PAGES PROLETARIENNES

jeudi 17 janvier 2019

GILETS JAUNES : ça sent le sapin !


«Ne dites pas que le mouvement social exclut le mouvement politique : il n'y a jamais de véritable mouvement politique qui ne soit social en même temps. »
Marx (misère de la philosophie)

Le samedi 10 janvier sera-t-il la phase terminale de deux mois de jacquerie populaire et prolétarienne contre un Etat bourgeois demeuré inflexible ?
Le triomphalisme du one man show macronesque ne peut pas être dû à une énième arrogance incontrôlée de Jupiter. Si la situation était aussi incandescente qu'à la mi-décembre, l'encravaté de l'Elysée n'aurait pas ainsi roulé des mécaniques pendant sept heures face à un parterre de pions municipaux, en vue non d'unifier la nation ou de panser les plaies mais banalement de préparer une échéance électorale problématique et dangereuse pour la stabilité économique de l'Europe avec la crise du brexit. L'Etat dispose de ses propres moyens de sondage. Il sait très bien que sa terrible répression a généré une haine impuissante parce que sans débouchés politiques. Il a pu lancer un débat national sans intérêt que de se moquer des millions dont on se fiche de l'avis ou de la conscience. Le mouvement des gilets jaunes doit être effacé des mémoires, effacées les leçons politiques les plus significatives d'une insubordination populaire qui a bousculé l'ordre établi mais aussi la plupart de ses serviteurs oppositionnels. Le mouvement lui-même dans ses limites « apolitiques » était plus social que politique et hors de la politique traditionnelle, s'est tiré une balle dans le pied en acceptant de se faire chapeauter par un gadget politique « républicain » ce ridicule RIC, lancé depuis les rangs de l'extrême droite. Le mouvement est paradoxalement en train de crever par ce dont les médias l'ont accusé dès ses tout débuts, une mainmise de l'extrême droite, et sans s'en rendre compte ; mais d'une extrême droite sans panache, à l'image de cet ordinaire prof le Chouard de poche, et dans les limites fixées par la fille Le Pen : pas de hausse du SMIC pour ne pas nuire à « vos » amis petits patrons sur les ronds points.

Il faut en dire deux mots de cette extrême droite diabolisée, qui a été désignée immédiatement comme à l'origine du mouvement, qui a servi de paravent et d'empêchement facile à une participation impossible des barnums syndicaux, des chapelles politiques d'extrême gauche et de sectes et individus dispersés de la « gauche communiste »1. L'extrême droite traditionnelle ne fût longtemps après la guerre qu'une queue de la droite bourgeoise, fournissant barbouzes briseurs de grève et autres comploteurs au service de la police machiavélique. Avec la longue ére du népotisme lepéniste, elle fût diabolisée comme « fasciste », ce qu'elle ne pouvait pas ou plus être depuis la fin du conflit mondial. Elle est restée un pôle faible de croyances nationalistes et plus ou moins racistes ; je dis plus ou moins car, vieille fille du colonialisme, elle a toujours compté dans ses rangs d'anciens miilitaires noirs et arabes (outre que le fait d'être noir ou arabe n'empêche pas d'être raciste), comme une masse d'électeurs pas plus méchants que ceux du PCF ou de la droite traditionnelle .
Si l'on survole brièvement son histoire, des années 1930 en passant par Pétain le bref jusqu'au long règne oppositionnel du borgne de Montretout, l'extrême droite se caractérise par une constante : elle ne veut pas et n'a jamais voulu du renversement du capitalisme. Son populisme et sa hantise de l'invasion migrante ne sont qu'un repli frileux vers la vieille fable de la protection nationale étriquée et autoritaire. Cette hantise est largement répandue dans la population sans qu'on puisse dire que c'est l'extrême droite qui en a fait germer l'idée. Au culte formel du migrant par artistes de variétés et gauchistes répond une réalité cultuelle et de modes de vie totalement différents; qui se côtoient soit dans l'hostilité, soit dans l'indifférence; nulle solidarité de classe ne peut plus renaître dans cet environnement (d'ailleurs, globalement "les banlieues" ne sont pas venues rejoindre les gilets jaunes). 

