PAGES PROLETARIENNES

dimanche 18 octobre 2020

De quoi la décadence est-elle le nom?

 


Un concept caduque : socialisme ou barbarie ?




« Le christianisme exclut la possibilité de « toute nouvelle décadence », mais la police doit veiller à ce que les journalistes philosophiques ne provoquent point cette décadence et y veiller avec la plus grande rigueur ».

Marx (écrits sur la religion)

« Quel spectacle ! La division à l’infini de la société en une multiplicité de races qui s’opposent l’une à l’autre avec leurs antipathies mesquines, leur mauvaise conscience et leur médiocrité brutale, et que leurs maîtres, précisément en raison de la position ambiguë et méfiante de chacune vis-à-vis des autres traitent toutes sans distinction, encore qu’en y mettant des formes différentes, comme des existences concédées. Et même le fait d’être dominées, gouvernées, possédées, elles sont obligées de le tenir et le proclamer pour une concession du ciel ! Et de l’autre côté, ces princes eux-mêmes, dont la grandeur est inversement proportionnelle à leur nombre ».

Marx (Critique de la philosophie du droit de Hegel)


sommaire


- N'est-ce pas une exagération de parler de FIN DU MONDE ?

  • Des prévisions marxistes désuètes.

  • Une surreprésentation de la guerre des classes dans l'effondrement des empires

  • Fin des temps ou passage à une société plus développée ?

  • L'utilisation de la notion de décadence par la bourgeoisie réactionnaire (et littéraire) n'était pas la même que celle des marxistes.

  • Une hystérique dénonciation de la décadence en milieu révolutionnaire ou pratiquement pas.

  • La guerre mondiale est-elle automatique avant la chute finale ?

  • La décadence des empires a-t-elle entraîné la Première Guerre mondiale.

  • Que fait donc le capitalisme de ses « limites historiques » ?

  • Socialisme ou destruction de l'humanité ?

***

L'histoire est un sujet sensible, étroitement surveillée et orientée par les pouvoirs. L'histoire du monde connu pourtant n'est que supervision d'un espace de temps infiniment petit à côté de ce qu'a pu être l'apparition du système solaire. Pour présenter cette longue réflexion sur la question de la décadence de la société actuelle, qui n'est pas vue comme telle probablement parmi la majorité des résidents de la Terre aujourd'hui, je ne me suis pas fatigué, je reprends ici l'argumentation d'un minuscule groupe trotskien qui dit l'essentiel, malgré les tares politiques de ce courant1. Et comme courant bourgeois radical mais comme les carottes, il est incapable d'approfondir pour mettre en relief la gravité du présent, et sur le mode comparatif se moque du questionnement renouvelé, tant pas des bourgeois que par les classes inférieures ou marginalisées : ne vivons-nous pas l'époque de l'apocalypse, de cette fin du monde qui a hanté les premiers hommes et nécessité l'invention des croyances religieuses ?

« On nous présente ici l’histoire comme essentiellement dépourvue de sens, comme une série inexplicable d’événements accidentels. Elle ne serait gouvernée par aucune loi qu’on puisse découvrir. Par conséquent, il serait vain d’essayer d’y comprendre quelque chose. D’après une variante de cette idée en vogue dans les cercles académiques, il n’y aurait rien qui ressemble à un niveau supérieur de développement social et culturel. Le « progrès », explique-t-on, n’est qu’une vieille mode que nous héritons du XIXe siècle, lorsque cette notion était popularisée par les libéraux Victoriens, les socialistes Fabiens – et Karl Marx.

L’idée que l’histoire ne connaît aucun progrès est caractéristique de la psychologie de la classe dominante à l’époque du déclin du système capitaliste. C’est un reflet évident du fait que, sous le capitalisme, le progrès a effectivement atteint ses limites. Naturellement, les capitalistes et leurs intellectuels refusent de le reconnaître : ils en sont d’ailleurs organiquement incapables. Lénine remarquait qu’un homme au bord du précipice ne raisonne pas. Ceci dit, ils sont quand même obscurément conscients de la situation, et s’efforcent de trouver une justification à l’impasse de leur système en niant la possibilité du progrès en général ».

N'est-ce pas une exagération de parler de FIN DU MONDE ?

« Ce n’est pas la première fois que l’on fait face à de tels phénomènes. Durant le long déclin qui a précédé la chute de l’Empire romain, nombreux étaient ceux qui pensaient que la fin du monde approchait. Cette idée était particulièrement vive à l’aube de l’ère chrétienne : c’est elle qui anime tout le Livre des Révélations (l’Apocalypse). Les gens étaient réellement convaincus que le monde touchait à sa fin. En réalité, ce qui touchait à sa fin, c’était un système socio-économique donné – à savoir le système esclavagiste, qui avait atteint ses limites et n’était plus capable de développer les forces productives comme il l’avait fait par le passé. Un phénomène similaire peut être observé à la fin du Moyen Age : l’idée de la fin du monde y était très en vogue. Les gens suivaient en masse les sectes de flagellants qui traversaient l’Europe et se torturaient eux-mêmes pour expier les péchés du genre humain avant le Jugement Dernier. Ici aussi, ce qui touchait à sa fin n’était pas le monde mais le système féodal, lequel avait épuisé toutes ses potentialités historiques et a été finalement renversé par la classe montante des capitalistes ».

Celui qui évoque la possibilité de fin du monde, pourtant largement envisagée au temps de la guerre froide avec les bombes atomiques, ne serait-il qu'un nouveau flagellant ? Face au révisionnismes racialiste et décoloniaux, il est bon de rappeler que « les racines de la civilisation plongent dans la barbarie » :

« C’est Marx et Engels qui, les premiers, ont expliqué qu’en dernière instance toute l’évolution du genre humain dépend du développement de ses forces productives. (…). La barbarie est une phase de transition, dans laquelle la vieille commune commence à décliner et où les classes sociales et l’Etat sont dans le processus de leur formation. De cet embryon sont sortis les villes, l’écriture, l’industrie et tout ce qui forme les bases de ce qu’on appelle la civilisation. Les racines de la civilisation plongent dans la barbarie, et plus encore dans l’esclavage. Le développement de la barbarie débouche sur l’esclavage, ou bien sur ce que Marx a appelé le mode asiatique de production. Il est important de comprendre la contribution des Barbares au développement de l’humanité. Ils ont joué, à un certain stade, un rôle essentiel. Ils possédaient une culture qui, à leur époque, constituait un remarquable progrès. Mais l’histoire ne s’arrête jamais. De nouveaux développements des forces productives ont mené à des formations socio-économiques qualitativement supérieures à la barbarie. Notre civilisation moderne dérive des conquêtes colossales de l’Egypte, de la Mésopotamie, des bords de l’Indus, et plus encore de la Grèce et de Rome ».(ibid)

Très bien ! mais nos charmants trotskiens oublient de mentionner que toute civilisation est mortelle, tant d'entre elles ont disparu dans la nuit des temps que nous pauvres humains modernes ne pourrions les décompter ni en analyser les causes.

DES PREVISIONS MARXISTES DESUETES

Le fameux Manifeste communiste de 1848 rédigé par Marx et Engels reste un pamphlet séduisant, d'une force incontestable, mais daté, elliptique parfois ou qui aurait dû donner lieu à des explications face à des affirmations abruptes et sans démonstration. On a tous plus ou moins en mémoire le prologue saisissant mais quelque peu bâclé, probable production nuitamment enfumée des deux complices, et arrosée au Porto :

« L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes de classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte. Dans les premières époques historiques, nous constatons presque partout une organisation complète de la société en classes distinctes, une échelle graduée de conditions sociales. Dans la Rome antique, nous trouvons des patriciens, des chevaliers, des plébéiens, des esclaves; au moyen âge, des seigneurs, des vassaux, des maîtres de corporation, des compagnons, des serfs et, de plus, dans chacune de ces classes, une hiérarchie particulière ».

De tous temps, sommairement brossés, affirment-ils, l'histoire n'a été que l'histoire des luttes de classes (au pluriel). Cette affirmation peut être globalement recevable par le vulgum pecus : à l'antiquité a succédé le féodalisme puis le capitalisme. Pourquoi n'y a-t-il aucune explication ou description du cas où il y aurait eu « destruction des deux classes en lutte » ?

