PAGES PROLETARIENNES

dimanche 19 juillet 2020

ADAMA S'EMBOURGEOISE


L'habitué de la fabrique de pancarte à la mode
Je ne me suis jamais senti attiré par toute la mouvance protestataire qui vibrionne autour de la smala Traoré. J'attendais simplement l'aboutissement politique de l'exploitation de ce fait divers, comparable à celui de l'assassinat du conducteur de bus à Bayonne, mais ce dernier cantonné à la catégorie fait divers secondaire par l'extrême gauche du capital.

J'ai déjà dit ce que je pensais de l'exploitation de ce qui était rangé par le passé à la rubrique fait divers, bavures policières comme meurtres des racailles entre eux. L'exploitation par le clan Traoré de la mort du frangin sous le plaquage ventral des bestiaux policiers (quand en général les familles restaient claustrées dans le chagrin et la haine), sous prétexte de vengeance familiale mais au nom de l'antiracisme, ne mènait à rien qu'à une procédure judiciaire sans fin où les magistrats jouent les prolongations sans se rendre compte qu'ils participent de la perte d'autorité et de légitimité de l'Etat. Si le comité Adama m'avait écouté, c'est le ministre et le chef de la police de l'époque dont j'aurais demandé l'inculpation. Mais qui était en poste à l'époque ? Bernard Cazeneuve sous les ordres de Hollande (dont le journaleux Laurent Joffrin voudrait préparer le retour). Le comité Adama n'était pas si apolitiquement justicier derrière Tignasse première et veut donc ménager aussi la gauche bourgeoise. Qui ne sera plus jamais une alternative crédible pour les masses exploitées en ce beau moment de la faillite pandémique du capitalisme.

Allait-on voir se cristalliser un mouvement de protestation de noirs vers un nouveau fascisme "séparatiste" comme nous l'a soufflé Macron ? Peu probable, même s'il existe une secte de ce type aux USA, et puis la place est prise par suffisamment de blancs débiles, et les noirs en général n'appartiennent pas à la classe bourgeoise contrairement au fascisme ? Vers une nouvelle gauche vraiment méfiante vis à vis de la police, antiraciste et égalitaire en tout genres ? Impossible là aussi, quand la gauche succède au pouvoir à sa rivale de droite elle conserve les mêmes fonctions de répression policière et de justice pour les riches, preuve de plus que l'anti-racisme n'est pas anti-bourgeois. Et c'est le ministre d'un gouvernement de gauche qui a couvert ses policiers assassins (dans la fonction de). Vers une adhésion aux dernières sectes trotskiennes ? Invraisemblable, LO n'est qu'un conclave de vieux profs retraités au cul de la CGT et le NPA une secte infantile qui se branle sur tout ce qui bouge.

Et voilà, il ne restait que l'écologie ! Va pour l'écologie ! La messe bourgeoise dominante ! L'idéologie qui nous unit tous pour sauver la terre, notre mère à tous, pour confirmer que nos intérêts sont communs par-delà les classes sociales, pour consommer mieux en payant plus cher des produits de « notre » terroir, fabriqués par « nos » artisans et vendus par « nos » petits commerçants. L'écologie c'est le nouveau patriotisme à la louche internationale mais qui n'est qu'un planétarium fictif où exploitation et guerres restent consommables sur la longue durée.

LE PACTE AVEC LA BOURGEOISIE ESOTERIQUE

Je ne cesse de relever ici l'apparition d'une nuée de formes de contestations de la part des couches petites bourgeoises. Plus que de décomposition du capitalisme, il s'agit de grouillements de sectes petites bourgeoises, complices avec le lumpenprolétariat (en tout cas à Paris et Grenoble) qui, ne pouvant ni ne prétendant parvenir au pouvoir, parviennent néanmoins à maintenir un bordel incessant qui ne nuit pas au fond au mode de gouvernement chaotique et parfois carrément illisible de la classe dirigeante, mais sert d'écran à toute véritable mise en cause de l'ordre capitaliste. Tous ces hypocrites essaient de se rattraper en ajoutant le mot « social » à leurs contestations mais n'abusent pas la principale classe exploitée, le prolétariat, qui subit chômage, exploitation et mépris politique.

CONVERGENCES OU CACOPHONIE CONTESTATAIRE ?

