PAGES PROLETARIENNES

mardi 16 juin 2020

COMMENT ALLONS-NOUS GERER L'INSURRECTION AU MOIS DE SEPTEMBRE ?


Bobos identitaires blancs ridiculisant des bobos identitaires noirs
«  La petite bourgeoisie ne peut garder une position révolutionnaire face à la bourgeoisie que quand le prolétariat est derrière elle ». Marx

«  I have a dream » Martin Luther King

Puisqu'il est entendu par le personnel macronien et jusqu'à l'infantile NPA que nous allons à coup sûr vers une explosion sociale massive (le ministre Le Maire gonflant même le chiffre à 800.000 chômeurs), faisons comme si cette hypothèse était crédible et la bourgeoisie démunie de toute capacité d'anticipation ; réfléchissons ensemble à ce qu'est une insurrection que Trotsky nous a décrit comme un art mais qui passe encore généralement pour un vulgaire coup d'Etat de telle ou telle camarilla politique ou de robustes généraux factieux : et fait de nombreux et inutiles morts.
Pourtant tout ce que je vais vous raconter, je l'ai vécu dans un rêve, c'est à dire en quelque sorte inconsciemment et par devers moi. C'est au cours de cette disposition nocturne de l'esprit où l'on se retrouve, plus souvent qu'admis par les sachants, dans la vraie réalité, où il n'y a ni errance ni chimères ; un psychologue oublié n'a-t-il pas dit que nos rêves sont le reflet de la réalité ?

Je vais tout vous dire, même brutalement, même avec cet aspect cocasse qui présidait à ce rêve : j'avais demandé rendez-vous au principal leader du CCI – de par ma connaissance fort ancienne de leur hiérarchie sans présumer qu'il y en ait un autre ou d'autres - pour lui expliquer la gravité de la situation et les erreurs politiques dans lesquelles son organisation était en train de se fourvoyer. Nulle prétention de ma part, ni haine ni ressentiment contre mon ancienne organisation, puisque je l'avais convoqué à titre individuel dans un café non confiné. Lui-même m'avait répondu favorablement avec bienveillance avec son côté grand dadais faussement spontané et sans dents.

L'objet de ma gêne résidait bien sûr dans la publication tardive de leur prise de position sur le raout mondial du meurtre sélectif des noirs par les polices américaine et française1. Je me fiche royalement du veuvage politisé de la famille Traoré, et je déplore bien plus les centaines de milliers de morts du covid. La pipolisation de la délinquance n'a aucun sens de la proportionnalité. Comme la police n'a eu aucune honte d'exiger à ce qu'on continue à leur enseigner à étrangler et à tuer par plaquage ventral2.