On ne parle pas encore de décadence en 1848 (la bourgeoisie reste progressiste). Marx en parle huit ans plus tard mais d'une manière secondaire. Il n'envisagera pas d'ailleurs une possible destruction de l'humanité ; il n’a pas connu les génocides du XX ème siècle ni la mise en œuvre de la bombe atomique (même s’il a une petite idée horrifiée de la barbarie dont le système est capable avec la guerre de Crimée).

Nos gentils trotskiens de la TMI viennent nous fournir une explication tangible à la formule qui fait état de la « destruction des deux classes en lutte » :

« Marx et Engels expliquaient que la lutte des classes se termine soit par la victoire de l’une des classes, soit par la ruine commune des classes antagoniques. Le sort de la société romaine est l’exemple le plus évident du second cas de figure. La défaite des esclaves a directement mené à la ruine de l’Etat romain. En l’absence d’une paysannerie libre, l’Etat était obligé de recourir à des armées de mercenaires pour mener ses guerres. L’impasse dans la lutte des classes a produit une situation équivalente au phénomène moderne du Bonapartisme. La version antique du Bonapartisme était ce qui est connu sous le nom de Césarisme ».

Cela est approximatif tout de même puisque l'Etat romain n'a pas été détruit et est resté une « bande d'hommes en armes » (Lénine) avec successeurs barbares2. On pourrait ergoter sur cette formule imprécise comme prévision d'une éventuelle destruction totale de la société, voire disparition de la « civilisation romaine », or Marx et Engels n'étaient pas en situation où reprendre les fadaises eschatologiques des curés. On peut nous aussi, de nos jours, se moquer de la superstition du Jugement dernier, mais pas forcément se masquer le visage sur une possible destruction de la planète et sans être curés et sans faire amende honorable auprès des ayatollas écolos !

La prophétie des curés était d'abord un appel à la conversion; la prédiction était secondaire. Les textes sacrés religieux utilisent la menace de la « fin des temps » pour sauver les hommes à condition qu'ils se soumettent au temps présent et à l'autorité religieuse.

La fin de notre monde est proche, affirment les collapsologues. Depuis des années le concept d’un «effondrement» de notre civilisation se répand dans une population tétanisée par la religion écologique de l'apocalypse du changement climatique. Mais cette science de la catastrophe écologique en est-elle vraiment une ? la collapsologie – littéralement «science de l’effondrement» – s’est imposée dans le discours d’une partie des défenseurs de l’environnement. Ne risque-t-on pas de servir de courte échelle à cette frénésie, qui n'est nullement une inquiétude pour le devenir de l'humanité, mais un programme électoral spongieux pour ravir les meilleures places de la gouvernance élitaire, qui recoupe le programme islamo-gauchiste, non pas pour aider les travailleurs immigrés ou les sans papiers, mais pour rafler des suffrages pour leur carrière politicienne.

Les élites occidentales désigne comme ennemi opaque et permanent l'État islamique, comme s'il existait un Etat musulman supranational, et non pas diverses cliques armées recrutant des désoeuvrés qui se servent de l'islam comme un bréviaire pour tuer, piller ou violer. Or les mercenaires de cette idéologie primitive, et non pas des soldats, s'excitent mutuellement en croyant qu'ils participent à une bataille de la fin des temps. On ne sait pas s'ils sont écologistes.

Marx et Engels se sont trompés plusieurs fois dans leurs prévisions. En 1855 Marx parlait de décadence de l’aristocratie à Engels et croyait être à la veille de la « révolution anglaise. Ils ne pouvaient alerter ni imaginer en leur temps la possible destruction de l'humanité ; on n'avait pas encore ni inventé la bombe atomique (terreur des année 50 à 80) ni connu une telle dégradation des ressources naturelles qu'on nomme pudiquement « réchauffement climatique ». Ils pouvaient donc poser une alternative (non finale) de socialisme ou barbarie, sans savoir pleinement que la barbarie n'était pas vraiment barbare au niveau des guerres et génocides du capitalisme contemporain, ni supposer que l'Armaguédon deviendrait cet autre alternative au socialisme.

UNE SUREPRESENTATION DE LA GUERRE DES CLASSES DANS L'EFFONDREMENT DES EMPIRES

Peut-on dire que la révolte de Spartacus a joué un rôle dans la décadence romaine ? Rien n'est moins sûr, d'ailleurs la formule « destruction des deux classes en lutte » milite plutôt en faveur du non. Au moment où s'écroulaient les structures reposant sur la possession d'esclaves, les mouvements de révolte perdaient de leur importance. Pas un seul soulèvement ne visa à la destruction de l'esclavage en tant qu'institution ; aucun ne fut mené par un esclave. La révolte de Spartacus s'explique par la concentration, sur les latifundia, d'importantes masses d'esclaves auxquels manquait toute stimulation au travail et qu'il était aisé de pousser à un soulèvement de masse. Après que la grosse propriété foncière eût abdiqué et que la plupart des esclaves se fussent mués en petits producteurs autonomes intéressés à leur travail, le baromètre des émeutes baissa automatiquement, en dépit de la situation difficile des esclaves devenus colons. Dans l'effondrement économique et social que je pronostique ici, qui peut nous assurer que le prolétariat sera à la hauteur de la tâche de préservation ou de sauvetage de l'humanité ?

 Marx ne parle que de déchéance, c'est à dire de déclin, ce qui n'a qu'un caractère provisoire, comme d'ailleurs il lorsqu'il fait référence à « la fameuse décadence de l'Empire romain », qui ne signifie aucunement la ruine totale de l'Humanité. Le terme décadence vient du latin cadere (choir), et pas de mourir3. Après la mort de Marx, Engels utilisera le mot décadence dans la même acception. Lorsqu'il estime par exemple, que, au XV ème siècle, la féodalité était en « pleine décadence dans toute l'Europe occidentale ». Ce qui ne signifiait nullement une fin des temps. Engels pouvait faire répéter à la jeune Rosa Luxemburg : « socialisme ou barbarie », et pas « socialisme ou fin des haricots ».

FIN DES TEMPS OU PASSAGE A UNE SOCIETE PLUS DEVELOPPEE ?

La période dite, de façon confuse, de « décadence » de l'Empire byzantin (cf. empire romain d'Orient)4, du califat islamique (9 ème siècle), puis de la féodalité ou de l'Empire Ottoman (1920), ne constituaient pas pour les essayistes politiques et les historiens une fin de l'humanité mais un déclin provisoire dans une aire géographique, pour laisser place, non sans contradictions et retours en arrière5, à des sociétés plus développées. Bruno Dumézil et des historiens anglais ont dépoussiéré par des recherche se recoupant par diverses disciplines, le fait que la décadence se manifeste au troisième siècle par une crise économique et militaire, une crise budgétaire et démographique, avant la crise écolo plaquée sur l'antiquité décadente. La monnaie est si dévaluée qu'on en a trouvé des tonnes enterrées. L'empire romain aurait subi une crise monétaire pire que les dévaluations sous la République de Weimar, mais moins que la crise d'endettements faramineux et irresponsables qui nous attend. Mais c'est sous Dioclétien que sont inventées les classes, qui, même si cela choque nos anars anti-hiérarchie, ont été nécessaire au « progressisme » des civilisations successives jusqu'au capitalisme. La conversion au catholicisme de Constantin n'est pas une marque d'émancipation par rapport aux religions primitives, mais la seule trouvaille pour récupérer l'argent des païens. Le déplacement des populations, caricaturé comme invasions barbares, s'apparente plus à des phénomènes migratoires de l'époque où l'empire romain a autant besoin de main d'oeuvre que le capitalisme décadent de nos jours, avec parfois la même ignominie que la surexploitation des travailleurs migrants. L'empire sur sa fin est devenu très belliqueux, tiens comme nos divers compétiteurs impérialistes aujourd'hui ! De grands procès vengeurs se déroulent, tiens on se croirait en plein 2020. Partout, autour de chaque ville on construit des murailles, tiens comme aujourd'hui on assure défendre la « civilisation » contre les barbares terroristes6

Or les hommes des pouvoirs successifs ont toujours utilisé cette vieille ficelle, présente dans la Bible, d'une menace de « fin des temps », fin de l'espèce humaine vouée à un enfer éternel ou sa disparition totale. Depuis la nuit des temps, les humains se sont toujours interrogés, voire ont pronostiqués un effondrement final des civilisations successives. On ne peut que remarquer que les pouvoirs religieux se sont toujours servi de cette « menace » pour justifier leurs oppressions et préserver leurs privilèges, se posant même comme garants de la « perpétuité des temps » mais sous leur égide et leur morale.

