PAGES PROLETARIENNES

vendredi 9 mars 2012

SARKO DRAGUE LES BEAUFS ET HOLLO DRAGUE LES BOBOS





Malgré le tour passionnel et détestatoire que la bourgeoisie a donné à sa campagne « démocratique », l’enjeu s’avère peu passionner les foules. Les candidats, même les principaux, peinent à remplir les salles. Dans un bled de la Loire, les filmeurs de Sarkozy, gueule des mauvais jours et voix cassée, avaient du mal malgré les gros plans à faire « masse » dans la petite salle provinciale. A Reims, où Hollande, décevant par rapport à sa prestation plus sociale la veille sur France 2, les filmeurs de la rose caviar peinaient à exhiber une foule de bobos pas très enthousiaste en général, seuls les drapeaux tricolores disposés savamment et des applaudissements amplifiés de partisans tentaient de donner le change.
La première télé de désinformation française milite ouvertement pour Sarkozy. Le chauve papy de service assure qu’il a un bon fond, pas de langue de bois, « il ne ment pas ». Pour Ruth Elkrief, c’est un homme épanoui qui peut enfin dire tout ce qu’il pense : « il est libéré de la charge de président » (et de ses chiens de garde ?). Aucune télé publique n’a jamais été autant se vautrer dans la bassesse des commentaires serviles.
L’ex aspirante au poste suprême de chef des armées et du chômage, S.Royal mérite un coup de chapeau de la prima donna du concours présidentiel, elle se décarcasse en tournante électorale dans les cités pour pousser les prolétaires au chômage de la deuxième génération d’immigrés, jeunes bien français et dotés de papiers électoraux" à « voter ». L’essentiel n’est-il pas de participer à la mystification du choix de l’ogre qui va bouffer les prolétaires au lendemain de la sélection truquée et friquée ? Ils n'iront pas voter pour Hollande les prolétaires laissés pour compte car ils ne se sont même pas inscrits pour cette farce bourgeoise. Ils se sentent étrangers à la politique bourgeoise dominante ; c’est pourquoi Sarko zéro a considéré, avec son perpétuel double langage, qu’il y a trop « d’étrangers » en France, oui oui, c'est-à-dire d’étrangers prolétaires absolument hermétiques aux promesses électorales des uns et des autres… Les ouvriers en général n’ont pas oublié les saloperies des gouvernements « socialistes successifs », et ils ne voteront pas massivement ni pour le bourgeois Hollande ni pour les repoussoirs caricaturaux Mélenchon et Joly. La gauche comme telle, avec le système de la proportionnelle depuis 1945, n’a jamais pu se trouver majoritaire. Sarkozy n’est pas parti pour être perdant en jouant sur le nationalisme et la xénophobie la plus simpliste : il faut gagner les couches moyennes les plus mécontentes, donc souvent les plus réacs. Et la classe ouvrière, la plus nombreuse, n’existe pas comme masse homogène, mais reste coincée en « couches » et corporations, et elle reste (heureusement) la classe la plus abstentionniste.
Nombreux sont les jeunes prolétaires qui ont perdu leur emploi grâce aux syndicats « de gauche ». Les retraités actuels n’ont pas envie qu’avec des bidouillages bizarres l’équipée hollandiste et leurs largesses envers de nouveaux retraités, n’en vienne à réduire leur pension. De même nombre d’anciens immigrés complètement français au regard de la loi n’ont pas envie que les nouveaux immigrants servent à les stigmatiser… Sans compter qu’une partie de la gauche bourgeoise ne tient pas vraiment à accéder au pouvoir par les temps qui courent…
Succédant au triste et malheureux blaireau de l’Elysée, Hollande va bientôt entrer en piste, non pas en la cathédrale de Reims mais dans une vulgaire salle de sport, quand Martine Aubry est encore en train de chauffer la salle, et que le bruit court qu’elle serait promue Premier ministrable en cas de victoire de la gauche angélique et anarchiste. Devant quelque 4000 bobos réunis au complexe sportif de la ville de la bigote nationale Jeanne d’Arc, Martine Aubry, encore première secrétaire du parti, décrypte avec effets de manche garantis la prima donna du jour comme un "humaniste", et donc un "féministe" (cela rime mieux que masculiniste). Elle rend enfin hommage à la première femme du candidat (une tradition dans chaque camp des candidats bigames), Ségolène Royal, première femme bourgeoise candidate tendance gauche caviar à une élection présidentielle.
Le « sympathique » candidat  (normal) Hollande continue depuis octobre dernier à promettre la lune avec des trémolos dans la voix, du boulot pour tous et en avant la zizique :
-           création de nouveaux services dans les hôpitaux qui n'ont ni les moyens financiers (déficit abyssale de la Sécu) ni les locaux, ni même les personnels pour le faire,
-          - gratuité des soins,
-          - allongement du congé parental.

