PAGES PROLETARIENNES

dimanche 20 janvier 2013

UN ENFANT DE RENAULT-BILLANCOURT...




Une courte biographie bienvenue fournie par les camarades du groupe Robin Goodfellow, en complément de celle que j'avais réalisée en 2011, concernant notre ancien condisciple du lycée Buffon (voir sur mon deuxième blog, Archives maximalistes). Le père, ouvrier breton, avait toujours travaillé à l'usine Renault de Boulogne-Billancourt, ignorant que son fils allait s'initier au marxisme à partir d'un lycée bourgeois (Buffon Paris XVe).
Je suis d'accord complètement avec l'appréciation de Jean-Pierre comme un formidable passeur de la théorie révolutionnaire mais toujours avec une distance critique vis-à-vis des "anciens" dans ce quadrilatère de bistrots au métro Pasteur où se confrontèrent (amicalement) mais incisivement les deux branches principales du maximalisme à la veille de 68, les "barbaristes" (qui allaient féconder un conseillisme néo-anar et des variétés situs) et les bordiguistes (qui allaient s'imposer comme référence et influencer même RI qui tenait permanence au coin de la rue...).  Hébert refusait d'aller discuter avec RI, les considérant comme des fossiles avec leur analyse "débile" de la décadence et une analyse économique non marxiste. Il a écrit plusieurs articles, dont un sur la Chine dans "Lutte continue", mais je n'arrive pas à mettre la main dessus vu que j'ai confié toutes mes archives sur cette période à l'institut d'Amsterdam. Sur cette photo d'un film tourné à la fête de LO de 1972 (où le cercle oppositionnel à LO, futur Combat communiste, joue une saynète figurant la lutte contre les expropriations sur le Front de Seine), JP Hébert est à droite de Gérard Delteil, ancien chef de LO pour le 15ème arrondissement de Paris, devenu romancier de polard, dont la verve, le recul critique face au trotskysme et la connaissance des débats dans le courant maximaliste, lui doivent certainement beaucoup. Curieuse destinée, du point de vue de l'écriture, de l'imagination et de la verve, nous nous attendions plutôt à ce que ce soit Hébert qui succède à Manchette... (qui était notre auteur favori au lycée et devint beaucoup plus tard sympathisant de... RI). Hébert avait malheureusement un côté PN, destructeur pour son entourage et lui-même, et, malgré son côté passeur de théorie jubilatoire, était incapable de favoriser un réel regroupement politique sérieux  autour de lui à l'instar des personnalités pivots tel Vega pour PO, Anselme pour les Cahiers de Mai, Wlad pour la Gauche Marxiste, Chiric, Raoul et Peter pour RI...


Jean-Pierre Hébert 
(né le 19 juin 1950 à Boulogne-Billancourt, mort à Carantec, le 25 mars 2011)

Jean-Pierre Hébert est venu à la politique pendant sa scolarité au lycée Buffon, à Paris, établissement qui avait été depuis longtemps une pépinière politique en général et de la gauche non léniniste en particulier.
Il vit la fin de « Pouvoir ouvrier » qui s’autodissout après mai 1968 (1969) en constatant que, contrairement aux autres groupes gauchistes, il n’avait pas fait le plein de militants.
La gauche de « Pouvoir ouvrier », composée des éléments les plus jeunes, se regroupe en 1970, dans le cadre de «Révolution communiste », tout en rejoignant comme la plupart des autres militants de PO, la mouvance des « Cahiers de mai ». Révolution communiste publiera deux cahiers notamment une critique de la politique des « Cahiers de mai » (Cahiers Révolution communiste 2 : Marxisme contre réformisme bureaucratique, juillet-août 1970)
A travers l’expérience des « Cahiers de mai », s’élaborera la perspective d’un regroupement entre notamment les militants issus de « Pouvoir ouvrier » et ceux issus de la « La voie communiste », groupement animé notamment par Denis Berger. Ce regroupement, dans lequel, comme les autres anciens de « Pouvoir Ouvrier », « Révolution communiste » se fond,  donne naissance, en 1971, au « Groupe marxiste pour les conseils de travailleurs » (GMPCT). Jean-Pierre Hébert fait partie des très jeunes éléments qui d’instinct ressentent l’opportunisme de ce regroupement sans principes. Ils forment alors une « fraction » confidentielle, aussi secrète que dénuée d’influence, pour le combattre. Tandis qu’une partie de ces jeunes lassée de cet opportunisme et influencée par la gauche italienne, s’en va sur la pointe des pieds, le regroupement hétéroclite constitué par le GMPCT, s’en va à vau l’eau et se dissout.
Jean-Pierre Hébert, fait partie des militants qui fondent la « Gauche marxiste » dont les contours militants épousent sensiblement ceux de « Révolution communiste ». La « Gauche marxiste publie un journal intitulé « Lutte continue » et finit par se dissoudre en 1973.
Jean-Pierre Hébert et quelques membres de l’ex « Gauche marxiste » renouent avec les éléments de la « fraction » qui avaient quitté le GMPCT et créent un cercle d’étude qui entreprend l’étude critique des travaux de Rosa Luxemburg et de Heinrich Grossmann. Ce nouveau regroupement lui même ne survivra pas au départ, en 1975, des éléments qui rejoignent le « Groupe communiste mondial » qui passait pour être le continuateur d’ « Invariance » et qui fonderont la revue « Communisme ou civilisation »
Jean-Pierre Hébert ne les suivra pas et si son activité militante, stricto sensu, s’arrête là, il restera fidèle toute sa vie à ce marxisme issu de « Socialisme ou barbarie ». Si son travail théorique n’a guère été formalisé, il aura été, en dépit d’un certain éclectisme, un formidable « passeur », opposant un humour caustique aux manifestations délétères de la société bourgeoise.

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