PAGES PROLETARIENNES

samedi 18 avril 2020

PREMIERES LECONS POLITIQUES DE LA CRISE DU COVID-19

"Gardez-vous des faux prophètes. ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons (..) un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits (...) ?" (Cf. Évangile selon Matthieu, 7, 15-20)

Fin de l'indifférence dans les relations sociales marchandes sous le régime capitaliste ? Tu parles Charles !
Paradoxalement les mesures de confinement si elles ont prolongé l'idéologie d'Etat de la sauvegarde individuelle par une régression des relations quotidiennes entre les humains, avec quelques « barrières » répulsives, elles ont posé la question de notre dépendance les uns des autres. Virus pervers, et pourtant si humain trop humain, qui fait que je peux tuer simplement par l'exhalaison de mon souffle l'être qui m'est le plus cher, mon amour, mon enfant, mon ami. Comment ne pas penser un instant qu'il aurait pu être une invention diabolique du cruel humain ? Accident du labo de Wuhan comme le martèle la propagande américaine avec papy Montagnier ? Félonie des chauve-souris ? On s'en fout, la pandémie est là et aura été là comme preuve du recul de civilisation, parvenir à pérenniser ce truisme : l'altruisme n'existe pas sauf dans les infirmeries capitalistes, les hommes doivent se méfier les uns des autres.
Ce qu'il nous faut relever comme primordial c'est la TERREUR qui a été instillée dans la population mondiale, terreur de la mort soudaine au coin de la rue, en croisant un quidam dans le supermarché, pour avoir touché une poignée de porte, pour avoir discuté avec un vis à vis à moins d'un mètre. Au fond le capitalisme décadent AVAIT BESOIN DE CE VIRUS pour continuer son règne de l'individualisme frileux. La notion d'état d'exception, de prétendu sauvetage de l'humanité, est venue conforter l'esprit capitaliste égotiste. La terreur est un ingrédient indispensable à la domination par l'Etat des sept milliards d'individus plus finement que le nazisme ou le stalinisme. On aura assisté de façon transitoire et incertaine, non pas aux hypothétiques mutations du virus, mais à la mutation de la démocratie libérale en dictature « sanitaire » avec la déification de l'Etat sauveur.
Pendant un demi-siècle l'école idéologique dominante américaine a surfé sur la théorie du totalitarisme étant entendu comme produit idéologique forcément issu de 1789 et de 1917, par les «livres noirs » des réacs Hannah Arendt, François Furet et Soljetnitsyne. L'échec de 1789 n'était pas l'échec temporaire d'une bourgeoisie progressiste mais de l'idée de révolution du genre humain. L'échec de 1917 n'était pas seulement l'échec d'une révolution « prématurée » mais la confirmation de la vocation totalitaire de toute révolution. La stigmatisation des deux principales révolutions de l'histoire moderne renvoyait à une terreur immanente qui vient automatiquement mettre en cause les bonnes relations « habituelles » indispensables à la survie de tous sous un capitalisme globalement « libéral » mais totalement destructeur. Les historiens de l'école américaine dominante, unilatérale et féroce, et leurs relais universitaires européens ont été tous des menteurs qui, à chacun de leurs contes de terreur, oubliaient volontairement le facteur de la guerre en 1792 comme en 1914, le colonialisme comme l'impérialisme, et la trahison des théories de l'émancipation. De tout temps la guerre a été la source du sentiment de terreur, et pas des exactions ponctuelles de la populace de septembre 1792, ni de l'inadmissible répression de Kronstadt par l'Etat-parti bochevique.
Le même mensonge est perpétré par tous les chefs d'Etat avec la fable selon laquelle « nous sommes en guerre », une guerre de tous contre tous pourtant où il n'est nullement question de se « serrer les coudes » et où les Etats impérialistes continuent à se cracher dessus. Le facteur de la guerre n'a jamais été un élément d'unification du monde mais la preuve de l'existence de la barbarie de la société à telle époque et de l'incapacité d'évoluer vers l'unification universelle sur des principes humains. La pandémie actuelle n'est pas une guerre. Pas une guerre classique en tout cas. C'est aussi une guerre... des classes. Elle n'est une guerre « sacrée » que pour les dominants qui sont en guerre « prophylactique » contre une population mondiale qui ne veut pas être considérée comme un troupeau infecté qu'on parque en nations et en continents séparés, pour tenter de la déconfiner le plus vite possible pour la reprise « normale » de l'exploitation de l'homme par l'homme.
Il faut le constater sans émoi, la terreur du virus « chinois » participe du chaos du capitalisme actuel et de l'actualité du chaos capitaliste ; en même temps cette terreur est bonne conseillère pour la conscience des hommes d'en bas : dans quel monde sommes-nous appelés à « survivre » ? Pour les dominants, dans ce chaos il faut encore donner espoir dans la continuation d'un capitalisme protégé et vacciné. Mais la terreur a suscité, au début, l'urgence d'un protection et d'un sauvetage avec cet esprit du sacrifice qui sied si bien aux nations bourgeoises, surtout en commençant par ceux d'en bas. Elle ne peut plus suffire.
