PAGES PROLETARIENNES

samedi 15 décembre 2018

UN MOUVEMENT QUI SE JOUE DE TANT DE PIEGES...


le mouvement enfin encadré par les syndicats (rêve de Macron)
« Les gilets jaunes n'ont pas de syndicats qui s'allongent au bout de deux jours ».
Un reporter

Suivi de Ma visite à la manifestation parisienne

L'échec permanent du complotisme gouvernemental et de son terrorisme social

5 ème descente sur les Champs Elysées ! Faut le faire. J'avais succombé à la terreur diffusée par l'Etat à la veille de la 4 ème, taxant même de lâches ceux qui y appelaient et en effet un certain nombre de porteurs du gilet jaune, poujadistes notoires, appelaient sans prendre de risque pour eux-mêmes et leur possible future carrière de député « en démarche ». Il faut bien considérer qu'il n'y a pas besoin d'appel pour qu'une foule, surtout ouvrière, débarque chaque samedi depuis un mois sans autorisation ni appel privilégié de celle-là ou celui-ci. C'est sidérant compte-tenu des gigantesques moyens mis en œuvre progressivement par l'Etat bourgeois d'abord affolé puis tranquillement installé dans la routine de l'ultra-violence policière (un millier de blessés à chaque fois et 6 éborgnés) avec ses obligés journalistes qui nous font pleurer à chaque fois sur la fatigue des brutes policières. Lorsque l'on raisonne sur la succession des événements il ne faut jamais oublier qu'on est en plein dans une crise politique et que l'Etat est bien assiégé, idéologiquement, et que la plupart de ses armes syndicales, journalistiques et politiques sont affaiblies ; ce qui explique ce recours assez déséspéré au terrorisme policier et à une violence sans précédent, même en comparant au gentil 68.

Jamais, même en 68 on n'avait autant pisté et arrêté préventivement des centaines de manifestants ; des cars entiers ont été empêchés d'arriver à Paris ; jamais on n'avait eu autant le culot de les dépouiller de leurs pancartes, des protections contre les gaz, à part les juifs à Auschwitz, et de leur casque de vélo pour atténuer les chocs sur le crâne. Au mépris de caste dominante on ajoute le devoir de se faire molester et traîner nus par des pandores armés d'armes létales et eux hyperprotégés. En province la militarisation de la répression n'avait jamais atteint un tel niveau ; à Toulouse deux véhicules blindés été envoyés. Dans les autres grandes villes de province les braves maires réclament aussi des blindés.
La veille l'ensemble des TV serviles nous avaient bourré d'émissions spéciales avec images de violence des actes précédents, annonçant à chaque fois une gradation de la violence... et du vandalisme des manifestants, jamais des flics ! On nous assenait avec certitude que le mouvement était divisé sur l'utilité de revenir chaque samedi à Paris d'autant plus que Macron avait quand même lâché du lest, qu'il avait été humble, que le dialogue pouvait s'engager, que l'opinion était en train de se retourner complètement. BFM la vicieuse avait même déniché dans les horribles quartiers nord de Marseille un groupe de cagoulards, mélange de noirs, d'arabes, de délinquants et de toutes les professions qui avaient décidé de se transformer en gilets jaunes. Ah le spectre macronien des années 1930 et la légende noire de la Cagoule (l'ultra droite de l'époque)1. C'était tellement théâtral et préfabriqué que c'était aussi incrédible que la nouvelle invention ministérielle de l'ultra droite. On pensait alors que l'accusation de complotisme se justifiait pleinement au vu des images de BFM, la chaîne la plus détestée de France.

Rien n'entame une détermination qui semble venir de nulle part, peut-être d'une classe semblent suggérer certains quand les termes « peuple d'en bas en colère » semblent encore fonder toutes les interprétations. Une colère qui, étrangement, dure.

Le plus frappant de cette force du mouvement est qu'il gagne à chaque fois la bataille des images. Les discours les plus serviles de la plupart des journalistes plaignant les cognes hyper-protégés contrastent avec la terrible violences contre les manifestants nus quand la même police laisse faire les casseurs de vitrines pendant des heures. Ces images de blindés et les discours des divers commis de gouvernement n'ont même pas besoin d'être contestées sur les plateaux – où il est strictement interdit de s'opposer à la gloire de la police sans cesse louangée – pour rester imprimées dans la mémoire des millions de prolétaires. Les manifestants ont été bien trop naïfs de tendre des fleurs aux brutes de la police d'un Etat bourgeois terroriste et cynique. Qui peut croire une seconde que des professionnels du tabassage des civils pourraient faire grève contre la main qui les nourrit ?

Bien plus frappant est l'indifférence des gilets jaunes à la comédie obscène jouée par Macron hier soir à Strasbourg dans la mise en scène de l'antiterrorisme triomphant avec sa rose blanche. Je m'attendais à ce qu'une nouvelle vague de commentaires déchaînés dénonce cette comédie « antiterroriste » comme lorsque l'attentat fût jugé comme « dérive complotiste », suscitant l'indignation calculée des larbins des TV2. Complotisme n'est pas tout à fait adéquat mais machiavélisme oui. A la suite de la piteuse rafle de centaines de policiers « hyper spécialisés » mais qui ont lambiné trois jours avant d'abattre le petit tueur de Strasbourg (caché dans une cabane de jardin), alors qu'il ne leur faut qu'une minute pour tabasser tout manifestant, Macron orchestrait sa nouvelle bataille d'images pour faire oublier sa fuite lors de l'épisode 33. Pendant des heures la télé d'Etat BFM filma le glorieux président, ébloui de la gloire de ses robocops, vaquer en se baignnat dans la foule, en serrant sans fin les louches des bobos du marché de Noël très contents de réaliser des selfies avec le petit santon de la victoire antiterroriste. Le prince s'attarde, fait risette aux épicières émues aux larmes de voir sur leur pas de porte le sauveur de Strasbourg. Le clou du spectacle, repiqué à Staline et Hitler, fut le long baiser à une petite fille en pleurs4. Par une curieuse rhétorique le flic Castaner croyait pouvoir profiter de l'image béate du peuple rassemblé dans la crèche de Noël avec son président pour stigmatiser les ingrats qui, demain, vont caillasser des héros5.

L'opinion a-t-elle versé des larmes d'émotion en voyant notre grand sauveur du terrorisme parader dans la fête du fric pas du tout chrétienne ? Les gilets jaunes pour leur part s'en contrefoutent. Sur les réseaux où je navigue, c'est comme si rien ne s'était passé à Strasbourg. Une « dérive » idéologique de plus de l'Etat et de l'histrion Macron, avec des meurtres inadmissibles certes mais non récupérables contre le mouvement d'insubordination sociale (meilleure qualification que celle de jacquerie quoique jusqu'à présent le mouvement ait été incapable de se doter de représentants « présentables »)6.

Après l'indifférence, le mépris, le terrorisme policier, les promesses de miettes (même les 100 euros promis pour le SMIC n'arriveraient qu'en juin 2019), la tentative de ficeler en parti politique, appels au calme de saltimbanques et des godillots macroniens, la permanente dénonciation du vandalisme (avec des flics si laxistes à l'égard des vandales) cette puissante et irréductible insubordination sociale allait-elle succomber à la noyade par l'étreinte baveuse des syndicats et des gauchistes, derniers remparts de l'ordre établi?

NOYER L'INSUBORDINATION SOUS LES POMPIERS SOCIAUX ?

On annonça que les gilets jaunes révoltés seraient rejoints par une quinzaine d'organisations de gauche, dont le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ou encore Droit au logement. Place de la République pourrait être un point de convergence de tous ces manifestants. Un groupe de «gilets jaunes» a déposé une déclaration pour s'y rassembler à partir de 14 heures tandis que ces quinze nouveaux venus ont fait savoir qu'ils s'y rendaient au même moment. Toutes sortes de comités gilets jaunes ont été inventés en banlieue par les résidus du PCF et de la CGT, on trouve aussi « un comité gilets jaunes antiraciste » avec d'autres comités « populaires ».
« Les mobilisations ne s'opposent pas. C'est bien qu'il y ait des actions collectives, des 'gilets jaunes', 'gilets rouges', 'gilets bleus', peu importe. Maintenant, il faut que ces actions puissent converger" » s'est exclamé le numéro un de la CGT Philippe Martinez juste avant de manifester à Paris, de la place de la République à la Nation, où la fin du cortège est arrivée hier vers 15h00. Les manifestants étaient 15.000 à Paris, selon la CGT, moins de 2000 selon la police7.

La CGT a même adopté la position syndicaliste révolutionnaire du CCI, déplacer la colère des ronds-points pour la calmer dans les ornières corporatives de l'entreprise :

« Qui est le plus content des mesures annoncées par le président de la République? Le Medef qui n'a rien à payer. [...] La meilleure façon d'agir, c'est évidemment ce que font les gilets jaunes mais c'est aussi de faire grève parce qu'il y a besoin qu'on hausse le ton" », a déclaré le bonze Philippe Martinez vendredi matin sur BFMTV, appelant les contestataires à déplacer leur mouvement dans les entreprises en faisant grève pendant la semaine »8. La maigre et pépère manifestation CGT du vendredi prétendait-elle éteindre le samedi noir du lendemain ou prendre les devants pour chauffer les encadreurs syndicaux, suivis comme toujours par les gueulards trotskiens, le jour suivant ? Cet appel totalement fictif à la ronflante grève générale et à des grèves invraisemblables pour l'heure en entreprises (toutes ou une...) montre bien que la grève n'est plus dangereuse mais une prison bien gardée par les flics syndicaux.

La Dépêche, journal régional débite même une fake news sans être contredit :

« Ce vendredi, alors que la CGT a appelé à la grève générale, une quinzaine d’organisations de gauche ont annoncé leur participation à la manifestation des Gilets jaunes prévue ce samedi, à partir de 14 heures, place de la république à Paris ».

On a du mal à croire que le vieux monde stalinien et syndical puisse prétendre servir de pompiers sociaux à Macron, quand les gilets ont obtenu bien plus de miettes que la CGT, même en lisant les soudaines descriptions dithyrambiques de l'Huma :

« L'exigence démocratique fleurit sur les ronds-points. Les barrages filtrants sont des mini-agoras où la parole se libère et où on se politise à la vitesse grand V. Ce bouillonnement démocratique à même l’asphalte permet de faire émerger des idées neuves pour refonder la République. « Représentons-nous nous-mêmes ! » et « inventons un nouveau modèle démocratique », voilà qui pourrait être le point de ralliement de l’ensemble des gilets jaunes ».

L'Huma convient que la CGT se fait blackbouler dans la plupart des barrages mais planche sur une solution « démocratique » et qui n'élimine pas la CGT :

« À Commercy, la CGT, qui était venue proposer son aide, a été gentiment éconduite par peur de la récupération, rapporte Claude… qui est lui-même syndiqué à la CGT. Mais il se dit rasséréné par ce mouvement où on parle à « des gens de toute sorte » sans exclusive, qu’ils votent FN ou plutôt à gauche, mais « toujours dans une relation extrêmement respectueuse. Les idées s’échangent, elles progressent, ce qu’on ne sentait pas avant », juge ce militant.
Et vu la crise de la démocratie représentative élective, complètement déligitimée, il est urgent d’entamer une transition sociale, écologique et démocratique, via un processus constituant. « Une espèce d’assemblée générale nationale, sur plusieurs mois, avec des citoyens tirés au sort pour imaginer un renouveau démocratique. C’est ça ou le risque, c’est de voir un scénario à l’italienne se produire en France. »

Un certain « Front social » assure avoir été le premier à avoir voulu « marcher sur l'Elysée » à une date antérieure mais ce sont bien eux aussi les sous-marins de la CGT qu'à l'Huma, fidèles aux méthodes staliniennes de trafic des dates et des événements9. On les voit mal cornaquer en fin de compte un mouvement qui leur est totalement étranger. Idem pour les syndicats gauchistes. L’appel de SUD rail et de Solidaires à rejoindre les gilets jaunes, ce samedi, simplifie les choses pour les soldats militants favorables au mouvement. Car depuis le 17 novembre et la première mobilisation jaune d’ampleur, la plupart des clans syndicaux n'étaient pas à l’aise, surtout en voyant le grand nombre d'ouvriers sans qualification10. Certaines fédérations font du prêt à porter en imaginant une grève illimitée qui n'aura jamais lieu dans leur corpo, comme FO transport routier ou la CGT spectacle si fournie en bobos intermittents aux salaires confortables comme un certain Kassoviz ou un comique qui n'a plus ri du tout lorsque les réseaux sociaux ont appelé à boycotter ses spectacles.

De son côté « Macron mise sur la concertation pour éteindre la contestation » (selon le Figaro) :

« Cinq jours après les premières réponses apportées par Emmanuel Macron pour tenter de résoudre la crise qui fait rage depuis plus d'un mois, le «débat national» qu'il a appelé de ses vœux doit être lancé ce samedi. Cette consultation, qui a été confiée à la présidente de la Commission nationale du débat public, Chantal Jouanno, doit durer jusqu'au 1er mars. Au total, quatre grands thèmes ont été retenus: transition écologique, fiscalité, services publics et débat démocratique
Résultat, les différents acteurs impliqués dans cette consultation se refilent la patate chaude. L'Élysée, qui est à l'origine du projet, renvoie vers Matignon, qui est chargé d'en piloter la mise en œuvre. Mais Matignon, qui ne souhaite pas déflorer les contours du débat avant son lancement officiel, renvoie de son côté vers Chantal Jouanno. Laquelle refuse de s'exprimer pour l'instant…
«On va passer du rond-point à la mairie», veut croire un proche du premier ministre. «Nous sommes dans une période de baisse des tensions. Mais le débat n'est pas épuisé», ajoute-t-on ».

La « concertation » se poursuit pourtant ce jour sous les matraques des flics dans la rue. Ce n'est pas bon augure pour un président toujours décrédibilisé et dont plusieurs classes de la société souhaitent ouvertement le départ. L'extinction de la « contestation » reste aussi peu probable tant par cette fable de concertation imaginaire de crânes d'oeuf que par la danse du ventre des syndicalistes et de leurs amis gauchistes. Même un nombre moindre de manifestants à Paris, qui sera pris pour une trêve ou un reflux.




notes



1Bien que la bande à Macron, Castaner et BFM complotent... Une légende sans doute soufflée à l'oreille de Macron par Terra Nova...Le démantèlement d’un réseau factieux anticommuniste, en 1937, a nourri à gauche la légende noire d’une République qui aurait été sauvée de justesse d’un péril fasciste. Entre complot et complotisme…la Cagoule avait davantage les traits d’une bande de Pieds nickelés que de SA à la française. (cf. Quand la cagoule perd son masque https://www.valeursactuelles.com/histoire/quand-la-cagoule-perd-son-masque-96567)

2J'en trouve quand même un qui dit ceci : « Il nous fait un pitch théatral 10 mn à la tv et ça y est il recommence sa com devant les forces de l'ordre à strasbourg, du bla bla, du théâtre comme il l'aime.Il devrait plutôt se poser les bonnes questions et penser à ces personnes victimes de ce multirécidiviste peu voire pas condamné qui aurait dû se trouver en prison depuis longtemps. Continue ta com, ton arrogance, ton cinéma, au lieu d'éradiquer tous ces étrangers radicalisés qui se promènent dans notre pays en toute impunité ».
3Il croyait apparaître comme le sauveur d'une patrie qu'il conchie ou tel l'archange De Gaulle en glorieux rétablisseur de l'ordre, ses flics avaient eu consigne de laisser saccager l'Arc de triomphe, mais tout s'était retourné contre lui avec en particulier ce cruel et humoristique tag : « les gilets jaunes triompheront ». J'écrivais après cet acte III : « A la déconvenue du nouveau piège éventé autour de l'Arc de triomphe s'ajouta l'erreur du despote croyant aller à la rencontre des vivas des riches, et qui se solda par une fuite en carrosse noir ».

4Même la presse ne peut s'empêcher de décrire, malgré elle, le ridicule de la prestation : « UN BAIN DE FOULE POUR FAIRE OUBLIER L'HUMILIATION A L'ARC DE TRIOMPHE : Une déambulation marquée par sa rencontre avec un enfant en pleurs qu'il a serré contre lui et longuement consolé. "Merci d'être venu, merci aux forces de l'ordre, je suis très heureuse d'avoir pu rouvrir le stand", lui a lancé une commerçante qui vend des friandises dans son chalet de bois. Plusieurs badauds lui ont demandé des selfies, qu'il a acceptés, dans une ambiance bon enfant et émue.

5Il avait déclaré : « "Hier soir, j'étais dans les rues de Strasbourg, j'ai vu le peuple de France applaudir nos policiers, j'ai vu les habitants saluer leur action exemplaire. Et demain, on va les caillasser? Cela, jamais je ne le tolérerai ». Outre que les flics spcialisés qui ont (bien fait) abattu le tueur ne sont pas de vulgaires CRS, on ne voit pas pourquoi de vulgaires cogneurs des grèves et des manifestations seraient élevés au rang de héros de la lutte antiterroriste !
6La plupart des porte voix des gilets jaunes qui ont défilés sur les plateaux, exceptés les témoignages bruts sur la misère, sont assez minables sans ce souci d'une représentation de bon niveau qu'on trouvait chez les Jacques : « On a là une constante dans l’histoire des mouvements populaires. Pour échapper à la stigmatisation de leur lutte, les révoltés choisissent toujours des leaders « respectables » et capables de dire tout haut ce que le peuple pense tout bas. D’autres exemples, plus tardifs, confirment l’importance du langage dans l’interprétation des luttes populaires. Par exemple, le soulèvement qui agita tout le Périgord au début du XVIIe siècle fut désigné par les élites comme le soulèvement des « croquants » ; terme que récusèrent les paysans et les artisans en se présentant eux mêmes comme les gens du « commun », Ce fut l’un des points de départ des usages populaires du terme « commune » qui fut repris en 1870-71, à Paris, par les « Communards ». https://noiriel.wordpress.com/2018/11/21/les-gilets-jaunes-et-les-lecons-de-lhistoire/?fbclid=IwAR0_PJiZW0wOC89coqmETCeTqXEYGrQuVPfWSU7L2x9XDcA-iY01EM-sZ4c Le premier conseil ouvrier en 1905 en Russie avait élu un avocat pour représenter les ouvriers.

7Voici comment était libellé l'appel, on notera qu'on n'appelle plus les travailleurs à manifester mais « les français » : « Le syndicat CGT appelle les français à une «grande journée d’actions» au niveau national le vendredi 14 décembre 2018.
Les revendications concernent le pouvoir d'achat.
Appel aux salariés, travailleurs en lutte, syndicalistes, jeunes, étudiants, chômeurs, retraités, écolos, travailleurs sans papier… pour se retrouver tous ensemble dans les deux manifestations à venir vendredi 14 décembre et samedi 15 décembre à Paris et d’autres villes de France.
Tous ensemble, on va gagner !
VENDREDI 14 DÉCEMBREParis – Rdv 12h30 place de la République
SAMEDI 15 DÉCEMBREParis – Rdv à 10h30 Place de l’Hôtel de Ville
8Rappelons le rejet initial sur les mêmes bases que le gauchisme mondialiste : « Dans un premier temps, la CGT s'est tenue à l'écart du mouvement, se méfiant de la présence de militants d'extrême droite et d'un discours anti-taxes. "Impossible d'imaginer la CGT défiler à côté du Front national", avait tonné Philippe Martinez qui a, une nouvelle fois, dénoncé ce vendredi les slogans et actions visant les migrants chez certains gilets jaunes  ».

9« Lors de sa rencontre nationale du 10 novembre, le Front Social avait prévu de manifester de l’Élysée au Medef le samedi 15 décembre. Depuis, la colère déterminée et justifiée des Gilets jaunes contre l’injustice sociale, fiscale et dans de nombreux endroits, écologiques, a bousculé tous les calendriers militants. Depuis un mois, des militants du Front Social et des collectifs locaux, fidèles à leur conviction de la nécessité d’une convergence ont milité aux côtés des gilets jaunes. Le Front Social, pour cet Acte V, appelle à participer aux départs de manifestations des organisations syndicales qui le composent  dans le but de CONVERGER  DANS L’UNITÉ  ET DE FAIRE FRONT SOCIAL avec les GILETS JAUNES.
Départ  des Secteurs en lutte et de Solidaires : 10 H gare Saint-Lazare
Départ de la CGT : 10 h 30 Hôtel de Ville Convergence vers l’Élysée avec les gilets jaunes
S’UNIR POUR NE PLUS SUBIR, C’EST  MAINTENANT ».

10Assez semblables aux IWW américains des années 30 et aux ouvriers allemands du KAPD en 1920.

MA VISITE A LA MANIFESTATION PARISIENNE


Le centre d'intérêt devait être la place de l'Opéra comme je le présumai après avoir observé les écrans de TV. J'avais fait un long détour à pied depuis les Halles en passant par la porte Saint Denis. 
Parvenu au boulevard des Capucines je vis que les camions de la gendarmerie coupaient l'avenue et des gilets jaunes en grappes en train de tarabuster les flics.
Aux alentours, les discussions se mènent facilement mais c'est pas dans le genre approfondissement. Chacun dit de quelle région il vient et vous sert une anecdote. Parmi les passants il y a un évident intérêt. Ce qui m'intéresse ce sont ces jeunes gens avec des collants signé Lutte ouvrière. Je commence par les charrier :

  • hé t'étais pas né que j'étais à LO... en 1972.
  • ah bon !
Sur le mouvement ils sont plus dubitatifs que moi :
  • ouais c'est une majorité d'ouvriers qui protestent contre la baisse du niveau de vie, mais 68 c'est quand même neuf millions en grève !
  • Bien sûr mais pépères et très éloignés en général du romantisme étudiant, et on ne parlait pas de renverser l'Etat comme maintenant... la crise est plus grave aujourd'hui...
  • sur ce dernier point ils étaient d'accord mais pas avec mon idée que la grève syndicale ne sert plus à rien.
Nous voyons passer de vieilles motos avec chacune deux flics dessus, je crie « c'est encore les voligeurs ». Décidément l'Etat aura ressorti tout le vieux matos. Je me rappelle fort bien avoir vu ces motos le soir de la manif où Malik Oussekine avait été battu à mort. La fonction de ces engins était de poursuivre les manifestants sur les trottoirs, le flic à l'arrière, armé de sa matraque, n'avait plus qu'à frapper au vol. Tiens tiens on nous avait dit que ces engins étaient interdits d'utilisation depuis la mort de Malik. Faut jamais croire une parole d'Etat. Et avec, en mains, pire que la matraque, un flash-ball.

Une jeune fille de LO m'aide à enfiler mon gilet jaune et je pars traverser un cordon de CRS qui ne me fouillent pas. Devant moi marche le célèbre Eric entouré de ses potes, les gens le saluent ou crient « Eric Eric bravo ! ».

La place de l'Opéra elle est toujours là, avec ses réverbères. Je reconnais toujours celui sur lequel j'étais monté le 23 mars 1979 pour haranguer en vain les ouvriers de Longwy. Elle est clairsemée de gilets jaunes qui ont tendance à s'agglutiner contre les forces de l'ordre barrant chaque avenue. C'est un traquenard, je ne sais pas encore si je pourrais en ressortir, mais des gilets jaunes boulevard des Capucines nous avaient rassuré en disant que les flics laissaient couler aujourd'hui.

Je m'approche de la rangée des magnifiques chevaux. Un camarade est en train de soutenir au pandore juché sur son cheval qu'ils n'ont pas le droit d'empêcher de manifester, ce dernier lui répond qu'il n'y a pas eu de demande de manifestation officielle. Le même genre d'interpellation qui se répète d'un endroit à l'autre. Moi c'est le sort des chevaux qui m'inquiète et je questionne le pandore :
- vous n'avez même pas prévu un masque pour votre animal ?
  • aucun problème, les chiens et les chevaux sont immunisés contre les gaz lacrymogènes, me répond-il aimablement.

Un groupe déjà aviné s'est enhardi et s'est porté à mes côtés. L'un d'eux se met à tenir un langage grossier à l'égard du policier qui se tait désormais. Je me mets en colère et je lui demande de cesser ses insultes. Désarçonné l'autre se reprend :
  • non je disais pas ça pour lui mais pour l'enculé de Macron.
Je m'éloigne pour me diriger vers les marches de l'Opéra où la foule est plus compacte. Contre les grilles Maxime la casquette à l'envers et Priscilla sont interviewés. Priscilla me navre :
  • on est pourri de taxes...
Je pense que ces petites vedettes sont décidément bien insignifiantes et représentatives du manque de cervelle de ce mouvement. Pire j'entends deux ou trois zigotos qui naviguent entre les gens avec de grands panonceaux « RIC » faire de la pub pour cette ânerie et entrer en grande conversation sur la citoyenneté. Ils veulent une révolution par référendum ces pitres. On entend une voix crier: "ça va partir en vrille!". Je cherche en vain d'où elle provenait. Depuis le haut des marches on n'aperçoit que deux ou trois pancartes d'un humour lourd et une autre pour le « RIC ». Je décide de rentrer dans mes pénates soigner mes pieds.

Il ne se sera rien passé d'intéressant à Paris aujourd'hui. A République on n'a point vu les 150 organisations de gauche prévues ni d'embrassades géantes avec les gilets jaunes. Place de l'Opéra deux ou trois badges CGT et un fanion seulement. Pourtant en province ça a bardé et ils ont été très nombreux dans les grandes métropoles à confronter la police. Je comprends que l'impact de l'attentat de Strasbourg en ait refroidi certains pour faire le voyage à Paris et aussi le manque d'argent pour d'autres. Les casseurs ne sont pas venus car la foule n'était pas assez vaste pour les cacher. Il y a aussi des questions à clarifier pour continuer, sachant que ce n'était que le début des attaques-réformes et que les questions économiques ne peuvent être enterrées sous cette démagogie citoyenne du RIC. Si les animateurs n'éclaircissent pas ce point, ils ouvriront la tombe au mouvement. Ce référendum d'initiative populaire n'est qu'un nouveau cheval de Troie non pas de la seule extrême-droite mais possible planche de salut pour la haute bourgeoisie qui a compris via l'OBS: "il faut que la politique reprenne du terrain. Les "gilets jaunes", aussi divers, aussi confus soient-ils, réclament leur part de citoyenneté. A nous de la leur apporter dans le cadre de la démocratie. IL faut que la foule des barricades redevienne peuple" (L'OBS du 13 au 19 déc 2018, p.44). Le RIC une vieille idéologie à dormir debout? C'est ce qu'on verra dans mon prochain article.


Elles n'ont pas attrapé une pneumonie au moins?

vendredi 14 décembre 2018

SI LE MOUVEMENT DES GILETS JAUNES DEVIENT UN PARTI ELECTORAL IL EST FOUTU


« Il faut que l'individu soit arrêté et jugé dans les meilleures conditions ».
Philou (Premier ministre)
« Évidemment, les organisations révolutionnaires marxistes sont aussi la cible de cette propagande contre le “péril révolutionnaire” (qui n’est pas du tout imminent !) »1. R.I.

Maintenant que le tueur Cherif Chekatt a été trucidé à son tour par la police, les éloges peuvent pleuvoir sur les flics toutes catégories confondues. On avait mobilisé les polices d'Allemagne et de Suisse. Des centaines de flics hyper-spécialisés paradaient partout sans être fichus de le trouver rapidement malgré des moyens qu'on disait exceptionnel. La police est tellement plus efficace lorsqu'il s'agit d'ôter des masques en papier à des centaines de manifestants qui ne se cachent pas. On le chercha Outre Rhin mais aussi à Paris. Il était resté à proximité de son quartier malfamé, errant comme un clodo sous une capuche. On lui supposait des complices nombreux, voire la communauté arabe de Strasbourg. Daech tardait à le féliciter. Daech ne félicite ses soit disant soldats qu'une fois morts. Les félicitations vont durer au moins jusqu'à samedi. Les journalistes pourront amplifier les soupirs de soulagement du prince, car il n'aura plus « deux fronts à gérer ». Pourtant l'argument terroriste du terrorisme était venu relayer les appels à la trève sociale, parce que les policiers étaient fatigués et puis ne risquait-on pas de voir le tueur revenir tirer parmi les gilets jaunes au cours de leurs manifs comme le suggéra un plumitif ? Hein ! Et après comment voulez-vous que la police protège bien les manifestants ?

Du coup les appels incessants du vieux monde politique à la trève sociale, oublions ces pauvres syndicats à la parole si démonétisée, « pour lutter (uni) contre le terrorisme », font partie des dérives, pour ne pas dire esquives inutiles2. Pendant deux jours on avait dénoncé férocement le « complotisme » des gilets jaunes, déplorant le manque de souci « d'unité nationale », une telle unité si importante pour ne pas fragiliser les forces de l'ordre (si épuisées) qui pourtant n'avaient pas hésité à fragiliser les crânes, les yeux et les visages des manifestants pacifiques3. Le succès du « complotisme » sur les réseaux était devenu plus outrancier que les meurtres du truand en cavale. Sur LCI les journalistes étaient les plus acharnés à criminaliser les gilets jaunes4 : « N'y a-t-il aucun moyen de lutter contre cette propagande complotiste ? Ne peut-on pas les condamner ? ». L'unité nationale (dans l'impuissance face à l'ogre américain) avait été figurée par la table ronde entre le ministre Lemaire et des syndicalistes dont Poutou dans l'espoir hypothétique de sauver l'usine Ford de Blanquefort; le NPA avec LO croient malin d'appeler à une conjonction des luttes sous les ordres des faux-culs syndicaux, ils ne risquent pas de trouver l'oreille des gilets jaunes, même s'ils enfilent à leur tour un gilet jaune.

Experts comme toutous macroniens se succédaient pour trouver donc ces gilets « révisionnistes », "impardonnables", « écoeurants », « ignobles »... Chaque journaliste femme qui succédait à une collègue femme – les femmes président les plateaux en général pour redonner une place centrale à la femme moderne – avec le même air sévère : « M'enfin les gilets devraient déclarer au prélable leurs manifestations ! ». Les députés de gauche venaient eux aussi déplorer la fatigue des policiers mais personne ne s'inquiétait de la fatigue des manifestants après tant de samedis émeutiers et de tabassages policiers... éreintants. Globalement les dégâts humains ont été limités. Il faut être en haut du balacon comme le CCI pour comparer les braves lycéens casseurs de Mantes la jolie aux communards massacrés à genoux; quoique ces lycéens excités nuisent aux dealers. La dramatisation romantique pour se montrer « radicalement » à la hauteur du mouvement en le traitant de petite bière est à la fois ridicule et un mensonge historique : les lycéens de Mantes la joilie ne sont pas les enfants des communards mais des banlieues larguées et plus possibles adeptes des black blocs que de la méthode de blocage des ouvriers paupérisés de province.

« NOTRE AMBITION TRANSFORMATRICE EST INTACTE » (Griveaux)

Le gouvernement ne se prononçait toujours pas pour déconseiller la manif de l'Acte V ni pour l'interdire, car il ne peut en tout cas pas l'interdire en l'état actuel du rapport de force entre les classes. Le porte parole gouvernemental rapporta les paroles bénites du maître : « il faut faire preuve de beaucoup de caractère, s'y incluant lui-même (sic), faire tous un effort sur nous-même avec humilité et efficacité ». Griveaux baissa ensuite la tête... avec humilité.
Sur les plateaux on subissait non plus les experts en mouvements sociaux mais les experts en terrorisme, qui radotent généralement les mêmes banalités et inepties. De la droite à la gauche du vieux monde politicien, après la série de meurtres du cinglé5, on appela à un deuil national mais surtout à la reconnaisance infinie envers la police, dont toute l'armada était pourtant encore dans la choucroute. Deuil rimait avec apaisement social. On priait pour que les prochaines manifs soient ficelées comme les traditionnels défilés pantouflards CGT, avec ballons et ballots, services d'ordre et sens de la marche au pas cadencé du « tous ensemble ».
La journaliste noire de LCI posait avec entêtement la même question « orientée » à tout syndicaliste flic ou gilet jaune en plateau : « N'est-ce pas qu'il est irrresponsable de la part des gilets jaunes de vouloir continuer le mouvement ? ». Il était plaisant d'entendre cette chaîne (du pouvoir) reprocher une irresponsabilité, qui est désobéissance, alors dès la première heure de la traque ses journalistes, fouilleurs de merde, passaient leur temps à téléphoner aux voisins de Checkatt pour leur demander leur adresse précise de la même façon que ceux de BFM, totalement débiles déclaraient à l'antenne qu'il y avait un noir qui avait planqué des gens dans le coffre-fort du magasin casher  porte de Vincennes; heureusement une femme eût le réflexe de répondre aux irresponsables de LCI: "ça va pas la tête!".
Une bourgeoise de LREM ajoutait : « ça suffit, ne leur a-t-on pas déjà assez donné ? ». La journaliste en remettait une couche face à tout nouvel interlocuteur : « Faut-il faire cesser les gilets jaunes ? Ne devrait-on pas les obliger à déclarer leurs manifestations en Préfecture pour les sécuriser ?
On apprenait que contrairement à ce qui avait été annoncé mercredi, l'immigration, sujet plus explosif que l'identité nationale, ne sera pas un thème à part du débat national lancé par Emmanuel Macron après la crise des «gilets jaunes». Elle sera intégrée à la thématique «démocratie et citoyenneté», après des critiques de la gauche antiraciste et de certains godillots LaREM; l'aile petite bourgeoise des gilets restant en outre très intéressée par la fable de la citoyenneté pour mieux annihiler toute autonomie de la classe ouvrière qui reste la plus menacée par les attaques capitalistes. Lorsque l'on parle citoyenneté, en agitant le drapeau national, on oublie les "réformes", on prend l'ombre pour la proie.

LA FEMME DE MENAGE N'EST PAS ENCORE PRETE A GERER L'ETAT MAIS PEUT-ETRE A DEVENIR DEPUTEE ...

"Les personnes" qui se sont jusqu'ici mobilisées à travers la France "manifesteront samedi", a Maxime Nicolle (casquette de travers), lors d'un point presse symboliquement organisé devant la salle du jeu de Paume à Versailles (Yvelines), un des hauts lieux de la révolution de 1789 ; faut-il croire que ces leaders qui ne veulent pas être leaders mais qui se comportent quand même en leaders n'ont été au collège que jusqu'en classe de troisième, ce qui expliquerait par exemple qu'ils ne savent point qu'il y a eu d'autres révolutions que celle de 1789, et notamment une beaucoup plus proche de nous et plutôt moderne, la révolution d'Octobre 1917 en Russie qui a inquiété beaucoup plus de monde que la lointaine révolution française quelque peu archaïque ? L'appel grillait celui de Mélenchon toujours plein d'espoir pour coiffer le mouvement, mais les bobos parisiens restent encore loin derrière les bobos du RN grâce à leur position intransigeante contre l'invasion migratoire.
L'homme roux à la casquette ajouta : « Non seulement les gens sont plus mobilisés "que jamais", mais à la suite de l'allocution de Macron lundi, "des personnes qui ne participaient pas" au mouvement jusqu'ici "ont décidé de participer a-t-il ajouté. A ses côtés se trouvait Priscillia Ludosky, autoentrepreneuse (il faut le repréciser pour ceux qui croient qu'il y avait des ouvriers...) qui avait lancé la pétition contre la hausse de taxes sur les carburants à l'origine de la contestation lancée début novembre. Les deux compères ont appelé le gouvernement à aller bien plus loin dans la baisse des impôts et taxes, disant les « Français » "épuisés par une pression fiscale colossale", et à accepter le principe de référendums sur des questions proposées par la population (l'invraisemblable RIC = référendum d'initiative citoyenne). Dans un communiqué diffusé avant la conférence de presse par Priscillia Ludosky, ils avaient jugé "insuffisantes" les mesures annoncées lundi par Emmanuel Macron pour tenter d'apaiser la contestation (la fable de la hausse de 100 euros par mois seulement pour les travailleurs au Smic).

