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vendredi 2 octobre 2015

CHARLIE TODD : UN ISLAMOLOGUE PAR TEMPS DE CRISE RELIGIEUSE


(crise religieuse avec une religion qui transforme les femmes en zombies ou crise bourgeoise?)

Dans son essai Qui est Charlie ? Sociologie d’une crise religieuse (Seuil, 252 p., 18 €), Emmanuel Todd qualifie les manifestations des 10 et 11 janvier « d’imposture ». Loin de l’image unanimiste et fumiste fournie par la propaganda elles auraient essentiellement mobilisé une France petite bourgeoise, vieillissante, blanche, bourgeoise et de culture catholique. Loin de défendre la liberté d’expression contre l’intégrisme religieux, la motivation profonde des marcheurs aurait été islamophobe, voire à terme potentiellement antisémite. « Nous » ne ferions pas assez pour faire de l'islam un pilier du républicanisme.

« Nous » n'avons pas attendu dans ces colonnes M. Emmanuel Todd, encensé partout comme démographe, anthropologue polygraphe plus ou moins fantaisiste dans ses interprétations, pour nous désolidariser de « l'esprit Charlie » et de l'hypocrite et fugace union nationale qu'il a présidée. Jusqu'alors j'étais plutôt intéressé et bienveillant à l'égard de ce démographe, dont le travail et la discipline s'apparentent à une démarche scientifique contrairement à la prestidigitation des sondeurs électoraux. Force est de reconnaître qu'en dépit de sa longue diatribe contre l'esprit « Charlie » il n'est nullement devenu un révolutionnaire marxiste ni un proche de combat contre les mille et une mystifications de la bourgeoisie. Ce n'est que du Plenel bis qui évacue la dimension terroriste et obscurantiste de l'islam moderne sous un des termes de la novlangue, l'islamophobie. La conséquence devient la cause. Prônant la grande réconciliation universelle, il n'a pour cible que la laïcité « dure », reste surdéterminé par ses origines juives et nous propose cette inanité de nation retoquée pluraliste pas buraliste, parce que l'autre terme de la novlangue – le multiculturalisme – appelle le ghetto.

Notre démographe, pourtant si soucieux de calculer les proportions des classes, oublie en route leurs déterminations, leurs clivages, les projets politiques dont chacune est porteuse, pour se livrer à une explication professorale et limitée d'une société française surdéterminée par la religion catholique ; il enrichit au passage la novlangue de ses néologismes : catholicisme zombie, protestantisme zombie, laïques anciens, laïcisme radical... mais pas de religion juive zombie ! J'allais dire zarbie !1 Xénophobie subjective, objective, etc. Qui est vraiment zombie? Ce sont les femmes musulmanes qui sont transformées en zombies!

Nombre d'annotations sont justes sur le poids en continu de la religion catholique chez la bourgeoisie française « recatholicisée au XIXe siècle » par peur de la révolution sociale. J'ai toujours trouvé que cet auteur mineur frôlait le marxisme par, souvent, des questions pertinentes, mais il faut reconnaître son impuissance à y répondre. Au terme de l'année 2005, bien perturbante pour les classes dirigeantes « on aurait pu entrevoir que la France allait renouer avec la bonne vieille lutte des classes », dit-il, « mais la France ne s'est pas décidée pour l'affrontement économique » . Saluons au passage ce mépris pour la lutte des classes réduite au plan économique. Il est consternant de constater l'aveuglement de cet intellectuel en chambre face à la communautarisation de la vie sociale, qui est le principal croc en jambe à la lutte de classes – quand il découpe, hors causalité, cette marmelade idéologique en « antisémitisme des banlieues » et « islamophobie » (refrain islamophile). Et donc excuse l'Etat et ses médias de leur intense propagande sur les variétés d'islam tout azimuts, tout à son ire contre la petite bourgeoisie, cause de tous les maux ; c'est la théorie de ce monsieur, non seulement la petite bourgeoisie dirigerait l'Etat moderne mais aurait été à la tête de toutes les révolutions du passé !