COMMENT L'IDEOLOGIE POLITIQUE REPRIT SES DROITS FACE A L'OPPOSITION MALADIVE DE LA CLASSE OUVRIERE
« Merci pour cet éclairage », ou « dans l'entourage du premier ministre on nous informe que », selon les formules du « chef du service politique » du journalisme de commentaire (qui pense à notre place), la description du paysage infecté a très rapidement été « encadrée » dans le prisme de la figuration politique traditionnelle. Face au gouvernement louisphilippard de Macron, la droite bourgeoise a opposé ses solutions « urgentes » à la pandémie, avec en premier lieu ses édiles du sud de la France, avec Douste-bla-bla, qui ont formés le choeur des pleureuses autour du druide Raoult, et sermonné Macron et son Philippe sur ce qu'ils auraient dû faire. La gauche restait muette derrière une CGT grognon ; le populiste Mélenchon alla tâter le terrain auprès du docteur starlette de Marseille, et des musulmaniaques toujours voilés sur les réseaux sociaux, mais sans plus. Le clivage droite/gauche finit par s'exprimer plus nettement en vue du déconfinement du 11 mai. Artisans et petits commerçants, clientèle électorale de la droite classique et du RN, ruaient dans les brancards depuis un bon moment : « Ce confinement est une honte, nous voulons reprendre le travail », « nous sommes en larmes devant la faillite probable de la moitié d'entre nous ».
Stupeur lorsque l'on apprit que les enseignants (ces fainéants, dixit P.Praud) annoncèrent leur hostilité à une reprise du collier éducatif au milieu des milliers d'enfants infectiologues ! Ils ne font pourtant que rejoindre l'opposition muette de ces millions de prolétaires fainéants qui ne veulent pas reprendre le travail nosocomial sans matériel minimum de protection ni monter dans les wagons de la mort de la RATP et de la SNCF. Le clivage droite/gauche retrouvait ainsi ses fondements électoraux : à ma gauche les fonctionnaires fainéants avec garantie d'emploi à vie et ces salauds d'ouvriers qui veulent continuer à être payés à rien foutre, à ma droite la principale entreprise qui produit la « richesse nationale » sans compter ses heures, le secteur privé. La campagne électorale municipale a donc résisté aux affres de l'épidémie. Jamais on n'avait vu autant de doctes docteurs donner autant de détails stupides pour ne pas porter un masque chirurgical, inutile ; puisqu'ils l'expliquaient de toutes les manières imaginables. Un temps la police reçu consigne de mettre à l'ombre les promeneurs masqués et non membres du corps médical.
Pourquoi cette hâte à redéployer le ringard « paysage » politique bourgeois ? Ils n'ont pourtant pas eu le temps de bâtir une union nationale, un « gouvernement d'union nationale », comme en période de guerre classique où tous les partis bourgeois de droite et de gauche s'unissent pour envoyer le prolétariat au casse-pipe. Tout le monde l'a compris sans qu'un parti révolutionnaire vienne nous l'expliquer : pour redémarrer au plus vite « la production ». En effet, le monde capitaliste tout entier tremble depuis des semaines, gravement infecté par sa pandémie économique qui secoue ses bourses et frôle la castration. En ce début de printemps, les millions de chômeurs poussent comme des champignons et on se fiche du suicide de nombreux petits et moyens entrepreneurs.
La course poursuite pour l'Etat qui déconfinera le premier est sérieusement engagée, même au risque de bricoler les chiffres funèbres des Salomon de tous les pays. Le Capital ne rigole pas. Le principal pays gauchiste reste l'Allemagne dont la chaîne propagandiste vante tous les jours ses efforts « solitaires » pour accueillir les migrants, et surtout afficher son désespoir que les autres pays (vassaux économiques) ne veuillent pas se charger du reste de la misère migratoire. Tard concernée par le virus, la reine de l'Europe déconfite veille à faire croire qu'elle s'en sort mieux mais tremble autant que les autres en confinant la plupart de ses petits commerces.
Pour ce weekend de la mi-mars un spectre hante les médias gouvernementaux ici : ces cons d'ouvriers vont-ils encore persister dans leur droit de retrait ? Sur les plateaux de télévision, les experts économiques se succèdent pour peser le pour patronal et le contre des ploucs invisibles. Voire pour « relancer l'économie sans relancer la pandémie », comme l'ergote une oie blanche, ravie de son jeu de mot. Songez que l'équation est cruelle. Le confinement n'a servi à rien. Il eût fallu que toute la population (plutôt les banlieues pauvres et à boulot de merde) ait été contaminée dans les, disons 60%, disent les mathématiciens de la virologie véhémente et de l'infectiologie savante, pour qu'on puisse délivrer l'industrie capitaliste sans souci de deuxième vague. Fallait pas confiner aussi bêtement, disent d'autres...