L'émission d'Elise Lucet reprit une idée véhiculée par certaines éditorialiste féminines et le Figaro (*): « Une révolution des femmes ». Ces femmes seules, avec ou sans enfants, ces femmes de ménage à la tête des rond-points n'était-ce pas la confirmation que les femmes prennent de plus en plus le pouvoir ?
Alors que les médias n'hésitent plus à ajouter à chaque porte parole gilet jaune sa profession (entrepreneuse, cadre commercial, ancien flic à la retraite) comme pour mieux fournir au CCI ses arguments « interclassistes », pour une fois on nous offrit des professions d'en bas : femme de ménage, grand-mère pauvre et aide-soignante. Non pas considérées comme ouvrières mais « femmes libérées ». Mais le propos était vicelard, à double sens et inquiétant.
Voici d'abord Ingrid la belle aide-soignante rousse, divorcée, mère de deux enfants, qui aurait ému jusqu'au président soi-même. On lui écrit de toute part. Elle accorde des selfies au bord des larmes. Voici Ingrid en cheftaine à un barrage. Voici Ingrid reçue par la mère Schiappa à qui elle chuchote que pour éteindre le mouvement il suffit de rallonger à 200 euros brut. Voici Ingrid avec le drapeau national qui conduit un quarteron de gilets en bagarre avec un cordon de policier. Mieux elle demande aux policiers de cesser leur violence. Voici la passionaria, oui elle nous défend dit un vieux gilet. C'en serait presque émouvant. Mieux encore c'est elle qui se précipite pour soignée une manifestante blessée à la tête par un CRS. Mieux qu'un péplum, le filmage a été réalisé de façon haletante, impeccable pour la célébrité de la dame. Salle de réunion, elle se fait siffler quand elle en fait trop mais mène la barque finalement. Elle est forte de sa renommée cette ouvrière avant tout citoyenne et bientôt députée. Car elle a annoncé se consacrer à la fondation d'un parti gilet jaune. Quant aux deux autres, la femme de ménage, qui fait de l'animation aux rond-points et s'occupe de la tambouille, il y a fort à parier qu'elle finira femme de ménage. La grand-mère nous plaît bien, elle fait de l'animation dans le car en partance pour Paris où elle se prend à l'ambiance excitante des manifs avec gaz lacrymos et casse. Au moins on ne s'ennuie pas quand on vient à Paris.

ET SI LA LIQUIDATION VENAIT PAR LE HAUT ?

Tout allait bien au début avec cette prétention à ne jamais avoir de chefs, à faire sauter un à un tous les prétendants, mais la bourgeoisie finit toujours par inventer des chefs et même à en coller aux mouvements qui n'en veulent point. Ainsi a-t-elle désigné la Jacline Mouraud et le Cauchy néo-facho comme représentants des gilets... roses. Ainsi Ingrid et les autres se sentent pousser des ailes à chaque fois qu'un sous-ministre les reçoit. Au-delà des faiblesses égotistes et des ambitions individuelles il y a toutefois un sérieux problème posé au macronisme. Il va payer au prix fort la manière cynique dont il a géré la crise. Il n'est plus premier pour les élections eurpéennes. Il est mêe normal que le RN soit en tête. Or le RN est aussi une bande d'incapables. Le gouvernement et ses larbins macroniens auraient donc tout intérêt à favoriser l'émergence d'un parti gilet jaune qui pourra limiter les dégâts électoraux et être lui aussi aspiré par le système corrupteur.


Une enquête d'opinion a été réalisée avant les annonces sociales d'Emmanuel Macron de ce lundi. Et elle ne prévoyait pas une éventuelle liste "gilets jaunes" pour le scrutin. Ce lundi, l'un des représentants de la mobilisation, Hayk Shahinyan, a annoncé sa volonté de présenter une liste aux européennes. Un scénario qui pourrait pénaliser l'ancien Front national et la France insoumise, dont la sociologie électorale correspond en partie à celle des gilets jaunes.
Une première projection d'une liste estampillée "gilets jaunes" a récemment été testée par Ipsos après une commande de La République En Marche. Selon cette étude, cette liste pourrait capter jusqu'à 12% des voix, se retrouvant au coude à coude avec le Rassemblement national (14%), les écologistes (13%), les Républicains (11%) et la France insoumise (9%).
Dans ce cas de figure hautement hypothétique, cette liste gilets jaunes prendrait trois points à celle de la France insoumise ainsi qu'à celle du Rassemblement national et ferait, in fine, les affaires du parti présidentiel, crédité d'un score flatteur de 21% d'intentions de vote. A la condition de réussir le tour de force de fédérer sous une même bannière un mouvement qui, depuis sa création, n'a eu de cesse de désavouer ses propres représentants.
Manœuvre qui est assez bien résumée par un anonyme:
"J’ai vu sur plusieurs sites des gens qui demandent aux Gilets jaunes « responsables » de rester dans leur rond-point et de revoir leur mode de revendication en formant un parti politique, posez vous la question pourquoi ???????? Là c’est le gros piège tendu par l’équipe de monsieur MACRON pour casser tous les partis qui sont contre LREM et gagner les élections à venir et continuer à gouverner tout en étant minoritaire en voix mais majoritaire par rapport aux autres partis qui se serait fait pomper les voix par le parti (Gilets jaunes) Alors ne tombez pas dans ce piège mortel pour votre liberté, d’autant plus que les responsables de ce nouveau parti seraient à 95 pour 100 des sous marins infiltrés de LREM".


À suivre…


NOTES

1La secte RI ne court aucun risque « imminent » d'être pourchassée par la police, même si elle s'est soudain pris d'amour pour le mouvement des gilets jaunes après avoir tant méprisé ces « interclassistes » ; on notera que son admiration va encore aux bobos indignados espagnols qui criaient « capitalisme dégage », et qui ont fait en effet dégager le capitalisme au terme d'un processus électoral qui a promus les plus baratineurs bourgeois.
2Dans le grand théâtre du Parle-ment, Philippe et Mélenchon se donnèrent du président à tour de rôle. Philippe : « Monsieur le président Mélecnhon nous continuerons ici à exprimer nos désaccords, c'est cela la démocratie ». « Parfaitement d'accord avec vous monsieur le Premier ministre ». Le « président » Mélenchon, fort ébaubi, lançant les applaudissements de son clan, seulement de son clan alors qu'on parla de standing ovation, alors que Philippe Edouard n'avait pas encore fermé sa bouche.
3L'émission « Envoyé spécial » du jeudi soir a montré l'incroyable cruauté des CRS, leurs lâches tirs à bout portant avec comme résultat : main arrachée, œil crevé d'un étudiante, sans dire le nombre réel d'estropiés. Pas de mort certes mais combien d'estropiés à vie par ces sadiques policiers et policières ?
4La chaîne ayant beaucoup à se faire pardonner vu l'oeil critique qu'elle avait eu lors de l'acte IV, moins servile que ses consoeurs. La « ligne éditoriale » était clairement de désigner à la vindicte voir d'humilier les gilets en plateau.
5Il faudrait arrêter de dire « terroriste musulman », "délinquant tombé dans l'islam radical" car le délinquant a trouvé le moyen de flinguer des gens de tous pays et deux musulmans dont un qui avait échappé à Daech en Afghanistan…
(*)  "Au sein de ce mouvement né sur les réseaux sociaux et sans vrais leaders, les femmes sont en première ligne. Familières des fins de mois difficiles, élevant souvent seules leurs enfants, rejetant la politique, elles ont été parmi les plus promptes à se mobiliser" (Le Figaro).


ANNEXE

Les commentaires des camarades espagnols sur les cuistreries d'une secte ultra-gauche font écho, et de façon marxiste, à ce que j'avais déjà déploré, même le si CCI, en bon dernier, vient de s'accrocher désespérément à un marche pied du train qui ralentit.

Anibal Inter-rev D'abord ils ont dit mouvement interclasse ... maintenant "interclassiste"
Ils ont affirmé qu'il ne pouvait y avoir aucune concession gouvernementale , mais le mouvement les avait déchirés en se battant en dehors du système démocratique, et que les énergies et les forces prolétariennes qui le composent se sont fait sentir.Ce n'est pas un mouvement purement prolétarien, mais le définir comme étant simplement interclassiste, sans comprendre le poids des secteurs ouvriers et des intérêts dans des conditions pires, est faux et mystificateur.
Le modèle théorique décadentiste modele CCIste et ses clones assure que des prétentions économiques ne peuvent pas être obtenues… et cela le nie. Ahem!

Le communiqué du 2 décembre 2018 dit: « Le gouvernement semble incapable d'apporter une réponse politique ». Il s´agit d ´une expression des limites, des erreurs et des mystifications de cette type de sectes et de théories. Le gouvernement a été capable de réagir, de négocier avec les patronales et les syndicats et avec des « agents sociaux »;, de lancer un plan de concessions et avertissements, de gérer de manière adéquate la répression assurant leurs intérêts et ceux de l´ordre capitaliste, d´encourager l´apparition des divisions entre les gilets jaunes, etc. Nouvelle distorsion entre la théorie et la pratique réelle. Rien de communisme scientifique révolutionnaire rigoureux et efficace, mais beaucoup de verbiage ultra-gauche, regorgeant desillusions non démontrées et de projection idéaliste des désirs. Ils assurent :“Sur ce terrain, les ouvriers qui s’y retrouvent isolés et noyés en tant que prolétaires dans une masse aux intérêts hétérogènes et même souvent contradictoires, isolés et noyés dans le "peuple", ne gagneront rien. Et ils ont tout à perdre en se laissant entraîner à des méthodes et des objectifs de lutte qui ne peuvent que nuire à la défense de leurs intérêts et les amener dans l’impasse du nationalisme et de la xénophobie, voire du racisme”.
Quand la vérité est qu´ils ont gagné une série de revendications, y compris certaines favorables à la classe ouvrière. Un exemple Est-ce que la hausse du salaire minimum favorise la petite bourgeoisie et non le prolétariat? Et que dire de la taxe sur le diesel, peut-être détériorer ou profiter au prolétariat? Ces revendications sont évidemment limitées, mais elles sont réelles. L’avarice et les coupes et érosions subséquentes apportées à ces demandes par le gouvernement et le capitale ne signifient pas qu’elles sont accomplies par et pour le combat.

Au lieu d´intervenir avec des salades et pour dénoncer, il convient d´intervenir pour clarifier, préciser les limites, les contradictions entre le prolétariat et la petite bourgeoisie appauvrie et avec le fantôme de la prolétarisation, pour défendre les moyens et méthodes classiques de la lutte ouvriere anticapitaliste, devant les avantages et les inconvénients de ce niveau d´organisation et d´activité.

Les sectes sont inutiles, elles sont un obstacle. Le GIGC appelle à créer des comités de travailleurs pour exiger que la classe bouge contre le syndicat, ce qui satisfait ce type de sectes, mais ne relève pas de la corrélation réelle des forces. Il est nécessaire d´appeler les intervenants de la classe prolétarienne à s´organiser comme ils peuvent, mais d´une manière spécifique, en tant que classe indépendante, avec ses propres intérêts et revendications, pour organiser fondamentalement la lutte anticapitaliste.Si des petit bourgeoises miserabilisés y parviennent, tant miuex, tant qu'ils ne viennent pas avec imposition de leurs monsergues, basées a leurs interets et préjugés de classe, qu´ on doit confronter en savant de la proximité reel de vivences et situations sociaux au territoire.
Et il faut rappeler au secteur le plus avancé le besoin d´organisation révolutionnaire, le besoin du parti mondial de la révolution communiste. La majorité des travailleurs voit leur niveau de vie s´éroder, une partie suit l´aristocratie opportuniste très marquée, qui utilise des appareils syndicaux pour négocier ... sans succès, bien sûr ... et qui va maintenant tenter de marquer un but. À la hauteur des attentes, la majorité prolétarienne est maintenant saisie d’un plan de mobilisation démocratique des syndicats et nous verrons ce qu’elle fait avant. L’infection démocrétine est très importante dans son sein, tout comme les divisions et la concurrence et les effets de tant de concessions au capital ... que dans l’entreprise est très dur.Pour radicaliser et clarifier, nous devons nous baser sur ce qui existe réellement et non sur ce que nous voulons qu´il existe. L´ultra gauchisme-enfant puéril mène à la même phraséologie inopérante et dissipe les mystifications.
http://inter-rev.foroactivo.com/t8185p50-sobre-el...



mercredi 12 décembre 2018

EN MARCHE A L'ENVERS : de l'urgence sociale à l'état d'urgence?


       Mardi soir on apprenait que des coups de feu étaient en train de retentir dans le centre de
Strasbourg. Une des premières alertes du Préfet de cette ville, outre de demander aux habitants de se calfeutrer chez eux, avait été de lancer un appel aux « réseaux » afin qu'ils ne lancent pas de fake news... des fois que certains auraient été jusqu'à croire que c'est l'insurrection qui commençait !
       Il s'agit du crime d'une crapule fichée S qui a tué plusieurs personnes et blessé tant d'autres. Si ces crimes nous font surtout vomir d'indignation, on peut ajouter qu'ils arrivent à point pour revaloriser l'image de la police française qui s'est révélée très compétente pour tabasser les prolétaires en gilets jaunes, mais incapable de protéger les citoyens du terrorisme mafieux, et de rattraper immédiatement le tueur. Voici néanmoins un intermède bienvenu pour restaurer confiance en la police et à la sécurisation de la population face à cet invité que personne n'attendait, le terrorisme !
Le Préfet avait-il eu le nez creux ou plutôt par leur surveillance orwellienne et paranoïaque les flics de l'ombre l'avaient-ils averti que c'était parti pour la « théorie du complot » ?

Comme un certain nombre de concepts du féodalisme mondialiste anti-national et anti-peuple, le terme « complotisme », comme l'accusation aléatoire de racisme ou de dérive fasciste, fait partie des vocabulaires pour stigmatiser toute critique de l'ordre social, toute méfiance vis à vis des « infos » brut de décoffrage. Les journalistes, et leur ribambelle de potes spés en émeute et en foutage de gueule, qui sont les principaux juges zélés des expressions d'une pensée qui refuse de se laisser encaserner, sont immédiatement les premiers à réagir par l'accusation de « complotisme » à l'encontre de nombreux messages des pioupious gilets jaunes sur Facebook, comme celui-ci :  « Macron (et) le gouvernement font exprès de faire un attentat pour instaurer l'état d'urgence pour empêcher les gilets jaunes de faire la révolution ». Bien sûr il est évident que le gouvernement n'a pas préparé la plupart des attentats, mais, à chaque fois, « il s'en sert » pour réapparaître comme la blanche colombe et revaloriser sa police. Le reproche de complotisme qui est  immédiatement fait par l'élite et ses plumitifs n'est qu'une parade, une charade, ou une bravade dirait le théoricien des bobos Lordon. C'est ce qu'on reproche à chaque fois aux révolutionnaires marxistes lors des attentats, et qui ne cherchent pas spécialement s'il y a complot ou pas mais « à qui bénéficie le crime ». L'accusation de complot peut-être un simplisme mais aussi une provocation. Je le répète le mouvement des gilets jaunes est plus intelligent qu'on ne croit. S'il a semblé tanguer face au dernier discours d'entourloupe du président décrédibilisé, il fait preuve d'une réelle sagacité en se moquant immédiatement de l'utilisation qui est faite in fine du crime mafieux, mis en exergue évidemment comme à chaque fois, par l'Etat avec ses pieuses injonctions à la « communion nationale » !
A chaque attentat terroriste il faudrait cesser toute activité, toute contestation de l'exploitation capitaliste, et prier avec dieu les morts innocentes. Chaque attentat terroriste est, dans mes souvenirs, l'occasion rêvée pour faire passer au second plan la lutte des classes et chanter le cantique de l'union nationale. Et lundi tu retournes au taf et tu la boucles. De plus, quitte à passer pour adepte du complotisme, il faut remarquer l'opportunité du crime déjà étiqueté islamiste, au moment d'une session du parlement européen: quoi de meilleur que de faire passer ces clowns de députés européens hors sol, méprisant ces peuples encore enfermés dans des frontières mentales, pour de possibles cibles du terrorisme islamique?

Or l'union nationale fait ringard face à l'affirmation arrogante et “révolutionnaire” du féodalisme capitaliste « internationaliste » ! Comme cela sonne faux d'ailleurs pour le plus naïf des électeurs. Le discours « d'apaisement » de Macron a sonné encore plus faux. Trop « franchouillard » avec son « nous », il a même complètement laissé de côté le discours multiculturaliste et immigrationniste (si bien véhiculé par l'ONU) au point que Sopo de SOS racisme l'a rappelé à leur ordre... orwellien de liquidation de la classe ouvrière internationale au profit de l'immigration universelle.
L'empereur arrogant n'avait pas du tout changé lors de sa prestation, qui se voulut gaullienne, contrairement aux affirmations de ses larbins députés et journalistes. Son discours ne contenait pas une once d'humilité. Quelqu'un qui fait preuve d'humilité commence par être humble, or il commença par désigner les autres, les fauteurs de violences, les casseurs de flics. Tactique éprouvée du pervers narcissique classique, qui n'a jamais tort et pour qui les autres n'existent pas, même ses proches.
Il a noté qu'il y a eu « une colère que beaucoup peuvent partager », pas lui formellement en tout cas. Il faut du toupet comme je l'ai déjà dit pour tirer aussi grossièrement la couverture à soi : «C'est en pressentant cette crise que je me suis présenté » ; vous imaginez Louis XVI répliquant : c'est en pressentant cette révolution que j'ai voulu rester roi » ! Non pas empathique du tout le type mais emphatique : « Nous ne reprendrons pas le cours normal de nos vies ». Qui était ce  nous ? Le peuple indifférencié avec ses bourgeois et ses pauvres, ses racistes et ses antiracistes, ses fascistes et ses antifascistes?

