PAGES PROLETARIENNES

vendredi 16 octobre 2015

Air France : Fusillés pour l'exemple


C 'est une tradition dans l'armée bourgeoise que de fusiller une poignée d'insoumis pour terroriser les milliers de conscrits, reprise par les généraux français de 14-18 et leurs collègues d'Outre-Rhin, puis par Hitler, Staline, et enfin les terroristes islamistes. Tuez en cent, des millions plieront l'échine. Règle établie depuis la Commune de Paris dans l'impitoyable guerre des classes. La bourgeoisie tire sans vergogne dans le tas si ses intérêts sont menacés. Cela reste valable même au tout petit niveau de l'entreprise, sans tribunaux militaires arbitraires ni fusillade. C'est pour avoir méconnu cette règle impitoyable de la domination bourgeoise que cinq salariés ont été déchus de leur identité de prolétaires à Air France, privés sèchement de salaire et, cynique double peine, expédiés manu militari devant la justice de classe (bourgeoise).
Est également sous-estimée la fausse solidarité des édiles de la gauche bourgeoise, dite radicale par l'aile caviar du népotiste Hollande. Cette espèce électoraliste fort en gueule et noria syndicaliste du même acabit soutiennent comme la corde soutient le pendu. Le pitre Mélenchon nous a rejoué la comédie des bourgeois de Calais, clé USB autour du cou, se disant prêt à aller en prison à la place des salariés d'Air France. Les groupes trotskiens Lutte Ouvrière et NPA ont apporté leur solidarité (électoraliste) d'appareils professionnels du réformisme radical d'un capitalisme multiculturel et islamisé1. En réalité, personne, ni syndicaliste ni aucun de ces politiciens téléplastronnés n'ira voir les familles de ces ouvriers jetés à la misère et à l'isolement, ni pour les aider financièrement au long terme ni pour payer le psychiatre. (cf. lire leur terrible désarroi dans le Parisien du 16 octobre).
Ne parlons même pas des canailles syndicales. Ils ont tous été odieux de servilité et de lâcheté. On regrettera seulement qu'on ne leur ait pas arraché à eux aussi leurs chemises badgées ; il est vrai que l'irruption des prolétaires en colère dans leur mangeoire les avait désarçonnés et effrayés autant que les larbins des patrons, les DRH, ces fumiers professionnels.
D'un côté, on peut se féliciter quand même de la prise de position solidaire des LO, NPA et du cercle Matière et Révolution, pour leur axe central dénonçant l'hystérie type union nationale contre une poignée de grévistes stigmatisés comme terroristes par les bourgeois Valls, Macron, Le Pen et Sarkozy ; et déplorer du même coup qu'il n'y ait plus de véritable groupe révolutionnaire en France pour assumer véritablement la fonction de parti révolutionnaire, mais un vague milieu maximaliste de cercles ou couples réduits au rôle de spectateurs et dont plus aucun n'est capable de jouer le rôle de parti de référence ou au moins d'organisation phare apte à prendre position rapidement face aux graves attaques contre la classe ouvrière ou aux menées guerrières de notre bourgeoisie impérialiste secondaire.