La bourgeoisie française traîne une dette qu'il lui faut rembourser, un déficit que Hollande prétend combler d'ici 2017 avec sa « croissance » verbale et les PME des profiteurs, mais qui exige et exigera encore plus de sacrifices sur le dos du prolétariat ; même en réduisant son salaire de président, en imposant à 75% les très riches, et en retirant les soldats d’Afghanistan, Hollande sera obligé de se consacrer à son rôle de chef des exploiteurs et de Monsieur chômage. Ce démagogue fervent, après la pirouette PN d'un Sarko qui veut de l'amour ou se "retirer", aura débité à Reims les pires sornettes à gauchistes, les plus réacs et les plus rédhibitoires. Passage en revue:
- "le féminisme" (bourgeois) levier pour l'émancipation de la société", avec une brochette de dames ex-ministres de Tonton, qui ne se mélangent ni avec les caissières ni avec les femmes de ménage (sauf pour les sous-payer, cf. la Royal); le féminisme est aussi révolutionnaire que le sarkozysme ;
- "l'égalité des salaires hommes/femmes", parfaitement mensonger et inapplicable, l'égalité n'existe pas et est un concept antimarxiste; la pirouette égalitaire n'est qu'un moyen pour l'oligarchie du PS pour éviter de s'attaquer au gros du fonctionnement de l’exploitation capitaliste: la hiérarchie des salaires! L’obligation faite aux entreprises à échéance d’une année pour appliquer la parité des salaires n’est qu’un gadget comparable aux 35 heures, et soulèvera des questions sans fin pour un résultat maigre, la gauche bourgeoise au pouvoir se retrouvera contrainte de repiquer à Paul pour donner plus à Paulette
- les ‘avancées’ : "De Gaulle accorde le droit de vote aux femmes en 1945", travestissement de cette minable concession tardive: c'était le seul moyen pour la droite de faire pièce au PCF dominant et pour faire oublier sa fraction pétainiste, nulle émancipation de la gent féminine dans cette rouerie de la « Libération ». Au mitan du XXème siècle chaque fois que l'on a accordé le droit de vote aux femmes (*)ou aux immigrés, en remerciement ils ont voté le plus à droite bourgeoise possible (pour le "facho" De Gaulle et pour les tarés islamistes). Bien mal acquis!
- "fin de la violence faite aux femmes", la bourgeoisie rose balance des banalités à la louche, ni la camarilla des bourgeoises féministes ni nos énarques n'y changent rien au quotidien et n'y changeront que goutte, et leur protestation ne vaut pas un centime d’euro.
L’absence de prise en compte  sérieuse par le candidat rose bonbon des problèmes posés par l’immigration est évidemment le talon d’Achille de la gauche caviar à une époque où le travail est raréfié, bobos roses et bobos anarchistes peuvent bien jouer les généreux dispendieux, les prolétaires français et d’origine immigrée ne sont pas dupes, et l’angélisme de la gauche bourgeoise aboutit à renforcer une rejet (plus qu’un racisme) lié de façon confuse à des questions secondaires (faits divers, allocs, emplois à vil prix dans le bâtiment, etc.) qui les conduit à préférer voter FN et UMP, même si ces partis sont les premiers à encourager en sous-main l’immigration de prolétaires pays au lance-pierre.
Le discours du candidat de la gauche bourgeoise, possible gagnant par défaut au final, n’est en rien un discours de classe, une défense des prolétaires ni un programme « socialiste ». Le bla-bla pour « réussir le destin qu’on s’est forgé », avec cette facétie d’estrade « pour se libérer de toutes les oppressions », avec en prime cette République « symbole de la liberté partout dans le monde », n’est en rien internationaliste mais un chant bêlant en faveur d’un prétendu sauvetage national, chauvin et impuissant sous toutes les coutures.
Enfin la salle de Reims, comme celle idoine de Sarko zéro, ne vibrait pas des… masses. Les applaudissements coupés des champs larges des cameramen partisans pouvaient laisser croire à une ferveur, mais avec les gros plans, peu d'illusions transparaissaient même chez le « peuple » restreint de gauche caviar.
Finalement, contrairement à ce que j’ai dit dans le message blog précédent, je m’en fiche un peu de quel clown bourgeois et menteur va empocher la mise. Hollande est notoirement plus sympathique que notre PN nationale, mais la psychologie n’est pas la politique. Et de projets politiques alternatifs au marasme capitaliste, à son alternance d’affolement et d’enfumage sur la prospérité promise invariablement, on n’aura point entendu parler.

(*) Un autre exemple de type féministe bourgeois utilisé au nom de la "libération de la femme": "Si on veut avoir une idée du plus retentissant succès de manipulation de l'opinion publique par la propagande, il faut raconter comment l'industrie du tabac a amené les femmes américaines à fumer, c'est à dire comment elle s'est attaquée à un tabou qui, encore dans les années 1950, interdisait aux femmes de fumer en public. La technique fut d'associer la cigarette à une forme de contestation du pouvoir (sexuel) des mâles. On parvint par diverses méthodes à faire de la cigarette le "flambeau de la liberté des femmes". Voilà des industriels qui peuvent être fiers des progrès qu'ils ont fait accomplir à la conscience sociale des femmes. Aux Etats-Unis et en France aujourd'hui, la mortalité par cancer du poumon dépasse la mortalité par cancer du sein". (cf. Michel de Lorgeril: "Cholesterol, mensonges et propagande", ed Thierry Soucar, 2008).

mercredi 7 mars 2012

UN CLOWN SORTANT A L’ECHELLE HUMAINE


Descente dans l’arène ou descente aux enfers du couple présidentiel? ("gens modestes", dixit la milliardaire Carla Bruni en coulisses)