Quelqu'un d'humble ne décrète rien du tout et se retire modestement. Qu'elle est drôle cette humilité qui décrète encore l'urgence de discutailler dans les vieux machins parlementaires et municipaux dont il s'arroge de tirer les factures. Il n'y aura pas plus de débats citoyens qu'il n'y eût de débat sur l'identité nationale sous Sarkozy ; mais c'est bien des conseils de Sarkozy qu'il avait eu besoin puisqu'il le raccompagnait à la sortie de son deux pièces cuisine à l'Elysée vendredi dernier.
Comme je l'ai dit hier l'effet d'annonce a été naturellement déstabilisant, provoquant interrogations et moues. C'est pourquoi, avant que l'on ait pu examiner toutes les filouteries que contenait l'annonce présidentielle, le peuple était consulté par sondage où on s'arrangea pour que la tendance ne s'inverse point massivement contre les gilets jaunes (les cuisines des sondages sont les cuisinières de la manipulation), leur laissant encore un semblant de faveur de la part de l'opinion « malgré les violences ». On vit ensuite les députés démarcheurs se précipiter pour ramener leur fraise, eux qui pissaient dans leur culotte depuis leurs journées d'élus reclus (c'est un hommage à Elysée Reclus en passant!).
Personne n'avait oublié pourtant le déferlement de “pédagogie' des godillots à Macron, leur lourde insistance à soutenir le “cap” présidentiel, ni leur trouille dès qu'ils prirent un peu partout une volée de bois verts pour leur arrogance de laquais. Mais bien que politiciens inexpérimentés, avec quelle aisance ne tournent-ils pas casque désormais, à la façon de leur maître... Les voilà en train de faire à nouveau pédagogie en pleurnichant que c'étaient eux qu'on n'écoutait pas, qu'ils voyaient bien eux, sur le terrain, la misère des gens, alors qu'ils nous gorgeaient de belles paroles sur les plateaux serinant qu'il fallait savoir attendre « les fruits de la croissance » pour dans un an ou deux. Et que ce n'était pas la faute à leur petit chéri mais à quarante années d'aveuglement de politique de la droite et de la gauche (ce qui est aussi très juste). Un journaliste objectait face à ce salmigondis de mauvaise foi, qu'en fait ils avaient été confrontés pour la première fois à la réalité sociale, que la fracture n'était quand même pas entre eux et leur président mais entre le peuple et l'élite. De son côté, le pervers narcissique de l'Elysée les méprisait plus encore; on fît savoir « qu'il pensait qu'il était très mal entouré ». Pour le PN c'est jamais de sa faute. Il vendrait père et mère et tous ses propres godillots. Il garde les deux “forces” principales, mais aussi hara-kiri à terme du personnage, que j'ai soulignées dans un de mes livres: son imprévisibilité terroriste et son jeu destructeur.
Je me suis levé de bonne heure pour continuer à livrer mes réflexions critiques à ces camarades de l'étranger qui nous lisent attentivement et suivent comme ils peuvent le déroulement de la situation sociale en France.  Ce n'est d'ores et déjà plus un « problème des français râleurs ». On sait que des manifestations violentes se sont produites en Belgique. On sait aussi que la police, en Egypte, interdit la vente de gilets jaunes, tant cette tunique symbolise désormais la révolte du peuple, du petit peuple, et en plus nouveau drapeau possible pour cet immense peuple qui souffre dans les pays arabes, et ailleurs.

DES PRIMES EN POUDRE DE PERLIMPINPIN

Au lendemain du discours du président pour « apaiser », les médias jouaient... l'apaisement, tout en reconnaissant que “Macron, sans vrai virage social, risque de tourner en rond”. On retombait dans le ronron navrant des spécialistes qui échangent entre eux sur les plateaux, quoique en fin de soirée on garde encore un strapontin pour un gars, en coin de table, avec son gilet jaune et sa casquette vissée sur le crâne, ce qui ne lui donne pas un air spécialement finaud ; je préférais le béret de Che Guevara. On ne prête plus spécialement attention à ce que peut dire un gilet jaune quelconque sur le plateau des vanités, car personne ne représente plus personne et les revendications protéiformes on les connait à peu près toutes et au-delà. Macron lui-même a prétendu répondre à un paquet sauf à celle, si nécessaire, de dégager.
Le temps était venu de la digestion. Mauvaise digestion puisque les mesures proposées sont toutes un bricolage pas possible, que leur financement est plus du domaine du tour de passe-passe dans l'affolement, qui envoie valdinguer toute la rigueur budgétaire que nous promettaient droits comme des i les deux lascars qui tiennent la bride de l'appareil étatique, devenu un peu cheval fou sans tête.
Deux jours après le discours « pour apaiser », tout le monde se rend compte plus encore que l'esbroufe des mesurettes impulsives, sans réel calcul des coûts », qui ne sont qu'un emplâtre sur une jambe de bois et ne peuvent aucunement résoudre la grave crise politique en cours. La prestation empesée et emphatique plutôt qu'empathique n'a guère convaincu la plus grosse majorité des "gilets jaunes" ni nous tous qui sommes avec eux par le cœur et par l'esprit. La plupart des annonces, sous couvert de jeter des miettes à tout le monde, ne sont que de lamentables bricolages destinés à ne pas effrayer les milieux financiers et les patrons. Personne ne sait quand et où seraient mises en place ces « pansements », ni qui va les financer. Cela fait désordre. L'augmentation de 100 euros par mois pour les salariés au Smic n'est pas une vraie revalorisation de celui-ci. Beaucoup ont d’abord interprété cette mesure comme une hausse du salaire minimum. Il s’agit en réalité d’une hausse de la prime d’activité.  L'exonération de la hausse de la CSG ne concerne qu'une partie des retraités qui gagnent moins de 2 000 euros mensuels et les heures supplémentaires payées sans impôts ni charges coûteront une somme astronomique et favorisent le chômage !

Le versement d'une prime de fin d'année par les petites entreprises (dont nombre de patrons sont gilets jaunes) à leurs salariés, sans impôts, sans charges, est un rêve de l'élite économique internationaliste pour se moquer du petit entrepreneur fauché.
Un autre aspect de l'impuissance du capitalisme « internationaliste », et qui n'est souligné par personne, est la fixation de la gauche bourgeoise et des syndicats pourris sur le fait que Macron ne fait pas cracher au bassinet les riches en ne rétablissant pas l'impôt sur la fortune du clown Mauroy. C'est l'argument le plus idiot que je connaisse et qui sert à faire croire que, comme le capitalisme «  a de l'argent », il suffit de le prendre « là où il est » comme disent les populistes de Lutte ouvrière, c'est à dire en le piquant aux très riches. Mais raisonnons un peu : l'enrichissement n'est que le produit de la valorisation de l'exploitation de la classe ouvrière, il reste aléatoire, les faillites sont constantes et la richesse de certains n'est pas éternelle. L'argent n'a aucune valeur en soi. Les richesses accumulées par les très riches et tous leurs comptes en banque réunis ne pourraient ni « arroser » suffisamment les millions de pauvres ni continuer à faire tourner le monde et l'économie. L'idée populiste, reprise et véhiculée par les plus petits bourgeois des gilets jaunes, d'une meilleure « répartition des richesses », est de la même eau. Au mieux cette théorie pourrait justifier un simple pillage des riches, comme en 1989... au pire il n'y aurait plus rien à partager si l'on croit que l'état actuel du monde est un gâteau à se partager. Laissons les petits politiciens démagogues de la petite bourgeoisie parisienne, les Hamon et Mélenchon, jouer de la flûte pour un Acte V avec ces solutions incrédibles qui excusent et masquent un capitalisme en dégringolade.


PEUPLE UNE NOTION RETROGRADE?

