PAGES PROLETARIENNES

samedi 17 mars 2018

LES CHORISTES DES SYNDICATS GOUVERNEMENTAUX



petits soldats syndicaux
(fausse réunion débat à Paris du NPA avec interdiction de réfléchir)

Précisons sans perdre de temps que les choristes étaient bien cette assemblée de moins de cent personnes, affidés du NPA pour ne pas dire en grande partie groupies lycéennes et garçons estudiantins, donc une jeunesse assez aisée à manipuler par des images et du spectacle organisationnel bien rodé et encadré comme il se doit par les vieilleries rudimentaires du trotskisme faisandé et girouette de cette pauvre et nullissime dite IV e Internationale. Précisons aussi que je n'emploie pas les termes « syndicats gouvernementaux » à la légère, car, s'il faut une lumière crue pour voir la vérité en face, c'est que, malgré les poncifs de la gauche bourgeoise bien incrustés dans les têtes chétives ou chenues, ces barnums corporatifs ne sont pas seulement des traîtres invariables à la cause du prolétariat, mais littéralement rétribués, sponsorisés et entretenus par l'Etat bourgeois1. Le cirque de l'invention d'une grève programmée avec plusieurs scénarios possibles à la SNCF confirme pleinement la perversité de la gouvernance macronesque (révolutionnaire paraît-il).

Passons donc à mon compte-rendu, cher lecteur, de la réunion de ce vendredi soir du NPA et de sa courroie de transmission SUD dans une librairie tiers-mondiste du côté du métro Guy Moquet.

LA PANOPLIE CLASSIQUE DE LA FERIA TROTSKIENNE

Le décor ne me surprit pas outre mesure, l'ambiance était donnée par la convocation qui annonçait la présence en tribune de trois ouvriers de choc maghrébins et noirs, cheminots et grévistes sans papiers. Des ouvriers de choc antiracistes et exemplaires donc. Sans nul doute aussi possesseurs du brevet d'antifascisme. J'étais choqué par une grande banderole collée en hauteur dénonçant le seul Etat d'Israël (j'eus aussi aimé qu'on y ait adjoint d'autres banderoles dénonçant aussi tous les Etats arabes bourgeois et les riches occidentaux...). Pourquoi la seule dénonciation d'Israël ? Parce que le recrutement vers les influencés du Bandit Blog en banlieues colorées et voilées se nourrit d'un arrière-fond d'antisémitisme bcbg ?
Les autres murs étaient parsemés d'affiches et de calicots comme les maîtresses d'école aiment bien décorer les classes de maternelle, figurant la saga de la merveilleuse grève victorieuse au bout de 45 jours des travailleurs sans papiers de la firme de nettoyage des wagons SNCF, ONET (sic!).

Deux caméramen avec catogan et barbe à la mode étaient disposés de chaque côté de la tribune, de face, car il est plus raisonnable de ne pas filmer la salle2. La nappe de la tribune indiquait « Révolution permanente ». La salle se remplit peu à peu avec nombre d'éléments très jeunes, à dominante féminine et bon enfant. A la tribune s'était déjà installé trois personnes dont une femme africaine avec boubou. Arriva ensuite une qui se prenait à l'évidence pour une star, élégante certes, cheveux au vent. Elle se délestait de son manteau en faisant des clins d'oeil au public devant avec des « çà va toi ? », et autres « tu vas ? », faconde bien-aimée de tout cadre qui s'exhibe et veille toujours à séduire ses ouailles. La suite montrera une cheftaine qui s'exprime avec aisance, conduit le bal ; par conséquent probablement une membrette du comité central du NPA. Elle devait d'ailleurs se vivre comme une passionaria... jusqu'à la douche froide de mon intervention.