La gauche au pouvoir pendant une vingtaine d'années à cheval sur le XX ème et XXI ème siècle a fait plus de tort à la classe ouvrière et a été plus toxique à sa conscience de classe que les vieilles récriminations des politiciens de l'extrême droite. Avec l'effondrement du bloc faussement communiste et la désillusion, en France en particulier, d'une gauche antifasciste d'opérette et antiraciste d'occasion, sans oublier la désindustrialisation et la fin des forteresses ouvrières, l'abstention politique a été accompagnée d'un vote protestataire en faveur des derniers mohicans d'une extrême droite ringarde et poussive. Ce qu'elle est toujours sauf qu'elle a su faire passer pour prémonitoire son rejet de l'immigration de la fin du XX ème siècle, qui était exagéré et réactionnaire, comme prévisionniste des inquiétudes modernes face aux invasions-fuites des migrants aujourd'hui du fait de l'accroissement des conflits impérialistes. L'immigration planétaire n'a jamais de fin et n'est soluble dans aucun Etat, comme l'exploitation de l'homme par l'homme...
Il est faux de dire que cela n'a pas été un sujet de préoccupation des gilets jaunes. Pour l'essentiel le mouvement est parti de la périphérie et de la classe ouvrière du privé, et comme l'a bien montré Christophe Guilluy une classe ouvrière blanche qui a fui les grandes cités et Paris où l'élite exalte le règne des frères bobos et immigrés, de l'open society et du vivre ensemble avec les règles du Coran et du Rotary. L'idéologie européenne a dissout la France dans cet univers baroque et plus cloisonné malgré la suppression imaginaire des classes et l'invention d'une invraisemblable classe moyenne, fourre-tout de toutes les classes, conception si bien théorisée par les réactionnaires modernistes comme classe universelle. Les Internationales jadis exaltaient le prolétariat de tous les pays quand aujourd'hui les élites bourgeoise internationales exaltent la disparition des nations et du prolétariat. L'immigration a changé de nature non parce que la misère aurait changé de nature mais parce que les gouvernants capitalistes s'en servent contre les classes ouvrières autochtones pour les raciser et les culpabiliser au nom de cette open society fumeuse; de plus la plupart des migrants ne veulent ni de la révolution ni s'intégrer comme membres du prolétariat; de plus encore ils croient plus généralement à Allah qu'à l'abolition du capitalisme.

Plus qu'une simple révolte contre la hausse des taxes automobiles, le surgissement du mouvement des gilets jaunes est le produit de cette série de phénomènes que je caractérise comme avatars de la négation du prolétariat, dans le sens de Marx, comme dépossession de tout ce qui était sensé figurer l'être de la classe ouvrière : un internationalisme fondamental qui supposait une assimilation à la fois des petits bourgeois en faillite et une fusion avec l'immense masse de travailleurs migrants pour aller vers un avenir sans frontières se débarassant peu à peu des pires superstitions sociales et religieuses.

UNE REACTION DE PROTECTION

Comme au début de toutes les jacqueries et révolutions, la réaction du mouvement a été une réaction de protection, non pas une demande de protection ou de retour de l'Etat providence comme l'ont imaginé des journalistes, mais très vite, au-delà de la simple misère économique, un retour symbolique à ce qui fonde pourtant l'hypocrisie des régimes républicains bourgeois de nos jours, le tryptique de 89 : liberté, égalité, fraternité, qui aurait pu se transformer d'ailleurs dans celui de Marx « infanterie, cavalerie, artillerie », mais qui a buté outre une répression inouïe sur « pouvoir, juges, journalistes », tryptique qui pourchassait déjà Mélanchon un mois avant le 17 novembre 2018. On accusa alors le député de complotisme, d'être un caratériel de première et on décréta sa carrière compromise2. Le complot n'est pourtant que la permanence du pouvoir d'Etat et son culot de nier tout complot même les mains pleines de Benalla. Mélanchon n'a pas pu ravir la position protectrice de la fille Le Pen, non seulement parce qu'à l'époque sa persécution par les juges ne concernait pas que des surfacturations de son parti (après tout fort mineurs comparées aux soutiens financiers faramineux du candidat Macron) mais parce que son parti n'est qu'un parti conglomérat de bobos, de féministes bourgeoises, de décoloniaux et de vieux staliniens sur le retour. On ne nous empêchera pas de penser que ce parti patchwork a été empêché de prendre son envol pour égaler les autres partis populistes euroépens, afin de favoriser la pôle position au RN, qui a permis avant comme après les élections présidentielles de booster le parti de bric et de broc de Macron. La réaction « protectionniste » plus que populiste exigeait de se parer du drapeau de Valmy et de Verdun, et de la Marseillaise. L'élite et les gauchistes en conclurent hâtivement que c'était un mouvement facho. Une secte – qui se croit révolutionnaire3 - décida que ce mouvement n'appartenait pas à la classe ouvrière, gangrené en grande partie sur le terrain pourri du populisme et de la xénophobie, comme « l'expliquaient » également les trotskistes et les députés de Macron. Les profs en CDI du CCI ne s'étant jamais aperçus que tous les ouvriers des chantiers portent depuis 2008 des gilets jaunes pour qu'on évite de leur rouler dessus4, se sont mis à les snober, tel n'importe quel fouille-merde de BFM : « ce gilet jaune fluo sur le dos, pour “se faire voir”, “se faire entendre” et surtout se faire “reconnaître”. C’est pourquoi le drapeau tricolore, La Marseillaise et les références à la Révolution française de 1789, ont été aussi omniprésents au milieu de ce cri du “Peuple de France”. Autant de méthodes qui n’expriment en rien une mobilisation de la classe ouvrière sur son propre terrain, remettant en cause l’exploitation du capitalisme à travers des revendications telles que la hausse des salaires, contre les licenciements, etc. »5. Parce que, pour ces syndicalistes moyenâgeux et moyenâgés la lutte de classe ne se déroule que sur le terrain de « la boite » !