Un journaliste a considéré que le président avait fait une erreur de parler du « peuple français ». En effet c'est une erreur pour la novlangue (ou un complot de gilets jaunes...), comme l'a affirmé dimanche Cohn-Bendit « les français ça n'existe plus » :  « Le terme "peuple français" est une abstraction dont l'imaginaire a été appauvri par des politiques européennes dont le sens échappe aujourd'hui à la plupart des millions de prolétaires en Europe. Les gilets jaunes ne sauraient se réduire à la somme de ses parties. Tout au plus, nous pourrions parler de "tribus de gilets jaunes ». Si les termes "gilets jaunes" n'ont jamais été prononcés par le Président de la République, comme pour nier leur existence, c'était surtout pour les noyer dans cette notion de peuple dont ils se réclament sans se rendre compte de la vacuité du terme.
Le terme peuple peut être un fourre-tout, Marx l'emploie souvent, et pas péjorativement même quand il met en avant la spécificité du prolétariat. Pour les marxistes bègues, peuple = nation. Archi faux. Nous ne sommes pas obligés, comme les gauchistes ignares et obéissants, de croire que la notion de peuple et de culture d'un peuple est forcément nationaliste. Des peuples ont une histoire précise, qui a plus pesé que d'autres dans l'histoire de l'humanité. Il y a, chacun avec leur apport, des peuples français, africain, allemand, italien, japonais, chinois, arabe, grec, dont seuls de fieffés staliniens ou incontinents mondialistes écologiques peuvent affirmer qu'ils se dissoudront dans une vaste entité universelle spongieuse. Les internationales du mouvement ouvrier n'ont jamais prétendu dissoudre les personnalités des peuples mais conduire l'émancipation universelle avec les mêmes méthodes de classe pour abattre le capitalisme. Le véritable internationalisme ne peut pas faire table rase des cultures ni prétendre en conserver les plus arriérées au nom du respect des “différences”.
L'internationalisme féodal, élitaire et multiculturaliste des Macron, Cohn-Bendit et autres coquins n'est qu'une bouillie de chat pour justifier le mépris des modes de vie des peuples réels et la fuite en avant d'un système aux abois qui ne peut même plus se sauver par le repli nationaliste ; mais où, dans la tempête, ces cuistres se rabattent à nouveau, parce qu'ils veulent contribuer à abuser les peuples par des concessions « populaires », sur la notion étroite de peuple et donc de la nation assiégée.


Le mouvement n'est pas impressionné par l'épisode terroriste en cours


Il a parfaitement perçu une autre couche d'enfumage après l'enfumage du discours présidentiel.
Dans le même temps, le nombre d’internautes qui disent vouloir battre le pavé le 15 décembre a bondi. Mardi matin, l’événement Facebook "Acte 5 Gilets jaunes à Paris" comptabilisait 2.100 participants et 13.000 intéressés, contre 490 participants et 2.900 intéressés lundi en début d’après-midi. La page "Acte 5 : Macron démission" récolte, elle, 8.700 participants et 56.000 intéressés. Un autre événement, créé le 9 décembre, appelle même à un "acte 8 : réveillon des gilets jaunes sur les Champs Elysées". Dans un sondage publié lundi soir par Eric Drouet – qui est inculpé pour sédition - plus de 14.000 personnes disent vouloir un acte 5 samedi.
Les médias se creusent la tête pour miser sur une division des gilets jaunes qui aurait été impulsée par les bricolages de promesses présidentielles. Hélas l'argument repose sur du vent. Les gilets conciliants ne sont plus en gilet et ne sont que la cinquième roue du gouvernement. La petite bourgeoise Jacline en élégant tailleur et le Cauchy venu de l'extrême droite en costard cravate et sans cagoule ont été placé tout à fait artifciellement sur le devant de la scène et n'abusent personne avec leurs flagorneries. Nul doute, par contre, que plusieurs personnes pensent qu'il faudrait temporiser et le penseront encore plus depuis l'attentat. Pas question de ralentir, clame au contraire Priscillia Ludosky, la principale initiatrice du mouvement. "Il y a un mois, le gouvernement disait : on garde le cap. (...) Aujourd’hui, à notre tour de répondre : on garde le cap", dit-elle sur son profil Facebook. Même ton sur la page "La France en colère!!!" d’Eric Drouet : "trop peu, trop tard, après trop de violence et de mépris, à samedi!". L'inénarrable Maxime Nicolle, dit Fly Rider, a exhorté à continuer le mouvement. Dans un live Facebook, visionné par 17.000 personnes, il a qualifié les mesures d’Emmanuel Macron de "miettes". Avant de déclarer : "Je pense que vous serez tous d’accord pour dire qu’il faut passer la seconde”.
Finalement, l’enjeu pour Emmanuel Macron n’était pas d’empêcher un acte 5, mais plutôt d’affaiblir le lien entre les manifestants enragés et le reste de l’opinion. Ceux qui, jusqu’ici, soutenaient le mouvement sans y participer. Le Président devait "créer une brèche dans l’opinion, en s’adressant surtout à ceux qui soutiennent les Gilets jaunes" en vue "de marginaliser les jusqu’au-boutistes", analyse l’expert en communication politique (sic! Encore un) Christian Delporte auprès de l’AFP.
Depuis l’allocution d’Emmanuel Macron, il était question de se mobiliser pour une opération service après-vente: rallier l’opinion en se servant du vieux monde. Il restait à peine cinq jours pour y parvenir. Première étape : expliquer “pédagogiquement” les mesures présidentielles. Faire défiler les godillots gouvernementaux dans les médias. Le premier commis devait détailler cet après-midi les mesures annoncées devant les députés. Emmanuel Macron devait recevoir des représentants du secteur bancaire et des grandes entreprises. On n'arrêtait pas d'imaginer un nouveau Grenelle, mais à voir pour un système à bout de souffle... Lordon avait fait publier son article par e Monde diplo et l'idiot Sylvain Boulouque avait envoyé au Monde tout court son article creux: “Entre révolution nationale et révolution sociale”. On voyait le principal conseilleur de Philippe, Juppé droit dans ses bottes et outré au milieu des ruines fumantes à Bordeaux.

Le Figaro avait publié une intéressante étude montrant une prolétarisation des campagnes et soulignant la fable d'un mouvement surtout petit bourgeois manipulé par l'ultra-droite:
“On constate également que les territoires concentrant les actions des «gilets jaunes» sont fragiles économiquement: leur salaire net horaire moyen dans le secteur privé est souvent inférieur à la moyenne nationale, de même que la médiane du niveau de vie, plus parlante encore. Des départements comme les Côtes-d'Armor, la Dordogne, le Gard, la Manche ou le Pas-de-Calais concentrent ainsi des chiffres particulièrement bas. Les zones concernées présentent également une part élevée des minima sociaux dans le revenu disponible, comme dans le Lot-et-Garonne (2,1%), la Somme (2,4%), la Seine-Maritime (2,2%), l'Aude (3%) ou l'île de La Réunion (7,6%), très mobilisée depuis le début des événements.
Toutefois, si les territoires sont fragiles, ils ne sont pas pour autant ceux où le taux de chômage est le plus élevé. Ainsi, l'Ain (6,7%), les Côtes-d'Armor (8,3%), l'Ille-et-Vilaine (7,1%), la Manche (7,3%) ou la Vienne (7,4%) ont un taux inférieur à la moyenne nationale, mais demeurent particulièrement mobilisés. Il ne s'agit donc pas nécessairement d'une question d'emploi”.
“Ainsi, la Bretagne a vu plus de 20.000 manifestants battre le pavé, selon Le Télégramme, alors que chaque département a fait passer Emmanuel Macron en tête l'an dernier. Il serait donc faux de dire, à l'échelle locale, que la mobilisation a surtout eu lieu dans les départements où le vote d'extrême droite est le plus présent. Une conclusion niée par les «gilets jaunes» eux-mêmes, qui ne cessent d'invoquer le caractère apolitique de leur mouvement et de s'insurger contre toute forme de récupération politique”.
Et puis il y avait eu l'attentat, venant désorganiser la course poursuite des ministres et des syndicalistes avant l'acte V. A qui profitera la crime?

LES NOTES ayant sauté d'un traitement de texte à l'autre je vous les restitue en vrac:

Mercredi matin les troncs des chaînes se bousculent à qui mieux mieux. Celle-là demande à un passant strasbourgeois s'il se sent mieux avec cette présence des policiers. Cet autre salue le courage des policiers “il faut le dire: bravo  aux policiers”.
L'homme à la casquette, qui se prend déjà pour un général, Maxime Nicolle, alias "Fly Rider", a dans un Facebook Live laissé entendre que les premiers éléments « portés à sa connaissance » ne correspondaient pas à un attentat. « Dites-vous bien que le mec qui veut faire un attentat vraiment, il attend pas qu'il y ait 3 personnes dans une rue le soir à 20 heures, il va au milieu des Champs-Elysées quand il y a des millions de personnes et il se fait exploser". Eléments portés aussi à notre connaissance de spectateurs, pas besoin de se donner tant d'importance, les premiers éléments d'information font référence à un mafieux pris en chasse et qui se sert de l'argutie islamiste pour tirer dans le tas.
On les voit en effet défiler devant les micros des chaînes pour épancher leurs condoléances et étaler leur “émotion”.
C'est d'ailleurs ce qui explique aussi la plantade des sectes ultra-gauches qui ne voient que le prolétariat et l'oppose au peuple, or c'est faux historiquement, le prolétariat fait partie du peuple et le peuple ne se fondra jamais dans le prolétariat – ou à la manière stalinienne dans les blouses du Goulag – puisque la marche vers le communisme suppose la disparition du prolétariat avec la fin de l'Etat, mais cela signifie-t-il que tout le peuple aura été prolétarisé ?
Tout en prétendant respecter la culture “plus cultuelle” de certains,  et donc favoriser l'invasion de la “culture musulmane” au nom du respect... des peuples.