La miss en scène s'assied et annonce le programme de la soirée. Elle commence par saluer la mémoire d'une élue municipale des favelllas, la brésilienne Marielle Franco (compatriote de la miss trotskienne), lâchement assassinée il y a une paire de jours (applaudissements nourris). Au programme figure le témoignage de la lutte exemplaire des ONET comme entrée en matière, entre de longues plages de discours de la miss trotskienne, puis d'un syndicaliste cheminot (d'origine arabe) et du leader du dernier mouvement étudiant dont personne ne se souvient plus3.
La dame en boubou parle ensuite très bien de l'expérience inoubliable de cette grève. Elle décrit très bien les manifestations nombreuses de solidarité de la population. Elle fait plusieurs fois rire la salle avec ses remarques plein d'humour. Elle remercie normalement syndicats et NPA pour leur soutien, et fait encore rire lorsqu'elle dit qu'elle a été heureuse de rencontrer « Monsieur Poutou ». (applaudissements nourris à l'antiracisme) Puis après une longue page publicitaire de la miss trotskienne, qui a maintenant noué ses cheveux, la parole est au syndicaliste de choc. Le cheminot parle bien mais trop vite. Il a incontestablement du tonus et ce ton mâle qui sied si bien à l'orateur trotskien de base et qui sait faire vibre une foule de sectateurs trotskiens de base. Il parle déjà de la grève comme un fait accompli qui va embraser la France comme un remake de mai 68, au passage il aligne nombre de contre-vérités : le souvenir de la victoire de 95 (mensonge, le fusible Juppé a sauté mais le lent démantèlement de la SNCF a commencé après le sabotage de l'extension par la mafia syndicale), les dates égrenées des grèves successives de la SNCF omettent le non respect des AG et les magouilles successives des syndicats sous un discours lénifiant et radoteur typique de la gauche radicale réformiste et arriviste le « permanent combat pour l'unité des syndicats »4.

Le jeune syndicaliste sudiste a manifestement rêvé à haute voix. (applaudissements nourris au lait du syndicalisme oecuménique). Nouvelle page publicitaire de la miss trotskienne olla brésilienne pour intoduire le dernier orateur avant « le débat », un leader de la dernière coordination étudiante. Il piaffait depuis le début le gars. Il se lance dans une vielle version non remastérisée de l'union étudiants-travailleurs, veille farce de mai 68, où, je le rappelle on n'avait que foutre des revendications corpo-universitaires des étudiants (nos futurs cadres et ministres PS). Suit une liste des revendications pour futurs diplômés en insistant sur la nécessaire diplomatisation des enfants d'ouvriers (surtout dans nos universités qui ne servent plus à rien si vous n'avez pas les moyens d'aller dans les écoles d'élite...), et un parallèle osé avec les revendications syndicalistes étroites. Puis notre orateur morveux de nous expliquer un événement qui a eu lieu bien avant qu'il soit né, dont il se met à égrener les poncifs les plus faux : la grève générale, l'unité syndicale, un 22 mars réunissant avec bonheur maoïstes et trotskistes et anars, un pouvoir ébranlé, etc. Rien sur le fait que le mouvement s'est déroulé avant tout contre la gauche bourgeoise, les syndicats collabos et leurs amis gauchistes, déjà souvent conspués ou chassés des AG. (applaudissements nourris à l'ignorance). Encore un qui finira député PS à 35 balais, pensé-je5.
La cheftaine trotskienne, doublant la mise propagandiste, se fend à nouveau d'une page publicitaire pour nous enseigner trois notions de la grève générale, toutes aussi fausses les unes que les autres. (applaudissements sectateurs). Elle précise enfin, et cela fait une bonne heure et demi que la représentation trotskienne se déroule, que trois minutes sont réservées à chaque intervention. C'est déjà mieux que les deux minutes de LO, pensé-je.

Evidemment que je suis le premier à lever le doigt. Ne serait-ce que pour éclairer les deux gamines assises à côté de moi, qui n'arrêtent pas de chuchotee en roulant des yeux, m'observant en coin, secouant la tête à chaque bêtise des orateurs ou n'applaudissant jamais : quiqui c'est çuila ? P'têt bien un intrus du FN ? OU, va savoir, une flicaille ? 6
Je peux ici reproduire quasiment ma déclaration malgré le sabotage auquel elle donna lieu. Je sais combien il est difficile de dénoncer un appel à la grève frauduleux, pour défendre ce que doit être une vraie grève décidée et contrôlée par les ouvriers eux-mêmes. Mais là, c'est une assemblée de bobos activistes, que ne pensent pas, qui attendent le nirvana militant, le jus oratoire qui leur donnera l'illusion d'être anti-système. Il me faut être court avant qu'ils ne me cassent. Facile à dire, difficile à faire. J'attaque d'emblée :