Tout n'est-il pas la faute à « l'athéisme difficile » ? C'est « le cœur laïque de l'hexagone » qui contribue au « mal-être religieux » ! A partir de là toutes les explications vont dépendre du facteur religieux et non plus de la lutte des classes ni des errements de l'idéologie capitaliste. Le nouveau diable laïc a émergé du vide laissé par la disparition ultime de l'Eglise, la chute du PCF n'aurait fait que suivre la chute de la pratique religieuse. Chute de deux religions donc, ne reste que l'athéisme qui « n'aboutit qu'à définir un monde dépourvu de sens et une espèce humaine sans projet ». Cette hémiplégie critique confirme que cet auteur, s'il s'approche parfois des vraies questions, dérape à côté de la plaque invariablement. La chute du PCF a une explication toute rationnelle, sa participation au gouvernement bourgeois de Mitterrand. Et le vide laissé par la chute du stalinisme en Russie – qui est en effet la chute d'une pratique religieuse de socialisme de caserne – n'a rien à voir avec les aléas du catholicisme maintenu en milieu bourgeois ou avec les athées bornés. Le vide est avant tout social et politique : la religion stalinienne (que Todd a pratiqué dans sa jeunesse) a fait subir au communisme ce qu'Attila fît pour le gazon.
Notre vieux défroqué de l'idéologie stalinienne, reconverti aux joies du libéralisme sans patrie ni frontières, déplore ensuite un athéisme « générateur d'angoisse », « la population de l'hexagone (est) en état de risque métaphysique ». L'athée n'est pas loin d'être un malade mental, sans joie et sans espoir, mais parce qu'il lui manque un bouc-émissaire après la disparition du curé de village !
La recherche démographique avance à pas de géant, dès la page 65 notre savant anthropologue peut pontifier au pluriel SVP, y inclus nous les élèves : « Parvenus à ce stade de l'analyse, nous devons même nous la représenter comme à la recherche d'un adversaire structurant, d'une cible. L'islam est disponible, dans nos banlieues désorganisées par la crise du capitalisme avancé, et dans ses pays d'origine, bouleversés par leurs crises de transition vers la modernité ».
« La diabolisation de l'islam répond au besoin intrinsèque d'une société totalement déchristianisée. Nous ne pouvons sans cette hypothèse, comprendre la mobilisation de millions de laïcs défilant derrière leur Président catholique zombie pour défendre le droit absolu à caricaturer Mahomet, figure religieuse respectée par au plus 5% des habitants du pays, parmi les plus faibles et les plus fragiles ».
Sauf que cette hypothèse est débile. C'est de société déstalinisée qu'il faut parler au plan politique, et dont les apôtres Méluche et les obscurs derniers apparatchiks du PCF ne sont plus que les ombres. Cela, en politique, n'est pas une hypothèse mais une réalité, comme est une réalité que le libéralisme (pas la laïcité) a autant peur du vide que les curés dans leurs églises, et qu'il a fallu prier pour la réincarnation d'une autre forme d'opposition frauduleuse au capitalisme, en grand remplacement du stalinisme à l'échelle mondiale, et que l'islam universel est la carte politique toute trouvée, religion politique, religion de guerre non de classes, religion non d'avenir mais du retour en arrière, comme le stalinisme fût un retour à cette sorte de féodalisme d'Etat capitaliste.

Sur la manif Charlie, Todd a entièrement raison. Ses statistiques démontrent amplement que l'épine dorsale de ces manifs grotesques au cul de l'Etat bourgeois furent le fait de la petite bourgeoisie ; même les résidus du gauchisme et de l'ultra-gauche se félicitèrent du braiement de ces milliers d'ânes. Oui OK : Charlie = cadre, supérieur et catholique zombie.
« Les milieux populaires ont été réduits au silence, tout comme les descendants d'immigrés des banlieues, absents pour l'essentiel des manifestations ainsi qu'en ont finalement convenu tous les commentateurs. La République qu'il s'agissait de défendre n'était pas celle de tous les citoyens ».
Hélas, comme Todd n'est pas politique, simple variété de sociologue le nez sur ses graphiques, tout à sa trouvaille d'une nouvelle guerre des religions – pendant grotesque de cette autre fable dite guerre des civilisations - il ne voit pas l'utilisation par l'Etat des actes terroristes dans sa préparation à la guerre. L'immobilisme subséquent de la nuée des ânes charliesques explique leur musèlement depuis que la guerre en Syrie s'est accentuée. L'acte terroriste vient toujours alimenter la logique de guerre impérialiste et sert à valider l'union nationale intimement sentimentale. Et passe à côté de l'essentiel, masqué par tous les commentateurs et notre curé anthropologue : « les milieux populaires » (c'est à dire la classe ouvrière, français et arabes inclus) se fichent de défendre la république bourgeoise comme de défendre les terroristes, exécutants polichinelles des Etats en guerre !

