PAGES PROLETARIENNES

samedi 15 décembre 2018

UN MOUVEMENT QUI SE JOUE DE TANT DE PIEGES...


le mouvement enfin encadré par les syndicats (rêve de Macron)
« Les gilets jaunes n'ont pas de syndicats qui s'allongent au bout de deux jours ».
Un reporter

Suivi de Ma visite à la manifestation parisienne

L'échec permanent du complotisme gouvernemental et de son terrorisme social

5 ème descente sur les Champs Elysées ! Faut le faire. J'avais succombé à la terreur diffusée par l'Etat à la veille de la 4 ème, taxant même de lâches ceux qui y appelaient et en effet un certain nombre de porteurs du gilet jaune, poujadistes notoires, appelaient sans prendre de risque pour eux-mêmes et leur possible future carrière de député « en démarche ». Il faut bien considérer qu'il n'y a pas besoin d'appel pour qu'une foule, surtout ouvrière, débarque chaque samedi depuis un mois sans autorisation ni appel privilégié de celle-là ou celui-ci. C'est sidérant compte-tenu des gigantesques moyens mis en œuvre progressivement par l'Etat bourgeois d'abord affolé puis tranquillement installé dans la routine de l'ultra-violence policière (un millier de blessés à chaque fois et 6 éborgnés) avec ses obligés journalistes qui nous font pleurer à chaque fois sur la fatigue des brutes policières. Lorsque l'on raisonne sur la succession des événements il ne faut jamais oublier qu'on est en plein dans une crise politique et que l'Etat est bien assiégé, idéologiquement, et que la plupart de ses armes syndicales, journalistiques et politiques sont affaiblies ; ce qui explique ce recours assez déséspéré au terrorisme policier et à une violence sans précédent, même en comparant au gentil 68.

Jamais, même en 68 on n'avait autant pisté et arrêté préventivement des centaines de manifestants ; des cars entiers ont été empêchés d'arriver à Paris ; jamais on n'avait eu autant le culot de les dépouiller de leurs pancartes, des protections contre les gaz, à part les juifs à Auschwitz, et de leur casque de vélo pour atténuer les chocs sur le crâne. Au mépris de caste dominante on ajoute le devoir de se faire molester et traîner nus par des pandores armés d'armes létales et eux hyperprotégés. En province la militarisation de la répression n'avait jamais atteint un tel niveau ; à Toulouse deux véhicules blindés été envoyés. Dans les autres grandes villes de province les braves maires réclament aussi des blindés.
La veille l'ensemble des TV serviles nous avaient bourré d'émissions spéciales avec images de violence des actes précédents, annonçant à chaque fois une gradation de la violence... et du vandalisme des manifestants, jamais des flics ! On nous assenait avec certitude que le mouvement était divisé sur l'utilité de revenir chaque samedi à Paris d'autant plus que Macron avait quand même lâché du lest, qu'il avait été humble, que le dialogue pouvait s'engager, que l'opinion était en train de se retourner complètement. BFM la vicieuse avait même déniché dans les horribles quartiers nord de Marseille un groupe de cagoulards, mélange de noirs, d'arabes, de délinquants et de toutes les professions qui avaient décidé de se transformer en gilets jaunes. Ah le spectre macronien des années 1930 et la légende noire de la Cagoule (l'ultra droite de l'époque)1. C'était tellement théâtral et préfabriqué que c'était aussi incrédible que la nouvelle invention ministérielle de l'ultra droite. On pensait alors que l'accusation de complotisme se justifiait pleinement au vu des images de BFM, la chaîne la plus détestée de France.

Rien n'entame une détermination qui semble venir de nulle part, peut-être d'une classe semblent suggérer certains quand les termes « peuple d'en bas en colère » semblent encore fonder toutes les interprétations. Une colère qui, étrangement, dure.