Notons au passage, dans notre monde actuel, que la notion de décadence est mise à toutes les sauces par journalistes de bistrot comme par les puissants, face à un monde en effet catastrophique sur tous les plans. On peut convenir entre nous qu'il s'agit d'une récupération idéologique, j'allais dire idéo-écologique, pour oblitérer tout avenir autre qu'un capitalisme constamment rafistolé ou au bord de la rupture d'anévrisme, et nullement inquiété par une classe ouvrière internationale disparue des radars islamo-gauchistes.

Malgré les limites des connaissances historiques de son époque, le jeune Marx a anticipé en 1855 ce qui se fait de mieux de nos jours dans les recherches scientifiques approfondies des chercheurs des causes de la décadence de l'Antiquité romaine et byzantine. Et seuls des « byzantins »7 ou des ignorants peuvent le nier : « Les derniers siècles de l'Empire romain en déclin et les conquêtes mêmes des barbares anéantirent une masse de forces productives : l'agriculture avait sombré, l'industrie dépérissait faute de débouchés, le commerce languissait ou était interrompu par la violence, la population urbaine et rurale avait diminué. Cette situation et le mode d'organisation de la conquête qui en découla, développèrent, sous l'influence de l'organisation militaire des Germains, la propriété féodale ».

L'UTILISATION DE LA NOTION DE DECADENCE PAR LA BOURGEOISIE REACTIONNAIRE N'ETAIT PAS LA MEME QUE CELLE DES MARXISTES

 De la Révolution française à la constitutionnelle ou Macaulay montre que le changement moral paralyse l'Empire dans un despotisme irrésistible. Dès 1840 la décadence romaine est assimilée a la mort de la culture classique, ce sur quoi insistent H. Taine, E. Littré, V. Duruy (plaçant la chute entre 378 et 395), puis Thomas Hodgkin (1879-1892, à propos de l'Italie) et Mommsen imputant, dans son Abrégé de droit public romain (1893), à la perte de la liberté la ruine politique et sociale de l'Empire. Au début première guerre mondiale, p. 397-410, les historiens suivent les aléas des États contemporains. Dans la première moitié du XIXe siècle, B. Constant et Guizot prônent la monarchie du XXe siècle, A. von Domaszewski (1900-1909) fait débuter à Auguste un lent déclin qu'ont aggravé les Sévères, mais W. Liebenam (1900) incrimine spécifiquement l'administration (ruine des municipalités), H. Delbriick les usurpations et la crise économique du IIIe siècle (1902-1909), ainsi que J. Kromayer (1910) ; O. Hirschfeld (1913) l'attribue au morcellement et à la généralisation de la citoyenneté romaine, tandis que U. Wilcken (1915) condamne la pratique d'une politique de force (par crainte des révoltes) et qu' E. Schwartz (1916) dénonce la fragilité d'un Empire multinational, à l'instar de l'Empire britannique, comparaison déjà faite par lord Cramer (1910), J. M. Robertson (1912) et reprise par J. Hatschek (1921).

La décadence comme moment vers l'effondrement total de la société dominante et la nécessité de son remplacement est au cœur originel du projet socialiste et communiste. Elle hante nos meilleurs écrivains (Cf. La peste écarlate de Jack London). La notion de décadence apparaît vraiment dans les milieux socialistes et chez les clercs bourgeois  vers la fin du dix-neuvième siècle. A notre époque contemporaine la connaissance de la décadence de la société antique a fait l'objet d'études plus approfondies et de découvertes qui n'épuisent pourtant pas le sujet, complexe. Marx, Engels et les socialistes de la Deuxième Internationale tout en ne disposaient certainement pas de tous les tenants et aboutissants permis par le croisement des sciences de la recherche moderne, ont tout de même été à l'essentiel : la succession des modes de production, voyant le passage d'une civilisation à une autre surtout conditionné par la nécessité des transformations économiques et juridiques8.

Ce concept exprima longtemps un jugement de valeur qui impliquait à son tour toute une philosophie de l'histoire laïque comme socle de l'idéologie de la gauche bourgeoise : la philosophie des lumières, issue de la Renaissance, aurait eu conscience de renouer, par delà les ténèbres du Moyen âge, avec l'antiquité « éclairée». De la pensée conservatrice la plus traditionnelle jusqu'aux pères des fascismes, taxer de décadence la société bourgeoise revint à exalter un passé plutôt féodal et religieux. Vers la fin du xixe siècle, le réactionnaire Paul Bourget importa en littérature la notion de décadence (Essais de psychologie contemporaine). Nietzsche s'en inspira pour l'appliquer au "cas Wagner". Edward Gibbon avait consacré à la période un fameux livre d'Histoire sous forme de chronique à l'antique. Il décrivait l'Empire byzantin comme un État dégénéré et purement « grec » (dans le sens péjoratif du mot) n'ayant rien légué à l'Occident ; il attribuait exclusivement à la civilisation arabo-musulmane, la transmission vers l'Occident des savoirs antiques ; alors qu'un bateau même mené par des pirates peut transporter des trésors... Et qu'à l'Université les islamo-gauchistes mêlent allègrement civilisation arabe et islam primitif.  Taine, les frères Goncourt furent aussi des théoriciens de la décadence du présent pour vouer un culte au passé réactionnaire.

Le bourgeois Oswald Spengler ressuscita l'intérêt pour le concept et phénomène de décadence avec son ouvrage Le Déclin de l'Occident écrit dans les années 1920. Il mettait sur le même plan le national-socialisme et le bolchevisme qu'il désignait déjà comme le plus grand de tous les fléaux politiques. Il y réaffirmait volens nolens son admiration pour Mussolini. Dans le contexte des guerres d'autodestruction impérialiste de l'Europe, il présentait la patrie allemande comme le modèle d'avenir. Il se posait en partisan des valeurs de devoir, d'ordre et de légitimité, comme les valeurs de la culture allemande, opposés à la liberté, l'égalité et la fraternité, valeurs si ambiguës de la civilisation occidentale ; le mot « culture » ayant pour lui une connotation positive, tandis que le vocable de « civilisation » serait plutôt synonyme de décadence. Il renvoyait dos à dos le marxisme et le libéralisme, leur opposant un socialisme allemand, qui pour lui serait une synthèse d'économie sociale et de monarchie, c'est-à-dire une sorte de socialisme conservateur. Mais ce fut le nazisme.