Le pouvoir n'est jamais seul. Il est idiot d'ailleurs qu'on ait dit que les syndicats et les petits partis gauchistes se soient tenus à l'écart du mouvement parce que le mouvement les rejetait. S'ils n'avaient pas craché sur le mouvement au tout début, bien sûr qu'ils eussent été accueillis. Ils ont craché sur le mouvement bien évidemment parce qu'ils ne pouvaient pas l'encadrer, mais leur absence avec l'aval donné aux sirènes du gouvernement d'un mouvement présumé manigancé par les « fachos » a fortement contribué à le diaboliser. Quoique que ce complot n'eût aucun effet dans la durée puisque la « compréhension » de la majorité de la population atteignit des sommets indétrônables pendant de longues semaines.
L'échappée belle est partie de province, parce que la province est toujours moins contrôlable que Paris devenue une cité à bobos. Au point de vue industriel, les grandes agglomérations sont très surveillées par les appareils syndicaux qui y baladent depuis des décennies une aristocratie ouvrière6 du public, si soucieuse de ses avantages qu'elle en a oublié les devoirs minimum d'extension et de solidarité avec les délaissés du privé. Nos commentateurs de salon du CCI se sont, comme syndicalistes et gauchistes, servi de la prétendue image repoussoir du RN pour justifier que la classe ouvrière (au nom de laquelle on présume qu'ils sont autorisés à parler) ne soit pas venue massivement en ces lieux ridicules qu'étaient les ronds points : « la classe ouvrière a surtout été distante, circonspecte, dès le début, devant la focalisation contre les taxes et les méthodes utilisées (l’occupation de ronds-points), alertée et dégoûtée par le soutien immédiat de toute la droite et de l’extrême-droite ». Où ces révolutionnaires de salon ont-ils vu une circonspection de millions d'ouvriers obligés d'aller bosser en voiture « devant une focalisation contre les taxes » ? Et de quelle classe ouvrière osent-ils parler ? Des électeurs de la gauche bobo parisienne, des fonctionnaires repus des grandes villes ?
L'obsession de l'extrême droite est typique de l'intelligentsia qui vit de fantasmes, fabrique les pires fantasmes et prétend faire œuvre de « pédagogie » envers ces ouvriers mal instruits des dangers racistes et anti-immigrés. Pas la classe ouvrière en général qui voit surtout les privilèges de l'élite de la gauche bourgeoise très précisément comme plus scandaleux que ceux de la droite parce que la droite ne prétend pas défendre une classe qui n'existe pas pour elle.

Mais dans quel état est-elle cette classe ouvrière supposée pure et sans divisions d'exploitation ni diversité de revenus. Le lecteur de la secte en charentaises est décidément assez intelligent voire perturbateur, voici sa question et la réponse démente :

« En quelques lignes ce courrier pose une question centrale : “Il y a aussi dans le tract l’idée que la classe ouvrière est empêchée de lutter (…). Les ouvriers sont-ils seulement “empêchés”, sans quoi ils lutteraient ouvertement sur leur terrain classiste ? Non, évidemment”. Quelles sont les causes des difficultés politiques actuelles de la classe ouvrière ? La réponse n’est pas dans une vision photographique du prolétariat d’aujourd’hui mais dans le film de son histoire. Nous ne pouvons donc répondre complètement ici, dans le cadre de cet article, à cette question complexe.  Nous voulons simplement marquer une insistance. Il ne faut pas sous-estimer le travail de sape permanent des syndicats dont le rôle spécifique depuis plus d’un siècle est justement le sabotage, sur les lieux de travail, des luttes et de la conscience ».

Incroyable ! Le lecteur leur pose une question trop difficile pour leur catéchisme marxiste alors ils répondent : allez voir le film de son histoire. Quel film ? C'est du cinéma la lutte concrète ? Incapable de brosser le tableau ancien de la lente destruction par l'ensemble du système du mode de vie et de travail du prolétariat, la secte pointe du doigt cet autre diable, au même titre que le RN, les syndicats. Quelle lourdeur ! Les syndicats ont bon dos, ils sont pourris mais ils ne sont pas responsables de toute l'idéologie dominante ni de la répression féroce des flics. D'ailleurs le plus honteux est bien que ces révolutionnaires en charentaises se fichent, avec indifférentisme, du grand nombre de manifestants massacrés physiquement par l'Etat bourgeois car, n'est-ce pas ? « ils sont étrangers à la classe ouvrière » ! Salauds !7

L'explication, que devine en partie le lecteur, est autrement plus subtile que les radotages anti-syndicaux et la chute de la maison stalinienne. Les termes aristocratie ouvrière sont certes désuets mais qui pourrait contester que Macron joue pleinement de l'immobilisme des fonctionnaires par exemple, sans oublier qu'il en a arrosé la partie flicarde. Les fonctionnaires qui font partie du prolétariat, dont certains sont nombreux sur les ronds-points le samedi, n'en déplaise aux révolutionnaires pantouflards, quel intérêt auraient-ils à entrer en grève, fût-elle générale alors qu'ils ont la sécurité de l'emploi quoique avec des salaires de merde ? Un grand nombre se sentent protégés par les syndicats et ne les considèrent pas comme des ennemis. Le lecteur ridicule par avance la secte, qui prétexte ne pas pouvoir lui répondre dans l'instant mais l'envoie au cinéma, car c'est une réalité la plus grande partie de la classe ouvrière des villes n'a pas besoin de lutter en ce moment ni d'entrer en lutte aux côtés des sympathiques gilets jaunes, pour quoi ? Pour le chiméRIC qui ne vaut pas un clou ! Pour se faire éborgner par les soudards de Macron, humilier et traîner en GAV dans la pisse des commissariats ?

