PAGES PROLETARIENNES

jeudi 21 février 2019

ALAIN FINKIELKRAUT CET ASSASSIN DE LA MEMOIRE


Benalla et Macron aux obsèques de Mme Knoll, victime d'un crime crapuleux et pas antisémite.
Dans cette même livraison, lire à la suite le texte de Claude Bitot: "notes sur les gilets jaunes"
(la photo ci-contre est de JLR)

Alain Finkielkraut n'a jamais tant souhaité que de rester une diva des médias. Le philosophe moderne est avant tout une starlette qui n'aime tant qu'être cité dans la presse pipole. Comment se fesse-t-il que l'ancien étudiant maoïste ait tant réussi à occuper régulièrement le vedettariat ? Comment a-t-il réussi au cours des si longues années écoulées à occuper le devant de l'actualité ? C'est ce que je vais vous révéler. Notons qu'il est curieux que la presse ne relève pas qu'il n'en est pas à ses premiers états de service. L'académicien qui sait si bien clamer juste une partie de la vérité dans tous les domaines pour faire surnager ses propres confusions, ses aigreurs contre la réelle invasion culturelle musulmaniaque sont toujours contrebalancées par son nationalisme israélien (il sera interdit désormais de dire sioniste). Plus que tout il aime la célébrité, il aime « se montrer » comme ce 16 avril 2016 où son éviction d'une place publique ne donna pourtant pas lieu à une immense protestation contre l'antisémitisme :

« Venu écouter les débats de la Nuit debout, Alain Finkielkraut a été invité à "se casser" de la place de la place de la République, samedi 16 avril 2016. Le philosophe est parti sous les insultes et les huées, mais pas avant d'avoir perdu son sang froid. Traité de "fachiste", Alain Finkielkraut a répliqué en traitant les militants de "fachos". "Gnagnagnagna, pauvre conne ! a-t-il ensuite hurlé à une femme. Des coups de latte, qu'il te faut !" Le philosophe, dont la colère a été filmée par une militante, s'est ensuite défendu : "Ça va, je me fais insulter, je peux répondre aussi. Je suis quand même un être humain, non ?"(cf. France info).

Venu tâter du gilet jaune, il se fait une fois de plus jeter. L'agression et les insultes sont certes minables, et ne relèvent pas forcément de l'antisémitisme mais de la guerre idéologique entre islamo-maniaques et sionistes. Pourquoi cette propension à venir s'exposer quitte à provoquer noise ? Le bonhomme est intéressant, séduisant, il gagne à être écouté même s'il dit une connerie sur deux. Le problème est qu'il est double, il peut dire une vérité mais noyée dans un discours faux. Son compère Ascolovitch, beaucoup plus faux et ambigu, quoique clairement méprisant du peuple, a bien vu cette dimension contradictoire de Finkielkraut :

« Si Finkielkraut montre «ce que la République permet à chacun», que prouvent alors ses agresseurs? Ils montrent, ces brutes, que la République a failli en éduquant son peuple et n’a empêché ni la haine, ni la bêtise. Son échec s’incarne quand illettrés, complotistes et braves gens fâchés manifestent, crient, cassent pour certains, agressent pour d'autres, et si laidement injurient.
(…) À cette aune, Finkielkraut et Macron se ressemblent, petits-bourgeois ayant caressé les livres et s’en étant construits, et que des populaces exècrent, qui reconnaissent l’ennemi. Ce cri connaît sa limite; les plus violents savent leur infériorité et en deviennent démunis, émouvants ».

Finkielkraut a l'air de contester tous les clichés les plus lamentables de l'islamo-gauchisme (et pour cause, en tant qu'ancien maoïste il sait la bêtise de la « cause du peuple »), tout en servant le pouvoir depuis sa chaire médiatique il se permet d'en montrer les limites idéologiques, ainsi le prétendue résurgence du fascisme des années 1930, il fait mouche :

« Cette analogie historique prétend nous éclairer: elle nous aveugle. Au lieu de lire le présent à la lumière du passé, elle en occulte la nouveauté inquiétante. Il n'y avait pas dans les années 1930 d'équivalent juif des brigades de la charia qui patrouillent aujourd'hui dans les rues de Wuppertal, la ville de Pina Bausch et du métro suspendu. Il n'y avait pas d'équivalent du noyautage islamiste de plusieurs écoles publiques à Birmingham. Il n'y avait pas d'équivalent de la contestation des cours d'histoire, de littérature ou de philosophie dans les lycées ou les collèges dits sensibles. Aucun élève alors n'aurait songé à opposer au professeur, qui faisait cours sur Flaubert, cette fin de non-recevoir: «Madame Bovary est contraire à ma religion.» (…) Il n'y avait pas, d'autre part, de charte de la diversité. On ne pratiquait pas la discrimination positive. Ne régnait pas non plus à l'université, dans les médias, dans les prétoires, cet antiracisme vigilant qui traque les mauvaises pensées des grands auteurs du patrimoine et qui sanctionne sous le nom de «dérapage» le moindre manquement au dogme du jour: l'égalité de tout avec tout ».

DE L'AFFAIRE DREYFUS A L'AFFAIRE BENALLA...

La surdétermination du rôle des juifs dans les affaires du monde est une mode cyclique de l'idéologie bourgeoise, et Finki est bien placé pour le savoir puisqu'il a été un des initiateurs d'une des plus grosses mystifications anti-marxistes de la fin du XX ème siècle autour de la dramatique question des chambres à gaz. Le grand Bordiga a dit un jour que le pire produit du fascisme c'est l'antifascisme, et cela reste vrai, profond et incontestable comme poison contre toute pensée rationnelle. L'affaire Dreyfus fût un complot ourdi par une camarilla de militaires qui, quoique l'affaire ait été finalement dénoncée, sans réhabilitation du capitaine, a servi à préparer l'union patriotique pour mener la classe ouvrière au casse-pipe mondial. Il est peu probable que l'affaire Benalla permette au général Macron de nous mener à une nouvelle guerre, tant il s'y est compromis et n'a même pas la respectabilité du capitaine Dreyfus.
Au lendemain de la quatorzième démonstration en gilet jaune, où un épisode secondaire - où Finki ne s'est pas fait cracher dessus comme lors d'une nuit debout - avait été immédiatement exhibé à la loupe - l'ensemble des médias, comme un seul homme, s'indigna : « «Juden», croix gammées, profanation: les actes antisémites se multiplient en France ».
Bousculade et insultes crypto-islamistes plus que fachos, sont méprisables certes, mais c'est l'extension à toute une autre série de même type d'insultes antisémites qui est immédiatement ajoutée à l'agression contre Finki, et cela révèle la duplicité du pouvoir, et qu'il n'a rien à foutre des juifs en général pas plus que de la classe ouvrière. J'ai travaillé pendant des années à Bagneux, banlieue à ghetto arabe, et je n'ai jamais vu effacé au plafond de certaines entrées de HLM l'inscription « mort aux juifs », que la municipalité « communiste » de cette ville ne s'est jamais soucié de faire immédiatement gommer ; et dieu sait s'il doit y en avoir un paquet des inscriptions aussi débiles sur les murs lézardés de tant de cités hors zone, dont aucun édile local ne se soucie. On nous promet d'effacer immédiatement sur le web, mais parce qu'il n'est pas nécessaire de bouger son cul de sa chaise.
Le pire produit des insultes antisémites c'est le gouvernement qui en fait la pub en long, en large et en travers. Plus il en fait état, plus des gamins ou des adultes pas finis vont s'ingénier à profaner tel cimetière, telle vitrine, telle salle de classe1. Je peux reprendre ici un commentaire anonyme largement partagé : « Macron promet des actes : “ décimer les dangereux Gilets Jaunes et réhabiliter Benalla “ ; Le résultat inévitable, c'est que l'antisémitisme va augmenter. BINGO! ». Les mille personnes qui ont trinqué avec Macron au CRIF n'auront été qu'une réunion d'hypocrites, concours d'indignation saoulant. Macron a fait un discours creux, il ne mettra pas plus fin à l'antisémitisme larvé et permanent sous le capitalisme qu'il ne permettra aux millions de prolétaires de vivre décemment. Durcir la lutte contre l'antisémitisme en y mêlant l'antisionisme, alors qu'il s'agit d'un simple nouvel éteignoir du mouvement gilets jaunes, dont on ne se souviendra dans quelques années que comme d'un mouvement finalement « entaché d'antisémitisme », comme tout le monde croit se souvenir que la profanation de Carpentras avait été organisée par Le Pen, alors qu'il s'est agi d'une duperie perverse du roi des politiciens Mitterrand. Macron n'a pas le choix, il est constitutionnellement impossible d'empêcher l'expression de la libre critique de la politique d'Israël, de la même manière que les français ou les étrangers peuvent critiquer la France, le comportement des français et la politique française. En revanche, la repression des injures et l'incitation à la haine sont déjà prévues par la loi. Il donne des arguments aux antisémites même si on est dans la politique de l'instant et le double langage sans effet, comme souvent avec lui. L'anti-sionisme complotiste est une idéologie de base des terroristes islamiques qui ont dépassé, en compétence si je puis dire, les vieux fachos dans ce domaine. Le patron du renseignement intérieur a énuméré un certain nombre de sectes de tarés « identitaires » et « néonazis » et enfin, de "petits groupes de type brigadiste et violent qui peuvent se constituer autour d'une personnalité charismatique". S'agissant de l'ultragauche, le patron du renseignement intérieur a affirmé que "sa capacité à faire dégénérer des manifestations, mais aussi à conduire des actions de nature plus clandestines n'est plus à démontrer" ; or cette ultra-gauche, généralement activistes écervelés qualifiés de black blocs, n'ont plus rien à voir avec cette notion que Finki a contribué il y a trente années à renvoyer aux oubliettes (j'y viens, j'y viens).
Intéressant ce patron policier. Les flics sont souvent au plus près de la question sociale. Il a reconnu lui que le danger vient beaucoup plus de l'islamisme (radical ou pas) que des vieilles chemises fachos. Les nouveaux antisémites sont plus souvent parmi les indigestes de la république et des musulmans pro-palestiniens et donc anti-israéliens. Comme le nombre de musulmans ne cesse d'augmenter en France, il est vraisemblable que le nombre d'actes antisémites n'ira pas en diminuant.

LE THERMIDOR DES GILETS JAUNES, UNE PERIODE DE REACTION INFAME?

Après l'échec d'une grève, voire plus largement d'une révolution, que se passe-t-il dans la tête des vaincus ? La joie de la solidarité, l'enthousiasme des lendemains qui chantent font place à la récrimination permanente, à la haine, donc à une claustration de la pensée. Le phénomène n'a jamais été étudié par historiens et sociologues, mais il mérite qu'on s'y arrête. L'échec rampant des gilets jaunes, avec leur longue présence hebdomadaire dans la rue, renvoie au moment de dépression lors des contre-révolutions : la classe vaincue ne reste pas indemne. Il est stupide de croire que le nazisme a vaincu en Allemagne en 1933 simplement à cause de la répression. Les avanies du bolchevisme y ont été pour une part responsables. Le massacre de Cronstadt et les premiers goulags n'ont pas rassuré la majorité des ouvriers allemands encore fortement syndiqués et électeurs d'une social-démocratie majoritaire encore à la veille de la prise du pouvoir par Hitler. Dans la lutte des classes le facteur économique devient par moments complètement secondaire : que vaut la revendication un peu nunuche du « pouvoir d'achat » mêlée à l'invraisemblable RIC quand le mouvement des GJ n'est plus que lamentation d'yeux crevés et nid de violence d'une poignée de tarés antisémites ? Dont beaucoup étaient d'ailleurs déjà présents au début (j'en avais viré un). Ils seront encore là demain, dans telle manifestation, telle grève, mais on ne doit pas leur accorder plus d'importance qu'ils n'en ont. Une autre starlette de médias, avocat de renom, tout en soutenant Macron, a fort bien expliqué que s'il fallait relever toutes les insultes sur les murs des chiottes publics - « Dupont est pédophile ou Durand cocu » – on n'en finirait pas, il vaut mieux effacer ou repeindre que perdre son temps à se fixer sur de lâches graffitis.
Les masses allemandes des années 1920-1930 n'ont pas été simplement effrayées par la répression de la soldatesque de l'Etat bourgeois, pas encore sous couleur nazie, mais aussi, de manière obsessionnelle, par les stupidités « communistes » : putschs répétés, embrigadement militaire, violences de rue autrement plus graves que celles de nos gilets jaunes2. De même le nazisme joue depuis 60 ans le rôle inverse. L'historien (réactionnaire) Furet soulignait que l’obsession du nazisme a dominé la tradition démocratique depuis un demi-siècle. Le sentiment d’effroi que procure cette expérience a formé le terreau de l’obsession antifasciste, en même temps que la meilleure de ses justifications. Mais il a été aussi, dès l’origine, instrumentalisé par un mouvement communiste en dégénérescence pris dans le carcan des replis nationaux en vue de la reprise de la guerre mondiale. L’antifascisme, définition purement négative, devenant la préparation d'un camp bourgeois dans la future guerre mondiale. L’obsession antifasciste depuis 1945 a ajouté à la gloriole de la victoire du « camp démocratique » un effet toujours néfaste pour toute révolte sociale d'ampleur: elle a rendu sinon impossible, du moins difficile, tout bilan sérieux de l'échec de la vague révolutionnaire des années 1920, effaçant des mémoires qu'elle n' était pas à mettre sur le même plan « totalitaire » que le fascisme.

Inculte politiquement et désireux de le rester le mouvement évanescent des gilets jaunes - qui aura été finalement l'envers anti-intellectualiste des Nuits debout, mais plus inquiétant socialement – se fiche de remettre à sa place la mystification de l'antifascisme. Moi pas. La querelle des historiens allemands sur l'histoire du nazisme a été assez intéressante, en marge des clichés des historiens bien pensants de la gauche caviar. En se repenchant dessus on peut voir que Nolte, étiqueté réactionnaire, disait de bien dérangeantes choses pour l'antifascisme au pouvoir partout dans le monde depuis des décennies. Nolte dit : le système libéral, par ce qu’il offre de contradictoire et d’indéfiniment ouvert sur l’avenir, a constitué la matrice des deux grandes idéologies de ce siècle (dernier). Comme le résume un commentateur : «Nolte avait pour thèse que le massacre racial des nazis était une réaction aux crimes des soviétiques. «L'archipel goulag n'était-il pas antérieur à Auschwitz?», demandait-il. Et il supposait qu'un lien logique et factuel pouvait exister entre le “massacre de classes” des bolchéviques et le “massacre racial” qu'ont commis ensuite les nazi ». En vérité, derrière le juif bouc-émissaire, Hitler privilégie la haine du bolchevisme, mais c’est en tant que produit final du monde bourgeois démocratique. L'historien français Furet pensait avec raison que Nolte insistait trop sur le caractère réactif du fascisme au communisme. Tout est toujours double en politique, et trouble. On oublie généralement que la montée du fascisme est une préparation à la guerre mondiale. Pas de guerre mondiale possible si le prolétariat persiste à vouloir en finir avec le capitalisme, il faut donc éliminer le prolétariat de la scène historique mais en s'en prenant de façon vicieuse à son représentant politique le plus visible, bien que déjà flageolant, le mouvement bolchevique, non pas en tant que porte-parole du prolétariat mais comme mouvement de juifs manipulant le prolétariat. C'est d'ailleurs à peu près le même schéma adopté par les énarques qui nous gouvernent : ne plus attaquer de front les gilets jaunes dans leur aspect forcément respectable et subversif de mouvement social contre la misère, mais en l'assimilant aux comploteurs juifs, pardon aux comploteurs fachos antisémites, islamistes et compagnie! Le tour est joué !
On n'ira ni vers le fascisme, ni une nouvelle bande à Baader comme je le présumais intérieurement, mais vers le dégoût plus grand encore de la « politique politicienne » et une abstention encore plus marquée aux « européennes », ce qui est aussi le but recherché par l'Etat macronien, car la mascarade antiraciste affaiblit à chaque tour le parti des incapables lepénistes. L'Etat laisse cependant comme os à ronger aux masses déconfites et désemparées des diverses familles gilets jaunes, l'antisémitisme, lequel peut en effet prospérer sous la rancoeur. Est-ce un hasard si celui-ci s'est développé après l'écrasement de la Commune de Paris ? Et si Mélenchon nous fait plus penser au général émotif Boulanger qu'à Chavez ? Les passions mauvaises ne surgissent-elles pas après un amour déçu ? Quoiqu'elles ne durent qu'un temps... Les causes de la défiance qui caractérise désormais la société française et en son sein la classe ouvrière toujours existante (et bien présente en nombre parmi les gilets jaunes) contrairement à ceux qui ont encore voulu la faire disparaître dans une improbable couche moyenne – sont destinées à durer, plus simplement produite par les attaques économiques du gouvernement, mais haussées par les questionnements « politiques » bien réels posés pour le mouvement des gilets jaunes ; lesquels ne disparaîtront pas tant qu'une amorce de réponse « de classe » ne pointera pas le bout de son nez.