UNE HYSTERIQUE DENONCIATION DE LA DECADENCE EN MILIEU REVOLUTIONNAIRE OU PRATIQUEMENT PAS

 On se s'appesantira pas sur la hargne teigneuse et insultante du cercle académique Robin Goodfellow qui depuis 20 ou 30 s'acharne à vomir à longueur de tirades incohérentes la notion de décadence et le CCI avec, chaque tirade ne tient pas debout du point de vue marxiste, on attend le prolétariat comme nouveau messie en accusant le CCI de gradualisme !!?. Avec la même chanson éculée sur la baisse tendancielle du taux de profit qui serait la seule potion mortelle pour le capitalisme (alors qu'il se perpétue avec « l'argent magique » de l'endettement faramineux), on est incapable de comprendre que le système génère des catastrophes qui mèneront à sa perte avec les mêmes trois ou quatre causalités qui ont affect la décadence romaine9. Un curieux groupe moderniste anglais, nommé Aufheben, a réalisé en 2004 une longue et intéressante analyse sur les polémiques en milieu révolutionnaire prolétarien sur la notion de décadence : Sur la décadence. Théorie du déclin ou déclin de la théorie10 . La polémique se résumerait au niveau mondial entre d'un côté le trotskisme incluant ses diverses sectes révisionnistes et anti-marxistes et le « communisme de gauche » représenté par le seul CCI ; c'est assez juste car maos, anars, etc. ne sont plus rien11. Je ne sais pas si ce groupe existe encore mais il doit certainement être dans l'état de la nullité théorique du petit milieu intello « communisateur »12. Le texte résume assez bien et avec un questionnement assez gênant concernant la théorie d'un effondrement automatique du capitalisme « décadent » quoique avec de nombreuses confusions et incompréhensions, dont la première qui fait équivaloir déclin et décadence :

« … analyse dominante, parmi les critiques du capitalisme, considère qu’une crise longue et sévère comme celle dans laquelle nous sommes manifeste à l’évidence que le capitalisme, en tant que système réel, est en déclin. Ce déclin signifierait que le capital a créé les bases du socialisme et / ou qu’il est poussé par ses propres contradictions vers un effondrement. Le capitalisme serait un système mondial qui a atteint sa maturité au XIX° siècle, mais qui est maintenant entré dans sa phase décadente. De notre point de vue, cette théorie du déclin ou de la décadence du capitalisme est un obstacle au projet d’abolir ce système. Il pourrait sembler que la période actuelle soit un mauvais moment pour critiquer la théorie de la décadence. Face à une désillusion massivement répandue concernant le projet révolutionnaire et en l’absence d’offensive de la classe ouvrière, il y a une tentation compréhensible à chercher refuge dans l’idée que le capitalisme "réel" n’est après tout plus de prime jeunesse et que moribond il se dirige inexorablement vers l’effondrement. Si le mouvement subjectif pour un changement révolutionnaire semble manquer, la sévérité de la crise mondiale actuelle présente d’elle-même comme une évidence que les conditions objectives amèneront un changement dans les perspectives de révolution. Dans la théorie du déclin plusieurs problématiques sont entrelacées crise, effondrement automatique, la périodisation du capitalisme en phases ascendantes et descendantes, la notion de transition et la question ontologique de la révolution, la question du sujet et de l’objet. A un niveau général nous pourrions dire que la théorie du déclin représente une façon de regarder les crises du capitalisme comme exprimant un mouvement général descendant. La difficulté à analyser cette théorie réside dans le fait qu’elle a de nombreuses versions. Parmi celles qui se posent comme révolutionnaires, les deux variantes principales sont celles du trotskisme et celle du communisme de gauche (CCI), qui bien que similaires à l’origine sont substantiellement différentes dans leurs débouchés politiques ».

 « (…) Le socialisme n’est pas vu comme la création libre du prolétariat, mais comme le résultat naturel du développement économique dont le prolétariat devient l’héritier. C’est cette conception, partagée par ceux qui se présentent eux-mêmes comme les héritiers de la "tradition marxiste", et donc par là de la Deuxième Internationale, que nous devons "gratter". Le programme d’Erfurt n’était pas seulement un compromis entre la position "révolutionnaire", selon laquelle le capitalisme allait vers sa fin, et un reliquat de réformisme. Dans ce côté "révolutionnaire", on avait déjà la transformation de la conception révolutionnaire de la chute du capitalisme en un effondrement économique mécanique et fatal ».

Pour ces éléments qui avouent s'appuyer sur la « part de vérité de la pensée anarchiste », il ne faut pourtant pas négliger l’héritage de Marx

 « La critique de Marx de l’économie politique avait pris ses distances avec une critique morale ou utopique. Il rejeta fermement l’idée simpliste selon laquelle le capitalisme est "mauvais". La nécessité de comprendre le mouvement du capital et de structurer son rejet dans la pratique implique le rejet de ce simplisme .(...). La critique par Marx de l’économie politique a donné une théorie du développement capitaliste et de ses contradictions. Dans cette critique il est clairement établi que le capitalisme est un système de pouvoir de classe transitoire, sorti d’un système de classe antérieur mais dont la dynamique va au-delà de tous les systèmes antérieurs ». (…) La théorie du déclin du capitalisme est une interprétation de la compréhension par Marx du caractère transitoire du capitalisme et de ce que ce caractère signifie. C’est une interprétation qui transforme la notion de dynamique spécifique de développement en une théorie mécaniste et déterministe de l’effondrement inévitable. Marx a établi comment le système de classe dominant et la lutte de classes agissent au travers de la marchandise, du travail salarié etc. Le capitalisme est essentiellement le mouvement du travail aliéné et de la forme-valeur. (…) Derrière la théorie de l’effondrement, on trouve l’idée selon laquelle le socialisme est la solution à " l’anarchie capitaliste du marché" et la libération des forces productives des relations d’appropriation privative capitalistes qui les enchaînent. Le capitalisme est vu comme une économie irrationnelle et le socialisme comme une économie pleinement planifiée. Les théoriciens du mouvement ouvrier étaient convaincus que la dynamique historique était de leur côté (…) La position de Rosa Luxemburg était quand même économiste, en ce qu’elle posait l’effondrement à partir d’un déséquilibre purement économique (…) elle posait de manière dualiste que ce qui rend l’action nécessaire : sans la révolution, le capitalisme s’effondrera dans la barbarie. En cela elle avait tort : le capitalisme ne s’effondrera que par l’action prolétarienne ».

La crise de la Covid après la crise de 2008 donne tort à Aufheben, le capitalisme peut très bien plonger dans la « falaise » des dettes (cf. Christine Lagarde) sans guerre mondiale pour solution ni capacité du prolétariat à s'emparer immédiatement de la gestion de la société ni à régler la pandémie ! Nos modernistes, cocus du gauchisme décati, se révèlent pour ce qu'ils ont toujours été : des réformateurs pacifistes et gradualistes d'un monde automatiquement appelé à devenir bisounours. Le marxisme n'est pas prévision absolue mais plus souvent suppositions et interrogations. Nous laissons le marxisme dogmatique et abstrait aux intellos « communisateurs » et au solitaire et hargneux Robin Goodfellow.

La guerre mondiale est-elle automatique avant la chute finale ?

Aufheben rappelle très justement que les Boukharine et Lénine analysaient guerre et politique impérialiste comme expression du « déclin du système », d'un « capitalisme moribond » (Lénine). Or cent ans plus tard, le « capitalisme moribond » est toujours debout et ce qui exprime sa décadence n'est plus seulement les guerres locales et l'impérialisme mais un éclatement de l'encadrement social et politique (que le CCI nomme décomposition, assez conformément au même terme utilisé dans le Manifeste de 1848) où les protagonistes ne sont plus (officiellement) prolétariat versus bourgeoisie mais terrorisme/islam versus bourgeoisie. Aufheben rappelle aussi la contribution (peu connue des milieux politiques maximalistes) de Henryk Grossman qui expliquait que l'effondrement (mais toujours comme idée de déclin et pas de décadence) ne viendrait pas de la fameuse raréfaction des marchés imaginée par Rosa, mais de la baisse tendancielle du taux de profit. La période actuelle montre que la pandémie, qu'elle l'accentue ou la révèle, amène à une chute de la masse relative de profit, avec un risque de sérieux freinage de l'accumulation et une montagne insoluble de dettes. Pannekoek ne croyait pas à une grosse catastrophe économique pour « réveiller le prolétariat ». Il estimait qu'il  n'était pas nécessaire de croire à une crise finale pour engager la lutte révolutionnaire. Mais si la crise finale a somme toute lieu et si le prolétariat, dissout dans l'antiracisme et les couches moyennes, reste spectateur de sa propre impuissance ? Bordiga, resté membre de l'Internationale stalinienne jusqu'en 1930, prend le problème à la légère et se contente de plaisanter tout en saluant la fraction de la GCI13 face aux « rigolos » de S ou B..

