne s'en relèvera pas même avec des manifs ridicules et minoritaires comme celles d'aujourd'hui. Notre souci n'est pas de chercher des idées pour la sortir du tombeau mais de la laisser crever, parce que tout est à refaire du point de vue de classe, autrement et sans tricherie. C'est tout pour aujourd'hui.


PS: à lire d'urgence la dénonciation des toxiques  tarés décoloniaux qui trustent l'Université:

Les bonimenteurs du postcolonial business en quête de respectabilité académique - L'Express (lexpress.fr)



NOTES


1Il est exagéré de parler de brutalité, de la part du baffeur lui-même, c'est une demi-baffe, ce n'est pas un complot non plus comme l'assurent nos braves syndicalo-gauchistes ; à revoir sous différents angles, on comprend finalement que le provocateur c'est Macron qui touche familièrement le bras de Damien lequel y trouve bien sûr du coup ce mépris paternaliste chez tout politicien, syndicrate ou militant gauchiste – il dit lui-même qu'il y a vu de l'arrogance et une utilisation médiatique de la « macronie » - Si le Macron n'avait ainsi touché le bras de Damien on peut donc supposer qu'il n'aurait pas reçue cette demi-baffe !

2L'enfarinade des politiciens de la bourgeoisie n'est pas une exclusivité des trois cités, tous l'ont été de Sarkozy à Hollande, mais là les propos tenu par le chômeur font très mal... politiquement contre toutes les théories de la gauche indigeste, antiraciste et islamophile.

3 Il été contrôlé par la police, a indiqué cette dernière à BFMTV. En revanche, il n'a pas été interpellé, puisque l'enfarinage n'est pas un motif d’interpellation ni de garde à vue, a précisé cette même source. Par contre le pitre Méluchon, vexé dans sa personne sacrée, a porté plainte , sans aucune dignité contrairement à Macron. Il a de plus crié contre « l'augmentation des violences physiques contre la classe politique », c'est à dire contre les divers appareils politique de la classe bourgeoise, alors que la farine qui a tâché son costume et sa cravate n'est pas une violence en soi.

4Vous pouvez lire de façon complémentaire une bonne critique de ce pavé par les « ultraconservateurs » pour ne pas dire « fachos » de Marianne : "La grande confusion" : le pavé de Philippe Corcuff grâce auquel vous ne comprendrez rien à l'extrême droite (marianne.net)


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