PAGES PROLETARIENNES

mardi 25 octobre 2022

CINEMA: QUAND LA CLASSE OUVRIERE NE VA PAS AU PARADIS


 UN VRAI CINEMA QUI ALIMENTE LA PROPAGANDE BOURGEOISE ET LE RACISME ANTI-BLANC 

Films critiqués :

La vie scolaire

De cendres et de braises

Ceux qui travaillent

 

MAIS AVANT IL ME FAUT RAPPELER CE QU'ETAIENT JADIS DES FILMS AUTREMENT COHERENTS VOIRE GENIAUX SUR LA VIE DE LA CLASSE OUVRIERE. Je ne prends ici qu'un exemple, emblématique, magnifique et qui est une claire vision des freins au surgissement du prolétariat au début des années 60 et 70, et surtout de toutes ces racailles, syndicales et gauchistes estudiantines qui prétendaient soient leur « faire gagner des sous », soit pousser les prolétaires à une « révolution vague ». Par après j'ai joint des critiques, faites il y a quelques années, du genre de navets « multiculturels » qu'on nous distribuait et posant dans une dérive « interclassiste » des questions sociétales et psychologiques qui font partie désormais de l'occultation des vrais problèmes politiques et sociaux par la classe dominante et ses suivistes petits bourgeois. En Europe, on n'a certes plus les anciennes grandes concentrations industrielles, travail dans les bureaux et jobs de merde en deux roues, mais la multitude des diverses entreprises de taille moyenne n'empêchera pas la généralisation du combat de classe, au contraire car là où le syndicalisme collabo pouvait enfermer le prolétariat dans les prisons-usines, il ne peut plus maîtriser, ni ne dispose d'assez de permanents encadrant pour empêcher de véritables extensions !

Contrairement à ce que les affiches ont représenté, avec les grimaces appuyées de Gian Maria Volonte, « LA CLASSE OUVRIERE VA AU PARADIS, n'est pas un film comique ; nous avons par contre pu nous réjouir d'une satire sociale et politique, qui reste indépassable. Le film, que je viens de revoir, raconte l'histoire d'un ouvrier italien qui travaille avec ferveur, fier d'être le plus compétitif, dans un travail à la chaîne infernal jusqu'à ce qu'un de ses doigts soit sectionné par la machine.

Ludovico Massa, dit Lulu – interprété par le magistral Gian Maria Volonté (le plus grand acteur italien) - est un ouvrier d'usine italien âgé de 31 ans qui vit à Milan avec deux familles à charge, l'une composée de son ex-femme et de leur fils et l'autre de sa nouvelle compagne et de son fils. Il travaille depuis 15 ans à l'usine B.A.N et a eu deux intoxications à la peinture ainsi qu'un ulcère. Lulu est un accro au travail et partisan du rythme à la pièce, grâce auquel il parvient à gagner suffisamment d'argent pour s'offrir une voiture et d'autres biens de consommation en travaillant à un rythme infernal, Lulu est aimé par son patron et les chiens de contremaîtres qui l'utilisent comme modèle pour établir des rythmes de production optimaux mais est détesté par ses collègues, qui le persécutent pour sa servilité.

Cet accident qui sème l'émoi dans l'usine et déclenche des protestations de solidarité va lui faire découvrir ses collègues qu'il méprisait avant, tout en se plaignant qu'ils le traitent comme un fayot. Cet homme vaniteux, cynique et violent qu'il était va apprendre à se révolter. Sa manière de penser va être totalement bouleversée. Le réalisateur Elio Petri nous montre avec réalisme les conditions de vie des ouvriers, le travail à la chaîne, les cadences infernales, les hommes qui travaillent dans des conditions innommables. Il nous plonge dans cette ambiance des sixties et des seventies où la classe ouvrière fît sauter les barrières de la convenance sociale bousculant les privations de la reconstruction nationale. Epoque des trente glorieuses où les patrons s'enrichissent quand les ouvriers restent des esclaves, ligotés dans l'usine, sans augmentation véritable de leurs salaires. Lulu  rend visite à un vieil ouvrier qui s'était révolté naguère puis aurait t perdu la raison, s'est retrouvé en hôpital psychiatrique, non parce qu'il aurait sombré dans la folie mais parce qu'il représentait un danger pour le système ; Petri avait été membre du PC italien, et avait remise en cause tout le système stalinien, donc in fine il dénonce les enfermements fréquents en URSS voilés par les staliniens italiens, les maoïstes et les réacs (avec leur « socialisme dégénéré ». Le parti communsite le plus gentil d'Occident est choqué mais aussi  toutes les fractions de la gauche bourgeoise qui en prennent pour leur grade, et rétroactivement le féminisme bobo dont Petri se moque dans la scène comique où l'ouvrier Lulu se tape une étudiante (rappelons que l'arrivisme féministe stipule qu'on ne couche pas avec ceux d'en bas mais avec ceux d'en haut!)

A la suite de cet accident les ouvriers encouragés par les gauchistes étudiants partent en grève. A cause de sa révolte, cet ouvrier stakhanoviste perd son emploi, sa famille en souffre, jusqu'à ce que, après plusieurs péripéties, on le félicite d'avoir retrouvé son emploi...grâce aux syndicats.

En réalité, la plupart des gens n'y ont rien compris ; les critiques sur Allociné sont lamentables. Le film a obtenu la palme d'or à Cannes en 1972, mais toute la gauche bourgeoise en était retournée.

Le film a donc été froidement accueilli par la gauche italienne bourgeoise de l'époque, tant par sa classe dirigeante que par la branche de la critique cinématographique qui s'y rattache, car il dépeignait d'une part les syndicalistes comme des opportunistes habiles à provoquer la rébellion des autres tout en défendant la paix sociale, mais somme toute lâches et facilement corruptibles, et d'autre part les étudiants d'extrême gauche comme rigolos amateurs, discoureurs infantiles, promoteurs d'une révolution abstraite et se moquant de la lutte ouvrière pour le salariat. Il faut se féliciter que pour certains intellectuels critiques de l'époque, le film se distinguait comme comme expression de la tendance bourgeoise réellement présente (ou même mieux, cultivée) dans la classe ouvrière (une découverte pour tous les touristes en politique et les moutons de la gauche bourgeoise). La dernière demi-heure est poussive, s'attardant trop sur la dépression de l'ouvrier et sa réintégration dans l'usine. Il suffisait de conserver les toutes dernières minutes où Gian Maria Volonte apprend par les étudiants enthousiastes et des syndicalistes ravis qu'il est réembauché... tous nos critiques de pacotille ne comprennent pas cette fin, pourquoi Lulu fait la gueule, nous si. Il était dégoûté de devoir « retourner à l'usine ».

UNE VIE SCOLAIRE DEMORALISANTE SURTOUT POUR LES PROFS

Le film de Grand Corps Malade et Medhi Idir se déroule dans une Segpa (sections d'enseignement général et professionnel adapté (Segpa ) accueillant des élèves présentant des difficultés scolaires graves). On s'attend aux habituels clichés sur les enfants d'ouvriers immigrés de deuxième ou troisième générations qui se disent victimes du racisme en France ou toujours en situation de défavorisés ; et on sera servi Dès les premières séquences on pense au fameux Entre les murs qui, certes, ne privilégiait pas le point de vue d’une conseillère principale d’éducation, mais d’un professeur de français, et où Laurent Cantet était parvenu à décrire le sacerdoce du métier d’enseignant dans un lycée du 19ème arrondissement, réputé difficile. Mais on est là loin du même type de questionnement social, on se borne à nous exhiber divers types de lycéens dissipés face à des professeurs désorientés. Le spectateur n'en conclura qu'une chose : professeur est devenu un métier pas du tout enviable.

La jeune conseillère d'éducation, personnage central du film, Samia, jolie maghrébine, débarque de son Ardèche natale dans un collège réputé difficile de Saint-Denis. Elle est tout de suite confrontée aux provocations diverses des jeunes lycéens de toutes races où les noirs er arabes sont exhibés comme les plus virulents et provocateurs. Les agressions contre les profs sont exhibées comme des parties de plaisir où chaque élève rivalise d'humour, où il apparaît que la salle de classe n'est plus que rigolades et mépris des profs. Le résumé de la presse gauchiste de ce joyeux bordel , inventé par le poète de la banlieue déjantée et sa clientèle, Grandcorpsmalade, est celui-ci :

« Samia est ébahie de l’incroyable vitalité et de l’humour, tant des élèves que de son équipe de surveillants. Parmi eux, il y a Moussa, le Grand du quartier et Dylan le chambreur. Samia s’adapte et prend bientôt plaisir à canaliser la fougue des plus perturbateurs. Sa situation personnelle compliquée la rapproche naturellement de Yanis, ado vif et intelligent, dont elle a flairé le potentiel. Même si Yanis semble renoncer à toute ambition en se cachant derrière son insolence, Samia va investir toute son énergie à le détourner d’un échec scolaire annoncé et tenter de l’amener à se projeter dans un avenir meilleur (...) Ici, le projet est à la fois de montrer une certaine vision de la banlieue parisienne, ainsi que la nécessaire passion qu’il faut à ces professeurs pour assumer leur métier, et de donner à voir les possibilités d’amour au milieu de ces paysages urbains, souvent réduits par des clichés médiatiques ».

En fait d'amour, les profs, divisés entre eux sur les mesures à prendre pour calmer les fouteurs de merde, alternent stupéfaction et dégoût. Les jeunes acteurs sont certes beaux et excellents dans leur rôle d'énergumènes potaches, mais ils ne nous inclinent à nulle sympathie, confirmant les clichés réels sur les banlieues en déshérence, où les jeunes fils de prolétaires – nouveaux melting potes – n'ont pas seulement aucun avenir mais ne vivent que pour le présent sans aucune conscience de classe. Les scénaristes leur ont même mis des idées impossibles dans la tête : « on est né dans la crise ». Les années scolaires vont se perpétuer chaque année de la même façon ainsi qu'en témoigne la dernière image qui montre le principal agitateur, qui est assis, morne, devant sa table à la nouvelle rentrée, après avoir été exclu l'année précédente. La caméra s'éloignant et laissant voir cette fenêtre de la classe où se trouve le gamin comme partie d'un grand bâtiment sur fond de banlieue triste, sans avenir que l'éternel recommencement de classes (scolaires) de rattrapage qui ne rattrapent rien. Le début de l'invasion de l'idéologie islamique est laissé sous la table. A cette époque les profs n'étaient pas encore menacés d'égorgement et les gauchistes ne nous emmerdaient pas encore pour soutenir le « libre port » du voile aliéné musulman dans les écoles.

UN FILM RACISTE EN « NOIR » ET BLA NC : « DE CENDRES ET DE BRAISES »

Autant le film précédent évite de rappeler que les élèves largués sont tous des enfants de la classe ouvrière et de la déréliction de la famille ouvrière en banlieue, où les imams ont remplacé le PCF et la CGT , autant celui-ci, qui est présenté comme une enquête ouvrière, est une supercherie raciste, enveloppée sous la prétention de traiter des transformations du monde du travail et de la précarisation, surtout sous le discours gauchiste du milieu des bobos du spectacle :

 « Portrait poétique et politique d’une banlieue ouvrière en mutation, De Cendres et de braises nous invite à écouter les paroles des habitants des cités des Mureaux, près de l’usine Renault-Flins. Qu’elles soient douces, révoltées ou chantées, au pied des tours de la cité, à l’entrée de l’usine ou à côté d’un feu, celles-ci nous font traverser la nuit jusqu’à ce qu’un nouveau jour se lève. Au bout du petit matin, "le feu qui couve révèle alors la puissance politique d'un film aussi sensible que subversif » (Visions du réel - compétition Burning Lights - avril 2018)[1].

Le réalisateur fabule complètement dans l'interview qui lui est consacrée :

« Les banlieues sont souvent dépeintes comme des mondes à part, si ce n’est comme des lieux sans histoire. Le temps des médias est celui du présent permanent. Il me semblait au contraire important de les réinscrire dans une histoire sociale plus large – l’histoire ouvrière – et de faire sentir le poids de l’histoire collective. Il s’agissait de montrer combien les jeunes qui grandissent dans ces quartiers sont aussi les héritiers de cette histoire. Aux Mureaux, la plupart des jeunes que j’ai rencontrés sont des enfants d’ouvriers de chez Renault. Leur regard sur cette histoire m’intéressait. J’avais envie de m’interroger avec eux sur où en est-on du politique et de la révolte dans ces anciennes banlieues ouvrières qui ont été traversées par d’importantes luttes sociales. Je souhaitais tisser des liens entre l’hier et l’aujourd’hui, montrer certaines continuités et, en même temps, prendre la mesure de ce qui a changé. L’usine de Flins est passée de 23 000 ouvriers à moins de 4000 aujourd’hui, dont une bonne part d’intérimaires ».

LA CLASSE OUVRIERE N'EST-ELLE PLUS CONSTITUEE QUE D'OUVRIERS NOIRS ET DE BALADINS DU SHIT ?

Si, au début on nous montre les actualités du début des 70, avec les manifs arborant les banderoles « Ouvriers immigrés et ouvriers français même combat », plus quelques interviews d'ouvriers maghrébins et noirs, la majeure partie du soi-disant documentaire poétique n'est plus que l'exhibition de personnes noires, souvent filmées de façon déplorables (sous les narines et en gros plan sans souci esthétique), de témoignages de noirs qui ne parlent plus de lutte sociale ni de classe, où l'histoire sociale disparaît au profite de l'exhibition de marginaux aliénés, comme celui-ci qui déclare « nous on l'aime notre ghetto avec ses bagnoles et ses motos » (son regard embrasse une banlieue morne de barres d'immeubles). Les interviews sont aussi décousues que vides de conscience sociale, c'est un patchwork de considérations où chacun dit ce qu'il veut. A la fin il faut se taper un chanteur de rap lamentable qui pose sur les toits et enfin un ex-braqueur qui pose au moraliste mais sonne creux devant son feu de bois. 90% du film est composé de cette compil de points de vue impressionniste par une majorité de figurants noirs !? Le seul propos conséquent et qui concerne le prolétariat au cœur, aura été celui de ce chauffeur-livreur (noir) : « j'ai bossé deux années à Flins, il suffisait d'un gars pour bloquer la chaîne et on était tous dans la lutte, maintenant si je cesse mon travail, je reste seul ». Celui-là  n'était pas un raciste anti-blanc.

Il s'agit d'un film bricolé et réalisé sous haschich par financement étatique.

Le cinéma français est un cinéma d’Etat qui sert une propagande « hors classes ».
Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) est financé par le Ministère de la Culture). Pour répondre à ces objectifs, la commission images de la diversité soutient la création, la production et la diffusion d’œuvres cinématographiques, audiovisuelles, multimédias et de jeux vidéo dont l’action se situe principalement en France et qui :

           Prétendent représenter l’ensemble des populations immigrées, issues de l’immigration et ultramarines qui composent la société française, et notamment celles qui résident dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville ;

           Prétendent représenter les réalités actuelles, l’histoire et la mémoire, en France, des populations immigrées ou issues de l’immigration ;

           Prétendent concourir à l’égalité entre les femmes et les hommes, à la politique d’intégration et à la lutte  contre les discriminations dont sont victimes les habitants des quartiers défavorisés, notamment celles liées au lieu de résidence et à l’origine réelle ou supposée.

Les subventions versées dans le cadre de ce fonds « images de la diversité » sont passées de 666000 € en 2017 à 1086000€ en 2018 (+63%)

Composition de la commission

Président : M. Reda Kateb, acteur

On imagine mal la propagande institutionnelle soutenir par exemple, la diversité sociale du prolétariat au cinéma comme à la TV... le souci est : Comment soutenir la diversité ethnique, sociale et culturelle à la télévision ? France Télévisions et le fonds Images de la diversité, co-animé par le CGET et le CNC, ont lancé la 1re édition du concours « Jeunes Talents ». France Zobda, vice-présidente du fonds et membre du jury, nous parle des deux prix, consacrés au meilleur scénario et à la meilleure réalisation, décernés le 22 février dernier.

 « La télévision diffuse une image sur les quartiers mais pas de ces quartiers. Notre but, c’est de valoriser la parole de ceux qui viennent et vivent dans les quartiers, de permettre un regard de l’intérieur. Avec le concours « Jeunes Talents », le fonds Images de la diversité valorise l’émergence de nouveaux talents, à la fois dans l’écriture et la réalisation, pour raconter les diversités à la télévision ».

CEUX QUI TRAVAILLENT... POUR LE CAPITALISME

Contrairement aux deux navets précédents, « Ceux qui travaillent » n'est pas le récit du désespoir d'un cadre ni une nouvelle série de clichés sur le chômage, le racisme, le féminisme bourgeois,  et le fascisme dispau... comme nous le pensions en allant à Montparnasse voir le film (dans une salle remplie de personnes très âgées...). Film complexe, genre intello, il est pourtant autrement plus profond que ceux qui imaginent la classe ouvrière disparue ou totalement métissée. Frank, interprété par l'excellent Olivier Gourmet, est un haut responsable d'une société de transit de marchandises d'Afrique vers l'Europe. Ce cadre va commettre un meurtre par procuration. Il reçoit un coup de téléphone affolé d'un de ses capitaines de bateau qui lui apprend qu'un migrant a été trouvé à bord. L'événement est d'importance car l'équipage prend peur, il est possible que ce migrant soit porteur du virus d'Ebola. A la peur de la contamination de l'équipage s'ajoute la colère de Frank. Catastrophe : soit il faut faire demi-tour, perdre quatre jour de livraison et des millions d'euros, soit aller au terme avec le risque le tanker soit immobilisé plusieurs mois  pour être décontaminé. Sans tergiverser longtemps, Frank donne l'ordre de jeter le migrant à la mer. C'est cette décision qui va modifier magistralement sa vie courante et son emploi. Car tout finit par se savoir. Il est convoqué par les autres dirigeants de l'entreprise multinationale qui s'indignent (on peut croire alors encore à un film d'inspiration bobo-gauchiste où les grands patrons se la pètent anti-racistes). Frank est licencié, mais pas vraiment pour ce meurtre par procuration mais tout simplement parce qu'il est considéré trop vieux dans l'entreprise. Pire, lorsque sa famille – sa femme et ses cinq enfants apprennent qu'il est l'auteur de ce meurtre – il se trouve banni, mis de côté par les siens et galère pour trouver un autre emploi.

Je n'ai jamais vu un film avec aussi peu de dialogues et ces longs silences de l'acteur principal, tout se lit sur les visages, se comprend par les silences face aux questions souvent gênantes et sans réponse. Seule la plus jeune de ses filles, gamine de dix ou douze ans, demande à son père de lui faire voir son métier. Il l'emmène alors dans les ports et docks où sont stockées toutes les marchandises qui nous sont nécessaires à nous les consommateurs indifférents (de leurs origines). On voit défiler les énormes containers sur les tankers géants, le travail à la chaîne. A un moment on voit Frank tripoter le fusil mitrailleur de son fils, en extraire les balles. Pensée du suicide qui finit par interpeller sa famille que se rapproche à nouveau de lui pour l'entourer. C'est une famille grand bobo avec appart luxueux et piscine. Frank a fini par accepter le même type d'emploi dans une compagnie encore plus truande, sans autorisation de naviguer et avec des travailleurs clandestins. Il se réveille dans le salon entouré par les siens qui vaquent  à leur quotidien, sa femme qui se peint les ongles, les enfants qui pianotent sur le portable. Il les regarde l'air abruti et décontenancé.

Peu avant il avait rencontré par hasard dans un rade du port le capitaine du bateau auquel il avait donné l'ordre de jeter le migrant à la mer, celui-ci est très sévère mais le convie à boire une bière avec les marins qui chantent. En arrière-fond je ne sais plus qui dit : « le capitalisme nous oblige à faire toutes ces saloperies ».

Le film n'est donc pas manichéen, ni mielleusement pleurnichard sur le drame des migrants, mais il décrit finement et sans fioriture la logique mortifère de la marchandisation capitaliste où prolétaires consommateurs comme cadres dirigeants sont prisonniers et complices involontaires d'une marche à l'abîme. Mais la classe ouvrière comme classe socialement consciente et politiquement révolutionnaire, absente comme dans les deux autres films.

Le cinéma, depuis son invention a toujours été un des meilleurs moyens de propagande du pouvoir, même et toujours mieux que la télé détrônée par la chaos et la débilité des réseaux sociaux, ou plutôt des réseaux décomposés.

 

 



[1] Un tel navet est soutenu pleinement par le financement gouvernemental du Fonds Images de la diversité, (autrement dit la  "divers cités" et obtient un prix : Prix du jury des Ecrans Documentaires, Prix du Moulin d'Andé des Ecrans Documentaires, Prix "restitution du travail contemporain" au festival Filmer le travail 2019 ; Un film coproduit par TS Productions (Céline Loiseau) et FLAMMES, en coproduction avec le CNRS Images, avec le soutien du CNC, de la région Ile de France, de la Scam-Brouillon d'un rêve, du Fonds Images de la Diversité, de la Procirep, de l'université d'Evry - Centre Pierre Naville, de la fondation Palladio...

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