Qu’on la juge inepte ou lassante, nul ne peut nier que la campagne électorale bourgeoise s’est donnée tous les moyens pour chauffer l’électoralisme à outrance, parvenant même à revigorer le faux clivage droite/gauche derrière la détestation du sortant, et ainsi à éviter une abstention massive face à une oligarchie au pouvoir et dans l’opposition pas du tout soucieuse de résoudre une crise insolvable mais intéressée à user des meilleurs moyens d’abrutissement politique pour faire payer la classe ouvrière. A cet égard… le sortant montre l’exemple (indépassable par la gauche bla-bla) : avec son entrée en piste il attaque violemment les deux parties les plus faibles de la classe ouvrière : les chômeurs et les prolétaires immigrés, désignés à la vindicte des vagues « couches moyennes ». La cible est aisée d’autant que la classe ouvrière est encore désarmée, impuissante à s’exprimer comme telle, empêchée de réaliser son unité par un matraquage digne de Big Brother, sans aucun parti politique pour défendre son rôle et son programme ; le lamentable bourgeois Fabius passa son temps à défendre les… consommateurs. Dans les territoires sondagiers comme dans le mental des bourgeois en lice, on fait comme si la classe ouvrière n’existait plus, et on joue allègrement sur un panachage de « couches » sociales : la minorité des riches, la couches moyennes et les pauvres fainéants… Avec Sarko One travail et richesse sont encensés, avec Hollande zéro compétitivité et légère imposition des riches sont le cautère sur une jambe de bois idéologique. Retour au spectacle.

Personne ne pourra reprocher aux journalistes de France 2 d’avoir ménagé le candidat Sarkozy. Rien n’aura été épargné au « président des riches », qui a dû descendre dans une arène à laquelle il n’était plus accoutumé, livré aux anciens journalistes cire-pompes redevenus chiens, dévidant toutes les turpitudes du président parvenu à ray-ban de 2007, étalant les commentaires les plus assurés sur sa défaite annoncée (« votre entrée en campagne n’a pas inversé la tendance », « vous y croyez encore », « jamais un président n’a été autant critiqué », « l’élection sera un référendum pour ou contre vous », « vous avez l’impression d’être en butte à l’hostilité des médias »

UNE MISE EN SCENE COUSUE MAIN POUR Monsieur Baratin

Le dévoué Pujadas a-t-il voulu favoriser l’électrochoc pour permettre au sortant de se sublimer ? On peut raisonnablement penser qu’il y a eu feu vert de l’Elysée pour amenuiser le ras le bol du cinéma des journalistes courtisans et tenter d’effacer le « comportement anormal » du zigoto, en faisant passer à la trappe le bilan de 5 ans de guerre contre le prolétariat. La violence des répliques du zigoto, généralement méprisant vis-à-vis de ces « colporteurs » de rumeurs de bas « étiage », et sa façon de « casser » le pauv’con de Fabius d’emblée, en le coupant sans se gêner avec le laissez-faire de Pujadas, et une agressivité permanente volontairement magnifiée sous la fable de son « énergie de naissance », visèrent à exhiber une « pugnacité » de dominant impavide en direction des milliers d’électeurs des couches moyennes aigris, déboussolés, désorientés par la crise et un de ses généraux. Bonne tactique, la meilleure défense reste l’attaque ; Giscard lui avait cru bon de laisser faire en 1981… trop sûr de lui. Il se moqua de tous ses contradicteurs, des chiffres des instituts économiques avec une arrogance bien faite pour plaire à l’électeur moyen ignorant, bête et déclassé. Le staff du blaireau de l’Elysée a retenu la leçon mais pas l’impétrant, doué d’une mémoire anormale, qui a raté son tour de magie avec une avalanche de chiffres invraisemblables (pourtant récité à parti de notes visibles pour la première fois depuis la caméra du plafond du studio), fausse note ?

Sarkozy a d’ailleurs complètement misé sur le « c’est la faute à crise » et « je ne suis pas responsable de tout », ce qui est vrai mais très relatif ; un général quelconque n’est pas responsables des guerres, il est pourtant totalement complice des maréchaux et chefs d’Etat pour envoyer le corps de ses soldats à la boucherie. A la fin de chaque séquence des interviews par thème, tous les journalistes du plateau télé ont fini par s’incliner misérablement face aux stupides arguments terroristes du dictateur « démocratique », alors que leurs critiques avaient été pertinentes souvent, ils pliaient enfin comme des sans couilles.

Le petit Tartuffe n’a pas cessé de dire une chose et son contraire. Les mots n’ont de sens pour lui que ce qu’il y met à l’instant où il parle, peu lui chaut le sens des autres qui n’existent pas face à lui dans la contradiction et à qui il ne cesse « expliquer » qu’ils sont des ânes. Face au journaliste économique qui ressemble à un bestiau de la guerre des étoiles, les rectifications du blaireau étaient aussi révélatrice de son illettrisme économique (il dévide un discours chiffré typique d’un bonimenteur de foire) que de la pleutrerie du spécialiste qui s’écrasait platement alors qu’il avait tous les moyens de ridiculiser cet avocaillon sans principes.

Dans la séquence « révélateur », le blaireau méprisa à son ambition personnelle. Les frasques du Fouquet’s n’étaient pas un dîner de riches où industriels et saltimbanques adoubèrent leur porte-drapeau mais une compensation à cette « explosion dans ma vie familiale » ; or ce soir là seul Johnny était bourré à l’antenne. L’esquive toujours lorsqu’on lui fait subir ses bafouillages en public, il n’en est nullement gêné mais mise sur la pitié du spectateur de droite (ah les salauds de France 2 ce qu’ils lui ont fait subir…) pour un candidat « à l’échelle humaine ». L’invitation à bord du yacht du milliardaire Bolloré ? Bof il renvoya en touche ladite « force des symboles » sur les amitiés mitterrandiennes envers ce même genre de milliardaire et le richissime Fabius (les votants UMP et FN bavaient d’admiration), et enfourcha l’antienne inusable du « on a besoin des patrons pour faire travailler les ouvriers ». La séquence lui permet de dénier être ce qu’il n’est que partiellement « le président des riches », bonne formule à laquelle il manque « larbin d’Etat menteur professionnel », de dénoncer une gauche « qui stigmatise ceux qui réussissent » (sans ajouter sur le dos des millions de prolétaires, de faire passer pour un acte de dévouement désintéressé sa tentative népotiste de nomination du fiston à la tête de la région la plus friquée de France ; et d’envoyer une perle bien sentie (et propre à séduire fachos et racistes du FN) : « sans les milliardaires Perdriel et Rothschild, le Nouvel Obs et Libération n’existeraient pas »… oubliant de mentionner qu’il est conseillé par l’ancien directeur de « Minute »…mais sachant que les électeurs du FN eux le savent… Pour finir par nier son semblant de mea culpa du début (« c’est une erreur que je ne recommencerai pas ») en toute forfanterie : « en quoi est-ce coupable d’aller au Fouquet’s avec Bolloré ? Réfléchissez un peu ! ».

Après son récurrent « je vous explique », le crétin de l’Elysée appelle ses metteurs en valeur à « réfléchir », plutôt humiliant non ?

En psychologie pour effacer un acte manqué il faut impérativement le revivre ; en politique démagogique, confronter le politicien à ses frasques et lui laisser dire ce qu’il veut, permet de dépasser le traumatisme du spectateur contrit. La séquence avec Nathalie Saint Cricq (femme de Patrice Duhamel, un des affidés de Sarko) qui fait radicale molle en évoquant la « désacralisation » est parfaitement millimétrée pour déculpabiliser, non Sarko le PN sans scrupules) mais ses fans gênés aux entournures… inattendues de leur vedette.

Les extraits si répandus sur la toile du « casse toi pauv’con » et du « descends si tu meuh meuh pschitt », l’être humain présidentiel ne les cautionne pas, pense même qu’il aurait dû se taire, mais qui n’en commet pas des fautes « en allant au contact » pendant 5 ans, pour « protéger les français », « empêcher les violences », etc. ?(il admire les patrons pêcheurs ces pillards de la mer…).

Sur le chômage, la flatterie jongle avec le mensonge éhonté : « je m’étonne qu’un homme compétent comme vous… en France le chômage depuis 2007 n’a augmenté que de 17% quand en Angleterre il a augmenté de 50% et en Espagne de 191%... ce n’est tout de même pas ma faute ailleurs ». Or il brasse n’importe quel chiffre sans que cela ne corresponde à la réalité : 1. Les chiffres du chômage sont toujours tronqués et truqués ; 2. Cela ne prouve pas une grande compétitivité pour la France et sert à cacher des spécificités de la crise (crise immobilière plus forte en Espagne) ; 3. L’Allemagne triche autant et n’est pas un exemple dans la durée…(sans compter les omissions : c’est elle qui avait la première qui avait expérimenté les 35 heures dénoncées par le blaireau comme cause de sa gabegie).

Plus les mensonges s’accumulent plus ils passent l’écran. Le PS ne parle pas de compétitivité, faux. Le chauve François Lenglet, qui a la gueule de maître de maître Yoda (cf. Guerre des étoiles), que craint inutilement le blaireau (il est fébrile en veillant sur ses notes) tente bien à plusieurs reprises de démontrer qu’il est nul en économie et menteur sur la destination des profits, il est traité par-dessous la jambe. Les grands groupes devront payer des impôts sur les bénéfices (idée reprise à Hollande) : faux, ne sera jamais appliqué avec l’un ou l’autre des candidats. Le RSA coûte un milliard, faux, Martin Hirsch va encore s’arracher les cheveux d’avoir collaboré avec ce cuistre ! Les bénéficiaires vont devoir pointer à nouveau à pôle emploi pour « vérifier leur degré d’insertion » car « ces profiteurs de la société…doivent faire des efforts » (comme les ouvriers immigrés…), le blaireau ne cesse jamais de cracher en cours de route sur les prolétaires soumis au chantage à la faim et à qui ses officines et ses nombreux amis patrons ne proposent rien.

Pujadas se rebelle : « des efforts ». Le blaireau hésite, légèrement décontenancé d’autant d’audace du tout petit journaleux qu’il a couvert de sarcasmes au début de sa mise au pilori parfaitement rôdée mais masochiste : »… ouais, formation, recherche d’emploi + 7 heure sde travail d’intérêt général ».

Pujadas excelle ensuite à répéter : « où allez-vous trouver les 70 milliards qui manquent ? ». Le blaireau jongle avec des chiffres repiquant dans la fraude, les économies de bout de chandelle. Pujadas additionne mais on reste toujours loin des 70 milliards. Alors le blaireau bifurque sur les fonctionnaires (super ! psalmodient électeurs UMP et FN), monsieur « jevousexplique » devient Monsieur « Vousallezcomprendre » : « les fonctionnaires sont embauchés 60 ans, 20 ans de retraite comprise, salaires + retraite » ; ce doit bien être une trouvaille de Guaino ce raccourci PN qui signifie que les fonctionnaires sont payés… 20 ans de plus à rien foutre, mais pas le privé… Après les chômeurs et les travailleurs immigrés, cette autre attaque contre une partie plus protégée de la classe ouvrière, confirme que le blaireau n’a pas changé de cible et désigne à la petite bourgeoisie électoraliste hésitante ces « fardeaux » du budget public – oubliant de mentionner cette autre catégorie de fonctionnaires, flics et militaires, payés 30 à 40 ans à rien foutre qu’à protéger l’Etat bourgeois – sans lesquels l’Etat serait un bordel généralisé !

