PAGES PROLETARIENNES

jeudi 10 mai 2012

LES PARTIS RIGOLOS EN OPPOSITION



Die Linke (Allemagne) Syriza (Grèce) Front de Gauche et NPA (France) Cinq Etoiles (Italie)

La décomposition des deux grandes ailes de la gauche bourgeoise européenne a donné naissance depuis la fin des années 2000-2010 à des espèces de partis bâtards, simplement produits par l’accouplement d’anciens staliniens et de vieux social-démocrates (le NPA, bien qu’issu d’un tronc trotskien girouette ne déroge pas à la même bâtardise idéologique°.
Ils ont en commun une réputation « radicale » outrageusement exagérée par les médias bourgeois. Ils sont les méchants de la farce électorale. Ils trépignent et crient, mais comme de robustes rabatteurs de l’électoralisme bourgeois. Ce sont les déchets terribles de la social-démocratie bourgeoise et du stalinisme désséché, terriblement figurants mais qui n’inquiètent ni les marchés financiers ni les politiciens de premier plan des partis dominant dans l’oligarchie. Le plus symbolique de cet alliage stalino-SD est Die Linke, mixture démocratique post gauchiste, qui participe à la comédie religieuse électorale comme les Verts, et qui ne vous est pas inconnu. Nous n’avons pas à aborder non plus dans cet aperçu rapide sur les nouveaux partis rigolos, le cache-sexe de la tentative de résurrection du PCF, ce lamentable Front de Gauche et son pitre Mélenchon qui a été incapable de devancer les présumés fachos du FN avec un discours antifasciste qui sentait la naphtaline.

En Italie, le plus rigolo « Cinq Etoiles »:

Succès électoral pour le machin du comique Beppe Grillo, qui a présenté des listes "antipolitiques" dans une centaine de villes (sur près de 1 000 concernées par le vote) lors du premier tour des élections municipales partielles italiennes, qui ont eu lieu les 6 et 7 mai. Le Parti des libertés de Silvio Berlusconi, et son allié la Ligue du Nord ont subi une lourde défaite, face aux listes de centre-gauche. Mais ce sont les listes Grillo qui ont créé la surprise. L'un d'elles s'est placée en troisième position à Gênes (dont Grillo est originaire) avec 14% des voix, une autre a même obtenu 20% à Palerme. Le mouvement démagogique "Cinq Etoiles" a harponné pas mal d’électeurs bobos lors du premier tour des municipales partielles en Italie bien que ces élections aient également été marquées par une forte poussée de l'abstention pour un type de scrutin habituellement très prisé des Italiens: le taux de participation s'établit à près de 67%, en recul de sept points par rapport à 2007. Le succès du mouvement "Cinq Etoiles" du comique Bepe Grillo, en lutte contre la "partitocratie" et très présent sur les réseaux sociaux, est en passe d’exalter la noria gauchiste européenne et les zombies communisateurs. "C'est juste un début. Les citoyens se réapproprient leurs institutions", s'est félicité Beppe Grillo dans un message sur YouTube ! Ouahou ! Ce clown devrait aller en Algérie pour tenter de redonner espoir aux électeurs dans la misère qui sont si nombreux à vouloir s’abstenir face à un gouvernement de bigot et une armée de sadiques.
Ces élections étaient un premier test politique près de six mois après l'entrée en fonction du gouvernement "technique" de François Hollande… pardon de Mario Monti, qui a mis fin au règne de Nicolas Sarkozy… pardon de Silvio Berlusconi, miné par la corruption et de multiples scandales. Les prochaines législatives doivent se tenir en avril 2013. Et on s’en tape.

Le moins drôle : Siriza en Grèce :

Dimanche, le parti de gauche radicale Syriza a créé la surprise en Grèce en rassemblant 16,5% des voix aux élections législatives anticipées. Mené par Alexis Tsipras, le parti a triplé son score de 2009 et a raflé 52 sièges à la Vouli, la Chambre des députés grecque, devenant ainsi le premier parti de gauche du Parlement. Dans les années 70, à l’image de ce qui s’est passé en Italie, le PC grec s’était divisé entre les staliniens favorables à l’influence de l’Union soviétique et ceux qui préféraient s’en détacher. Syriza [fondé au début des années 2000, ndlr], est issu des courants staliniens qui souhaitaient devenir indépendant de Moscou : la partie proeuropéenne du national stalinisme. Le PC commercial de Grèce, le KKE, avait réalisé 8,48% aux élections législatives, soit une augmentation de 0,9 points par rapport à 2009 ; Syriza, lui, a explosé, de 4,6% à 16,5%. Il paraît que le jeune arriviste à la tête de cette faction néo-stalinienne avait souhaité rencontrer le nouveau président français, lequel a décliné, cette faction hybride n’a aucune compétence à gouverner comme la bande à Mélenchon.

PARENTHESE SUR L’INTERREGNE EN FRANCE

Comme à l'UMP, le poignard est roi dans l'oligarchie de la gauche caviar. La veille de sa victoire annoncée, le « pote » Juju avait failli tout faire capoter avec son parrain DSK. Madame la nouvelle Première dame de France lui a fort justement botté le postérieur au siège des agapes du parti victorieux ; Juju, premier manipulateur de la jeunesse sous Tonton a longtemps rêvé décocher la timbale de premier flic. Il repassera.
Le prude Hollande doit faire avec un savant dosage de vieux crocodiles et de jeunes loups. Mais le problème n'est pas tant celui des personnes que de la prétention à être le "gouvernement de la France"; Sarko avait repris l'idée d'ouverture à Badinguet, débauchant quelques transfuges pour la galerie, tout comme il avait fait ami-ami avec les traîtres de la syndicratie. Hollande est confronté à la même gageure. Le hic est que les braves 18 millions d'électeurs qui l'ont sponsorisé ne veulent pas d'un gouvernement d'apparatchiks ni du louche politicien Fabius ni des arrivistes verts... pourquoi ne débaucherait-il pas, outre une poignée de bayrouistes, d'anciens ministres du blaireau dégagé? Rachida qui tiendrait sa revanche sur Fillon, Bertrand qui ferait la nique au blaireau bis Copé, et "la voix" ex-grand argentier pour la tradition gaullo-chiraquienne.... En laissant Mélencon jouer au beau Serge et Eva Joly à ses salades vertes.