ON A DONNE DES BATONS POUR SE FAIRE BATTRE

Si on ne se laisse pas noyer par le bruitage médiatique, la criminalisation des ouvriers par les bourgeois et la solidarité de pacotille après-coup des politiciens bobos, il faut en revenir au début du clash qui reflète plus les errances de la spontanéité et le manque de précautions des ouvriers en colère, plus désespérés que clairvoyants face à ces appareils qui les poignardent dans le dos en permanence. On leur fait toujours payer cher leur naïveté. Quand les bobos anars ou trotkiens se parent d'une cagoule depuis des décennies lors des émeutes de rue, le pauvre ouvrier offre sa face courageuse sans fard au flicage généralisé de la société numérisée et hyper-informatisée. 5 ont été « identifiés » (on va voir grâce à qui) mais une vingtaine d'autres futurs otages pissent dans leur culotte.
Quand les journalistes font le boulot des flics, on ne doit pas les laisser entrer dans les AG. C'est sur face book, que le dialogue suivant montre comment les ouvriers ont été piégés – et presse, patronat, flics et magistrats s'en sont vraiment pris à des lampistes sans qualification (éviter de s'en prendre à un chefaillon syndical ou à un cadre pilote). D'abord le commentaire de Aliocha Istrati :
« Les mensonges de France 2 :" L'identification des agresseurs est en cours grâce au visionnage des caméras de vidéosurveillance d'Air France“ !Pourquoi cette précision ?
Faux, l’identification a été faite par les vidéos reportages du journaliste Luc B. grand reporter - de France Télévisions, France 2 ; à l’intérieur du bâtiment du CCE. Le CCE n’étant ni un lieu public, ni le fait d’une manifestation de rue, le floutage aurait donc dû être de mise, ce que n’a pas fait France 2. (Les différents reportages qui ont été donnés à être visionnés sur le web ont été tronqués). Le DRH encadré et en chemise, nous le retrouvons 1 millième de seconde la chemise en lambeau) Hihihi …. Merci au monteur. Mais où sont donc passées les mains malfaisantes qui ont mis la chemise en lambeau ? Au commissariat !
• Le droit à l’image a donc bel et bien été bafoué. Le droit à l’information ne doit pas être celui du droit à la délation. Quoique..
• Maintenant, vous devez deviner qui a aidé la police à identifier (noms et prénoms) des agresseurs ?
• Question subsidiaire : comment redorer le blason d’un syndicat en pleine déliquescence ».


Subtil questionnement, auquel je réponds ainsi :

« Bonne question... mais CGT, Mélenchon et Autain ont beau faire les pitres "solidaires", en réalité les 5 lampistes vont payer très cher, ce sont des otages de fait pour terroriser les milliers d'autres. La sanction est déjà impitoyable ( quasi licenciement) alors qu'ils ne sont pas plus coupables que les dizaines d'autres dans la bousculade (qui fût une forme de lynchage indiscutable, où les bonzes syndicaux ont laissé faire la connerie - frapper un cadre ou un patron en entreprise a toujours été lourdement sanctionné, cf. les dix de Billancourt y a 30 ans). Malheureusement cela sert à 2 choses: redorer le blason de la CGT et des gauchocrates, et cela servira de monnaie d'échange pour mieux faire passer les licenciements, mais les 5 otages sont foutus et resteront seuls. Je les plains ».
Je n'aime pas la violence, ni la violence de foule qui mène au lynchage (cf. encart ci-contre) ni individuelle, mais là je la comprends et vu l'acharnement policier, judiciaire et patronal contre cinq lampistes je la soutiens totalement, même si pendant 40 ans comme prolétaire j'ai toujours déconseillé d'en venir aux mains avec la hiérarchie pendant nos grèves sauvages ; l'histoire des dix de Renault (cf. article de Virginie Linhart) est assez illustrative des dégâts irréparables, les ouvriers ne sont jamais réembauchés, malgré une époque où la CGT restait une force menaçante (mais pourrie pour les ouvriers, les dix figures de proue étaient interchangeables avec d'autres individus de l'appareil, et ils ne furent embauchés à la fin que dans les structures du PCF et de la CGT).
Deux exemples de courageuse et significative réaction ouvrière sont minorés face au buzz de l'arrachage de chemise. Cette ouvrière entrée la première dans le bureau des négociations à Air France et qui interpelle une brochette patronale, plus coincée que hautaine car incapable de répondre à un adversaire inconnu, pas aux confrères des appareils syndicaux complices. Belle image d'insubordination ouvrière qui nous rappelle cette ouvrière de 68 conspuant la trahison de la grève par les syndicats. Cet ouvrier d'usine, même avec macaron CGT sur son casque, qui refuse de serrer la main au Président de la République et argumente sur sa complicité avec les licencieurs ; au moins Hollande reste-t-il poli face au sans-culotte contrairement au voyou Sarkozy, mais il reste inaudible face à l'ouvrier digne. Belle image là encore de notre classe qui fait fi des plus hautes autorités sans violence mais avec une détermination à dénoncer l'injustice qui force l'admiration plus que d'arracher une chemise dans une foule en colère (le cadre supérieur avait gardé sa distinction : sa cravate!).