« Vous êtes les choristes du syndicalisme gouvernemental ! Vous êtes ses sergents recruteurs. Ils organisent une grève préventive, fabriquée, aléatoire et vous appelez à foncer tête baissée dans la muleta ! Avant de se glorifier d'une grève probablement perdue d'avance, tellement « l'opinion » a été monté contre elle, il faut désigner les principaux ennemis de la lutte. Votre pote Besancenot a bien parlé dans un premier temps, décryptant les divers mensonges des médias chez Ruquier. Mais il a menti. (aucune réaction hostile, la salle est comme tétanisée pour le moment). Il a menti par omission : jamais vous les trotskiens vous ne dénoncez les syndicats avant les grèves, toujours après... quand ils ont une nouvelle fois trahi ! Et maintenant on entre dans une phase où tout est déjà organisé d'avance, comme votre mise en scène ce soir : il y a cette gréviste de ONET dont je respecte la grève et l'action, mais permettez-moi de vous dire qu'une grève d'une cinquantaine de personne aussi légitime soit-elle, n'a rien à voir avec une grève impliquant des milliers de travailleurs et en mesure de paralyser le pays ! Vous avez mis à contribution aussi un syndicaliste moyen qui, bla-bla, avec beaucoup d'énergie nous chante l'unité syndicale, et enfin un étudiant qui ne connaît rien de mai 68 et en véhicule les pires poncifs.... ».

C'en était trop déjà. La miss de tribune s'impatientait en regardant sa montre, et ses grimaces d'interruption commencèrent à me déstabiliser. J'y perdais le fil de mon discours. Je souhaitais les pousser à voir l'ampleur de la manipulation syndicale, ce ridicule appel à une « grève longue » comme masque moqueur à la vraie question : la généralisation. Je tentai encore : « laissez moi finir... » mais les houhou de la salle puis des frappes des mains scandées pour couvrir la voie (habitude contractée aux Nuits debout et par les écouteurs couchés). Je m'assis. Mon voisin écarta légèrement sa chaise comme si je puais. Les jeunes filles levaient les yeux au ciel. On donna la parole à un type qui se lança dans une démonstration d'antiracisme, puis à une femme noire avec voile élégant qui raconta longuement une histoire que ne perçurent point mes faibles oreilles.
Enfin, touché au vif, le jeune syndicaliste entrepris de me répondre, faisant rire la salle en précisant qu'il était un syndicaliste moyen et très moyen. Mais je sentais une grande sincérité chez cette homme contrairement à la toupie exhib de la tribune. Il avait lui était touché par mon questionnement et révisait à la baisse la ferveur naïve de la salle. Il y eût un chouia d'évocation de la souveraineté des AG ouvrières - les super organisateurs trotskistes se vantant toujours de favoriser un zeste de décisionnisme de base "à côté" de l'indépassable syndicalisme gouvernemental... souveraineté que les flics syndicalistes officiels se chargent eux de toujours réduire à néant en tant que "responsables" (et comme nous les moquions ces connards en 68... en leur chantant: "nous sommes tous des irresponsables"!). Mais cela n'alla pas plus loin tant la cheftaine le tarabustait à la tribune : « lui répond pas, laisse tomber... ». Je criai bien sûr : « mais vous avez donc si peur d'un vrai débat, d'une possible désobéissance aux planificateurs syndicaux ! ». Dans le brouhaha je m'époumonne: "hé! revenez sur terre... réfléchissez un peu... à la merde dans laquelle est pour le moment la classe ouvrière... on vient de subir défaite sur défaite et pas qu'un peu, pas le simple rayon SNCF mais successivement sur les retraites, sur la loi travail... et vous chantez déjà victoire pour une lutte déjà mal engagée... vous foncez comme des imbéciles...".
Quelques hou hou seulement, preuve que la salle était gênée et que quelques unes ou quelques uns regretteront de s'être associés à la cabale contre le vilain canard, longtemps après... quand ils auront pris de la bouteille ou réfléchi hors de la secte. Je hurle aussi : « le scénario est pourri ! » J'aurais pu me passer d'un autre cri « vous êtes comme les staliniens ! », non ces petits jeunes ne sont pas comme les staliniens, cette dernière engeance eux ils me cassaient la figure. Mais tous m'ont bien entendu dire : « il est même possible que la manif n'ait pas lieu ». Ce qui serait une victoire inespérée pour les syndicats macronesques après avoir tant mouillé la poudre depuis des mois et s'être offert quinze jours pour pisser en plus sur la souveraineté des AG prolétariennes.