CONCLUSION "française"

La bourgeoisie française est la seule au monde "des riches" à avoir aussi honteusement fliqué la population "confinée" mieux qu'au goulag avec de nouveaux ausweiss, où le flic borné fût d'abord le représentant du percepteur mais pas de la charité hospitalière; et nous qui nous ventons d'être évolués, peuple supérieur au monde, "libres d'esprit" et indépendants, avons accepté sans honte cette vilenie. Mais il y aura toujours plus minables que nous, les larves de BFMTV (cf. Macron le grand leader, aritcle de Daniel Schneidermann dans Libé). Ces larves de journalistes acceptent aussi l'humiliation des policiers et des pompiers en banlieue islamisée sans ou pendant la pandémie.
 Les 8000 morts des EPHAD sont mis en avant de façon exagérée; certes les gouvernementeurs assuraient qu'il fallait protéger "les plus fragiles d'entre nous", tout en les laissant s'infecter les uns les autres enfermés qu'ils étaient dans leurs mouroirs réceptacles à virus en mode confiné. On doit nuancer qu'il faut noter que les plus graves, en état déplorable (Alzheimer, jets d'excréments), sont morts de leur "belle mort", et, de source médicale sûre, se sont éteints sans cris et sans douleur. Par contre les morts "au front du travail" partout dans la classe ouvrière (par ex. les chauffeurs de bus à Londres), c'est aussi inadmissible que les accidents du travail..
La lourdeur administrative de l'Etat français (gouvernement + administrations diverses) est incommensurable, plus lourde et arriérée que celle de n'importe quel pays "sous-développé". Ce n'est pas simplement la faute à une politique libérale comme le lui reproche la gauche stalinienne, c'est en effet la tradition de la centralisation parisienne très hiérarchisée et coincée. Le mensonge éhonté sur les masques restera aussi honteux que l'affaire du sang contaminé. Toute une série de manquements au plus élémentaire bon sens ne seront pas oubliés à l'heure des comptes, certainement pas parlementaires. Un exemple ancien: depuis 3 mois une entreprise française a mis au point un test ultra-rapide, qui répond à l'urgence de l'inqualifiable inaptitude de la bureaucratie étatique française à se servir de ce moyen, il est en voie d''homologation". Entre-temps plusieurs pays se sont portés acquéreurs, et l'entreprise pourra répondre aux homologateurs bureaucrates qu'ils peuvent aller se faire… homologuer!