Puis commence à poindre sa surdétermination juive, avec des comparaisons hors sujet, il y a du règlement de compte national-sioniste dans l'air : le projet européen et la laïcité ce sont les nouveaux anti-dreyfusards et les nouveaux vichystes ! Là où Plénel aurait crié au fâchisme, Todd se prend pour Emile Zola. Emporté par son lyrisme du nouveau roman socialo-religieux, notre amoureux des graphiques s'insurge contre « une diabolisation incessante de l'islam par des idéologues installés au sommet de la société française, à la télévision comme à l'Académie », quand on peut plutôt penser le contraire, mais à l'époque de son brouillon Todd apercevait encore le petit Zemmour assis sur la chaise à porteur de L.Ruquier, et Finkielkraut n'avait pas encore reçu l'uniforme vert et l'épée. Quoiqu'il en soit de la religion de la soumission, notre maître des statistiques vomit ces millions de français « qui se sont précipités (pour) cracher sur la religion des faibles ». Cette notion de « faibles » n'est jamais expliquée ni par lui ni par son pote Plénel. S'agit-il des arabes en général ? Des pauvres ? Qui est faible ? Qui est fort ? Todd raisonne comme les fourmis fainéantes, il découpe des segments de population et des tranches de croyances diverses, religieuses ou pas. A mon humble avis les ouvriers d'origine arabe, comme les ouvriers autochtones ne sont pas faibles du tout lorsqu'ils luttent ensemble sur leur lieu de travail ou dans leurs quartiers.
On peut comprendre que ceux qui se sentent faibles aient besoin de la religion mais la religion n'a pas besoin d'eux mais des prébendes de l'Etat bourgeois.

Notre défenseur de la veuve et de l'orphelin du ...stalinisme sous le masque de l'islam n'a que haine pour ce prétendu « catholicisme zombie qui se présente en première ligne face à l'islam (…) qui proclame le devoir de caricaturer Mahomet ». Il est vrai que l'hebdo Charlie (nanar de droite) n'était plus marrant depuis longtemps et avait fini par lasser avec ses moqueries répétées sur l'islam, typiques de l'ambiguïté de la bourgeoisie française et de ses « bounty » (cf. Malek Boutih dont le rapport dérangeant, avec quelques vérités « islamophobes » est passé à la trappe mais pas à Trappes).
Notre défenseur de l'islam défendrait-il vraiment la classe ouvrière sous son vocable charitable de « classes populaires » ou « classes défavorisées » ? Il désigne d'abord à la vindicte cette petite bourgeoisie qui mène le monde dans son labo de statisticien émérite : « Il y a bien du cynisme à faire financer par des classes populaires qui vivent sous la menace d'un chômage à 10% l'éducation des enfants des cadres » (ce que nous cache notre système d'information). Non car il ignore cette classe dans ses potentialités historiques et par fixation sur l'agitation des couches moyennes qui, en effet, pèle le dos du prolétariat, qui lorsqu'elle est en pointe et se substitue au prolétariat ne permet jamais de déboucher sur une véritable révolution.
Pourtant Todd perçoit bien les inquiétudes de la petite bourgeoisie dont des pans entiers sont en train de tomber dans le prolétariat (les journalistes qui vivent l'angoisse des ouvriers des usines de pneu de Picardie...) et il gifle la presse officielle comme L'Express ou Le Monde qui orchestrent chaque phase guerrière car « subventionnés par l'Etat ». Mais curieuse déduction, cette anxiété serait propice non pas à un renforcement du prolétariat mais « à la diffusion de l'islamophobie » !? Comprenne qui pourra. Entre marxistes nous nommons cela : appliquer de force un schéma sur la réalité sociale.
Des idioties ce long texte islamophile et religiophile en comportent des tonnes, j'allais dire des versets comme celui-ci, on dirait que les graphiques toddiens descendent dans la rue: « Le puissant effet négatif de la variable « proportion d'ouvriers » sur le nombre de manifestants indique, en revanche, que le monde populaire a désormais complètement échappé au contrôle idéologique des classes culturellement dominantes ». Hum, comme on serait content si c'était vrai et si les termes « monde populaire » étaient synonymes de classe ouvrière ! En tout cas, mon œil, le contrôle idéologique a non seulement hyper bien fonctionné au moment Charlie, mais il est pérenne, et marqué par l'instrumentalisation de l'anti-racisme d'Etat, pas par cette fumeuse notion d'islamophobie qui est justement le combat commun entre Manuel Valls et E.Todd, pour un meilleur « contrôle social » par la division de la classe ouvrière.