Les hôpitaux ? Diminué de moitié, grâce à môa, ose le blaireau, économies réalisées… mais c’est la cata complète, les queues pour se faire soigner ; le candidat menteur sait qu’il peut compter sur la petite bourgeoisie artisanale, les patrons et les concierges pour dénoncer l’incompétence du personnel soignant incapable d’assurer un fonctionnement rétréci grâce aux « coupures dans la dépense sociale ». Pujadas déplore que l’on soit encore loin d’éponger les 70 milliards… mais l’autre finit par l’ignorer.

Sur l’école, Sarkozy est vraiment débile. Son imposture et sa malhonnêteté éclatent concernant l’ISF (mouche du coche pour les très riches), les stocks options (bordée de chiffres invérifiables) et lorsqu’il assure en avoir imposé aux riches qui ne se sont jamais… autant enrichis (ses amis PDG mais aussi la foule des petits patrons de PME).

Après avoir sans cesse limité le maître Yoda du studio, il le caresse dans le sens du poil, lui arrachant un sourire maso de plaisir : « vous êtes d’une honnêteté scrupuleuse » ; le prédateur a ficelé sa proie. Il soupire d’aise, n’a que faire du procès en sorcellerie qu’on lui fait subir (l’électeur UMP et FN soupire aussi sentimentalement).

TIRER DANS TOUS LES SENS…

Sur l’immigration, Guaino lui invente tous les jours des formules déstabilisantes parce que partiellement vraies : « la question de l’immigration n’est pas une question de droite ou de gauche », c’est vrai comme la question du trafic urbain ou de la pollution de l’eau. La bouffe halal ? Suffit de mettre des étiquettes. Tout Sarkozy est contenu dans cette formule ! Suffit de mettre des étiquettes, d’insulter et tout est conservé ; ainsi la « haine de la finance », défaut attribué aux « socialistes » est par contre une mauvaise étiquette pour le président des riches financiers ! Il pique autant à Hollande qu’à Le Pen cette autre étiquette, et sans vergogne au nom de son présumé combat antifasciste depuis son premier caleçon politique : « il y a trop d’étrangers sur notre territoire » (dans les familles FN et UMP, on saute de joie sur la table de la salle à manger). « Faut en accueillir moins… restreindre les conditions du regroupement familial ». Combien se risque le voisin de maître Yoda, à la tête de Frankenstein jeune ?

« Moitié moins… allez… autour des 100.000 » têtes de bétails à travail au noir pour PME UMP soucieuse de compétitivité… pour protéger les français ! Le RSA ? « Allez, 10 ans en France, à condition de bien parler notre langue, et au moins 5 ans d’exploitation sur les chantiers les plus sales » (les patrons du bâtiment, électeurs avisés, salivent).

Seule nouveauté du programme du candidat sortant et à sortir, la possibilité d’un autre référendum (après celui supposé stigmatiser les chômeurs) pour juger si on garde ou pas l’étranger (parfaitement loufoque, irréalisable et hitlérien). Une pincée de proportionnelle et une réduction du nombre des députés, pour montrer qu’on peut compresser un parlementarisme obèse, au risque de mécontenter une noria de rampants de la droite caviar et de la gauche du même acabit… pour, comme son maître Mitterrand, gouverner avec des croupions de partis « extrêmes » afin de tenir en laisse la gauche… revancharde.

Les faux mea culpa se poursuivent avec le projet débile de faire parrainer un enfant de chaque école avec le nom d’un enfant juif déporté, car – non pas que la proposition sarkozienne fusse débile – mais elle « n’a pas été comprise » ; j’ai tort parce que j’ai toujours raison, tel est le raisonnement du psychopathe gouvernant. Sur la lettre du jeune stalinien Guy Mocquet à ses parents comme Bible de l’immoralité sarkozienne, on passe, oubliant que « le jeune étudiant G. Mocquet » a été l’otage et la victime du tournant terroriste du PCF… (autre mensonge, il n’était pas étudiant mais lycéen).

Hollande est régulièrement égratigné au passage, grossièrement, veulement ; résumé : « c’est une couille molle, il sait pas dire non » et ses flics du nord ont couché avec DSK (c’était pourtant les flics aux ordres de Sarkozy) !

FABIUS L’ANTIQUE LAMENTABLE

Il a vieilli. Les joues sont encore gonflées de suffisance. A voir sa gueule de bourgeois antiquaire, on a envie de voter FN. Il est « cassé dès le début par le roquet de l’Elysée qui le mord et le bouscule sans gêne, sans être corrigé par le meneur de jeu Pujadas que jamais. Il commet une erreur inadmissible en politique politicienne, se laisser voler un mot dans la confrontation. « Vous avez été violent ». « Comment çà violent ?. « Euh, virulent… ».

Jouant la courtoisie Fabius est dans les cordes et fait pitié. Il se laisse couper à plusieurs reprises et s’enfonce en refusant de montrer son énervement. Il concède le piège convivial du blaireau qui se marre et mène la danse. Derrière l’écran plat récemment acheté, la foule des électeurs du PS et du PC mélenchonisant, hurle « Fabius à la retraite » !

Fabius balance au PN sortant ce qui est le quid de son propre comportement : « pour vous c’est toujours la faute aux autres ». Front bas, Sarkozy sort les couteaux rouillés de sous son caleçon, il lit le dénigrement de Hollande par l’antiquaire du PS : « vous l’avez nommé « fraise des bois ». Fabius encaisse en silence, l’air stupide, c’est aussi une manière d’enfoncer un coin d’un rival victorieux aux « primaires » et qu’il avait toujours méprisé inconsidérément. L’antiquaire semble se relever des coups redoublés du boxeur en piste en évoquant les « stabilisateurs sociaux », c’est quoi ? Les syndicats ?

Sarkozy ne peut dire le contraire, mais il promet une solide formation aux 58 ans (« 35 milliards pour la formation » ma chère) et au bout : obligation de prendre un emploi. Même s’il n’y a aucune proposition ? Et pour que le quinqua « formé » rembourse sa formation ?

Autre coup bas, le blaireau ressort l’affaire DSK. Mais qui fait pschitt, à trop remuer le caniveau, ce pauvre sortant fait chou blanc, et son adversaire d’afficher sa morgue retrouvée : « bravo pour votre élégance. Beaucoup de français avaient misé sur DSK, les choses ont tourné autrement un point c’est tout ». Round perdu par le zigoto de l’Elysée !

Il est question ensuite d’une autre idée loufoque et vague, que le parrainage, cette hérésie bourgeoise pour filtrer les candidats au trucage démocratique soit refilé aux électeurs. Le PN se garde de détailler et c’est Pujadas qui a fait l’effort de calculer que environ un million et demi d’électeurs (3% de la masse des moutons) remplaceraient les maires… encore une fantaisie sarkozienne creuse et sans avenir.

La fin de la confrontation augure du débat épicé avec Hollande, qui saura tirer les leçons du désastre Fabius, mais obligé de lui réserver une promo de ministre pour une prestation faible de vieux fossile politique. Le blaireau use de la corde sentimentale au final, il aura fallu qu’il soit élu président pour voir souffrir les gens, et surtout comme ce PN ne va pas l’avouer, les nombreux larbins de son entourage qu’il a promu et dégradé selon ses besoins.

Fabius lit la déclaration du Sarko 2007 disant que s’il ne réduisait pas à 5% en cinq ans le chômage en France…les électeurs seraient tenus de juger. L’autre approuve sans mal.

Au bilan de l’émission, les deux journalistes juges servent les bons plats au blaireau. Le plus répugnant est son souteneur FOG, ponte de la télé et du Point, qui n’en finit pas de courbettes à son principal personnage de littérature. On éteint la télé. On va se coucher et on se dit : pourvu que Hollande l’emporte sur ce taré présidentiel. Même si çà ne change rien pour la classe ouvrière. Oui même si çà ne change rien pour la classe ouvrière. Qui reste de toute façon spectatrice la pauvre de sa propre exploitation et humiliation permanente.

lundi 5 mars 2012

LES "INVISIBLES": crève-la-faim en fin de droits, disparaissez!


Dans les permanences d'élus, la détresse sociale des "invisibles" (titre de l'article de l'immonde ci-dessous...)

Traduit ainsi: « en avant pour les crève-la-faim en fin de droits »

Autant le terme « indignés » était et est ridicule, quoique juste pour caractériser les émois sentimentaux de la petite bourgeoisie en déshérence, autant la caractérisation des chômeurs comme « invisibles » est hélas pertinente, et j’ajouterai même celle de « qui n’existent pas », voire qui n’ont pas le droit à l’existence ni sociale, ni politique, ni, surtout, personnelle.

Ce genre d’article dans un journal bourgeois est toujours intéressant dans la mesure où il relève du domaine de « l’enquête » sans parti pris, permet de fournir une vision plus étendue de la misère, mais aucune solution politique ne transparaît. Le journaliste se contente de décrire pourtant avec un autre parti pris, pourri et mensonger, celui de faire croire que « les élus » tentent de faire quelque chose. C’est bien le plus gros mensonge, les « élus » sont élus d’abord pour s’en mettre plein les poches ; si « la politique ne rapportait pas, ils n’en feraient pas », dit un solide dicton populaire. De plus, ces faux derches auto-élus par leur parti mafia, reçoivent ces « invisibles », quémandeurs désespérés comme des mendiants, compatissent et les reconduisent à la porte, ou leur envoient les flics s’ils font du grabuge, ou les regardent se cramer eux-mêmes comme la mère de famille de six enfants qui s’est immolée dans la mairie (suicide qui n’émeut guère l’auteur de l’article puisque cette femme « avait été expulsée plusieurs fois pour impayés et violences »… Avec ce discours qui se veut objectif mais misérabiliste, on n’est pas loin de la dénonciation du « chômeur fainéant » de la camarilla oligarchique de Sarkozy. Que faire lorsqu’on est « sans emploi », laissé livré à soi-même par les incapables de pôle emploi, méprisé par les puissants ? Se suicide ? Certainement pas. Se grouper comme chômeurs, cela n’a jamais véritablement marché, le chômage a été parfaitement individualisé par la bourgeoisie avec un système d’aide compliqué et assistanciel. « Unité chômeurs-travailleurs », slogan gauchiste et maximaliste, aussi creux que l’unité de Mars et Jupiter ou des "visibles" et des "invisibles". La division raciale des quartiers ouvriers par la propagande électorale (droite bobards contre gauche angélique) tue aussi toute dynamique vers un regroupement des « invisibles ». Les tentatives de regroupement de chômeurs, au cours des dernières trente années en France en tout cas, se sont toujours immédiatement soldées par des échecs ; soit elles étaient des constitutions artificielles d’arrivistes gauchistes ou anarchistes, soit elles devenaient (dixit Pagat puis l’APEIS) des officines louches de l’Etat, consistant à enfermer le chômeur dans une curieuse spécificité féodale dénommée « assistanat ». L’idéologie bourgeoise (sarkozienne en l’occurrence) estime avec dédain que le chômeur est « en trop » et que donc il doit crever de faim en fin de droits, qu’il ait 20 ans, 40 ans ou 60 ans, et que donc il ne doit surtout pas percevoir une retraite lorsqu’il est vieux et malade. Sous les cris affolés des tueurs de l’UMP tétanisés à l’idée de perdre la place de pillards de l’Etat, les promesses tempérées du candidat Hollande ne donnent pas plus d’espoir à celles et ceux qu’on condamne au suicide et à la famine.

C’est révoltant et on a envie de devenir terroriste quand on voit autour de nous tous ces jeunes hommes de 40 ans et moins, ou plus, obligés de mendier un repas chez leurs parents, auxquels nul emploi n’est proposé. La politique de Sarkozy est une politique de nazi. Les nazis niaient leurs chambres à gaz, comme ces salopards de gouvernants nient qu’ils produisent le chômage et qu’ils poussent par milliers les prolétaires « en trop » à la déchéance, à l’autodestruction et à a mort.

Alors le problème pour les prolétaires « invisibles », pour qu’ils relèvent la tête, reste bien sûr de briser l’isolement, de constituer des comités de défense lors des rencontres aux restos du cœur par exemple, lors d’une expulsion d’un locataire dans le quartier (les ouvriers et les employés voient leurs revenus bouffés à 80% par les loyers faramineux), pour que peu à peu une vraie solution soit esquissée, qui concerne chômeurs et travailleurs, une revendication unitaire : puisque les capitalistes veulent nous faire payer leur crise de l’immobilier, leurs recels et détournements de biens sociaux (du petit patron de PME au ministre) : IL FAUT CESSER DE PAYER LES LOYERS !

Une telle revendication est unitaire et devrait permettre enfin aux actifs de se joindre enfin aux chômeurs, car la misère réelle qui est le produit de la démence libérale pose MAINTENANT VRAIMENT, la faim et le froid, la solitude et la mort, pour tous ces prolétaires jetés à la rue et tous ceux à qui est interdite même la dignité de prolétaire !

C’est le besoin de vivre, de ne pas se laisser mourir qui posera vraiment la nécessité du combat commun, non seulement pour manger à sa faim, ne pas vivre dans un carton à la rue, mais pour renverser l’Etat capitaliste, ses profiteurs et ses tueurs.

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Depuis quelques années et plus encore ces derniers mois, avec la crise qui redouble, les élus locaux sont sollicités par une population qu'ils n'avaient pas l'habitude de rencontrer dans leurs permanences. De plus en plus de jeunes, de travailleurs pauvres, de femmes seules, mais aussi de cadres, ou bien encore des retraités, viennent demander de l'aide dans les mairies et les conseils généraux.

Certes, la crise n'est pas nouvelle. "Les gens subissent la hausse du chômage depuis plusieurs années", rappelle Pierre Cohen, maire (PS) de Toulouse. Et toutes les catégories sociales ne sont pas touchées. Dans la Ville rose, "les cadres de l'aéronautique sont relativement épargnés", remarque le député de la Haute-Garonne.

Mais ceux qui, jusqu'ici, se sentaient à l'abri redoutent d'être exclus, tandis que les plus démunis ont de moins en moins l'espoir de s'en sortir. Du coup, les élus sont confrontés à la "désespérance" des uns, disent-ils, et au "pessimisme" des autres. Aujourd'hui, "en plus des populations très précaires, ceux qu'on voit dans nos permanences, ce sont les petites classes moyennes, cette France des invisibles, ces modestes "plus"", qui ne venaient guère, jusqu'ici, aux guichets des services sociaux, raconte Marie-Françoise Pérol-Dumont, présidente (PS) du conseil général de la Haute-Vienne.

A force, les élus voient leur rôle évoluer. Ils se définissent eux-mêmes comme des "protecteurs", comme "le dernier bouclier social", mais aussi comme des "intercesseurs", et ils se découvrent un rôle de "soutien moral".

"Quand je reçois les gens, ici, je ne sais jamais dans quel état psychologique je vais en sortir", dit Jérôme Guedj, 40 ans, qui tient pourtant des permanences depuis quatorze ans. "La dureté des situations est de plus en plus grande !" confie ce socialiste, président du conseil général de l'Essonne.

Entre la boucherie et le coiffeur, une affiche de François Hollande signale la permanence de M. Guedj au milieu du centre commercial de Massy. Ce jour-là, il bruine sur les hautes barres d'immeubles alentour. Chantal Duditlieux franchit la porte du local pour la première fois. "On n'a jamais rien demandé, aucune aide à qui que ce soit. Mais on se décourage", explique cette habitante de 63 ans. A côté d'elle, son fils Benjamin, 28 ans, cherche un emploi depuis la fin de ses études de droit. Hébergé par sa mère, il vit avec un revenu de solidarité active (RSA), depuis 2009, de quelque 400 euros mensuels. Ensemble, ils sont venus plaider auprès de M. Guedj une remise gracieuse du conseil général, qui réclame à Benjamin un trop-perçu de RSA.

Avant eux, ce jour-là, est entrée dans la permanence Marie-Hélène Sylla, 61 ans, mère de 9 enfants. "Je n'ai rien, M. Guedj, plus de revenu", a-t-elle glissé avec pudeur. D'une voix douce, cette ancienne secrétaire a raconté qu'elle emprunte à une amie "de quoi payer" son loyer, le temps de toucher sa retraite, qui ne lui est toujours pas versée.

Le logement, singulièrement en Ile-de-France, est devenu l'un des premiers motifs de démarche auprès des élus. "Il y a dix ans, dans mes permanences, sur dix habitants, j'avais huit demandes d'emploi, constate Stéphane Beaudet, maire (UMP) de Courcouronnes, dans le même département. Aujourd'hui, sur dix, huit vont me demander un logement."

"Les gens me demandent essentiellement des logements", confie Didier Paillard, maire (PCF) de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). "Ils sont dans des situations de plus en plus dramatiques", assure l'édile communiste, encore sous le choc, un samedi, dans sa mairie déserte. Trois jours plus tôt, une mère de 6 enfants s'est immolée dans les murs de l'hôtel de ville. En errance depuis des années, expulsée pour loyers impayés et violences, elle attendait en vain un nouveau toit.

Depuis 2007, la mairie a été le théâtre de deux autres tentatives d'immolation pour des motifs similaires. "Injuste et révoltant !" s'exclame M. Paillard. "Ce drame est injuste d'abord pour la personne. Il est injuste aussi pour Saint-Denis, la ville qui construit le plus grand nombre de logements dans la région", souligne le maire.

Aux dossiers de logement s'ajoute l'inflation des demandes d'emploi. "Il n'est plus rare que des gens, dans la rue, me glissent le CV de leur enfant qui cherche un boulot", raconte Jacqueline Gourault, maire (MoDem) de La Chaussée-Saint-Victor et sénatrice du Loir-et-Cher. "Je n'ai pas la prétention de faire concurrence à Pôle emploi !" plaisante Frédéric Valletoux, maire (UMP) de Fontainebleau (Seine-et-Marne). Pourtant, dit-il, "il m'arrive de plus en plus souvent d'intervenir pour pousser un CV dans une entreprise".

Face aux institutions de plus en plus méfiantes, "on est là pour mettre de l'huile dans le système", commente M. Valletoux. A la demande de commerçants ou de particuliers qui peinent à obtenir un crédit, le maire de Fontainebleau décroche volontiers son téléphone pour appeler des banques.

"Pour toutes les populations, on est maire à tout faire !" finit par s'agacer M. Beaudet. "Même le petit-bourgeois vient me voir pour que j'intervienne auprès de France Télécom ou de La Poste parce qu'il a un problème !" raconte le maire de Courcouronnes, conseiller régional d'Ile-de-France.

S'ils sont de plus en plus sollicités, les élus savent aussi que certains publics rechignent à toute démarche. Parmi eux, les jeunes des cités, dont une partie s'est résignée à ne plus chercher d'emploi, ou des étrangers sans papiers, qui ont peur, ou encore, tout simplement, des familles qui ont honte de leur situation.

Pour détecter ces "oubliés", les élus vont au-devant d'eux. A Courcouronnes, un bus de la mairie stationne devant les écoles maternelles, et les parents peuvent venir y exposer leurs difficultés. Chaque premier jour du mois, Mme Pérol-Dumont tient sa permanence au marché de Bellac. "Des femmes seules sans ressources viennent me voir, raconte la présidente du conseil général de la Haute-Vienne. Des retraités me confient qu'ils n'ont plus les moyens de payer la maison de repos de leurs parents."

Autre lieu d'observation pour les élus, Les Restos du coeur. "C'est dans ce genre d'endroit qu'on voit que la société laisse de plus en plus de monde au bord de la route", observe Adeline Hazan, maire (PS) de Reims. A Noël, "j'ai même rencontré un ancien agent de la mairie, retraité, et sa femme venir chercher un colis pour offrir un dîner de réveillon à leurs enfants", se souvient-elle, émue.

A force de voir les "plus démunis s'enfoncer" et les "plus modestes décrocher", les élus ne cachent plus, parfois, leur sentiment d'impuissance. "Ça fait dix ans qu'on bosse comme des cinglés, qu'on essaye d'aider les familles avec les moyens microscopiques qui sont les nôtres. Malgré nos efforts, je regarde la population s'appauvrir", se désespère le maire de Courcouronnes. "Nous n'avons, nous, les élus, d'autre pouvoir que de mettre des serpillières sur des incendies", se désole Mme Pérol-Dumont. "On a parfois l'impression d'être devant un puits sans fond", avoue le maire de Toulouse.

Ce n'est pas faute de chercher de nouveaux filets de protection. Face à la hausse du coût du logement, la ville de Reims a modifié le mode de calcul de ses aides financières. Le montant des versements est fonction du poids des charges de logement et de chauffage dans les dépenses des habitants, et non plus seulement de leurs déclarations de revenus. Le département de la Haute-Vienne a créé un fonds pour combler les impayés de cantines. En Essonne, le conseil général finance des maisons de retraite.

Mais c'est aussi, paradoxalement, auprès de la population que les élus trouvent l'antidote à leur découragement. "Sans doute parce qu'ils se sentent eux-mêmes fragilisés, les gens stigmatisent moins les SDF", constate M. Cohen. "On observe des élans de solidarité envers les plus pauvres qu'on ne voyait pas avant", assure le maire de Toulouse. A Saint-Denis, M. Paillard voit "le retour d'un besoin de collectif, d'une envie de construire ensemble". Dans certains quartiers, raconte-t-il, les habitants se sont spontanément regroupés pour organiser la garde des enfants des parents qui partent faire des ménages à Roissy très tôt le matin. "Les gens ont la volonté de s'en sortir ! Ils ont la niaque ! C'est ce qui nous sauve un peu !" sourit soudain le maire de Saint-Denis, dans son bureau à l'ombre de la basilique.

Béatrice Jérôme

Article paru dans l'édition du Monde du 04.03.12