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dimanche 30 août 2015

CHAMBON SUR HYPOCRISIE INTÉGRATIONNISTE: la propaganda bucolique de TF1


Je vous avais convié sur plusieurs de mes sites à regarder l’émission de TF1 concernant un accueil «républicain» de demandeurs d’asile - présumé exemplaire - sans me faire d’illusions, plutôt aux aguets sur la manière dont la première propagandastaffel de France allait traiter le sujet. On fût servi sur un plateau puant, non seulement le bleu des Causses, mais de causeries malodorantes s’adressant aux publics les plus différents, aux plus naïfs comme aux plus cyniques.

Qui ne souscrirait à ce projet charmant de repeupler les villages désertés de nos campagnes? Qui ne verserait pas des larmes en voyant ces enfants adorables (comme tous les enfants) menacés d’abord par la guerre en pays islamiques puis par la rue en pays riche?
Ces deux idées sont d’emblée pourtant un rempart de mensonges sur la réalité de l’accueil franchouillard. Un: c’est une goutte d’eau (bénite) face à l’exode massif des populations des pays en guerre. Deux: quelle fût l’importance des subventions reçues par le brave maire d’une zone plouc plutôt raciste et coupée des réalités du monde cruel actuel?

Ensuite, jusqu’à preuve du contraire, TF1, chaîne bourgeoise pour amuser au rabais le bon peuple, ne grouille ni de prêtres ouvriers ni de communistes acharnés; le seul guide de cette mafia visuelle est-il autre que l’intérêt de l’Etat et de ses campagnes idéologiques dominantes. On a su qu’à l’origine de la «suggestion» (bien qu’avant l’exode actuel) était l’actrice-productrice Melissa Theuriau, épouse du comique Djamel. Ce couple est connu pour ses positions communistes en faveur du renversement de l’Etat bourgeois du fait de son amitié affichée avec le bourgeois qui fait figure de chef d’Etat; le couple prend régulièrement aussi de jolies vacances auprès de cet autre grand démocrate, le roi du Maroc (roitelet qui a beaucoup à se reprocher si l’on en croit certains journalistes maîtres-chanteurs).
En bref et de plus la pub maison ajoutait déjà le prêt à conclure, une fois que votre cervelle amollie aurait fini d’enregistrer la guimauve infantile du document, qu’on avait là le modèle quasi parfait du «vivre-ensemble», ce gadget anti-raciste des bobos électeurs du principal parti oligarchique français. Et aussi que cette arrivée de «nouvelles familles» (c’est à dire, pas l’immigré méchant seul avec son canif) pouvait être d’une utilité sociale certaine dans nos bleds «confrontés à la désertification rurale», à l’absence d’industrie et au nécessaire pullulement d’emplois de psychologues conseillers et d’infirmiers psychiatriques (surtout en lozère où cette industrie prospère).

Attention, gros mensonge encore, plus gros que les précédents. Tout le reportage démontre dès son début qu’il n’y a rien à tirer de ces bleds paumés: pas d’usine et les asiles pour vieux et fous ne remplissent pas les caisses de l’Etat sis à la capitale! Tel gouvernement précédent avait bien essayé d’implanter quelques-uns de nos arabes de banlieue dans tel village déserté, lequels prolétaires s’étaient enfui peu après. Il n’y a rien à développer dans une région aussi paumée et arriérée. Une année j’avais amené deux amies maghrébines à Mende, elles avaient été tétanisées à l’idée de passer plus d’une semaine dans ce trou perdu, et Malika s’était écriée à l’entrée du Super U de Mende: «enfin la civilisation»!
Donc le coup de la «vitrine lozérienne» nous avait déjà été fait. Décryptons maintenant les fables et saloperies du reportage.

On commence par le bourgeois syrien réfugié, avocat dans sa vie antérieure, et qui aura la vedette et les lauriers avec sa smala. Un clin d’oeil est fait aux boutiquiers du village qui, vu la venue de cette clientèle aux maigres ressources, sont plutôt circonspects; il faut bien leur laisser un bout de parole pour que le reportage n’apparaisse pas trop dithyrambiques et «arrangés» lorsque Raymond à Montbel ou René à la Canourgue allumeront le poste qui s’appelle maintenant écran plasma.
La boulangère: ils n’ont pas nos coutumes et n’achètent pas spécialement notre pain.
Le boucher: il est gentil le petit réfugié albanais, il aime notre viande, mais ne peut venir que deux fois par mois.

Avec moins de 400 euros par mois pour lui, sa femme et sa fille, faudra pas compter sur ces demandeurs d’asile pour relancer une vie industrielle au village; et toc pour les magiciens de re-développement rural!
Faudra pas compter non plus pour les pétitions de solidarité avec les boutiquiers, pognon d’abord, principes républicains après.

Le gros du reportage, pour nous toucher au fond des viscères, est évidemment le zoom permanent sur les mioches...cour d’école...apprentissage de la lecture par la gentille maîtresse... Ah qu’ils sont attachants! Et comme ils apprennent vite le français, surtout les tiards de l’avocat... en 5 mois pardi! Mais comme ils tirent une drôle de mine quand leurs petits copains d’un an (durée moyenne d’hébergement avant ré-expulsion) albanais, nigérien-péruviens, vont être éjectés de Chambon sur Plouc. Au demeurant on n’est à l’abri de rien puisque le caméraman doit flouter les enfants tchétchènes; Poutine enverrait-il ses tueurs patentés au fin fond des Causses? Le flou des visages tchétchènes introduit un suspense qui frôle la réalité, le bon comme le mauvais spectateur ne doit pas oublier la trilogie précarité-morosité-mortalité qui est le lot quotidien et dramatique des réfugiés, qu’on les aime ou pas, qu’on en veuille ou pas, qu’on les plaigne ou pas, qu’on les ignore ou pas.

Les deux publics sont servis par le reportage pervers. Deux applications subliminales sont psychologiquement injectées comme rails du scénario propagandiste. Le premier, de bout en bout, s’adresse à ces salauds d’électeurs tentés par le FN (que le camarade Valls a mieux dénoncé que tout morveux gauchiste à la messe dominicale du parti gouvernemental): ne vous inquiétez pas, Chambon est un super filtre. Ces demandeurs d’asile ne vont pas être systématiquement intégrés à la nation; à ce titre, le scénario nous fait lambiner dans l’attente du couperet de l’Ofpra, puis pleurer face le refus adressé au couple nigérien-bolivien ainsi qu’au couple albanais. Les salauds d’électeurs hostiles à l’envahissement respirent eux... mais pas pour longtemps. Le reportage se tourne vers les électeurs de gauche humains et gentils: rassurez-vous ils auront droit à une séance de rattrage et on les loge en attendant dans un hôtel de merde à Mende pour six mois ou moins. Adieu Chambon bonjour mendions!

Il n’échappe pas aux yeux des gentils électeurs spectateurs de gauche, aussi crédules que les méchants, cette oppression impalpable qui saisit la poitrine des parents demandeurs d’asile et cette lueur de terreur à l’idée de leur non régularisation. On imagine les cyniques magistrats de l’Ofpra qui s’amusent à jouer avec les nerfs d’êtres humains sans défense, dans la majorité des cas, afin que lors de la «seconde chance» - surenchère sordide - les mendiants d’asile soient infiniement reconnaissants devant de tels seigneurs au point de vouloir se fondre dans la masse des moutons français à défaut de se morfondre dans un camion frigorifique ou une mer horrifique.

Excepté le papa nigérien, le reportage ne nous montre que de belles jeunes filles blanches originaires du Kosovo et habitantes de Mende (clin d’oeil aux ploucs lozériens qui ne trouvent pour femmes que des vaches esseulées), car, comme en Israël, les noirs c’est mal vu, vaut mieux dix réfugiées blanches et jolies qu’un seul noir avec 4 ou 5 mioches; mais cela n’est pas explicite évidemment dans un tel reportage antiraciste. Mais, c’est déjà trop aguicheur envers le public plouc, alors il faut se retourner vers le public bobo, persuadé que la France peut accueillir toute la misède du monde. Donnons la parole à ces jeunes ignares du bistrot du bled. Fastoche, déjà à part les règles du babyfoot ils ne pigent que pouic à la grande politique à la capitale ou ailleurs! Le premier gars du village, bedeau qui ne sait ni que l’hébergement est provisoire et extrêmement sévère ni que les réfugiés n’ont pas le droit de travailler, s’emporte sans grande conviction contre des gens qui ne travaillent pas «et c’est nous qui travaillons pour eux». Quel minable, il ne sait rien et crache sur de pauvres migrants, pardon réfugiés, pense l’électeur de gauche bobo et bassiné!
Heureusement lors de la séquence suivante la voix off du gouvernement nous rassure: autre son de cloche un peu plus loin, un bobo conseiller d’éducation valide cette générosité naturelle à Chambon sur Pétaouchnoc.

La part des choses étant faite, il ne reste plus qu’à aller faire baptiser l’opération séduction humanitaire dans un bocal lozérien chez la mamie du village. Le caméraman a attendu jusqu’aux fêtes de Noël où tout cacique de bled vient faire l’aumone électorale à ses vieux avec un sac de chocolats et une paire de chaussettes pour l’hiver. La mamie est d’autant plus ravie qu’elle est filmée par TF1, sa chaîne préférée pour le décervelage. Elle dit tout ce que le maire ex-prof a envie d’entendre devant la caméra de la France entière (ou en bière): bah oui, y sont gentils et ça fait plaisir de voir des maisons vides réouvrir. La mamie télé-guidée (je ne l’ai pas fait exprès) a donc le mot de la fin conceptualisant et sculptant le «vivre-ensemble» au fond du trou lozérien.

Le gentil électeur de gauche a mal au coeur (qu’il porte à droite en ce moment) lorsqu’il apprend que les couples nigérien-péruvien et l’albanais sont déboutés de leur demande d’asile - quoique les potes du village offrent le pastis et les fléchettes à ce dernier - quand le salaud de droite (qui veut tuer Hollande cause de l’invasion) se réjouit que le seul rescapé, l’avocat et sa smala (belle femme, enfants intelligents ayant appris en 5 mois une langue que les cévenols sont infichus de jacter correctement), soient admis à intégrer la nation de «la liberté, de l’égalité, et de la fraternité» (c’est la promo que fait réciter le caméraman à la femme du bourgeois); mais rien sur infanterie-cavalerie-artillerie (cf. 18 Brumaire) du sieur Hollande en Syrie et en Afrique.

Camarades électeurs de gauche, généralisons partout des Chambon sur Plouc! Vive TF1 la chaîne qui va déchaîner les demandeurs d’asile mais en les sélectionnant selon leur catégorie sociale et la couleur de peau.
Camarades électeurs de droite, pas de souci! on ne va pas se laisser envahir par des prolétaires sans patrie et tous les malheureux de la terre! Chambon sur Plouc est notre mur grillagé hongrois, on pourra s’y faufiler mais au compte-goutte, et les vêtements déchirés!

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