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lundi 19 octobre 2015

PCI: PRISE DE POSITION SUR L'ATTENTAT D'ANKARA

Turquie : ce ne sont pas les élections et les appels à la paix, mais la guerre de classe qui seule pourra mettre fin à l'exploitation, à l'oppression et à la répression!

Samedi 10 octobre, un terrible attentat a frappé la manifestation organisée, dans la cadre de la
campagne électorale, par le parti «pro-kurde» d'opposition HDP et diverses formations de gauche
(comme le syndicat DISK, un syndicat des Fonctionnaires, l'Union des Médecins, l'Union des
Architectes, etc.), pour la démocratie, la sécurité des emplois et la «paix» – c'est-à-dire de la
reprise des négociations entre le PKK (Parti des Travailleurs Kurdes, organisation nationaliste
kurde engagée depuis des années dans des actions de guérilla au Kurdistan turc), et les autorités
gouvernementales; on a relevé près de cent morts et plus de 240 blessés. Les organisateurs ont
dénoncé la responsabilité du gouvernement dans cet attentat.
Il s'inscrit en effet dans un climat de tension politique croissante; en juin dernier un attentat à
Diyarbakir, au Kurdistan, contre un meeting électoral du HDP avait déjà eu lieu, faisant 4 morts et
400 blessés; le 20 juillet un attentat suicide commis par un jeune djihadiste kurde à Suruc, ville
frontière avec la Syrie, avait fait 33 morts lors d'un rassemblement de jeunes maoïstes proches du
HDP. Si la responsabilité de l'«Etat Islamique» semble avérée dans ces deux cas, le soutien
longtemps accordé par le pouvoir à cette organisation et son hostilité aux combattants kurdes
syriens de Kobané, laissent planer des soupçons sur l'implication des autorités.


L'AKP, le parti islamico-conservateur au gouvernement, et le président Erdogan, n'ont cessé
d'accuser de «terrorisme» non seulement le PKK qui a mis fin à la trêve des combats après
l'attentat de Suruc, mais le HDP lui-même et son leader Demirtas. Des dizaines de permanences
de ce parti ont été attaquées et parfois incendiées par des nervis liés à l'AKP au cours des
dernières semaines sans que la police les en empêche; au contraire c'est contre Demirtas qu'a été
ouvert une information judiciaire pour «insulte au peuple turc, aux institutions et organes d'Etat,
au président», «provocation à commettre des crimes et au terrorisme» après qu'il ait dénoncé
dans une conférence de presse la passivité coupable des forces de police! Le gouvernement a
également multiplié les mesures d'intimidation contre les médias et les journalistes d'opposition;
le siège du grand quotidien d'opposition Hurryet a été attaqué par des manifestants qui avaient à
leur tête un député de l'AKP, les chaînes de télé d'opposition ont été contraintes de fermer, etc.
Le premier novembre prochain des élections législatives vont avoir lieu en Turquie, à peine 5
mois après les précédentes qui en juin avaient vu l'AKP arriver nettement en tête (40,9% des
voix). Bien que c'était sa quatrième victoire consécutive aux législatives, l'AKP, perdant près de
9% des suffrages, ratait la majorité absolue qui lui aurait permis d'atteindre son objectif de
réformer la constitution pour instaurer un régime présidentiel. La poussée électorale du HDP,
arrivant pour la première fois à passer la barre des 10% des suffrages au niveau national, est vue
comme la cause de la défaite relative de l'AKP. Fin août, à la suite de l'échec des négociations
pour former un gouvernement de coalition, l'assemblée était dissoute et le tenue de nouvelles
élections annoncée. De nombreux analystes politiques attribuent le regain des affrontements avec
les combattants du PKK et la campagne «anti-terroriste» à une manoeuvre du gouvernement pour
susciter un réflexe de peur qui accroîtrait les chances électorales de l'AKP. Et en effet Erdogan et
d'autres dignitaires officiels ne se sont pas privés de déclarer que si l'AKP avait obtenu 400
députés (c'est-à-dire la majorité absolue au parlement), il n'y aurait pas eu cette flambée de
violence...
Cependant les événements turcs ne peuvent se réduire à de simples motifs électoraux et encore
moins à l'ambition d'un homme se rêvant en nouveau sultan. La Turquie fait face à des
contradictions et des problèmes grandissants; ce sont eux qui ont un effet de plus en plus
déstabilisant sur l'équilibre politique existant dans le pays depuis le début des années 2000 sous
l'hégémonie de l'AKP.