Les “gilets jaunes”, un tremplin pour la lutte ouvrière ?

Le 24 décembre il faut continuer à enterrer le mouvement « interclassiste » :
« La classe ouvrière est empêtrée dans de grandes difficultés. Elle n’est même pas consciente de son existence en tant que classe antagonique à la classe bourgeoise et distincte des couches sociales intermédiaires (notamment la petite bourgeoisie). Elle a perdu la mémoire de son propre passé, et ne peut se référer à son immense expérience historique, dont elle a même honte puisque sans cesse la bourgeoisie assimile le mot “ouvrier” à une espèce “disparue” et le mot “communisme” à la barbarie du stalinisme. Dans cette situation, le mouvement des “gilets jaunes” ne pouvait en aucune façon être une sorte de tremplin ou d’étincelle pour une authentique lutte de la classe ouvrière. Au contraire, les prolétaires embarqués derrière les mots d’ordre et les méthodes de la petite-bourgeoisie, noyés dans l’idéologie interclassiste de la citoyenneté, dilués dans toutes les autres couches sociales, ne pouvaient que subir de façon négative la pression du “démocratisme” bourgeois et du nationalisme ».

C'est vrai que depuis des mois on n'a jamais vu sur les ronds points et dans les assemblées à Paris un seul de ces révolutionnaires en charentaises. Pourtant, dans ces lieux j'ai maintes fois entendu les termes de classe ouvrière. Alors même si je n'ai pas un institut de sondage sous la main, je peux dire que ce CCI me fait vraiment pitié et ignore ce qu'est et comment vit la classe ouvrière, qu'il est aussi méprisant que le Macron en lançant que c'est une classe sans mémoire, qu'il n'a toujours rien comprisaux prolétaires gilets jaunes qui, justement par leur action « n'ont plus honte d'être pauvre », qui n'ils ont toujours fait part, ceux que j'ai rencontré jusqu'à aujourd'hui (même les gauchistes le confirment), qu'ils souhaitaient être le tremplin à une paralysie générale de l'économie, peut-être pas pour une « authentique lutte de classe ouvrière » mais pour fiche en l'air l'Etat ou surtout son principal porte parole haï !

LA PRESSION DU « DEMOCRATISME » BOURGEOIS, ET QUOI ENCORE ?

Si la plupart des sectes ou individus de l'utra-gauche historique et héritiers bolcheviques se sont posés en indifférents à une lutte « interclassiste », et que tous n'ont pas sombré dans l'ignominie comme le CCI, on va voir que tous ces éléments sont incapables de répondre avec efficacité aux exigences du moment autrement que par une prière à la classe ouvrière comme un auteur célèbre nous a fait attendre Godot. Le Pcint, parti communiste international (deux ou trois individus en France, une misère pour qui se nomme Parti) fournit en général une analyse assez bien charpentée du point de vu marxiste et pas néo-sociologique et professorale comme le CCI. Au début « le parti » se fait aussi le perroquet de la maimise de l'extrême droite. Le 22 novembre 2018 ils écrivent :

  « Mais ce n’est pas par hasard si le mouvement des Gilets Jaunes a été relayé et soutenu par les partis d’extrême droite, le «Rassemblement National» (ex FN) de Marine Le Pen et «Debout la France» de Dupont-Aignan, bien qu’au final la présence de ces partis soit marginale sur le terrain. Mouvement parti sur une revendication touchant «tout le monde», il affirme être l’expression du «peuple», en dehors non seulement des partis et syndicats, mais aussi au dessus des classes. C’est pourquoi il n’est pas rare de voir le drapeau national flotter sur les barrages, d’entendre La Marseillaise chantée par les manifestants ou de voir ceux-ci appeler la police à les rejoindre.  Un tel mouvement de contestation interclassiste, initié au départ par de petits patrons, ne suscite pas l’hostilité des médias et il attire inévitablement les forces de la droite extrême ; même quand il manifeste une opposition virulente à la politique gouvernementale et aux grandes entreprises capitalistes (trusts pétroliers, etc.), il ne peut avoir qu’une orientation bourgeoise ».