Si le groupe rival (la Tendance Communiste Internationale, journal Battaglia Comunista) avait assumé en publiant une prise de position correcte du point de vue révolutionnaire3, il avait fallu attendre le 12 juin pour savoir l'analyse qu'en produisait la minorité maximaliste communiste qui se considère la plus pure et la plus éduquée au monde. Enfin au total vingt jours après l'assassinat de George Floyd. J'avais posé la question, en pleine journée et encore éveillé sur la colonne de droite de ce blog : « pourquoi ce long silence du CCI sur un événement qui émeut la terre entière ? ». J'y voyais, tout en hésitant dubitativement sur les causes réelles de ce long silence, l'expression de l'attentisme, cette maladie classique de l'opportunisme. Je me souvenais que Marc Chirik, dans son dernier texte - que j'avais soigneusement compilé à la fin des autres dans le tome deux que j'ai consacré à cet homme - avait subsumé la décadence du CCI : « … nous pouvons constater l'énorme retard que le CCI prend par rapport aux événements, et cela à tous les niveaux »4.
Lorsque le 12 juin je pris connaissance enfin de la prise de position, je fus stupéfait de sa platitude et de son simplisme. Le même genre d'article lisse sans affect du bureaucrate qui récite sa leçon avec le souci de la respectabilité bourgeoise (comme l'a si bien dit notre ami Jonathan). J'y vis immédiatement confirmation de l'attentisme coupable du CCI. Avec ce qui s'appelle communément l'opportunisme le plus plat, l'article démarre sur le protestation antiraciste universaliste alors que la première question c' était la violence policière et contre qui et le fait que la police comme institution ne peut pas être raciste mais... bourgeoise ; c'est pourquoi, par contre, mon premier article affirma : ce n'est pas un crime raciste mais un crime d'Etat.
Le pire était à venir, un simplisme lamentable. Je vais le détailler. Car il y avait plus drôle. Le CCI ne fait jamais cas de mon site, sauf une fois (l'organe organisatoire ne cause pas à l'individu indubitablement anarchiste), il y a longtemps et pour se gausser des termes « prolétariat universel », par pure ignorance de la phrase de Marx que je laisse en permanence en exergue. Mais ils me lisent tous comme on suit le veilleur de nuit, les groupies sympathisantes comme les militants dubitatifs et pas encore exclus. Peut-être serais-je qualifié un jour de Médiapart du maximalisme5. Le plus drôle accompagne donc cette prise de position lavasse : la date truquée et anticipée de l'article. L'article est anti-daté au 11 mai à côté de la signature de l'auteur Amos. Or Floyd n'a été tué que le 25 mai . Avec ces sites amerloques aucun trafic n'est possible sur la date réelle de mise en ligne le 12 juin à 21H45 précise ! Même en admettant que l'auteur ait eu la prescience d'un nouveau meurtre de noir par les flics US (il s'en produit chaque jour...) l'évocation du slogan bête « Defund the police », et qui est justement critiqué dans le texte, n'a été mis en avant que début juin, vers le 7. Simple preuve supplémentaire que l'aricle n'a pas pu être écrit le 11 mai. Erreur du pigiste prétendront les fidèles,6 ? involontaire culpabilité face à mon accusation d'attentisme, tricherie à la stalinienne? Tout cela est secondaire par rapport à la sénilité théorique qui suit. Mais avant de l'analyser, faisons un détour par deux vieux spécialistes du caviardage : Kautsky et Bernstein. Un détour dont vous ne verrez pas tout le suite le lien avec la démonstration par après.

COMMENT AFFAIBLIR LA THEORIE DE LA VIOLENCE REVOLUTIONNAIRE ?

Je me rappelle comment, vers la fin des années 1970, la principale tête pensante de la Communist Workers Organisation, enquiquinait notre bienpensance concernant le regroupement des révolutionnaires avec notre pape Chirik. Je résume, Mitchell disait : « vous pouvez regrouper ce que vous voulez, de toute manière toutes les organisations trahissent au moment de la révolution »7.

L'introduction d'Engels à la republication du texte daté « Les luttes de classes en France » du 6 mars 1895, est un bilan fondamental de la lutte révolutionnaire à la fin du XIX ème siècle. Et des plus controversés. Le site « marxist/org » prétends que les passages caviardés ont été rayés par Engels lui-même8, or c'est faux. Je ne sais si c'est un site stalinien ou trotskien, mais si c'est leur cas, ce sont des merdes. Car ce sont bien les deux papes de la social-démocratie allemande, Kautsky et Bernstein qui ont opéré aux coupures mise entre crochets, et pour une raison simple : avaliser la politique pacifiste parlementariste.
Le texte d'Engels est un coup de tonnerre pour la lourde social-démocratie et un socialisme international plutôt ronflant et gagné à l'attentisme et au pacifisme. Le dernier géant du marxisme n'hésite pas à faire tomber les tabous. La Commune de Paris s'est épuisée en querelles stériles. Le temps des coups de main et des barricades, c'est terminé :