 Aufheben confond empire romain et empire byzantin, comme d'ailleurs Rosa qu'il critique mais Rosa utilise le terme de décadence et pas de déclin. Marx et Engels n'étaient pas des savants concernant l'Antiquité mais ne sont pas restés bornés par les limites et clichés historiques de leur époque. Par contre, on ne peut se moquer de Rosa qui parlant de décadence, et non pas de simple déclin, elle est visionnaire ; elle a en tête que le niveau de machinisme destructeur atteint par le capitalisme14 la plus grande destructivité où peut mener le capitalisme en guerre jusqu'à la fin de toute civilisation humaine15. En 2020, je défie quiconque de lui donner tort, même au plaisantin Bordiga.

Juan pour le GIGC considère comme centrale la question de la décadence (sans la définir au niveau historique général et politique en particulier ; elle est une synthèse (?) :

« La première chose que nous voulons démontrer  c'est qu'au contraire la conception de la décadence du CCI (mais pas du CCI ? JLR) n'est qu'une synthèse  à un moment donné du mouvement ouvrier, du développement théorique du camp marxiste. Que la conception de la décadence n'a pas seulement été présente dans le camp révolutionnaire comme un reflet juste, dans ses lignes générales , de la vie du capitalisme à partir du 20 ème siècle, mais qu'elle est la base de la définition d'une stratégie et d'une tactique adéquates de la lutte de la classe ouvrière »16.

La décadence « une synthèse du mouvement ouvrier » ? En quoi et pour quoi ? En soi le concept de décadence peut servir à toutes les cuisines politiques et on verra par après que la bourgeoisie « écologique » la récupère formidablement bien...  non pour exalter une révolution communiste mais prier pour la sauvegarde de la planète ! Le concept de décadence ne nous dit pas si le capitalisme va s'effondrer automatiquement ou s'il faudra avant tout lui mettre un coup de pied au derrière. Et je ne vois pas comment la notification que le capitalisme est décadent servirait de stratégie pour la lutte de classe sauf à croire que cela inciterait à faire la révolution le plus vite possible.

LA DECADENCE DES EMPIRES A-T-ELLE ENTRAINE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE ?

 Pour certains généraux le déclenchement de la guerre en 1914 aurait été un moyen d’éviter la révolution. Le secteur de l’armement général en Allemagne, joua quand même un rôle décisif dans la marche à la guerre. On doit noter que le processus de désintégration progressif des Empires austro-hongrois et ottoman a favorisé les conditions générales en vue de la guerre mondiale. Le pouvoir affaibli des Empires était remis en cause par la généralisation de l'industrie capitaliste concomitante à l'excitation nationaliste. Les disparités entre Etats augmentaient rapidement.

C'est la « Question orientale », depuis la fin du XVIIIe siècle, qui constituait l'élément particulièrement explosif au sein de la géopolitique européenne alors que les États capitalistes avancés se démenaient pour venir à bout de la myriade de conséquences du déclin de l’Empire Ottoman. Le cliché de « l’homme malade » de l’Europe fut soutenu par les grandes puissances à travers tout le XIXe siècle dans le but de maintenir un équilibre militaire des pouvoirs européens.

Les dirigeants calculaient en effet que si un des empires venait à chuter, un vide géopolitique émergerait, générant des poussées impérialistes au cœur du territoire européen et des routes commerciales maritimes, stratégiquement vitales, de l’Est de la méditerranée. Le résultat en serait un réarrangement massif de la distribution du pouvoir, laissant l’Allemagne isolée sans son unique allié fiable (l’Autriche-Hongrie) et ouvrant la voie à une mise en place rapide du pouvoir Russe dans les Balkans et le détroit de Constantinople – deux aires longuement convoitées par le régime tsariste. C’était précisément une telle situation que les puissances européennes (particulièrement la Grande-Bretagne et l’Allemagne) souhaitaient éviter

Incapable de rattraper et de dépasser les États industrialisés avancés, l’Empire ottoman souffrait d’un « développement bloqué » partiel. Il échappe à la colonisation mais se fracture en petites unités (comme dans la décadence romaine) permettant aux puissances occidentales de siphonner des parties entières du territoire ottoman, et ouvrant la voie aux Jeunes Turcs en 1908 et à l'admirable Mustafa Kemal. L'effondrement de ces empires aboutit à la guerre mais pas à la fin de la civilisation terrestre malgré la terrible guerre mondiale qui s'ensuit. L'effondrement du capitalisme à notre époque pose par contre une destructivité, même lente, pire qu'une simple guerre mondiale, si je puis dire. Et je ne crains pas d'ajouter:une nouvelle guerre mondiale pourrait-elle sauver le capitalisme ? pour les militaires oui, pour nous non ! Une guerre civile généralisée aboutirait-elle aussi soit au retour à l'âge de pierre ou à l'obscurantisme musulman ? Ils sont près de deux milliards actuellement, soit près de 25% de la population mondiale. Il y a du boulot.

 QUE FAIT DONC LE CAPITALISME DE SES « LIMITES HISTORIQUES » ?

 Il fait la même chose qu'à ses débuts en France avec la loi Le Chapelier qui interdisait les grèves, il sanctionne judiciairement (sauf les criminels étrangers et les escrocs politiques) ou il récupère pour mieux dissoudre. De même qu'il avait promis la paix universelle à la veille de 1914, de même qu'il avait fait porter le chapeau de la barbarie au seul nazisme post 45, de même qu'il croit avoir liquidé l'internationalisme avec ses fétiches anti-racistes et ses pleurnicheries sur le dos des migrants, il alerte que « notre société » est en danger de mort ; ce en quoi on ne peut pas vraiment être en désaccord verbalement avec lui, sauf à désigner les vrais coupables.

Le problème que ne voient pas nos anti-décadentistes de tous poils, et même le CCI à leur suite, ce n'est pas que l'on s'étripe dans le milieu maximaliste, et accessoirement avec les spectateurs « parasites modernistes » d'un marxisme embaumé, sur la notion de décadence ou pas, de déclin ou de transition, mais qu'il faudrait veiller aux immenses capacités de récupération de l'ordre bourgeois, de son détournement constant et « byzantin » comme l'aurait dit un célèbre situationniste. Qui parle le plus de destruction de l'humanité aujourd'hui ? Les quelques pékins isolés partisans du grand embrasement révolutionnaire qui mettra fin à l'exploitation de l'homme par l'homme ou les ténors de la classe dominante ? Partout résonne le couplet écologiste, l'ode à la nature débarrassée de l'homme, ce criminel inconscient, voire blanc à gazer. Pire que le capitalisme est « l'écocide » !

Depuis 1992 en particulier des pétitions de dizaines de milliers de « scientifiques »  énumèrent les principales actions qui doivent être mises en oeuvre pour éviter « l'effondrement de notre civilisation ». En 2020, face au risque de disparition de l'humanité, tout conseiller municipal, député ou politicien quelconque a dans sa besace un extrait de déclaration de foi écologique, rien sur l'exploitation de l'homme par l'homme, sur les guerres de rapine impérialiste, sur les ventes d'armes, sur l'incroyable complicité des pouvoirs avec les traficants de drogue, les petits calculs des imams complices des terroristes islamistes tchétchènes ou arabes, sur l'organisation de la faim dans le monde, etc.

La secte stalinienne PCF ramène sa fraise. Elle est dérisoire dans sa récupération parodique et comique :

« Le communisme ou la barbarie. Rosa Luxembourg, déjà, nous mettait en garde...Vendredi 2 Février 2018 Jean Ortiz « Si la crise est systémique, elle ne peut donc que s’aggraver. Elle exige de nous, communistes, de mettre en œuvre un processus vers une autre organisation sociale, de caractériser les changements structurels majeurs que nous souhaitons, de donner un contenu nouveau à l’hypothèse communiste ».