Le 6 décembre 2018 . Le grand parti bordiguiste commence à tourner casque en montrant au moins du respect pour l'engagement violent du mouvement, mais avec une fixation désuète sur le drapeau rouge qu'on peut laisser au stalinisme :
« Les Gilets Jaunes ont démontré que la lutte ouverte paye ! Face à un mouvement de contestation relativement massif mais surtout résolu, qui n’hésite pas à violer la légalité bourgeoise (bloquer des routes est selon la loi passible de prisons, de même que manifester sans déclaration préalable à la préfecture est interdit), qui n’hésite pas à répondre  par la violence à la violence policière, le gouvernement a jugé qu’il n’avait d’autre choix que de reculer, contrairement à ses déclarations initiales de fermeté ». « S’il attend un peu avant de lancer sa « réforme » prévue des retraites, ce n’est que temporairement. Quelles que soient les concessions qu’il va faire aux Gilets Jaunes – principalement à la composante de ceux-ci constituée par les petits patrons – il les fera payer en définitive aux prolétaires. Ceux-ci n’auront d’autre choix que de répondre, eux aussi, par la lutte ouverte et générale. Et alors leur lutte sous les plis du drapeau rouge, du drapeau de la révolution sociale internationale, même si cette perspective n’est pas immédiate, sera autrement plus puissante, radicale et invincible que celle des gilets jaunes »

Le 13 janvier 2019., le tract n'a pas varié pour condamner l'interclassisme, contient une excellente dénonciation du RIC 8, et ne se fait pas d'illusion sur l'avenir du mouvement mais au moins comparé au cynique CCI, salue la présence en nombre des prolétaires:

« Cet objectif (destruction de l'Etat) ne peut pas être immédiat, mais c’est le seul réaliste. En tant que tel, le mouvement des Gilets Jaunes ne peut constituer une étape vers cette alternative. Mais la détermination et la ténacité dont il fait preuve et qui sont largement dues à la présence de prolétaires en son sein, doivent servir d’exemple pour les futures luttes ouvrières. L’aggravation des tensions sociales dont l’apparition des Gilets Jaunes est la démonstration, se traduira tôt ou tard mais inévitablement par de nouvelles luttes prolétariennes.”
Ce qui frappe chez la plupart de nos ultra-gauches historiques c'est l'oubli des différences avec 68. Internet et ses réseaux bien évidemment qui ont introduit la communication permanente jour et nuit, comme nous en rêvions à l'époque Jean-Pierre Hébert et moi. Cet élément explique aussi pourquoi le mouvement échappa aux syndicats et à leurs assemblées cadrées. Les sectes pensent toujours que l'on ne peut réfléchir à plusieurs que dans leurs conclaves ou dans les réunions de grévistes, où à mon avis on réfléchit encore moins !
Autre élément troublant, le RIC, la plupart ne se sont pas efforcés de le dénoncer à part Robert Paris, moi et le PCInt9. Le problème est qu'il faut répondre au « désir de démocratie », et que nous les marxistes chevronnés sommes mal placés lorsqu'il nous faut évoquer les exemples du passé : le vote en 1871 n'était pas un vote de classe, au cours des révolutions russes tout est mélangé, les bolcheviques ne sont jamais majoritaires en voix hors des usines... Est-ce que demain la société peut être dirigée par des élections à mains levées de l'usine du coin qui n'existe plus ? Ou par toutes les entreprises alors que des masses croissantes de la population sont exclues du travail ? Ets-ce qu'une démocratie directe est vraiment représentative en dépendant des désidératas de chaque individu ? Comment organiser des élections sans tricherie ?
Sur ces sujets l'extrême droite a gagné et imposé son RIC non parce qu'elle est méchante et les gilets jaunes des moutons, mais parce que nous avons été absents sur ces questions et que nous sommes assez mal placés pour fournir des solutions d'avenir, dont la résolution dépendra plutôt du prolétariat en acte que de nos présuppositions ou théorisations fumeuses.

L'ATTENTE DU PROLETARIAT : c'est la position de la plupart des groupes. Le groupe Gilbert Gruc a mis du temps à comprendre mais, contrairement au CCI il n'a pas indifférentiste, il perçoit la gravité du moment et les souffrances des manifestants, mais il veut voir plus loin :
« C’est la principale leçon que la composante ouvrière des gilets jaunes et l’ensemble du prolétariat en France doivent retirer de cette mobilisation inédite. L’autre leçon que nous devons tous retirer, surtout les révolutionnaires, est que les confrontations massives entre les classes dans lesquelles nous sommes ouvertement entrés maintenant, vont être extrêmement violentes du fait de la répression massive et brutale employée par les États, y compris dans les pays "à tradition démocratique". Est-il besoin de souligner que ces leçons s’adressent aussi au prolétariat international ; et cela très concrètement du fait même de l’écho et de la "sympathie" que les gilets jaunes ont rencontré au niveau international ? Mais il est une autre leçon avec laquelle Nuevo Curso conclut son texte : l’heure et l’urgence sont au regroupement, aux rassemblements et aux débats de clarification politique et théorique pour les minorités révolutionnaires et au combat pour le parti prolétarien international de demain »10.
Sur le site de la Tendance Marxiste Internationale on peut lire un salut aux gilets jaunes, dans le même ton que le Nucleo comunista, et c'est un camarade français qui a rédigé l'article :
« S’il est clair que les Jacqueries ont souvent été des feux de paille et ne pouvaient rien résoudre, il n’en reste pas moins qu’elles annonçaient l’avènement d’un nouveau monde. La question était posée, elle ne pouvait pas être résolue à ce niveau là. On pourrait donc en rester là crier : « circulez, il n’y a rien à voir ! » avec le mouvement des Gilets Jaunes puis décliner notre catéchisme marxiste en attendant la lutte pure des travailleurs pour répondre à la situation sociale bloquée d’aujourd’hui. Quels enseignements pouvons-nous tirer de ce mouvement pour la lutte des ouvriers ? (…) Maintenant, face au cul-de-sac dans lequel est le mouvement des Gilets Jaunes, la parole est à la lutte des prolétaires qui seuls peuvent réellement apporter une issue à l'ensemble de l'humanité et à l'impasse du monde actuel et de sa crise économique généralisée. Et oui ! La seule véritable perspective, c’est que la classe ouvrière s’organise en comités de travailleurs et en comités de grève élus et révocables à tout moment, que les travailleurs s’assemblent dans les entreprises, discutent et décident de leurs revendications et de leur programme d’action. Sans cette nouvelle phase, le mouvement des Gilets Jaunes ne sera qu’un feu de paille comme toutes les autres Jacqueries de l’histoire. Les Gilets Jaunes sont le signe de la faiblesse actuelle de la classe ouvrière qui ne peut exprimer une véritable sortie pour l’humanité face à l’impasse du capitalisme ».

