PAGES PROLETARIENNES

mercredi 5 décembre 2012

BLACK OUT BOURGEOIS ET INFOS PERVERTIES SUR LA LUTTE DES OUVRIERS ET OUVRIERES AU BANGLADESH




 On étale des Unes sur des manifs d’islamistes anti-américains. On bourre les Unes papier ou web pendant quinze jours sur les deux guignols Copé et Fillon. On s’interroge sur le mystère du président normal et le retour improbable de l’anormal. On compatit avec les ouvriers de Florange bercés par les syndicats gouvernementaux et bernés par gouvernement et patronat. Une centaine de femmes prolétaires brûlées vives à Dacca parce qu’enfermées dans l’usine de leur patron, quelle importance ? "Il y avait plus d'un millier d'ouvriers piégés dans l'usine", a déclaré aux médias locaux une survivante de 42 ans. Le Bangladesh est un des principaux centres de production textile en Asie, en raison de la modicité des salaires ouvriers et d’une main-d’œuvre abondante. Au Bangladesh, les ouvriers du textile, dont 80 % sont des femmes, gagnent entre 3 000 taka (28 €) et 10 000 taka par mois pour six vacations par semaine dans des usines bondées qui restent souvent ouvertes jour et nuit. Le pays est devenu, derrière la Chine, le deuxième exportateur au monde de vêtements, pour un total de 19 milliards de dollars en 2011.
Il y eût plus de mortes encore en 1911 à New York (cf. colonne de gauche de ce blog), et en octobre de cette année, un incendie dans une usine de textile de Karachi (sud du Pakistan) avait fait 289 morts. Alors excusez du peu.
Le drame du Bengladesh, pays aux 4000 usines de vêtements, est premièrement remisé aux entrefilets « faits divers ». Mardi 4 déc , Direct Matin est le seul à parler de la révolte des ouvriers de Dacca suite à un nouveau crime patronal. Le dernier bilan du sinistre, qui s'était déclenché samedi soir dans une usine de vêtements destinés à l'exportation, s'établissait dimanche soir à cent dix morts, voire plus, dont de nombreuses femmes. Près de 200 autres prolétaires ont en outre été blessées. Les victimes sont mortes par asphyxie et intoxication ou en sautant dans le vide, a déclaré la police secouriste. Deuxièmement, analysons la façon dont la presse mondiale bourgeoise occulte les causes réelles du drame et excuse déjà les responsables. Dès le début elle insinue que c’est la faute aux consommateurs, de la même manière que la propagande éthique-pornographique bourgeoise veut punir les clients des prostituées, mais pas s’occuper de la misère sexuelle ni remettre en cause ses bordels de luxe. Vous achetez des vêtements produits dans des conditions horribles dans le tiers-monde, c’est votre faute par conséquent si cela entraîne des drames. Vous travaillez en usine, donc vous êtes des pollueurs comme le déplorent les nobles khmers verts…
Excepté Direct Matin dans le métro parisien, plus aucun organe de presse ne traite de l’incendie qui se produit immédiatement après le premier : « Un nouvel incendie s'est déclaré, lundi matin, à Dacca, dans un bâtiment abritant plusieurs entreprises de confection, mais n'a pas fait de victimes. "La plupart des ouvriers ont défoncé des grilles au dernier étage et ont réussi à se mettre en lieu sûr dans un bâtiment voisin", a déclaré un commissaire de la police du district de Dacca, Nisharul Arif. Dans ce bâtiment à la ventilation approximative et sans sortie de secours, la cage de feu s'était refermée sur les ouvriers qui confectionnaient du prêt-à-porter destiné à l'Occident (sic ? notez bien l’info appuyée !), pour un salaire mensuel de 5 000 à 10 000 roupies (40 à 80 euros). Le pays est devenu le deuxième exportateur au monde de vêtements, pour un total de 19 milliards de dollars en 2011 ».
Troisièmement, propaganda gauchiste humanitaire immédiate pour excuser le patronat local et la bourgeoisie : "De nombreux propriétaires d'usine s'arrangent avec la notion de conformité aux normes de sécurité pour satisfaire les acheteurs étrangers qui veulent maintenir une confection à prix cassés", résume Phil Robertson, le directeur adjoint pour l'Asie de l'organisation Human Right Watch (HRW). "C'est une preuve flagrante de l'échec du modèle de responsabilité sociale du secteur privé", dénonce ce brave hâbleur. Ces usines sont-elles interdites par l’Etat bourgeois ou y impose-t-il des contrôles de sécurité ? Non, alors il est complice et machin Robertson aussi.
Quelles seront les causes diverses, opaques, intouchables ou délirantes qui seront invoquées pour mon quatrièmement ? La Mondialisation ? Le Capitalisme ? Mon petit doigt ?
Cinquièmement, il s’est produit une manifestation considérable de plusieurs milliers d’ouvriers. Voyons comment l’Huma bourgeoise, financée par le grand patronat français du « Grand Capital » (qui pleure encore Marchais et Aragon le gâteux). Simple entrefilet de l’huma mélenchonesque, qui reprend le simple communiqué des agences de presse véreuse : « Des milliers d’ouvriers du textile au Bangladesh ont manifesté hier pour demander que cessent leurs conditions de travail « flirtant avec la mort » après le pire incendie qu’ait connu la profession et qui a fait 110 morts. Les rescapés de cet incendie, survenu samedi soir dans l’usine Tazreen Fashion à la périphérie de Dacca, ont rejoint des milliers de collègues pour bloquer une autoroute et défiler jusqu’à la zone industrielle d’Ashulia, où sont implantées plus de 500 usines de confection pour des marques occidentales. Selon la police, de nombreuses usines travaillant notamment pour les marques Walmart, H&M ou encore C&A sont restées fermées hier pour éviter une éruption de violence ».Un laconisme digne d’un trouduc du Figaro, on nous dépeint une simple manifestation avec des « collègues », et comme le gauchiste humanitaire ci-dessus, on glisse l’argumentaire bobo-démago des « marques occidentales »…