Le plus frappant de cette force du mouvement est qu'il gagne à chaque fois la bataille des images. Les discours les plus serviles de la plupart des journalistes plaignant les cognes hyper-protégés contrastent avec la terrible violences contre les manifestants nus quand la même police laisse faire les casseurs de vitrines pendant des heures. Ces images de blindés et les discours des divers commis de gouvernement n'ont même pas besoin d'être contestées sur les plateaux – où il est strictement interdit de s'opposer à la gloire de la police sans cesse louangée – pour rester imprimées dans la mémoire des millions de prolétaires. Les manifestants ont été bien trop naïfs de tendre des fleurs aux brutes de la police d'un Etat bourgeois terroriste et cynique. Qui peut croire une seconde que des professionnels du tabassage des civils pourraient faire grève contre la main qui les nourrit ?

Bien plus frappant est l'indifférence des gilets jaunes à la comédie obscène jouée par Macron hier soir à Strasbourg dans la mise en scène de l'antiterrorisme triomphant avec sa rose blanche. Je m'attendais à ce qu'une nouvelle vague de commentaires déchaînés dénonce cette comédie « antiterroriste » comme lorsque l'attentat fût jugé comme « dérive complotiste », suscitant l'indignation calculée des larbins des TV2. Complotisme n'est pas tout à fait adéquat mais machiavélisme oui. A la suite de la piteuse rafle de centaines de policiers « hyper spécialisés » mais qui ont lambiné trois jours avant d'abattre le petit tueur de Strasbourg (caché dans une cabane de jardin), alors qu'il ne leur faut qu'une minute pour tabasser tout manifestant, Macron orchestrait sa nouvelle bataille d'images pour faire oublier sa fuite lors de l'épisode 33. Pendant des heures la télé d'Etat BFM filma le glorieux président, ébloui de la gloire de ses robocops, vaquer en se baignnat dans la foule, en serrant sans fin les louches des bobos du marché de Noël très contents de réaliser des selfies avec le petit santon de la victoire antiterroriste. Le prince s'attarde, fait risette aux épicières émues aux larmes de voir sur leur pas de porte le sauveur de Strasbourg. Le clou du spectacle, repiqué à Staline et Hitler, fut le long baiser à une petite fille en pleurs4. Par une curieuse rhétorique le flic Castaner croyait pouvoir profiter de l'image béate du peuple rassemblé dans la crèche de Noël avec son président pour stigmatiser les ingrats qui, demain, vont caillasser des héros5.

L'opinion a-t-elle versé des larmes d'émotion en voyant notre grand sauveur du terrorisme parader dans la fête du fric pas du tout chrétienne ? Les gilets jaunes pour leur part s'en contrefoutent. Sur les réseaux où je navigue, c'est comme si rien ne s'était passé à Strasbourg. Une « dérive » idéologique de plus de l'Etat et de l'histrion Macron, avec des meurtres inadmissibles certes mais non récupérables contre le mouvement d'insubordination sociale (meilleure qualification que celle de jacquerie quoique jusqu'à présent le mouvement ait été incapable de se doter de représentants « présentables »)6.

Après l'indifférence, le mépris, le terrorisme policier, les promesses de miettes (même les 100 euros promis pour le SMIC n'arriveraient qu'en juin 2019), la tentative de ficeler en parti politique, appels au calme de saltimbanques et des godillots macroniens, la permanente dénonciation du vandalisme (avec des flics si laxistes à l'égard des vandales) cette puissante et irréductible insubordination sociale allait-elle succomber à la noyade par l'étreinte baveuse des syndicats et des gauchistes, derniers remparts de l'ordre établi?

NOYER L'INSUBORDINATION SOUS LES POMPIERS SOCIAUX ?