Conclusion : la cheftaine, mine quelque peu déconfite, appela à la manif foutoir du 22 et l'orga remballa son matériel.

Quittant la librairie, je suis rattrapé par un jeune homme qui me serre fortement la main : « merci monsieur, vous avez bien parlé ». Il y a des poignées de main qui valent tout l'or dumonde.

Le samedi matin je me porte sur le site du NPA et je lis confirmation du chant des choristes avec leur habituelle langue de bois féministe :

« Le 22 mars prochain, sept organisations syndicales de la fonction publique appellent à une journée de grève et de manifestations. Elles sont rejointes par les syndicats de cheminotEs contre la réforme ferroviaire par ordonnance, mais aussi par la fédération des industries chimiques, la fédération mines-énergie de la CGT, par des unions départementales (Seine-Maritime, Bouches-du-Rhône...).(...) Les attaques contre le public sont des attaques contre les salariéEs, une défaite détériorerait les conditions de travail et de vie de touTEs. Mais ce gouvernement ne s’arrêtera pas face à quelques manifestations, nous aurons besoin d’une grève massive, unitaire, qui bénéficie du soutien d’une majorité de la population, pour gagner.
C’est dans cet objectif que le NPA appelle à participer à la grève et aux manifestations du 22 mars, à construire des collectifs de lutte sur les lieux de travail et dans les quartiers pour défaire le gouvernement Macron. Le gouvernement a pour projet de société de casser tous nos acquis, nous devons lui répondre par une grande mobilisation comme en Mai 68 pour affirmer un projet de rupture avec le système ».
Nul doute que le 23 mars il faudra préparer les autos blindées pour aller chatouiller le gouvernement Macron et les garer devant l'Elysée-Smolny, que Besancenot se rasera la tête pour singer Lénine et que Poutou se sera laissé pousser une tite barbichette.
Mais permettez que je vous le confie, entre nous, chers naïfs spectateurs (que je vous aime quand même car vous révélez un nouvel éveil à la politique que je salue, comme me l'a soufflé mon ami Michel présent lui aussi dans la salle) : UNE VRAIE LUTTE NE PEUT AVOIR LIEU QUE PAR SURPRISE ET FICHER UN COUP DE PIED AU CUL A TOUT SYNDICALISTE PRESENT SUR LES LIEUX DE LA SOUVERAINETE PROLETARIENNE ! Qu'on se le dise !



EPISODES SUIVANTS DE LA GREVE READY MADE EN KIT MACRONESQUE (révolutionnaire et inusité) (attendez vous à ce que je me résolve à en feuilletonner les épisodes à venir et n'hésitez pas à me faire parvenir nouvelles fraîches et commentaires, et même rectifications ou demande de réponse polémique).
Je précise enfin, quitte à choquer les bonnes âmes gauchistes, que je me fous du démantèlement du ridicule « service public » (concept stalino-trotskien), et que je pense que la lutte de classe n'a pour objet que de dépasser telle ou telle revendication – que toute revendication n'est pas neutre, que les notions de « service public » et « nationalisation » ne sont pas du domaine prolétarien mais relèvent des conceptions bourgeoises cogestionnaires de temps de guerre par la gauche – et que l'objectif est de dépasser la revendication corporatiste (qui reste celle des cheminots et causera leur perte) ; on ne peut pas lutter en croyant possible l'obstruction au démantèlement du travail en cours – fin de toutes garanties diverses – sans se représenter que le combat commun de classe doit faire rendre gorge à l'Etat et à ses faux opposants oppositionnels de carnaval. Et que cela peut prendre des années, ou même quelques jours et non pas trois mois d'épuisement et de balades ridicules.