 

Trop drôle les suppositions : « si la crise est systémique », et « 'l'hypothèse communiste » ; pourquoi pas « la prothèse communiste » ? La secte PCF, plus islamo-gauchiste que patriotique désormais et tendance écolo-compatible, republie un vieux discours de Chirac, lequel se foutait pourtant de l'écologie comme de sa première chemise » : « La pensée écologique s’est développée au fil des siècles, mais il est souvent mesuré que l’écologie politique a fait son entrée dans les années 1970 en France. Après un long cheminement, au cours duquel l’effondrement de la biodiversité, les ravages de la pollution et le pillage de la planète n’ont fait que s’accentuer, l’opinion publique est aujourd’hui très largement sensibilisée aux questions environnementales et climatiques. Le fait que l’humanité est menacée de disparition semble admis ».  En 2002, Chirac, résolu à refouler la décadence et la culpabilité occidentale, de déclamer à la face du monde entier :

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l’admettre. L’humanité souffre (…) de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La Terre et l’humanité sont en péril et nous en sommes tous responsables. Il est temps, je crois, d’ouvrir les yeux. Sur tous les continents, les signaux d’alerte s’allument. (…). Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas (…) celui d’un crime de l’humanité contre la vie. Notre responsabilité collective est engagée. Responsabilité première des pays développés. Première par l’histoire, première par la puissance, première par le niveau de leurs consommations. Si l’humanité entière se comportait comme les pays du Nord, il faudrait deux planètes supplémentaires pour faire face à nos besoins » (…) « la gouvernance mondiale, pour humaniser et pour maîtriser la mondialisation. Il est temps de reconnaître qu’existent des biens publics mondiaux et que nous devons les gérer ensemble. Il est temps d’affirmer et de faire prévaloir un intérêt supérieur de l’humanité, qui dépasse à l’évidence l’intérêt de chacun des pays qui la compose. Pour assurer la cohérence de l’action internationale, nous avons besoin (…) d’un conseil de sécurité économique et social. Pour mieux gérer l’environnement, pour faire respecter les principes de Rio, nous avons besoin d’une organisation mondiale de l’environnement ».

En 2018, mais je les choisis au milieu des dizaines de milliers d'alertes environnementales, deux bobos publiaient dans Libération un avertissement au gouvernement :

« Nous appelons le gouvernement à écouter désormais Nicolas Hulot et à lui laisser la place et la marge de manœuvre promises. Nous sommes au-delà de l’urgence. Ceux qui auront contribué à la destruction de la nature, et donc des hommes, seront accusés, et peut-être même qui sait un jour jugés, pour «crime contre l’humanité». Car plus que la planète encore, c’est l’homme qui est aujourd’hui en danger ».

 Après les appels féministes à se passer des hommes, à les fabriquer en bocal, à tenir des réunions unisexes séparées, à être résolument antispéciste, à traiter la classe ouvrière blanche de raciste et introniser les immigrés stade suprême de la reproduction sociale, voici enfin :

Le Mouvement pour l'extinction volontaire de l'humanité, ou VHEMT (de l'anglais Voluntary Human Extinction Movement), est un mouvement écologiste qui appelle tous les humains à s'abstenir de se reproduire pour provoquer l'extinction progressive de l'humanité. Le VHEMT prône l'extinction de l'Homme principalement parce qu'il estime que cela permettrait d'éviter la détérioration de l'environnement. Pour un monde sans la pollution humaine donc.

 On pourrait multiplier les citations à l'infini de ces sauveurs de l'humanité en péril, qui oublient que deux guerres mondiales ont plus détruit d'humanité que cinquante années de pollution, de l'exergue la plus dérisoire à la plus ridicule. Si j'accomplis cette incursion dans le domaine du discours moraliste écologique ce n'est pas pour faire une escapade humoristique dans ce magma naturaliste d'hypocrites, mais pour insister encore une fois sur le fait que cette idéologie est dirigée directement contre le projet historique du prolétariat de procéder à la création d'une autre société que la capitaliste avec ses curés écologistes. Cette immédiateté pour « sauver la planète » mais en rien résoudre ni aborder les horreurs et les affres du capitalisme, s'assoit sur toute prétention du prolétariat à féconder une autre société mais affiche son mépris contre celui-ci en lui déniant toute conscience écologique « planétaire ».

En l’an mille les sectes se multipliaient pour annoncer la fin du monde, en 2020 les tarés islamo-gauchistes se multiplient plus que les tarés néo-fascistes pour défendre le capitalisme actuel mosaïque d’idéologies primitives et de poncifs démocratiques bourgeois frauduleux.

SOCIALISME OU DESTRUCTION DE L'HUMANITE

Comment ne pas être tenté de reproduire encore ce passage du Manifeste de 1848, tellement il était vrai et tellement il ne l'est plus :

« Chaque crise détruit régulièrement non seulement une masse de produits déjà créés, mais encore une grande partie des forces productives. La société se trouve subitement rejetée dans un état de barbarie momentanée […]. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d’industrie, trop de commerce […]. Les rapports bourgeois sont devenus trop étroits pour contenir la richesse qu’ils ont créée. Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D’une part, par la destruction forcée d’une masse de forces productives, d’autre part par la conquête de nouveaux marchés et l’exploitation intensive des anciens ».

 Prenons simplement depuis la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction a été possible contrairement à ce que niait la GCF de Marc Chirik. On a connu la crise de 1974, le choc pétrolier de 1982, etc. et 2008... Le lien entre cycles économiques et guerre est contesté17 . La crise « pandémique » actuelle est une catastrophe sauf pour les sourds et aveugles, elle est considérée comme la plus grave crise économique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Depuis 1945 les sociétés, occidentales en tout cas, n'ont jamais été jetée dans une barbarie même momentanée, encore faut-il s'accorder sur la nature de la barbarie évoquée, laquelle peut être de nature ou d'explication différente. La société a de plus en plus de barbarie islamique, laquelle est plus impressionnante que ladite barbarie policière, contrairement aux cris des bobos parisiens et des comédiens du spectacle. Le pourrissement de la société par des idéologies racialistes et la contestation de l'Etat bourgeois par l'agitation antiraciste de la petite bourgeoisie des villes, n'égratigne en rien ce même Etat. Cette contestation sert à empêcher la classe ouvrière de venir au premier plan pour combattre les mensonges répétés sur la société « libérale et libre », pour combattre les attaques sociales et économiques, pour s'affirmer politiquement à partir d'un mouvement de masse, et pas sans lui, organismes de défense de classe et partis politiques totalement étrangers aux partis politiques du passé et aux merdes islamo-gauchistes.

Soyons franc avec notre vieux Marx, « la destruction forcée d'une masse de forces productives » décuple le chômage mais n'aide plus du tout la bourgeoisie à « surmonter ses crises » et la conquête de nouveaux marchés est réservée à la Chine et aux USA, enfin majoritairement.

L'islamisme qui est agité comme un chiffon rouge par les pouvoirs ne sera pas une nouvelle « invasion arabe », contrairement aux fantasmes de certains qui dupliquent démagogiquement et bêtement sur ce qui s'est passé au cours de la longue décadence romaine. Il est voué à s'effondrer avec la chute des Emirats arabes, principaux financiers et souteneurs des bandes ou des individualistes terroristes. Marx et Engels pensaient qu'avant la police la première critique était de remettre en cause la religion, contrairement à nos islamo-gauchistes qui soutiennent rappeurs et imams terroristes de nos jours, mais pour des raisons de participation au terrain bourgeois des élections.

Des historiens ont souligné l'importance et la rapidité de la première conquête qui en un siècle permit rapidement aux Arabes, « dont l'état de civilisation était au stade de la tribu, dont les croyances religieuses étaient à peine supérieures au fétichisme et qui passaient leur temps à se faire la guerre, ou à piller les caravanes » (Marx à Engels)18, de ravir à des empires séculaires et solidement établis un immense espace, du littoral atlantique aux déserts d'Asie centrale. Il faut dire que rien ne préparait les empires byzantin et perse, qui se disputaient la domination du Moyen-Orient et étaient épuisés à la suite de longues luttes, à voir arriver sur ce terrain un troisième adversaire ». Les invasions arabes n'ont rien à voir avec celles de barbares. Les Byzantins sont pris de court par l’irruption soudaine de cet adversaire nouveau venu d’une région dont ils ne se méfiaient pas, à l’instar de leurs voisins Perses. L'Islam arrache brusquement à l'Empire la Syrie et l'Égypte qu'il croyait sécurisées. Ces conquêtes font l'objet de terribles massacres, en Égypte par exemple, qui subit quatre millions de morts ou lors de la prise de Jérusalem et du massacre de Mamilla, qui fit d'après différentes sources byzantines entre 24000 et 90000 victimes chrétiennes civiles. Après la conquête des côtes, l’Islam devient une puissance maritime, prenant Chypre, puis Rhodes, la Crête, la Sicile. Les facteurs avancés par les historiens ne manquent pas pour analyser le déclin de l'Empire romain : décadence morale, guerres civiles, crise économique et invasions barbares.