Et si l’Euro explosait :

Par JEAN QUATREMER correspondant de Libé à Bruxelles
« Et si l’euro explosait ? Ce scénario catastrophe a refait surface sur les marchés financiers depuis le résultat calamiteux des élections législatives anticipées grecques de dimanche, qui a privé le pays de toute majorité viable. Ce n’est pas tant la Grèce comme telle qui fait peur, les marchés n’étant quasiment plus exposés à sa dette publique depuis sa restructuration, que les risques de contagion d’une éventuelle sortie de ce pays de la zone euro aux autres Etats fragiles, qui menaceraient l’existence même de la monnaie unique. Les taux d’intérêt des dettes espagnole et italienne ont ainsi recommencé à flamber sur le marché secondaire, celui de la revente, dépassant notamment à nouveau 6% pour l’Espagne ».

AFFOLEMENT, CONSTERNATION DES ECONOMISTES BOURGEOIS : sous la focalisation obsessionnelle sur la Grèce, la crise capitaliste ébranle tout ce beau monde.

L’express imaginant que le parti rigolo Syriza accède au pouvoir (fiction déjà forclose) :
« Aussitôt les coupes budgétaires annulées, le Fonds monétaire international et l'Union européenne couperaient les vivres à l'État grec. Or, ce dernier tourne grâce à une injection permanente de dizaines de milliards d'euros versés par ses partenaires. Credit Suisse a calculé que 143 milliards d'euros avaient été versés de 2010 à aujourd'hui. Athènes attend d'ailleurs un nouveau virement de 5,3 milliards d'euros. Si le fonds de sauvetage a approuvé cette aide, il a néanmoins réduit son montant d'un milliard qui a été bloqué pour un éventuel versement en juin.
Sans cet argent, l'État grec serait en faillite dès la fin juin. Le gouvernement aurait beau retarder le paiement de ses factures, il ne pourrait plus payer les fonctionnaires ou les pensions de retraite, passé quelques semaines. L'État ne pourrait notamment pas rembourser ses 25 milliards de dettes détenues par les banques locales. Un coup de plus pour ces établissements, eux-mêmes privés de leurs perfusions accordées jusqu'à présent par la Banque centrale européenne (BCE). Les banques en faillite, les entreprises ne peuvent plus payer leurs employés qui rejoindraient dans la rue les fonctionnaires et retraités à sec eux aussi.
Le retour à la drachme
À un moment donné durant l'été, pour éviter que la situation n'empire, le gouvernement serait forcé d'émettre sa propre monnaie pour payer ses dettes et les salaires. D'une façon ou d'une autre. «La Grèce pourrait choisir de sortir de la zone euro si elle était incapable de renouer avec la croissance en y restant, et si les mesures de rigueur sapaient l'attachement à l'idée européenne, ou encore si des populistes arrivaient au pouvoir», résume l'agence de notation Fitch. Le risque qu'un tel scénario se réalise est difficile à évaluer. Les analystes de Credit Suisse l'estiment à 15%, ceux de la banque américaine Citi entre 50% et 75%.
Le remède serait pire que le mal. «La Grèce vivrait un effondrement financier et une récession bien pire que celle qu'elle connaît actuellement», prévient Willem Buiter, chef économiste de Citi. Le pays verrait probablement son économie s'effondrer de moitié, selon Stéphane Déo, économiste chez UBS.
L'euro serait probablement remplacé par un retour à la drachme, l'ancienne monnaie grecque. Si le gouvernement décide au départ qu'une drachme égale un euro, cette parité ne durerait pas. Inflation galopante, fuite massive des capitaux étrangers… très vite, la nouvelle monnaie ne vaudrait plus grand-chose. À terme, les Grecs ne pourraient acheter avec une drachme qu'environ la moitié de ce qu'ils s'offraient auparavant avec un euro, estime Patrick Artus, le chef économiste de Natixis. 

Ruine des épargnants

La valeur de la drachme chutant de 50%, le prix des produits achetés à l'étranger, donc en monnaie étrangère, du pétrole à l'iPhone, doublerait. Or, la Grèce est un pays qui importe beaucoup plus qu'elle n'exporte. Les entreprises rencontreraient d'énormes difficultés avec leurs fournisseurs étrangers. Dans le même temps, les épargnants seraient ruinés, leurs euros ayant été transformés en drachmes lors de la sortie de la Grèce de la zone euro. En revanche, les endettés, à commencer par l'État, y gagneraient: leurs créances fondraient à mesure que la drachme s'effondre.
La crise se diffuserait en parallèle dans le reste de la zone euro. Athènes pourrait refuser d'honorer comme prévu ses dettes contractées par ses partenaires. En jeu, plus de 143 milliards d'euros accordés par les institutions internationales depuis 2010, selon les calculs de Crédit Suisse. Les banques, assurances et autres investisseurs privés étrangers seraient touchés à hauteur de seulement 36,3 milliards d'euros, selon les estimations d'UBS.
Pour autant, ce ne sont pas ces pertes directes qui inquiètent le plus. Le plus grand risque, mais aussi la plus grande inconnue, réside dans l'effet domino provoqué par l'événement. «Un tabou serait brisé, celui de la sortie d'un pays de la zone euro», souligne Willem Buiter. L'étendue du désastre dépendrait alors de la capacité des autres États européens à colmater la crise. Là, les avis divergent. Certains, comme Fitch, estiment que les outils anti-contagion existent, comme le pare-feu financier de 500 milliards d'euros. Et qu'un fort soutien affiché aux autres pays en difficulté, couplé à une intégration plus forte de la zone, calmerait les dernières craintes. Plus pessimistes, d'autres observateurs tablent sur une réponse insuffisante et trop tardive des États membres en cas de contagion. Comme ce fut le cas jusqu'à présent, soulignent-ils ».