Comme les fêtes religieuses, les contestations se déroulent un jour en fin de semaine. Le samedi c'est les résidus des gilets jaunes et leurs jérémiades éculées. Vont-ils se marier avec la smala Adama ? C'est ce que semblaient souhaiter les journalistes lors de la manif de ce samedi dans le Val d'Oise, et ils étaient très nombreux journalistes et photographes, au point que sur certaines photos on a l'impression qu'ils sont majoritaires dans une manif qui ne comportent pas des milliers de personnes comme le dit à dessein le Figaro (pour effrayer les lecteurs de Valeurs actuelles) mais des centaines (selon Le Monde, la police chiffrant environ à 2700). Non le plus important n'était pas les touches jaunes dans un cortège noir – des papys en jaune il y en a dans toutes les manifs et c'est plutôt le signe du retraité qui a besoin de marcher – mais la « coorganisation » du gang Traoré et de la secte Alternatiba. Pour le spectacle, et le festival de rappeurs à la suite, on avait convoqué les familles d'autres victimes des crimes policiers mais aussi les clowns Omar Sy et un certain Malik Benthala. C'est la prise de parole de Tignasse première qui fut la plus culottée en matière de cuistrerie opportuniste et de recrutement : «Quand on demande justice pour Adama, on demande justice pour tous les Adama, tout le monde », a-t-elle lancé, dénonçant « l’impunité policière ». « Le combat, on le lâchera jamais. (…) Vous êtes devenus des soldats malgré vous. »
Si jusque là seul importait le grand frère à venger, désormais le gang Traoré se porte à la tête de toutes les vengeances « juridiques » souhaitées ou souhaitables, et après la formule syndicaliste du NPA, Tignasse première de se ficher des moutons présents : « Vous êtes devenus des soldats malgré vous ». Cette engeance ne veut donc nullement une révolution mais une guerre ! Et s'imagine que des foules immenses vont les suivre avec les pires représentants de la bourgeoisie ésotérique.

La coorganisation d'Alternatiba était pourtant modeste. La cheffe Elodie Nace n'avait affrété qu'un bus de 70 places depuis Paris, mais plus que la troupe du NPA. Elle avait envoyé une déclaration bien plus prétentieuse à l'AFP avant de monter dans son bus : « La lutte climatique dénonce aussi le système d'oppression et de domination. L'écologie doit être sociale, populaire, solidaire ». En gros la même chanson que les Macron, Jadot, Besancenot et Le Pen.
Propulsée vedette du samedi Saint Adama, la donzelle a fait savoir qu'il s'agissait de « combats partagés » : « Cette 'mobilisation commune' est l'occasion de renforcer une alliance importante pour la construction d'une écologie populaire, aux côtés des populations en première ligne des injustices et de la pollution ».
Vous noterez que le terme classes est soigneusement évité. Qui sont ces populations en première ligne des injustices ? Les noirs ce samedi ? Puis les fermiers bios dimanche ? Un commentaire anonyme explicite mieux la drague bourgeoise, qui s'adresse plus largement à la classe ouvrière interraciale qu'aux gangs racialistes : « C'est aussi un moyen pour un des mouvements écolos de faire un pas vers une approche plus sociale, qui incluerait des groupes sociaux moins sensibilisés à la cause (sic) reprochant au mode de vie écologiste d'être inaccessible financièrement. Un moyen de discuter d'une écologie qui prenne en compte un versant social plus prononcé que d'autres mouvements verts ». La camarilla bourgeoise EELV appelait ouvertement sur son site à cette glorieuse manif des « convergences » et y avait envoyé quelques-uns de ses politiciens ». Un autre commentaire, quoique soft, m'a bien plu : « La convergence de revendications avec certains mouvements écologistes m'interpelle beaucoup. Je trouve que c'est un peu fourre tout, porte drapeau d'une société libertaire ? ».

C'est quoi Alternatiba ?

et surtout de paix sociale!
Je vous laisse le soin d'en lire le descriptif sur wikipédia. En résumé c'est une variante des multiples sectes de désobéissance civile non violente (mais violentes au besoin dans le lancer de pavé ou verbalement). Créée au début des années 2010 par des ploucs basques, il est question de se passer de l'hiver prolétarien pour éradiquer le réchauffement climatique et développer des villages climatisés. Lors de son intronisation toutes les sectes petites bourgeoises avaient accouru, 90 sectes et syndicraties paraît-il : FSU, les Amis de la Terre, Greenpeace, SUD solidaires, Attac, Bioc oop, la Fondation Nicolas-Hulot.

Mais lors du coup de sifflet électoral cyclique, toutes ces sectes, y inclus cette alternative basquaise appellent à voter dans les deuxièmes tours pour n'importe quel parti de droite et de gauche pour « faire barrage au FN ». Il faut mordicus défendre le système actuel, certes pas assez écolo-compatible, pour empêcher le retour au pouvoir du fascisme disparu, surtout qu'il était lui-même plus écolo que le régime démocratique mensonger actuel.