EXPLOITATION CAPITALISTE ET LUTTES PROLETARIENNES EN TURQUIE


Paradis pour les capitalistes (Istanbul compte plus de milliardaires que Paris), la Turquie est
un enfer pour les prolétaires. Elle se classe au deuxième rang des pays de l'OCDE pour les
inégalités de revenu, juste devant le Mexique. Mais les inégalités sont aussi régionales: dans les
régions kurdes, peu développées, le revenu familial moyen n'est que de 29% du revenu familial
dans la capitale Ankara.
Le chômage est en augmentation, repassant au dessus des 10% dés la fin de l'année 2014. Ce
chiffre peut ne paraître pas très élevé, mais il ne reflète pas la réalité car une bonne partie de la
main d'oeuvre est employée dans le secteur «informel»: si ce secteur est surtout prédominant dans
l'agriculture (90% des emplois y sont informels), il est répandu dans toutes les branches de
l'économie; dans l'industrie, selon les statistiques officielles (Turkstat), près d'un tiers des emplois
sont informels, et ce pourcentage est beaucoup plus élevé dans l'industrie textile.
Les prolétaires qui ont un emploi informel ne jouissent pratiquement d'aucune protection
sociale, ils touchent des salaires plus bas et ils peuvent être licenciés du jour au lendemain.
Employés le plus souvent dans de petites ou très petites entreprises qui constituent la majorité des
entreprises du pays (55% des travailleurs sont employés dans des entreprises de moins de 10
employés), ils subissent de plein fouet tous les aléas économiques dont ces entreprises sont les
premières victimes.
De façon générale les salaires turcs sont bas, y compris dans le secteur formel et dans les
grandes entreprises. Le salaire moyen était estimé à 590 euros par mois en 2014 (2220 en France,
1700 en Espagne, 1260 en Grèce). Le salaire minimum a été fixé pour 2015 à 424 euros par mois
(il est de 1458 en France, 757 en Espagne, 684 en Grèce), mais il s'agit du salaire brut; le salaire
net est inférieur d'environ 30% en raison de la ponction des charges sociales; mais d'autre part
une partie importante des travailleurs sont payés en dessous de ce salaire minimum: plus de 16%
des hommes et plus de 25% des femmes accomplissant une journée de travail normale (au moins
8 heures par jour) touchent un salaire en moyenne inférieur de 30% au salaire minimum net!
Les horaires de travail sont élevés: la durée de travail légale est de 45 heures par semaines,
mais en 2011 plus de 6 millions de personnes (soit plus de 40% de la main d'oeuvre) travaillaient
de 50 à 70 heures ou plus. Bien que le travail des enfants de moins de 14 ans soit interdit, il y
avait en 2012 près de 300 000 enfants de 6 à 14 ans dans ce cas, notamment dans l'agriculture où
au moment de la cueillette des enfants d'une dizaine d'années travaillent jusqu'à 11 heures par
jour. Mais jusque dans l'industrie les moins de 18 ans sont nombreux: la proportion des 14-18 ans
y est même passée de 16 à 28% entre 1994 et 2006. Selon l'Organisation Internationale du
Travail (OIT, organisation onusienne), le temps moyen des enfants qui travaillent serait parmi les
plus élevés du monde: 51 heures par semaine en moyenne. Conséquence, le nombre d'enfants
morts sur leu lieu du travail s'élevait à 38 en 2012.
Il faut dire que la Turquie est le premier pays d'Europe pour le nombre d'accidents du travail,
le troisième au niveau mondial, après l'Algérie et la Salvador, selon l'OIT: en moyenne 3
travailleurs y perdent la vie et 172 sont blessés chaque jour. Les mineurs sont les plus nombreux