       « Le sentiment de déclassement de nombreux Français masquait une vérité que peu voulaient connaître: la cinquième ou sixième puissance économique mondiale est un pays déclassé. L’ancienne première puissance politique, économique, militaire et démographique occidentale (selon les domaines entre les XVIIe et XIXe siècles) est devenue une puissance moyenne. Soit. Mais la promesse faite aux Français d’un État protecteur, éducateur, visionnaire et architecte, en un mot stratège, dont les premières dépenses publiques au monde sont acceptées du fait de notre contrat social, est rabaissée au rang de gestionnaire endetté et dépassé. Si la tiers-mondisation parfois dénoncée est excessive, la France est revenue à sa condition de pays méditerranéen aux côtés de ses sœurs latines, l’Espagne et l’Italie, littéralement fauchées par la crise du coronavirus ». (Pierre Vermeren).


La même bureaucratie juridique se permet d'humilier en permanence sa propre police, dès que les paumés de banlieue islamisée provoquent un crash ou un accident grave, on annonce aussitôt qu'une enquête va être menée sur le comportement policier (ainsi pendant l'union pandémique où les cons ont continué à faire les cons, on les entendait, menaçants et insultants, crier aux flics en train de soigner un excité à moto qui s'était viandé: "tu vas le payer"!); la noria des réseaux asociaux comme les comiques de "Décolonial news" s'était ruée sur place avec permission de filmer avec portables les "crimes policiers", alors que les attroupements sont interdits. Le message victimaire de la magistrature gauchiste aux "paumés" est clair: "faites confiance à la justice bourgeoise et oubliez que vous êtes des laissés pour compte à la marge du prolétariat, et finalement aussi membres du prolétariat!".(*) C'est la politique de Marie-couche-toi-là d'une puissance déchue prête à tous les reniements pour ne pas être abandonnée par ses anciennes colonies (cf.https://www.cnews.fr/monde/2019-11-06/pierre-vermeren-il-y-un-melange-dignorance-de-naivetes-et-de-condescendance-dans). Osons croire que les pays déchus avec une bourgeoisie impuissante sont le terreau des futures révolutions, à condition qu'elles ne soient pas "nationalistes".

Plein de poncifs bureaucratiques ont volé en éclats: la centralisation à la française n'est plus qu'une croquemitaine, le fédéralisme en régime capitaliste une autre fable (la gonflante Allemagne ment aussi sur les chiffres et ne fait pas mieux, elle prévoit des millions de masques… pour le mois d'août), la protection des travailleurs aura été une farce ministérielle depuis le début, les bobos sont partis à la campagne avec un total mépris pour les prolétaires du 93 et de Bagneux, etc. L'union pandémique n'aura exhibé que la plus méprisable arrogance de l'élite bourgeoise pour ceux d'en bas, mais aura révélé aux yeux de tous l'incompétence congénitale des exploiteurs, et la nécessité de les renverser tôt ou tard de leur piédestal vermoulu.

(*)  Sur l'incident de Villeuve-la-Garenne, les racoleurs sous-politiques du NPA, après avoir soutenu la vente démocratique de la drogue, apportent un grossier soutien aux apaches (en capuches) qui doivent rester maîtres des quartiers pauvres, qu'ils renomment étrangement « de nombreux habitantEs de Villeneuve-la Garenne » (qui) se révoltaient contre les forces de police. Ces courageux confinés et cons finis saluent en plus les émeutes du dimanche soir : « révoltes (qui) éclataient dans plusieurs quartiers populaires d’Île-de-France (Saint-Denis, Fontenay-sous-Bois, Gennevilliers...) alors que le journaliste Taha Bouhafs était violemment interpellé par les forces de l’ordre ».  (NB: Taha Bouhafs est autant journaliste que ma grand-mère était CRS). 