Y aurait-il une concurrence des massacres, plutôt qu'une volonté étatique de tout mettre sur le même plan, à la fois en dénonçant le terrorisme et à la fois en l'identifiant comme « islamique » alors qu'il s'agit souvent d'actions de dérangés mentaux comme Fofana, tortionnaire et meurtrier de Ilan Halimi pour lequel il n'y eu aucune manifestation monstre, ni lors du massacre à Toulouse en mars 2012 ? Pour notre socio-islamologue, surdéterminé par ses origines encore une fois oui : « Car il est clair qu'assassiner des enfants, ou des hommes, simplement parce qu'ils sont juifs, est plus ignoble encore que de massacrer une rédaction engagée dans un combat ». Mais ceux qui ont été assassinés « simplement parce qu'ils sont dessinateurs » c'est moins ignoble ?
Le révisionnisme historique est le soubassement de cette sociologie à la petite semaine. Le cas limite étant la xénophobie nazie « produit tardif de la famille souche allemande dans une phase d'effondrement des croyances religieuses et de crise économique » ! Que viennent faire les croyances religieuses à l'époque qui suit le massacre des ouvriers berlinois et les exactions de la faction capitaliste nazie ?

Sans aucune méthode rigoureuse ni continuité dans l'argumentation, notre ami de l'islamologie revient frôler l'essentiel mais en dérapant aussitôt sur un autre angle : « La volatilisation du communisme y a laissé le monde populaire non pas seulement orphelin de la grande Eglise rouge mais, de plus, sommé d'avoir honte de son adhésion de plus d'un demi-siècle ». Non pas pour y discerner le grand remplacement islamique, mais pour saluer son ancien parti d'obédience « immense machine culturelle qui faisait vivre les deux tiers laïques de la France, en milieu populaire, la foi dans le progrès, dans l'éducation... le meilleur de la culture bourgeoise » et bien sûr son antiracisme (en oubliant Vitry et le sordide Marchais). Rien sur le rôle contre-révolutionnaire et coercitif du stalinisme, rien sur le vide politique qui lui a succédé à part du remplissage ordinaire avec le FN. Cette sociologie poussive d'un islamologue simplet le conduit à réinterpréter bizarrement l'apparition du bolchevisme héroïque, c'est la famille russe qui, en explosant à la fin du XIXe siècle a produit (en vrac) le bolchevisme, le parti unique, le KGB ! L'effondrement du stalinisme aurait été dû à « un moment de trouble et de doute ! Il veut nous roubler ou quoi ?

L'islamologue patenté utilise à hue et à dia les notions d'égalité et d'inégalité dont on ne sait pas quoi elles contiennent, voire apparaissent superficielles ou insensées ; sa notion d'inégalité combattue soit disant par l'idéologie américaine vaut son pesant de cacahuètes, et révèle l'appartenance du bonhomme au versant US malgré sa tautologie involontaire : « La notion d'inégalité absolue d'hommes prisonniers de leur race, conçue par le nazisme, est inconcevable pour les libéraux américains, qui se contentent de ne pas considérer les hommes vraiment égaux entre eux ». L'Europe, à son « happening européiste du 11 janvier » et à ses divers « islamophobes » sont responsables de tous les malheurs, comme cette loi en Allemagne qui interdit la circoncision la plaçant au même niveau que les mutilations génitales féminines ! Les méchants inquisiteurs de la planète islam, Zemmour et Finkielkraut, juifs comme lui, se voient reprocher d'avoir réalisé un mariage endogame (« pas le grand saut du mariage mixte) !
Quand il ne défend pas ses racines juives, cet auteur nous convie à dédramatiser sur le fantasme d'invasion (ils ne sont que 5%) mais en évacuant la concentration dans les grandes villes industrielles et en mentant :  « A la deuxième ou à la troisième génération, le descendant d'immigré, quel que soit son système familial originel, adopte celui de la société d'accueil ». Tout faux, et il décrit le contraire avec le constat de la profusion du voile chez les dernières générations ainsi que l'engagement croissant auprès des bandes armées islamiques. L'échec de l'assimilation « est toujours le fait de la société d'accueil, jamais du groupe immigré ». Très discutable, mais si au moins il caractérisait cette société d'accueil et cesse d'en parler en sociologue limité comme de la France, mais en termes politiques, comme incapacité du capitalisme décadent à faire évoluer la société.

