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samedi 10 octobre 2015

EUROPHOBIE, ISLAMOPHOBIE, GERMANOPHOBIE


L'infanterie est l'ensemble des unités militaires devant combattre à pied, le soldat étant appelé fantassin. Le mot est emprunté de l'italien infanteria, dérivé de infante (enfant) qui prit au XIVe siècle le sens de "jeune soldat, fantassin". A partir du XVIe siècle l'on distingue désormais les trois armes du combat moderne, l'infanterie et l'artillerie qui prennent une importance croissante, et la cavalerie. Dans la seconde partie du XVIe siècle. L'artillerie stagne et la cavalerie est en déclin.
Le pistolet a été adopté par la cavalerie légère peu avant lors des guerres de religion, bien avant que Hollywood n'immortalise le cow-boy du XIXe siècle et que les lobbies de l'armement US n'abonde une artillerie contemporaine propice aux massacres en milieu scolaire.
Dans son célèbre pamphlet – Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte – Marx conclut une longue tirade par les trois termes militaires :
« Chaque fois que, pendant ces vacances, s'éteignit le bruit confus du Parlement, et que ce dernier se sépara pour se répandre dans la nation, il apparut d'une façon indiscutable qu'il ne manquait plus qu'une seule chose pour compléter la véritable figure de cette République : rendre ses vacances permanentes et remplacer sa devise : Liberté, Egalité, Fraternité ! par les termes non équivoques de : Infanterie, Cavalerie, Artillerie ! ».

Non équivoques en effet les trois corps d'armée qui réprimèrent les révolutions européennes du XIXème siècle alors que les cow-boys de l'Ouest américain pourchassaient et massacraient les indiens à coups de pistolets. Avec cette parodie militaire de la trilogie jacobine poussiéreuse, Marx dénonçait la dictature du Capital. Il aurait pu tout aussi bien ajouter pour les cow-boys « muflerie, cavalerie, boucherie ».

Avec l'idéologie multiculturaliste et pieusement antiraciste qui préside à la diffusion de la morale idéologique, le triptyque revient à la mode1, avec sa traditionnelle connotation religieuse (la trinité : le père, le fils et le saint esprit)2. Mais, fondamentalement, comme toutes les religions, la politique bourgeoise procède de la culpabilisation. Alors que nos (petits) hommes d'Etat mènent de sanglantes guerres de rapine pétrolière ou simplement « géocommerciales », ils n'aiment jamais tant que de poser aux donneurs de leçon de morale. Leur antiracisme, je le répète, n'est qu'une version bâtarde de l'antifascisme, cette idéologie de guerre qui a tant triomphé depuis un demi-siècle au point de faire presque passer le capitalisme pour un enfant de choeur.
Il est ingrat pour un épistolier de traiter de l'actualité politique bourgeoise, car elle abaisse, elle lasse, elle noie l'essentiel.
Le vocabulaire des politiciens se nourrit de plus en plus du terme phobie3. Les électeurs « ont peur », « fantasment », ou « sont dévoyés » (= détournés du bon sens et de la vertu) mais pas encore tous des voyous...abstentionnistes. La qualification des partis devient affectueuse : « M.Sarkozy ne laissera pas souiller le drapeau de sa famille ». Un parti bourgeois oligarchique est donc une famille, et non pas un racket de profiteurs.
Pour une saillie, pas vraiment fausse, d'une ex-groupie sarkozienne, la morale bourgeoise fût révulsée. Non pas qu'on lui reprocha un constat mais surtout d'avoir osé utiliser le mot race, d'avoir prétendu qu'il était dans la dictionnaire et que même le grand Charles l'avait utilisé. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, aurait dit Jean Yanne. 