parmi les victimes du capitalisme turc: de 1955 à 2012, plus de 3000 mineurs sont morts et plus
de 360 000 ont été blessés.
En mai 2014 une explosion dans une mine à Soma faisait 301 morts. A la suite de cette
tragédie des affrontements se sont produits dans la ville, notamment lorsque 10 000 manifestants
protestant contre le manque de moyens de sécurité dans la mine et scandant «Erdogan
démission!» se heurtèrent aux forces de police; le ministère du travail avait affirmé qu'une
récente tournée d'inspection avait trouvé que tout était en règle. Un an plus tard 9 des mineurs
survivants sont inculpés par la justice pour avoir organisé une manifestation et le blocage d'une
route en violation de la loi: ils risquent jusqu'à 6 ans de prison...
Au total en 2014 il y a eu 1886 morts dans les accidents du travail, et ces chiffres sont des
chiffres officiels qui très probablement laissent de côté une bonne partie des accidents dans le
secteur informel. En fait d'accidents, il s'agit plutôt d'une véritable guerre de classe sanglante
que mènent les capitalistes contre les prolétaires!
Héritées du régime militaire, les lois anti-grèves sont toujours en application; elles ont permis
de suspendre pour 60 jours une grève des sidérurgistes au début de cette année et une grève dans
des usines de céramique en juin, au nom se la «sécurité nationale». ..
Mais cette législation anti-ouvrière n'a pas pu empêcher la vague de grèves sauvages qui a
frappé l'industrie automobile au mois de mai et qui a pris naissance dans l'agglomération de
Bursa. Le mouvement avait commencé à l'usine Renault par de l'agitation contre le contrat
collectif signé par le syndicat officiel Turk Metal et pour l'alignement sur le contrat signé chez
Bosch (20% d'augmentation des salaires) après quelques jours de grève; des nervis de ce syndicat
jaune allèrent jusqu'à attaquer un rassemblement des ouvriers, provoquant la colère de l'ensemble
des travailleurs.
Parti de Renault, le mouvement de grève s'étendit aux autres entreprises du secteur automobile
et dans d'autres villes; chez Fiat, Ford, Tofas, Valeo, etc., plus de 15000 ouvriers entrèrent en
lutte malgré l'opposition de Turk Metal et l'agitation gagna même d'autres secteurs. En dépit des
menaces et de la répression (47 ouvriers arrêtés par la police et déférés devant la justice pour
organisation d'une grève illégale), les ouvriers tinrent bon et finalement devant la menace d'une
généralisation du conflit, les patrons et le gouvernement cédèrent. Au bout de 2 semaines de
grève, les ouvriers de Renault obtinrent des augmentations de salaire, l'abandon des poursuites
judiciaires et surtout le droit d'adhérer au syndicat de leur choix. Démonstration que la lutte
ouvrière résolue est capable de faire reculer les capitalistes et leur Etat, aussi répressif soit-il!
Les difficultés économiques croissantes en Turquie ne sont pas ressenties uniquement par les
prolétaires, mais aussi par de larges secteurs de la population, alors même que la spéculation
immobilière bat son plein et que des scandales de corruption éclaboussent jusqu'à la famille du
président. C'est ce qui explique l'importance prise en 2013 par les manifestations contre les
projets de destruction du parc Gezi à Istanbul: ce mouvement d'orientation et de nature clairement
petite-bourgeoise a pu rassembler des centaines de milliers de personnes dans tout le pays, à
l'instar des mouvements d' «indignés» qui ont eu lieu dans de nombreux pays. Le HDP a réussi
indiscutablement à capitaliser électoralement une partie de ce mécontentement.