UN REPROCHE AU COMITE ADAMA

Pourquoi ne pas avoir aussi invité les potes de Extinction rébellion ? Qui est elle aussi une pure
expression de toutes ces sectes qui sanctifient l'anarchisme capitaliste. On devine que le gang Traoré fonctionne comme hiérarchie familiale, avec la générale en chef Tignasse première et ses « soldats », idem pour le clan basque associé au festival antiraciste permanent.
Tous ces clans prétendent quand même ne pas avoir de hiérarchie mais il y en a toujours. Extinction rébellion est la hiérarchie ésotérique par ...extension. Des hiérarchies locales sont instituées mais temporairement... pour préparer l'action (organisation holacratique) ; le militant postulant pour une action doit le faire savoir un mois à l'avance et endosser le rôle de « coordinateur » provisoire. Puis il s'occuper de recruter. Mouvement totalement désintéressé, il n'est soutenu que par des organismes totalement subversifs du Climate Emergency Fund (CEF), un fonds créé pour soutenir financièrement les actions de mouvements radicaux tels que XR, pour un montant de 350 000 dollars. Lancé début juillet 2019, il est dirigé par Trevor Neilson investisseur milliardaire, Rory Kennedy, fille de l'ancien sénateur Robert Kennedy et Aileen Getty, une des héritières de l'empire pétrolier américain Getty Oil fondé par son grand père. Extinction Rebellion a aussi reçu un don d'environ 344 000 € du groupe de rock britannique Radiohead (autant a été versé au CCI par Mick Jagger). On ne sait pas si, succédant à Luis Mariano dans le chant climatique, Michel Etcheverry a cotisé lui aussi pour Alternatiba, mais ce doit être le même style de financement.

Ce qui est frappant est de considérer comment l'Etat tolère et laisse faire ces contestations, certains parlent de complicité des autorités locales et de la magistrature considérée comme gauchiste. La maire éternelle de la petite bourgeoisie parisienne, Anne Hidalgo, a carrément laissé faire et soutenu la paralysie de la place du Chatelet, qui nous a fait chier pendant des semaines, par les petits connards d'Extinction rébellion.
Une « vraie justice » réclamée par le clan Adama est aussi aberrant que le plan de ces idiots financés par la bourgeoisie américaine (semer le chaos dans les pays amis qui se rebiffent) : il faudrait immédiatement supprimer les vols aériens (la mère Royal, pour exister, vient de reprocher aux ministres de Castex de se déplacer en avion! Alors qu'au mois d'octobre dernier elle appelait à réprimer ces cinglés) et 38 millions de voitures essence et diesel d'ici 2025. Un cofondatrice des Grünen, Jutta Ditfurth, a parfaitement résumé : « c'est une secte ésotérique croyant en l'extinction précoce de l'humanité et recommandant le sacrifice de soi ». La secte LFI, par la voix de son rouquin rigide, a fait savoir au contraire qu'elle appréciait les méthodes pacifiques de ce mouvement. LFI sait quelquefois être pire que la girouette NPA.

Dans un article publié le 10 octobre 2019 sur le site de Libération, le gilet jaune à casquette, Maxime Nicolle est remonté dans mon estime en déclarant que le mouvement Extinction Rebellion en est « financé par des philanthropes et riches Américains proches du milieu des affaires et pétroliers». Éric Drouet, s'étonnait, pour sa part, d'une certaine indulgence de la police à l'égard des manifestants de ce mouvement, par rapport au sien ; il aurait pu y ajouter la pouffiasse Hidalgo. Enfin je ne résiste pas à recopier la remarque suivante, surtout de la part d'un journaliste qui participe de la même messe écologique.

Hervé Kempf, journaliste et créateur du site français d'actualité écologique Reporterre, considère que le mouvement Extinction Rebellion bénéficie « d’une tolérance qui témoigne qu’il ne remet fondamentalement en cause aucun intérêt véritable », tout en appuyant son argument sur le célèbre vers de Pierre Corneille « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Hervé Kempf ajoute également que les militants de ce mouvement semblent ignorer les autres luttes, comme celles qui dénoncent les violences policières ou les inégalités dans notre société, « qui sont pourtant au cœur du rapport brutal qui se joue dans la destruction du monde. »

Voilà pourquoi sans doute les deux autres sectes de la marche pour la célérité de la justice bourgeoise dans le Val d'Oise sont restées divergentes de ce barnum sponsorisé par des milliardaires US. Conservant jalousement ce qui fait du bruit pour rien : l'anarchisme contestataire impuissant fleur de la démocratie bourgeoise.



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