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jeudi 29 septembre 2022

Guerre mondiale coincée: UNE MOBILISATION PARTIELLE CATASTROPHIQUE


ET UNE DENONCIATION UBUESQUE DE L'ARME DE DESTRUCTION MASSIVE DE POUTINE

Le peuple russe avait été amorphe jusqu'à ce qu'on lui balance une "mobilisation partielle", qui est en fait une mobilisation générale, où les hommes jusqu'à 65 ans sont réquisitionnables pour l'impôt du sang pour "empêcher la destruction de la Russie éternelle". C'est la première fois dans l'histoire des guerres modernes que l'on voit près de 300.000 jeunes fuir la guerre sans se considérer comme des déserteurs ou des traîtres à la patrie. On est informé ensuite d'un certain nombre d'automutilations par des refuzniks, ainsi que de nouvelles manifestation des "mères de soldats".

Même à la veille d'octobre 1917,, comme à la veille de 1914 dans tous les pays, on n'avait pas vu un tel refus de la guerre "patriotique".

Or, pour ceux qui s'enthousiasmeraient en imaginant une nouvelle insurrection révolutionnaire. Premier élément, l'absence de la classe ouvrière comme principal opposant au régime, une classe d'ailleurs laminée par presque 100 ans de stalinisme. Deuxième élément refroidissant: Poutine et son aile la plus militariste, - que l'Occident nomme l'extrême droite pour laisser croire qu'une fraction de la bourgeoisie russe serait moins méchante – ont tout intérêt à laisser s'échapper les plus opposés à cette guerre pour affaiblir la colère qui va monter de toute façon à l'intérieur. Les fuyards sont surtout des petits bourgeois individualistes, ce qui a toujours été le cas des déserteurs anarchistes, qui n'ont ni arrêtés les guerres ni favorisés les révolutions (quoiqu'ils soient depuis toujours admirés et chantés par la gent artistique bourgeoise).

Poutine peut s'en servir justement pour dénoncer "leur lâcheté" alors que la nation est menacée de destruction. Mais voilà sa guerre s'est enlisée.

Pour autant, Poutine est en très grande difficulté. D'abord son invasion rapide de l'Ukraine a foiré. Ensuite, conséquence de la défaite militaire et de l'épuisement de l'armée russe, la "mobilisation partielle" se déroule dans l'affolement; le recrutement se déroule de manière policière et sauvage. En février et en mars il y avait déjà eu une fuite de milliers des couches moyennes. Ici aussi on nous a surtout exhibé la fuite des petits bourgeois quand la classe ouvrière, qui était jusque là la plus patriotique1, est touchée de plein fouet par ce patriotisme impérialiste: des ouvriers sont arrachés depuis leur lieu de travail et déportés vers des centres d'entraînement où rien n'est préparé pour les accueillir et où il n'y a pas assez d'uniformes!

Par contre il faut saluer le courage et la persistance des manifestants malgré les arrestations et aussi ceux qui ont incendié des centres de recrutement forcé. Certains journalistes imaginent une future répression forcenée, or, avec la plupart des troupes mobilisées au front2, même la garde prétorienne créée il y a quelques années il sera, il serait impossible d'encadrer et de réprimer une révolte de masse. Ce dont le pouvoir russe est à mon avis totalement conscient à l'heure actuelle., il peut deviner que le retour des cadavres de vrais "russes blancs" et "orthodoxes" ne va pas favoriser la continuité de "l'orthodoxie nationale impérialiste", et la colère plus dangereuse que la protestation au Daghestan.

UNE GUERRE PATRIOTIQUE QUI SE REVELE SIMPLEMENT IMPERIALISTE

Basta les fuyards, les problèmes risquent de provenir du front où les nouveaux arrivants recrutés à la hâte vont composer un cocktail explosif avec ces milliers de soldats, estropiés, épuisés par une guerre irrationnelle et probablement déjà les plus fervents opposants à la continuation d'une guerre, en effet fratricide, dont beaucoup de soldats se constituent prisonniers de l'armée ukrainienne (qui a payé le plus lourd tribut, près de 80.000 tués). Autre faille, les protestations des régions musulmanes comme au Daghestan où avaient été embarqués les soldats "volontaires". Manifestations et cris du genre "nous en avons assez de la mort de nos frères dans une guerre qui nous est étrangère". Les redditions de soldats russes sont aussi de plus en plus nombreuses...

Poutine a reconnu des erreurs dans le recrutement en disant qu'il fallait faire les choses "calmement", "sans précipitation", or, en mettant tout sur le dos de ses sous-fifres il révèle cependant tout l'affolement de l'Etat russe et la faillite de ses mensonges répétés et franchement débiles.

Le peuple russe ne bougeait pas (et me décevait) parce qu'on lui avait assuré qu'il ne s'agissait que d'une simple intervention périphérique, avec cette mobilisation soudaine le pacte social pacifiste est rompu.

Les simulacres de référendum – l'annexion policière des territoires séparatistes - ont été considérés comme ridicules et, demain, Poutine ne pourra pas faire avaler à la population que ces annexions faussement démocratiques, servent à confirmer un triomphe militaire sur le dos de milliers de morts pour des territoires sans importance, quand le niveau de vie est affecté par cette guerre et les sanctions occidentales, et face au spectacle de milliers de jeunes qui fuient à l'étranger non pour trahir la patrie mais sauver leur peau contre une guerre simplement impérialiste. Même s'il continue d'agiter la fibre patriotique, qui n'est plus qu'un nationalisme impérialiste, néo-colonialiste, et qui, par conséquent, ne peut enthousiasmer les masses russes plus longtemps.

QUI A SABOTE LE NORD STREAM UN ET DEUX?

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a jugé «stupide et absurde» de suspecter la Russie, le pays aurait pourtant plusieurs bonnes raisons de vouloir saboter ses propres infrastructures stratégiques. Pourquoi ne serait-ce pas plutôt l'impérialisme américain?

«Ce sabotage permettrait d'augmenter la dépendance européenne aux États-Unis», abonde Edouard Jolly. Mais «si l'Europe est en crise, les États-Unis vont en pâtir également», rappelle le directeur adjoint de l'Observatoire franco-russe. De fait, de nombreuses entreprises américaines sont liées à des entreprises européennes et pourraient être touchées par ricoche

Une interprétation fait fureur aux Etats-Unis. Une déclaration de Joe Biden, prononcée deux semaines avant le début de la guerre en Ukraine, a réveillé les théories complotistes. «Si la Russie envahit (l'Ukraine), alors il n'y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin», avait assuré le président". Et les amis complotistes en France de souligner qu'une flotte américaine patrouillait au large du gazoduc russe.

Or les barbouzes militaires russes peuvent d'autant plus se servir d'une déclaration maladroite de Biden comme celui-ci de ne pas l'assumer. L'essentiel reste la confusion dans la surenchère.

Pourquoi c'est du pipeau? L'autodestruction comme arme de guerre ou laisser-faire, la bourgeoisie en guerre sait très bien s'en servir. Voire détruire la force militaire d'un allié (cf. Mers El Kébir et la flotte française coulée par l'armée britannique). Ce n'est pas écrit dans les livres d'histoire et ce n'est pas du complotisme, l'Etat américain a laissé faire le massacre de Pearl Harbor pour inciter le peuple américain à entrer dans la guerre mondiale. Personne n'a oublié la fable des "armes de destructions massives" pour que l'armada US envahisse l'Irak; d'ailleurs l'utilisation "massive" du danger nucléaire russe (avec la collaboration sibylline et involontaire de Poutine) n'obéit-elle pas au même objectif d'unifier et de soumettre l'Occident à l'hégémonie US?

On peut laisser faire un crime ou l'organiser soi-même en sous-main. Du point de vue policier, historiquement la tradition étatique russe reste un exemple indépassable pour tous les Etats du monde, compétence policière et carcérale et fabrique de faux attentats. Au début de sa carrière Poutine, simple flic de base, avait reçu une formation accélérée, puis mise en pratique lors des faux attentats tchétchènes de 1999. Attentats odieux puisque visant des prolétaires dans leur lieur d'habitations. Conclusion longtemps après!

« Je crois qu'il faut se garder d'interpréter rapidement les attentats, par exemple de 1999, qui ont servi d'alibi à déclencher la seconde guerre de Tchétchénie. Eh bien il est aujourd'hui clair, ça ne l'était pas à l'époque bien entendu, mais maintenant nous savons que ces attentats n'étaient pas du tout l'œuvre des Tchétchènes auxquels on les a attribués, mais l'œuvre du FSB. D'ailleurs, il y a eu trois attentats au total dans différentes villes, mais la quatrième ville, Riazan, là le FSB a été pris la main dans le sac. Par la suite, on a su que non seulement le modus operandi n'était pas du tout dans l'habitude tchétchène, mais qu'en plus les explosifs n'étaient pas des explosifs tchétchènes mais bien des explosifs russes. Le FSB est capable de beaucoup de choses, y compris contre son peuple. » 3

Dans le même genre de manipulation-victimisation et de maints exemples d'auto-sabotage, on pourrait épiloguer sur le laisser-faire de la bourgeoisie US lors de la destruction des twins ou aussi de la bourgeoisie française pendant la guerre d'Algérie. Un agresseur dominant a toujours intérêt à se faire passer pour victime.

L'attentat contre le gazoduc permet d'abord d'entretenir l'ambiguïté surtout auprès du peuple russe, à qui on rabâche que les Etats-Unis sont derrière tout ce qui est contre la Russie4. A la limite peu importe, il faut laisser accroire que tout est permis désormais! Même une frappe nucléaire limitée. Ici ou là on nous assure que cette histoire de gazoduc saboté serait la dernière menace poutinienne avant l'usage d'une arme nucléaire. Mais le fait que l'Etat russe se répande en justifications pour être lavé de tout soupçon, prouverait plutôt sa culpabilité.

D'autres explications plus techniques et financières le disputent à la manipulation médiatique5 soit pour dénoncer plus encore l'impérialisme russe soit pour faire abonder dans les réseaux sociaux la haine du pouvoir, certes pachydermique, américain. Or, pas de bol, les services danois ont signalé que des sous-marins russes gravitaient dans le coin le jour de l'explosion du gazoduc.

L'ECONOMIE CAPITALISTE REPREND TOUJOURS LE DESSUS

"... Or, les Russes vont bientôt se trouver à court d'arguments et vont devoir remettre en route Nord Stream 1 s'ils ne veulent pas que le litige se retrouve devant la justice. Avec le sabotage, «ils vont invoquer la clause de force majeure, grâce à laquelle ils se sentiront légitimes de rompre leur contrat à cause d'un événement indépendant de leur volonté», analyse Igor Delanoë. Cette stratégie n'empêchera pas l'affaire «d'aller devant le tribunal d'arbitrage, car les sommes en jeu sont énormes», mais la Russie arrivera en position favorable. Une question reste cependant en suspens avec ce scénario : pourquoi avoir également saboté Nord Stream 2, qui n'est pas encore en activité ?

Si l'on élargit un peu le panorama, ce sabotage pourrait aussi tout simplement être une manière de faire paniquer les Européens, à l'arrivée de l'hiver. C'est en tout cas un effet «quasiment assumé et proclamé par certains députés de la Douma : ils ne se gênent pas pour se féliciter du fait que l'Europe va grelotter cet hiver pendant qu'eux seront bien au chaud», pointe Igor Delanoë. Cette perspective risque d'ailleurs de créer des dissensions au cœur de l'UE : «Ce sabotage vient aggraver le contexte, surtout pour l'Allemagne. La France avait prévu de livrer du gaz à son voisin, mais cela va tout remettre en question». Un effet probable de «diversion», précise le chercheur : «Toute la presse européenne parle de ce sabotage et pendant ce temps, la Russie va entériner l'annexion des territoires ukrainiens »6.

QUID DES MUTINERIES ET DE GREVES OUVRIERES CONTRE LA GUERRE?

Ce qui apparaît de plus en plus, et objectivement comme une fuite en avant de Poutine, confirme une situation qui devient plus complexe à gérer. Une partie de la haute bourgeoisie russe a déjà fait savoir son désaccord, généraux limogés et assassinats troublants de plusieurs oligarques.

On sait la bourgeoisie de tous les pays capable de tout et surtout de collusion et d'accords secrets. Je pense que des contacts ont été établis aux plus hauts niveaux pour arrêter les frais. L'usage du nucléaire ne s'arrêterait pas aux frontières de la Russie, même s'il est possible d'envisager que pour mystifier et terroriser le prolétariat de tous les pays, Poutine et séides usent d'une attaque nucléaire pour sauver "la nation" de sa destruction par l'Occident (et lancer un processus de paix pourrie et radioactive)... aux mânes de Huxley, Orwell et Philip K.Dick je dis que ce serait un suicide planétaire.

La bourgeoisie russe ne tient pas à être le fossoyeur de ses propres intérêts et la bagarre interne doit faire rage. Or, une nouvelle impressionnante est parvenue à nos oreilles, Jack Sullivan le directeur de la sécurité nationale américaine a annoncé que le "téléphone rouge" avait été remis en service. Ce qui révèle la prise en compte de la gravité du moment et que dans les deux camps il n'y a pas que des fous, par exemple certains diplomates Us qui auraient prévenu Poutine des risques d'une explosion sociale intérieure inévitable à même de se généraliser avec les conséquences de la crise économique en Occident et des millions qui vont s'insurger qu'on les laisse crever de froid...


À suivre demain...

Demain donc, dans son exhibition kitsch le Poutine n'ayant pas peur du ridicule a paraphé le rattachement gangstériste des quatre régions à l'Est de l'Ukraine sans doute pour justifier le passage de "l'opération spéciale" au statut de guerre pour défendre une partie artificielle de la "patrie russe"...millénaire (comme celle d'Hitler). La "dénazification" de la Russie ne prendra probablement pas longtemps. En attendant les fuites massives font plus penser à la débâcle de 1940 en France et fort peu aptes à empêcher un bombardement nucléaire (si l'on en croit les journalistes tarés et historiques de la télévision d'Etat). Mais l'armée russe est dans un délabrement tel que l'arrivée des recrutés par force risque de l'aggraver. Quel pays voudra accueillir l'ancien flic Poutine s'il s'enfuit? 

En attendant si les bombes atomiques doivent éradiquer l'espèce humaine, non pas tous aux abris (il n'y en a plus) mais, à l'instigation de joyeux ukrainiens: allons dans la montagne et dans les forêts profondes pour nous éclater dans des partouzes grandioses avant "adieu l'amour, adieu la vie", et merde au trou du cul Poutine.



NOTES


1 Comme chez nous en Occident où la gauche bourgeoise, en l'absence d'un mouvement ouvrier affirmé et de minorités révolutionnaires influentes, a fini par la jeter dans les bras des diverses droites. Mais seulement sur le plan électoral et du fait de l'absence de perspective sociale et  politique crédible.

2C'est un élément du début de la révolution en 17 qu'on a oublié ou négligé, quand les armées sont au front elles ne peuvent s'occuper de l'ordre à l'arrière!

4Et comme l'a déclaré aujourd'hui Poutine "la guerre actuelle a été causée par la chute de l'URSS", ce sur quoi il dit la vérité pour une fois! Ce qui n'est pas la même chose quel'interprétation du toutou bourgeois Edwy Plenel qui va partout déplorant que Poutine s'attaque à un régime démocratique et à "nos valeurs"! Poutine ets bien plus prosaïque et il est soutenu par toute l'extrême droite européenne, expérimentée en matière de collaboration avec les dictateurs, et qui est la seule menace dans le capitalisme pour l'ancien trotskien reconverti dans la presse policière.

5"Depuis le début du mois de septembre, les réservoirs de gaz russes sont quasiment à pleine capacité de stockage, du fait que le pays exporte beaucoup moins. Or, stopper la production a un coût exorbitant et le torchage serait un gaspillage également très coûteux de ressources. «Saboter les gazoducs permettrait à Moscou de se débarrasser rapidement du gaz en surplus, tout en produisant un effet stratégique». Cette opération pourrait également viser à couper le débit vers l'Europe sans rompre les contrats. Depuis plusieurs semaines, le gazoduc Nord Stream 1 est complètement à l'arrêt, et les Européens et les Russes se renvoient la balle pour trouver le responsable. Bruxelles accuse Moscou d'utiliser le gaz comme une arme économique en représailles aux sanctions. De son côté, le Kremlin affirme que l'arrêt des livraisons de gaz russe vers l'Allemagne est de la seule faute des Occidentaux, car leurs sanctions empêchent la maintenance des infrastructures gazières". (in Le Figaro)

6In Le Figaro qui fait les articles les moins débiles sur le cours actuel des événements.

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