On annonça que les gilets jaunes révoltés seraient rejoints par une quinzaine d'organisations de gauche, dont le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ou encore Droit au logement. Place de la République pourrait être un point de convergence de tous ces manifestants. Un groupe de «gilets jaunes» a déposé une déclaration pour s'y rassembler à partir de 14 heures tandis que ces quinze nouveaux venus ont fait savoir qu'ils s'y rendaient au même moment. Toutes sortes de comités gilets jaunes ont été inventés en banlieue par les résidus du PCF et de la CGT, on trouve aussi « un comité gilets jaunes antiraciste » avec d'autres comités « populaires ».
« Les mobilisations ne s'opposent pas. C'est bien qu'il y ait des actions collectives, des 'gilets jaunes', 'gilets rouges', 'gilets bleus', peu importe. Maintenant, il faut que ces actions puissent converger" » s'est exclamé le numéro un de la CGT Philippe Martinez juste avant de manifester à Paris, de la place de la République à la Nation, où la fin du cortège est arrivée hier vers 15h00. Les manifestants étaient 15.000 à Paris, selon la CGT, moins de 2000 selon la police7.

La CGT a même adopté la position syndicaliste révolutionnaire du CCI, déplacer la colère des ronds-points pour la calmer dans les ornières corporatives de l'entreprise :

« Qui est le plus content des mesures annoncées par le président de la République? Le Medef qui n'a rien à payer. [...] La meilleure façon d'agir, c'est évidemment ce que font les gilets jaunes mais c'est aussi de faire grève parce qu'il y a besoin qu'on hausse le ton" », a déclaré le bonze Philippe Martinez vendredi matin sur BFMTV, appelant les contestataires à déplacer leur mouvement dans les entreprises en faisant grève pendant la semaine »8. La maigre et pépère manifestation CGT du vendredi prétendait-elle éteindre le samedi noir du lendemain ou prendre les devants pour chauffer les encadreurs syndicaux, suivis comme toujours par les gueulards trotskiens, le jour suivant ? Cet appel totalement fictif à la ronflante grève générale et à des grèves invraisemblables pour l'heure en entreprises (toutes ou une...) montre bien que la grève n'est plus dangereuse mais une prison bien gardée par les flics syndicaux.

La Dépêche, journal régional débite même une fake news sans être contredit :

« Ce vendredi, alors que la CGT a appelé à la grève générale, une quinzaine d’organisations de gauche ont annoncé leur participation à la manifestation des Gilets jaunes prévue ce samedi, à partir de 14 heures, place de la république à Paris ».

On a du mal à croire que le vieux monde stalinien et syndical puisse prétendre servir de pompiers sociaux à Macron, quand les gilets ont obtenu bien plus de miettes que la CGT, même en lisant les soudaines descriptions dithyrambiques de l'Huma :

« L'exigence démocratique fleurit sur les ronds-points. Les barrages filtrants sont des mini-agoras où la parole se libère et où on se politise à la vitesse grand V. Ce bouillonnement démocratique à même l’asphalte permet de faire émerger des idées neuves pour refonder la République. « Représentons-nous nous-mêmes ! » et « inventons un nouveau modèle démocratique », voilà qui pourrait être le point de ralliement de l’ensemble des gilets jaunes ».

L'Huma convient que la CGT se fait blackbouler dans la plupart des barrages mais planche sur une solution « démocratique » et qui n'élimine pas la CGT :

« À Commercy, la CGT, qui était venue proposer son aide, a été gentiment éconduite par peur de la récupération, rapporte Claude… qui est lui-même syndiqué à la CGT. Mais il se dit rasséréné par ce mouvement où on parle à « des gens de toute sorte » sans exclusive, qu’ils votent FN ou plutôt à gauche, mais « toujours dans une relation extrêmement respectueuse. Les idées s’échangent, elles progressent, ce qu’on ne sentait pas avant », juge ce militant.
Et vu la crise de la démocratie représentative élective, complètement déligitimée, il est urgent d’entamer une transition sociale, écologique et démocratique, via un processus constituant. « Une espèce d’assemblée générale nationale, sur plusieurs mois, avec des citoyens tirés au sort pour imaginer un renouveau démocratique. C’est ça ou le risque, c’est de voir un scénario à l’italienne se produire en France. »

