PAGES PROLETARIENNES

samedi 23 mars 2024

Etrange amnésie pour le si long passé du tueur terroriste Poutine


MACHIAVEL

« Je tiens à signaler que le groupe d'officiers du FSB envoyé en mission d'infiltration au sein du gouvernement en a bien rempli la première étape ». Poutine (Décembre 1999, Le libre noir de Vladimir Poutine)

« On ne peut point gouverner innocemment ». Saint Just




Le plus scandaleux dans l'attentat qui vient de se produire en Russie est cette réaction d'apitoiement de toutes les bourgeoisies occidentales, prenant soudain en pitié Poutine. Comme si les principaux massacres quotidiens au front ukrainien pouvaient passer au second plan, excuser une pourtant classique organisation criminelle de l'Etat mafieux russe ; au même moment où, étrangement, la bourgeoisie chinoise fait savoir qu'elle intercède et que les deux parties prenantes1, Kiev et Moscou, n'auraient au fond qu'un désir : négocier. Pourquoi cette soudaine mansuétude pour celui qui est désigné par toute la planète depuis deux ans comme le nouvel Hitler ? Parce que le « terrorisme international » est le mantra de toutes les bourgeoisies dominantes. On verra par après quels sont les visées du criminel de guerre qui se présente comme le tsar de toutes les vilenies.

Les journalistes compatissent eux aussi, : énumération la succession des attentats terroristes en Russie comme une malédiction sans rappeler que la plupart ont eu lieu dans une situation de guerre à l'intérieur d'un Empire qui craquait de toutes parts, et la plupart phagocytés par les « silovikis ». Même si parfois l'attentat n'est pas forcément préparé par les tueurs des services secrets, comme nos attentats anarchistes du siècle dernier, il rend toujours service à l'Etat capitaliste. Un exemple parmi tant d'autres, en octobre 2002, en réponse aux exactions de l'armée russe en Tchétchénie, un commando d'islamistes tchétchènes avait pris en otages environ 800 personnes dans le théâtre Doubrovka à Moscou, sous condition du retrait des troupes russes. Deux jours plus tard, les forces spéciales russes avaient foncé sur le bâtiment. Poutine avait refusé de négocier et lancé l'assaut avec usage de gaz chimiques inconnus entraînant la mort de 130 otages et de 41 membres du commando, pour la plupart asphyxiés par des gaz aux composés inconnus. La plupart des morts furent donc causées par les porteflingues de Poutine.

UN VIEIL USAGE DU TERRORISME D'ETAT EN CAGOULE

Prenons décembre 1994, le maître alcoolique de Poutine déclenche par surprise la guerre contre la petite république autonome de Tchétchénie : « des gens à abattre comme des chiens enragés ». La résistance tchétchène fût féroce et deux ans après l'Etat russe était obligé de signer un cessez le feu. Au prix de la mort de près de 100 000 civils et militaires des deux bords. C'est dans cette période que le chouchou d'Eltsine tissa des liens avec la mafia et les mailles du successeur du KGB, le FSB.

La question tchétchène est restée perpétuelle, mais c'est surtout le début de son « utilisation » comme terreur interne pour mieux mettre au pas le peuple et la classe ouvrière russe. Seule Florence Schaal a bien analysé l'intronisation, l'instrumentalisation des terroristes tchétchènes. Son livre, qui fût difficile à éditer, peut encore gêner car il reste un modèle d'analyse de fond de la manipulation des « chairs à canon » terroristes ». Nulle part sur wikipédia vous ne trouverez la vraie bio de Bassaiev, présenté soit comme héros ou puissant chef de guerre (à la carrière écourtée par Poutine, explosé dans un camion à l'âge de 41 ans), la voici.

« Qui est donc Chamil Bassaiev, que les russes ont appelé ennemi public numéro un et dont la tête


est mise à prix pour 8 millions d'euros ?

A quarante ans, ce barbare tchétchène semble avoir trempé dans tous les conflits autour du Caucase. Sa carrière de combattant sans loi a commencé avec les russes : son premier engagement politique a eu lieu aux côtés de Boris Eltsine en aoüt 1991, devant la Maison Blanche, le siège du parlement russe à Moscou, pendant le putsch manqué des généraux. Alors le GRU (services secrets militaires russes) l'a enrôlé et lui a appris les techniques guerrières, les embuscades, la fabrication des bombes. D'abord contre le Géorgiens en Abkhazie.

On le trouve dans le haut Karadakh, avec les Azéris ainsi qu'en Turquie pour un détournement d'avion fin 1991. Entre 1992 et 1994, il suit des entraînements dans des camps de moudjahiddins afghans, puis c'est le retour à Grosny, pendant la première guerre de Tchétchénie, la prise d'otages à l'hôpital de Boudiennovsk en 1995 et sa participation décisive à la reconquête de Grosny en 1996. Là il devient le héros national de la Tchétchénie. A tel point que, dans la rue, les enfants de Grosny jouent « à Bassaiev ».(...) La suite n'est plus que dérapages et violences provocatrices. En 1999, le raid armé de Bassaiev pour soutenir une révolution islamiste au Daguestan, république frontalière de la Tchétchénie, devient pour la Russie prétexte à déclencher la deuxième guerre de Tchétchénie.

D'abord formé par les russes, Chamil Bassaiev aurait-il été en cette occasion encore manipulé par les russes ? En 1999, Boris Eltsine – auprès duquel il a eu ses premiers engagements – est au pouvoir et le doute existe encore toujours sur la collusion entre Bassaiev et les services secrets russes, intéressés par la poursuite de la guerre en Tchétchénie. Même si, depuis, Chamil Bassaiev est devenu l'ennemi public numéro un de la Russie. Les services secrets engendrent souvent des monstres devenus incontrôlables.