«  Le temps des coups de main, des révolutions exécutées par de petites minorités conscientes à la tête des masses inconscientes, est passé. Là où il s'agit d'une transformation complète de l'organisation de la société, il faut que les masses elles-mêmes y coopèrent, qu'elles aient déjà compris elles-mêmes de quoi il s'agit, pour quoi elles interviennent (avec leur corps et avec leur vie). Voilà ce que nous a appris l'histoire des cinquante dernières années. Mais pour que les masses comprennent ce qu'il y a à faire, un travail long, persévérant est nécessaire ; c'est précisément ce travail que nous faisons maintenant, et cela avec un succès qui met au désespoir nos adversaires ».
Mais Engels ne se livrait-il pas à une apologie de la lenteur... réformiste ?
« Même si cette puissante armée du prolétariat n'a toujours pas atteint le but, si, bien loin de remporter la victoire d'un seul grand coup, il faut qu'elle progresse lentement de position en position dans un combat dur, obstiné, la preuve est faite une fois pour toutes qu'il était impossible en 1848 de conquérir la transformation sociale par un simple coup de main ».

La possibilité d'une révolution violente n'était-elle pas caduque ?
« Et on put voir une fois de plus combien à ce moment-là, ce pouvoir de la classe ouvrière était encore impossible vingt ans après l'époque que nous décrivons ici. D'une part, la France fit faux bond à Paris, le regardant perdre son sang sous les balles de Mac-Mahon, d'autre part, la Commune se consuma dans la querelle stérile des deux partis qui la divisaient, les blanquistes (majorité) et les proudhoniens (minorité), tous deux ne sachant ce qu'il y avait à faire. Le cadeau de la victoire en 1871 ne porta pas plus de fruits que le coup de main en 1848.Car, là aussi, les conditions de la lutte s'étaient sérieusement transformées. La rébellion d'ancien style, le combat sur les barricades, qui, jusqu'à 1848, avait partout été décisif, était considérablement dépassé ».

La révolution n'était-elle pas devenue quasi impossible du fait du renforcement de l'armement des forces de répression ?
«... depuis lors, beaucoup de choses se sont encore modifiées, et toutes en faveur des soldats. Si les grandes villes ont pris une extension considérable, les armées ont grandi davantage encore. Depuis 1848, Paris et Berlin n'ont pas quadruplé, or, leurs garnisons se sont accrues au delà. Ces garnisons peuvent être plus que doublées en vingt-quatre heures grâce aux chemins de fer, et grossir, jusqu'à devenir des armées gigantesques en quarante-huit heures. L'armement de ces troupes énormément renforcées est incomparablement plus efficace. En 1848, c'était le simple fusil à percussion, aujourd'hui c'est le fusil à magasin de petit calibre qui tire quatre fois aussi loin, dix fois plus juste et dix fois plus vite que le premier ».

Le vieux compagnon de Marx et « général » spécialiste de toutes les guerres révolutionnaires du XIX ème siècle reniait-il tout son glorieux passé ?
« Du côté des insurgés, par contre, toutes les conditions sont devenues pires. Une insurrection qui a la sympathie de toutes les couches du peuple se reproduira difficilement ; dans la lutte de classes toutes les couches moyennes ne se grouperont sans doute jamais d'une façon assez exclusive autour du prolétariat pour que, en contre partie, le parti réactionnaire rassemblé autour de la bourgeoisie disparaisse à peu près complètement. Le « peuple » apparaîtra donc toujours divisé, et, partant, c'est un levier puissant, d'une si haute efficacité en 1848, qui manquera. Si du côté des insurgés viennent un plus grand nombre de combattants ayant fait leur service, leur armement n'en sera que plus difficile ».

La social-démocratie vieillissante pouvait croire lire un apaisement pacifiste chez le septuagénaire, mais pas assez. C'est pourquoi Kautsky et Bernstein s'efforcèrent de corriger le texte, et qu'il n'y eût pas autocensure de la part d'Engels. Examinons comment il est possible de dévitaliser un texte de bilan révolutionnaire par quatre coupures :
Les deux premiers caviardages servent à faire croire que l'option parlementaire est devenue la seule forme de lutte, alors que Engels maintient l'option violente :

« Dans les pays romans aussi on comprend de plus en plus qu'il faut réviser l'ancienne tactique. Partout, [le déclenchement sans préparation de l'attaque passe au second plan, partout] on a imité l'exemple allemand de l'utilisation du droit de vote, de la conquête de tous les postes qui nous sont accessibles, [sauf si les gouvernements nous provoquent ouvertement à la lutte].

Le troisième caviardage suppose qu'on peut éliminer le combat de rue, typique de l'esprit réformiste conciliant ; Engels maintient cette possibilité mais ajoute qu'elle n'est pas suffisante, et, merde aux black blocs, la barricade est une « tactique passive » :

[Cela veut-il dire qu'à l'avenir le combat de rues ne jouera plus aucun rôle? Pas du tout. Cela veut dire seulement que les conditions depuis 1848 sont devenues beaucoup moins favorables pour les combattants civils, et beaucoup plus favorables pour les troupes. Un combat de rues ne peut donc à l'avenir être victorieux que si cette infériorité de situation est compensée par d'autres facteurs. Aussi, se produira-t-il plus rarement au début d'une grande révolution qu'au cours du développement de celle-ci, et il faudra l'entreprendre avec des forces plus grandes. Mais alors celles-ci, comme dans toute la Révolution française, le 4 septembre et le 31 octobre 1870 à Paris, préféreront sans doute l'attaque ouverte à la tactique passive de la barricade.]

Le quatrième caviardage (entre crochets) vise à gommer tout esprit de révolte de la social-démocratie, elle restera soumise à l'Empire allemand et nullement menaçante pour l'ordre bismarckien:

« Mais n'oubliez pas que l'Empire allemand, comme tous les petits États et en général tous les États modernes, est le produit d'un pacte; du pacte d'abord des princes entre eux, ensuite des princes avec le peuple. Si une des parties brise le pacte, tout le pacte tombe et alors l'autre partie n'est plus liée non plus. [Comme Bismarck nous en a si bien donné l'exemple en 1866. Si donc vous brisez la Constitution impériale, la social-démocratie est libre, libre de faire ce qu'elle veut à votre égard. Mais ce qu'elle fera ensuite, elle se gardera bien de vous le dire aujourd'hui.)]

En coupant ces quatre passages, Kautsky et Bernstein accréditaient leur propre thèse et ils essayèrent même, en faisant passer le texte tronqué de l'introduction d'Engels pour une sorte de testament politique gradualiste. Engels s'insurgea contre ce traitement qui nuisit à sa réputation de révolutionnaire intransigeant. Ses meilleurs défenseurs furent Rosa Luxemburg et Lénine qui dénoncèrent le « renégat Kautsky » et le « révisionniste Bernstein », le réformisme traître de la seconde Internationale et le criminel attentisme au moment de la guerre. Le texte intégral d'Engels a été restauré après la révolution d'Octobre en Russie.
La présentation par Engels du texte de Marx rédigé en 1850, après l'avoir réactualisé, continuait d'en valider la méthode d'analyse, et en particulier le rôle important de la petite bourgeoisie qui sert de placard ou de façade si souvent à la classe dominante. Il suffit de reprendre une seule phrase de Marx de ce texte lumineux des années 1848-1850 pour y trouver une description quasi conforme de l'antiracisme moderne et de la démagogie gauchiste et populiste à la Mélenchon contre la seule finance :
« La bourgeoisie industrielle voyait ses intérêts menacés, la petite bourgeoisie était moralement indignée, l'imagination populaire s'insurgeait, Paris était inondé de pam­phlets : « La dynastie Rothschild » « Les Juifs, rois de l'époque », etc., où l'on dé­non­çait, flétrissait avec plus ou moins d'esprit, la domination de l'aristocratie financière ».

LE SIMPLISME DU VIEUX CCI OPPORTUNISTE
« Nous devons veiller à éviter le simplisme dans notre presse »*
Marc Chirik

Ce qui est frappant en lisant leur prise de position tardive est encore et toujours l'oubli de la petite bourgeoisie. Il n'est question que de la bourgeoisie et du prolétariat (celui-ci fourre-tout incluant étudiant et rebelles des couches moyennes). Pourtant la petite bourgeoisie existe bel et bien, et joue un rôle immense depuis le XX ème siècle en particulier, et Marc Chirik a écrit de nombreuses pages fustigeant son rôle trouble, ses petites cravates, son cul sur les bancs de l'université, etc. Le CCI lui ne connaît pas le pluriel ; comme le leur a dit un jour Alain : « vous ne conjuguez le terme classe qu'au singulier » !
« La colère face à tout cela est tangible, et elle est partagée par les Blancs comme par les Noirs, par les Latino-Americains, les Asiatiques et par les jeunes en particulier. Mais nous vivons dans une société qui est matériellement et idéologiquement dominée par une classe dirigeante : la bourgeoisie, la classe capitaliste ».
Dans ce schéma simpliste le lumpenprolétariat est fondu dans un anticapitalisme antiraciste universel et nunuche. La petite bourgeoisie n'en parlons pas, ou plutôt ne la qualifions pas dans ses slogans les plus ridicules. Qui exalte les émeutes ? Qui en appelle à la « justice » ?
On dénonce les idées radicales en carton mais on ne dit pas d'où elles proviennent. On ne dit rien de cette mode racialiste des divers indigestes de la République et autres communautaristes brieusre de statues, mais par de la mystification raciale, qui ont pignon sur les réseaux sociaux. L'argument typique du méchant racisme diviseur, simplisme usuel du gauchisme ne tient même plus la route, ou n'est plus primordial, c'est la lutte des places dans un marché de l'emploi mondial peau de chagrin ; le CCI va-t-il prétexter de son internationalisme pur pour protester contre le renvoi de France de centaines de travailleurs polonais utilisés à bas salaire par Peugeot au détriment des ouvriers autochtones ? Le même purisme qui l'a rendu aveugle et attentiste au début de la protestation en gilets jaunes.
Le covid 19 vu comme conséquence de la négligence écologique du capitalisme est une bêtise de plus. C'est réducteur à la façon de la bourgeoisie écologique à tous crins. C'est le capitalisme comme mode de production et de relation qui devient propagateur des virus mortels pour l'humanité pas les pauvres chauve-souris.
Ce ne sont pas les coupes sombres dans les services de santé qui expliquent les ravages du covid, mais l'impéritie gouvernementale concernant les masques et le reste. Ce n'est pas depuis 2008 que le capitalisme est imprévoyant et cynique.
La crise économique à la suite de la période de confinement n'est pas « comparable » à celle des années 1930, elle est bien pire.

Quelles solutions, disais-je dans mon rêve au manitou du CCI ?


...Vous nous servez le même discours « social » que les cercles gauchistes, où le populisme, auquel vous ne comprenez rien non plus, est l'ennemi9. Et pour finir la contestation du système vous la menez sur le mode syndicaliste, trade-unioniste aurait dit Lénine.

« Cette lutte (de classe au singulier simpliste, ndt) est à elle seule la base pour surmonter toutes les divisions qui profitent à nos exploiteurs et pour résister aux attaques et aux pogroms racistes sous toutes leurs formes ».
La lutte de classe a pour objet comme dans l'imaginaire gauchiste de « combattre le racisme » avec l'ajout fréquent du terme pogrom (pour faire vraiment antiraciste?), et après nous avoir certifié que l'antiracisme est un mensonge ? Où avez-vous vu cela ?
C'est seulement en deuxième lieu qu'on nous explique ce dont est capable la classe ouvrière :

« Lorsque la classe ouvrière s’organise pour unir ses forces, elle montre aussi qu’elle a la capacité d’organiser la société sur de nouvelles bases. Les conseils d’ouvriers qui ont vu le jour dans le monde entier à la suite de la révolution de 1917 en Russie, les comités de grève inter-entreprises qui ont vu le jour lors de la grève de masse en Pologne en 1980 : voilà la preuve que la lutte de la classe ouvrière sur son propre terrain offre la perspective de créer un nouveau pouvoir prolétarien sur les ruines de l’État capitaliste, et de réorganiser la production pour les besoins de l’humanité ».

Ils ne pouvaient pas nous fournir pires exemples, pires radotages creux, transformistes à la Kautsky et Bernstein ! Les conseils ouvriers « qui ont vu le jour dans le monde entier » ? Où çà ? à part en Russie et en Allemagne ! Et ces drôles de soviets russes qui se sont fait chiper le pouvoir par le parti... Un exemple les comités de grève syndicaux polonais qui sont servi à faire de Walesa un bon président bourgeois ! Vous n'aviez pas mieux à nous proposer comme réussite de « pouvoir prolétarien » ?

Le meilleur est gardé pour la fin :
« Mais juste avant que la pandémie de Covid-19 ne s’étende au monde entier, les grèves dans le secteur public en France avaient commencé à nous montrer que la classe ouvrière n’est pas morte et enterrée. L’apparition de la pandémie et le confinement mondial ont entravé le potentiel d’extension de ce mouvement ».

C'est le clou du spectacle de la pensée syndicaliste transformiste du CCI. Franchement nous exhiber comme exemple révolutionnaire cette putain de grève ultra-corporative en faveur des avantages de l'aristocratie ouvrière, c'est se ficher de l'ensemble du prolétariat, c'est surtout révéler que vous êtes incapables de comprendre la primauté des questions politiques de transformation de la période qui s'est ouverte depuis avant le covid. Il n'y avait rien à attendre d'une extension de la « lutte pour les retraites chacun pour soi », et elle était cuite dès avant le covid cette pitoyable procession syndicale.
L'essentiel, comme je vous l'ai expliqué dans plusieurs de mes articles et que vous n'avez compris qu'en partie, c'est sous la forme de résistance à l'exposition au virus et plus encore par le refus de céder au déconfinement du temps de travail que ça va barder plus sérieusement que la procession des aristos à la retraite. C'est la principale trouille de Macron et le pourquoi de son vide sidéral dimanche soir ; il ne sait pas comment s'y prendre.
Ce n'est plus la grève qui est révolutionnaire ou alors vous êtes aussi crétins que vos collègues bordiguistes qui rêvaient d'une grève du personnel soignant en plein covid !

Dans un monde où une majorité de la population va être de plus en plus sans travail, la grève apparaîtra soit comme un luxe de riches, soit comme un crime, car il faut continuer la distribution des vivres et des médicaments, par exemple. Pourquoi avoir esquivé ce qui se passe au Liban ?Le blocage révolutionnaire pourra se faire par la rue et pas simplement par le lieu de production, éclaté ou disparu. La réorganisation de la société avec prudence et dictature sociale pourra même s'inspirer du confinement pour parer aux besoins immédiats. Pour le reste, penser que la grève (de qui et comment?) serait la solution enfin trouvée pour renverser l'Etat, vous pouvez le laisser à ce brave Pouget.

La conclusion révèle que vous êtes complètement à côté de la plaque et hyper immédiatiste avec la mode antiraciste :
« La question centrale pour l’avenir de l’humanité est celle-ci : la minorité capitaliste peut-elle continuer à diviser la majorité exploitée selon des critères de race, religieux ou nationaux, et ainsi l’entraîner dans sa marche vers l’abîme ? »

Dernière remarque complètement anti-marxiste. La domination capitaliste s'exerce d'abord par l'exploitation et la terreur. La division vient après, et elle peut se retourner contre le mode de domination tout en le servant. C'est la fonction politique de la petite bourgeoisie qui sait si bien se servir de la radicalité prolétarienne pour conserver le système en place. La petite bourgeoisie est la classe caméléon. Les gilets jaunes, petite bourgeoisie intermédiaire, revendiquaient pauvrement l'élection directe et la révocabilité. Les syndicats de retraités favorisés proclamaient le fumeux « tous ensemble ». Les noirs indignés crient justice « pour nous ». Et dieu pleure pour nous tous.