Un certain « Front social » assure avoir été le premier à avoir voulu « marcher sur l'Elysée » à une date antérieure mais ce sont bien eux aussi les sous-marins de la CGT qu'à l'Huma, fidèles aux méthodes staliniennes de trafic des dates et des événements9. On les voit mal cornaquer en fin de compte un mouvement qui leur est totalement étranger. Idem pour les syndicats gauchistes. L’appel de SUD rail et de Solidaires à rejoindre les gilets jaunes, ce samedi, simplifie les choses pour les soldats militants favorables au mouvement. Car depuis le 17 novembre et la première mobilisation jaune d’ampleur, la plupart des clans syndicaux n'étaient pas à l’aise, surtout en voyant le grand nombre d'ouvriers sans qualification10. Certaines fédérations font du prêt à porter en imaginant une grève illimitée qui n'aura jamais lieu dans leur corpo, comme FO transport routier ou la CGT spectacle si fournie en bobos intermittents aux salaires confortables comme un certain Kassoviz ou un comique qui n'a plus ri du tout lorsque les réseaux sociaux ont appelé à boycotter ses spectacles.

De son côté « Macron mise sur la concertation pour éteindre la contestation » (selon le Figaro) :

« Cinq jours après les premières réponses apportées par Emmanuel Macron pour tenter de résoudre la crise qui fait rage depuis plus d'un mois, le «débat national» qu'il a appelé de ses vœux doit être lancé ce samedi. Cette consultation, qui a été confiée à la présidente de la Commission nationale du débat public, Chantal Jouanno, doit durer jusqu'au 1er mars. Au total, quatre grands thèmes ont été retenus: transition écologique, fiscalité, services publics et débat démocratique
Résultat, les différents acteurs impliqués dans cette consultation se refilent la patate chaude. L'Élysée, qui est à l'origine du projet, renvoie vers Matignon, qui est chargé d'en piloter la mise en œuvre. Mais Matignon, qui ne souhaite pas déflorer les contours du débat avant son lancement officiel, renvoie de son côté vers Chantal Jouanno. Laquelle refuse de s'exprimer pour l'instant…
«On va passer du rond-point à la mairie», veut croire un proche du premier ministre. «Nous sommes dans une période de baisse des tensions. Mais le débat n'est pas épuisé», ajoute-t-on ».

La « concertation » se poursuit pourtant ce jour sous les matraques des flics dans la rue. Ce n'est pas bon augure pour un président toujours décrédibilisé et dont plusieurs classes de la société souhaitent ouvertement le départ. L'extinction de la « contestation » reste aussi peu probable tant par cette fable de concertation imaginaire de crânes d'oeuf que par la danse du ventre des syndicalistes et de leurs amis gauchistes. Même un nombre moindre de manifestants à Paris, qui sera pris pour une trêve ou un reflux.




notes



1Bien que la bande à Macron, Castaner et BFM complotent... Une légende sans doute soufflée à l'oreille de Macron par Terra Nova...Le démantèlement d’un réseau factieux anticommuniste, en 1937, a nourri à gauche la légende noire d’une République qui aurait été sauvée de justesse d’un péril fasciste. Entre complot et complotisme…la Cagoule avait davantage les traits d’une bande de Pieds nickelés que de SA à la française. (cf. Quand la cagoule perd son masque https://www.valeursactuelles.com/histoire/quand-la-cagoule-perd-son-masque-96567)