Le NPA est le seul dans un de ses communiqués à mentionner déjà « la peur des représailles » des
salariés d'Air France (cf. »La chemise » fait réagir). Les sondages se chargent ensuite de modeler l'opinion, plus ou moins scandalisée qu'un laquais des patrons ait été à deux doigt d'être complètement à poil. Il est ridicule de parler ensuite de « soutien populaire et d'écho mondial », car la violence en soi (limitée quand même, il n'y a pas eu mort d'homme) peut contenter le spectateur lambda mais en soi elle est stérile, donc il n'y a pas à « pousser l'avantage », typique du langage fier à bras du gauchiste fantasmatiquement émeutier (naguère on disait des pères de ces amateurs bourgeois qu'ils soutenaient « tout ce qui bouge »). Aucun de ces souteneurs ne conseille ni ne s'engage à « mettre en garde » les prolétaires contre des actions qui peuvent se retourner contre eux. J'ai trop souvent vu par le passé des syndicalistes laisser faire des conneries, pour dire ensuite dans le bureau du patron : « vous savez, Monsieur le Directeur, que nous ne sommes pas responsables de ces violences et que nous, nous ne voulons pas la révolution ». Ou déconseiller les violences une fois qu'elles avaient eu lieu.
Pousser l'avantage, serait plutôt de raisonner comme le fait Robert Paris sur son site « Matière et révolution » : « Le coup de colère est certes nécessaire et il est significatif qu’il dévoile d’abord la complicité des appareils syndicaux avec nos adversaires, mais il est nécessaire qu’il aille plus loin, qu’il déborde ces appareils, mène à l’auto-organisation des salariés, se dirigeant eux-mêmes, décidant eux-mêmes de ce qui n’est pas négociable, décidant eux-mêmes des moyens et des buts, décidant eux-mêmes des méthodes d’action, se structurant eux-mêmes non seulement dans un site, dans une entreprise mais au-delà entre les professions, entre les entreprises, entre privé et public.
Il faut que la peur change de camp, oui, mais, pour que ce soient les patrons qui y laissent leur chemise, il faut que les salariés se décident à se diriger eux-mêmes et à envoyer promener tous les porte-flingues des patrons et du gouvernement, y compris les patrons et petits chefs syndicaux… ».
(cf. Quand le DRH perd sa chemise, les syndicats se dévoilent » http://www.matierevolution.fr/spip.php?article3422



TIRER LES LECONS D'UNE LUTTE DESESPEREE

Presse, politiciens de la gauche radicalo-bobo et syndicalistes de tout poil s'empressent de tout focaliser sur la corporation, alors qu'une simple grève générale de deux jours ferait libérer les 5 otages 2; en 68 j'ai eu connaissance d'actes autrement violents mais sous la pression de la grève massive, utilisée également comme monnaie d'échange par les appareils syndicaux, il y eu nombre de « relaxés » ; tout le monde a oublié ou ne connaît pas les violences inouïes des sbires staliniens contre les CRS à SKF, dont certains furent hospitalisés pour blessures graves, mais aucun des divers gros bras syndicalistes et cogneurs ne fût inquiété vu la puissance de la CGT et du PCF à l'époque ; il est vrai que la caméra portable n'existait pas et que les journalistes n'avaient pas été invités à filmer !
Là aussi, Robert Paris est le seul en France à avoir le génie de rappeler les nécessités de classe en partant de l'essentiel : « L'avenir de nos luttes nécessite de tirer des leçons des luttes passées ». Il est donc nécessaire de situer le pourquoi de la nasse où en est la lutte à Air France avec une action non pas « avantageuse » (comme le prétendent les activistes du NPA) mais plutôt « désespérée » ; la violence prolétaire impulsive n'est pas un signe de force mais plutôt une réaction de défense.
R.Paris tape très juste en rappelant que nous venons de vivre quatre lourdes défaites (PSA Aulnay, SNCF, SNCM et Air France) :