Les moyens ne manquent pas pour prévoir ce qui va nous arriver, mais il ne faut pas tout mélanger et confondre. Une islamisation totale, comme à la fin de la décadence romaine et byzantine, fantasmée, est impossible historiquement, politiquement et géographiquement. Elle reste circonscrite aux banlieues paupérisées. Elle reste un bouclier de l'Etat pour diviser et terroriser la classe ouvrière, par dealers interposés et par une focalisation permanente sur un mode de vie en effet différent, excluant et étouffant, qui est la forme d'aliénation dominante; laquelle n'est plus l'opium du peuple mais le portefeuille du dealer. Cette focalisation rythmée par des meurtres terroristes sert aux islamo-gauchistes en complicité concurrentielle à faire tenir le désordre social, généraliser le chaos et la terreur le temps nécessaire à retarder les échéances : guerre mondiale (laïcité contre islam) et destruction de l'humanité. A moins que...

De quoi la décadence est-elle le nom ? Mais de la catastrophe annoncée et attendue par certains des deux bords, avec impatience.




    NOTES

1Trouvée au hasard de mes enquêtes sur Google, il s'agit d'une secte dite la « Tendance marxiste internationale » qui d'une part est contradictoire en disant que les découvertes récentes qui démontrent, en Angleterre comme en France, que les Barbares n'étaient pas si barbares qu'on nous l'a enseigné en milieu scolaire, seraient enfantines (!) mais reconnaît que c'est vrai ! Ils ressassent aussi la vieille théorie léniniste et stalinienne que la venue du communisme devrait encore se baser sur un accroissement des forces productives, alors que le travail s'automatise de plus en plus (avec l'intelligence artificielle) devient denrée rare au niveau social et que le travail à domicile au temps du covid est une échappatoire pour limiter la pandémie. Ils ne connaissent que pouic au débat historique sur la transition depuis Lénine jusqu'aux gauches communistes. Par ailleurs leur programme est tristounet et ringard: nationalisations plus gestion par les bobos syndicalistes, le vieux programme commun trotskien complètement étranger au programme communiste, enfin disons à l'opposé d'une perspective communiste because personne ne peut encore dire ce que serait un programme communiste convenable. Cf. La barbarie, la civilisation et la conception marxiste de l'Histoire : https://www.marxiste.org/theorie/histoire-materialisme-historique/11-articles/theorie-marxiste/economie/490-la-barbarie-la-civilisation-et-la-conception-marxiste-de-l-histoire

2Les plus sérieux historiens modernes donnent finalement raison à Marx et Engels sur les causes économiques et la décomposition politique romaine et byzantine, mais prédominent encore les explications apolitiques des universitaires à la mode « verte » : peste bubonique, climat glaciaire et invasions arabes. Pour une réflexion et un travail scientifique qui remet en cause les clichés sur les méchants barbares (= étrangers envahisseurs) portez-vous sur YouTube pour visionner la conférence (passionnante) de Bruno Dumézil sur les (fausses) invasions barbares : YouTube https://www.youtube.com/watch?v=blLjwpvfGOo . Il décrit un monde politique et social en décomposition assez comparable au nôtre, et un phénomène de décadence et de décomposition qui n'est pas linéaire ni chronologique.

3Ce que Marx jeune décrivait bien dans l'Idéologie allemande : « « La troisième forme est la propriété féodale ou celle des divers ordres. Tandis que l'antiquité partait de la ville et de son petit territoire, le moyen âge partait de la campagne. Ce point de départ tenait à la dispersion et à l'éparpillement, sur de vastes espaces des populations existantes et que les conquérants ne vinrent guère grossir. À l'encontre de celui de la Grèce et de Rome, le développement féodal débute donc sur un terrain bien plus étendu, préparé par les conquêtes romaines et par l'extension de l'agriculture qu'elles entraînèrent initialement. Les derniers siècles de l'Empire romain en déclin et les conquêtes mêmes des barbares anéantirent une masse de forces productives : l'agriculture avait sombré, l'industrie dépérissait faute de débouchés, le commerce languissait ou était interrompu par la violence, la population urbaine et rurale avait diminué. Cette situation et le mode d'organisation de la conquête qui en découla, développèrent, sous l'influence de l'organisation militaire des Germains, la propriété féodale. Comme la propriété tribale et communale, celle-ci repose à son tour sur une communauté, sauf que ce ne sont plus les esclaves, comme dans l'Antiquité, mais les petits paysans asservis qui en constituent la classe directement productrice. » (L'Idéologie allemandeibid.) 

4On traite en général de la décadence de Rome au troisième et quatrième siècles, comme cas d'école, mais on laisse de côté la décadence de l'empire byzantin. C'est 29 mai 1453, les Ottomans prennent le contrôle de Constantinople et mettent fin à l’Empire byzantin. On peut cependant trouver à peu près les mêmes raisons qui ont précipité la chute de l’empire romain d’orient de Constantinople que celle de la Rome occidentale.

5« Il est un fait important qui caractérise le XIXème siècle et qu'aucun parti ne saurait nier. D'un côté, ce siècle a vu naître des forces industrielles et scientifiques qu'on n'aurait pas même pu imaginer à une époque antérieure. D'autre part, les signes se multiplient d'une déchéance telle qu'elle éclipsera même la fameuse décadence des dernières années de l'empire romain. (…) De notre temps, toute chose parait grosse de son contraire. La machine qui possède le don prodigieux d'agréger et de féconder le travail humain, entraîne la faim et l'excès de travail. Les nouvelles forces de richesse que l'homme vient d'acquérir se transforment, par un caprice étrange du sort, en sources de misère. On dirait que chaque victoire de l'art se paie par une perte de caractère. (…) L'humanité acquiert la maîtrise de la nature, mais, en même temps, l'homme devient l'esclave des hommes et de sa propre infamie. La pure lumière de la science elle-même semble avoir besoin, pour resplendir, du contraste de l'ignorance. Toutes nos découvertes et tout notre progrès ont pour résultat, semble-t-il, de doter les forces matérielles d'une vie intelligente et de ravaler l'homme au niveau d'une simple force matérielle. Cet antagonisme entre la science et l'industrie modernes d'une part, la misère et la décadence modernes de l'autre, cette contradiction entre les forces productives et les conditions sociales de notre époque est un fait, un fait patent, indéniable, écrasant ». (Marx avril 1855) https://www.marxists.org/francais/marx/works/1856/04/km18560414.htm On put assister aussi à retour à une économie de troc. Charlemagne construira encore en bois, au IXe siècle, l'essentiel de ses palais, quand la moindre écurie, la moindre étable avait été, aux beaux temps de la paix romaine, construite en pierre et couverte d'un toit de tuiles. Au XXI ème siècle le béton continue d'être la matière première de toutes les constructions gigantesques, inutiles à terme et si friables au moment d'un tremblement de terre.

6Sauf que ceux-là sont vraiment cinglés, entre banditisme et drogue, alors que les barbares antiques se sont intégrés jusqu'aux plus hauts sommets de l'Etat romain et sont devenus majoritaires. Concernant les invasions arabes, Marx et Engels sont très durs et ne font aucune concession à cette idéologie arriérée du début à la fin :https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/religion/Marx_Engels_sur_la_religion.pdf

7 Le mot Byzantin est devenu un adage qui signifie pédant et subtil. Exemple : « En amour, mieux vaut regretter ce qu'on a fait que regretter ce qu'on n'a pas fait ». Comme quoi comprendre la chute des Empires antiques reste subtil donc complexe.
8Le thème de la décadence avait été également traité par Montesquieu (18 ème siècle), que Marx admirait, qui énumérait pas moins de dix-sept causes de la chute de Rome. La crise économique qui avait frappé Rome, et le discrédit de ses lois qui, bien acceptées au départ parce qu'elles apportaient la paix romaine, furent contestées et combattues dès lors qu'elles ne visaient plus qu'à drainer le maximum de ressources sur une Rome devenue oisive, sans fournir de réel service aux populations en contrepartie. Quant à la chute de l'Empire byzantin, la polémique moderne l'attribue à trois causes apolitiques (sic!): un  changement climatique (réapparition d'une aire glaciaire), la peste bubonique et les invasions arabes ; trois causes qui conviennent à usage de comparaison simpliste pour l'idéologie dominante et aussi Zemmour. (cf. Des recherches récentes (avec l'historien américain Kyle Harper) lient la déstabilisation de ces empires à un refroidissement du climat mondial causé par plusieurs explosions volcaniques très importantes1. Le changement climatique de 535-536 et la peste de Justinien plongent dès 542 l'empire byzantin dans une profonde crise).On voit avec une netteté suffisante comment l’interprétation du passé est tributaire de la perception du présent, qui impose sa propre lecture des événements historiques, surtout très lointains.

9Je cite seulement deux passages qui démontre que Robin Goodfellow est resté une taupe aveugle : « Ainsi, Marx souligne une notion fondamentale pour la théorie communiste, qui est celle de la continuité entre les générations. Une phase de "décadence" généralisée à toute l'espèce et toute l'histoire humaine est ainsi impossible puisque, comme le souligne Marx dans "L'Idéologie Allemande", un arrêt de la production, même de 24 heures, ramènerait l'espèce à un état de barbarie généralisée ». Chaque proposition est insensée et indémontrable. C'est quoi cette continuité entre les générations » ? Qu'est-ce que la production, son arrêt, a à voir avec la décadence ? Et cette notion de « barbarie généralisée », introuvable aux 5 et 6 èmes siècle et chez Marx ? Des vieux écrits de lycéens boutonneux hors de la réalité sociale ? RG n'avait rien compris aux premiers gilets jaunes et reste pantois devant la catastrophe du covid.

Plus effarant est le suivant : « Marx n'a pas escompté une montée et ensuite un déclin du capitalisme, mais au contraire l'exaltation dialectique de la masse des forces productives que le capitalisme contrôle, leur accumulation et leur concentration, illimitée, et, en même temps, la réaction antagonique des forces dominées représentées par la classe prolétarienne. le potentiel productif et économique général monte toujours plus jusqu'à ce que l'équilibre soit rompu : on a alors une phase révolutionnaire explosive dans laquelle, au cours d'une très courte période précipitée par la rupture des antiques formes de production, les forces de production tombent pour se donner une nouvelle assise et reprendre une ascension plus puissante ».

« L'exaltation dialectique de la masse des forces productives » !? Marx se masturbait sur la classe ouvrière ? « La réaction antagonique des forces dominées... » !? Un imaginaire de la classe ouvrière réagissant automatiquement à la montée ou la baisse du taux de profit !? Et puis voilou ces « forces de production » (comprenez les ouvriers productifs) reprenant « une ascension fulgurante » ! Comme quoi le communisme ce sera l'ascension fulgurante des producteurs pardon des « anciennes forces dominées ». Un yoyo anarchiste certainement où les exploités resteront exploités probablement avec « l'exaltation dialectique de la masse des forces productives » !

10   A lire sur le site « mondialisme » : http://www.mondialisme.org/spip.php?article106

      L'article est fort long mais très pertinent et argumenté. Il a fait l'objet de plusieurs réponses encore plus intéressantes de la part du CCI, en particulier celui-ci :https://fr.internationalism.org/rint140/la_theorie_du_declin_du_capitalisme_et_la_lutte_contre_le_revisionnisme.html et https://fr.internationalism.org/rint135/quelle_methode_scientifique_pour_comprendre_l_ordre_social_existant_2.html 

11Certainement le laboratoire le plus avancé de la pérennité de la mosaïque des idéologies confusionnistes et bobos de la gauche bourgeoise trotskiste, la revue Contre-temps publie des articles fémino-antiracisto-écolo complexes sur tous sujets, y compris le déclin du capitalisme, mais qui révèlent la supercherie de cette « gauche radicale » pour véhiculer l’idéologie américaine post-stalinisme, l’islam illuminé et enluminé.

12Je te convie cher lecteur à lire pour information et éclats de rire mon « Précis de communisation » écrit en 2008, qui confirme encore de nos jours qu'il ne s'agissait que d'une bande de clowns. La crise de la Covid réduit à néant toutes leurs analyses sophistiquées et constipées. Même s'ils continuent à butiner en faveur de la croyance islamo-gauchiste en la disparition du prolétariat.

13« Le problème est mieux posé dans un intéressant bulletin des camarades du « groupe français de la gauche communiste internationale » dont nous ignorons, pour notre plus grand plaisir, les noms et personnalités des auteurs. Il est posé sous forme de questions censées, méritant un développement adéquat et en opposition aux vues du fameux groupe Chaulieu, influencé par la théorie de la « décadence » et du passage du capitalisme à la barbarie, laquelle en somme devrait inspirer l’horreur au même titre que les régimes « bureaucratiques ». Une théorie dans laquelle on ne comprend vraiment pas vers quel Kaiser pointent les boussoles, aussi longtemps qu’on se contente de discourir sur le marxisme. A propos de décadence du capitalisme, nous disposons d’éléments du bulletin interne de notre mouvement, où il est question de la fausse théorie de la courbe descendante. Hors de toute arrogance scientifique, elle est bien stupide la théorie qui dit : Ô capitalisme, fais ton office, jette nous en prison, roule nous dans la farine, réduis nous à trois pelés qui ne méritent même pas un coup de pied : hâtons-nous de nous refaire une santé ; tout ça signifie que tu es en pleine décadence. Qu’est-ce que ce serait s’il n’y était pas… ». ( Sou B n'avait pas tort de s'intituler selon les termes de Rosa et de reprendre le concept de décadence, indépendamment de sa régression ultérieure ; Bordiga en le prenant de haut et en voulant ridiculiser avec des phrases ampoulées S ou B, avec sa Batramyomachie, a raté le coche et s'était ridiculisé lui-même). Pourtant Bordiga apparaît pourtant assez catastrophiste pour ne pas dire décadentiste dans son texte de 1955, cent ans après celui de Marx, et pas qu'un peu en chargeant un peu beaucoup son ancien pote Damen : « « Il est revenu à la Gauche Communiste d'Italie, confrontée aux déviations daménistes qui reprenaient la thèse d'un déclin progressif des forces productives, de rappeler cette thèse essentielle du marxisme selon laquelle l'histoire se présente comme une succession de catastrophes et non comme une construction harmonieuse où les sociétés vieillissantes laisseraient lentement la place à d'autres, plus jeunes, et porteuses d'un nouveau développement de l'humanité ».

14En pleine Première Guerre mondiale  (que Engels avait justement prévue) – tout en gardant la comparaison classique et superficielle avec la chute de Rome (et non pas de Constantinople).

15Aufheben la cite, sans saisir la différence, restant embourbé dans cette vision radicale-réformiste qui imagine le capitalisme éternel. Pour Rosa si le prolétariat ne parvient pas à renverser le capitalisme, on aura : «...la décadence de toute civilisation, avec pour conséquences, comme dans la Rome antique, le dépeuplement, la désolation, la dégénérescence, un grand cimetière .» (Brochure de Junius, Socialisme ou Barbarie ?)

16Débat au sein du camp prolétarien. Guerre impérialiste ou révolution prolétarienne : la décadence du capitalisme et le marxisme.CF. Site du GIGC, Révolution ou Guerre.

18La fameuse citation sur l’opium du peuple est rarement citée en son entier : « L


a détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l’exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu’il renonce aux illusions sur sa situation c’est exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc en germe. La critique de cette vallée de larmes dont la religion est l’auréole ». L’autre affirmation de Marx est remise en cause par le retour récent et rapide de l’islam : « En ce qui concerne l’Allemagne, la critique de la religion est, pour l’essentiel, terminée, et la critique de la religion est la condition préliminaire de toute critique ». Non elle n’est pas terminée elle est remise en cause par la nouvelle expansion de l’islam.

 


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