PAGES PROLETARIENNES

vendredi 18 janvier 2013

REFLEXIONS DERANGEANTES SUR LE SABLIER MALIEN




Le bobardement idéologique connait sa période décisive grâce à la sanglante prise d’otages dans le complexe gazier de Tigantourine. On fait semblant d’oublier que la guerre au Mali n’est que la poursuite de celle en Libye menée par le généralissime Sarkozy. En janvier 2012, de violents combats avaient opposé à nouveau des rebelles touaregs à l’armée malienne, à Aguelhok et Tessalit, deux villes de la région de Kidal (nord-est). L’attaque avait été revendiquée par le MNLA, Mouvement national de libération de l’Azawad, une clique indépendantiste touareg qui guerroie pour l’indépendance de l’Azawad, une région naturelle du nord-est du Mali, laquelle clique a ensuite perdu la main à l’été face aux gangs armés dits islamistes. L’armement de ces diverses cliques n’avait pas été difficile à recueillir dans les miasmes de la soi-disant « guerre de libération » de la Libye. Depuis la chute de Kadhafi en octobre 2011, des centaines de Touaregs ayant combattu aux côtés du leader libyen avaient, en effet, regagné le Mali avec les armes pillées et leurs équipements. 

LA MILITARISATION EN AFRIQUE SOLUTION AU CHOMAGE

L’Etat fantoche malien n’avait pas honoré ses engagements de 2006, notamment en termes d’investissement dans la région. La frustration était grande dans la population où la seule échappatoire au chômage et à la faim reste le trafic de drogue ou l’embrigadement dans les différents gangs armés ; comme au Liban et à Gaza depuis toujours. Une partie des Touaregs ayant servi en Libye a été disponible pour s’engager contre Bamako comme leurs confrères islamistes. La compétition des grandes puissances pour contrôler ces régions se heurte donc à de multiples gangs plus ou moins indépendants.
Le port de l’uniforme peut passer aussi en France désorma is par Pôle emploi : « Autrement dit l'Armée de terre promet tout à la fois à ses nouvelles recrues l'épanouissement personnel et la certitude d'une mission au service des autres. On est loin de la guerre qui tue, loin de la guerre tout court et pourtant, la guerre nous y sommes. Pour moi, pour les autres, s'engager.fr, s'engager.fr parce que la plaque tournante du recrutement militaire français, aujourd'hui, et bien c'est la toile, c'est la kakisphère. C'est là que sont les jeunes et c'est là que l'armée va les chercher ». (cf. David Abiker)
Le débarquement de l’armada militaire française avait été soigneusement préparé contrairement à ce que prétend la faction de droite par l’orchestration médiatique des forfaits « islamistes » l’été dernier et leur conquête de la moitié nord du sablier malien. L’intervention est devenue « humanitaire » et « antiterroriste » il y a une semaine déjà avec tout le soutien onusien de la « communauté internationale ». Comme à son habitude quand ses intérêts néo-coloniaux sont menacés la bourgeoisie française a obtenu le soutien unanime de la « représentation nationale », droite, gauche, écolos et staliniens confondus. Nul parti gauchiste n’a prétendu organiser au moins une manifestation avec le calicot « impérialisme français hors d’Afrique ! ».
Naïfs que nous sommes, il n’y a pas qu’en Afrique qu’on recrute les enfants, le sergent recruteur s’est mué en geek, un internaute amical : « Eh bien comme d'habitude, des filières avec ou sans diplôme, de l'action, un sens à leur engagement. Tout est sur le site. Mais, il y a Nicolas sur ce site quelque chose de nouveau, un détail étonnant, un détail qui en dit long sur le changement d'époque. L'Armée recrute des soldats, mais l'armée recrute des enfants. Oui, l'armée recrute les enfants de leurs parents. Et là, chapeau l'Armée Française, qui vise dans cette campagne un public stratégique: la Famille. Si, en page d'accueil on clique sur l'onglet Votre enfant s'engage, l'Armée décrit le déroulement des opérations aux parents qui vont s'inquiéter, aux parents qui pourraient ne pas vouloir que leur enfant signe. Ces parents sont peut-être les premier prescripteurs de l'Armée de Terre, alors on les soigne... ». (ibid)
En effet, les choses ont bien changé depuis les sixties, depuis la fin du bloc russe et le massacre de 2001 à New York. Trois raisons à l’amorphisme de l’antimilitarisme gauchiste et au pacifisme de la gauche bourgeoise : la perte de vigueur des trois principaux ordres idéologiques : le réformisme de gauche laminé par la crise, le syndicalisme laminé par ses trahisons incessantes et la croyance en la révolution laminée par le gauchisme armé et son père le stalinisme.
Le fait que ce soit la fraction bourgeoise de gauche au pouvoir qui mène la guerre facilite grandement ce consensus de toutes les grandes et minis cliques de partis bourgeois et corrobore le rôle collaborationniste des syndicats quand tant de « libérations nationales » ont quasi détruit toute idée de révolution comme « guerre révolutionnaire » à la suite de la longue agonie du stalinisme (avec la fable des « prolétaires en armes »).
Pour parodier un célèbre théoricien de la gauche maximaliste d’avant-guerre, le professeur Vercesi, on peut même considérer que la bourgeoisie mène tranquillement sa guerre contre… le prolétariat. Dans cet espèce de consensus cosmopolite de « guerre contre le terrorisme », « l’internationalisation de la guerre », comme ils disent tous, se manifeste non par une nouvelle guerre mondiale au cœur des pays riches, mais par le massacre d’un nombre considérable de travailleurs de plusieurs pays – les tueurs de l’AQMI (ou d’Al Qaida ressuscité, mais les vrais commanditaires restent toujours opaques) ayant pris soin de zigouiller avant tout les « travailleurs expatriés ». 