Etonnant non ? L’élection de Hollande était annoncée comme une catastrophe, mais la catastrophe reste grecque. Double cata car, si d’une part, la Grèce est totalement insolvable (étant donné son régime moyenâgeux de non paiement de l’impôt foncier et une tricherie généralisée), comme il n’y existe aucune classe ouvrière homogène, il n’y a aucune chance pour que la solidarité (invoquée hystériquement par le gauchisme européen et les maximalistes suivistes). Au cas où il y aurait tout de même une solidarité compassionnelle de pauvres à pauvres, les partis rigolos se chargent de l’exterminer par leurs solutions rigolotes… nationales.

mercredi 9 mai 2012

LA LOURDE MEPRISE DE DARWIN




Il ne sera nullement question ici de remettre en cause l’analyse de l’évolution selon Charles Darwin mais de signaler, grâce à E.Lucas Bridges – « Aux confins de la terre, une vie en Terre de Feu (1874-1910) (ed Nevicata 2010) – quelques erreurs de méthodologie dûes à une vision occidentaliste coloniale (et flicarde) des tribus primitives.
D’abord, comme le signale Malaurie en introduction, le grand naturaliste, père des ethnologues, admiré par Marx, n’était pas exempt non plus de préjugés eugénistes : « … Il a outrageusement négligé son grand et trop méconnu prédécesseur, le chevalier Jean-Baptiste de Lamarck. Peut-être convient-il de regarder de plus près la nature même des observations qui ont abouti, aux Galapagos, à des principes qui ont changé notre regard sur l’évolution des espèces (…) Et elle n’est pas sans conséquence si l’on songe que Charles Darwin a conclu après ses travaux à une philosophie eugéniste. Je le cite :
« Les Esquimaux, sous la pression de la dure nécessité, ont réussi à faire plusieurs inventions ingénieuses, mais la rigueur excessive de leur climat empêchait tout progrès continu… Chez les sauvages, les individus faibles de corps et d’esprit sont promptement éliminés et les survivants se font généralement remarquer par leur vigoureux état de santé. Quant à nous, hommes civilisés, nous faisons au contraire tous les efforts pour arrêter la marche de l’élimination ; nous construisons des hôpitaux pour les idiots, les infirmes et les malades ; nous faisons des lois pour venir en aide aux indigents ; nos médecins déploient toute une science pour prolonger autant que possible la vie de chacun… Les membres débiles des sociétés civilisées peuvent donc se reproduire indéfiniment. Or quiconque s’est occupé de la reproduction des animaux domestiques, sait, à n’en pas douter, que cette perpétuation des êtres débiles doit être nuisible à la race humaine… Nous devons donc subir, sans nous plaindre, les effets incontestablement mauvais qui résultent de la persistance et de la propagation des êtres débiles » cf. Voyage d’un naturaliste à travers le monde, ed La Découverte).
------------------------------
… Des trois années que les jeunes Yahgans vécurent au milieu des Anglais, la moitié se passé à bord du Beagle avec FizRoy. Ils le convainquirent, ainsi que les autres passagers, que les Indiens étaient cannibales. Charles Darwin passa douze mois à bord du Beagle en compagnie des Fuégiens. Ce grand chercheur de la vérité, lui-même, accepta leur témoignage tel quel. Nous qui, plus tard, avons vécu de longues années au contact quotidien des aborigènes, nous ne pouvons trouver qu’une seule explication à cette lourde méprise.
Nous pensons que York Minster ou Jimmy Button ne se préoccupaient pas le moins du monde de dire la vérité quand on leur posait des questions : il leur importait seulement de répondre dans le sens qu’ils pensaient être celui que l’on attendait d’eux. Leur connaissance limitée de l’anglais ne leur permit pas, les premiers temps, de s’expliquer longuement et on sait qu’il est beaucoup plus facile de répondre « oui » que de répondre « non ». Les témoignages que l’on attribue à ces jeunes gens et à Fuegia Basket ne sont rien d’autre que l’accord donné aux suggestions qui leur étaient faites. Nous pouvons imaginer leur réaction devant des questions pour eux aussi ridicules que celles-ci :
-          « Tuez-vous des hommes pour les manger ? »
D’abord embarrassés, ils finissaient, à force de répétitions, par saisir le contenu de la question et ils réalisaient quel genre de réponse on attendait d’eux. Aussi aquiescaient-ils tout nnaturellement. L’enquêteur poursuivait :
-          « Quelles personnes mangez-vous ? »
Pas de réponse.
« Mangez-vous des méchants ? »
-          Oui. »
« Quand il n’y a pas de méchants, que se passe-t-il ? »
Pas de réponse.
« Mangez-vous vos vieilles femmes ? »
-          Oui. »
Une fois ce jeu lancé et leurs connaissances de l’anglais s’étant améliorées, il est facile d’imaginer le plaisir que durent éprouver ces jeunes irresponsables à constater le crédit que méritaient leurs élucubrations. Stimulés par leurs auditeurs, qui prenaient des notes de leurs récits, les Fuégiens continuèrent à inventer. On nous dit qu’ils décrivirent avec force détail comment les Fuégiens mangeaient leurs ennemis tués au combat et comment ils dévoraient leurs vieilles femmes quand il n’y avait pas de morts au combat. On leur demanda s’ils mangeaient des chiens quand ils avaient faim : ils répondirent par la négative, les chiens étant utiles pour chasser les loutres, tandis que les vieilles femmes ne servaient plus à rien. Les malheureuses, dirent-ils, étaient confinées dans une épaisse fumée jusqu’à ce qu’elles meurent par asphyxie. Ils déclarèrent que leur chair était très bonne.
Ces charmantes histoires acceptées, toutes les tentatives pour les rejeter auraient été vouées à l’échec, car elles auraient été attribuées à une répugnance croissante à confesser les horreurs dans lesquelles ils s’étaient complus naguère. Les jeunes rapporteurs lâchèrent la bride à leur imagination et chacun fit assaut pour savoir lequel d’entre eux raconterait les histoires les plus fantastiques. En outre ils s’enhardirent de l’admiration qu’ils suscitaient, chacun, auprès de leurs compagnons.
La croyance en leur cannibalisme ne fut pas l’unique erreur de Darwin au sujet des Fuégiens. En les écoutant, il eût l’impression qu’ils répétaient toujours les mêmes phrases, encore et encore. Il en arriva à la conclusion que tout leur langage ne comptait pas plus d’une centaine de mots. Nous qui, tout enfants, avons appris à parler le yahgan, nous savons que cette langue, dans ses limites spécifiques, est infiniment plus riche et plus expressive que l’anglais ou l’espagnol. Le Dictionnaire yahgan (ou yamana) – anglais, élaboré par mon père et auquel je me référerai ultérieurement, ne contient pas moins de trente-deux mille mots ou inflexions, nombre qui aurait pu être considérablement augmenté sans s’écarter de la langue châtiée (x).
(x) Les Yaghans avaient au moins cinq mots pour le vocable « neige ». Pour « Plage », ils en avaient plus encore. Le choix du vocable dépendait de plusieurs facteurs : l’emplacement de la plage par rapport à celui qui parlait, le fait d’avoir de la terre ou de l’eau entre lui et la plage, l’orientation de celle-ci, etc. Les mots variaient selon la place de l’orateur. Ainsi un mot employé alors qu’il se trouvait dans un canoë pouvait être différent du mot utilisé à terre pour désigner le même objet. D’autres variantes étaient introduites en fonction de la direction de l’interlocuteur et selon que ce dernier se trouvait à terre ou sur l’eau. Pour désigner les liens familiaux, parfois si lointains que la langue anglaise fait appel à toute une phrase pour les expliciter, les Yaghans possédaient au moins cinquante mots différents, chacun désignait une relation familiale particulière, souvent complexe. Parmi les différentes variante du mot « mordre », il existait un mot qui signifiait « rencontrer sous la dent , par surprise, une substance dure alors que l’on mange quelque chose de consistance molle », par exemple une perle dans une moule.