     Pour aggraver son cas, la secte petite-bourgeoise d'une démagogie sans limite, mais dans la simple figuration, assimile quelques racailles - qui viennent jouer au père la morale - aux « habitants des quartiers populaires »,  et demande la dissolution de la police. On regrette qu'ils ne demandent pas aussi la dissolution du corps des pompiers, ce bras armé de lances d'incendie ! qui est régulièrement aussi la cible de leurs amis racistes islamistes et les trafiquants. En soutenant la voyoucratie barbare et écervelée la secte NPA a perdu toute dignité politique. Ce qui n'élimine pas le fait que des policiers peuvent se comporter comme des voyous, ni d'être d'anciens voyous. C'est en revanche anti-marxiste, et étranger à la conduite du mouvement ouvrier d'imaginer une solidarité entre prolétaires et lumpenprolétariat (mais le sujet est plus complexe et j'y reviendrai).


« Le lumpenproletariat, cette lie d'individus corrompus de toutes les classes, qui a son quartier général dans les grandes villes est, de tous les alliés possibles, le pire. Cette racaille est absolument vénale et impudente [...] Tout chef ouvrier qui emploie ces vagabonds comme défenseurs ou qui s'appuie sur eux prouve qu'il n'est qu'un traître au mouvement ». Engels 