2J'en trouve quand même un qui dit ceci : « Il nous fait un pitch théatral 10 mn à la tv et ça y est il recommence sa com devant les forces de l'ordre à strasbourg, du bla bla, du théâtre comme il l'aime.Il devrait plutôt se poser les bonnes questions et penser à ces personnes victimes de ce multirécidiviste peu voire pas condamné qui aurait dû se trouver en prison depuis longtemps. Continue ta com, ton arrogance, ton cinéma, au lieu d'éradiquer tous ces étrangers radicalisés qui se promènent dans notre pays en toute impunité ».
3Il croyait apparaître comme le sauveur d'une patrie qu'il conchie ou tel l'archange De Gaulle en glorieux rétablisseur de l'ordre, ses flics avaient eu consigne de laisser saccager l'Arc de triomphe, mais tout s'était retourné contre lui avec en particulier ce cruel et humoristique tag : « les gilets jaunes triompheront ». J'écrivais après cet acte III : « A la déconvenue du nouveau piège éventé autour de l'Arc de triomphe s'ajouta l'erreur du despote croyant aller à la rencontre des vivas des riches, et qui se solda par une fuite en carrosse noir ».

4Même la presse ne peut s'empêcher de décrire, malgré elle, le ridicule de la prestation : « UN BAIN DE FOULE POUR FAIRE OUBLIER L'HUMILIATION A L'ARC DE TRIOMPHE : Une déambulation marquée par sa rencontre avec un enfant en pleurs qu'il a serré contre lui et longuement consolé. "Merci d'être venu, merci aux forces de l'ordre, je suis très heureuse d'avoir pu rouvrir le stand", lui a lancé une commerçante qui vend des friandises dans son chalet de bois. Plusieurs badauds lui ont demandé des selfies, qu'il a acceptés, dans une ambiance bon enfant et émue.

5Il avait déclaré : « "Hier soir, j'étais dans les rues de Strasbourg, j'ai vu le peuple de France applaudir nos policiers, j'ai vu les habitants saluer leur action exemplaire. Et demain, on va les caillasser? Cela, jamais je ne le tolérerai ». Outre que les flics spcialisés qui ont (bien fait) abattu le tueur ne sont pas de vulgaires CRS, on ne voit pas pourquoi de vulgaires cogneurs des grèves et des manifestations seraient élevés au rang de héros de la lutte antiterroriste !
6La plupart des porte voix des gilets jaunes qui ont défilés sur les plateaux, exceptés les témoignages bruts sur la misère, sont assez minables sans ce souci d'une représentation de bon niveau qu'on trouvait chez les Jacques : « On a là une constante dans l’histoire des mouvements populaires. Pour échapper à la stigmatisation de leur lutte, les révoltés choisissent toujours des leaders « respectables » et capables de dire tout haut ce que le peuple pense tout bas. D’autres exemples, plus tardifs, confirment l’importance du langage dans l’interprétation des luttes populaires. Par exemple, le soulèvement qui agita tout le Périgord au début du XVIIe siècle fut désigné par les élites comme le soulèvement des « croquants » ; terme que récusèrent les paysans et les artisans en se présentant eux mêmes comme les gens du « commun », Ce fut l’un des points de départ des usages populaires du terme « commune » qui fut repris en 1870-71, à Paris, par les « Communards ». https://noiriel.wordpress.com/2018/11/21/les-gilets-jaunes-et-les-lecons-de-lhistoire/?fbclid=IwAR0_PJiZW0wOC89coqmETCeTqXEYGrQuVPfWSU7L2x9XDcA-iY01EM-sZ4c Le premier conseil ouvrier en 1905 en Russie avait élu un avocat pour représenter les ouvriers.

7Voici comment était libellé l'appel, on notera qu'on n'appelle plus les travailleurs à manifester mais « les français » : « Le syndicat CGT appelle les français à une «grande journée d’actions» au niveau national le vendredi 14 décembre 2018.
Les revendications concernent le pouvoir d'achat.
Appel aux salariés, travailleurs en lutte, syndicalistes, jeunes, étudiants, chômeurs, retraités, écolos, travailleurs sans papier… pour se retrouver tous ensemble dans les deux manifestations à venir vendredi 14 décembre et samedi 15 décembre à Paris et d’autres villes de France.
Tous ensemble, on va gagner !
VENDREDI 14 DÉCEMBREParis – Rdv 12h30 place de la République
SAMEDI 15 DÉCEMBREParis – Rdv à 10h30 Place de l’Hôtel de Ville
8Rappelons le rejet initial sur les mêmes bases que le gauchisme mondialiste : « Dans un premier temps, la CGT s'est tenue à l'écart du mouvement, se méfiant de la présence de militants d'extrême droite et d'un discours anti-taxes. "Impossible d'imaginer la CGT défiler à côté du Front national", avait tonné Philippe Martinez qui a, une nouvelle fois, dénoncé ce vendredi les slogans et actions visant les migrants chez certains gilets jaunes  ».