COMMENT LA DROITE BOURGEOISE SE JOINT AUX CHORISTES DE LA GAUCHE EN SERVICE PUBLIC MENSONGER
On peut se gausser de voir d'abord un étrange renversement des valeurs, quoique... je me rappelle la façon dont l'immonde avait dénoncé la grève (sauvage) des cheminots en 87 qui nous avait tant passionné à RI) ; Le Monde ce samedi matin dénonce le régime de retraite « largement déficitaire »des cheminots « qui coûte cher à l'Etat » ! Oh mon dieu !
Le Figaro est plus mesuré. Il conseille la débrouillardise aux usagers « otages ». Par la bouche de traviole de Pécresse, sont listées non pas d'autres corporations appelées à croiser les bras ou un appel à « généraliser » mais bien à généraliser la débrouille masochiste pour ne pas faire perdre de profit à son entreprise :
  • le covoiturage gratos,
  • des bus « Macron » (dit la révolution Macron = un accident toutes les heures mais limité à 80)
  • le télétravail pour les cadres qui, contrairement aux ouvriers, ces tricheurs adeptes du droit à la paresse, demanderont à mémère de s'occuper de l'intendance pendant qu'ils marneront sur le clavier à domicile, mais au plumard.
  • Le service minimum, car les entreprise géantes contiennent toujours plus de fayots que les petites ;
  • les « déclaration individuelles d'intention de travailler » pour tout non gréviste déclaré, ces nouveaux bons de travail font partie de la révolution macronienne ;
  • enfin, mais hélas trois fois hélas, les réquisitions de personnel, vieille obligation de service public, comme quoi les services publics et autres nationalisations fonctionnent comme l'armée7.