LA QUESTION KURDE


La question kurde est un facteur important de la politique intérieure, mais aussi extérieure
turque. Toujours soupçonnés de séparatisme, soumis à des discriminations politiques et sociales
renforcées par les militaires après le coup d'Etat de 1980, les Kurdes constituent de 15 à 20% de
la population du pays selon les estimations. Les régions kurdes sont les plus pauvres et les moins
développées économiquement de la Turquie, ce qui provoque une forte émigration vers les autres
régions et l'étranger: une partie importante des prolétaires turcs, y compris dans l'émigration en
Europe, sont kurdes. La «question kurde» est donc devenue une question centrale de la lutte
prolétarienne: la lutte résolue contre toutes les discriminations et les répressions envers les
kurdes, pour l'égalité complète des droits, est indispensable pour souder les rangs des prolétaires
de Turquie. De leur côté les bourgeois attisent évidemment les divisions, suscitant et alimentant
le nationalisme et le patriotisme turc et menant des campagnes répétées contre le «terrorisme»,
pour affaiblir la classe ouvrière en créant un fossé entre prolétaires kurdes et non kurdes.
Sur la base de la véritable oppression nationale subie par les Kurdes, le PKK entama en 1984
une guérilla pour obtenir l'indépendance de la région. Le conflit aurait fait des dizaines de
milliers de morts; plus de 3000 villages ont été détruits par l'armée, causant, selon les chiffres
officiels, le «déplacement» de plus de 375 000 personnes chassées de chez elles et réduites à
l’état de sans-abris. Cette brutalité et une répression constante des policiers, militaires et juges
envers toute expression kurde, même la plus réformiste, poussèrent de nombreux Kurdes à
sympathiser avec le PKK.
Bien qu'il se disait parti des travailleurs et qu'il se réclamait du socialisme, le PKK incarnait la
réponse bourgeoise, nationaliste, à une oppression qui avait été aggravée par le coup d'Etat de
1980. Son «socialisme» n'était qu'une version du capitalisme d'Etat existant en Chine ou en
URSS, et il lui servait à chercher un appui auprès de Moscou; d'ailleurs après la chute de l'URSS,
le PKK abandonna aussitôt son discours pseudo-socialiste pour jurer de son respect envers les
valeurs de l'Islam.
Puis il troqua la revendication d'indépendance pour celle d'une simple autonomie des régions
kurdes au sein de la Turquie dans le cadre d'une organisation cantonale du pays: le
«confédéralisme démocratique».
Rompant avec la politique habituelle des gouvernements turcs, et en dépit de l'hostilité des
milieux nationalistes, des cercles militaires et même de quelques uns de ses partisans, l'AKP mit
fin à certaines discriminations envers les Kurdes et aux harcèlements policiers et judiciaires qui
étaient monnaie courante auparavant; il engagea des négociations avec le PKK qui, si elles
n'avaient pas abouti à un accord définitif, avaient cependant conduit à la fin des actions de
guérilla.
Mais depuis quelques mois le gouvernement Erdogan avait repris la rhétorique anti-kurde
traditionnelle. Ce n'était pas pour des raisons électorales, car l'AKP a perdu dans l'affaire ses
électeurs kurdes, sans gagner d'électeurs nationalistes.
En réalité la classe dominante turque redoute plus que tout la création d'une entité étatique
kurde autonome à sa frontière syrienne car celle-ci risquerait d'alimenter des poussées
séparatistes parmi les masses déshéritées kurdes de Turquie. Le maintien, sinon de l'unité du
pays, du moins de la permanence indiscutée de l'ordre bourgeois non seulement dans les régions
périphériques pauvres du sud, mais dans les grandes villes et les usines d'Anatolie ou du
Bosphore, impose donc aux yeux des bourgeois que les Kurdes syriens ne réussissent pas à
conquérir une indépendance de fait ou de droit.
C'est la raison pour laquelle le gouvernement turc a fait tout ce qu'il pouvait pour laisser isolés
les combattants kurdes de l'YPG (liés au PKK) à Kobané face à ceux de l'Etat Islamique (EI),
réprimant de façon sanglante les manifestations de solidarité en octobre 2014 (plus de 30 morts).
Il a longtemps refusé de s'engager militairement contre l'EI, et lorsqu'il s'y est finalement
officiellement résolu sous la pression américaine et qu'il a autorisé l'utilisation de ses terrains
d'aviation par la coalition anti-EI, il a en réalité dirigé l'essentiel de ses bombardements contre
des positions du PKK en Irak et en Turquie, voire en Syrie.
Selon les autorités turques le bilan de la reprise en juillet des combats avec le PKK était à la
mi-octobre de plus 150 morts parmi les policiers et les militaires, alors que plus de 2000
«terroristes» auraient été tués.