Cacher la réalité militariste du capital décadent 

En second lieu, il faut noter la précipitation de l’ancien conseiller spécial de Sarkozy, M. Guaino, pour rattacher la guerre actuelle aux « printemps arabes », avec un langage codé à double sens pour les élites dominantes.

« Ce qui se passe en Tunisie, en Egypte, en Syrie contribue évidemment à alimenter les mouvements jihadistes, à alimenter le désordre, déstructurer la lutte contre le terrorisme dans toute cette région. Tout cela a ouvert grand la porte aux mouvements islamistes ». 

Or, s’il y a bien eu une incontestable révolte contre la misère sociale, avec pour principales victimes de vrais prolétaires, la machination visant à porter au pouvoir les cliques islamistes est bien partie de Washington pour éliminer des dictateurs peu coopérants pour contrôler le Moyen Orient et l’Afrique, voire surtout obsolètes face à la crise mondiale, et sous l’argument du chaos (certes réel) et faire face aux autres grandes puissances (Chine, Russie, Allemagne, et.) dont le bout du nez ne s’est montré que pour la Libye et la Syrie. Le propos de M. Guaino est obscur pour nous les sans grades, mais clair pour ses confrères gouvernementaux : la porte a été ouverte aux « islamistes » par la bourgeoisie américaine. Personne ne relève l’apparent paradoxe – ou en le présentant comme une faillite américaine – selon lequel c’est une partie de l’armée mexicaine malienne qui a fait défection pour fonder l’armée islamiste du Nord du sablier malien, or celle-ci avait été formée et dotée d’un armement sophistiqué par la prude Amérique.
« Toute guerre doit être cachée par un rempart de mensonges » (Winston Churchill)
Depuis le début de l’intervention militaire « antiterroriste » Anastasia a repris du service. Blackout total sur les informations ou laisser-aller sur les plus fantaisistes. On apprend que quarante et une personnes sont prises en otage, d’autres parlent de 600 ou 700. Puis la diabolisation de l’ennemi se précise. Ils sont d’abord arrivés déguisés en soldats algériens pour envahir le site gazier. Ils sont disposés de complicités à l’intérieur sinon, vu la platitude du désert, macache pour approcher… Plusieurs centaines d’otages (ndlr travailleurs algériens) seraient parvenus à s’enfuir… La Mise en scène graduée séduit immédiatement « l’opinion », partout les « commentaires libres », les « post » se félicitent de l’action propédeutique armée, regrettent l’intervention « trop tardive », certains saluant la « salutaire », regrettent l’intervention « trop tardive », certains saluant la « salutaire » fusillade algérienne pour « éradiquer la planète » de cette « racaille »…

LA REALITE DE LA MONDIALISATION ET DES « intégrités territoriales »

Alors que la bourgeoisie des pays riches larmoient sans cesse sur son impuissance à contrôler les flux migratoires, on découvre que c’est la règle aussi en Afrique pour les nécessaires « échanges régionaux » : trafics de drogue et d’armes… et que plus les régimes sous-développés légifèrent ou militarisent plus le trafic informel prospère. Les gros trafics avaient d'abord porté sur les cigarettes, entre le port de Cotonou et l'Algérie via le Niger. Un commerce d'armes et de drogue, essentiellement de la cocaïne, venant d'Amérique latine, s'est ensuite développé au Mali. La drogue était acheminée jusqu'à Gao par des pistes depuis les côtes africaines atlantiques voire par avion avant d'être réexpédiée au nord pour rejoindre l'Europe. Le chef désigné de l’attaque du complexe de Tigantourine, Mokhtar Belmokhtar a fait fortune dans la contrebande des cigarettes vers l'Algérie. Il était d'ailleurs plus connu sous le nom de M. Marlboro que sous le surnom de "Le Borgne". Pour AQMI ou la brigade dite des "Signataires par le sang" de Mokhtar Belmokhtar, ces trafics ont été une source importante de revenus. Cela leur a permis d'acheter des armes, mais aussi de recruter des jeunes désargentés. Vu les bombardements en cours, le trafic de drogue est pour l’heure sérieusement perturbé. La drogue reste une source de revenus sans doute plus importante que les otages.  Quant aux jeunes recrues, venues dans les rangs des islamistes pour l'argent plus que pour l'idéologie, certains devraient vite déserter quand ils verront les victimes faites par les bombardements aériens. De plus, ce ne sont pas tous des islamistes fanatiques.
 Le président Abdelaziz Bouteflika s’était longtemps opposé à une intervention militaire pour déloger les groupes islamistes qui avaient pris le contrôle du Nord-Mali. Selon lui, seule la voie des négociations devait permettre de résoudre le conflit. Il a fallu la visite de François Hollande à Alger, fin décembre, pour aboutir à un consensus, au moins de façade. Tandis que les autorités algériennes acceptaient de ne plus s’opposer à un déploiement armé, le président français affirmait que la voie des discussions avec les islamistes n’était pas à exclure. «Il convient de faire du dialogue politique, de faire tout pour qu’une négociation puisse permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale, avait-il déclaré. Le rôle de l’Algérie est très important. Nous ne pouvons pas accepter qu’Aqmi [Al-Qaeda au Maghreb islamique, ndlr] s’installe [dans le] nord du Mali.»


Les commentaires sophistiqués se déroulent ensuite paisiblement puisque « l’opinion publique » est désormais acquise :
« L'éradication des islamistes ne sera pas une tâche facile. Ils sont passés maîtres dans l'art de la guerre asymétrique. Ils sauront refuser tout combat frontal, pour se fondre au milieu de la population civile. Ils sauront mettre à profit leur grand avantage comparatif par rapport à l'armée française, qui est leur indifférence à la vie humaine. Dédain de leur propre vie, dans la mesure où les missions suicides ne leur font pas peur. Dédain de la vie des civils, dans la mesure où l'assassinat de cent d'entre eux dans un village qu'il faut «punir», ne leur fait ni chaud ni froid. Les troupes françaises savent tout cela: combien de fois en Afghanistan n'ont-ils pas observé à la jumelle les colonnes d'enfants de moins de dix ans que les talibans utilisaient pour leur apporter des munitions pendant un combat contre l'armée française! Les stratèges parisiens savent déjà qu'il leur faudra, au plus vite, passer le relais du combat anti-islamiste aux soldats africains. Les Touaregs du MNLA, qui ont une revanche à prendre sur les islamistes du Mujao et d'Aqmi, et qui sont traditionnellement francophiles - leurs grands-pères écrivirent en 1958 au président de la République française, pour lui demander, dans le contexte des décolonisations, leur rattachement direct à la France - seront à l'évidence les plus utiles. Les soldats tchadiens aussi, qui savent se battre dans le désert. En revanche les soldats issus de l'Afrique tropicale ou équatoriale, luxuriante et cultivée, risquent de n'être d'aucune utilité. En se battant les généraux français devront toujours garder à l'esprit les deux grandes leçons de l'Afghanistan: on ne détruit pas une guérilla avec des avions; on ne rétablit pas la civilisation avec une armée de terre, aussi dévouée et compétente soit-elle… ».
Quid des attentats possibles sur le sol francophone, il faut protéger les généraux :
« Comme le révèle ce matin RTL, la protection des Français passe d'abord par celle de leurs ministres, cibles potentielles des terroristes. Dans le contexte de la crise du Mali et de la prise d'otages en Algérie, le chef du gouvernement a choisi, jeudi, d'étendre la protection rapprochée aux ministres de plein exercice à tous les ministres délégués du gouvernement. Concrètement, c'est le Service de protection des hautes personnalités (SPHP), rattaché à l'Intérieur, qui assurera cette mission. Composé de 760 policiers spécialisés, ce service mettra à disposition de chaque ministre délégué, à temps plein, deux anges gardiens. En 2010, dans un rapport, la Cour des comptes avait chiffré à 71.879 euros par an en moyenne le coût d'un policier du SPHP ».

LE DEROULEMENT DE LA GUERRE MODERNISEE

Un autre acteur de la guerre modernisée, et des revirements d’alliance, apparaît alors en coulisses, grâce à l’édito de Libération, le Pakistan (sous-fifre de Washington…) :
« Il demeure trop de zones d’ombre pour tirer le bilan de l’assaut de l’armée algérienne contre les preneurs d’otages de Tigantourine. Mais l’extension de la guerre au Mali en Algérie par le biais d’une prise d’otages barbare souligne avec une violence extrême l’un des nœuds stratégiques auxquels la France est confrontée depuis la première heure de l’opération «Serval» : il n’y aura pas de succès possible contre les jihadistes des sables sans le concours actif, déterminé et constant du régime algérien. L’impasse afghane a fait jurisprudence : s’il n’y a pas eu de victoire totale contre les talibans, c’est en grande partie faute d’une solidarité sans faille du grand voisin pakistanais, dont l’appareil d’Etat a cultivé en virtuose un cynique double jeu, soutenant d’une main les Occidentaux et couvrant de l’autre une liberté de manœuvre et de trafics laissée aux extrémistes. Il faut donc se féliciter des premiers signes encourageants donnés par l’Algérie : elle a pour la première fois autorisé le survol de son territoire par les avions militaires français et assure qu’elle a fermé son immense frontière commune avec le Mali. Si d’autres signes tangibles venaient confirmer cette politique de fermeté, il s’agirait d’un tournant, sinon d’une rupture. Comme si les relations franco-algériennes pouvaient ne plus être totalement contaminées par les fantômes du passé. Il est trop tôt pour pouvoir l’affirmer avec certitude, tant ce régime a fait de l’ambiguïté une seconde nature. Mais cette nouvelle donne ne devrait pas faire oublier les réalités d’un régime autoritaire, parmi les plus corrompus au monde, tenu par une petite caste galonnée qui a réussi à faire de l’Algérie un pays végétant dans la misère, quand la richesse de son sous-sol et l’énergie de sa jeunesse lui réservaient un tout autre destin ».
Une huile près l’appareil secret de l’Etat français, Mathieu Guidère, confie son appréciation des collègues du Groupement d'Intervention Spécial (GIS), "pendant" algérien du GIGN » :
« Nous collaborons très peu, mais nous savons à peu près comment ils fonctionnent. Ce sont des unités d'un très bon niveau sur un plan de l'anti-terrorisme militaire : contre-guérilla, chasse au terrorisme dans des zones complexes et hostiles,... Ce sont des unités très aguerries, de vrais professionnels dans les forces de sécurité, déterminés, qu'il ne faut pas sous-estimer. Mais, encore une fois, dans une optique extrêmement offensive qui ne correspond pas à l'état d'esprit européen de la manière de gérer des crises -même si on n'a pas été confrontés à la même situation. Leurs options, tactiques et stratégiques, sont essentiellement liées à une volonté de force. Il faut neutraliser les preneurs d'otages et envoyer un signal très fort. Si tous les otages sont tués lors de l'opération, ce n'est à la rigueur pas une préoccupation majeure, c'est le risque de la guerre. Ils sont en guerre ».
La guerre moderne confirme, comme la Seconde Guerre mondiale que les civils sont une partie inévitable et sacrifiée des frappes chirurgicales « antiterroristes » :
«  On passe un seuil de complexité. On sort des prises d'otages qu'on gère en général avec trois ou quatre preneurs d'otages au maximum, et au maximum quelques dizaines d'otages. Avec un paramètre nouveau depuis le 11 septembre : la dimension suicidaire des preneurs d'otages, typique du terrorisme islamiste. La configuration est automatiquement très particulière, vous allez avoir très peu de marges d'action tactiques. Les preneurs d'otages savent qu'un assaut peut être donné à tout moment. Ils se seront mis dans une telle posture que, s'il se passe quelque chose, ils seront piégés, vont tuer tout le monde et se tuer. Cette complexité a d'ailleurs justifié la réorganisation du GIGN en 2007. Quand on pense au théâtre de Moscou (un commando tchétchène avait pris 800 personnes en otages, du 23 au 26 octobre 2002 ndlr), une intervention sur laquelle j'ai beaucoup travaillé avec les collègues russes, on est dans une configuration où il y a très peu de choix tactiques et où personne n'a de baguette magique pour sauver les otages ».
Guidère est plus précis que Guaino :
« En réalité, aujourd'hui, on assiste à un phénomène en mutation car avec le printemps arabe en Tunisie, en Libye, en Egypte et au Maroc, des gouvernements islamistes sont arrivés au pouvoir. Et lorsque le champ politique a été constitué autour des islamistes, les djihadistes de ces pays là ont perdu de leur poids dans la population. La plupart d'entre eux s'est donc déplacée dans le sud puisque leur opposition au gouvernement n'avait plus lieu d'être, étant lui-même islamiste. Il y a une dynamique djihadiste dans toute la zone subsaharienne, et en particulier au Sahel, qui reflète cette mutation du djihadisme. Il y a un déplacement de son centre de gravité des pays d'Afrique du Nord et du Proche-Orient vers le Sahel ».

LA GUERRE PEUT SE GENERALISER EN AFRIQUE SOUS COUVERT DE LUTTE CONTRE LE « DJIHADISME »

« … car nous sommes en plein désert et il n'y a pas vraiment de frontière. Mais cette réunion soulève la différence d'approche qui existe entre la Libye et la Tunisie d'une part et l'Algérie d'autre part. Les gouvernements islamistes des deux premiers pays ne considèrent pas les salafistes comme des terroristes au contraire de l'Algérie. Il y a donc une différence d'approche et le contexte géographique et politique ne permet pas aujourd'hui de véritablement contrôler toutes ces zones et d'assurer la tranquillité dans ces zones-là ».
A la question « L'intervention au Mali peut-elle réduire la menace djihadiste au Sahel ? », Guidère est loquace :
- Je ne le crois pas. Cette intervention aura dans l'immédiat deux conséquences. La première, c'est le changement de perception de la France qui va apparaître de nouveau comme une puissance interventionniste qui s'ingère dans les pays de la région. On entend déjà sur place des accusations de néocolonialisme. Ce changement de perception va donc se faire dans les semaines qui viennent dans un sens négatif pour les intérêts français. Deuxièmement, on va voir se mettre en place une dynamique djihadiste sur l'ensemble de la partie centrale de l'Afrique, c'est-à-dire de la Somalie au Sénégal. Et cette dynamique risque de nuire aux intérêts économiques de l'ensemble des partenaires occidentaux dans la région ».
A suivre dans nos nouveaux « carnets de guerre »…




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