« Le NPA apporte son soutien à toutes les victimes des violences policières et aux habitantEs des quartiers populaires qui se révoltent contre la police, bras armé d’un État autoritaire. Nous réclamons immédiatement : L'arrêt des amendes, Le désarmement de la police et la dissolution de la brigade anti-criminalité. »On présume que ces admirateurs de Bakounine espèrent ainsi épauler la LFI de Mélenchon comme « médiateur social » afin de garder la main sur décoloniaux et autres délirants, médiation radicale inversée dont l'Etat justement besoin pour entretenir ce genre de population dans le culte de la violence impuissante et l'anti-flic primaire. La fonction de ces trotskiens bien de chez nous, est donc de « réussir l'intégration » des inintégrables en leur vendant une indignation, certes outrancière et caricaturale, mais au moins pour les appâter à un esprit de justice électoraliste, jusqu'au moment où une partie des excités aura grandi dans sa tête et se sera aperçu que le NPA n'est qu'une bande de rigolos immatures qui appellent, en quelque sorte, au meurtre des policiers par la mafia des "quartiers populaires". Le spectacle de la mafia des apaches sert en même temps l'Etat en renvoyant au "besoin de sécurité" … mais sous le contrôle des mercenaires bourgeois. Le NPA contestataire et odieux sert à introniser un tel spectacle. 
LE GENIE « REVOLUTIONNAIRE » DE TRUMP
Le mot révolutionnaire ne veut rien dire et n'importe qui peut s'en accaparer, mais avec Trump je
le réutilise dans le sens provocateur et plus subtil politiquement qu'il n'y paraît. Si Macron a l'allure du dernier roi de France Louis-Philippe, roi bourgeois avec la petitesse d'esprit des rentiers, Trump figure assez bien un dernier Napoléon, III, parvenu et coureur de jupons. En 2017, j'avais nuancé ma comparaison :
« Trump n'est pas Napoléon III ni Bismarck. Les ouvriers américains n'ont rien à attendre de lui. S'il leur promet le plein emploi c'est pour mieux les ressouder à la Nation, ressouder la Nation c'est la préparer à la pleine guerre. Trump ne transgresse pas les lois de l'ordre bourgeois. Trump n'est pas plus immonde que ses contradicteurs de l'Alt Left et ses confrères de l'Alt Right, il veut par tous les moyens, même militaires, préserver et agrandir l'hégémonie américaine partout dans le monde ». (...) « Partout dans l'Occident "évolué", chefs d'Etat et caciques de la gauche bourgeoise traditionnelle ont mis en garde le nouveau et "imprévisible" maître du monde sur sa politique de fermeture à l'immigration. Après avoir été décrit des mois durant comme un clown "imprévisible", Trump est à présent qualifié d'incompétent manipulé - par le "léniniste" Bannon - selon les élites journalistiques de Washington et New-York. Du nom de ce conseiller politique issu de l'extrême droite américaine qui a déclaré être fier du qualificatif avec un mélange d'humour et d'amalgame outrancier: "Lénine voulait détruire l'Etat et c'est aussi mon objectif. Je veux tout mettre par terre et détruire l'establishment". En France, un abonné au soutien sans faille à Israël et à la diplomatie US, Alexandre Adler saluait l'intelligence de Trump : « ... Trump n'est ni dénué d'astuces ni dépourvu d'intelligence, il parvient, dans son déluge verbal à faire des propositions parfois de bon sens. Je ne suis ni totalement hostile à son protectionnisme, ni totalement opposé à son idée de se replier de théâtres d'opération dans lesquels la puissance américaine a été mal engagée ». J'ajoutais aussi : « Trump exprime la vraie nature de la bourgeoisie, qui n'est pas et ne sera jamais internationaliste malgré l'affichage de ses chants islamophiles et antiracistes; il exprime moins les couches populaires et à un niveau moindre les couches ouvrières qui ont commis un vote protestataire qu'un changement de cap obligé qui fait voler en éclat la notion de mondialisation, non pour un simple repli sur un soi national, mais pour une réorientation impérialiste ». Un sous-titre suivait : « COMMENT SERA LE MONDE EN 2020? » où je notais les prévisions de la CIA (une explosion du problème de l'immigration). CIA et Attali se sont donc gourrés en beauté sur tout. Moi-même j'étais loin d'imaginer une crise sanitaire. Je revenais cependant à ma comparaison avec Badinguet (Napoléon III) : « Le populisme de Trump s'apparente en effet plus à un bonapartisme bâtard (alliance virtuelle du Chef de la Nation et de la plèbe) qu'à ce concept vague et confusionniste de populisme agité par les élites politiques bourgeoises pour désigner comme proto-fasciste meilleur démagogue qu'eux. Trump peut toute.fois s'inspirer de la manière «  ouvriériste  » avec laquelle Badinguet soignait sa popularité, en se rendant dans les écoles, les hôpitaux et les casernes, mais aussi en province  ; et de sa manière de se jouer des institutions bourgeoises classiques  ; le 30  octobre 1849, Napoléon le petit se sentit suffisamment fort pour renvoyer son gouvernement et le remplacer par un autre, composé de parlementaires de moindre envergure, des «  seconds couteaux ».
Trump renvoie régulièrement tel ou tel ministre et ne s'en porte pas plus mal. L'insécurité de ses promus de l'establishment ravit ses fans. Macron en a pris de la graine en se moquant de son parti fantoche lors du vote pour la pension de veuvage, en rendant visite au pestiféré docteur Raoult, et en balayant d'un revers de manche le confinement éternel de 18 millions de retraités. Dans le chaos capitaliste, le chef suprême inspire plus confiance que la quincaillerie parlementaire et syndicale, parce qu'il peut trancher sans bla-bla assembléiste et sans délais bureaucratiques.
Les dernières décisions de l'empereur Trump tombe sous... le bon sens. Je recopie l'analyse du Huff Post  concernant le lâchage de cette outre vide l'OMS:
« Naturellement, le président américain, critiqué aux États-Unis pour sa gestion tardive de la pandémie, cherche des boucs émissaires, extérieurs comme l’OMS et intérieurs comme les gouverneurs démocrates des États les plus touchés. Par ailleurs cette décision s’inscrit dans la continuité du logiciel America First qui guide le président américain: unilatéralisme et nationalisme, utilisation sans tabou de l’arme économique pour appuyer la poursuite des intérêts américains. Le budget américain pour 2021 prévoyait déjà une baisse considérable du soutien américain à l’organisation. Donald Trump met le doigt brutalement sur des tabous et faux-semblants de l’ordre international. Mais il serait trop simple de se focaliser sur la méthode sans s’interroger sur le fond de la critique trumpienne. L’OMS n’a pas été exemplaire dans sa gestion de crise. Dans les premières semaines de l’épidémie, l’organisation a répété sans distance les éléments de langage de Beijing. Ainsi le 14 janvier, dans un tweet, l’OMS affirme «qu’il n’existe aucune preuve claire de transmission d’homme à homme». Le Dr Tedros a loué la réponse chinoise offrant, selon lui, «un nouveau standard» dans la lutte contre les épidémies, malgré l’opacité et les mensonges du régime chinois. Certes, les organisations internationales doivent, par définition, trouver un équilibre entre les intérêts des États qui les composent, en particulier les grandes puissances, mais la proximité entre la propagande chinoise et le langage officiel de l’organisation mérite débat ».
Les commentateurs s'accordent à noter que le repli nationaliste et protectionniste après la crise de 1929 a accéléré l’effondrement du système international déjà précaire issu de la fin de la Première Guerre mondiale. Basta le passé et la focalisation sur le soit disant imprévisible Trump, la crise des masques démasque en particulier l'incurie et surtout la soumission à l'impérialisme chinois de la bourgeoisie française.
La Chine, avec la nouvelle mise en place de la Route de la Soie ou de la Banque Asiatique de Développement, a créé ses propres rapports de dépendance avec ses partenaires, en dehors des institutions post 1945. Les Etats-Unis sont cependant complètement imbriqués dans les rapports commerciaux avec la Chine, laquelle était encore à la veille du coronakrach la locomotive de l'économie mondiale.  Au grand dam des deux impérialisme dominants, la crise sanitaire renforce déjà les appels de toutes les fractions bourgeoises nationales, en Europe, à un reflux de la globalisation, déjà alimenté par les diverses pleureuses écologiques, en faveur du rapatriement de certaines chaînes de production. Et par conséquent porter atteinte au profit chinois. Je n'ai là aussi qu'à recopier la presse économique :
« Le PIB chinois plonge de 6,8 % pour la première fois depuis quarante ans. Même pendant la crise financière de 2008 qui a frappé l’Occident, la Chine n’avait pas connu de récession. Pour la première fois depuis plus de quarante ans, la Chine a vu au premier trimestre 2020 son économie effectuer un grand bond en arrière. Le produit intérieur brut (PIB) a officiellement plongé de 6,8 %, comparé au premier trimestre de 2019, selon les données publiées, vendredi 17 avril, par le Bureau national de la statistique. Ce chiffre est historique. Même pendant la crise financière de 2008 qui a frappé l’Occident, la Chine n’avait pas connu de récession. A l’époque, grâce à son gigantesque plan de relance équivalent à 13 % de son PIB, elle avait même été l’une des principales locomotives de la reprise mondiale. Cette fois, que cela soit fondé ou non, une bonne partie des Occidentaux l’accusent au contraire d’être à l’origine de la pandémie et donc de cette crise mondiale, la plus grave depuis les années 1930. Survenue en pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis, cette crise pourrait être celle de trop".Autre conséquence : il n’est pas certain non plus que la Chine parvienne à mettre un terme cette année à la grande pauvreté, comme le président, Xi Jinping, s’y était engagé. Alors que des millions de diplômés vont rentrer sur le marché du travail dans les mois à venir, la situation de l’emploi est inquiétante".
Le fanion de la direction idéologique mondiale dans la tourmente de la pandémie d'un capitalisme décadent reste américain. Depuis le début de la crise engendrée par le Covid-19, Donald Trump n'a pas caché pas la motivation principale das Kapital: voir le continent US et son économie redémarrer au plus vite. Les quinze jours de confinement national conseillé (et non imposé) étant désormais passés, il est donc grand temps de rouvrir big America. Cela ne peut avoir lieu sans une mystification à vocation mondiale. Il n'est pas nécessaire d'être grand clerc depuis le début de la pandémie pour supputer ou voir venir des révoltes "globales", des émeutes ou une "prise d'armes". La terreur mondiale infusée par l'obsession permanente de la présence du virus et de la mort, incite tout naturellement les peuples et le prolétariat à penser à un renversement violent du système d'une façon ou d'une autre, avec le diable ou sas grand-mère. L'ennemi est et reste invisible. Pas pour Trump. Il a désigné la Chine, plus fort que Hitler désignant les juifs?
La mise en accusation du laboratoire de Wuhan a envahi les plateaux télé, avec exégèses et supputations diverses aussi farfelues les unes que les autres, et où les journalistes ont brillé par leur veulerie habituelle. Versant occidental ainsi qu'un vieux machin ex prix Nobel de la paix. Trump a été plus génial encore en apportant son soutien aux zozos qui manifestent "en armes" SVP, avec casquettes marqués "Trump" contre le déconfinement. On ne sait pas en général ici que le président
des Etats-Unis a moins de pouvoir qu'un président européen, et que si le fédéralisme américain est lamentable du point de vue sanitaire, il est excellent pour l'encadrement du prolétariat. Les figurants armés gomment ainsi face au monde entier, ou plutôt ridiculisent toute "insurrection armée", ou "prise d'arme", laquelle ne peut être considérée par conséquent que comme "grogne populiste" et "antidémocratique". Subtil le Trump qui laisse dire ses médias démocratiques outrés, mais se garde de remettre en cause le droit au port d’arme et des régions “en état de siège”, soutenant implicitement ses supporters nullement subversifs pour l'ordre capitaliste, contre l'injustice et l'oppression de leur gouverneur régional. Trump est toujours du côté de la plèbe contre l'élite ! En désignant la Chine et ses concurrents politiques, IL EXCUSE LE CAPITALISME.