Son itinéraire, en tout cas, est loin d'être clair. On a du mal à croire qu'un seul et même homme, amputé d'une jambe – perdue pendant le siège de Grosny en 2000 – et dont la tête est mise à prix, ait pu commander, organiser et exécuter toute la récente série de formidables opérations terroristes – de Nord-Ost en 2002 jusqu'aux cinq attentats sanglants revendiqués en 2004. Et cela sans jamais être inquiété, dans un pays de 17 000 km2 où patrouillent cent mille soldats russes.

Et on a du mal à comprendre comment, ou pourquoi, son site internet sur lequel il revendique et explique toutes ses actions, n'est pas brouillé comme tous les autres sites terroristes...

Autant d'éléments pouvant laisser penser que Chamil Bassaiev constitue le parfait épouvantail pour Vladimir Poutine qui peut l'agiter dès que nécessaire afin d'occulter d'autres problèmes. Nous sommes en Russie, pays où le jeu d'échecs dépasse de loin le cadre de l'échiquier...

Les revendications de Chamil Bassaiev sont toujours les mêmes : le retrait des troupes russes et l'indépendance de la Tchétchénie. Mais, en 1999, il est passé de la résistance séparatiste classique, d'inspiration soufiste, à un islamisme radical. Il se laisse pousser la barbe, se fait dorénavant appeler Abdallah Bassaiev, s'allie à la « légion arabe » du jordanien Omar Iben Al Khattab, crée les « Brigades des Martyrs Chahides »... Et sex veuves noires en sont-elles pas des répliques des kamikazes palestiniens ?

(…) Dès le deuxième jour de la prise d'otages (à Beslan) les autorités ont d'ailleurs parlé d'arabes parmi les preneurs d'otages. Le jour du dénouement, le FSB annonçait dix arabes et un noir parmi les etrroristes tués, et le procureur général parle de coréens. En fait, la composition exacte du commando est la suivante : quatorze tchétchènes dont deux femmes, neuf ingouches, trois russes, deux ossètes, deux algériens, un tatare, un karbadin et un guran (peuple sibérien russifié)

(…) Un énorme stock d'armes a été dissimulé dans l'école (dans ses greniers) grâce à la corruption galopante, mal endémique russe. « Comment se fait-il que, dans une région où il est impossible de transporter un sac de pommes de terre sans être contrôlé vingt fois, les terroristes aient pu circuler avec de telles armes sans être arrêtés ? », demande le maire de Moscou. Les parents de Beslan connaissent la réponse : il suffit de donner quelques dollars aux policiers pour franchir sans encombre les contrôles avec des armes achetées le plus souvent à des soldats dont les soldes restent impayées. (…) Dans les jours suivant la prise d'otages on a appris que l'entraînement du noyau dur du commando avait eu lieu durant deux semaines dans un premier camp, dans la région de Mayobek, en Ingouchie. (…) Tous ne se connaissaient pas. Tous ne savaient pas non plus qu'il s'agissait de s'attaquer à une école. Certains, comme les deux femmes tchétchènes, croyaient que leur cible était le commissariat de Beslan, juste à côté de l'école.

Tous en revanche étaient drogués. A la cocaïne, à la morphine et aux amphétamines. L'analyse toxicologique demandée par le Parquet a montré que la plupart étaient toxicomanes. « Les femmes se piquaient », racontent les otages. Maigre consolation : ce n'est pas si facile d'être un monstre... ».

(…) Nous avons affaire non à des terroristes isolés, mais à une intervention du terrorisme international contre la Russie », a déclaré dès le lendemain de la prise d'otages, le 4 septembre, Vladimir Poutine dans une adresse à la Nation, en dénonçant explicitement A Qaida et en réfutant tout lien avec la situation en Tchétchénie (…) La peur d'un ennemi fantôme est le dernier recours des politiciens de notre époque pour préserver leurs pouvoirs. A voir la réélection triomphale de George Bush après le désastre irakien, la recette est bonne ».2

RETOUR EN ARRIERE AU MOMENT DE L'INTRONISATION DU GANGSTER SANS FOI NI LOI

C'est le livre noir de Poutine qui prend le relais de celui de Florance Schaal. Après la nomination incongrue d'un inconnu du public par un Eltsine déjà bien éméché :

«La deuxième étape, engagée à l'été, consista à pousser un groupe de rebelles islamistes de Tchétchénie à envahir la région voisine du Daghestan. Classique opération de provocation destinée à déclencher une guerre et à mettre en condition l'opinion publique afin de favoriser l'émergence d'un homme fort – Poutine.

Un peu plus tard, entre le 31 août et le 16 septembre, démarra la troisième étape . Un noyau dur des siloviki3 décida de frapper plus fort et organisa alors quatre attentats contre des immeubles d'habitation dont deux à Moscou, qui firent plus de 300 morts. L'émotion fût immense et le nouveau Premier ministre se précipita à la télévision pour accuser les tchétchènes et tenir un discours violent et ordurier : « On ne peut même pas les appeler des animaux, si ce sont des animaux, ils sont enragés (…) Nous irons les buter jusque dans les chiottes. Cette provocation était double : elle rappelait singulièrement l'incendie du Reichstag, le 27 février 1933, que les nazis avaient exploité pour inaugurer leur politique de terreur « légale » contre leurs opposants ; et elle désignait comme ennemis de la Russie des tchétchènes qui, déjà du temps des tsars, étaient considérés comme des sauvages en raison même de leur résistance à la poussée russe – les mères russes menaçaient leurs enfants indisciplinés du tchétchène comme chez nous du Père Fouettard. Cette stigmatisation ne tenait aucun compte du fait qu'en cinq jours de février 1944, Staline avait fait déporter au Kazakhstan et au Kirghistan toute la population de Tchétchénie et d'Ingouchie – soit près de 600 000 personnes.4

Ce meurtre de 300 prolétaires russes reste officiellement attribué aux tchétchènes. Or comme je l'ai rappelé dans un de mes articles sur le sujet, des habitants voisins des immeubles effondrés ont témoigné avoir vu durant la nuit des hommes cagoulés avec des tenues de combat typiques des agents du FSB, venir déposer des paquets dans les poubelles. Ces encagoulés n'ont jamais été retrouvés. Et rebelote hier, comme par hasard les tueurs cagoulés dans la salle de concert de rock à à Krasnogorsk « sont encore recherchés...La comparaison avec le Bataclan s'arrête là. A Paris les tueurs kamikazes ont été tous zigouillés.

UNE AMNESIE COLLECTIVE « ANTITERRORISTE »

On compatirait presque à cette émotion, grandement feinte, et révélant les intérêts machiavéliques communs à tous les pouvoirs. La tonalité qui appelle « à coopérer avec la Russie », nous laisse sans voix !

Pensez donc, même le si contesté – par les nationalistes juifs Netanyahou et BHL - secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et les membres du Conseil de sécurité ont également « condamné dans les termes les plus forts l’attaque terroriste odieuse et lâche dans une salle de concert à Krasnogorsk ».

Le Conseil, présentant lui aussi ses condoléances aux proches des victimes, souligne que « le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations représente l’une des menaces les plus graves à la paix et à la sécurité internationale », appelant à ce que les auteurs rendent des comptes. Ils appellent dans ce cadre tous les Etats à « coopérer » avec la Russie et les autorités compétentes.

Une telle ardeur n'arrivant jamais seule, on nous annonça immédiatement qu'un communiqué publié en fin de soirée par le groupe Etat islamique (EI) revendiquait l’attentat. Le groupe djihadiste, qui a déjà ciblé la Russie à plusieurs reprises, a affirmé que son commando avait ensuite « regagné sa base en toute sécurité ».

Plus étrange, outre que l'ambassade américaine était au courant, des issues de secours verrouillées, selon des témoins Le média d’investigation indépendant russe Agenstvo rapporte que certaines des issues de secours étaient verrouillées, retardant l’évacuation du bâtiment.

Les forces de l’ordre russes sont « à la recherche » des assaillants (sic ! qui ne risquent pas d'être retrouvés comme les tueurs en cagoule du FSB en 1999!). « Des unités spéciales de la garde nationale russe travaillent sur le site de l’attaque terroriste du Crocus City Hall. Elles sont à la recherche des criminels et évacuent les citoyens du bâtiment », a fait savoir la garde nationale, Rosgvardia, sur son compte Telegram. En qui nous avons sincèrement tous confiance !

POURQUOI avoir fabriqué un tel attentat (si classique) EN PLEINE GUERRE ?

A première réflexion la nécessité de ressouder une unité nationale russe ébranlée petit à petit par cette guerre incessante et sanglante, l'assassinat de Navalny, une élection grossièrement truquée. On pouvait attendre plutôt un attentat grave en territoire européen ou une bombe atomique sur Paris comme l'a vanté l'autre con de petit fils de Tolstoï...En tout cas comme généralisation vers la guerre mondiale, ils auraient pu faire mieux.

Pour leur part les ukrainiens ont émis une hypothèse très valable. Le renseignement militaire ukrainien a accusé le Kremlin et ses services spéciaux d’avoir orchestré l’attaque meurtrière de vendredi soir près de Moscou pour accuser l’Ukraine et justifier une «escalade» de la guerre.

 «L’attentat terroriste de Moscou est une provocation planifiée et délibérée des services spéciaux russes sur ordre de [Vladimir] Poutine. Son objectif est de justifier des frappes encore plus dures contre l’Ukraine et une mobilisation totale en Russie», a assuré la direction du renseignement militaire (GUR), estimant que l’attaque «doit être comprise comme une menace de Poutine de provoquer l’escalade et d’étendre la guerre».

Le pitbull le plus minable de Poutine, Medvedev, cintré comme un porte-manteau, porte-flingue des déclarations les plus débiles, a rugi pour l'occasion, s'empressant d’avertir que la Russie «détruira» les dirigeants ukrainiens s’il s’avère qu’ils sont responsables de l’attaque meurtrière d’une salle de concert de la banlieue de Moscou«S’il est établi qu’il s’agit de terroristes du régime de Kyiv […], ils doivent tous être retrouvés et détruits sans pitié en tant que terroristes. Y compris les dirigeants de l’Etat qui a commis une telle atrocité», a grogné ce roquet également numéro 2 du Conseil de sécurité russe.

Or cette supposition est indémontrable. L'attentat, très probablement encore criminellement planifié par les gangsters des services secrets, vise « l'ordre intérieur », j'allais dire : la prolongation de la terreur intérieure en Russie !



PS : petit échéancier du terrorisme d'Etat appliqué

Au petit matin du 13 septembre 1999, une charge de 300 kg de TNT souffle un immeuble de huit étages dans le sud la capitale, tuant dans leur sommeil près de 120 habitants. Quelques jours auparavant, plus de 90 personnes avaient également trouvé la mort à Moscou dans l’explosion d’un autre immeuble. Ces attaques sanglantes ont été attribuées aux « terroristes tchétchènes » par les autorités et ont servi de prélude au déclenchement, en octobre 1999, du deuxième conflit russo-tchétchène. D’autres thèses ont émergé depuis, qui ne manqueront pas de ressurgir après l’attaque de ce vendredi, soupçonnant les services de sécurité russes (FSB) d’être derrière ces attentats.