« Quatre lourdes défaites donc. Deux fermetures et deux reculs d’ampleur. La compagnie low cost pourra employer des pilotes hors des statuts actuels. Le PDG d’Air France avait réussi à s’attaquer aux bagagistes sans aide des pilotes, à négocier avec les syndicats le départ de près de 5.000 personnes, sans réaction, à appliquer des mesures de restrictions contre les personnels au sol sans provoquer de réaction d’ensemble… Pas étonnant que la grève des pilotes ait permis de diviser les personnels qui l’étaient déjà par la politique des syndicats. Le fait même qu’existent des syndicats des seuls pilotes en dit long sur le rôle diviseur des syndicats…
La défaite de la dernière lutte des cheminots est marquée par la mise en place dès juin prochain de la division de la SNCF en trois entités dont les personnels ne seront plus d’une même entreprise. Les syndicats, qui essaient de calmer les cheminots en prétendant que le statut ne sera pas mis en cause, mentent puisque la convention collective précédente est supprimée et la nouvelle n’est même pas encore précisée.
Bien des travailleurs risquent de tirer à tort la leçon que nos adversaires sont trop forts et que nos luttes ne peuvent triompher actuellement. Soit parce que le gouvernement est trop au service des patrons. Valls ne vient-il pas d’intervenir pour imposer la reprise du travail aux syndicalistes d’Air France, allant jusqu’à menacer les emplois et la mise en faillite de la compagnie ? Soit parce que la pression de la crise et du chômage rendrait les salariés plus défensifs qu’offensifs et que la crainte de la perte d’emploi, dans une situation où il est très difficile d’en retrouver et presque impossible de trouver des CDI, rend le licenciement catastrophique.
Mais ces arguments tombent d’eux-mêmes si on remarque que nombre de ces salariés étaient déjà menacés dans leur emploi et que c’était même la cause du conflit. Quant à l’intervention du gouvernement en faveur des patrons, n’avait-elle pas amené les dirigeants syndicaux à affirmer que le préalable aux luttes revendicatives, comme celle des retraites (une autre défaite malgré la bonne réponse des salariés), était le changement de président et de gouvernement. On a vu avec les différents gouvernements Hollande qu’il n’en était rien…
Par contre, le problème que pose l’intervention du gouvernement, dans chacun de ces conflits, c’est que les dirigeants syndicaux estiment que le gouvernement devrait jouer le rôle de conciliateur, de négociateur, de modérateur alors que, quelque soit la couleur du gouvernement, il est l’unique instrument central des capitalistes et défend leurs intérêts de manière exclusive.
Quand le centre de décision et de pouvoir des capitalistes, l’Etat bourgeois, intervient ainsi en faveur des patrons, par ses policiers, par ses juges, par son gouvernement, par ses négociateurs, etc, le mouvement ouvrier, soi-disant centralisé par… les centrales syndicales n’intervient absolument pas.
Pas le moindre geste central des organisations de salariés dans aucun des conflits précédemment cités, au moment où le patronat intervient dans tout conflit même localisé, sauf pour sonner la fin de la partie, et reconnaitre la défaite, quitte à se plaindre du gouvernement.
Les dirigeants locaux des syndicats ne relèvent quasiment jamais cette attitude de leurs centrales qui refusent d’impliquer plus largement la classe ouvrière lorsqu’une de ses fractions est directement visée et menacée. Aucun effort réel pour élargir le conflit du site d’Aulnay à l’ensemble de PSA pourtant aussi concerné par des suppressions massives d’emplois. Aucun effort des dirigeants syndicaux cheminots pour élargir la contestation de la privatisation de la SNCF à la privatisation de l’EDF, de la Santé, de l’Education, de la Recherche, de l’Energie, de tout le service public, menacé en même temps et pour exactement les mêmes raisons. Aucun effort des dirigeants de la SNCM de mener leur conflit en même temps que celui de la SNCF pour faire converger les luttes. Bien au contraire. Aucun effort dans le sens de la convergence de la part des dirigeants syndicalistes d’Air France. Une grève simultanée d’Air France, de la SNCM et de la SNCF, menaçant de s’étendre à l’ensemble du RER (Paris centre n’a pas été bloqué dans la grève même dans la partie commune SNCF-RATP), de la RATP, s’adressant aux hôpitaux déjà en lutte et à ceux à venir, etc., n’aurait-elle pas représenté une pression accrue sur le gouvernement et le patronat et un pas vers de luttes autrement plus conscientes des intérêts communs des salariés ? Poser la question c’est y répondre ! ».
A ces sages recommandations du camarade R.Paris je me permets d'ajouter les modestes addenda suivants :
  • dans les lieux de la lutte, interdire la présence de journalistes et caméras de l'audiovisuel bourgeois ;
  • éjecter tout prétendu intermédiaire, médiateur neutre ou avocat professionnel des ouvriers.


TRIBUNAL POUR GREVISTES INSUBORDONNES = CONSEIL DE GUERRE DE CLASSE

Chaque année il y a en France, comme ailleurs, des milliers de licenciement pour fautes plus ou moins lourdes, plus ou moins justifiées, de syndicalistes honnêtes ou pas, d'ouvriers véreux comme de prolétaires sans défense. Le licenciement, généralement pour les honnêtes, c'est un peu comme une mise au poteau d'exécution, meurtre plus lent, plus raffiné qui peut mener au suicide, à l'alcoolisme, au fait divers. Dans la guerre comme dans la paix, la bourgeoisie dispose de ses justices d'exception, et seul le renversement de l'Etat capitaliste par le prolétariat en armes, orienté par son parti de classe et ses organismes élus et contrôlés par les masses, pourra nous débarrasser de cette injustice criminelle qui mène à tous les massacres, pas seulement celui des prolétaires. (je pille ici simplement wikipédia)
Après les désastres de son armée et la débandade qui s’ensuivit, le gouvernement français avait autorisé par un décret du 2 octobre 1870 l’établissement de cours martiales qui permettaient l’exécution immédiate d’un soldat. Seul un compte-rendu a posteriori était demandé. Les exécutions furent nombreuses et marquèrent les esprits, mais les données historiques manquent cruellement pour donner un bilan chiffré fiable de ces exécutions.
Lors du siège de Paris de 1870-1871, la Cour martiale de Paris est instituée le 19 septembre 1870 avant d’être instituée à Vincennes, Saint-Denis, etc.
Les fusillés de Saint-Étienne-de-Fursac, trois soldats fusillés en 1871, voleurs de poules ou déserteurs selon les versions;
L'armée française a comptabilisé, en octobre 2014, un total de 1 008 fusillés dans ses rangs dont 82 sans jugement. Sur les 926 personnes jugées, 612 furent condamnées pour désobéissance militaire, 141 pour crimes de droit commun, 126 pour espionnage, 47 pour motifs inconnus. Sur les 82 fusillés sans jugement, 27 furent fusillés pour désobéissance militaire documentée par les archives militaires, 55 exécutés et tués sommairement identifiés dans les archives militaires2.
Suivant la défaite de Charleroi et l’échec de la bataille des frontières, les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets, deux décrets du 2 août et du 6 septembre 1914 furent promulgués qui instituaient des Conseils de guerre spéciaux, s’ajoutant aux Conseils ordinaires qui continuaient de se tenir. Avec une procédure simplifiée et expéditive, s’inspirant des cours martiales de 1870, ces conseils s’exercèrent jusqu’à leur suppression en 1917.
Pendant la Première Guerre mondiale, en France, 2 400 « poilus » auront été condamnés à mort et environ 600 fusillés pour l’exemple3,4, les autres voyant leur peine commuée en travaux forcés. Ces condamnations ont été prononcées pour refus d’obéissance, mutilations volontaires, désertion, abandon de poste devant l’ennemi, délit de lâcheté ou mutinerie (en 1917). En revanche, les militaires abattus pour refus d'obéissance, ou "exécutions sommaires", qui sont liées à des refus d'ordres, par exemple : refus d'aller au combat, ou même prostration, peur, ce qui était assimilé à un retrait face à l'ennemi sont bien plus nombreuses, et quand les détails sont connus, les historiens doivent attendre souvent plus de 100 ans après la fin du conflit pour consulter les rares archives, car souvent, ces exécutés sont marqués "morts au combat", ou "morts au champ d'honneur", pour éviter des procès de cour martiale, par la suite, ou tout simplement, pour gagner du temps, car les combats faisaient rages. L'histoire de l'affaire du pantalon rouge est assez connue pour en faire le parfait exemple.

