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jeudi 14 mai 2020

Conseils au gouvernement Poulidor pour combattre l'ultra-gauche en jaune


« Economistes et terroristes s’inclinent devant deux pôles opposés de la tendance spontanée : les économistes devant la spontanéité du « mouvement ouvrier pur », les terroristes devant la spontanéité de l’indignation la plus ardente d’intellectuels qui ne savent pas ou ne peuvent pas lier en un tout le travail révolutionnaire et le mouvement ouvrier ». Lénine
« (les régimes les plus démocratiques) ont su mettre en évidence que ce ne sont pas des piqûres de moustique de quelques éléments désespérés issus de la décomposition des couches petites bourgeoises qui sont visées par les campagnes officielles actuelles mais bien la classe ouvrière dont la révolte nécessairement violente va constituer, lors de son réveil, la seule menace sérieuse pour le capitalisme ».
Marc Chirik (Terreur, terrorisme et violence de classe, 1979, p.251 de Marc Laverne et le CCI, tome II).

Chapeauté intellectuellement par les éditions La Fabrique, le milieu marginal contestataire, nommé black blocs ou ultra-gauche, vous le présentez comme dangereusement anti-social voire pire que le covid de l'an 19. Pourtant, politiquement et socialement tout ce milieu n'est qu'un résidu dépassé de l'anarchisme, dont le seul horizon reste bloqué, et confiné à un 1789 épique et joyeusement sanglant, résolument amnésique concernant le dérangeant Octobre 1917. Ce n'est qu'une simple contestation anarchiste. Vous vous trompez de cible, c'est mon milieu maximaliste qui est vraiment le courant le plus dangereux à long terme contre votre règne, et qui possède la guillotine théorique et politique qui permet d'échapper à vos mensonges et à ceux de vos collaborateurs syndicaux, aux gauchistes et à leurs petits apprentis terroristes de papier.
Vos policiers de l'ombre sont de bons voyeurs mais de parfaits imbéciles. Dans les années 1970, face à la vague de terrorisme des désespérés de l'après 1968, nous avions mis en évidence que le terrorisme petit-bourgeois, que vos prédécesseurs ont si habilement exploité n'était pas ni une avant-garde ni un éveil de la révolution, mais bien l'expression de l'absence du prolétariat sur la scène, ou même simplement d'un reflux de ses luttes propres. En cela nous suivions les analyses si lucides et encore utiles de nos glorieux ancêtres marxistes, Marx, Engels, Lénine et Trotsky1.

LES INQUIETUDES DU GOUVERNEMENT « REVOLUTIONNAIRE » DE MACRON

Le Point qui est en général un des meilleurs porte-parole du gouvernement Poulidor, veut nous faire croire qu'il craint un nouveau complot de Batz, en livrant généreusement l'article suivant (article payé par les ex-RG et non payant pour tout lecteur) :

« Déconfinement : le renseignement craint une deuxième vague de Gilets jaunes. Les autorités s'inquiètent de la radicalisation de certains Gilets jaunes lors du confinement. Le service central du renseignement est sur le qui-vive ».

La preuve : « Dès la fin du confinement, le 11 mai, des militants qui se réclament du mouvement des Gilets jaunes ont tenté de se rassembler, notamment à Paris. Les mesures de déconfinement prises dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire proscrivent pourtant ce type de regroupements. Le Service central du renseignement territorial (SCRT) qui suit les mouvances politiques radicales n'a pas été surpris pour autant ».
Le journaliste du Point a eu sous les yeux la fiche des services en question laquelle certifie que les services de l'ombre « ont l'oeil » même sur la lâcheté des comploteurs jaunes :
« Dans la partie prospective de sa note sur « l'impact du Covid-19 sur la mobilisation des mouvances contestataires » datée du 6 mai, le Renseignement faisait déjà état de ce retour : « Le sujet de l'après-confinement est de plus en plus évoqué. Les Gilets jaunes font preuve d'une certaine prudence : ils craignent une contamination par le virus dans l'hypothèse de futurs rassemblements et ne veulent pas se lancer dans la “bataille contre le gouvernement les premiers” en dépit de leur impatience de manifester sur la voie publique. » Certains aimeraient relancer la mobilisation : « La deuxième vague arrive, celle des Gilets jaunes et de la haine de ce pouvoir… ! ! ! »
Lors du rassemblement d'une poignée de ces contestataires place de la République, au jour J du déconfinement, un gardien de la paix est cité comme ironisant : «  ils se sont dispersés à l'arrivée des policiers de la Direction de l'ordre public et de la circulation, par « crainte [aussi bien] de la contamination que de la verbalisation ».
Pourquoi ces activistes de l'ombre sont-ils en colère ?
« Les agents du Renseignement ont noté les principaux motifs de la colère post-confinement des Gilets jaunes. Ils mettent en avant « la contradiction entre la prolongation de l'état d'urgence sanitaire et le déconfinement » : « État d'urgence sanitaire prolongé et à côté de ça, on envoie nos gosses comme chair à canon à l'école. » L'absence de quarantaine pour les Européens entrant en France les choque : « Macron autorise les Européens à venir et circuler librement dans toute la France et on nous interdit de faire plus de 100 kilomètres. » S'insurgeant contre la vente de masques par la grande distribution, certains Gilets jaunes, par le biais des réseaux sociaux, évoquent l'hypothèse d'actions contre les supermarchés qui en proposent ».