L'émotion est là aussi quand « l'immonde » Le Pen se livre à une inqualifiable « transgression » (cf. Le Figaro et les Bedos et bedeaux ripoublicains) en plein parlement européen en présence des deux sommités nationales Merkel et son vice-chancelier Hollande. Libération, le quotidien des gauchistes fans de Merkel et des migrants (comme Alternative libertaire en voie de supplanter Abbé Road), applaudit la brillante réplique du président français à la sorcière Le Pen. Non pas qu'il fût brillant, il est vif et malin, mais il a triomphé sans mal de la méchante « fasciste » (Mélenchon a été autorisé par avis justicier de la qualifier ainsi) laquelle, croyant son objection triomphante tomba dans les rets de la rhétorique vulgaire du véloce Hollande. Celui-ci réussit étonnamment à chaque fois à clouer son adversaire de paillettes avec l'anaphore, encore et toujours, c'est simple mais efficace. Après une série, non destinée à la sorcière en apparence, une série de « elle peut sortir de l'Europe », où la gourde se mit à applaudir à tout rompre comme pour mieux croire qu'elle gardait les rieurs de son côté, il assena : « pour enfin sortir de la démocratie », soulevant un tonnerre d'applaudissements des parlementaires bourgeois avec le sourire retrouvé de la chancelière, jusque là affichant une mine maussade. Cassée la Marine !Dégage « fasciste » !
La charge anti-européiste de Marine eût pu être commise par le comique troupier Mélenchon, elle n'était en rien fasciste mais confirmait le dicton peu connu : « Seule, l'Allemagne fait peur, seule la France fait rire ». Sauf que les rieurs étaient majoritairement europhile, islamophile et germanophile. Les observateurs éclairés de « C' dans l'air », les Barbier et Rouqette, ont convenu qu'il y avait eu transgression présidentielle, europhobie avérée et germanophobie exagérée, car l'Allemagne peut faire sa maligne, elle est quand même « protégée par l'armée française » ! Ils ont convenu que « nos dirigeants » ne maîtrisent pas le flux des migrants.

APRES LE FACE A FACE « musclé » (par l'anaphore) L'ANTIFASCISME DE CIMETIERE

Dès le lendemain, Hollande ne se gêne pas pour en remettre une couche, de la nouvelle marmelade : antiracisme (sémantique) et antifascisme de naphtaline, et il suffit pour nous, révolutionnaires classistes, de lire « la voix de son maître » et le cerveau rachidien des gauchistes, Libération :

« Entièrement au charbon. On ne pourra pas accuser François Hollande d’avoir mégoté la réponse de l’Etat face à la montée du discours populiste. Après son face-à-face musclé avec Marine Le Pen, mercredi au Parlement européen à Strasbourg, détourné à des fins de politique hexagonale, le chef de l’Etat était jeudi dans son exercice favori: le discours mémoriel. De quoi, toujours, tirer des leçons pour le présent et se présenter en père de la Nation au-dessus de la mêlée. De quoi, surtout, incarner le rempart ultime face à l’extrême droite. Le tout à deux mois des régionales, dix-huit mois de la présidentielle et dans une région Paca qui pourrait tomber aux mains du FN –lequel hurle d'ailleurs à la campagne politique déguisée en visite officielle.
Certes le chef de l’Etat a visité un lycée et annoncé que le projet de loi faisant du racisme une circonstance aggravante dans tout délit, serait prêt avant la fin de l’année. Mais la présence à ses côtés de Najat Vallaud-Belkacem et de Christiane Taubira ressemble à un démenti par l’image opposée à ceux qui parlent de la France comme d’un pays de «race blanche». Au camp des Milles, près d’Aix-en-Provence, d’où partirent plus de 2 000 Juifs français en 1942 et qu’il qualifie de «Vel d’Hiv du Sud», François Hollande se pose en garant d’une «mémoire citoyenne, celle qui relie, celle qui unit […] face aux faussaires de l’histoire et aux négationnistes».