APRES LE MASSACRE DES OUVRIERS LE MASSACRE DES JUIFS
Au cours du congrès de fondation de l'Internationale communiste, en mars 1919, un texte est voté par les délégués sous l'intitulé Résolution sur la terreur blanche :
« À présent, les Krasnov et les Dénikine, jouissant de la collaboration bienveillante de l'Entente, ont tué et pendu des dizaines de milliers d'ouvriers, décimé, pour terroriser ceux qui restaient encore, ils laissèrent même pendant trois jours les cadavres pendus à la potence. Dans l'Oural et dans la Volga, les bandes de gardes-blancs tchécoslovaques coupèrent les mains et les jambes des prisonniers, les noyèrent dans la Volga, les firent enterrer vivant. En Sibérie, les généraux abattirent des milliers de communistes, une quantité innombrable d'ouvriers et de paysans. »
Selon l'historien Peter Holquist, la violence blanche relevait d'une idéologie : les Juifs, assimilés au communisme, devaient être éliminés car considérés comme « nuisibles ». L'historien dévoile la pratique du « filtrage » des chefs militaires blancs : « Les prisonniers de guerre étaient triés par les chefs blancs, qui mettaient à part ceux qu'ils considéraient comme indésirables et irrécupérables (les Juifs, les Baltes, les Chinois, les communistes) et les faisaient ensuite exécuter tous ensemble ». Dans ses mémoires le général Tourkoul rapporte que les commissaires rouges étaient souvent exécutés sommairement par des soldats initialement enrôlés de force dans l’armée rouge puis fait prisonniers et engagés volontaires dans les armées blanches.
En Russie, les troupes de l’Armée blanche de Dénikine sont à l'origine de plusieurs pogroms dont le plus important est celui de Fastov le 15 septembre 1919, qui fait environ 1 000 morts. Pour l'année 1919, les historiens ont recensé 6 000 morts dans les pogroms anti-juifs en Russie.


L'ARTICE DU PARISIEN SUR LA CONFERENCE DE PRESSE DES 5 OTAGES

« Bafoués de leur droit à la présomption d'innocence? Traités comme des exemples pour décourager la rebellion et non comme des hommes? «Traumatisés» d'avoir été «traités comme des bandits», les salariés d'Air France poursuivis pour violence sortent du silence pour la première fois. Jeudi devant l'AFP, ils s'estiment désignés «coupables avant d'être jugés», par le gouvernement et la compagnie, qui a voulu selon eux «faire un exemple» pour éteindre la révolte. Dix jours après le comité central d'entreprise d'Air France interrompu par de violents débordements, quatre d'entre eux ont rencontré l'AFP. Seuls deux ont parlé, lors de cet entretien qui sera «le premier et le dernier» accordé aux médias, prévient Mehdi Kemoune de la CGT, présent à leur côté.



