PAGES PROLETARIENNES

vendredi 18 janvier 2019

LETTRE OUVERTE A PRISCILLA LUDOSKY


Mademoiselle,


Permettez-moi tout d'abord de vous féliciter pour votre initiative avec Eric Drouet. Nous vous resterons toujours reconnaissant, le peuple des basses classes, d'avoir permis l'éclosion du mouvement de révolte qui restera désormais dans l'histoire comme celui des gilets jaunes. Merci de continuer d'assumer la transparence de votre action, puisque vous m'avez fait parvenir directement, quand je ne suis qu'un des nombreux anonymes signataires de votre première pétition, l'objet de votre convocation par des instances étatiques. Je préfère mille fois m'adresser à vous comme personne que nous considérons en haute estime comme des nôtres, et en vous critiquant fraternellement, que de m'abaisser à quémander quoi que ce soit au despote sadique de l'Elysée.

J'ai lu attentivement votre longue contribution, en sautant je l'avoue des longueurs techniquues dont les employés d'Etat spécialisés peuvent très bien se charger dans le détail, ou, ne m'en veuillez pas, peuvent parfaitement se passer de ce souci du détail réformateur où je ne doute pas que des spécialistes écologiques et industriels du « pacifisme en actions » vous aient aidé.
Je le répète, vous avez toute mon admiration pour votre initiative originelle, fondatrice du mouvement, et je suis fier que cela ait été l'oeuvre d'une jeune femme noire qui s'inscrit ainsi à la suite de la place primordiale des femmes dans à peu près toutes les révolutions populaires et prolétariennes de l'histoire mondiale. Mais, je ne vous l'apprends pas, nombre d'initiateurs ou initiatrices de révolution ne restent pas fidèles à leur action première, voire la trahissent. Vous n'êtes pas plus propriétaire du mouvement aujourd'hui que n'importe lequel d'entre nous.

Or vous vous arogez de déterminer trois seules revendications finales en quelque sorte à cette jacquerie moderne qui a dérangé autant le pouvoir bourgeois que les marxistes de salon, comme terminales du mouvement : la baisse des taxes, le RIC « en toutes matières » et la baisse prioritaire des revenus des hauts fonctionnaires. Vous êtes de quel côté ? Des puissants ou des pauvres ? Vous imginez que nous les pauvres ont croit pouvoir obtenir SOUS LA FERULE DE CE POUVOIR, le beurre, la crémière et le salaire de la crémière ?

. D'un côté vous êtes bien représentative d'un mouvement emmené par de petits entrepreneurs comme vous, qui se pensent plutôt managers confirmés à l'avenir que prolétaires comme la majorité de celles et ceux qui ont été au devant des flash ball criminels de la police du sieur Macron, et qui ont été mutilés à vie.
Comment pouvez-vous envisager de discuter avec cette élite arogante qui a causé tant de blessés, interné tant de personnes dans la pisse des gendarmeries, et j'y inclus une grande partie des « casseurs » qui ont bien été utiles, à leur détriment judiciaire souvent, à la « visibilité » du mouvement ?

Vous résumez vous-même votre argumentation auprès de ces messieurs du CESE, Conseil Economique Social et Environnemental - cette sinécure à politiciens fainéants - pour la COMMISSION TEMPORAIRE : « FRACTURES ET TRANSITIONS : RECONCILIER LA FRANCE, ainsi sur 4 thèmes :
  1. la transition écologique
  2. le sfractures sociales et territoriale
  3. le pouvoir d'achat, les conditions de vie, la justice ficale,
  4. la participation citoyenne.

Votre participation anodine à ce conclave gouvernemental est déjà une trahison du mouvement , de ses morts, de ses nombreux blessés à vie, de ses injustement condamnés. On ne s'autorise pas de négocier avec un gouvernement qui s'est comporté depuis deux mois comme une bande de voyous, où, par l'antiphrase son premier flic a constamment joué au big brother qui faisait brulaliser les manifestants pour « les protéger contre eux-mêmes ». Vous venez contribuer parallèlement à la mise en route de la supercherie du débat national taillé sur mesure pour le prince, entre tous ses marquis et valets politiciens , du plus vulgaire pion maire de village à la bande des députés soumis dont nous ne supportons plus l'image ni en peinture ni sur BFM.