Devant la pauvreté et la saleté de ces gens, Darwin considéra que, s’il n’avait pas vraiment découvert le chaînon manquant qu’il cherchait, ces Fuégiens ne pouvaient en être éloignés. Les Fuégiens possédaient pourtant de nombreuses coutumes sociales qui furent soigneusement observées. C’est ainsi que le vol et le mensonge, pourtant de pratique courante, ne justifiaient pas de traiter un homme de menteur, de voleur ou d’assassin, car c’étaient là des injures mortelles.
Depuis que Darwin et FitzRoy ont adopté la théorie du cannibalisme chez ces indigènes, d’autres y ont apporté des preuves. Il est possible, par exemple, que dans un petit village désert, l’un des chercheurs ait trouvé les restes d’un grand bûcher et, dans les cendres, des os humains carbonisés dont certains pouvaient avoir été rongés. N’était-ce pas là la meilleure preuve de leur cannibalisme ? L’explication, cependant, peut être simple. Supposons la mort d’un Indien, en hiver, quand le gel durcit le sol comme la pierre. Ses amis ne possédant pas d’outils adéquats, il leur était impossible de creuser une fosse. Les Yaghans, mangeurs de poissons, n’auraient certainement pas jeté le cadavre à la mer. Aussi allumaient-ils un grand feu et brûlaient-ils le cadavre et la tente dans laquelle l’homme était mort. Puis ils abandonnaient le lieu et évitaient de s’en approcher le plus longtemps possible, non pas par crainte des fantômes, mais parce que l’endroit leur rappelait un évènement douloureux. Il est bien possible que les dents des renards fussent la cause des traces de rongement.
Les parents et les amis détestaient qu’on leur rappelât leurs morts d’une façon quelconque.
En arrivant dans un campement après une longue absence, l’Indien devait prendre grand soin de ne pas poser de questions en utilisant le nom d’un absent car, s’il était mort, ses proches en auraient été gravement offensés.
Dans son journal, mon père raconte que, pendant les famines, quand il était impossible de pêcher à cause de la durée du mauvais temps, les Indiens mangeaient les lanières et les peaux de mocassins que les hommes portaient parfois en hiver, mais jamais personne ne suggéra de manger un être humain. Ils auraient même sévèrement critiqué celui qui, aiguillonné par la faim, aurait mangé un vautour aussi savoureux et bien rôti fut-il, car ce vautour aurait pu s’être nourri du cadavre d’un humain. Comme j’ai pu le constater moi-même, ils s’indignaient plus encore si quelqu’un les conviait à partager ce qui pour eux était un repas répugnant. Pour la même raison, ils refusaient de manger de la viande de renard, bien que, plus tard, il fut prouvé qu’une autre tribu – celle des Onas (ou « Indiens de la terre ferme ») – considérait la consommation d’un renard gras comme un régal.
Dans un autre ordre d’idées, il est intéressant d’indiquer comment un grand nombre de noms de lieux sont nés d’erreurs et sont assurés de la pérennité puisqu’ils ont été consignés dans les cartes de l’Amirauté. Les tout premiers historiens nous parlent d’un lieu appelé Yaapooh et des habitants de cette région. Ni cet endroit ni ce peuple n’existent. Ce nom est simplement la corruption du vocable yaghan iapooh qui veut dire « loutre ». Le capitaine FitzRoy, désignant un rivage à quelque distance, a certainement demandé comment il s’appelait et les Yaghans, avec leur vue perçante ayant aperçu une loutre, ont dû répondre : « Iapooh ».
Sur toutes les cartes de cette région, aussi bien espagnoles qu’anglaises, le nom Tekenica figure pour désigner une baie de l’île Hoste. Les Indiens n’employaient ce mot ni pour ce lieu, ni pour un autre. Ce mot dans la langue des Yaghans signifie « difficile à voir ou à comprendre ». La baie fut certainement montrée à un indigène qui répondit quand on lui en demanda le nom : « Teke uneka », ce qui veut dire : « Je ne comprends pas ce que vous voulez dire ». La baie reçu le nom de « Tekenika ». On pourrait citer bien des exemples de la sorte. Ceux-ci suffisent. »

Il y en a comme çà plus de 600 pages ! On comprend le succès phénoménal de ce livre à sa sortie, il y a plus d’un demi-siècle.

dimanche 6 mai 2012

AMER TRIOMPHE DE LA RELIGION ELECTORALE



 "Vous ne nous avez protégé de rien pendant 5 ans. Au contraire. Même pas de vous-même". F.Hollande



Pour l’essentiel, excepté la petite manip de l’ordure sondagière concernant les seconds rôles Le Pen et Mélanchon, les sondages ne se trompent pas et ne se sont pas trompés au premier comme au second tour de piste; et avec un large écart que je prévoyais compte tenu de la détestation justifiée de "l'anormal" sorti, même pour une frange de la bourgeoisie, désolée de n'avoir pu lui trouver un remplaçant dans la faction (minable et grossière) de la droite caviar. Cela serait presque désespérant si la sondagerie était naturelle et non pas basée sur un découpage bien réglé des catégories de citoyens et de leur degré d'aliénation infra-politique soumise à telle ou telle faction de l’arc en ciel de la religion électorale. 
La religion électorale bourgeoise a confirmé que ses adeptes étaient encore majoritaires. L’élection attendue de Hollande est et aura été un simple vote de rejet du gugusse sortant et sorti. A la différence de mai 1981, il n’y a pourtant aucune illusion sur la gauche bobo libérale, apologiste des PME et de la croissance pour le profit national; le nouvel impétrant ne peut pas se lancer dans une nouvelle comédie des nationalisations de l'époque du premier ministre Mauroy, au risque d'un effondrement immédiat de la "confiance des marchés bourgeois"; Hollande sait qu'il va devoir composer. Vote empiriste et circonstanciel, comme ailleurs dans le monde (sauf dans la Russie gangstériste de Poutine) aucun chef d’Etat n’échappe à l’élimination électorale. Depuis des mois, malgré un battage haineux de 90% des médias acquis au PN de l’Elysée, il était déjà « licencié » par la population votante et passive. Moins réjouissant que l’élimination de Sarkozy est la confirmation de cette passivité des masses ouvrières comme petite bourgeoises à poser la question de la sortie de la religion électorale truquée et l’incapacité à prendre en main politiquement une alternative révolutionnaire de société. L’oligarchie change de veste avec la même religion politique, la continuité dans le changement d’autres apparatchiks qui feront ce qu’ils voudront durant les cinq années qui viennent.

