PAGES PROLETARIENNES

mardi 14 mai 2013

Lettre de Marie-Caroline à sa fille Marie-Chantal.




 Paris en feu, mardi 14 mai 2013


 

Vous me demandez, ma chère enfant, si j’aime toujours bien le nouveau ministre de l’Intérieur. Je vous avoue que j’y trouve des chagrins cuisants ; mais je suis encore plus dégoûtée par sa passivité rue de la Pompe hier soir : te rends tu comptes que nous avons été au cœur du brasier des émeutes de la racaille ? Je me trouve si malheureuse d’avoir à te conter  tout ceci car si on pouvait retourner en arrière,  je me  demande si le noble Nicolas n’aurait pas été lui aussi dépassé : - qu’est-ce donc ce charivari , qu'on karchérise ces pauv'cons? – mais, sire, c’est une émeute bleu-blanc-black des ultras maximalistes du pésgé !
Dès dimanche, de premiers incidents dans notre principale artère royale, débarrassée de l'étal faisandé de Virgin, auraient pourtant dû mettre le prince régent Delanoë en oreille contre les incursions de ces nouveaux cathares tarés, fanatiques de petits culs milliardaires juchés sur une haute guimbarde et qu'ils rêvaient voir réveillonner dans un trois-mat sur la Seine . Comment se fesse-t-il qu’une bonne centaine d'énergumènes, qui avaient déjà frôlé le pillage du Fouquet’s, au prétexte de fêter la victoire de leur écurie fétiche qatarie, aient pu ainsi se répandre sans être alpagués par la maréchaussée ? Te rends-tu compte ? Et ils ont incendié ma MINI Cooper Paceman. Heureusement nous étions au dernier étage dans la garçonnière du milieu, mais j’ai dû arrêter de sucer Jean-Edouard tellement il débandait de peur.  Te rends-tu compte que  nos édiles, trois fois plus nombreux en moyenne que ceux d’Amérique, n’ont pas eu un minimum d'anticipation sur ce que prévoyait de faire la canaille faubourienne ? Ils ne s’amusent qu’en cassant, sans penser aux nobles pères de famille venus avec des bambins en bas âge communier religieusement à la victoire aux armoiries parisiennes.
Pour sauvegarder nos biens ancestraux il n’y avait entre le Trocadéro et Neuilly que  sept unités mobiles, soit 490 CRS et gendarmes mobiles, et un paquet dérisoire de  manants de police locale  au nombre  ridicule de 800. Les margoulins et plaisantins de la communauté princière qatarie, ledit «  club du pésgé » avait déployé quelques malheureux stewards, gainés de rouge, mais manifestement en nombre insuffisant. Les vulgaires chenapans noirs et arabes de province faubourienne et de Navarre désoeuvrée ont molesté nos braves amis épistoliers, contraints d'évacuer l'estrade branlante dédiée à la presse quand celle-ci a été prise d'assaut par la foule (l’estrade et la presse). Les festivités  locales de la religion foutebalesque mondiale ont ainsi été gâchées, ce la m’assomme.

Mais, très chère, plus encore a été révélée la fragile protection de nos châteaux et de nos calèches. Songe qu’en 1967 ou 1969, lorsque ma mère s’inquiétait d’une manif de la CGT au Champ de Mars, on nous envoyait aussitôt cent CRS pour protéger notre immeuble. Je me trouve dans un questionnement qui m’embarrasse : on est embarqué dans le gouvernement de la gauche sans mon consentement ; comment en sortirai-je ? Par où ? Par quelle porte ? Quand sera-ce ? En quelle disposition ? Souffrirai-je mille et mille douleurs, qui me feront mourir désespérée ? Aurai-je un transport au cerveau ? Mourrai-je d’un accident ? Comment serai-je avec Fillon ou Copé ? Qu’aurai-je à leur présenter ? La crainte, la nécessité feront-elles mon retour vers l’UMP ? N’aurai-je aucun autre sentiment que celui de la peur ? Que puis-je espérer ? Suis-je digne du sort de Madame Lamballe ? Suis-je digne du Goulag? Quelle alternative ! Quel embarras ! Rien n’est si fou que de mettre son salut dans l’incertitude ; mais rien n’est si naturel, et la sotte émeute que nous venons de subir est la chose du monde la plus aisée à comprendre. Je m’abîme dans ces pensées, et je trouve la gauche si terrible que je hais plus la droite parce qu’elle m’y mène que par les épines qui s’y rencontrent. Vous me direz que je veux protéger mes murs éternellement. Point du tout ; mais si on m’avait demandé mon avis sur la propriété privée, j’aurais bien mieux aimé à mourir entre les bras d’un berger communiste viril : cela m’aurait ôté bien des ennuis et m’aurait donné le ciel bien sûrement et bien aisément ; mais parlons d’autre chose. 

Je suis au désespoir que vous ayez eu Marine par d’autres que par moi. C’est ce chien de Copé qui me hait, parce que je ne cotise plus à sa mafia. Vous en avez jugé très juste et très bien, et vous aurez vu que je suis de votre avis. Je voulais vous envoyer la Le Pen pour vous réchauffer la pièce. Le sursaut est nécessaire face à la gangrène ; les mœurs de la zone périphérique sont trop bien tolérées ; ils ne font point tant de façons pour piller et violer ;  on n’entre point dans les raisons de cette grande barbarie. Il y a pourtant des choses agréables dans le laxisme d’Etat de la noble gauche, et rien de parfaitement beau, rien qui enlève la possibilité d’un retour de nos amis réunis à nouveau au Fouquet’s, pensées qui font frissonner. Ma fille, gardons-nous bien de leur comparer Sarkozy, sentons-en la différence. Il y a des endroits froids et faibles, et jamais le pingouin n’ira plus loin que Tonton  ou grand frisé blanchi sous le harnais. Hollande est au-dessous, au sentiment de bien des gens sondés par les pigeons, et au mien, si j’ose me citer. Valls fait des comédies pour épater le bétail électoral bientôt tondu des retraites les plus basses: ce n’est pas pour les siècles à venir. Si jamais il n’est plus jeune et qu’il cesse d’être un simple premier flic, ce ne sera plus la même chose. Vive donc notre vieil ami Valls ! Pardonnons-lui son passage à vide au Trocadéro, de méchants vers, en faveur des divins et sublimes uniformes de CRS qui nous transportent : ce sont des traits de maître queue qui sont inimitables. Montebourg en dit encore plus que moi en catimini; et en un mot, c’est bon goût : tenez-vous-y.
Voici un bon mot de Mlle Le Pen, qui a fort réjoui le parterre. Marine Le Pen a chanté en faveur du sursaut face à la gangrène. Il faut sévir et appliquer la tolérance zéro contre ces racailles qui se croient tout permis sur notre territoire, a ergoté la marquise des bas-fonds. Cela fut dit sans malice, c’est ce qui a fait rire extrêmement.

Post scriptum animal triste: ce sont bien une dizaine de lampistes, comme toujours, qui ont été alpagués par les flics, la plupart arbitrairement. Les vrais racailles et provocateurs à la solde la police courent toujours. Il faut relever l'extraordinairement rapide célérité des plumitifs du FIGARO et de BFM pour dénoncer les "imbéciles" (vu comme une généralité de "jeunes" nés délinquants) et tancer le "laxisme" du sieur Valls comme des magistrats; tout ceci reflète bien l'impact immédiat des sévères remontrances tombées en cascade de la haute, très haute bourgeoisie qui n'a pas aimé qu'on vienne pisser sur ses murs. Entendez bien, il ne s'agit pas de cadors de la moyenne bourgeoisie, qui aboient faiblement, mais des très hauts sires de Neuilly qui font trembler leurs intermédiaires valets de par un simple éternuement. Ce qui est rarement aussi visible!






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