Etes-vous naïve ou ignare en politique au point d'oublier ce qu'est l'Etat moderne capitaliste ? Comme une enfant inoffensive vous lui demandez en introduction de « justifier les dépenses des taxes » ainsi que la liste des « projets d'invention de bio-carburants » ! Vous laissez supposer à ce même Etat qui nous a immédiatement envoyé sa police et craché dessus via ses médias qu'il aurait pu avoir une autre visée qu'une « écologie punitive » ? Qu'il se préparait à faire interrompre les incessantes publicités toutes les trois minutes sur ses « chaînes » pour l'achat d'une voiture à crédit à vie, entre l'apologie d'un parfum et la pub pour un fromage ? Qu'il se souciait de ces millions qui roulent par obligation avec des caisses qui puent le diesel et d'où sort la fumée d'un clodo salarié ?

Vous osez une pichenette pas bien dérangeante dans votre plaidoyer collaborationniste - « il n'y a pas d'accompagnement pour les véhicules polluant mais une prise en otage – mais aussiôt vous leur proposez de se racheter en favorisant « un redéploiement industriel », tout en regrettant que la voiture électrique ne soit pas plus une solution et que l'on n'abandonne pas l'extra ction pétrolière.

Il est assez significatif que sur le chapitre des « fractures sociales » vous soyez peu éloquente, vu la position sociale que vous vous attribuez (moyenne en quelque sorte), et que vous vous souciez peu de la hausse des salaires comme madame Le Pen mais que vous recommenciez, servilement, à proposer de râcler les fonds de tiroir de la gabegie d'Etat pour faire croire qu'il pourrait nous resservir les sommes, ou niches fiscales disparues.

Enfin vous m'avez fait beaucoup rire en radotant le gadget d'un prof ordinaire nommé Chouard, le RIC, qu'il a défini lui-même comme une capsule (!) de la démocratie classique, c'est à dire, selon ma traduction, d'une rustine sur un système parlementaire pourri. Comment pouvez-vous nous vendre ce gadget comme « initiative appartenant exclusivement aux citoyens » quand le pouvoir reste entre les mains de l'Etat de la bourgeoisie, de ses partis et syndicats qui se fichent des citoyens individuels et multiples comme moi de ma première chemise ? OU encore « comme initiative en dernier ressort du peuple », lequel peuple n'existe pas plus que la classe ouvrière pour la minorité qui nous gouverne et nous opprime ?
Votre modèle et celui du péquenot Chouard est la Suisse, le pays des coffre-forts et de la surexploitation des immigrés, comme la Grèce antique était magnifiquement démocratique mais sur le dos des esclaves ! Et comme vous savez que je vous ai déjà objecté que c'était chimé...RIC parce que inapplicable dans les grandes puissances capitalistes, vous êtes incapable d'expliquer comment cela pourrait être applicable dans un grand pays.
Enfin, imaginez-vous un avenir de députée de nos chères îles océaniques? Pourquoi terminez-vous votre plaidoyer sur la Martinique et la Guadeloupe ? Certes je partage tous vos constats sur la misère et le délaissement de nos « compatriotes » lointains, mais vous eussiez pu parler aussi de l'état de misère où vivent nombre de nos « compatriotes » en lozère ou dans le Pas-de-Calais ?

En conclusion le principal reproche que je me permets de vous faire est d'oublier les classes sociales,
de rester le cul entre deux chaises comme deux de vos pères en politique, Proudhon et Poujade. Vous ne serez pas prise au sérieux par la classe dominante. Soit ils se serviront de vous comme une marionnette le temps de masquer les enjeux et de reprendre leurs attaques féroces contre le prolétariat, soit ils vous écraseront comme un citron.

Recevez mademoiselle Priscilla, mes cordiales mais critiques salutations,

Jean-louis Roche (ouvrier retraité et communiste de coeur)


Une groupie du prince des épiciers?

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