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mardi 10 octobre 2017

L'histoire vulgarisée: la révolution russe version rose bonbon


La théorie se change en force matérielle dès qu'elle saisit les masses. La théorie est capable de saisir les masses, dès qu'elle argumente ad hominem, et elle argumente ad hominem dès qu'elle devient radicale. Être radical, c'est saisir les choses à la racine, mais la racine, pour l'homme, c'est l'homme lui-même.
« Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel », Karl Marx


Chose promise, chose due. Malgré ma fainéantise matinale je vous fais le compte-rendu de la conférence à l'Université populaire d'Arcueil (titre ronflant pour réunions gériatriques sans conséquences) de l'historien Eric Aunoble. Publié par les éditions réacs de l'intelligentsia anarchiste - La Fabrique (des caténaires anti-Sarkozy) - Eric Aunoble se présente sous les aspects des plus avenants d'un bon gars qui remonte le courant sinueux de l'histoire, il appelle cela une méthode rétrospective. Il a du pot, il parle russe et a pu fouiller dans les archives de Pétaouchnok en Ukraine, ça vous épate ? Moi oui, un peu. Naïf que je suis – ah visiter le mausolée de WIL (Wladimir Ilitch Lénne) et comprendre le russe profond ! Je l'ai félicité de remonter à la source... c'est pourtant la technique de base de tout individu conscient face aux mensonges de l'antibolchevisme primaire qui régente l'édition française, et de tout révolutionnaire qui veut comprendre les raisons de l'échec vintage 1920. Quoiqu'on n'ait pas attendu M. Aunoble  pour systématiquement se méfier des raconteurs d'histoire diplômés universitaires, anciens sectateurs staliniens ou trotskiens.  Un historien qui vous incite à lire les dossiers du marais gauchiste Alternatives Libertaires ne peut pas être tout à fait honnête. Surtout si en plus il est membre de la secte Lutte Ouvrière.

A l'évocation des Annales, le gars bavera d'envie : l'école suprême d'histoire à la française. Sans doute sera-t-il un jour reconnu comme digne de pondre un article comme son idole Ferro sous les aisselles du must de l'historiographie hexagonale.

Avant de vous révéler la stratégie du noble historien professionnel et ce qu'il essaie de nous revendre, survolons l'exposé. Il y a incontestablement une tonalité d'analyse qui paraît nouvelle, hors de la langue de bois des admirateurs inconditionnels et léninifiés d'Octobre 17 qui débattent ad eternam du moment de la contre révolution et de l'épilogue de son triomphe. Aunoble nous convie à remonter le temps, mais regard fixé uniquement sur le rétroviseur et voiture en roue libre. C'est étrange mais non démontré, il affirme d'emblée que « le processus révolutionnaire disparaît » dès après le renversement du pouvoir tsariste. En vertu de quoi ? Du fait que le méchant parti bolchevique a pris le pouvoir ? Du fait que la révolution ne serait qu'un processus intra-social genre altermondialiste éleveur de chèvres et culture des salades à Notre Dame des Landes ? Non, car on assiste à un « foisonnement de la société ». Il y aura, comme il le révèle dans une conférence précédente, des associations d'orchestre sans chef (d'orchestre), des comités d'immeuble pour remplacer les concierges traditionnellement inféodés à la police. Et des marchands de savon sans savon comme je le lui ai objecté. Passionnant... dans l'infinitésimal.