9« Lors de sa rencontre nationale du 10 novembre, le Front Social avait prévu de manifester de l’Élysée au Medef le samedi 15 décembre. Depuis, la colère déterminée et justifiée des Gilets jaunes contre l’injustice sociale, fiscale et dans de nombreux endroits, écologiques, a bousculé tous les calendriers militants. Depuis un mois, des militants du Front Social et des collectifs locaux, fidèles à leur conviction de la nécessité d’une convergence ont milité aux côtés des gilets jaunes. Le Front Social, pour cet Acte V, appelle à participer aux départs de manifestations des organisations syndicales qui le composent  dans le but de CONVERGER  DANS L’UNITÉ  ET DE FAIRE FRONT SOCIAL avec les GILETS JAUNES.
Départ  des Secteurs en lutte et de Solidaires : 10 H gare Saint-Lazare
Départ de la CGT : 10 h 30 Hôtel de Ville Convergence vers l’Élysée avec les gilets jaunes
S’UNIR POUR NE PLUS SUBIR, C’EST  MAINTENANT ».

10Assez semblables aux IWW américains des années 30 et aux ouvriers allemands du KAPD en 1920.

MA VISITE A LA MANIFESTATION PARISIENNE


Le centre d'intérêt devait être la place de l'Opéra comme je le présumai après avoir observé les écrans de TV. J'avais fait un long détour à pied depuis les Halles en passant par la porte Saint Denis. 
Parvenu au boulevard des Capucines je vis que les camions de la gendarmerie coupaient l'avenue et des gilets jaunes en grappes en train de tarabuster les flics.
Aux alentours, les discussions se mènent facilement mais c'est pas dans le genre approfondissement. Chacun dit de quelle région il vient et vous sert une anecdote. Parmi les passants il y a un évident intérêt. Ce qui m'intéresse ce sont ces jeunes gens avec des collants signé Lutte ouvrière. Je commence par les charrier :

  • hé t'étais pas né que j'étais à LO... en 1972.
  • ah bon !
Sur le mouvement ils sont plus dubitatifs que moi :
  • ouais c'est une majorité d'ouvriers qui protestent contre la baisse du niveau de vie, mais 68 c'est quand même neuf millions en grève !
  • Bien sûr mais pépères et très éloignés en général du romantisme étudiant, et on ne parlait pas de renverser l'Etat comme maintenant... la crise est plus grave aujourd'hui...
  • sur ce dernier point ils étaient d'accord mais pas avec mon idée que la grève syndicale ne sert plus à rien.
Nous voyons passer de vieilles motos avec chacune deux flics dessus, je crie « c'est encore les voligeurs ». Décidément l'Etat aura ressorti tout le vieux matos. Je me rappelle fort bien avoir vu ces motos le soir de la manif où Malik Oussekine avait été battu à mort. La fonction de ces engins était de poursuivre les manifestants sur les trottoirs, le flic à l'arrière, armé de sa matraque, n'avait plus qu'à frapper au vol. Tiens tiens on nous avait dit que ces engins étaient interdits d'utilisation depuis la mort de Malik. Faut jamais croire une parole d'Etat. Et avec, en mains, pire que la matraque, un flash-ball.

Une jeune fille de LO m'aide à enfiler mon gilet jaune et je pars traverser un cordon de CRS qui ne me fouillent pas. Devant moi marche le célèbre Eric entouré de ses potes, les gens le saluent ou crient « Eric Eric bravo ! ».