Les blacks terroristes auraient même des gosses et se soucieraient de leur exposition... au retour en classe ? Pas en classe ouvrière bien entendu. Ils seraient aussi doués d'un instinct de protection « nationale » contre le virus international. Une aile gilet jaune de cette mouvance regretterait que le petit commerce soit floué par les grandes surfaces pour la vente des masques... Passons à leurs méthodes :
« La méthode est indiquée sur leurs réseaux sociaux : « Il existe des actions de blocage de caisse : des chariots sont remplis de masques, se positionnent au niveau des caisses pour les bloquer, et il y a un refus de débloquer tant que la grande surface ne les a pas cédés (le tout accompagné d'un mégaphone expliquant l'action au client qui nous entoure). » Selon les ex-RG, les plus radicalisés d'entre eux surfent sur le thème de « l'effondrement du capitalisme » et invitent le « peuple travailleur » à décider de tout en formant des « comités de travailleurs sur chaque lieu de travail et sur les lieux de vie » et en élisant des « délégués responsables et révocables ». Ils dénoncent également la réouverture des écoles, évoquant que « leur seul et unique but est de remettre les parents au travail pour sauver leur économie capitaliste, responsable de la destruction des hôpitaux ».
Le compte-rendu policier devient à son tour fabulateur, pour, avec l'aide du journaliste Aziz Zemouri2 , la proposition néo-maoïste de rendre les masques au peuple, peut-être tout à fait une invention policière tant elle est ridicule. Il n'y a pas besoin d'être un espion des ex-RG pour « informer » que les anars en général (et les marxistes en particulier) « surfent sur le thème de l'effondrement du capitalisme ». Quant à l'appel à des comités autonomes comme recette, vieux cliché véhiculé par la servile stupidité des gauchistes à des confinements en cartels syndicaux même sans le terme syndical, ce n'est qu'un fétichisme creux car vide de contenu, c'est comme si Nicolas vous appelait à acheter des bouteilles de vin vides, dans l'espoir dans boire le contenu. Alors que, avant tout, il faut savoir faire pousser la vigne, puis après cueillir le raisin, le presser, conditionner le jus, puis l'embouteiller et enfin le distribuer. Les policiers espions ne sont d'ailleurs guère inquiets de cet truc à syndicaliste moyen. Enfin la dernière phrase sert à discréditer comme anars primaires et inconscients névrosés leur découverte (géniale!) qu'on fait des enfants de la « chair à canon » pour envoyer les parents au front du travail « pour sauver l'économie capitaliste » (et on bouffe comment?) car (cri de la gauche étatiste) elle est « responsable de la destruction des hôpitaux ». Sacré radicaux de la phrase de gauche bobo et écolo ! Le programme de la gauche caviar n'est pas simplement dans les urnes, il est aussi dans la rue.
Ce passage policier, en son entier, est parfait pourtant pour ridiculiser nos bobos insurrectionnalistes de papier, comme les inter-titres du genre : « Sabotage de réseaux téléphoniques : les sites d'ultragauche jubilent » ; pas la population privée du flux informatique si indispensable à la survie confinée ! De plus un certain Stéphane Espic (épique?) est livré au public comme ex-entrepreneur et gilet jaune de la première heure ! N'est-ce pas un complotiste lui aussi puisqu'il considère que le covid-19 est de la foutaise voire un génocide ? Il a été arrêté brièvement « avant de retourner vivre chez ses parents ». Qui ne serait pas de l'avis du journaliste policier que ce petit mec est vraiment infantile ? Et que l'article a fait bien plus pour rassurer les masses contre une nouvelle version terroriste des gilets jaunes que tout œil crevé par LBD ? Mais le suspense de l'intox journalistico-policière doit perdurer :
« Aux Renseignements, on pointe une possible récupération du mouvement des Gilets jaunes par plus radicaux encore. « Les mouvances contestataires radicales espèrent plus que jamais pouvoir tirer profit de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 comme elles l'avaient fait de la crise des Gilets jaunes qui était devenue, au fil des semaines, une contestation antisystème, tant sur le plan des revendications que sur celui des modes opératoires, de plus en plus violents. »
En vérité les renseignés et renseigneurs ne savent rien, et les plus intelligents savent que c'est un mouvement de masse de prolétaires qui est le seul vrai danger pour un automne rouge que de plus en plus de commentateurs assis sur leurs chaises de plateaux TV ne cessent de redouter pourtant à la veille d'une période souhaitée comme un armistice, voire une rédemption nationale, les congés d'été.