Premièrement elle est où cette classe "globale", celle des forteresses disparues? Celle de ces parties de la classe ouvrière, fonctionnaires et cheminots, qui se sont laissé mener en bateau dans d'inutiles grèves successives par les syndicats d'Etat, et qui, aujourd'hui dans les quelques grèves qui ont lieu dans les entreprises du commerce sont encore encadrées par les mêmes syndicalistes qui se promènent à leur tour en jaune? Et ces immenses parties du prolétariat qui ne sont ni dans la production mais au chômage éternel ou dans des statuts éclatés qui ne permettent aucune défense collective, doivent-elles attendre un dépassement de l'encadrement syndical corporatif dans les secteurs productifs pour… les rejoindre dans les usines disparues ou des entreprises éclatées en petites unités?

On retrouve deuxièmement le défaut que j'ai signalé sur l'absence d'argumentation contre le « démocratisme » avec ce radotage d'une alternative par nos bons vieux « conseils ouvriers » où des comités de travailleurs dirigeraient la révolution sur leur « programme d'action », lequel ne nous est point dit. Comment sera réorganisée la société de demain avec des millions de chômeurs, des moitié de travailleurs, des patrons qui ne sont plus tout à fait des patrons... Vous verrez le bilan et perspectives de ce mouvement n'est pas encore vraiment possible et il décoiffera encore. Ne l'enterrons pas trop vite ! Il pose encore plein de questions non solvables dans l'immédiat et il n'est pas sûr que les parties du prolétariat du "service public" soient capables d'en comprendre ou assimiler les leçons essentielles.
Le mouvement gilet jaune a rappelé que l'éducateur a besoin d'être éduqué, et par conséquent que nous les révolutionnaires, presque professionnels, nous avons besoin de leçons de modestie.

UNE REVOLTE POPULAIRE QUI EST UN PIEGE POUR LA CLASSE OUVRIERE ?

Si l'on devait retenir comme saillie la plus comique en marge de la révolte sociale des gilets jaunes, je proposerais le « piège » des bobos du CCI ; voyons l'argumentaire opposé au lecteur qui a écarquillé les yeux en entendant ce truc :
« Notre tract affirme que ce mouvement est un véritable piège pour les prolétaires. Mais pour le camarade “quel sens donner à ce “piège” ? Un piège suppose une organisation qui le prépare, l’organise, etc. Or, on ne voit rien de tout cela ici”. En effet, ce mouvement a été spontané. Une jeune auto-entrepreneuse de Seine-et-Marne a lancé sur les réseaux sociaux une pétition contre l’augmentation des taxes sur le gazole. Puis un chauffeur-routier du même département a appelé à bloquer les routes, affublé d’un gilet jaune. De clic en clic, ces deux cris de colère se sont propagés à très haut débit, témoignant d’un ras-le-bol généralisé dans la population.
Il ne s’agit donc pas d’un piège tendu par la bourgeoisie, son État, ses partis, ses syndicats ou ses médias, mais d’un mouvement qui, de par sa nature interclassiste, est en lui-même un piège pour les ouvriers. Car dans un mouvement interclassiste où les prolétaires (employés, étudiants, retraités, chômeurs…) sont dilués comme individus-citoyens au milieu de toutes les autres couches de la société (petite-bourgeoisie, paysannerie, artisanat…), dominent les aspirations sociales et les méthodes de lutte de toutes ces couches intermédiaires ».

Fantastique raisonnement de secte ! « Voilà nous les représentants en charentaises de la classe ouvrière on lui dit « abandonne toute lutte hors de la boite, fait grève derrière ou avec les syndicats », ne te mêle pas à ces pouilleux de petits bourgeois qui ont des aspirations horribles et des méthodes affreuses telles les occupations de ronds points qui gênent tant la circulation automobile »11 ! J'ai cité Lénine contre tous ces curés même pas rouges de honte de prêcher un mouvement de masse pur et avec seulement des antiracistes et des mecs qui n'ont jamais été au bordel ; depuis la citation a été largement reprise contre tous nos marxistes de pacotille.