LE HDP, SYRIZA TURC


Le HDP, Parti Démocratique du Peuple, est un parti d'origine essentiellement kurde, proche du
PKK, souvent décrit comme la vitrine légale de ce parti. Mais en fait il a réuni en son sein divers
petits groupes et partis de gauche, écologistes, maoïstes, trotskystes, ce qui lui a permis d'avoir
une audience nationale et le fait comparer au parti grec Syriza. Recueillant 13% des voix aux
élections législatives de juin il a pour la première fois franchi la barrière des 10%, ce qui lui a
permis d'obtenir des députés au parlement (80). La «gauche de la gauche» européenne a salué ce
succès électoral avec presqu'autant d'enthousiasme qu'elle l'avait fait pour les victoires électorales
de Syriza...
Le HDP pratique une stricte parité et une politique de quotas: il a 2 «co-présidents», un
homme et une femme, ses candidats aux élections sont à 50% des hommes et 50% des femmes, et
il réserve 10% des candidatures à des personnes LGBT (Lesbiennes, Gays, Bi- et Trans-sexuels).
Il n'hésite pas à parler d'autogestion, de lutte contre l'exploitation des travailleurs et à tenir des
discours parfois anticapitalistes, etc..
Mais c'est fondamentalement un parti interclassiste, réformiste. Officiellement associé au
«Parti Socialiste Européen» (regroupement des députés européens sociaux-démocrates), il veut
démocratiser la Turquie par l'instauration d'une nouvelle constitution qui garantirait les droits des
minorités. Le HDP a servi d'intermédiaire dans les négociations qui ont eu lieu en 2013 entre le
PKK et le gouvernement, et il a longtemps cru à la possibilité d'une reprise des ces négociations.
C'est pourquoi, alors même que le gouvernement avait relancé la guerre avec le PKK, que l'AKP
et Erdogan multipliaient les dénonciations du «terrorisme kurde», que le premier ministre
l'accusait ouvertement le HDP de complicité, et que ce dernier dénonçait les «actions criminelles
de l'AKP», il n'a pas hésité à entrer dans le gouvernement intérimaire formé par l'AKP pour
diriger le pays jusqu'aux élections!
Cela ne lui a pas épargné les accusations des médias proches de l'AKP et de Erdogan luimême
de soutenir le terrorisme, ni évité les attaques contre ses permanences; ses ministres et
députés ont été empêchés par la police de se rendre dans la ville de Cizre soumise à un blocus
militaire, etc. Se trouvant dans une position de plus en plus intenable, le HDP a finalement été
contraint de se retirer du gouvernement, à peine quelques semaines après sa formation.
Cette expérience en dit long sur ce que peuvent attendre de ce parti, non seulement les
prolétaires, mais les masses pauvres en général, y compris kurdes: comme Syriza et comme tous
les partis réformistes, le HDP ne peut en définitive que s'aplatir devant les exigences bourgeoises
et défendre le capitalisme national.
Les partis réformistes, collaborationnistes, qui n'ont que les mots paix et démocratie à la
bouche, sont des adversaires de l'émancipation prolétarienne; ils ne sont pas du côté des
travailleurs, mais du côté des exploiteurs, même quand ils sont la cible des forces bourgeoises
réactionnaires comme hier au Chili ou aujourd'hui en Turquie. Les prolétaires ne peuvent pas
compter pour se défendre sur ses faux amis qui les trahiront toujours. En Turquie comme partout,
ils ne peuvent compter que sur leur propre lutte de classe, que sur leur organisation indépendante
de classe, sur le plan de la lutte de défense immédiate comme sur le plan politique.
La situation des prolétaires turcs n'est pas facile, confrontés qu'ils sont à un Etat
particulièrement brutal qui, pour assurer le bon fonctionnement du capitalisme, utilise tous les
moyens, légaux et illégaux, qui passe alternativement et parallèlement de la méthode
démocratique à la méthode dictatoriale de gouvernement.
L'horrible massacre d'Ankara, venant après les attentats et les attaques précédentes, démontre
à nouveau que les appels à la paix ne sont que de la poudre aux yeux et le cirque électoral une
mortelle impasse. Devant les contradictions qui déchirent la Turquie capitaliste et, à un degré
encore plus élevé, les pays moyen-orientaux voisins, s'ils ne veulent pas rester les éternelles
victimes des capitalistes et de leur Etat, les prolétaires n'ont pas d'autre choix que de lutter, et sur
une base indépendante de classe.
Face à la guerre sociale que leur livre les bourgeois, il leur faudra s'engager, sous la direction
de leur parti de classe internationaliste et international, dans la guerre de classe contre le
capitalisme qui, surmontant toutes les divisions ethniques, religieuses et nationales, dépassera les
frontières nationales pour embraser toute la région.
Le poids social que le développement même du capitalisme au cours de ces dernières années a
conféré au prolétariat de Turquie est le gage qu'il possède la force potentielle d'accomplir cette
tâche future grandiose, en liaison avec les prolétaires de tous les pays.


A bas le capitalisme!
Vive la guerre de classe!
Vive la révolution communiste internationale!

Parti Communiste International


18/10/2015
www.pcint.org




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