Voilà ce que j'ai dit dans mon rêve, aux allures de cauchemar, au grand manitou du CCI. Je ne sais pas s'il a écouté tout ce que je lui ai conseillé. Il me semble, dans les hrumes de mon réveil qu'il se bouchait les oreilles et criait « assez ! Assez ! Tu es un allié subjectif du capital ! ».



« La petite bourgeoisie représentait une autre force sociale d'une importance capitale, mais hésitante, terrorisée par le spectre rouge, influencée par les clameurs élevées contre les « anarchis­tes ». Rêveuse dans ses aspirations et éprise de rhétorique « socialiste », se qualifiant volontiers de « démocratie socialiste » (jusqu'à ce terme qui est repris textuellement aujourd'hui par les socia­listes révolutionnaires conjointement avec les mencheviks !) la petite bourgeoisie craignit de faire confiance à la direction du prolétariat révolutionnaire, sans comprendre que cette crainte la con­dam­nait à faire confiance à la bourgeoisie. Car il ne peut pas y avoir de ligne « moyenne » dans une société au sein de laquelle la bourgeoisie et le prolétariat se livrent une lutte de classe achar­née, surtout quand cette lutte est inéluctablement aggravée par la révolution. Or, le propre de l'attitude de classe et des aspirations de la petite bourgeoisie, c'est de vouloir l'impossi­ble, de rechercher l'impossible, bref cette ligne « moyenne ».

Lénine « De quelle classe viennent et viendront les Cavaignac? » (juillet 1917)





NOTES

3https://www.leftcom.org/fr/articles/2020-05-31/minneapolis-brutalité-policière-et-lutte-des-classes
quoique en se fourrant le doigt dans l'oeil en espérant la transformation de la rébellion urbaine en révolution internationale, ce que l'autre groupe, déjà nommé « Révolution internationale », attendait peut-être aussi...
4Marc Laverne et le CCI, p.402, Paris le 9 novembre 1990.
5Ce serait regrettable car je méprise et Médiapart et le Canard Enchaîné qui ne vivent que des balances de la police et des cancans qui servent aux puissants à régler leurs comptes entre eux.
6Le stalinisme a surtout performé en effaçant sur les photos. Sur les dates il est quasi impossible de maquiller leur moment réel, mais on peut aussi s'en servir, ainsi Staline reprocha à Trotsky de ne pas avoir été au début du clan de Lénine. Je n'ai trouvé pour tout maquillage anticipé que le 18 juin gaulliste de 1940, qui a été efficient le 22 juin !
7Le vilain canard avait bien raison de rappeler ce fait. Au début les petites minorités maximalistes contiennent toujours de fortes personnalités, clivantes mais aussi facétieuses et anti-suivistes, ce fût le cas de Robert Camoin. L'animation de Mauro Stefanini Jr manque cruellement à la Tendance Communiste Internationale, cette personnalité trop tôt disparu je l'admirais pour son courage, sa vaillance et son humour d'italien et de vrai fils de nos héros de la valeureuse « gauche communiste italienne ». Je n'ai pas non plus oublié le brillant Gian Luca parmi nous, si éclatant dans les congrès.
8https://www.marxists.org/francais/engels/works/1895/03/fe18950306.htm
9 On trouve cette vision sociétale navrante et typiquement « extérieure » et de type gauchiste : « La classe ouvrière n’est pas à l’abri de la putréfaction de la société capitaliste : elle souffre de toutes les divisions nationales, raciales et religieuses, aiguisées par le sinistre approfondissement de la décomposition sociale dont l’expression la plus manifeste est la propagation des idéologies populistes ». La classe ouvrière souffre d'abord du chômage, du sentiment d'absence de solidarité avant les histoires de races, de nations et de religion. Il faut établir les priorités pour comprendre les premières conséquences, et ne pas poser au moraliste ! Les populismes sont divers de Mélenchon à Le Pen, ils expriment une souffrance sociale et un rejet fondamental des bonnes mœurs (sic) politiques bourgeoises, ce qui ne plaît pas aux petits bourgeois du CCI...

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