« Plusieurs dizaines d’opposants à la quarantaine s’étaient en effet retrouvés jeudi devant le Capitole de Richmond, siège du gouvernement de l’État de Virginie où déjà 208 personnes sont mortes. La veille, environ 3000 personnes avaient manifesté en voiture à Lansing, la capitale de l’État du Michigan, qui compte près de 2000 décès, défiant le décret de confinement émis par la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer. Parmi les manifestants, des groupes portant des armes automatiques, des gilets pare-balles, agitant des drapeaux des États confédérés d’Amérique, des vêtements portant le nom de Trump et son slogan pour l’élection présidentielle de 2020. Des démonstrations de force qui contreviennent aux consignes de confinement et que le président s’est soigneusement abstenu de condamner. “Je pense qu’ils m’écoutent. Ils ont l’air d’être des manifestants qui m’aiment bien”, a-t-il commenté jeudi ».Des groupes portant armes automatiques et gilets pare-balles étaient mêlés aux familles venues protester contre les mesures jugées trop restrictives mises en place jusqu'au 30 avril. Ils fustigeaient notamment la fermeture des commerces considérés comme «non-essentiels», qui ont plongé propriétaires et salariés de ces magasins dans la crise. Deux plaintes ont été déposées contre la gouverneure, au motif que son décret violerait la Constitution. La gestion de la crise par Gretchen Whitmer est pourtant saluée par une majorité des habitants du Michigan, un Etat remporté de justesse par Donald Trump en 2016. Ailleurs dans le pays, des manifestations pour mettre fin au confinement ont eu lieu ces derniers jours en Caroline du Sud, dans le Kentucky ou dans l'Ohio. D'autres rassemblements sont prévus samedi à Concord (New Hampshire) et à Austin (Texas).Toujours est-il que chez le reste des Américains, l’ombre d’une seconde vague d’infections à l’automne fait craindre le pire. Aussi difficile soit la situation économique, avec 22 millions de personnes à avoir perdu leur emploi ou subi une baisse drastique de leur activité avec le confinement, un sondage Pew publié jeudi note en effet que la grande inquiétude pour deux tiers des habitants serait que la levée des différentes restrictions se fasse trop rapidement.
La révolte au Liban est autrement exemplaire et respectable1.

La vente aux particuliers (plus rapide) est une source très juteuse pour la bourgeoisie chinoise



NOTE

1Les contestataires étaient mobilisés sur la place Al-Nour, épicentre des manifestations à Tripoli (nord), alors que ces derniers mois le mouvement s’est essoufflé. Ils ont incendié des pneus et sont restés même après l’entrée en vigueur à 19H00, heure locale, d’un couvre-feu imposé par le gouvernement pour enrayer la propagation de la maladie du Covid-19. Les manifestants ont scandé des slogans dénonçant le gouvernement mais aussi les banques et le gouverneur de la Banque centrale. Rares étaient ceux qui avaient un masque sur la bouche. « On meurt de faim ou on meurt du corona ? », s’est par exemple plaint Karim, jeune homme de 24 ans qui fustige une hausse des prix. Le pays connaît depuis des mois sa pire crise économique depuis la fin de la guerre civile en 1990, marquée par une forte récession, une fonte des réserves en devises étrangères et une dépréciation de la monnaie nationale ayant entraîné une forte inflation. Le Liban croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit 170 % du PIB.

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