Violences à Air France: Y a-t-il deux poids deux mesures sur le sort réservé aux salariés ?
Visages fermés, traits tirés, aucun ne souhaite s'étendre sur son rôle dans la manifestation du 5 octobre au siège d'Air France, contre les 2.900 suppressions de postes envisagées, qui a dégénéré. Sous la double menace d'une condamnation pénale et d'un licenciement, les salariés incriminés l'affirment: «On n'a rien fait», d'ailleurs la police n'a «pas assez de preuves». Deux dirigeants d'Air France avaient alors été molestés et obligés de s'enfuir, leurs chemises déchirées, en escaladant des grilles. Quatorze plaintes ont été déposées après ces violences: neuf émanant de vigiles et cinq de cadres de l'entreprise.

«On est venu là pour nos emplois, pas pour casser.»

«Je ne regrette pas d'avoir participé à une manifestation pour sauver mon boulot», lâche simplement David (prénom modifié). «On est venu là pour nos emplois, pas pour casser.» Le nouveau plan de restructuration, «c'est une catastrophe sociale», dit Mickaël (prénom modifié). «C'est des divorces, des pertes de maison, de vie... c'est injustifié», soupire-t-il.

«J'avais l'impression d'être un terroriste.»

Tous gardent en mémoire la date du «12 octobre», jour de leur interpellation, à l'aube et devant leurs familles. Après une nuit de travail, Mickaël trouve trois policiers devant son domicile, peu après 6h du matin. «Ils ont fouillé chez moi, j'avais l'impression d'être un terroriste.» «Le pire, c'est pour les enfants», qui s'interroge selon lui: «Il a disparu papa, qu'est-ce qu'il a fait?»
David se dit personnellement «traumatisé par la garde à vue». «Nous aussi on s'est fait violenter», alors qu'une simple convocation suffisait selon eux. Depuis sa sortie, mardi soir, il affirme voir un psychiatre. «Je ne dors pas vraiment, je ne mange plus», dit-il dans un souffle. «Je n'ai jamais eu de problème avec la justice, c'est vraiment dur psychologiquement d'être traité comme un bandit», poursuit Mickaël.
A plusieurs reprises, ils affirment que leur «présomption d'innocence» a été balayée dans le flot de réactions qui ont suivi le 5 octobre. «Des voyous», avait notamment tonné le Premier ministre Manuel Valls.
«Nous sommes coupables avant d'être jugés, même par les médias et par Valls», se plaint Mickaël. S'il est innocenté, espère-t-il un «soutien» du gouvernement? «Si un jour on a des excuses, c'est déjà bien. On a été mis plus bas que terre.» «Le plus dur à vivre c'est pour la famille, ça passe très mal», ajoute David.

Jugés le 2 décembre

Le chef du gouvernement a assuré jeudi au Sénat qu'il «ne peut pas y avoir d'impunité (...), à l'égard d'actes qui méritent une sanction judiciaire et des sanctions dans l'entreprise». Les cinq salariés, âgés de 35 à 48 ans, seront jugés le 2 décembre devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour des «faits de violences en réunion». Ils ont également été mis à pied jeudi à titre conservatoire, sans solde.
«Une double peine», pénale et disciplinaire, tranche David. Mickaël va plus loin. «On sert de bouc-émissaires, Air France a voulu faire un exemple en disant "si vous vous rebellez, vous aurez le même traitement."» En suspendant leurs salaires, la direction de la compagnie «nous prend ce qui nous fait vivre». «Ce qu'on demande, ajoute-t-il, c'est de pouvoir continuer à travailler» pour Air France, «une société que j'aime».

1SUR SON SITE « Matière et révolution », R.Paris fournit une liste édifiante des lâchetés syndicales contre les cinq otages de la justice bourgeoise et d'un patronat désormais arrogant dans sa posture de victime.
2Pour évacuer cette seule réelle solidarité de classe massive, seule à même de faire reculer gouvernement et patronat acharnés sur cinq malheureux lampistes, la CGT n'a pas trouvé mieux que son lulipputien boycot de la réunion annuelle fraternelle Etat-patronat-syndicat !

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