A de multiples reprises au cours de l'histoire de la lutte des classes, la classe ouvrière n'a pas eu besoin de cette pédagogie nunuche pour se mêler de la lutte d'autres classes parce qu'elle y avait intérêt aussi, comme la plupart des ouvriers de province se sont mêlés de contester les taxes du Macron : 1789, 1830, 1832, 1848, 1871 et même au cours de l'estudiantin mai 68. En 1907, un curé du CCI se serait-il permis de dénier aux ouvriers roumains de se mêler de la révolte contre les Boyards ? Faut-il interdire aux ouvriers de se mêler aux jacqueries parce qu'elles seraient « un piège » pour leur pure lutte dans le cadre de l'usine (disparue) et insuffisantes pour les opérations caritatives envers les pauvres migrants ?

LE RETOUR DES FOSSOYEURS PROFESSIONNELS ?

Le minuscule CCI a posé sa candidature au rôle de croque-mort, il est peu probable qu'il obtienne le poste. Les croque-morts professionnels et certifiés se bousculent déjà au bord de la tombe qui est encore vide pourtant. On se souvient, mais certains font semblant de ne pas se souvenir, que la spécialité des syndicats est d'enterrer les grèves. Ils sont fortiches dans ce domaine, ils portent fleurs et caisses de secours. Le conglomérat NPA avance en tête des pleureuses en faisant grand cas des « appels syndicaux aux mobilisation des Gilets jaunes », c'ets à dire samedi prochain dans l'espoir de clore la fête, et d'en tirer les marrons du feu, excusez l'image élimée, il est tard.
Extraits de la prose caritative du NPA, soudain réveillé de sa torpeur face à un mouvement « manipulé par les fachos » :

« Le NPA s’indigne du maintien de Christophe Dettinger en détention, et exige sa libération immédiate et l’arrêt des poursuites. Au-delà de ce cas symbolique, l’ensemble des condamnations prononcées contre les Gilets jaunes doivent être annulées, et l’ensemble des poursuites judiciaires arrêtées. L’urgence est à l’amplification de la mobilisation, alliée à la constitution d’un vaste front contre les violences policières, la répression et les politiques liberticides du gouvernement. On ne nous empêchera pas de manifester ! 
« Le NPA est révolté par le degré atteint par les violences policières et par la répression judiciaire inédite  que subit le mouvement des Gilets jaunes, comme l’a dénoncé par exemple Amnesty International. La nouvelle interpellation d’Éric Drouet, fortement médiatisée, vise à faire témoigner de la détermination du pouvoir à se donner les moyens d’interdire les manifestations, même s’il y a peu de manifestantEs. Elle est à coup sûr en train de faire de ce personnage aux positions confusionnistes un symbole des victimes du pouvoir de Macron.

« Il y a urgence à lancer une vaste campagne unitaire pour dénoncer cette politique et imposer :

- une amnistie générale12 et sans condition pour toutes les victimes de la répression policière et judiciaire exercée par le gouvernement Macron ;
- l’abandon et l’interdiction de toutes les armes dites non-létales mais dont l’utilisation conduit à des mutilations ou à des morts, telles que les flash-balls et les grenades de désencerclement ;
- que la lumière soit totalement faite sur les chaînes de commandement responsables des violences policières ayant abouti à des blessures de manifestantEs.
Le NPA prend dès maintenant tous les contacts nécessaires avec les organisations démocratiques et du mouvement ouvrier pour réaliser une campagne unitaire de masse sur ces questions, en solidarité notamment avec les victimes de cette répression.
Montreuil, le 3 janvier 2019. 
Laissons la conclusion à Robert Paris :

« Au lieu de s adresser directement aux salariés pour qu'ils s'organisent le NPA préfère s adresser aux responsables des défaites de nos luttes ».