VOTER COMME DEVOIR ET SOUMISSION
Je n’avais pas connaissance de l’ouvrage d’Emilio Gentile – « Les religions de la politique » (Seuil 2001) lorsque j’ai rédigé mon petit livre – « La croyance électorale et ses origines ». Ouvrage d’un érudit, fort intéressant bien qu’il s’appuie trop souvent sur des auteurs réactionnaires et catholiques, il n’en constitue pas moins une pertinente analyse de la statolâtrie et de la commune religiosité des régimes totalitaires et de l’hypocrite démocratie, comme de la complicité des masses consentantes, ainsi que nos élections hexagonales viennent d’en être l’illustration misérable simplifiée : le combat du bien « normal » (Hollande) contre le mal « anormal » (Sarkozy), pour en définitive ne rien changer à l’ordre exploiteur établi. (Quoique je sois aussi heureux qu’un chef d’Etat débile ait été « licencié »).

Survolons quelques extraits éclairants de l’ouvrage de E.Gentile avant de tirer quelques leçons de la dernière mascarade de la « religion civile ».
« …L’interprétation du phénomène religieux que nous pourrions appeler fidéiste, proposée par Gustave Le Bon à la fin du XIXème siècle, accorde à la religion de la politique toute sa validité. Le concept de religion n’impliquerait pas nécessairement, selon lui l’existence d’une divinité transcendante. Les deiux sont le fruit de nos rêves :
« C’est l’homme sans aucun doute, qui a créé les dieux mais après les avoir créés, il a été immédiatement asservi par eux. Ils ne sont pas les fils de la peur, comme le prétend Lucrèce, mais de l’espérance, et leur influence sera donc éternelle (…) Certes les dieux ne sont pas immortels, mais leur esprit religieux est éternel. Assoupi pendant quelque temps, il se réveille à peine est créée une nouvelle divinité ».
Le spécialiste de la psychologie des foules considérait le phénomène religieux, quelle que soit sa manifestation, comme l’expression d’un irrépressible sentiment humain. La religion puise son origine aux sources du plus impérieux des instincts « le besoin de se soumettre de toute façon à une foi ; divine, politique ou sociale » :
« Ce sentiment a des caractéristiques très simples : adoration d’un être supposé supérieur, crainte de la puissance magique qu’on lui suppose, soumission aveugle à ses commandements, impossibilité de discuter ses dogmes, désir de les répandre, tendance à considérer comme ennemis tous ceux qui ne les admettent pas. Qu’un sentiment s’applique à un Dieu invisible, à une idole de pierre ou de bois, à un héros ou à une idée politique, du moment qu’il représente les caractéristiques précédentes, il reste toujours d’essence religieuse (…) On n’est pas religieux seulement quand on adore une divinité, mais quand on met toutes les ressources de l’esprit, toutes les soumissions de la volonté, toutes les ardeurs du fanatisme au service d’une cause ou d’un être qui devient le but et le guide des pensées et des actions ».
Fruit de ce sentiment, les croyances religieuses sont la force primordiale dont naissent et sur laquelle se fondent les empires et les civilisations. La puissance de la religion tient à son pouvoir de façonner et de transformer le caractère d’un groupe humain en donnant aux individus qui le composent une communauté de sentiments, d’intérêts et d’idées. Se libère ainsi une formidable dynamique génératrice d’enthousiasme et d’action, qui fait converger les énergies individuelles et collectives vers le but unique de faire triompher leurs croyances : « de l’évolution des idées religieuses est indirectement née la majeure partie des événements historique. L’histoire de l’humanité est parallèle à celle de ses dieux. La naissance de nouveaux dieux a toujours marqué l’aurore d’une nouvelle civilisation ».
Pour preuve, Le Bon citait l’exemple de la révolution française, lorsque le monde vit « ce que peut l’esprit religieux ; car ce fût vraiment une religion nouvelle qui se fondait alors, animant de son souffle tout un peuple. Les divinités qui venaient d’éclore étaient sans doute trop fragiles pour pouvoir durer ; mais aussi longtemps qu’elles subsistèrent, elles exercèrent un empire absolu ». Pour Le Bon, la société moderne, espace de conflit entre les religions traditionnelles déclinantes et les aspirations des masses à les remplacer par de nouvelles divinités et de nouvelles croyances, était un terrain extrêmement propice à la naissance et à l’affirmation de nouvelles religions laïques comme le fût, selon lui, le socialisme.
Dans les premières décennies du XXe siècle, d’autres spécialistes du socialisme se sont réclamés de cette interprétation. Les masses, observait Roberto Michels, en étudiant la sociologie du parti politique, « éprouvent un besoin profond de s’incliner non seulement devant de grandes idéalités, mais aussi devant les individus qui, à leurs yeux, représentent celles-ci. Leur idéalisme les pousse à s’agenouiller devant des divinités temporelles auxquelles elles s’attachent avec un amour d’autant plus aveugle que la vie qu’elles mènent est plus rude ».
(…) L’interprétation fidéiste se situe à l’opposé de l’interprétation charlatanesque dans l’évaluation des aspects religieux propres aux mouvements politiques. Elle considère en effet que les mythes et les rites ne sont pas l’invention des seuls chefs dans le dessein de tromper et de gouverner les masses, mais qu’ils peuvent aussi être l’expression spontanée du peuple en quête de nouvelles croyances, que la dévotion à la personne du chef ou à une idéologie garante de bien-être et de salut leur permet de satisfaire. Cette perspective ne réduit pas la religion de la politique à un pur artifice, mais l’envisage aussi sous l’angle d’une nouvelle religion répondant à l’exigence séculaire, particulièrement lorsque de profonds bouleversements viennent ébranler les anciennes croyances et que l’espoir en l’avènement d’un monde meilleur se fait plus pressant ».

RELIGION CIVILE ET NATIONAL-SOCIALISME
(Selon l’écrivain catholique Hilckman)
« Pour le national-socialisme, toutes les valeurs sont fonction de la politique. Le national-socialisme est peut-être le cas le plus extrême de socialisme d’Etat, d’étatolâtrie : l’Etat est tout, les individus n’ont aucune valeur en eux-mêmes : voilà l’Evangile des hitlériens ouvertement confessé ; on pourrait parler de culte, d’adoration de l’Etat ; l’Etat est la source de tout droit et de tout devoir ; il est la négation absolue et totale de tout droit naturel et divin. Et les national-socialistes ne cachent pas cette étatolâtrie païenne : l’omnipotence de l’Etat divinisé est le premier article du credo hitlérien. Il n’est pas difficile de trouver les racines de cette conception inhumaine de la politique ».

RELIGION CIVILE ET VICTOIRE DEMOCRATIQUE
« (…) La Seconde Guerre mondiale fût menée et vécue par les Alliés comme une guerre de religion dont dépendant le destin de l’humanité : « La victoire signifie pour nous la victoire de la religion », avait déclaré le 2 janvier 1942 le président Roosevelt dans son message annuel au congrès : « Nos ennemis sont animés par un cynisme brutal, par un mépris impie pour le genre humain. Nous sommes mus par la foi qui refait surface, traversant les époques depuis le premier livre de la Genèse : « Dieu a créé l’homme à son image ». Nous luttons pour rester fidèles à cet héritage divin. Nous combattons, comme ont combattu nos pères, pour défendre les principes selon lesquels tous les hommes sont égaux devant Dieu. Sur le front opposé, il y a ceux qui luttent pour détruire cette foi profonde et pour créer un monde à leur image – un monde de tyrannie, de cruauté et d’esclavage ».
(…)
« Les pays occidentaux – déclara Gerhard Leibholz lors d’une conférence à Oxford en 1942 – mènent actuellement une guerre au nom de principes, de valeurs et d’idées universelles. Pour cette raison, on a comparé le conflit en cours à une sorte de croisade, ou à une guerre sainte, ou à une guerre de religion (…) Voilà pourquoi ce conflit  a été toujours plus fréquemment décrit comme une lutte entre le bien et le mal ».
(…)
La victoire couronna la lutte des démocraties occidentales alliées à la Russie stalinienne. Emportées et détruites par l’écroulement définitif de leurs régimes, les religions politiques du fascisme et du national-socialisme désertèrent la scène politique, vouées à la damnation éternelle de la mémoire collective qui les jugeait responsable des horreurs de la persécution, de la guerre et de l’extermination. Mais le phénomène de sacralisation de la politiques dont elles étaient issues ne s’épuisa pas pour autant : les religions de la politique, en tant que religions civiles ou religions politiques, connurent durant les cinq dernières décennies du second millénaire un renouveau international, donnant naissance à des situations tantôt durables, tantôt éphémères, dans un contexte parfois troublé par de nouvelles explosions de fanatisme et d’intégrisme qui sacrifièrent encore des millions de victimes au triomphe d’entités politiques sacralisées ».

LE CAS DE LA France
« Catholique et nationaliste, chantre des valeurs de la France révolutionnaire et républicaine, de Gaulle (1958-1968) a été le principal acteur de cette nouvelle religion civile réconciliée avec la tradition catholique. Il partageait la « religion de la grandeur française », et avait donné à son idée de la France une majesté sacrale : « La France vient du fond des âges. Elle vit. Les siècles l’appellent. Mais elle demeure elle-même au fond des temps ».
(…)
« Adversaire acharné de De Gaulle, François Mitterrand hérita du général le sens dramatique et théâtral dévolu au rôle quais sacerdotal de la présidence de la nation et de la république, y adaptant volontiers, au cours de sa présidence (1981-1995), sa personnalité d’intellectuel sophistiqué et de politicien socialiste. La visite qu’il effectua le 21 mai 1981, après sa première élection à la présidence de la république, au Panthéon, le plus grand temple de la religion républicaine où, seul, d’un pas religieux et lors d’une cérémonie solennelle, il rendit hommage aux grands hommes vénérés par la patrie reconnaissante, est un rite de religion civile ».

PARTOUT UN REFLUX DE LA RELIGION CIVILE
« A l’aube du troisième millénaire, les religions de la politique apparaissent partout en reflux. Il n’est pas possible de prédire, du moins pour l’historien que je suis, quel sera leur avenir et si elles en ont réellement un, sous quelle forme il se manifestera ni si la sacralisation de la politique connaitra de nouvelles saisons et quels fruits elle produira. (…) Cette époque a été marquée par le déclin progressif puis l’effondrement de croyances, de mythes et d’institutions qui avaient été des siècles durant sacrés et intouchables, ainsi que par l’émergence tumultueuse de nouveaux credo, de nouveaux mythes et de nouvelles institutions en quête de sacralité ».
(Eric Hobsbawm avait lui aussi identifié les caractéristiques d’une religion sécularisée dans la politique bourgeoise du XXème siècle) :
« Le court XXème siècle a été une ère de guerres de religion, bien que les plus militantes et assoiffées de sang de ces religions aient été les idéologies séculières du XIXème siècle, tels que le socialisme et le nationalisme, qui avaient remplacé les dieux par des abstractions ou par des hommes politiques vénérés comme des divinités ».

RETOUR SUR LA REALITE AMERE DE LA CROYANCE ELECTORALE
 Evidemment Sarkozy n'aura jamais eu "la classe" de De Gaulle ou de Mitterrand, mais Hollande, même avec une chaise bien réglée pour son dos, n'a pas les moyens ni des solutions miracle dans le siège royal élyséen pour faire rêver prolétaires et chômeurs.
Hyarion a bien résumé sur son blog la faillite inévitable du sarkozisme :
« Du reste, au delà du bilan, le quinquennat qui s'achève incarne surtout l'échec d'un homme, à la personnalité et au comportement insupportables... lesquels expliquent largement l'impopularité qu'a connu Nicolas Sarkozy durant presque la totalité de son mandat. On a souvent dit qu'il n'était pas aidé par une bonne partie de la presse, réputée être de gauche ou au moins anti-sarkozyste, mais il me semble cependant clair que Sarkozy doit avant tout s'en prendre à lui-même pour ce qui est de ce déficit de popularité. Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa n'est pas un idiot... et pourtant je crois, néanmoins, qu'il a très mal mesuré, dès le début, la teneur fortement symbolique de sa charge. Il a reconnu lui-même, durant la campagne électorale de cette année, qu'il a commis l'erreur de rester ministre dans sa tête, au lieu de tout de suite habiter pleinement la fonction présidentielle, comme ses prédécesseurs se sont généralement efforcés de le faire dès leur élection. Ces histoires de soirée au Fouquet's, d'insulte au Salon de l'Agriculture, etc. tout cela n'a l'air de rien, bien sûr, dira-t-on, et tout cela n'a guère d'importance en soit, certes, mais je crois que l'impact - plutôt fort, symboliquement - dans l'opinion publique de ce genre de péripétie surmédiatisée n'a pas contribué à entretenir durablement sa popularité et à mettre en valeur une bonne image de lui en tant que chef de l'État. De fait, s'il a bénéficié d'un "état de grâce" assez long en 2007, il se trouve que par la suite, il a constamment été impopulaire durant son mandat, ce qui, me semble-t-il, est assez inédit dans l'histoire de la Ve République. Le fait de se déplacer en province systématiquement entouré d'une véritable armée de policiers, dans des proportions particulièrement excessives, n'a sans doute pas aidé non plus : avec des interlocuteurs toujours triés sur le volet devant les caméras, et un tel écran sécuritaire entre lui et les citoyens, j'ai l'impression que Sarkozy s'est imaginé que les gens l'aimaient bien au fond, malgré les enquêtes d'opinion, alors qu'en fait, il était rarement en contact véritable avec le pays réel. D'où le fait qu'il a eu l'air de tomber des nues lorsqu'il s'est retrouvé très mal reçu à Bayonne, lors d'un de ses premiers déplacements de candidat en campagne, sans l'énorme dispositif de sécurité habituel. Sur le moment, il a accusé la gauche et d'autres d'une sorte de coup monté, alors qu'en réalité, il a juste été reçu comme il aurait pu l'être n'importe quand durant son mandat, s'il n'y avait pas eu toutes sortes de filtres entre lui et les Français. Je peux toujours me tromper, mais il me semble que l'explication est là, tout simple, s'agissant de cette mauvaise image qu'il n'a pas su vraiment améliorer, et ce même s'il y a bien d'autres facteurs expliquant son impopularité. Et pourtant, malgré son caractère souvent emporté, il n'y avait pas forcément de raison qu'il échoue dans ce registre de la sympathie auprès de l'opinion... Que l'on regarde, à cet égard, Silvio Berlusconi en Italie : avec des scandales d'une toute autre ampleur que les erreurs de Sarkozy, il a tout de même réussi à se faire durablement aimer des Italiens (contre toute raison, à mon sens), même s'il a fini par se faire dégager in fine, faute de crédibilité face à la crise. En France, Sarkozy a, en somme, tout simplement échoué, surtout, à se faire aimer d'une majorité de Français, comme Jacques Chirac avait su, lui, très bien le faire avant lui, malgré toutes ses casseroles judiciaires...
Mais comment, cependant, pouvoir aimer, ou même simplement apprécier, quelqu'un comme Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa, sachant que sa personnalité a tout de celle du pervers narcissique ? Égocentrique, déstabilisateur excessivement confiant en lui-même, manipulateur systématique, menteur éhonté, incapable de reconnaître ses fautes, créant et entretenant volontairement la discorde dans sa sphère d'influence sans jamais l'assumer, tout en étant paradoxalement soucieux de séduire, même au prix parfois de la destruction psychologique d'autrui : sans être un expert de la chose, pour moi, Sarkozy est un pervers narcissique. Ce genre de personnalité est toujours à fuir, dans la vie quotidienne, car le cas de ce genre de personne est incurable, alors que dire lorsqu'il s'agit d'un dirigeant, qui plus est élu démocratiquement ? A ce niveau-là, on ne peut rien y faire, sinon voter contre lui à la prochaine élection...  
La campagne électorale présidentielle de 2012, qui s'est officiellement terminée hier soir, a été, dans son ensemble, d'une grande médiocrité, sur le fond comme sur la forme. On aurait tort de trouver qu'en comparaison, la précédente campagne de 2007 était "bonne" : même en regard de celle de 2012, ladite campagne de 2007 était également consternante dans son genre, l'aspect faussement "nouveau" de certains candidats masquant mal l'aberrante démagogie des inconséquentes promesses faites alors par les candidats, et notamment par le gagnant du moment, Sarkozy de Nagy-Bocsa. Aujourd'hui, évidemment, cinq ans après, tout le monde a la gueule de bois, et ce n'est pas simplement la faute à cette crise dont on nous rebat les oreilles depuis quatre ans, et devant laquelle les politiciens n'ont pas de véritable solution crédible. De tout ce qui s'est dit, n'est finalement restée qu'une chose, présent dans les esprits depuis bien longtemps : la nécessité, pour une majorité d'électeurs, de sortir le candidat sortant ».
Hyarion décrit assez bien finalement le sentiment général, la détestation qui s’est généralisée contre l’olibrius qui a tant désacralisé la fonction de président de la République. Et pourtant ne devrions-nous pas lui être reconnaissant d’avoir désacralisé cette fonction régalienne, aristocratique et quelque peu ridicule de « président » de rien du tout… car, tous, successivement, même après les inaugurateurs de chrysanthèmes de la IVème république, du maurrassien guindé De Gaulle, au bedonnant Pompidou nominé par la banque Rothschild, de l’arrogant Giscard à l’illettré économique Mitterrand, du nul Chirac à l’agité du bonnet Sarkozy, tous n’ont été que du vulgaires commis d’Etat aux ordres de la machinerie obscure qui fait copuler technocrates auto-promus et banques véreuses. L’histoire désormais décadente de la bourgeoisie ne peut plus produire que des nains. Après le nain Sarkozy, le nain Hollande n’aura pas plus de panache. Les masses d’électeurs auront été aussi minables que les politiciens qu’elles jaugeaient assez lâchement et sans exiger plus de hauteur ni de projet de société.
Qu’une partie, atomisée, assistée et alcoolisée de la classe ouvrière ait pu voter pour la débile Marine Le Pen en dit long sur le poids de l’aliénation consumériste, la misère individuelle et l’assistanat pour lumpen moderne. Qu’un débat final entre les deux derniers prétendants – où le technocrate apparatchik Hollande fut brillant et altier face au boutiquier lamentable Sarkozy – n’ait été perçu que comme affligeant du fait… du « manque de correction » de Hollande, inversant les rôles en interrompant (avec intelligence pourtant) le roquet habitué du crétin « je vous explique », révèle que cette partie de la classe ouvrière des PME est régentée par une mentalité d’esclave ; le prolétaire des petites entreprises est en général soumis à l’idéologie du père, du chef et du dictateur en cours : contester le maître des lieux lui apparaît offensant. L’ouvrier servile se place toujours du côté du plus fort. L’ouvrier du secteur public qui laisse les syndicats collabos penser à sa place ne vaut pas mieux. Cet état d’aliénation n’est pas la faute aux prolétaires en général, dont beaucoup heureusement, de manière croissante sont désormais abstentionnistes face à la démocratie truquée. C’est le résultat d’une division orchestrée, chacune à leur manière, par les factions de gauche et de droite du capital. La droite oppose fonctionnaires et salariés du privé. La gauche entretient les avantages (garanties indéniables) dans le secteur public. Les deux factions sachant bien que ces prérogatives particulières doivent être maintenues pour favoriser la faiblesse du prolétariat. Le grand mensonge économique de la droite est de faire croire que la réduction du nombre des fonctionnaires favoriserait une bonne santé économique du libéralisme, alors qu’il ne s’agit que d’une entourloupe pour faire pression terroriste sur le travail, atomisé et jetable. Le grand mensonge de la gauche est de faire croire que des services publics pléthoriques seraient utiles à une société « plus humaine », farce tragique car, des contingents d’apparatchiks syndicaux aux intermittents du spectacle, le capitalisme décadent a développé une nuée de parasites sociaux improductifs. Dans les deux cas, gauche et droite, non seulement divisent la classe ouvrière, masquent qu’elle comporte un gros pourcentage de parasites nullement intéressés au renversement du système (assistés professionnels, chômeurs abonnés, intermittents petits bourgeois, etc.), mais entretiennent divisions corporatives féodales (que Sarkozy avait promis de rompre alors qu’en fait il les a maintenues, cf. sa grande collaboration avec les syndicats « compréhensifs » tout au long de la foire aux retraites).