La place de l'Opéra elle est toujours là, avec ses réverbères. Je reconnais toujours celui sur lequel j'étais monté le 23 mars 1979 pour haranguer en vain les ouvriers de Longwy. Elle est clairsemée de gilets jaunes qui ont tendance à s'agglutiner contre les forces de l'ordre barrant chaque avenue. C'est un traquenard, je ne sais pas encore si je pourrais en ressortir, mais des gilets jaunes boulevard des Capucines nous avaient rassuré en disant que les flics laissaient couler aujourd'hui.

Je m'approche de la rangée des magnifiques chevaux. Un camarade est en train de soutenir au pandore juché sur son cheval qu'ils n'ont pas le droit d'empêcher de manifester, ce dernier lui répond qu'il n'y a pas eu de demande de manifestation officielle. Le même genre d'interpellation qui se répète d'un endroit à l'autre. Moi c'est le sort des chevaux qui m'inquiète et je questionne le pandore :
- vous n'avez même pas prévu un masque pour votre animal ?
  • aucun problème, les chiens et les chevaux sont immunisés contre les gaz lacrymogènes, me répond-il aimablement.

Un groupe déjà aviné s'est enhardi et s'est porté à mes côtés. L'un d'eux se met à tenir un langage grossier à l'égard du policier qui se tait désormais. Je me mets en colère et je lui demande de cesser ses insultes. Désarçonné l'autre se reprend :
  • non je disais pas ça pour lui mais pour l'enculé de Macron.
Je m'éloigne pour me diriger vers les marches de l'Opéra où la foule est plus compacte. Contre les grilles Maxime la casquette à l'envers et Priscilla sont interviewés. Priscilla me navre :
  • on est pourri de taxes...
Je pense que ces petites vedettes sont décidément bien insignifiantes et représentatives du manque de cervelle de ce mouvement. Pire j'entends deux ou trois zigotos qui naviguent entre les gens avec de grands panonceaux « RIC » faire de la pub pour cette ânerie et entrer en grande conversation sur la citoyenneté. Ils veulent une révolution par référendum ces pitres. On entend une voix crier: "ça va partir en vrille!". Je cherche en vain d'où elle provenait. Depuis le haut des marches on n'aperçoit que deux ou trois pancartes d'un humour lourd et une autre pour le « RIC ». Je décide de rentrer dans mes pénates soigner mes pieds.

Il ne se sera rien passé d'intéressant à Paris aujourd'hui. A République on n'a point vu les 150 organisations de gauche prévues ni d'embrassades géantes avec les gilets jaunes. Place de l'Opéra deux ou trois badges CGT et un fanion seulement. Pourtant en province ça a bardé et ils ont été très nombreux dans les grandes métropoles à confronter la police. Je comprends que l'impact de l'attentat de Strasbourg en ait refroidi certains pour faire le voyage à Paris et aussi le manque d'argent pour d'autres. Les casseurs ne sont pas venus car la foule n'était pas assez vaste pour les cacher. Il y a aussi des questions à clarifier pour continuer, sachant que ce n'était que le début des attaques-réformes et que les questions économiques ne peuvent être enterrées sous cette démagogie citoyenne du RIC. Si les animateurs n'éclaircissent pas ce point, ils ouvriront la tombe au mouvement. Ce référendum d'initiative populaire n'est qu'un nouveau cheval de Troie non pas de la seule extrême-droite mais possible planche de salut pour la haute bourgeoisie qui a compris via l'OBS: "il faut que la politique reprenne du terrain. Les "gilets jaunes", aussi divers, aussi confus soient-ils, réclament leur part de citoyenneté. A nous de la leur apporter dans le cadre de la démocratie. IL faut que la foule des barricades redevienne peuple" (L'OBS du 13 au 19 déc 2018, p.44). Le RIC une vieille idéologie à dormir debout? C'est ce qu'on verra dans mon prochain article.


Elles n'ont pas attrapé une pneumonie au moins?

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