On a tort, ajoute-t-il d'opposer Février (étape bourgeoise de la révolution anti-tsariste) à Octobre (étape prolétarienne) car un type sympa, menchevique de son Etat, le nommé Skobélev avait présidé à une réforme du code du travail russe autrement plus honnête que celle de Macron en ce moment1
Aunoble n'est pas un simple historien mais un sémiologue doublé d'un sémanticien, voire triplé d'un syntacticien. Les révolutions ont commencé en général en tant que guerres civiles et ce n'est que beaucoup plus tard qu'on les qualifie de révolutions. Au moment de la décapitation du roi en France, ce n'est pas encore perçu comme une révolution. Il émet de grossiers mensonges en passant comme celui-ci : « personne n'a soutenu le régime tsariste », c'est un poil vrai à l'intérieur du pays mais, par après, les forces armées coalisées des bourgeoisies européennes pour rétablir sur son trône le cynique Nicolas II, c'est pas un soutien massif ?
Très vite les événements sont lus à la lumière de la révolution française. C'est l'historien Aunoble qui le dit,mais c'est faux. En milieu socialiste et prolétarien c'est lu à l'aune de la Commune de 1871. On verra qu'il utilise la même méthode de l'amalgame à la stalinienne, en rejetant tout intérêt pour la publication des décistes et des communistes de gauche, comme l'ont fait les éditions Smolny, car cela fait trop spécialisé, et que le public ne suit pas : « d'ailleurs moi-même, je coche les articles spécialisés de mes collègues mais je préfère lire d'abord les articles plus légers ». L'histoire doit être donc simplifiée pour les masses d'intelligence limitée2. C'est pourquoi il croit que Soljenitsyne a été le principal révélateur des goulags au monde entier (j'y reviens à la fin).

On retrouve une petite touche de jugement a posteriori altermondialiste : « Pourquoi la contestation (?) a-t-elle continué ? Parce que la société russe était déstabilisée par la modernisation ». N'importe quoi. Et ce n'est qu'en second lieu qu'il évoque la causalité de la guerre mondiale. La nouvelle analyse « rétrospective » de notre historien banlieusard sent le vieux à plein nez, je dirai même le moisi trotskien ; il ne cesse d'insister sur la disparition de la police, comme une espèce de compensation à la fin de tout processus révolutionnaire depuis le début ; avatar imaginaire précurseur de la défense de l'Etat ouvrier dégénéré dès sa naissance ? Plus de police tsariste laquelle aurait été remplacée par une garde rouge surtout destinée « à garder l'outil de travail » (cet amant de la syndicratie ne nous dit pas contre qui) et des comités d'immeubles, géniale invention de la révolution (démocrate altermondialiste de Février)3. Bizarre cette focalisation sur l'infinitésimal sociétal qui évite de se confronter aux grandes questions, gênantes pour les vieux coucous trotskiens : Cronstadt ? Le parti-Etat ? La politique diplomatique du chef d'Etat Lénine ? Le ministre gouvernemental Trotsky militarisateur des syndicats ? Une curieuse « vulgarisation » de l'histoire comme je le lui balancerai plus tard dans le maigrichon débat.
Le monde est beau, il est bolchevique. On vous a raconté des bêtises sur l'anarchisme en Russie où il n'existait que depuis 1905, Kropotkine et Bakounine étaient planqués en Suisse ou en France et n'écrivaient même pas dans leur langue natale4. C'est encore du grand n'importe quoi effaceur d'histoire à la manière stalinienne. L'antisémite et révolutionnaire national Bakounine a autrement souffert de la prison (en Russie) que l'exilé Karl Marx. La vie du révolté incohérent a été autrement plus terrible que celle du solide raisonneur de Londres5. L'anarchisme, contrairement à ses sectateurs et historiens n'est pas homogène, il n'est que confusion et mélange d'idées réactionnaires, il est la vieille théorie confuse de la petite bourgeoisie depuis le 19e siècle. Mais ce n'est pas une raison pour le gommer de la fin du XIXe siècle en Russie où, en effet, les narodnikis et les divers nihilistes provenaient bien de ce courant, sans oublier que nombre de futurs bolcheviks ou tchéquistes avaient été eux-mêmes anarchistes depuis le siècle passé6. Venir nous raconter que l'anarchisme n'apparaît en Russie qu'après le bolchevisme fallait le faire ! Aunoble l'a fait. D'où son nom patrimonial mérité ! Or l'anarchisme narodniki a été indéniablement précurseur de la révolte des masses prolétariennes et n'a pas été étranger au rigorisme du parti bolchevique (Lénine ne dit pas du mal de cette expérience). A l'époque on ne rigolait pas avec la complaisance syndicale façon FSU, CGT ou SUD. Ce ne sont pas seulement des nobles oppresseurs qui étaient abattus mais aussi des patrons cyniques. Respect pour les narodnikis.