Le Républicain lorrain ose sixièmement l’intox « manif contre les usines occidentales » :
« Quelque 15 000 employés du textile ont manifesté hier à Savar dans la banlieue de Dacca, la capitale du Bangladesh, pour réclamer justice après la mort d’au moins 112 ouvriers, samedi dans l’incendie d’une usine de confection de vêtements. Ces derniers travaillaient pour des firmes occidentales telles que le groupe néerlandais C&A, le français Carrefour et le suédois Ikea.Les rescapés ont rejoint des milliers de « collègues » pour bloquer une autoroute et défiler jusqu’à la zone industrielle d’Ashulia, où sont implantées plus de 500 usines de confection pour des marques occidentales. « Les ouvriers de plusieurs usines ont quitté le travail et rejoint la manifestation. Ils veulent que les propriétaires de Tazreen reçoivent une punition exemplaire », a déclaré le chef de la police de Dacca, Habibur Rahman. (…) De nombreuses usines textiles tournées vers l’exportation sont dotées d’installations électriques défectueuses et de mesures de sécurité très laxistes. Selon la Clean Clothes Campaign, une association de défense des travailleurs du textile dont le siège se trouve à Amsterdam, au moins 500 employés du secteur sont morts dans des incendies au Bangladesh depuis 2006. Les firmes étrangères « savent depuis des années que nombre des usines avec lesquelles elles choisissent de travailler sont des pièges mortels », a dénoncé Ineke Zeldenrust, porte-parole de l’association. « Le fait qu’elles n’agissent pas s’apparente à de la négligence criminelle », a-t-elle estimé ». Et les « autorités locales » elles jouent aussi du pipeau ? La « démocratie parlementaire » avec pour « religion d’Etat » l’islam, serait-elle aussi innocente pour la bourgeoisie occidentale et ses médias que lorsque les dictateurs islamistes d’Egypte et deTunisie font tirer sur les ouvriers ? Sans doute à cause des touristes « occidentaux » qui ne vont plus là où sévit le folklore islamiste féodal…
Motus bouche cousue sur la réaction de la classe ouvrière :
C’est le deuxième incendie, qui n’a pas fait de victimes, qui a provoqué la violence de classe. Des manifestants ont jeté des pierres sur des usines, endommagé des véhicules et bloqué une autoroute du secteur. Quelque 200 usines de la zone industrielle étaient fermées lundi par terreur  bourgeoise de l’extension du mouvement de protestation. Samedi, la plupart des victimes avaient été piégées dans l’usine, qui n’avait pas d’issue de secours. Douze autres personnes, qui avaient tenté de fuir les flammes en se jetant du haut de bâtiment de sept étages ont succombé à leurs blessures. Les syndicats au Bangladesh dénoncent depuis longtemps et pacifiquement les mauvaises conditions de travail et le manque de mesures de sécurité (oui les syndicats ne sont bons qu’à « dénoncer »). L’Etat démocratique « islamiste » s’en lave les mains.
Il faut aller sur le site Algérie 1 pour trouver un compte-rendu plus précis :
« Plusieurs milliers d’ouvriers manifestaient lundi à Savar dans la banlieue de Dacca, la capitale du Bangladesh, pour réclamer justice après la mort de 122 ouvriers, samedi dans l’incendie d’une usine de confection de vêtements de cette zone industrielle. Des manifestants ont jeté des pierres sur des usines, endommagé des véhicules et bloqué une autoroute du secteur. Quelque 200 usines de la zone industrielle étaient fermées lundi en raison du mouvement de protestation. L’incendie avait éclaté en fin de journée samedi dans un bâtiment de sept étages appartenant à la compagnie Tazreen Fashions. Selon le commandant Mohammad Mahbub, chef des opérations de secours, 100 corps ont été retrouvés tôt dimanche matin dans les décombres. Douze autres personnes, qui avaient tenté de fuir les flammes en se jetant du haut du bâtiment, ont succombé à leurs blessures. Le gouvernement a proclamé une journée de deuil national mardi, au cours de laquelle le drapeau national sera mis en berne ».
Des ouvriers piégés dans leur usine
« La plupart des victimes ont été piégées dans l’usine, qui n’avait pas assez d’issues de secours selon les sauveteurs. L’exportation de vêtements rapporte environ 15 milliards d’euros chaque année au Bangladesh. La production est surtout distribuée aux Etats-Unis et en Europe. Selon les enquêteurs, un court-circuit aurait provoqué l’incendie, a déclaré le commandant Mohammad Mahbub, directeur des opérations du département chargé des incendies. Il a toutefois précisé que ce n’était pas le feu qui était à l’origine des morts mais les mauvaises conditions de sécurité dans l’immeuble. “Le bilan aurait été inférieur si l’immeuble avait présenté au moins une issue de secours,” a ajouté M. Mahbub. Mohammad Ripu, un survivant, a déclaré lundi qu’il avait tenté de quitter l’immeuble quand l’alarme d’incendie a été arrêtée. “Les responsables nous ont dit ‘rien ne se passe, l’alarme ne fonctionne pas bien, retournez au travail’. Quand nous avons voulu nous rendre vers l’issue de secours, elle était bloquée de l’extérieur et là, c’était trop tard”, a-t-il déclaré. M. Ripu s’est blessé superficiellement en sautant du premier étage. L’usine de Tazreen a ouvert ses portes en 2009 et embauché 1.700 personnes pour fabriquer des polos, des polaires et des t-shirts. Selon un audit rendu le 16 mai 2011 et réalisé par un expert en “approvisionnement éthique” de la multinationale américaine Wal-Mart, Tazreen présentait un taux de “risque élevé” en matière de sécurité ».

Les versions bourgeoisies françaises n’induisaient aucun questionnement, aucune réflexion ; la presse anglo-saxonne au contraire présente les faits sous un angle « de classe ». Mais bon, pourquoi remettre en cause le système capitaliste, ses gouvernements démocratiques et islamistes ?
Leçons de ce drame pour les prolétaires du monde entier :
1)      La bourgeoisie et ses laquais journalistes se fichent des crimes patronaux sur les lieux de travail, et pissent sur les tombes des victimes,
2)      Les prolétaires d’Occident sont présentés comme responsables de la misère et de la surexploitation des pays du « sud » (= sous-développés, même si le Bangladesh est plutôt au nord), ce qui nous fait franchement rire,
3)      Les gauchistes veulent faire croire que les accidents (y compris mortels) du travail, c’est la faute au « privé », dédouanant la responsabilité de l’Etat en vantant les nationalisations sous naphtaline,
4)      La bourgeoisie ayant peur de la violence de classe et de l’insurrection de vastes zones industrielles dans ces pays éloignés du centre, minore la signification du début d’extension de la colère ouvrière,
5)      La lutte ouvrière présentée comme étant dirigée  seulement contre des « usines occidentales », dédouane le patronat autochtone,  sert à préserver le nationalisme local et à laisser croire aux ouvriers européens que les prolétaires surexploités et sans défense de cette zone restent soumis à l’Etat islamique,
6)      La course au profit permet tous les meurtres légaux sans vergogne, et comme en 1911, patrons criminels et ministres complices ne seront jamais inquiétés par leur justice de classe,
7)      La presse occidentale est une putain du Capital, et moins respectable qu’une pute professionnelle.
8)      Face aux centaines de victimes méprisées dans les usines asiatiques et aux multiples suicides sur les lieux de travail de prolétaires détruits psychologiquement dans les vieilles nations bourgeoises, une chose est sûre, il faudra bientôt piller les armureries, et incendier les journaux du capital.


PS : Les entreprises telles que c&A, Zara, H&M, Mango, etc... qui nous vendent des nouvelles collections avec design attractifs tous les 6 mois, tout en restant low-cost, le font uniquement parce qu'ils arrivent à se fournir via des intermédiaires faisant travailler ces employés 12h par jour, n'investissant pas dans la sécurité et parfois faisant appel a des mineures. Ils ont des règles Ethic & Compliance et ils vomissent de la communication là-dessus. Mais il suffit par exemple de savoir que chez la maison-mère de Zara, faire appel à un sous-traitant employant des mineurs est synonyme d’arrêt du contrat, par contre faire appel à un sous-traitant qui lui même sous-traite (et donc ce sous-sous-traitant n'a aucun contact direct avec Zara, n'est pas audité par Zara et peut faire ce qu'il veut et ne respecter aucune règle) n'est synonyme que d'une petite tape sur les doigts. Boycotter les vêtements de ces intermédiaires aigrefins ne servirait à rien, d’une part les prolétaires du Bangladesh ont besoin qu’on continue à acheter pour pouvoir bouffer là-bas et d’autre part le prolétariat ne peut pas lutter en tant que consommateur, ce qui est le terrain dérisoire et interclassiste des bobos anars. Le seul soutien de classe, c’est quand on s’y mettra tous les prolétaires par-delà les frontières, en s’asseyant sur les drapeaux nationaux et en brisant les colifichets religieux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire