PAGES PROLETARIENNES

lundi 13 juillet 2020

COMMENT LE NPA a laissé tomber la défense de la CLASSE OUVRIERE


"La classe ouvrière n'est plus le cœur du vote de gauche, elle n'est plus en phase avec l'ensemble de ses valeurs. La classe ouvrière a définitivement basculé à droite, voire davantage. Elle ne partage plus les mêmes valeurs que la gauche. Et le nouveau noyau de la gauche est constitué des jeunes, des femmes, les « minorités » (sexuelles, immigrés et migrants, ndt), les diplômés. "la grille de lecture pertinente n'est plus les classes sociales mais la division outsiders-insiders". Olivier Ferrand (Terra nova 2011)

 LES AGRESSIONS CONTRE LES TRAVAILLEURS RAVALEES AU RANG DE FAIT DIVERS
Il n'y a eu aucune protestation des deux branches trotskiennes les plus connues en France – LO et le NPA – concernant le meurtre de Philippe Monguillot un chauffeur de bus violemment battu à mort à Bayonne par quatre racailles, dimanche 5 juillet. Le chauffeur de bus a été victime d’une agression d’une extrême violence alors qu’il voulait contrôler le ticket d’une personne et exigeait le port du masque pour trois autres.Âgés de 22 et 23 ans et connus des services de police, deux des quatre hommes soupçonnés d’avoir porté les coups ont été mis en examen pour tentative d’homicide volontaire et écroués.
La justice bourgeoise persiste dans le laxisme provocateur qui enchante les sectes gauchistes et racialistes, ce ne fût pas une tentative d'homicide mais bien un homicide gratuit. Le jeudi soir, 6 000 personnes ont participé à une marche blanche dans les rues de Bayonne tandis qu’une minute d’arrêt des transports en commun a été observée dans plusieurs villes de France, à l’appel de l’intersyndicale nationale des Transports publics urbains de voyageurs.
Ces protestataires étaient certes moins nombreux que les différents défilés à la gloire de la famille Traoré et à ses armoires à glace qui encadrent une jeune femme à crinière de lionne. Une victime des exactions policières aurait-elle un titre de gloire supérieur à celui d'une victime des racailles sans foi ni loi ? Le pauvre mort de la compagnie de bus de Bayonne n'est-il donc qu'un simple fait divers certes regrettable mais qui ne peut servir qu'à enchanter la revendication « réac » de plus de répression et servir de sponsor au RN ? Et de « diversion » au gouvernement qui a trouvé le crime « abject » et en a profité pour y envoyer son ministre « violeur » ?
EXITE-T-IL UN FAIT DIVERS DE GAUCHE ET UN FAIT DIVERS DE DROITE ?1
« Le fait divers est très concret et précis. D'une part, c’est une chose que l'on peut comprendre sans connaître le contexte historique ou politique. Dans un second temps, le fait divers a sa propre logique, il est clos, il y a un début et une fin. Le début est souvent clair, la fin l’est moins, surtout dans les affaires à rallonge comme l'affaire Grégory… ». (Patrick Avrane).
Dans les deux cas, l'étouffement (ventral) probable de Traoré et le piétinement de Monguillot, nous n'avons pas affaire à un fait divers mais à des faits de société qui ne peuvent laisser indifférent. Dans les deux cas, on peut créditer autant les flics que les racailles d'une capacité à monter en brutalité sans se préoccuper si leur violence allait entraîner ou pas la mort. Comme disait le regretté chansonnier Jacques Blot en parlant de la condition du CRS : on tape d'abord et on réfléchit ensuite. On obéit aux ordres ou à sa pulsion de violence, ce qui est à peu près du même... ordre, et après vogue la galère ! Ça passe ou ça casse.
Dans les deux cas cela ne passe pas, mais on trouve le moyen de rendre confuse la compréhension de ces deux drames. Dans le premier cas, celui de Traoré on atténue la gravité du crime policier en déviant vers un soit disant crime raciste, et dans l'autre, soit on ignore comme les infantiles du NPA et les populistes de LO, soit on dénonce, non le crime des racailles du lumpenprolétariat, mais la récupération de l'extrême droite pour mieux masquer le déni de la décomposition sociale et l'expansion d'une contre société arriérée. L'Etat français depuis Sarkozy a l'art en effet d'utiliser le « fait divers », même s'il ne peut plus être considéré comme divers mais « social », pour promouvoir ses campagnes « sécuritaires » qui ne sécurisent rien du tout face à une ghettoïsation qui se généralise, et qui lui est si utile pour justifier la permanence d'un découpage de la population en damiers communautaires où le « sang mêlé » vient servir à bannir tout sentiment de classe dans une diversité qui n'est plus qu'hétérogénéité et chacun pour sa gueule.
Un certain nombre de frères journalistes, qui se font fort d'inventer une nouvelle idéologie de gauche bobo post terra nova, gardent la mentalité stalinienne et néo-trotskienne de leur jeunesse en voulant réoccuper la place laissé vacante par un PCF décati. L'idéologie du PCF faisait quand même référence au socialisme et à l'action ouvrière, même fallacieuse avec la théorie du parti Etat et la violence des syndicrates CGT. L'idéologie de la gauche bobo post terra nova n'est plus qu'un salmigondis d'anti-racisme, de bondieuseries écolos, d'antifascisme d'opérette, de culte d'une insurrection de carnaval, d'un féminisme échevelé et surtout d'une détestation simpliste et névrotique de la police.
L'insécurité qui règne un peu partout en zone urbaine n'est pas un sujet sérieux pour les tartufes de LO et du NPA qui n'ont que le mot « lutte » à toutes les sauces, surtout le NPA héritier infantile du « je soutiens tout ce qui bouge » de la LCR2. Sur le plan des licenciements, ces deux sectes ne sont que les exécutantes des appareils syndicrates, et leur action dans ce cadre n'est en aucune manière révolutionnaire, sauf à pousser de petits couinements ridicules comme le pauvre Jean-Pierre Mercier ou le minable Poutou. Sur le plan sociétal, qui ne dérange en rien la bourgeoisie, tous ces représentants de la petite bourgeoisie même pas radicale, électrisent la masse des lycéens face à l'horrible fachosphère, se défoulent pour enfoncer les portes ouvertes de l'antiracisme, de la fixation sur Le Pen, et sont tous encyclopédistes des nuisances industrielles.
L'insécurité des zones paupérisées, sous le déni des gauchistes et des notabilités de la gauche caviar n'est plus qu'un alternative dérisoire : plus de police ou dissoudre la police ! Le déni permet l'inversion, ce n'est pas le lumpenprolétariat, résidu du mode de vie de la bourgeoisie en décomposition (argent facile, élimination sans pitié de l'autre, droit du plus fort, c'est l'extrême droite qui est aux aguets des violences urbaines avec un objectif idéologique « identitaire ». Ainsi on apprend que c'est l'extrême droite qui a abusé le grand public au sujet des événements violents à Dijon, dans les nuits du 12 au 15 juin 2020. En cause, les expéditions punitives organisées à Dijon par des Tchétchènes et des Albanais contre des « Arabes » et des « Noirs » qui ont agressé trois jeunes de leur communauté.
L'antiracisme étant primordial par rapport à l'insécurité (on parle gentiment plutôt d'incivilités), le débat public n'est plus que dissoudre la police ou la renforcer, mais en rien condamner la marche à l'abîme du capitalisme. Dans ce tohu-bohu on a oublié l'essentiel, les conducteurs de bus ont exercé pendant plusieurs jours leur droit de retrait et appelé à une protestation généralisée !
Les raisons cachées de la lâcheté du NPA
Il y a selon moi une autre raison pour laquelle ils se sont tus concernant l'assassinat du conducteur de bus de Bayonne. Ils ont peur de perdre leur petit crédit électoral en banlieue islamisée. Avec la CGT et Solidaires ils avaient crié sur tous les toits pour dénoncer les tirs d'un papy « raciste et islamophobe » contre la mosquée de Bayonne, pour surtout affirmer leur soutien indéfectible au port du voile et à l'islam. Et ces caméléons de trotskiens ont fait semblant d'oublier que quelques années avant ils avaient eu une position, ne disons pas identitaire musulmaniaque mais encore vaguement solidaire « de classe ». En 2014, une centaine de cheminots avaient exercé leur droit de retrait suite à une agression d'un quidam contre deux ouvriers. Et c'est la réaction des cheminots eux-mêmes qui avaient dicté leur conduite aux petits bourgeois des syndicats et de la mouvance du NPA.