NOTES ABONDANTES


1Cf. Mon livre « L'aristocratie syndicale » qui livre les sources de financement et les multiples exemples de collusion gouvernement-syndicats, même des avortons à la SUD ; la révélation de la corruption, non pas simplement des syndicats, mais du syndicalisme n'a jamais été aussi forte, pour la période contemporaine, qu'au pic de la grève généralisée de 1968.
2Ce qui n'empêcha pas le photographe du NPA de prendre sans gêne des photos de votre serviteur lorsque je pris la parole.
3Je ne résiste pas au,plaisir de vous reproduire la moquerie de notre grand Bordiga début 1968 sur les étudiants : Dans ses « Notes élémentaires sur les étudiants et le marxisme de gauche authentique », Amadeo Bordiga rappelait à ce moment les limites de tout mouvement strictement étudiant : « Les mouvements étudiants ne peuvent présenter une histoire ou une tradition historique. À l’époque des révolutions bourgeoises libérales, qu’elles soient républicaines ou seulement constitutionnelles, les agitations ou les organismes étudiants n’eurent pas d’actions ou d’objectifs autonomes (...) Aujourd’hui, en ce 1968 pourrissant, la défense de l’autonomie d’un mouvement étudiant par les faux communistes successeurs de Staline, n’est rien de plus qu’une nouvelle confirmation de leur enlisement dans les sables mouvants de la trahison et du reniement (...) Selon Marx, le prolétariat est une classe non seulement parce que sans son travail il n’est pas possible de produire ces marchandises dont le total forme la gigantesque richesse de la société capitaliste, qu’il s’agisse de biens de consommation ou de biens d’équipement ; mais parce que le prolétariat en plus de produire tout, se reproduit aussi lui-même, c’est à dire réalise la production des producteurs. C’est dans ce sens que Marx a voulu introduire dans sa doctrine moderne le terme classique utilisé vingt siècles auparavant par les romains de l’antiquité pour désigner les membres de la plèbe laborieuse de leur époque : prolétaires. En poursuivant la comparaison entre le prolétariat fécond qui devrait aujourd’hui démissionner de l’histoire face aux étudiants qui s’agitent pour prendre sa place, il serait ici facile de faire de l’humour à la lecture des informations sur les étudiants des campus français ou des collèges américains pour qui la principale revendication révolutionnaire semble être la liberté sexuelle. Les ouvriers des deux sexes peuvent en s’accouplant engendrer de nouveaux ouvriers pour les armées de travail du futur, alors que jusqu’à preuve du contraire les étudiants n’engendrent pas automatiquement de nouveaux étudiants, même dans les pays où a été généreusement accordé aux enfants d’ouvriers et de paysans la liberté de faire des études. Les classes stériles ne peuvent rien demander à l’histoire (...) Aujourd’hui dans cette société humaine toujours plus dissolue, et surtout dans la conscience impuissante qu’elle a d’elle-même, on voit non seulement des théorisations qui font des étudiants une classe sociale, mais on entend même parler de lutte de générations, comme si la société était divisée en deux camps : les adultes et les jeunes... ». Publié en Italie début mai 1968, repris dans Le Prolétaire n°488.
4La tradition trotskienne a repris du stalinisme la fabrique d'orgas courroies de transmission et de recrutement, tel ce « Front social » (terme pervers à connotation antifa, ndlr versus un certain autre « Front... »), qui ratisse large. Dont je vous donne le meilleur aperçu, et je connais fort bien le père et les façons de ramper dans le système de la principale progéniture qui anime ce « réseau » pour ne pas dire ce cloaque à gauchistes avec les fils de trotsks : On essaie de bousculer le syndicalisme. Il s’agit d’une
coordination sur un mode horizontal, avec des décisions qui passent par la base et la mise en réseau des gens plutôt que par une réponse systématique aux appels à la mobilisation émis par une direction de centrale syndicale. On fait une sorte de syndicalisme 2.0", décrit pour Europe Romain Altmann, responsable du syndicat Info'Com CGT. "Nous avons déjà enregistré un certain succès : la manifestation de lundi dernier s’est organisée en dix jours. Et nous ne sommes que des syndicats locaux", poursuit-il.Aujourd’hui, le collectif réunit environ 70 organisations, collectifs et autres associations venus du syndicalisme protestataire, d’association de défense des réfugiés ou encore de mouvement de lutte contre les violences policières. La CGT info’com, la CGT Goodyear, la CGT énergie-Paris, la fédération Sud commerce, les associations Droit devant, Urgence notre police assassine ou encore certaines fédérations locales de l’Unef se sont déjà rangées sous la bannière "Front social".Ce mouvement est dans la continuité logique de Nuit debout, avec cette idée que les mouvements viennent d’en bas, de la base", analyse pour Europe 1 Jean-Marie Pernot, chercheur associé à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES). "Il y a une décentralisation des lieux de la mobilisation. Les syndicats ne sont plus des forces qui centralisent la contestation et les petites fédérations s’autonomisent, avec des mots d’ordre propres", poursuit ce spécialiste des mouvements sociaux. Faute de structure massive, ce collectif "2.0" investit les réseaux sociaux. Des affiches, tracts et autres slogans qui respectent les "codes" de la toile et dont le but assumé est de créer "le buzz" sont créés par dizaines et circulent abondement sur les comptes Twitter, Facebook et autres Instagram des organisations membres du collectif. Sur internet, la mayonnaise semble prendre. La page Facebook de la CGT Info Com’, l’un des principaux membres du collectif, réunit déjà 72.000 "fans", contre seulement 35.000 pour la page générale de la CGT. » Ce magma creux prétend faire rêver lors de plusieurs réunions au moi de mai à une réédition de mai 68 ! Les directions des principales fédérations syndicales se montrent, pour l’heure, prudentes face à ce mouvement, voire même réticentes. "Je ne me reconnais pas du tout dans ces affiches, je suis en profond désaccord et ce n’est pas la première fois. Pour eux je suis un traître, nous ne sommes pas du tout d’accord", réagissait Philippe Martinez, leader de la CGT, interrogé le 1er mai sur Europe 1 à propos de l’une des affiches véhiculées par le mouvement, comparant Emmanuel Macron et Marine Le Pen à "la peste et le choléra".
En avril dernier, il avait déjà pris ses distances avec une affiche contre les violences policières, montrant une mare de sang au-dessous d'un écusson de CRS et d'une matraque. "Cette affiche émane d'un syndicat de la CGT et elle n'apparaît pas, vous l'avez remarqué, sur le site de la confédération", avait-il déclaré, prié par le Premier ministre Bernard Cazeneuve et le syndicat CGT-Police de dénoncer le tract. "Les grandes centrales n’ont, pour l’heure, pas de vision à long terme. Elles ne savent toujours pas quel mot d’ordre elles vont adopter face à Emmanuel Macron. Je doute qu’elles rejoignent ce ‘Front social’", estime pour sa part Jean-Marie Pernot, chercheur associé à IRES. "La conjoncture fera le reste. Si Emmanuel Macron met en place une réforme du travail exagérément libérale, peut-être les grandes centrales rejoindront-elles une mobilisation déjà préparée. Mais la bascule ne se fera pas de sitôt", poursuit le chercheur.Les directions des principales fédérations syndicales se montrent, pour l’heure, prudentes face à ce mouvement, voire même réticentes. "Je ne me reconnais pas du tout dans ces affiches, je suis en profond désaccord et ce n’est pas la première fois. Pour eux je suis un traitre, nous ne sommes pas du tout d’accord", réagissait Philippe Martinez, leader de la CGT, interrogé le 1er mai sur Europe 1 à propos de l’une des affiches véhiculées par le mouvement, comparant Emmanuel Macron et Marine Le Pen à "la peste et le choléra". En avril dernier, il avait déjà pris ses distances avec une affiche contre les violences policières, montrant une mare de sang au-dessous d'un écusson de CRS et d'une matraque. "Cette affiche émane d'un syndicat de la CGT et elle n'apparaît pas, vous l'avez remarqué, sur le site de la confédération", avait-il déclaré, prié par le Premier ministre Bernard Cazeneuve et le syndicat CGT-Police de dénoncer le tract.
Et voir les prétentions respectives et la polémique avec Alternative libertaire :
http://www.alternativelibertaire.org/?La-strategie-de-Front-social-un
voir aussi l'article sur les curieuses tendances du NPA comme « révolution permanente » : http://www.alternativelibertaire.org/?Site-Internet-Revolution
Comme les « invisibles» anars de la bande à Coupat, la myriade de mini-groupes intra-utérins se nourrit de mystère, de rapports ambigus avec la police, de la Kabale (?) et autres âneries pour attirer le chaland alors que tous ces discours sont creux comme une coquille vide.