Parallèle avec les années 30 

Le message se veut historique et général mais Hollande ne tarde pas à foncer tête baissée dans le débat politique. «Nous sortons à peine d’une grave crise économique qui peut laisser un sentiment d’abandon et déclassement», reconnaît le président, qui attaque «ceux qui utilisent ces angoisses pour séparer, diviser et parfois détester». Juste avant lui, le président de la fondation du camp des Milles, Alain Chouraqui, a dénoncé la «montée de l’intolérance et des inégalités […] la tentation de la pureté identitaire qui, par refus de l’altérité, conduit à la violence de masse».
Pour Hollande, le parallèle avec les années 30 est plus que valable, cette époque où «la première digue à sauter fut celle des mots». «Il était alors acceptable presque banal de tenir pour méprisable celui qui était différent, acceptable qu’on puisse rabaisser les Juifs et les étrangers à longueur d’articles», rappelle-t-il dans la pénombre de l’auditorium de l’ancienne fabrique de tuiles devenue camp de transit géré par Vichy. »

Nul nouveau fascisme à l'horizon, et ce n'est pas le souvenir de la mémoire des saloperies du nazisme qui pourrait empêcher l'invention de nouveaux ennemis diaboliques, ni la démocratie des ripoublicains et des socialistes enrichis qui voudrait faire cesser leurs guerres impérialistes. Malgré un titre accrocheur, l'OBS ne voit pas venir la troisième guerre mondiale, mais laisse le national-souverainiste Chevènement, hostile à la « russophobie ordinaire », glisser que la Russie compte 20 millions de musulmans et que (dans le même paragraphe) « le terrorisme djihadiste est un défi vital ». Est-ce donc le nouveau fâchisme ? Est-ce la faute aux musulmans en général ? Méli-mélo antiraciste et allusions parallèles au « terrorisme islamique », sans oublier les grossiers mensonges d'Etat des présidents successifs (avant tout chefs de guerre) protégés par « un rempart de mensonges » (Churchill)... Notre subconscient nage dans l'inconscient. Comme on peut comprendre la « phobie » qui s'est emparée du subconscient occidental, pacifique et démocratiquement charitable, lorsqu'il a perçu que le héros du Thalys avait été poignardé aux fins fonds des Etats Unis. Encore un vengeur de l'islam ? Non, ouf, simple bagarre de rue.
Enfin, pour clore ce mois édifiant de propagande antiraciste et démocratique, la Tunisie fragile se voyait attribuer le prix Nobel de la paix. De la paix avec le terrorisme « islamique » ou avec la « guerre mondialisée » ?



1Je l'avais remarqué il y a une dizaine d'années dans mon livre sur le nazisme : « ein Volk,  ein reich, ein Führer » et son pendant collabo « travail, famille, patrie ».
2C'est ce qui donne l'aspect zarbi à la religion catholique et qui fait marrer les musulmans, posant l'ubique question de qui prier. Réponse d'un site bigot ! « Question : "Qui devons-nous prier, le Père, le Fils ou le Saint Esprit ?"
Réponse :
Toutes nos prières devraient s’adresser à notre Dieu trine : Père, Fils, et Saint Esprit. La Bible enseigne que nous pouvons prier l’un d’entre eux ou les trois, puisque les trois sont Un. Nous prions le Père avec le psalmiste : « Prête l’oreille à mes paroles, ô Eternel ! Ecoute mes gémissements » (Psaume 5 : 2). Nous prions notre Seigneur Jésus-Christ, de la même façon que le Père, puisqu’Ils sont égaux. En effet, la prière adressée à un membre de la Trinité est une prière qui s’adresse aussi à tous les autres membres de la Trinité. » Kafka revient !
3"philie" est aussi présent de plus en plus dans la nouvelle sémantique politique. Finkielkraut dénoncé par un article haineux de l'Obs (une certaine Aude Lancelin) « alimente la xénophilie », avec une constance « venimeuse au sein de la petite troupe médiatique des essayistes « néoréactionnaires ».

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