NOTES
1On ne va pas ennuyer le lecteur lambda sur ce milieu politique marginal et dont les heurts et malheurs lui sont aussi asbcons qu'il peut leur être indifférent. Il s'agit d'un vieux courant politique que je qualifie de maximaliste révolutionnaire mais hors des gauches bourgeoises et d'une nouvelle ultra-gauche, variante anarchiste, composée d'excités casseurs mais totalement étrangère à des cercles marxistes historiques hors des familles de la gauche bourgeoise.
2https://www.liberation.fr/france/2018/10/21/tryptique_1686923
3Révolution internationale en France (secte du CCI), à peine une dizaine d'individus.
4Merci à Karl Lagerfeld.
5Dans l'exécution sommaire avec la même phraséologie gauchiste indifférentiste on peut voir au tout début que Eric Drouet n'est pas le seul à écrire avec d'horribles fautes, les intellos du CCI aussi (se sont): « Ce sont ainsi exprimés certains aspects les plus nauséabonds de la période historique actuelle, comme les appels officiels à renforcer les lois anti-immigrés ou des exactions xénophobes. Plus de 90 % des sympathisants du Rassemblement national de Marine Le Pen soutiennent les “gilets jaunes” et plus de 40 % affirment participer eux-mêmes au mouvement.Voilà dans quelle nasse ont été pris tous ces prolétaires en gilet jaune. Oui, ce mouvement a été pour eux un véritable piège idéologique ». C'était à peu près toutes les intox de BFM.
6C'est dans le Capital, tome premier, chapitre sept, que Marx mentionne cette aristocratie comme « partie la mieux payée de la classe ouvrière », et où on peut lire cette description si actuelle de la chute dans la misère : « C'est... en recourant à des expédients dont l'ouvrier seul a le secret; en réduisant sa ration journalière; en substituant le pain de seigle au pain de froment; en mangeant moins de viande ou même en la supprimant tout à fait, de même que le beurre, les assaisonnements; en se contentant d'une ou deux chambres où la famille est entassée, où les garçons et les filles couchent à côté les uns des autres, souvent sur le même grabat; en économisant sur l'habillement, le blanchissage, les soins de propreté; en renonçant aux distractions du dimanche; en se résignant enfin aux privations les plus pénibles. Une fois parvenu à cette extrême limite, la moindre élévation dans le prix des denrées, un chômage, une maladie, augmente la détresse du travailleur et détermine sa ruine complète; les dettes s'accumulent, le crédit s'épuise, les vêtements, les meubles les plus indispensables, sont engagés au mont de piété, et, finalement, la famille sollicite son inscription sur la liste des indigents. » (L. c., p. 151, 154, 155.) En effet, dans ce « paradis des capitalistes » la moindre variation de prix des subsistances de première nécessité est suivie d'une variation dans le chiffre de la mortalité et des crimes ».
7Je n'avais pas eu connaissance de la traduction complète du Nucelo comunista italien, voici un passage qu'on peut appliquer à ces lâches contempteurs de courageux manifestants : « « Au total, certains pauvres hères de «l’ultra ultra-gauche» (il va falloir leur demander des comptes, démonter leurs thèses et leur faire honte), à leur façon, sont plus cohérents, eux qui qualifient le mouvement des gilets de «pionniers de mouvements fascistes de masse» (inspirés par ... Poutine!), de vecteur d’une demande de plus d'État, de plus d'intervention et de protection par l'État, d'un «véritable État social fort» (comme si le mouvement traditionnel réformiste «de gauche» était porteur d'une exigence différente ...). Ces pauvres types crachent littéralement à la face des prolétaires qui se battent dans les rues de toute la France : ils mériteraient, franchement, d’être jetés à la Seine ».
8Que j'ai posté immédiatement sur plusieurs sites. Le site Gilets jaunes 24 novembre m'a exclu. Le « démocratisme » revendiqué n'est que pure formalité, il n'y a pas de vraie démocratie prolétarienne, j'en ai été aussi la victime dès le début à Etaples par la « coordinatrice » Stéphanie (titre d'un de mes premiers articles.
9Dans leur dernier tract on lit ceci, après une excellente dénonciation de la démocratie bourgeoise : « Mais, selon ses partisans, le RIC serait décidé à l’initiative des citoyens de base, ce qui empêcherait les manipulations par les politiciens vendus. En cela ils en font que montre leurs illusions démocratiques – illusions inhérentes à tout mouvement interclassiste, qui s’imagine défendre les intérêts de «tous les français» et qui entend seulement réformer la société du capital, non la détruire ni même la combattre”. La répression est infernale, on condamne les gens pour des propos sur internet, alors qu'un philosophe appelle au meurtre des manifestants sans être inquiété par ses amis du pouvoir; il faut punir "pour l'exemple", cf. https://www.wsws.org/fr/articles/2019/01/17/gvgj-j17.html?fbclid=IwAR2l2dqdTJmTx4_8AtKBEx4u2L4f6NtsuzdAIiUo0P3o3-6755M8vS-ZbCc
10Le GIGC, 24 décembre 2018. et www.pcint.org/
11Les connaisseurs savent que je parodie ici Marx face à de pareils ergoteurs : « Nous ne lui disons pas : laisse là tes combats, ce sont des sottises; nous venons t'annoncer le véritable mot d'ordre de la lutte ! Nous lui montrons simplement pourquoi il lutte en réalité, car il doit en prendre conscience, qu'il veuille ou non.. ». Cf. Dangeville, https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/parti/kmpc006.htm
12Vous noterez qu'ils ont lancé cette idée d'amnistie (louable) dix jours avant moi, mais eux dans leur mentalité d'encadreurs et de fossoyeurs. L'amnistie est le terme de la guerre lorsque l'un des camps est vaincu. Comme Macron, le NPA a intérêt à voir enterré au plus vite un mouvement qui a emmerdé aussi le trotskisme, cette théorie bourgeoise de la gauche bobo. Moi je ne vais jamais aux enterrements syndicaux, je ne vois pas pourquoi j'irais porter des fleurs à un mouvement qui n'est pas mort. Ma proposition d'amnistie n'est pas une conclusion mais une revendication à intégrer alors que le combat est encore là.

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