COMMENT EVITER DES EMEUTES EN SEPTEMBRE ?

Il ne faut pas oublier les leçons de la Terreur lors de notre première Révolution, avant la deuxième du citoyen Macron. La Terreur surgit avant tout pour mettre fin à la terreur chaotique d'une masse de petits bourgeois et de ploucs primaires déchaînés à exercer une violence inter-individuelle. Cette Terreur est d'emblée saine parce que la terreur chaotique échappe complètement au « gouvernement révolutionnaire. Mais elle est en même temps une réponse désespérée d'un gouvernement à l'agonie qui ne contrôle plus une révolution qui est immature historiquement en même temps que moment charnière nécessaire pour refonder une autre société hors du confinement de la féodalité.
« Le gouvernement révolutionnaire avait gagné une année, le temps de vaincre ; il était maintenant menacé de se voir emporté, à son tour, par une crise économique, comme l'Ancien régime et les Girondins. Puisque la paix était encore lointaine, il estimait d'ailleurs qu'il lui fallait maintenir le régime. C'est pourquoi il laissait la Terreur à l'ordre du jour ». Georges Lefebvre, La révolution française, tome XIII, p.400).
C'est le premier conseil que je vous donne, gouvernement révolutionnaire Macron : « laissez le plus longtemps possible le covid-19 à l'ordre du jour » !
N'oubliez pas les leçons de 1789, face aux exécutions sommaires par la foule ameutée :
« Pour les prévenir, le déploiement de la force publique ne suffit pas toujours ; il fallut calmer l'effervescence par la poursuite attentive des conspirateurs et par des sanctions promptes et rigoureuses. Les assemblées instituèrent des comités des recherches ou de sûreté générale et déférèrent les crimes de « lèse-nation » à une juridiction spéciale, le Châtelet d'abord, la Haute Cour ensuite, et finalement le tribunal du 17 août 1792 »3.
Avec l'invasion du covid-19 et la guerre de classe, la situation ne va pas se régulariser :

« Durant cette première période, la répression ne se régularisa pourtant pas. Durant les accalmies, le danger s'estompant et la bourgeoisie répugnant aux procédures expéditives qui menaçaient la sécurité de l'individu, les sanctions parurent dérisoires ; il suffisait d'un incident local pour que les exécutions sommaires reparussent. Avec la guerre et l'invasion, elles se multiplièrent et culminèrent à Paris par les massacres de septembre (sic) »4.
Or, « le contrôle de la répression «échappa en partie au gouvernement. L'urgence la décentralisa comme l'administration d'autant que rien, en l'espèce, n'y peut mieux pourvoir que des comités locaux grâce à l'information acquise de longue date par leurs membres ». C'est la police locale qui exerça au mieux la terreur, qui parfois « collabora avec les terroristes du cru ou les contrecarrèrent ». « De cette diversité ondoyante il résulta que le champ de la répression s'élargit et que, cependant, la rigueur en fut extrêmement inégale ».
Le complot ultra-gauche ne peut pas être seul en cause :
« La situation économique et ses conséquences sociales désignaient maintenant d'autres « ennemis du peuple » ; les riches qui cachaient leur argent ou l'envoyaient à l'étranger, les producteurs qui éludaient le maximum, ceux qui refusaient l'assignat. La Terreur devint ainsi le soutien de l'économie dirigée, dont les sans-culottes comptaient qu'elle assurerait leur existence »5.
Attention, une répression terroriste aveugle , bien qu'efficace contre des terroristes : « n'en arriva pas moins à frapper, ou, bien plus fréquemment encore, à inquiéter et à irriter une foule de gens qui, hostiles sans doute au gouvernement révolutionnaire pour une raison ou pour une autre, se résignaient pourtant à obéir et, en tout cas, ne songeaient ni à conspirer, ni à s'insurger. (…) Les haines personnelles, l'esprit de vengeance, qui s'infiltra dès l'origine dans la volonté punitive, et surtout l'autoritarisme impulsifs de certains hommes aggravèrent à l'occasion la sévérité ou la ranimèrent après une accalmie »6.

Attention à la politique de l'amalgame avec la notion généralisée de complot ultra-gauche :
« La notion généralisée de complot aristocratique, étendue à tous ceux qu'on inculpait d'hostilité à l'égard du régime, explique la pratique croissante de l' « amalgame », qui, au déni de toute procédure vraiment judiciaire, rassemblait dans la même sentence des accusés qui s'ignoraient et dont les actes ou les paroles n'offraient rien de commun que leur solidarité préjugée dans la « conspiration contre le peuple français »7.

Etre bien conscient qu'à l'époque contemporaine il faut assurer la soumission de la multitude sans la réduire au désespoir :
« Comme instrument de gouvernement, les méthodes terroristes auraient pu appeler à la réflexion les Comités victorieux. Tous les régimes autoritaires y recourent, et aussi les autres en temps de guerre ou d'insurrection ; mais c'est une règle pour les politiques de s'en tenir à des exemples qui assurent la soumission de la multitude sans la réduire au désespoir »8.

La crainte du complot ultra-gauche peut s'estomper très vite et ne plus calmer la fièvre populaire. La Grande Terreur instituée le 22 prairial 1793, avec ses dernières fournées pour la guillotine montra que la surenchère était vaine, une fois le complot de Batz dégonflé :
« L'opinion s'émut et les usages de la répression y aidèrent : les charrettes transportaient lentement les condamnés à travers les faubourgs Saint-Antoine jusqu'à la barrière du Trône-renversé, emplacement nouveau de l'échafaud ; le supplice était public et la guillotine, tranchant la tête et répandant le sang, frappait l'imagination »9.


Pour tous tes ministres ignorants en histoire comme en maximalisme de classe, gouvernement
Les éternels seconds
Macron, je te livre l'anecdote sur la conjuration de Batz (1793-1794). Le mousquetaire
Jean de Batz, nominé très tôt par Louis XVI (même taille que Edouard Philippe, mais une fois la tête coupée, la taille de Macron) et un de ses fervents fidèles jusqu'au bout, fut surtout un aventurier agioteur et baiseur. Il ne tint pas à se vanter de ses talents d’agioteur et de faussaire, mais il a servi d'excellent modèle au D'Artagnan d'Alexandre Dumas. Le complot qu'on lui prêta fût tout de même plus sérieux que celui des petits cons de l'insurrection qui venait, puisque Robespierre en personne fut abusé.
Ce plan de Batz qui devait « faire disparaître la Montagne et ces coquins de sans-culottes » comportait quatre phases.Première phase : choisir, soigneusement, les Montagnards et sans-culottes à abattre. Deuxième phase : les séduire ou les corrompre.Troisième phase : leur faire commettre des actes hautement répréhensibles.Quatrième phase : les dénoncer à la vindicte publique et compromettre ainsi tout le régime.Dans un projet de rapport qu’on retrouvera chez lui, après sa mort, Robespierre abusé sur l'ampleur de ce complot, croyait démonter le mécanisme de toute l’opération :« Il existait une conspiration de corrompre les représentants du peuple et de diffamer tous les autres, et surtout les patriotes, pour arriver à la contre-révolution par l’anéantissement de la représentation nationale ; de ruiner les finances en entraînant la Convention dans des mesures impolitiques déguisées sous l’apparence du bien public. »Et plus loin, dans ce même projet, on peut lire cette phrase :« A la tête de ce complot était le baron de Batz. »
Mais ce n'est pas par ce présumé complot que Robespierre est tombé, mais sous une manœuvre politique de ses confrères et sous la guillotine.



NOTES


1On peut lire un bon florilège sur le blog de Yves Coleman, bien que cet ancien petit chef cul-béni de LO n'y comprenne que pouic, contrairement à Karim Landais, qu'il a sauva de l'oubli : « « Trotsky soulève deux dimensions intéressantes, même s’il les lie indissolublement au contexte, en évoquant le mode d’organisation terroriste, son caractère bureaucratique, et surtout en soulignant l’incompatibilité entre action terroriste et action de masse, du fait du caractère même de la psychologie terroriste ». C'était d'ailleurs le même type de mentalité des petits chefs en gilets jaunes et des petits chefs black blocs. Coleman cite à tour de bras sans comprendre, et oublie le princialé acrit sur le terrorisme à la fin du XX ème siècle, celui de Marc Chirik : Terreur, terrorisme et violence de classe ».
2Rien à voir avec le publicitaire du RN et de Staline, Zemmour, plus certainement avec le genre d'arriviste fayot de banlieue telle Avia, la députée antiraciste raciste qui, comme tous les parvenus issue de la « diversité » n'aiment jamais tant que d'humilier leurs subordonnés, surtout s'ils sont chinois, français et blancs.
3Georges Lefebvre, p.401.
4Ibdi.
5Ibid, p.403.
6Ibid, p.404.
7Ibid, p.107.
8Ibid, p.406.
9Ibid p.409.

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