LA DROITE MONDIALE EST-ELLE EN CRISE ?
Si des votants demeurent des crétins naïfs qui adhèrent à ce truisme du fair-play dans les débats politiques, d’autres restent indécrotablement figés à la religion du libéralisme criminel et voleur. Beaucoup auront voté Sarkozy en se bouchant le nez, arguant qu’ils n’avaient pas le choix, que bien que Sarkozy soit dément, ils ne pouvaient choisir l’effondrement virtuel mais relatif de leur profit avec la victoire du pourtant très libéral Flamby.
Aucun chef d’Etat n’a été réélu pendant la période de crise actuelle puisque tous ces perdants avaient géré les affres de la crise par une exploitation accrue du prolétariat; Obama sera-t-il l'exception parce qu'il est le seul à s'être soucié de la "couverture santé"?
 Aucune solution claire n’émerge des divers cas de figure en Europe. La gauche aléatoire est éliminée en Espagne au profit d’une droite encore plus impuissance et féroce contre la basse classe. En Italie pas de nette majorité de gauche mais un mic-mac politique. En Angleterre, on vote à gauche mais la droite continue à tenir le manche. En réalité, l’oligarchie se maintient sans mal partout en niant toute alternative de classe ennemie identifiable, noyant tout choix radicalement différent sous les discours cacophoniques de ses économistes menteurs et ergoteurs.
Le retour de la gauche caviar (fort modestement libérale) en France (même avec 30% en moins du salaire du ténor en chef) n’est qu’un pis aller, pas très dramatique : les législatives ne sont pas gagnées par cette fraction rose-PME et Hollande sera obligé de se tenir coi comme Sarkozy face à l’Allemagne dominatrice. Hollande ne sera qu’un intermède comme Jospin, en plus libéral et sans la gonflette du Front de Gauche du PN Mélenchon, lequel jouera le rôle du préposé oppositionnel avec des syndicats en partie blanchis de leur accointance avec Sarkozy. D’une certaine façon, comme dans le cas d’Obama, la temporisation d’une gauche libérale peut permettre de limiter les risques d’explosion sociale face à la torture croissante des conditions de travail et aux plans sociaux anarchiques. A l’arrogance racaille d’un Sarkozy, l’écoute hypocrite et consensuelle d’un Hollande pourra, sans doute brièvement, calmer des ardeurs impulsives (contre les riches mais pas contre le système bourgeois comme totalité) sans orientation politique et dénuées de réflexion vraiment politique qui se sont manifestées au long de cette lassante campagne de religiosité déplacée, dans l’impasse de la simple haine contre un PN, plus préoccupé à chercher des déménageurs en fin de parcours qu’à reconnaître son déficit intellectuel.






 Je vais vous expliquer... Faites gaffe pauv'cons,  vous vous souviendrez de moi!






La plume acérée de Willem avant le 1er tour




INDEMNITES DU PRESIDENT DES RICHES LORS DE SON LICENCIEMENT
(et encore il aura pas assez pour frimer auprès de sa milliardaire de femme mannequin de luxe)


6.000 euros de retraite, des voyages gratuit, un appartement... Comme tous les anciens présidents, Nicolas Sarkozy va bénéficier d'avantages dus à son ancienne fonction. «D'abord, il percevra une indemnité de 6.000 euros brut, accordée à tous les "ex", quelle que soit la durée de leur séjour à l'Elysée. Ensuite, il pourra siéger au Conseil constitutionnel, en tant qu'ancien Président et percevoir, à ce titre, une indemnité de 11.500 euros net par mois», explique le site challenges.fr. Pour le moment, Nicolas Sarkozy n'a pas précisé s'il comptait siéger dans cette institution mais il pourrait redevenir avocat.

1,5 million d'euros pour l'Etat
A ces avantages, Sarkozy bénéficiera d'avantages en nature. Un appartement de fonction, deux fonctionnaires de la police nationale pour assurer leur protection rapprochée, une voiture de fonction avec deux chauffeurs, sept collaborateurs L'ancien président pourra également voyager gratuitement, grâce à deux cartes de circulation illimitées, l'une sur Air France, en classe affaires, l'autre à la SNCF première classe.
«Pour l'Etat, la facture de ces nombreux avantages est salée: La charge financière -que personne ne connaît compte tenu de la dispersion des financements- peut être estimée à 1,5 million par an et par ancien président, souligne le député René Dosière dans son livre "L'argent de l'Etat" (Seuil)», détaille Challenges.fr.