5Je déconseille fortement d'acheter la version mai 68 de Benjamin Stora (pour ne pas l'enrichir), ce supposé historien ami des puissants, n'y consacre qu'un petit tiers, mais nous livre sa résistible ascension au principal parti bourgeois de la 5e République. A part ses promenades en culottes courtes, il se fait recruter vite par la secte lambertiste et rejoint vite la tendance Cambadélis (célèbre porte-voix mitterandiste puis hollandiste), 400 étudiants nian-nians qui vont monnayer leur adhésion au PS. On connaît la suite. Depuis 40 ans, dans nombre d'articles et dans mes livres je n'ai cessé de décrire le gauchisme comme école de formation à la carrière dans les partis bourgeois. Et j'en sais assez pour démontrer leur collusion avec la grande bourgeoisie ; ainsi le sieur Krivine surpris un jour en train de tenir un stage pour expliquer à un aéropage de grands patrons comment faire face à un conflit social....
6Jadis et naguère, je n'ai jamais de toute ma vie condescendu à moutonner avec n'importe quel foule, même si dans les AG CGT par exemple, gros yeux et regards menaçant, ou à la fête de LO, jamais je ne me levais avec ces cuistres pour dégobiller l'Internationale, malgré les regards courroucés.
7Ce qui me permet de dire, fielleusement, que dénationalisation ou fin de tel ou tel service public, n'est pas la fin des haricots car devenue privée, l'entreprise n'est plus militarisable... donc même dans ses avancées libérales cyniques l'Etat se tire une balle dans le pied, ou alors faut être con pour penser que les « services publics » sont une annexe du socialisme ou du communisme.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire