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jeudi 31 janvier 2019

LE MOUVEMENT PEUT-IL SE RELANCER DERRIERE ses blessés ?



« On rapatrie les égorgeurs français de Daech et dans le même temps, le gouvernement parle de "peste brune" pour décrire les Gilets Jaunes! » anonyme sur le web

Il en aura subi des coups ce pauvre mouvement des gilets jaunes, mais les pires sont venus de l'intérieur. Je me suis prononcé sur le réseau en soutien à Drouet en accord avec l'auteur du texte suivant, qui s'est bien évidemment fait couvrir d'insultes, troll, macronien, etc.

« Il est important de clarifier la situation à l’intérieur du mouvement gilets jaunes !
Une scission s’est produite et plusieurs figures connues, que je qualifierais de modérées, se sont écartées du mouvement ! Les radicalisés comme Drouet, Fly ryder et d’autres du même cercle en ont profité pour imposer leurs vues sur les méthodes et l’action que le mouvement doit avoir pour sa pérennité ! Je relève toute de suite que ce changement de cap initié par les radicalisés, les anarchistes violents n’a donné lieu à aucun débat interne ni aucune concertation ! Ce sont quelques personnages dont ceux que j’ai cité qui imposent leurs vues et circulez il n’y a rien à voir et à discuter ! Je l’écris, car il faut simplement le savoir ! Tous ceux qui ont encore une image idéalisée des contestataires spontanées et populaires de l’origine, en sont pour leur frais !
Ainsi fleurissent dans les pages Facebook contrôlés par les extrémistes des propositions de lutte de plus en plus radicales et l’obsession de la confrontation violente avec le pouvoir !
Ce sont ainsi : grève générale ,recours auprès de la cour internationale des droits de l’homme donc de l’onu ,plainte déposée contre le ministre de l’intérieur ,le président de la République ,et plus grave l’appel qui a été fait aux blacks blocks, organisation ultra violente de lutte urbaine , lors du dernier rassemblement à Paris mais aussi que les menaces de mort envers les personnes aux opinions divergentes, qui sont plus qu’intolérables ! Bien sûr il est légitime de se défendre contre les violences policières avérées, mais gardons raison ! Ces méthodes sont celles de groupes d’activistes anarchistes dument élaborées au sein d’un schéma plus vaste pour faire tomber le gouvernement et le président aux profits de partis prêt à les remplacer!

La conclusion c’est que d’un mouvement spontané contre l’iniquité de l’élite et la hausse des taxes le mouvement des gilets jaunes devient aujourd’hui l’instrument de partis qui sous traitent le sale boulot à cette organisation désincarnée de ces fondamentaux égalitaires et démocratiques !
Voilà donc ce qui faut savoir de l’évolution en cours, certains trouvent ça bien, c’est leur problème !
Par contre ,Je conseille a ceux qui ont un avis divergent de cette évolution et notamment à Jacline Mouraud et à Ingrid Levavasseur d’abandonner toutes références ou sigles Gilets jaunes dans leurs futures organisations car ce vocable sera en tous les cas décrédibilisé par les actions instrumentalisées par les partis politiques extrêmes !Pour ma part j’enlève ainsi toutes marques distinctives et références de ce mouvement sur ma page Facebook et je ne suis plus gilet jaune d’aujourd’hui malgré que je sois encore dans le cœur pour ses aspirations nobles initiales ».

Texte très lucide. Beaucoup ont plié bagages devant un tel flou et la chute du nombre de manifestants n'est pas dûe à la simple répression policière, certes ignoble et cruelle. Je ne suis pas d'accord avec la caractérisation des Drouet et Fly rider comme « radicalisés », le terme est accommodé à toutes les sauces et ne veut plus rien dire. Forfanterie conviendrait mieux encore que durcissement ; ces gens qui se prennent pour des commandantes ne disposent que de troupes très versatiles, hétéroclites et peu fiables. Ils sont l'expression opportuniste et sans tête de la petite bourgeoisie artisanale et entrepreuneuriale. Cela était flagrant avec Priscilla Ludosky, mais cela l'est devenu plus encore quand nos deux routiers barbus ont embrassé la cause pacifique et ringarde du RIC (vieille complainte de l'extrême droite pour une démocratie directe sous la dictature capitaliste). Indépendamment des habituels flots d'injures et autres onomatopées sur facebook, nous avons pu nous glisser et tenir quelques fois des discussions cohérentes au-dessus de la horde des groupies de Drouet et consorts.
Une entrée en scène du bâtard « apolitique » de l'auto-entreprenariat ?

Jean-Philippe Brunon, à la suite de l'article du Monde sur l'explosion du nombre d'auto-entrepreneurs, s'est livré à une analyse qui remettait en cause selon lui le marxisme « traditionnel », il écrivait :

« La critique de la valeur dissociation (approche marxienne et non marxiste) permet de mettre en relief les limites et contradictions internes du capitalisme, à savoir que pour produire de la valeur d'échange, pour des raisons de concurrence, il faut toujours moins de capital vivant (travail humain), et toujours davantage de capital mort (machines, robots, ordinateurs, IAs, ...), alors que le profit réel est dégagé seulement sur le surtravail humain, donc l'homme est toujours nécessaire pour le profit du capital, mais de moins en moins utile au procès de production.
Ce qui explique la fuite en avant dans le capital fictif qui est un pari (perdu d'avance) sur les profits futurs (crédit, spéculation, publicité, big data, ...), générant chômage massif, jobs précaires payés au lance pierre, bullshit jobs, crise permanente avec formation de bulles de capital fictif toujours plus grosses, destruction de l'environnement, monétisation des relations humaines, individualisme, …
Les nouveaux prolétaires sont auto exploités...Comme quoi la 3e révolution industrielle (depuis 1980 en gros) échappe à la grille de lecture du marxisme traditionnel (capital vs salariat qui fonctionnait encore durant la phase précédente, celle du compromis fordiste keynésien) toujours utilisée par nombre d'officines trotskistes, mais pas à la lutte des classes ».

Ce à quoi je répondais : « Cela ne remet pas en cause le marxisme mon cher, la classe ouvrière reste encore la majorité du prolétariat dans les pays développés, et les nouveaux prolétaires "auto exploités" font partie du prolétariat en général mais à tendance ...bobo comme le confirment les limites du mouvement des GJ . Le phénomène que tu décris est évident mais cela se déroule dans la cadre de la baisse tendancielle du taux de profit… où de fait le capitalisme ne peut plus être progressif pour l'humanité. Il te reste à expliquer le pourquoi de la guerre ». Jean-Philippe ajoutait :

« Je ne pense pas que l'auto entreprenariat soit négligeable dans les anciens centres du capitalisme, et il est en forte augmentation, précarisation...D'ailleurs Darmanin vient de se gargariser d'une augmentation record de la création d'entreprises, il oublie de dire que la plupart sont des auto entrepreneurs dont une majorité ne sort pas un SMIC et qu'en parallèle il y a un nombre également croissant de dépôts de bilan ».
Ce à quoi je répondis : « il n'est pas négligeable mais il n'aura jamais autant d'importance que le petit commerce a eu et a encore, et qu'on s'accorde sur sa taille ou pas, il faut convenir qu'il véhicule une idéologie pas du tout hostile au capitalisme mais pleine d'illusions sur sa réforme (cf le chiméRIC comme l'a si bien formulé mon camarade Vincent).
Vincent m'approuvait : « Oui et tout ceci est ultra nombriliste !. Comme le souligne Pierre Hempel l'autoentrepreunariat c'est une goutte d'eau dans le prolétariat mondial et ce ne sera jamais son avenir... Il faut au contraire revenir à Marx ». Nous convenions donc que ce statut, synonyme de création d’entreprise, est aussi devenu celui de la précarisation du monde du travail du possible petit patron en voie d'élévation au traditionnel salarié mal élevé, tout en renforçant la prégnance de l'idéologie individualiste petite bourgeoise anti-parti et anti-classe ouvrière. Les « nouveaux prolétaires », qui ne se reconnaissent pas comme tels, sont donc paradoxalement auto-exploités, ce qui explique qu'ils s'autodésignent.. individuellement, mutuellement en clans familiaux et sans consultation. L'apolitique de charbonnier maître chez soi et qui décide de toutes les affaires du monde entre le fromage et le dessert. La vieille politique proudhonienne !

ON SE RABIBOCHE LE TEMPS DU DEFILE DES GUEULES CASSEES

La PME (Priscilla, Maxime, Eric) se reconstitue à la veille de l'acte 12, avec la menace qui nous tétanise tous, que Fly rider quitte la France pour aller se faire tatouer ailleurs. Après les engueulades de couloir entre « familles » dont nous ne saurons jamais rien, alors qu'on eût aimé que Drouet nous les filme en caméra cachée comme lors de l'entrevue avec le ministre Rugy, voilà une rangée d'oignons, avec les blessés de circonstance qui vont meubler la tête du cortège samedi, acte 12, comme nos pitoyables unions syndicales de circonstances funèbres de jadis. Aussi tordu que les unions de façade syndicale un procédé qui ne va pas ramener la foule des grands jours...ou ponctuellement une ultime fois. Puisqu'on alterne entre comédie et tragédie depuis le début rappelons à notre PME les règles d'une pièce classique depuis le XVII ème siècle. Les actes sont d’ordinaire au nombre de cinq, les quatre premiers devant se terminer par un effet de suspense. On ne peut pas dire que le suspense a disparu avec les 11 actes précédents du mouvement mais constater qu'il y a eu beaucoup trop d'entractes, lesquels sont certes utiles à l’action dramatique. Il s’y déroule ce qu’il est impos­sible de représenter sur scène (batailles entre clans et partis, hospitalisations, bataille d'images avec le président mariole, etc.). L’entracte permet de dramatiser l’action (accéléra­tion, ellipse temporelle1). Les scènes rythment un acte, en marquant les entrées et les sorties des personnages. À côté des grandes manifestations où se déroulaient des moments forts de l’action, il existait des ronds-points de transition qui per­mettaient le passage d’une samedi à un autre.

La structure de la pièce gilet jaune - « Facho et bolcho vont en bateau » – et donc le dérou­lement de l’intrigue apolitique – répondait aux règles pré­cises, élaborées tout au long du XVIIe siècle.
  • la règle des trois unités
    • L’unité d’action est réalisée dans la comédie de rue et la tragédie des nombreux blessés lorsqu’on peut dégager une seule action principale contre la troupe des soudards playmobil que soutiennent éventuellement dès l’ex­position des actions spectaculaires des black blocs.
    • L’unité de temps préconise, pour renforcer l’inté­rêt dramatique, que l’action ne dépasse pas 24 heures de préférence le samedi.
    • L’unité de lieu. Se déduisant des deux unités pré­cédentes, elle recommande un décor du palais de l'Elysée pour la tragédie et d’intérieur bourgeois parlementaire ou de place publique pour la comédie.
  • la vraisemblance et la bienséance
    • Le respect de la vraisemblance répond au désir de rendre crédible ce qui se déroule à la télé au théâtre tous les soirs. Cette exigence est souvent incompatible avec la tragédie qui présente des êtres hors du commun, parce que vus sur les plateaux TV avec gilets de chantier.
    • La bienséance interdit de représenter les éborgnés et les handicapés à la télé afin de ne pas choquer le public. Elle se traduit par un langage de journaliste noble au service du gouvernement et de sa police, dans les tragédies surtout.

Le LIVE de Yannick Krommenacker

C'est ainsi que je vois apparaître soudain hier sur mon écran d'ordi en fin d'après-midi la conférence de la « famille Drouet ». Les « live » sont ainsi personnalisés, ainsi demain on pourra suivre le live de Dupont ou le live de Djamel, c'est comme la couleur des portables on peut choisir. Le live est filmé par le vidéaste alsacien qui est désormais associé semble-t-il à « la famille », qui a été pris pour cible délibérément, comme Jérôme, par un tir de flash ball (L'Etat bourgeois n'aime pas les vidéastes autonomes). C'est la conférence de presse de la « famille » en vue du samedi de l'acte 12, dédié aux blessés et mutilés, alors que, impulsif comme à son habitude, Drouet avait annoncé que ce serait pour son seul pote Jérôme. Sont assis à la table Drouet et Jérome, un gars qui fait l'introduction et un éborgné au nom de Franck. L'intervention la plus carrée et construite est celle de Jérôme Rodrigues. Il ne se contente pas de raconter les circonstances de sa blessure à l'oeil par le tir policier, comme le fera un peu trop longuement Franck2. L'ancien cadre commercial a du bagout, mieux que ses compères. Il argumente avec beaucoup de démagogie (pour « nos » enfants, pour un salaire décent), mais une critique virulente du gouvernement aussi dure que n'importe quelle guimauve syndicale. Aussi radical que Priscilla, il appelle la police à faire son travail avec les black blocs, à les arrêter avant qu'ils ne nuisent aux gilets jaunes ; ce qui est fort le café, car une manif sans casse personne n'en parle, et nombre de gilets jaunes étaient plutôt empathiques avec la casse risquée de certains black blocs (surtout des Porsche du 16 e) qui ne sont pas tous des policiers déguisés. Fort de sa blessure de guerre, et des diverses victimes instrumentalisées pour servir à la victoire finale du RIC, il se permet d'appeler au calme la manif prochaine comme s'il était le secrétaire général d'un syndicat millionnaire. Le vidéaste filme en amateur avec des angles stupides et des déplacements intempestifs qui ne permettent pas de suivre sérieusement la conférence, mais c'est la touche d'jeun, mal éduqué et nul en orthographe qui tient lieu de mode anti-système. Drouet est en général muet (comme Staline... à ses débuts). Il parle enfin à la fin dans un coin, interrogé sans doute par la télé russe :
  • c'est quoi vos revendications ?
  • Une hausse générale des salaires, la baisse des taxes et le RIC.

Tout est dit, c'est à dire rien. Au moins il n'est pas du côté de Le Pen (qui refuse la hausse des salaires pour ne pas pénaliser les petits patrons... GJ et a voté la loi anti-manif de la mafia macronienne). Tournant vers les ouvriers ? Du tout, lui aussi croit que les ouvriers n'existent plus. Il a appelé quelques jours avant à participer à la journée d'action CGT, le premier syndicat anti-prolétaire, qu'il a renommée sans honte « grève générale » (mais n'est pas Poutou qui veut). La tonalité ultra pacifiste des présentations au cours de cette conférence a confirmé que Eric avait dû se faire souffler dans les bronches en famille et hors caméra. Il n'y a que lui à ne pas se rappeler qu'il avait appelé «à un soulèvement sans précédent par tous les moyens utiles et nécessaires». Des propos jugés comme un «un appel à l'insurrection» par le castagneur de l'Intérieur, qui a souhaité que la justice poursuive le Lénine de papier. Le chauffeur routier ne se destine pourtant plus à être chauffard insurrectionnel,mais a fait cause commune avec Jérôme Rodrigues, pour l'auguste appel au calme à la troupe mexicaine, ci-dessus rappelé.

LA VRAIE PLATEFORME DES GILETS JAUNES ?

La discussion démocratique n'a jamais été le fort du mouvement dans la rue ou sur les réseaux, alors parade ou charade le contre « vrai débat » des gilets jaunes auto-promus directeurs de conscience ? Le débat gouvernemental n'intéresse personne, à part les retraités qui s'emmerdent, on ne débat pas avec les chefs des tabasseurs et de salauds qui visent les yeux de gens sans défense et sans protection. Le débat parallèle mis en place n'est pourtant pas à négliger. J'y participe sans illusions. Tout sera aussi filtré et censuré que dans la version gouvernementale, la modération se fera si les termes des propositions "tombent sous le coup de la loi", précisent les organisateurs.(je vous refile le résumé du Hufpost) Le risque, évidemment, c'est d'avoir de nombreux doublons. Mais l'outil permet normalement d'éviter cela en précisant à une personne souhaitant faire une proposition les autres sujets similaires déjà en ligne. Les équipes réfléchissent également à la possibilité de fusionner les propositions strictement similaires. Après cette première phrase, qui doit durer jusqu'au 3 mars, les organisateurs s'attelleront à une tâche difficile, peut-être la plus difficile de toutes: la synthèse des revendications. La synthèse, c'est l'élément décisif qui permet de juger de l'utilité d'une telle consultation. Elle doit être exhaustive et transparente.
N'ayant pas de moyens, les gilets jaunes à l'origine du vrai débat ont invité les chercheurs spécialistes de ces questions à les contacter pour produire une "synthèse digne de ce nom". Le site a également mis au point une cagnotte pour aider à payer la location d'un serveur informatique, notamment. Si cette étape, qui devrait durer jusqu'au 17 mars, est une réussite, viendra ensuite le temps de la création de "conférences citoyennes délibératives".
L'idée: organiser neuf conférences dans neuf villes (autant que de thématique) afin de discuter des propositions qui ont émergé lors de la consultation. Une fois toutes ces étapes effectuées, les résultats de la synthèse et de ces conférences seront rendus publics. "Chaque citoyen, à titre individuel ou dans un cadre collectif, pourra se saisir de la synthèse de ces résultats", expliquent les organisateurs. Encore une fois, par souci de transparence et de neutralité. Reste donc à voir si la fréquentation sera au rendez-vous et si le résultat sera à la hauteur des objectifs fixés par les organisateurs de ce "vrai débat".
J'ai tendance à penser qu'il sera aussi foireux que le débat contrôlé par le gouvernement, la face pile étant même plus capable de s'embourber dans la cacophonie et imbécillité du ric. De plateforme des gilets jaunes il peut y avoir oui, mais vraiment plate.

MANIFESTER POUR HONORER LES BLESSES, ET APRES ?

Après pas grand chose à se mettre sous la dent. Les GJ n'ont pas l'imagination bobo de 68, ils sont plutôt finalement très conformistes et moutonniers. Le stade suprême de leur revendication, formulée par leur porte parole auto-proclamé Jérôme est « un travail décent pour un salaire décent », quoique Jérôme ait déclaré que, comme tous les autres éborgnés, c'est le chômage qui l'attend lui, et un chômage pas décent pour tant d'autres. Une préoccupation pour les exclus du travail qui n'a pas spécialement motivée les divers porte paroles de la PME tout le long du truc.

Personne dans le prolétariat ne se sent concerné par le RIC des petits bourgeois entrepreneurs faussement novices en politique « apolitique », c'est la question économique qui reste prioritaire car le droit de parler et de délirer n'est pas encore interdit en France comme dans les dictatures islamiques. La question économique est avant tout sociale et pas juridique. C'est pourquoi les pâles théoriciens de la ridicule démocratie pour petits suisses nous font rigoler et portent ce RIC comme simple chrysanthème du mouvement.
Va-t-on retomber dans le train-train syndical des processions corporatives, des geignements de fonctionnaires, observer les négociations secrètes entre partenaires sociaux en éteignant la télé, se laisser appauvrir par les augmentations destinées à augmenter, les impôts à être péyés, les dettes à être remboursées ? Va-t-on se laisser assourdir à nouveau par les discoureurs politiciens et subir ces prochaines élections sans autre intérêt que de sponsoriser des délégués de l'Etat bourgeois, incontrôlables et méprisants ?
Les leçons du mouvement, son exigence de la transparence politique et sociale et la nécessité d'assumer la lutte sans intermédiaires, seront-elles dissoutes dans la monotonie de la vie quotidienne ?

L'Etat macronien a en tout cas pris ses dispositions pour mouiller la poudre, après la prime aux flics, dix milliards de prime unique, et une promesse de hausse des salaires des enseignants. Il navigue à vue cependant, une louche par ci, une louche par là. Macron obligé désormais de faire toujours ses rencontres en cachette du public non choisi et même des journalistes. Les exigences du capital en crise lui fouette le cul. Il n'a pas le choix, élu par le Capital et pour le Capital, il doit continuer à saigner la classe ouvrière, et celle-ci sait qu'elle ne pourra pas compter sur les gilets jaunes pour la remplacer ou la mener dans le combat inévitable qui se prépare à une autre échelle que la plainte contre les taxes ou une amélioration des farces électorales « démocratiques »


NOTES
1 « ellipse temporelle », également appelée « ellipse narrative ». Consiste à passer sous silence une période de temps, c'est-à-dire à ne pas en raconter les événements. Il s'agit donc d'une accélération du récit. L'ellipse est classique dans les médias, heureusement qu'on avait le web pour combler les trous de la censure journalistico-gouvernementale.

2C'est terrible pour un blessé grave mais en public faut faire bref au risque d'ennuyer, ce n'est pas un cabinet de consolation. Je me suis fait virer du site Gilets jaunes blessés, qui n'est qu'une litanie de plusieurs «( malheureux) handicapés à vie par la terreur policière, parce que je disais hola à la simple exposition des crimes gouvernementaux sur les corps, mais que l'on laisse la place à l'analyse et à la dénonciation de la violence étatique : c'est cela la bêtise de l'apolitisme aussi. J'ai signalé que l'étalage des « martyrs » sans analyses ni réflexion est la couverture et la seule illustration de tous les magazines terroristes. De réflexion politique point.

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