Il note que la croissance du FN a eu lieu alors que l'islam n'était pas encore la focalisation première, mais rate l'occasion de constater qu'il y a concurrence entre FN et recruteurs islamistes pour gagner à leurs causes obscures la classe ouvrière, et que si, sur le plan électoral le FN est loin d'avoir conquis la classe ouvrière, sur le terrain social la religion islamique a fait mieux pour diviser la classe ouvrière en imposant des lieux de culte en usine et en menant une guérilla permanente pour ses voilées. Il peut jongler avec toutes les phobies mais sous la leçon de morale antiraciste il ne fait que répéter les discours dominant, même de son ennemi Charlie.
Même analyse impressionniste et superficielle de la politique du PS qui, depuis les années 1980 se prétend le défenseur des immigrés et de leurs enfants (la grande préférence immigrée, grand remplacement électoral de la classe ouvrière, sans que l'immigré puisse voter) et aurait été « dynamisé par des cadres et des électorats nouveaux venus de la périphérie catholique » ; fort le café... apolitique ! En réalité, le parti rose, qui comporte dans son staff dirigeant un nombre conséquent de politiciens d'origine juive et gauchiste, n'aurait pas pris d'ampleur s'il n'avait été composé que de chrétiens bourgeois (j'allais dire crétins). Il doit sa mue à l'habileté du vieux routier Mitterrand et à sa capacité à absorber une ribambelle de transfuges du gauchisme, certes pas très catholiques par leur trajectoire arriviste.
On ne peut qu'être que d'accord sur le fait que la gestion « antiraciste » bienveillante du PS « enferme dans le chômage les quartiers menacés » et interdit l'assimilation des enfants d'immigrés.
Résumé de Todd : « le PS est objectivement xénophobe, l'électorat du FN est subjectivement xénophobe ». Même avec son schmilblic (« l'outil scientifique de symétrie ») y a pas de graphique pour le prouver ! Comme il n'y a pas de graphique pour décrire « la complaisance passée du gouvernement français avec l'islamisme le plus dangereux ». Il y a des fulgurances bien vues : « Nous vivons dans un monde idéologiquement dominé par l'âge, dans lequel les jeunes sont incités à se préoccuper de leur retraite avant même d'avoir trouvé un emploi » ; « l'Etat social des classes moyennes et des vieux n'investit plus vraiment dans la construction de logements » ; « c'est le cinéma permanent des politiciens qui font semblant de s'opposer les uns aux autres et d'un parlement réduit à une scène de théâtre ».

Par contre il n'existe pas plus de « musulmans de France » que de « juifs de France », la diversité sociale n'autorise pas les curés des divers cultes à se prétendre chefs de la communauté, mais Todd ne le dit pas aussi clairement que moi. Il est d'un simplisme absolu en reliant taux de chômage et attachement à la religion musulmane, parce qu'il ne connaît rien à la politique et que la religion n'est pas une question économique.

Il passe sous silence la grande révolution de la laïcité, pas seulement en France, qui a permis aux classes exploitées d'apprendre à lire, à écrire et à se passer des intellectuels curés pour combattre la bourgeoisie. Il passe sous silence la régression considérable qui frappe écoles et lycées où l'ignorance et la mauvaise foi qui s'appuient sur les codes musulmans, défient tout enseignement cartésien, conchient Darwin et le raisonnement scientifique, contestent les crimes les plus évidents, à la suite des fachos de cave sur la négation des chambres à gaz, le nombre des morts dans les twins de New York (ils dansaient en Palestine...), même ceux de Charlie. Qu'on ne puisse pas discuter avec des gens, adultes ou adolescents qui vous certifient que le coran est scientifique, qu'il a tout prévu, égorgements, foulards et assassinat des laïcs et des juifs, qu'il respecte la femme, tout cela est hors de la vue de notre islamologue bienveillant qui regrette qu'on n'ait pas appris à lire aux pères en leur construisant déjà des mosquées.
Il ne se prononce jamais sur l'oppression de la femme (masochiste ou pas) 2par les « textes sacrés » et par les pires théocraties de la planète où la petite voilée parisienne ne vivrait pas plus de deux jours sans pouvoir conduire sa voiture ou lever un coin de son voile pour écouter son smartphone.

Il importe de « sortir de la phobie du religieux », contre les agressions de « l'athéisme militant », contre « le laïcisme radical », de se plier donc à un mode de vie séquencé de façon obscurantiste, et de laisser tomber la vie laïque simple !
Il y a quand même un « islam zombie », qui serait « égalitaire » (en écrasant tout désaccord avec la doctrine pieuse?), et Todd de noter que les électeurs d'origine musulmane (il ne précise pas qu'ils sont en général surtout d'extraction prolétaire) votent à gauche. Ils votent pour une gauche qui ne peut pas suppléer au stalinisme, qui est hypocritement bourgeoise à leur égard, qui ne leur donne pas plus de travail qu'aux ouvriers autochtones, qui ne leur promet pas la lune ; celle-ci seul le stalinisme et son successeur religieux peuvent le promettre.
L'islam est un vrai universalisme, par contre « les universalismes français, russe, arabe sont en réalité des particularismes ». Evidence anthropologique : « l'islam, une fois dissous l'élément antiféministe de la culture arabe, est, en vertu de son égalitarisme (?), hautement compatible avec l'égalitarisme du Bassin parisien (?) ou de la façade méditerranéenne ». C'est pas demain la veille !
Il insiste que c'est à travers la culture arabe et musulmane « transformée » (?) que pourrait « renaître un véritable républicanisme en France ». Le grand n'importe quoi.
L'antisémitisme de banlieue est « une nouvelle perversion de l'égalitarisme » !? Et non pas de la connerie de racailles ignorants et arrogants ?
La conclusion est une tautologie vide : « la vérité est que Charlie a réussi, au terme d'une gigantesque partie de billard sociologique, à mettre en danger les français juifs en maltraitant les français musulmans ». Il y va fort. Exclus les meurtriers islaminguants ? Exclus les dessinateurs et les flics sacrifiés ? Exclu l'analyse du terrorisme comme partie de billard impérialiste ?

Ce brave démographe à mille pattes confond terrorisme et soit disant islamophobie, ne produit aucune analyse politique du phénomène politicio-religieuse islam, ni n'analyse son utilisation par les médias. Sa défense de cette religion-politique sert de faire valoir à un nationalisme juif sous-jacent et aussi arriéré. Il dénonce la revendication de laïcité publique3, avec son obsession de la culture juive majeure, comme plus dangereuse que l'incrustation du vote Le Pen. L'islam doit être légitimé comme composante de la nation ! Et de nous seriner encore et encore la fable de l'égalité prônée par l'islam (en oubliant qu'elle est déjà prônée par le saint père Kapital).
Zemmour et Finkielkraut ont trouvé pire qu'eux, mais un qui ne risque pas d'être best-seller dans ces milieux où la dictature de l'image supplée à toute lecture et réflexion critique. Les manifs Charlie n'ont pas enfanté une nouvelle religion, puisqu'il n'est question que d'un réflexe politique chauvin e régulièrement sorti de la naphtaline (l'union nationale) ni n'auront été préventives des futurs attentats (cf. Trividic) à venir fonction des bombardements de l'Etat français en Syrie...
Notre sociologue de comptoir et de bureau d'étude, très zombie finalement, ne nous est utile en rien pour réfléchir aux deux alternatives proposées à l'humanité par la bourgeoisie mondiale : ou libéralisme effréné et guerres incessantes ou charia et obscurité garantie. Le stalinisme peut dormir tranquille sur ses deux oreilles.







1Il nous confie à la fin que : « la culture juive, en elle-même différentialiste, permet si nécessaire un repliement communautaire efficace ». C'est la meilleure attraction superstitieuse, puisqu'il le dit !
2Il bifurque par une grivoiserie de lycéen : « hésitant entre une belle exotique et un boudin national, l'universaliste français fera en général le bon choix » ; le vieux barbon universaliste Todd peut toujours se chatouiller le poireau !
3Avec une formulation de potache, il parle à notre place avec son « nous » : « enfermés dans notre laïcisme radical, nous nous retrouvons seuls, tragiquement provinciaux ». Nous ? Lui peut-être. Il est quand même pour l'interdiction du foulard islamique dans les écoles. Ouf.

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