Sous le titre « La tension sociale monte dans les pays émergents », Rémi Barroux, dans Le Monde du 20 août, écrit : « Des grèves de travailleurs de l'automobile en Inde aux luttes dans les mines africaines, des suicides de salariés chinois aux assassinats de syndicalistes colombiens, les tensions sociales s'avivent dans les pays émergents. La montée des questions relatives à l'environnement et à la santé au travail ou les mobilisations contre la précarisation de l'emploi sont des constantes ».
Les prolétaires de vastes aires géographiques se trouvent même plus en position de force dans un premier temps du fait de la… raréfaction de la main d’œuvre, mais butent immédiatement aussi, comme en Europe, sur l’absence de solution dans le capitalisme : « Avec la crise mondiale, les revendications face à la dégradation des conditions de travail et du pouvoir d'achat se sont multipliées. En Chine, explique Raymond Torres, qui dirige l'institut de recherches de l'Organisation internationale du travail (OIT), "les salariés revendiquent parce qu'ils se trouvent en position plus forte : la réserve de main-d'oeuvre commence à s'épuiser et une nouvelle génération de salariés, qui a fait plus d'études, se trouve moins sensible aux pressions idéologiques du régime". Dans le secteur automobile, en Asie ou en Amérique latine, les conflits sont de plus en plus fréquents. Les secteurs stratégiques de l'industrie pétrolière et des mines se restructurent. Le pétrolier britannique Shell envisage de se retirer de 21 pays d'Afrique, suscitant l'inquiétude des salariés. Les cessions et rachats de sociétés modifient les termes des contrats de travail, avec pour conséquence l'externalisation de nombreux salariés. C'est un des principaux motifs de conflits ».
Vers de nouveaux « conseils ouvriers » ?
N’ayant jamais été « eurocentristes », les révolutionnaires maximalistes devraient se réjouir de cette volonté d’indépendance et de combat à mort qui se profile face à l’avenir sinistre et inhumain que promet la bourgeoisie mondiale encore au pouvoir ; après l’inter-titre « des syndicats parfois dépassés », le journaliste conclut: « Dans de nombreux pays, comme en Algérie, les conflits sont menés par des syndicats non affiliés à la CSI et des mouvements issus de la société civile. Pour lutter contre le retrait d'Afrique de Shell, des travailleurs se sont organisés, de Casablanca (Maroc) à Ouagadougou (Burkina Faso), sur le réseau social Facebook, créant un groupe "Shell people are not for sale" ("Les salariés de Shell ne sont pas à vendre"). L'enjeu pour le syndicalisme est d'intégrer ces nouveaux paramètres. Autre défi : les syndicats, notamment en Afrique, doivent représenter les travailleurs de l'économie informelle. Le développement de cette économie parallèle, qui englobe 1,8 milliard de personnes, soit la moitié de la population active mondiale, accroît la pauvreté, estime l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et génère des conflits. Les deux tiers de la population active pourraient se trouver sans contrat de travail et sans protection sociale en 2020 ».
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