Dans cette affaire, la centaine d’agents de la SNCF travaillant en contact direct avec la clientèle, s’étaient retirés de leur poste en réaction à deux agressions par un « usager » (lumpen?) le 26 décembre 2014. Le droit de retrait, comme celui à Bayonne, gêne considérablement l'Etat et ses laquais à la SNCF. Une fois mis fin à l’incident et l’agresseur maîtrisé, la direction leur faisait injonction de reprendre leur travail pour le 17 décembre 2014 à 19 heures. Prétextant poursuivre leur droit de retrait, les agents ne reprenaient pas leur poste et se voyaient appliquer une retenue sur salaire pour motif d’absence injustifiée à compter de cette échéance. Une AG interservices avait eu lieu à Saint-Lazare. À Lyon, une centaine d’agents avaient déposé le sac. À Nice, plus aucun TER ne roulait et la gare était fermée au public. À Toulouse, Marseille, Rodez aucun train ne circulait non plus À Angers, 10 trains sur 11 avaient été supprimés, à Tardes ou dans le Languedoc-Roussillon, plus grand-chose ne circulait. A l'époque les amis du NPA parisien ne s'étaient pas souciés d'antiracisme, et ils écrivaient alors benoîtement : « Les équipes de la CGT et de Sud Rail sont globalement très mobilisées pour relayer l’appel aux salariéEs à faire valoir leur droit de retrait afin d’obtenir des mesures de sécurité rapides ».
Ont-il pensé à l'époque réclamer plus de police comme nos méchants identitaires d'aujourd'hui ? Pour que les gares ne ressemblent pas à Grenoble-Chicago ? On n'en saura pas plus et peu importe l'avis de ces girouettes en perpétuelle rotation.
Si les travailleurs de la compagnie des bus de Bayonne n'ont pas obtenu un gramme de soutien de l'antiraciste NPA ni un article du site LO, et qu'on est resté tétanisé par l'émotion face à ce meurtre de lumpens3, comme condition à la reprise du travail les grévistes par procuration ont obtenu :
Les chauffeurs de bus du réseau de l’agglomération de Bayonne, qui avaient exercé leur droit de retrait, reprendront le travail ce lundi 13 juillet 2020 dans des conditions de sécurité renforcée, a annoncé vendredi l’opérateur de transports Keolis.
Un accord a été signé ce vendredi 10 juillet entre la direction de Keolis et les représentants du personnel afin de garantir une reprise de l’activité dans les meilleures conditions possible, à compter de lundi, a annoncé dans un communiqué Keolis Côte Basque Adour.
Cet accord prévoit notamment la présence d’un agent de sécurité à bord de tous les Tram’Bus, ces longs bus comme celui que conduisait Philippe Monguillot.
L’accord, valable jusqu’à fin août, prévoit aussi un renfort de deux agents en cas de problème, un dispositif de protection anti-agression au niveau du portillon conducteur, et un système de talkie- walkie. À compter du 31 août, d’autres mesures sont prévues, dont des aménagements sécurisant le poste de conduite, le maintien d’une équipe de sécurité, une équipe Fraude renforcée, un système radio amélioré, etc.
Bravo à eux !
(Parenthèse) je n'ai pas traité de la question de la punition des deux tueurs, la peine de mort n'est pas applicable à tout moment comme disait Lénine, mais en période de révolution et de dictature du prolétariat, on aurait vite liquidé les deux salopards).
LA FONCTION ANTI-OUVRIERE DU TROTSKISME ANARCHISTE
Le think tank de la gauche bourgeoise qui avait fait scandale en 2011 avec sa note méprisante à l'encontre de la classe ouvrière, arborait un « conseil scientifique » présidé par feu Michel Rocard4 théorisant donc ce que le PS n'osait pas avouer: à force de ne pas s'opposer au capitalisme et en ayant servi l'Etat bourgeois totalement sous le règne de Mitterrand. Ne représentant aucunement la classe ouvrière, dont la plus grande partie était restée longtemps confiante dans le parti stalinien, la social-démocratie bourgeoise ne pouvait que muer en parti des couches petites bourgeoises et de l'aristocratie ouvrière (surtout syndicaliste). En gros, l'option « choquante » du produit « ready made » prétendait enfermer le choix des « pauvres résiduels » dans l'étau Front National ou démocratie financière, en croyant que la droite serait obligée de s'allier avec la dite extrême droite pour laisser la place du bon démocrate moderniste au PS. A ce jeu les technocrates du PS ont perdu, et ont contribué finalement à l'accouchement pénible du bâtard Macron, mi-Bonaparte, mi-Sarkozy.
Un tel conclave de « révisionnistes » tous bien placés par la bourgeoisie dans les divers secteurs des médias existe à l'identique dans la plupart des pays qui en ont les moyens. Un tel saut vers la négation hautaine de la classe ouvrière n'est pas sorti de leurs simples crânes d'oeuf. La chute de la maison stalinienne y a contribué pour l'essentiel. Ajoutons que le stalinisme avec ses divers dérivés trotskiens, guévaristes et fanonistes avait déjà préparé le terreau à nova terra ! Les colonisés, les jeunes, les noirs avaient déjà été célébrés à la fin des années 1960 comme les remplaçants « révolutionnaires » d'une classe ouvrière vaincue par l'histoire ou endormie par la surconsommation. Avec la « prise en main de toutes les révoltes », on assiste à la liquéfaction démagogique de toute réelle théorie révolutionnaire, c'est « la jeunesse scolarisée révoltée », mais aussi « la poursuite de la lutte armée » ; on mesurera la lâcheté et la soumission au système du NPA par le fait qu'ils ne nous ont pas ressorti des archives du gauchisme hystérique post-68 les « comités d'auto-défense »... et autres « comités militaires », pour la fameuse guerre révolutionnaire... anarchiste de la fine fleur du lumpen selon le maître à penser de Besancenot, le géant Bakounine.
Après Mai 68, la LCR ne se distinguait pas vraiment des autres partis en ce qui concerne la place des femmes dans l’organisation : une seule femme dans le BP de 14 membres constitué à l’issue du IIe congrès, sept femmes candidates sur 91 candidats aux élections législatives de 1973. Heureusement depuis les mégères trotskiennes portent le pantalon en attendant d'être suppléées par les transgenres.
Je vais plus loin que la picrocholine histoire de ces zozos, pour portion congrue qu'il soit, le gauchisme, surtout les factions trotskistes organisées, a contribué bien avant les pontes du PS à dénigrer et à refuser tout rôle révolutionnaire au prolétariat. La LCR restera la plus illustre représentante de la dissolution du marxisme dans la potion anarcho-libérale. La dite Ligue communiste se détermine très tôt de manière critique par rapport aux autres organisations gauchistes. Ainsi en 1970, Rouge prend nettement position contre l’agression dont a été victime le Doyen Ricœur à Nanterre, de la part d’éléments qualifiés « d’anarcho-maos » ou « d’ultragauchistes». Cette affaire lui donne l’occasion de se démarquer de ce qu’elle qualifie de méthodes terroristes. Ces agressions « contre des individus isolés et sans défense » desservent les causes qu’elles sont censées défendre »5.
Le courant dit « pabliste » , qualificatif qui sert d injure, contre les Mandel, Frank et Krivine6, après l'évacuation de la prévision d'une troisième guerre mondiale, a patronné en effet tous les révisionnismes théoriques du marxisme et du bolchevisme débouchant dans une mélasse anarcho-libérale où chacun peut apporter son sandwich et son bout de gras, antiraciste et féministe certifié bien sûr. Le seul résidu du souvenir ouvrier reste la compétition entre divers petits chefs trotskistes pour ravir des postes de permanents syndicaux ou de conseillers municipaux. Ces pitres sont éternellement destinées à être non pas une roue de secours du capitalisme mais le liquide qui sert aux essuies-glaces.

NOTES


·         Pourquoi les faits-divers stigmatisent-ils ?
·         L'hypothèse de la discrimination indirecte
·         Dans Réseaux 2009/5-6 (n° 157-158), pages 89 à 124
2Vous pouvez retrouver toutes ces tares des groupes gauchistes sans barbichette dans mon livre de 2002, déjà 18 ans, « Les Trotskiens (1968-2002) et leur lexique » (leur féminisme pervers n'était encore qu'à l'état embryonnaire et ils n'avaient pas encore inventé le langage inclusif débile.
4https://fr.wikipedia.org/wiki/Terra_Nova_(think_tank) Dans la longue liste des collaborateurs, on trouve Cohn-Bendit, l'ami de l'insurrection qui vient Eric Hazan, divers conseillers ministériels, journalistes, la célèbre Rokhaya Diallo, des économistes renommés, Karim Zeribi le manipulateur diversifié, des potes à Mélenchon, etc.

6,Pour une définition, plus complexe, assez longue de l'historique de ce qualificatif, reportez vous à la page de mon livre Les Trotskiens, p.274 et suivantes.

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