Cela confirme des oeillères trotskiennes chez cet historien, et même plutôt de type staliniennes. Il ne peut cacher au moins une proximité avec les pires soutiens à l'idéologie stalinienne du socialisme de caserne, car, comme il le glisse à un moment de sa phraséologie, « l'idée de capitalisme d'Etat le fait marrer ».Ce n'est pas étonnant en ce sens qu'il fasse la moue lorsque je mets systématiquement dans le même sac, au cours de mes interventions, trotskiens et staliniens, la martyrologie trotskienne a vécu, et les deux cadavres sont dans le même tombeau théorique.
La vision lénino-trotskienne réapparaît rapidement avec l'apologie des « militants » ; cela sent le trotskisme réchauffé à plein nez. Il nous apprend que le « milieu militant est soudé par la répression », et envoie chier le collabo Werth en passant (qui en effet caricatura le Pcb en parti doctrinaire et attrape-tout). Revoilou le PC bolchevique caractérisé par « sa discipline »7. Ce qui est une invention des post-léninistes et des plus bêtes des invariantistes bordiguistes.
Il a raison pourtant notre noble historien de souligner le rôle secondaire des anarchistes pendant la révolution, et il néglige le fait qu'ils retombent dans l'ornière bourgeoise en soutenant les attentats terroristes. L'historiographie bourgeoise française dominante en France leur fait la part trop belle.

« Les masses se sont radicalisées » ? Aunoble utilise un concept pervers de notre époque qui n'aide en rien à comprendre les évolutions ou mutations politiques. Jamais ni Marx ni Engels n'ont utilisé ce concept vaseux et généraliste de radicalisation. En fait il ne croit pas un instant à, en tout cas, un durcissement autonome des masses. L'idée de faire renaître les soviets de 1905 ne serait venue que « d'un groupe de militants » (lesquels ? Du Pcb ? Du NPA?). L'idée « se répand ». Les soviets soldats et paysans ne sont pas nés spontanément. Ah bon ? Il y était présent le Aunoble ?

Le fait que le vote ouvrier vaille trois ou quatre fois celui d'un paysan est communément admis. C'est Aunoble qui le dit. C'est possible mais bizarre. En tant que défenseur du prolétariat je trouve cela très bien. Les cul-terreux restent des culs-terreux et n'ont jamais été vraiment révolutionnaires jusqu'au bout. Mais vous imaginez qu'on propose cela à l'avenir à nos populations « démocratiques » ? Vous imaginez pas le chahut ? L'exposé d'Aunoble reste à cet endroit dans le rétrospectif et prête à sourire pour son inconséquence.

Un des secrets de l'histoire vulgarisée, outre d'esquiver les vrais questions politiques, est d'insister sur des détails picrocholins, tel épisode amoureux, telle scène « vécue ». Il ne s'en prive pas ponctuellement, avec l'épisode croustillant où les soldats arrachent les galons des officiers. Cela fait vendre l'histoire romancée.

Parmi les révélations qui n'en sont pas (certes pour les révolutionnaires chevronnés d'histoire), la société russe est présentée comme ouvriériste. Aunoble fait une remarque évidente de bon sens, la conscience de classe n'est pas partagée que par les ouvriers, mais c'est la majorité de la société qui se sent alors porteuse de cette « conscience de classe » alternative à un monde en guerre. C'est vrai et c'est bien vu, même par un trotskyste déguisé en historien démocrate.
Le sémanticien refait surface pour nous révéler que les best-seller, après Alexandre Dumas, en Russie des années révolutionnaires sont de petits dictionnaires d'explication des termes. Il y a là une réaction normale d'une société dominée encore par l'analphabétisme, mais aussi une démarche politique (que Aunoble ne voit pas parce qu'il n'a pas vécu mai 68) propre à toute époque de bouleversements politique et qui ne se traduit pas (c'est pas vrai) par la recherche de dicos mais de la littérature révolutionnaire en général et marxiste en particulier (moi en 68).
Autre révélation touchante que l'historien sait faire saisir de façon imagée : « en 1917, ne pas être membre d'un parti c'est comme aujourd'hui un homme sans portable ». Réflexion typiquement post-léniniste ! La révolution ne vit pas pour l'essentiel dans les appareils de parti mais dans les assemblées et les diverses réunions où il n'est pas obligatoire d'être membre de parti !
Comme avec le concept de radicalisation, Aunoble nous sort de sa manche la « droitisation » de l'intelligentsia !? Encore un qui n'est pas guéri de la croyance que la gauche républicaine et soc-démo n'est pas bourgeoise. L'intelligentsia russe aurait été choquée par la violence de la révolution ? Explication très courte. Où a-t-il trouvé ça ? L'intelligentsia russe, ou une bonne partie de celle-ci était comme toujours soucieuse de maintenir ses privilèges et la violence, à son profit, ne la gênait aucunement (cf. les attentats contre le pouvoir « bolchevique ») et le soutien aux KD, non pas droitisation mais collusion avec la politique bourgeoise.
Pourquoi se hasarder à dire que le putsch Kornilov arrive trop tôt ? Ce n'est là aussi qu'une manière d'évacuer à nouveau le fait que la victoire des masses ouvrières et du parti bolchevique n'a aucunement relevé de la théorie fumeuse du front unique, théorie bourgeoise des fronts populaires et du trotskysme. Pourquoi termine-t-il avec le texte d'Alexandre Blok, « l'intelligentsia et la révolution »8, et glorifier le totalitarisme foutoir de son maître l'ubique Marc Ferro ? Et cette étrange question, voire vaste questionnement : « comment éviter un vide étatique ? ».

La salle était malheureusement composée d'une majorité de têtes chenues, passives et amorphes. Donc excepté deux ou trois questions ponctuelles, j'en suis réduit à convenir que seule mon intervention pouvait peut-être réveiller un véritable débat. Je n'ai pas dit ce qui suit entre parenthèses.
J'ai dit que je restais un partisan de la révolution d'Octobre. J'ai salué un effort pour « remonter à la source » au niveau d'un travail d'historien, car « vous les historiens n'êtes pas tombés du ciel, vous devez tant aux Souvarine et Ciliga » (ce que bien des minorités politiques et des générations n'ont pas cessé de faire avant lui mais) mais je l'ai invité à prendre garde à ne pas négliger les minorités opposantes qui ont dénoncé les premières manifestations de la contre révolution, qui, elles étaient des garantes pour l'avenir, même en rappelant Lénine à ses propres écrits (lui qui avait appelé « tout le pouvoir aux soviets » pour finir par « tout le pouvoir au parti). Mais, ai-je continué : « peut-être vous ai-je mal lu mais dans mon blog je vous ai sévèrement critiqué pour avoir dit que Soljenitsyne avait révélé les goulags », c'est faire l'impasse sur le fait qu'on savait déjà depuis longtemps grâce aux écrits des Souvarine et Ciliga (et surtout aux minorités maximalistes). Je lui ai reproché ultérieurement une vulgarisation de l'histoire dans le même sens que l'historien de gouvernement Ferro.
Sa réponse a été que je l'avais mal lu, mais qu'en effet Soljenitsyne a bien révélé au grand public l'existence des camps, car les textes plus spécialisés restaient occultés pour ce grand public. Il a défendu en gros sa « vulgarisation » de l'histoire et une conception, typique de l'intelligentsia, hors de la réalité et étrangère au milieu ouvrier. Je n'incrimine pas. J'aime lire les travaux des divers historiens, mais le métier a ses limites9. Plus important, et ce qui m'a échappé sur le moment, à aucun moment il ne s'interroge sur le fait que les "révélations" de Soljenitsyne ont desservi et le prolétariat et la révolution, ni pourquoi les révélations des Ciliga, Silone et les dénonciations des minorités communistes intègres n'ont jamais eu voix au chapitre médiatisation pendant les années de la guerre froide. Je l'avais donc bien lu.
Aunoble est beaucoup plus jeune que moi et n'a jamais vécu ces années (guerre froide puis sortie de) en milieu ouvrier comme moi. Conscience ne signifie pas tout savoir ou avoir appris uniquement par les livres. J'ai connu tant de vieux prolétaires qui avaient fait au moins deux guerres, et il n'y avait pas besoin à l'époque de Soljenitsyne ni de Werth pour savoir que derrière le rideau de fer c'était le bagne. Dans l'intelligentsia dominante certes stalinisme et trotskisme faisaient encore la pluie et le beau temps, mais, comme aujourd'hui l'antifascisme et l'antiracisme, cela ne prenait pas, ne collait pas à la véritable conscience de classe. Une anecdote du début des années 1990 (à mon tour à charge de revanche). Un collègue, ancien membre du parti trotskiste lambertiste, le plus néo-stalinien mais le plus connaisseur en histoire, m'avait rétorqué, lorsque je lui avais jeté à la figure l'existence de vastes « isolateurs » en Sibérie :
  • tu as vu ça où ?
  • Dans mes lectures.
  • Tu lis des conneries de la bourgeoisie.

Bon, et quelques mois plus tard, me rendant au supermarché Carrefour à L'Hayes Les Roses, je vois une grande affiche électorale avec en photo comme candidat du PCF section Val de Marne, mon collègue. L'empirisme étroit ne fût pourtant pas toujours le cas du seul stalinisme. De nos jours qui peut me démontrer qu'il ne fait pas encore florès ?


NOTES


1Que vaudrait la gouvernance Macron et sa réforme s'il n'y avait aucune manifestation, dit justement un des pitres chef du service politique de BFM ? Bien vu. C'est grâce à ces manifestations ridiculement badgées de fonctionnaires hyper-corporatifs (qui ne sont pas encore vraiment touchés par la nouvelle réforme, l'Etat n'est pas suicidaire), motivés par cette idiotie syndicrate de « pouvoir d'achat » et de « reconnaissance » (par la feuille de paye et les médailles), que passent les mutations anti-ouvrières des gouvernements bourgeois successifs. Sans oublier les lecteurs neuneus de La Fabrique qui viennent apporter un peu de sel avec leurs déguisements de petits émeutiers à des processions monotones remplies de vieillards trotskiens décatis et staliniens déconfis. Le seul inconvénient de la nouvelle réforme, et c'est pourquoi elle ne va pas enflammer la classe ouvrière, est que le secteur fonctionnaire servait jusqu'ici de variable d'ajustement, en France, pour le marché de l'emploi ! Les « planqués » le resteront, tant pis pour les aspirants à un monde bisounours nationalisé et syndiqué à 90%.
2C'est l'argument d'autocensure des éditions bourgeoises ou des vieux anars des Cahiers Spartacus pour refuser les vieux textes de la « gauche communiste ». Certes il faut se rendre compte que des textes trop précis et fouillés peuvent être rébarbatifs. Des millions ont lu le Manifeste de 1848 et n'ont pu se résoudre à lire le Capital de Marx. Mais la perversion en l'espèce réside dans la manipulation, peut-être involontaire, de l'historien à la recherche du succès éditorial, où, en décorant ses descriptions par des faits divers ou des anecdotes croustillantes il fait l'impasse sur les questions de fond politiques. Deux honorables membres de la « Gauche communiste » étaient présents. Mauvais utilisateurs du micro de la salle ils se sont contentés de questionner l'historien sur son travail d'historien.
3Gare!Le FN pourrait s'emparer de l'idée pour protéger les habitants des banlieues à risque !
4Cette caricature d'absence d'anarchisme en Russie fait penser à la cuistrerie de son maître, Marc Ferro, qui s'est ridiculisé récemment à la télévision en nous inventant un Lénine débile et planqué en Suisse, avec une petite musique subliminale pour bien assurer qu'il était gogol.
5Pour la version historique anarchiste (peu crédible) lire ici: http://monde-nouveau.net/IMG/pdf/Extrait_de_Octobre_1917_-_L_anarchisme_en_Russie.pdf Lire par contre l'intéressante lettre aux anarchistes de Victor Serge en 1920 : https://www.marxists.org/francais/serge/works/1920/08/anarchistes.htm
6Ce qui m'a frappé chez cet historien ambigu  c'est son incapacité à concevoir que les bureaucrates staliniens puis trotskiens pouvaient rester anarchistes dans leur conception de la vie. J'ai connu nombre de militants CGT, encartés au PCF, qui tenaient un discours typiquement anarchiste, c'est à dire sans principes, capables d'appuyer tout ce qui bougeait, d'êtres racistes, de se muer en casseurs tout en les dénonçant, etc.
7Manque de pot, j'en connais peut-être plus que lui sur la révolution russe, et il jouait encore aux billes quand j'avais fait « mes classes » de lutteur prolétarien. Je l'ai recadré sur l'absence de discipline de ce parti (cf. au moment de l'insurrection avec l'irresponsabilité des Kamenev et Zinoviev, sur les anars dans la Tchéka et sur le programme maximum. Anecdote comique, à un moment Aunoble se flatte d'avoir serré un peu la main de la révolution en serrant la paluche à Marcel Body, qui ne fût pas une bien grande figure révolutionnaire. Je n'ai pas résisté, hélas en bafouillant, à surenchérir: et moi j'ai serré la main qui a enterré Lénine ... euh de Ian Appel (Appel dit Hempel fût président des conseils d'ouvriers d'Allemagne et était présent au premier congrès de fondation du CCI. Quelques années après sa mort, Marc Chiric s'était fait inviter chez moi avec la veuve de Appel (sans doute pour lui exhiber un modèle d'ouvrier combatif parisien de ces années-là). Je leur ai pas offert une soirée terrible. Je ne savais quoi dire alors je leur ai passé des films d'actualité des années 1930. Mais bon j'avais aussi serré la main de la compagne d'un grand révolutionnaire). Au jeu de "t'as serré la main de quel grand homme?", je pourrais être très fort, j'ai approché le grand Charles aussi en 1958 à Albi et au Mont Valo à Suresnes en 1965. Et il m'avait regardé dans les yeux. D'un regard vide.
8Lire ici et l'excellente réponse de Trotsky à ses mièvreries : https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1532
9J'ai un défaut, qui est une qualité, comme l'a dit gentiment à mon propos Camate dans une lettre à François Langlet : « c'est un type à qui on ne la fait pas ».

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Je profite de cet article pour vous féliciter pour la qualité de votre blog. Je ne suis pas toujours d'accord avec tout ce qui est dit mais ça fait plaisir de voir un marxiste qui a un style bien lui avec de bonnes formules de phrases, et qui ne donne pas l'impression de ressortir des phrases toutes faites comme beaucoup. J'aurai aimé savoir si vous connaissiez des historiens intéressants sur la révolution russe (sans parti pris) car la plupart que j'ai lu sans très anti bolchevique et révolution d'octobre ou alors ce sont les écrits de Bordiga(que j'aime beaucoup mais ce n'est pas un historien ). Merci d'avance.

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