UNE VIEILLE CONTRIBUTION PERMANENTE AU REVISIONNISME HISTORIQUE
effaceur du prolétariat

Nous y voilà, je vous l'avais promis, au moment qui permit au simple professeur Finkielkraut de se faire un nom et une place dans la place du pouvoir. Je recopie ici simplement ce que j'ai écrit en 1999 dans mon premier livre sur le fascisme (La réaction fasciste en Europe, sous le nom de Pierre Hempel).

… On trouve une autre interprétation, vicieuse et anticommuniste chez le dreyfusard Finkielkraut qui est chargé en 1982 par une maison d'édition proche du nouveau pouvoir « socialiste » de couler le milieu révolutionnaire en le faisant naître de la seule librairie de Pierre Guillaume et en ridiculisant les grands noms de la lutte contre le léninisme stalinisé : Pannekoek, Korsch, et Bordiga. Et qu'aucun groupe de ce milieu dit « ultra-gauche » n'a eue le réflexe de dénoncer, seule dénonciation visible et percutante celle de Louis Janover, 25 ans plus tard mais sans évoquer les dégâts de Finkielkraut. Janover montre bien qu'il s'est agi d'une campagne sournoise du sommet de l'Etat contre les « antiparlementaires » et ceux qui n'oublient pas le passé de massacreurs des partis de gauche, contrairement à leurs alliés électoraux gauchistes. En 1984, l'israélien, chef du mouvement sioniste en France, Simon Epstein, mettait en avant une idée que je partage complètement, à savoir la subtilité de la manipulation adaptée aux « marxistes » :
« La secte révisionniste en question, c'est l'école de gauche qui autour de Serge Thion nie la réalité des chambres à gaz et du génocide nazi, en des termes adaptés aux exigences du public intellectuel marxiste ou libertaire , et qui a pris la défense de Faurisson dont elle diffuse les thèses » (cf. L'antisémitisme français », ed. Belfond).

Dans « L'avenir d'une négation » (Seuil 1982), Finkielkraut écrit :

« Dès 1953, les abonnés de Socialisme ou Barbarie pouvaient lire dans les thèses du parti communiste international d'Italie (la secte de Bordiga) : « L'antifascisme a été le plus récent mensonge idéologique et politique derrière lequel le capitalisme a joué la carte de sa propre conservation de classe pendant la Seconde Guerre mondiale ». Pour ce discours de pierre que la Vieille Taupe cultive, le génocide est un événement en trop, une épine dans ma rose de la Raison prolétarienne, puisqu'il creuse entre le fasciste et le démocrate un abîmes infranchissable. Or, voici qu'un professeur lyonnais (Faurisson), obscur et solitaire, est en train de retirer cette épine (…) Il prouve que la monstruosité impossible n'a effectivement pas eu lieu (…) Ils 'savent' que les chambres à gaz sont un mythe, exactement comme Wilhem Liebknecht savait que Dreyfus était coupable.3 Auschwitz sert les desseins de l'ennemi : d'où leur ardeur à contester par tous les moyens, y compris les plus déshonnêtes, les preuves de sa réalité ».

Finkielkraut ne fait que recopier son maître Sternhell qui pourfend les extrêmes en les faisant équivaloir par le procédé du collage littéraire. L'épine de la coresponsabilité du capitalisme démocratique dans le massacre des juifs ce ne sont pas les négationnistes ni les petits intellectuels au service du parti socialiste qui l'ont retirée, car la plaie s'est encore infectée depuis au Kosovo par exemple, n'est-ce pas ?
Finkielkraut s'inspire de Sternhell en reprenant l'interprétation universaliste de l'Affaire Dreyfus pour tourner en dérision les leaders de la II ème Internationale W.Liebknecht et Guesde (en ignorant que le dreyfusard Jaurès avait initialement approuvé la condamnation) ; c'est la millième tentative de tourner en dérision « l'égoïste » lutte de classe et de lui opposer ce que j'appelle le judéocentrisme juif à prétention universaliste (qui caractérise les partisans de l'Etat français ou le soutien de celui d'Israël car, comme le reste de la population, les juifs en général ne sont pas tous des imbéciles (et les imbéciles ne sont pas tous juifs) ni inféodés à tel ou tel camp intégriste). Finkielkraut a beau jongler avec son habituelle rhétorique obscure , il ne peut cacher quel camp il aurait choisi pages 39-40 (sic!). Il dénonce la critique de l'antifascisme pour les révolutionnaires de l'époque, comme composante de « l'esprit munichois » (c'est à dire défaitiste et refusant la guerre à Hitler), tout en défendant toujours à sa manière ambiguë le stalinisme qui « a repoussé l'envahisseur nazi et contribué à la défaite d'Hitler »4 ; cette fable de la victoire décisive de l'ancien allié des nazis est la constante de tous les antifascistes (ignares...). Souvarine a expliqué comment à Stalingrad, les chars d'assaut fournis par l'armée américaine avaient été repeints aux couleurs soviétiques. Les médias de 1945, comme ceux de 1999, sont étrangement discrets sur les conditions de la « Victoire de Stalingrad ». mais en cherchant un peu la vérité, on la trouve :
« L'argent et les armes américaines soutenaient et la Grande Bretagne et l'Union soviétique. Chaque année, après 1942, les américain fournirent au Royaume Uni, en armements non payés, la valeur de 4,75 % du revenu national des Etats-Unis. En 1943-1944, le même système américain de prêt bail ajouta environ un sixième à la valeur du produit national de l'Union soviétique. Au moment le plus crucial de la guerre, la Grande Bretagne et l'Union soviétique étaient donc bien toutes deux bien plus dépendantes des Etats Unis qu'elles ne l'ont jamais admis ». (cf. Alan S.Milward in dictionnaire critique de Azéma et Bédarida). Il ne faut pas oublier d'ajouter cependant que la bourgeoisie américaine a laissé la Russie supporter seule le poids de la guerre sur le continent européen pendant trois ans, faisant sacrifier plus de 11 millions de prolétaires (manière versaillaise de se venger également de la peur d'Octobre 1917). Les pertes américaines sont de l'ordre de 300.000 victimes, nombre considérablement inférieur à la plupart des belligérants et moins inquiétant pour la paix sociale de l'autre côté de l'Atlantique ».

Voilà pour aujourd'hui, et on est bien loin de la petite diva Finkielkraut qui ne laissera dans l'histoire de la philo qu'un codicille « starlette histrionne ».

Qu'on me permette de citer enfin un extrait du beau texte de Janover, que je reproduisais in extenso.

« En 1981, avec l'élection de Mitterrand il fallait maintenir la référence en milieu intellectuel de gauche : l'antifascisme. En 1989, il faudra aussi compenser la perte du danger « communiste » par un retour au « danger fasciste » en conjonction avec l'historiographie américaine, la référence diabolique d'un « passé à ne pas revoir ». La querelle du révisionnisme, montée en mayonnaise vers la même époque, a trop bien servi à combattre la contradiction dénudante de la victoire des partisans du programme commun pour raser gratis. Le cercle des intellectuels de la gauche disparue autour du gourou Mitterrand se saisit de l'occasion pour liquider la mouvance ultra-gauche soixantehuitarde qui rappelle trop bien le rôle va-t-en guerre des socialistes et les saloperies des staliniens ».
Janover montre ensuite dans son pamphlet comment au milieu des années 1990, les ex-staliniens, les inquisiteurs Daeninckx et Gilles Perrault, tout en réglant des comptes entre eux : « s'affaireront à ridiculiser un milieu politique qui n'a cessé de rappeler le rôle accablant de la gauche. Avec les mêmes méthodes dénonciatrices d'un Vichinsky (plus c'est gros, mieux ça passe) ; tous les militants ou les ouvriers qui sont guéris de l'idéologie antifasciste « sont sommés de se soumettre et de se démettre de leurs idées s'ils veulent continuer d'exister » (cf. « Nuit et brouillard du révisionnisme, ed Paris-Méditerranée, 1996).






NOTES

1Sollicité par un collègue juif qui était muté à Drancy vers 2003, j'avais découvert sur le tableau de la salle des réunions, un long chapelet antisémite particulièrement bien écrit, sans fautes et vicelard. Le collègue était en larmes et impuissant. C'est moi qui avait effacé le message ordurier.
2Produit également de la classe ouvrière allemande désemparée , les « nationaux-bolcheviques » admiraient Staline... quand les ouvriers n'avaient plus que le choix de s'abstenir ou de voter NSDAP... vu que la contre-révolution c'était le parti socialiste au pouvoir qui avait fait mitrailler les ouvriers et assassiner Rosa Luxemburg (« la juive rouge ») et Karl Liebnecht).
3Les premières réactions des grands leaders de la II ème Internationale, de Liebcknecht comme de Jaurès, furent de douter, mais ils ont ensuite corrigé ce point de vue, et Finki est malhonnête d'omettre de le préciser.
4Sous l'ancien maoïste perce toujours le stalinien non repentant !

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