Au soir du 23 octobre 2002, un commando tchétchène de 21 hommes et 19 femmes, lourdement armés et munis de grandes quantités d’explosifs, parvient à s’infiltrer dans Moscou et à y prendre en otages près d’un millier de personnes au théâtre de la Dubrovka. Le siège dure deux jours et trois nuits, avant de s’achever par un assaut des forces spéciales mené à l’aide d’un gaz puissant entraînant la mort de la quasi-totalité des 130 victimes.

Le 5 juillet 2003, un double attentat suicide à l’entrée d’un concert de rock sur l’aérodrome de Touchino, à Moscou, fait 15 morts, en plus des deux femmes kamikazes, et une cinquantaine de blessés. Quelque 20.000 jeunes se trouvaient sur les lieux pour assister au traditionnel festival de musique rock « Krylia ».

L’attentat n’avait pas été revendiqué (sic) mais il a été attribué par les autorités russes aux rebelles indépendantistes tchétchènes.

Le 6 février 2004, un attentat à l’explosif ébranle le métro de Moscou, tuant 41 personnes. Il est revendiqué par un groupe tchétchène inconnu, « Gazotan Murdash ».

Le 19 mars 2010, un double attentat suicide frappe le métro de Moscou, faisant 40 morts. L’une des explosions, attribuées à deux femmes kamikazes, a lieu dans la station de métro Loubianka, au pied du siège du FSB.

Le 24 janvier 2011, 37 personnes sont tuées dans un attentat suicide à la bombe à l’aéroport de Moscou-Domodedovo, dans la zone d’arrivée des vols internationaux. Il est revendiqué par le chef de la rébellion islamiste de l’époque, le Tchétchène Dokou Oumarov.



NOTES

1J'aurai l'occasion ultérieurement de creuser cette idée qui m'est venue, concernant la raison du repli américain dans le soutien à l'Ukraine. Du même ordre que la politique ambiguë de Roosevelt et Chamberlain avec Hitler....lui livrant l'Europe. En poussant l'Europe à réarmer (lourd investissement face aux dettes) la bourgeoisie US affaiblit le principal marché chinois...

2« Jamais je n'oublierai Beslan, chronique d'une correspondante à Moscou » Florance Schaal, ed Jean-Claude Lattès 2005.

3Dès son arrivée au pouvoir, Vladimir Poutine, issu du KGB, commence à placer ses amis et collègues tchékistes aux postes politiques et sécuritaires clés. La plupart des haut gradés actuels sont issus du KGB-FSB. Aujourd'hui, la Russie compte près de 4,5 millions de siloviki, c'est-à-dire 6 % de la population active du pays. «La Russie est définitivement devenue un Etat de siloviki en 2014, écrit Nikolaï Petrov. C'est à ce moment-là que la logique des prises de décision a changé. Les siloviki sont devenus les hommes de première main.» Leur pouvoir n'a cessé de croître depuis, tandis que les institutions politiques faiblissaient. (cf. Libération).Sur la complexité, et infaisabilité des nationalismes régionaux au milieu des rivalités des satrapes, et où les apparatchiks staliniens représentaient encore un semblant d'ordre, lire: La guerre civile au Tadjikistan, Le Tadjikistan à l’épreuve de l’indépendance - La guerre civile au Tadjikistan - Graduate Institute Publications (openedition.org)


4Le livre noir de Poutine, page 56.

jeudi 21 mars 2024

LA PERSONNIFICATION DE LA POLITIQUE DANS LA PERSPECTIVE DE GUERRE GENERALE

 


 LA PERSONNIFICATION DE LA POLITIQUE DANS LA PERSPECTIVE DE GUERRE GENERALE

« Je suis un petit gars tout seul contre environ un millier d’agents du lobby ».

George Bush père

Selon Le Littré la personnification consiste à : « faire d'un être inanimé ou d'une abstraction un personnage réel ». La personnalisation est l'action d'identifier le pouvoir à la personne qui l'exerce. Les deux notions semblent proches voire équivalentes, or j'ai choisi le premier terme comme titre comme correspondant à la mystification gouvernementale majeure pour notre époque, laissant de côté la seconde plus caractéristique des années 1960 avec des types de gouvernement d'après-guerre, certes s'appuyant souvent sur des hommes « providentiels » : Eisenhower, Adenauer, De Gaulle, Bourguiba,Nasser, Mao, etc.1

La personnification de la politique de nos jours est autrement perverse. J'ose la résumer ainsi : action qui consiste à faire de la machine étatique un personnage réel. A la professionnalisation des personnels politiques toujours séparés et abstraits pour le peuple et le prolétariat, a succédé ; présidentialisation, artificialisation des organisations, personnification du jeu politique, érosion et mépris du militantisme . Ces transformations sont une adaptation à la crise du système parlementaire abstrait, creux et incontrôlable. Le leader, même e surtout auto-intronisé figure toujours l'homme au-dessus de la mêlée des partis toujours corrompus ou corruptibles. Macron agace en France, mais il espère apparaître comme un Poutine ou un Zelenski en homme de confiance au-dessus des partis et de leurs magouilles. D'illustres prédécesseurs les ont précédé, de Staline à Hitler et Mao, ou Castro... Quoique leurs manières modernes soient plus enjôleuses et moins meurtrières, sans le culte outrancier de la « personnalité ». Cette personnification correspond il faut le souligner aux périodes de guerre où le commandement ne se discute pas.

Mais même dans le cas de Hitler sur lequel une vieille historiographie nous radote son pouvoir suprême et exclusif, ce n'est pas vrai. Hitler n'est que le délégué de la bourgeoisie en guerre. Il accède au pouvoir comme chancelier par intermédiaire des mécanismes constitutionnels ; il se donne ensuite les moyens d'être un chef de guerre, totalement soutenu par le patronat dont les patrons lui survivront. Il se savait en permanence sur un siège éjectable (comme Poutine) Il a d'ailleurs failli être éliminé par une fraction de l'armée. Mussolini fût déposé par le roi en 1943 pour son incapacité à faire face aux importantes grèves en Italie. Le dictateur est « dicté » comme me l'avait objecté le journal bordiguiste à la fin des années 1990. Poutine et Macron, c'est pareil à un niveau et une échelle différente. Macron est allé chercher le soutien des milieux financiers à Londres pour sa première élection. Poutine est le furoncle du cœur de l'appareil d'Etat néo-stalinien, ses services secrets.

Ce qui frappe voire choque dans cette personnification de l'Etat, cette machine froide et impavide, c'est sa vulgarité. Produit de cette mutation populaire et populiste, je reste toujours frappé par ces déclarations : « casse-toi pauvre con » (Sarkozy) ; « on ira buter les tchétchènes jusque dans les chiottes » (Poutine), « nos soldats qui ont déserté pour l'armée ukrainienne il faut les pourchasser et les tuer partout » (le même), « nous allons tuer les milliers de soldats du Hamas, tous jusqu'au dernier » (Netanyahou) ; « j'ai très envie d'emmerder les non-vaccinés » (Macron) ; « Sarkozy est un sale mec » (Hollande).

Mais plus que ces gros mots, à destination électoraliste, sont graves les appels aux meurtres individuels des Poutine et Netanyahou. Du jamais même sous Brejnev et Ben Gourion. On passe ainsi à une individuation du pouvoir qui s'adresse à l'individu et non pas à la manière traditionnelle du vouvoiement des masses. Ce qui est plus vicieux : tu vois ! Comme moi tu as envie de buter l'ennemi qui peut être ton voisin ! Je m'adresse particulièrement à toi comme tu t'en rend compte !

Le superman au-dessus de la bureaucratie et de la corruption étatique n'est pas éternel. Poutine n'y fera pas de vieux os si vous réfléchissez à mon calcul rapide des dictateurs champions de longévité au pouvoir :

  • Castro : au moins 45 ans

  • Franco : 38 ans

  • Mao : 27 ans

  • Staline : 26 ans

  • Mussolini : 21 ans

  • Hitler : 12 ans (et pas mille ans comme prévu)


Cette année Poutine n'est encore qu'en 5ème position sous Staline : 25 ans seulement. Si sa dictature devait encore durer, comme il le souhaite jusqu'en 2036, il ne resterait que troisième derrière Franco. Il faut souligner que la plupart de ces dictateurs, excepté le petit jeune Castro (héros surfait de l'époque des lib nationales) ont été au pouvoir dans la plus sombre période de contre révolution et les trois derniers en particulier principaux bouchers de la Seconde guerre mondiale. Poutine n'est encore que leur benjamin.

Traité de savoir vivre à l'usage des vieilles générations :

Sans se mentir ni réciter la croyance marxiste en un prolétariat dans les nuages, il faut bien le constater, si la personnification de l'Etat a si bien fonctionné depuis des décennies c'est dû une constante, la tendance naturelle des gouvernés à réclamer que l'autorité s incarne en un homme au-dessus des partis, ce que les dictateurs d'hier ont parfaitement symbolisé. Et que nos dictateurs d'aujourd'hui rêvent d'incarner. Or les dictateurs d'hier ne régnaient pas seulement par la terreur. Hitler se soucia durant toute la durée de la guerre que ses soldats n'aient pas faim, au souvenir lancinant de la révolution de Novembre 1918. Mussolini exaltait la paysannerie qu'il méprisait. Franco étai un cul-béni. Castro pas fidèle. Staline jouait au curé du dieu Lénine. Mao fût le meilleur à la fin de savie avec ses gardes rouges contre la bureaucratie d'Etat.

Maintenant toute carrière de dictateur est dangereuse, instable, basée surtout sur la terreur et les meurtres. C'est le cas du criminel de guerre Poutine. Il est faillible par ce qu'il croit être sa force, sa manie de tuer opposants et civils dans des attentats machiavéliques. Or des études d'historiens, basées sur des comparaisons avec les exécutions sommaires au front en 1914, ont conclu que l'Etat militarisé le plus répressif était le plus faible dans la durée. Ce fut le cas de la France et de l'Italie où les soudards se livrèrent au plus grand nombre d'exécutions, non sans réactions mais sans aller aussi loin que les soldats russes et à renverser l'Etat :

«  « Quelques "petites mutineries" ont été observées en 1915 (Artois) ou en 1916 (Verdun) mais elles n'impliquèrent que quelques dizaines de soldats et eurent une durée très limitée. En revanche, au lendemain de l'échec de l'offensive du Chemin des Dames (avril 1917), d'importantes vagues de mutineries se développent dans l'armée (entre 30 000 et 40 000 mutins) : les mutins refusent de continuer à servir de "chair à canon" et manifestent leur exaspération face à des offensives meurtrières, provoquant des sacrifices inutiles. Les conseils de guerre prononceront 554 condamnations à mort dont une cinquantaine seulement seront exécutées. Dans les faits, relativement peu de peines de mort prononcées ont été appliquées au lendemain des mutineries de 1917 (10%). Il fallait en effet trouver un juste équilibre entre des exécutions permettant le retour à l'ordre par leur exemplarité tout en évitant un trop grand nombre d'exécutions qui auraient pu entraîner des mutineries beaucoup plus générales et un risque de dislocation de l'armée. De fait, seuls des meneurs soigneusement sélectionnés furent exécutés. Se pose également le problème ses soldats exécutés de façon sommaire sur le champ de bataille même, par des officiers chargés d'exécuter lors des assauts ceux qui retournaient en arrière ou refusaient d'avancer. Mais ces exécutions sommaires échappent à toutes mesures statistiques.  (…) Se pose également le problème ses soldats exécutés de façon sommaire sur le champ de bataille même, par des officiers chargés d'exécuter lors des assauts ceux qui retournaient en arrière ou refusaient d'avancer. Mais ces exécutions sommaires échappent à toutes mesures statistiques.  Se pose également le problème ses soldats exécutés de façon sommaire sur le champ de bataille même, par des officiers chargés d'exécuter lors des assauts ceux qui retournaient en arrière ou refusaient d'avancer. Mais ces exécutions sommaires échappent à toutes les mesures statistiques »2.

Sans étayer outre mesure sur les diverses luttes qui avaient précédé 1914 et 1939, dont j'ai déjà parlé dans mes précédents articles, je dois convenir encore et encore que le prolétariat dort, qu'il faut remonter à la guerre du Vietnam pour revoir une lutte internationale contre cette guerre, terminée seulement en 1975. Qu'il nous faut déplorer, regretter, nous indigner en vain auprès des nuages comme ces ados de 15ans dont les préoccupations et questions m'ont enthousiasmé.

Oui, dirent-ils, vous avez vu à Gaza ce qui se passe, comme en Ukraine et personne ne fait rien. Dans le passé il y avait des grèves contre la guerre, maintenant plus rien. Et elle aura lieu quand cette guerre ? L'un d'eux avait été particulièrement choqué par la déclaration du général Schill3.

Plus que la discussion où je me suis efforcé de mettre en parallèle avec les années 1930, les différences et les enjeux plus exterminateurs de nos jours, c'est la conscience politique en émergence, grave, sérieuse et réfléchie qui me ravit chez ces jeunes gens. Plus même comme orientation vers une conscience de classe même s'ils utilisent plutôt le mot peuple, les gens ou les victimes civiles. Certains sont même plus au fait des arcanes des politiques impérialistes que nous les vieux adultes.

Du même ordre fut mon étonnement lors du spectacle de Macron en plein « selfies » dans le quartier (où je suis né à Marseille) la Castellane(et baptisé à Notre Dame de la Garde). Plus des français ou des italiens de souche mais des jeunes, des femmes, des enfants d'outre Méditerranée , des prolétaires quoi. Souriant, aimables, sans haine ils se sont approchés pour le toucher, lui parler, faire des selfies qui deviendront des posters dans la cuisine. Et surtout le questionner comme aucun de ses ministres ou de ses journalistes n'osent le faire :

  • dites monsieur le Président elle aura lieu la guerre ? Quand ? Pourquoi voulez-vous envoyer 20.000 jeunes ?

  • Et dites...à Gaza pourquoi vous aidez pas comme en Ukraine ? Μ

  • Et vos CRS vous pouvez pas leur dire de se calmer, de taper moins fort ?


Macron s'en est bien tiré avec ses réponses creuses et paternalistes mais il n'eût jamais le dernier mot :

  • vos aides elles tombent à la mer ! Et ils continuent à tuer des femmes et des enfants !

J'ai rappelé cet épisode à mes ados pour leur dire ceci, une banalité pour vous les vieux sachants : ici en Europe on a donné deux fois pour la guerre en grande dimension. Les armées, depuis 19798 pour la France, ne sont plus professionnelles. Or comme le révèlent les deux guerres à Gaza et en Ukraine, les deux armes majeures sont les drones et les fantassins. Le Capital a besoin de milliers et de milliers de chairs à canon comme en 14 comme en 39, l'ogre n'est jamais rassasié.

Bonne chance aux sergents recruteurs et au général Macron ! On n'est ni en situation parano comme en Russie ou en Israël, aller mourir pour Kiev ou les colons juifs, non merci !

Vous êtes l'expression d'un questionnement sérieux dans la classe ouvrière et la population mondiale. Ce souci existe partout ou on peut croire que c'est mort. Même chez Poutine où le trucage électoral fut énorme, disproportionné et totalement disproportionné : la moitié des russes n'ont pas voté Poutine. Il ne faut cependant pas le prendre pour un imbécile ; l'exécution de Navalny a été perverse et intentionnée : en faisant de ce chefaillon réac et nationaliste (il était pour l'invasion de la Crimée) un martyr « libéral » il laisse entendre que la politique des amis de Navalny (les « fascistes européens ») serait la seule alternative à la faillite de son pouvoir à moitié totalitaire (comparé à Staline). J'ai conclu en leur disant, ce qui était d'ailleurs une de leurs hypothèses : à un moment les bourgeoisies ne comprennent plus rien et sont entraînées elles-mêmes dans le cataclysme qu'elles ont préparé. Je le répète c'est une personnification, une dénonciation simpliste des individus dirigeants qui empêche de comprendre que c'est le système qui les mène et nous avec, à leur propre perte. Rien n'exclut l'envoi d'une ogive nucléaire sur Lyon ou Barcelone et alors..Bonjour docteur Folamour !

Enfin je leur ai donné lecture de mon tableau nucléaire des Folamours en attente :


Global Firepower a publié son classement des pays les plus puissants, d’un point de vue militaire (en réalité assez erratique et avec données incertaines, quand chaque puissance n'est pas tenue de déclarer le nombre réel de ses armes)

USA:1,4 millions de soldats – 5550 ogives nucléaires – budget : 770 milliards de dollars

Russie : 850.000 soldats + 250.000 réservistes – 6255 bombes nucléaires – budget : 154 milliards de dollars (budget pauvre en comparaison avec USA et Chine, plus un PNB inférieur à l'Espagne = pas terrible pour une guerre longue)

Chine : 2 millions de soldats et 510.000 réservistes – 350 bombes nucléaires – budget : 250 milliards de dollars

Inde : 1, 45 millions de soldats et 1,15 millions de réservistes – 156 ogives nucléaires – budget : 49, 6 Milliards de dollars

Royaume-Uni : 194.000 soldats et 37.000 réservistes – 225 bombes nucléaires – budget : 38 milliards de dollars

France : les données de cet organisme sont fantaisistes car la France est la première puissance militaire en Europe et certainement pas neuvième puissance mondiale. 300.000 soldats – 300 ogives nucléaires – budget : 41 milliards de dollars.

Traité sur l'usage de l'antisémitisme au profit du nationalisme juif

La personnification de la pourriture capitaliste a, depuis des décennies, une cible de choix : le juif. Pourtant le juif n'est plus ce qu'il était en 1917 : un communiste que Hitler eut pour tâche d'éradiquer du monde entier, car le génocide est un anticommunisme par euphémisme, une éradication..personnificatrice plus que l'élimination d'une communauté martyre depuis l'Antiquité. On a beaucoup glosé ces temps-ci, en particulier en France, à Sciences-Po, avec la profanation de cimetières, d'une remontée ou explosion de l'antisémitisme. Les chiffres sont là et toute personne consciente ne peut que le déplorer4. Le gouvernement a lui aussi dénoncé ces actes honteux et les mêmes râleurs ont encore radoté sur l'absence de Macron à la manif de la bonne bourgeoisie parisienne sans que Netanyahou n'ose y montrer son nez contrairement à l'époque du Bataclan.

Cette dénonciation répétitive d'un antisémitisme qui finit par devenir aussi vaporeux que l'antiracisme, me gêne profondément au moment où le sémitisme national israélien massacre des milliers de personnes après avoir détruit la majorité de leurs habitations .

A de jeunes arabes qui tractaient devant un magasin Carrefour à L'Häys les Roses5, j'ai tenu à dire que l'ennemi ce n'est pas ce magasin mais l'impérialisme américain derrière son mirador israélien, qui préserve avec l'Arabie Saoudite les champs pétroliers ; et que ce n'est pas la première fois que Tsahal massacre avec l'aval US6. Qu'il faut donc plutôt aller dénoncer la guerre devant l'ambassade américaine (les CRS qui les contenaient, approuvaient mes paroles d'un signe de tête!).

Montée de l'antisémitisme ou montée d'une colère qui ne trouve pas d'expression politique contre les massacres racistes de l'Etat « juif » pour qui les arabes « sont des ras » et tous des pauvres types inféodés au Hamas. Et pendant toutes ces fausses polémiques et les arguties perverses des nationalistes juifs occupent la rue, je ne peux m'empêcher de penser aux malheureux otages dont l'Etat juif n'a finalement rien à foutre dans sa volonté cynique de foutre à la mer les arabes et de les déporter comme Hitler ! Et pour refiler cette terre détruite à ses colons nazis.

L'Etat juif ne s'est pas simplement ridiculisé à l'échelle internationale pour ses massacres sans interruption, il est ridicule lui-même parce qu'il ne peut enrégimenter ces milliers de fainéants et parasites bigots ultra-fachos qui prient pendant que les autres, réservistes venus de France en particulier, vont se faire tuer pour ces planqués !Le Capital en Israël est très désolé il a besoin lui aussi de plus en plus de chair à canon ! Même des ultras orthodoxes qui pourront ainsi rejoindre plus rapidement Yahweh !

La presse honnête n'a pas fait l'impasse sur les causes de ce qui est qualifié, malhonnêtement comme de l'antisémitisme :

« Les actes d'intolérance antijuifs ont commencé à se multiplier de manière exponentielle - notamment aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France - à l'occasion des manifestations publiques condamnant l'intervention militaire israélienne dans la bande de Gaza ainsi que le grand nombre de victimes civiles palestiniennes causées par ces opérations. Protester contre les politiques du gouvernement israélien est légitime - de nombreux Israéliens le font aussi -, tout comme il est légitime de s'indigner face à la tragédie des civils palestiniens, qui se trouvent en proie aux attaques militaires israéliennes et au choix du Hamas de ne pas les défendre, en les utilisant comme boucliers humains. Mais cela ne doit en aucun cas conduire à légitimer des actions anti-juives »7.

L'Etat bourgeois hébreu a un besoin vital pour continuer sa carrière d’État colonial militarisé d'invoquer sans cesse la Shoah et de gommer toute accusation de ses crimes militaires pour l'accusation d'antisémitisme. Outre Meyer Habib, non pas représentant des français de l'étranger mais de son pote Netanyahou8, la plupart des bourgeois juifs ou artistes français soutiennent sans réserve les exactions de Tsahal ; mille acteurs d'Hollywood ont aussi pétitionné contre un de leurs congénères, pourtant juif lui aussi pour avoir compati concernant les massacres à Gaza. Dommage pour leur carrière à ces gens qui étaient appréciés dans les cinémas de banlieues. Tout débat est impossible avec ces gens-là. C'est encore plus le cas avec LE LOBBY aux Etats-Unis qui verrouille le débat sur la question israélo-palestinienne depuis 2004. On va en parler par après pour éliminer les fantasmes selon lesquels « les juifs mènent le monde », même s'ils y participent.

Il n’y a aucun équivalent du lobby pro-israélien américain en France. Le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) doit avoir deux ou trois permanents. Rien à voir avec les milliers de personnes qui travaillent à promouvoir la politique d’Israël aux Etats-Unis. Mais il y a un mois, le Crif n’a pas hésité à intervenir en renfort de l’ambassade d’Israël en France pour protester contre le diffusion d’un reportage d’Envoyé spécial [Gaza, une jeunesse estropiée). Ces mouvances bureaucratiques ne sont pas représentatives des juifs en général en France, dont certains intellectuels militent en faveur du nationalisme palestinien.

Venons-en au fameux lobby américain. C'est un certain Jim Cohen qui me semble avoir le mieux décrit et relativisé l'influence de ce lobby, car des lobbies on en a partout désormais, lobby chinois, russe, palestinien, etc.

« La transparence commence par un minimum de rigueur terminologique. Étant donné le flou de l’adjectif « juif » dans ce contexte, il vaudrait mieux parler, non du « lobby juif » mais du « lobby pro-israélien » (en anglais on dit couramment « Israel lobby »). Cela dit, il n’est pas tout à fait indifférent de noter que les réseaux en question inscrivent leur combat politique dans une lutte qui dépasse la simple défense d’un État, car la majorité des agents du lobby s’identifient à la fois à Israël et au peuple juif et ont conscience, en combattant pour l’un, de défendre l’autre. Cependant, tous les défenseurs politiques d’Israël aux États-Unis ne sont pas Juifs : on sait que depuis au moins l’époque de Reagan, et de façon très nette sous la présidence de Bush fils, certains groupes de chrétiens évangélistes de droite sont parmi les défenseurs les plus inconditionnels d’Israël, pour des motifs qui n’échappent pas à une logique de « guerre des civilisations »9

« En cherchant bien dans le paysage du judaïsme américain, on trouve même quelques organisations qui se donnent pour mission de promouvoir une paix juste, équitable et durable entre Israéliens et Palestiniens . En année électorale, les agents de l’AIPAC10 s’intéressent à tous les candidats à tous les sièges. L’organisation demande à chaque candidat de décrire son point de vue sur le Moyen-Orient, et la plupart des candidats s’exécutent. L’AIPAC partage alors les résultats de l’enquête avec ses membres, en les aidant à décider qui sont les candidats les plus pro-israéliens ».

Comme on le voit, il s'agit d'un lobby, du genre clan d'affaires ou francs-mac, parmi tant d 'autres, les russes en particulier depuis longtemps avec leurs meilleurs espions dans l'élite des journalistes français, maintenant les chinois. Le soutien américain à l'armée juive n'a pas besoin en soit du lobby. C’est à partir de 1967, et surtout à partir de 1973, que l’aide financière américaine à Israël se place dans une catégorie à part : environ six cents millions de dollars annuels sous Johnson, plus de deux milliards ainsi que des fournitures d’armes sous Nixon. Et on n'était pas encore dans la guerre chaude des années 2000.

La généralisation de la guerre est-elle inévitable? Oui. En particulier à cause de la dette économique abyssale.

Un président peut-il engager ses chairs à canon sans consultation institutionnelle? Oui.

Qui pourra la stopper? Le prolétariat mais s'il ne cède pas, après son insubordination, aux sirènes du pacifisme bêlant et retourne les armes. 

Où? Le plus probablement en Europe occidentale.

Comment? Par son exemplarité il entraînera les prolétariats des pays encore terrorisés ou subissant depuis longtemps la guerre capitaliste.

Dans quel but? Mettre fin non seulement à la guerre mais au capitalisme par une capacité à réorganiser différemment le monde.

NOTES

3Dans une tribune, les propos du général Schill, chef d’état-major de l’armée de terre, résonnent avec les déclarations d‘Emmanuel Macron n’excluant pas un envoi de soldats en Ukraine. Le chiffre de 20.000 hommes est évoqué.

L’armée française veut renforcer sa dissuasion conventionnelle (lefigaro.fr)

4 Pour la première fois depuis trente ans, on compte ces actes en milliers alors que, dans les années 90, c’étaient quelques dizaines par mois, puis quelques centaines jusqu’en 2022», estime le président du Crif, Yonathan Arfi, dans un entretien au Parisien. Le responsable communautaire déplore notamment la «condamnation sociale faible» de cette flambée d’antisémitisme et s’inquiète que, «chez les jeunes, la tolérance» à son égard «soit plus grande». «On pensait que les générations passant, après la Seconde Guerre mondiale, la haine du juif disparaîtrait… Hélas non. Les chiffres augmentent en milieu scolaire», constate Yonathan Arfi. Selon les chiffres recensés par le Crif, 12,7 % des actes antisémites, en 2023, ont eu lieu à l’école.

5Dans un rapport publié le 16 novembre, sept ONG et syndicats mettent en évidence le fait que l’accord signé par le groupe Carrefour en mars 2022 avec deux entreprises israéliennes impliquées dans la colonisation de la Palestine rend le groupe Carrefour complice de cette colonisation

6Le 10 mai 2002, à l’occasion de la reprise par l’armée israélienne de plusieurs villes des territoires occupés dont Jénine, le Congrès US avait exprimé, par un vote de 94 contre 2 au Sénat et de 352 contre 21 à la Chambre des représentants, son soutien à Israël dans ces actions militaires très très controversées.

8 Netanyahou entretient de bons rapports avec les extrêmes droites européennes ! Et même aux Etats-Unis, il y a de vrais antisémites dans l’entourage de Trump. Cela n’empêche pas le lobby israélien de le soutenir. Une partie de la communauté juive américaine est d’ailleurs très critique de Netanyahou, qui préfère fermer les yeux sur cet antisémitisme que de prendre le risque de froisser Trump.

10 l’AIPAC [American Israel Public Affairs Committee] et la [Conference of Presidents of Major Jewish Organizations (Presidents conference)].